Sur le bi, sur le ban, sur le banbanban !
MARTINE ; JOYE ; YVETTE ; PANDORA ; ARMELLE ; ADI ;
JOE KRAPOV ; TIPHAINE ; FABELI ; RSYLVIE ;
MARIEV ; VAL ; PAPISTACHE; JANECZKA
MARTINE ; JOYE ; YVETTE ; PANDORA ; ARMELLE ; ADI ;
JOE KRAPOV ; TIPHAINE ; FABELI ; RSYLVIE ;
MARIEV ; VAL ; PAPISTACHE; JANECZKA
Vingt deux défis publiés hier !
Record de participations ! Voici deux mois nous étions bienheureuses d’en recevoir sept...
Un bonheur ! Merci à tous…Nous vous devons le succés du lieu.
Voici donc la nouvelle consigne. Consigne à Val , cette semaine!
Une photo (de Tilu) :
Une ritournelle (obligatoire) :
« En 2018, … »
Et une petite difficulté :
Interdiction d’utiliser le mot « banc » dans votre texte.
Et toujours une même adresse: samedidefi@hotmail.fr
Amusez-vous bien !
Val, votre administratrice dévouée.
Ce matin, il se réveille d’humeur morose. Regrets du passé, des échecs, des rêves avortés. Goût amer de vague culpabilité. Comme hier et avant-hier. Et demain sera de même. Qu’importe ! Il a son fidèle antidote.
Mais sa boîte à petits bonheurs est vide aujourd’hui. Il s’en souvient maintenant. Il en a pris hier le dernier reflet en notant mentalement de se réapprovisionner pendant la journée. Mais le quotidien a effacé de sa mémoire le souvenir de cet achat dont pourtant sa sérénité dépend.
Il se précipite chez le marchand mais trouve porte close. Bien sûr, c’est dimanche ! Que faire ? Frapper chez son voisin ? Mais c’est avouer qu’il ne peut s’en passer de ses petits bonheurs, qu’il ne peut vivre sans eux, que chacun de ses jours en dépend, que ce sont eux qui le tiennent debout.
Eperdu, désespéré, il en perd la tête et les sens. Seul, tout seul, il arpente la ville, sans but.
Et, dans son errance, peu à peu, du fond de sa solitude, il comprend. A sa mémoire remontent tous les souvenirs qu’il n’avait su préserver et chérir, qu’il n’avait su qu’oublier et enfouir. Tous ces petits bonheurs si proches, si chers, si tendres : un sourire, une main offerte, des amis réunis. Il en comprend soudain l’indicible valeur. Et plus grand trésor encore : il comprend qu’à lui seul appartient la force de transcender le quotidien, de retrouver, de générer, régénérer ces petites joies de tous les jours. Ces petites joies qui font un grand bonheur. C’est dans son cœur que naîtra le soleil.
Il rentre chez lui, met la boîte au rebut et s’envole.
Chères administratrices préférées, cher Papistache, chère Map .
Je suis très déçue de ne pas pouvoir relever le défi n° 17.
Dès la lecture de la consigne de Map l’inventaire de mes petits bonheurs a occupé mon esprit.
Je suis restée à l’affût toute la semaine, soulignant les moments clés et heureux de mes journées, retrouvant sensations et bribes de souvenirs dans ma mémoire. C’était bien agréable.
Rapidement j’ai trouvé comment présenter ma liste, comment énumérer, mine de rien, ces moments de bonheur, si ordinaires, si importants.
L’idée était de redessiner un photomontage d’une boîte en forme de cœur (boîte à trésors, en carton, souvenir d’un échange de petits cadeaux entre quilteuses).
Aurait suivi une fausse description technique, présentant < La pompe à Bonheur> comme l’objet indispensable à la gestion, à la protection, au classement, voir même à la multiplication des petits bonheurs quotidiens.
Sur le plan de la description anatomique du cœur, je voulais parler des quatre compartiments principaux de la boîte correspondant aux quatre types de petits bonheurs, respectivement liés à l’ouïe, à l’odorat, au goût et aux couleurs. (celles-ci allant du ciel exceptionnel et spectaculaire observé lors d’un trajet routinier à la contemplation d’une collection multicolore coupons de tissus, en passant par une photo ratée mais adorée……..)
Il suffisait alors de glisser des exemples pour chaque
groupe, parler de la surprise causée par le premier
cri de gecko entendu, du parfum fragile des
violettes sauvages ou de l’association
parfaite févettes, anchois, olives de Nice.
Sur le dessin de ma boîte j’aurais
ajouté un double fond ou un tiroir pour mettre à l’écart les idées fixes,
noires et pessimistes susceptibles de
ralentir la circulation vers le Bonheur .
A contrario le couvercle semblait,
sur mon schéma, permettre les mélanges, les superpositions, les réminiscences.
Comment oublier, pas exemple,
qu’après les violettes fleurissaient, dans le même pré, les narcisses
au parfum entêtant ; que fermant les yeux un
seul mot Nice
pouvait faire resurgir : socca - rassa estirassa !-
et autres ritournelles .
…. Mais
les idées ont tourné dans ma tête, les jours dans la semaine. Ce projet, un peu
farfelu est mort dans l’œuf. (comparaison influencée par la promesse d’observer
très bientôt l’éclosion d’œufs de lézard dans un petit vivarium de
fortune…) .
Je suis déçue de voir arriver samedi sans pouvoir envoyer ni
participation, ni illustration.
Il me restera l’émerveillement de lire les textes proposés par les autres participants et l’espoir de voir ma
participation au n° 18 éditée dans le défi du
samedi en huit .
Je vous laisse à la gestion de
votre sympathique blog, je reste persuadée que la culture des petits bonheurs
peut ouvrir une voie vers le Bonheur et que la publication de ce samedi sera un
arrosage collectif.
Bizettes !
Véron.
Ma boite à petits bonheurs contient
Des saveurs, celles des Mistrals gagnants et de la poudre de coco dans ses petites boites vivement colorées.
Des odeurs, celles de la poudre de riz de ma grand-mère et du petit appartement de mon arrière grand-mère.
Des sensations, celles râpeuses pour le palais des roudoudous nichés dans leurs coquilles, toute douce du pelage de ma petite chatte, réconfortantes des genoux de mon père, soyeuse des cheveux de ma grand-mère, de bulle glissant dans mon ventre de mon bébé, de moelleux de l’édredon de mon arrière grand mère
Des sons, la cloche de sortie de l'école, le son de la mer et du vent, le carillon big-ben de ma grand tante, la mer dans ce grand coquillage chez ma grand-mère
Des images, les fleurs de givre sur les fenêtres, l’éclat d’arc en ciel de perles de cristal
Et surtout, ma boite à petits bonheurs contient les visages de tous mes aimés encore ici ou disparus.
Dans ma petite boîte
à bonheur…
Il y a le brouillon d’un petit billet
à composer pour une amie en détresse.
Il y a plein d’autres idées de
cadeaux pour faire plaisir à ceux que j’aime.
Il y a de petites attentions
pour mon compagnon.
Il y a des choses censurées, par pudeur - chasse gardée -
et pour pas choquer les - de 18 ans.
Il y a bien évidemment la 3G :
l’esprit d’une Gourmette Gourmande Goinfre.
Il y a mon amour immodéré pour le
chocolat et toutes les bonnes petites choses de la vie qui transitent par
l’estomac.
Il y a des pensées pour les moments
de convivialité passés, les bons petits plats échangés avec des personnes aimées.
Je n’oublie pas les couscous aux petits pois partagés avec mon frère, notre
vache bleue qui rigole, ses bananes…
Il y a le souvenir de salivages,
avec ce même frère, à l’évocation de nos crevettes adorées.
Il y a un émerveillement
d’enfant devant la beauté de la nature, les n’arbres – que j’aime étreindre,
folle ! – les papillons virevoltants, les espiègles piafs, …
Il y a une propension à
sponsoriser les gosiers des moineaux via des dons de morceaux de pain. Car pourquoi
attendre l’âge avancé pour s’adonner à cette occupation dite de gâteux ? Alimentons les zozios sur les bancs des
jardins publics (on ne peut pas faire que s’y bécoter amoureusement !).
Il y a des milliards de pages
lues et à lire, des milliers de livres à effeuiller, caresser puis dévorer fiévreusement.
Il y a une écolière qui préférait
lire seule à la récré que jouer à la marelle avec les mini-humanoïdes qui
l’entouraient et qu’elle ne comprenait pas.
Il y a une fillette qui jouait dans
les champs avec un bâton et quelques plumes et partait dans ses mondes
imaginaires.
Il y a, avec les cousins, des souvenirs
de parties de ping-pong, de jeux perchés sur les ballots de paille où on s’inventait
mille histoires.
Il y a des fous rires et plein
de bêtises.
Il y a rêves qui tourbillonnent
et mettent des sourires sur le visage.
Il y a un avion à réaction qui,
en plus de faire des pirouettes, distribuer des cacahuètes et récupérer les nez
de facteurs envolés, est toujours prêt à m’emmener dans les nuages pour rêvasser
comme une bienheureuse.
Il y a un trou noir pour aspirer
toutes les mauvaises pensées… [parfois en panne]
Il y a de l’export-import :
Il y a des bisous collés dans mon
cou et à ma mémoire.
Il y a des lettres venues de loin,
très loin pour une expatriée temporaire.
Il y a des colis, emplis de livres,
de tablettes de chocolats et de mots rien que pour moi.
Il y a des liens, longs à tisser
mais durs comme le roc.
Il y a de la place pour une
tripotée de gens et il y fait chaud.
Il y a ma famille, mon amour, mes amis.
Il y a même de la place pour les
animaux : matous de tous poils, toutous fidèles et aimants.
Il y a bien des gens qui n’y
entreront jamais, le club est privé. Le vigile prévient : « Si t’es
con, tu rentres pô ! »
Il n’y a pas de place pour les filous, les dissimulateurs, les menteurs et les
traitres. Attention à pas abuser une fois entré, on peut aussi se faire éjecter
par le videur. Et c’est définitif.
MAIS il y a encore de la place pour vous !
Il y a l’aorte qui pompe des
globules rouges tout frais
Qu’on se donne du bonheur
Chère MAP,
Chère, car l’usage le préconise et chère encore car ce qui est rare l’est et chère, enfin, car il me plait de vous penser ainsi.
Chère MAP,
Vous nous défiez d’ouvrir à tous vents notre boite à petits bonheurs, tant il est vrai, peut-être, qu’à l’instar des peintures impressionnistes notre existence serait faite de touches de pigments juxtaposées.
Et ces petits bonheurs irradieraient au point de composer l’image souveraine du grand frère avec un B majuscule ?
Nul doute que de fer blanc, de palissandre ou de verre coloré les couvercles vont se soulever pour répondre à votre invitation plutôt que défi. De la pointe du sein de sa mère à la caresse du doigt chenu sur la joue de l’enfant de son enfant seront convoquées ces briques, matériau capricieux qui préside à la construction de l’éphémère gageüre.
Mais, vous cherchez à deviner où je vous entraine.
Chacune des traces que je laisse de la pointe de mon stylo est un atome de ma mémoire. Mes écrits, que j’aime tant à qualifier de vains, constituent les grains de sable que le souffle de la vie amoncèle pour ériger de mouvantes dunes passagères.
Ma boite à bonheur est ce réservoir d’encre que j’enserre du majeur du pouce et de l’index.
Ma boite à bonheur distille son fil discontinu au gré des jours.
Ma boite à bonheur se vend par lot de quatre, plus un gratuit, sous blister aux couleurs agressives.
Ma boite à bonheur se vide à mesure que je déroule la ligne qui couvre d’arabesques pataudes ces feuillets que je jette au fond d’un tiroir afin qu’une souris domestique, un jour, y puise gite et couvert pour sa progéniture.
Vous dire alors que j’hésite à l'ouvrir, de crainte de me tacher les doigts et que la maitresse d’école ne me fustige d’un regard désapprobateur.
Chère MAP,
Samedi, je serai aux premières loges pour gouter les joutes générées par votre défi. Je guetterai la vôtre, évidemment. Je me laisserai emplir de toutes les autres que je devine diverses et savoureuses.
Vous serez en vacances alors que bourdonneront les allées et venues des compétiteurs animés.
J’anticipe sans crainte : les défis du samedi 5 juillet porteront haut les couleurs de vos initiales.
Je vous embrasse, Chère Map, en attendant que s’opèrent les savantes alchimies que nos récréations du samedi ne manquent jamais de susciter.
Papistache
C’était une boite rectangulaire, bleue, en métal, qu’il emmenait partout avec lui.
Boite à malheurs !
Toujours dans la poche de son jean, ou dans la doublure de sa veste, ou dans la boite à gants de la voiture, elle était ce qu’il possedait de plus précieux.
Boite porte bonheur.
Ouverte dix fois par jour, refermée autant…Rentabilisée, usée, utilisée, humée, respirée…
Boite à odeurs…
Toujours à portée de main, toujours à disposition, jamais fâchée, toujours souriante, affriolante, ensorcelante…
Boite à bonheur !
Bonheur absurde, bien-être illusoire, plaisir trompeur. Une sournoise…
Boite à torpeur !
Quand il avait sa boite avec lui, rien ne pouvait lui arriver. Boite qui soulage, boite qui calme, apaise, console, cicatrise…boite qui panse les plaies du cœur. Boite pour un cœur qui boite.
Boite à stupeur !
Quand la boite était loin de lui, il était agité, énervé, irrité…
Boite à terreur.
Quand l’absence se prolongeait, je le trouvais anéanti, abattu, cassé…
Boite à langueur.
...febrile? en sueur?
Boite à frayeurs
Oh, non , son état n’avait jamais rien à voir avec la boite…
Boite à candeur !
Leurs retrouvailles, pourtant, se faisaient à chaque fois dans la démesure.
Boite à puanteur !
Boite qui passait avant moi, avant nous, avant tout.
Boite à douleurs.
Boite qui a tenté par tous les moyens de le couper du monde.
Boite à horreurs.
Elle a même failli gagner la partie.
Boite à pleurs.
Elle est vide désormais, depuis des années et pour l’éternité
Boite à gageure !
Il l’a abandonnée un soir de sommation.
Boite de mise en demeure !
Vide, désarmée, inutile, elle est désormais et à jamais…
Ma boite à bonheur
Le Bonheur m'appelle. Je mets les voiles!
Je largue les amarres de mon bateau-lit et me laisse aller a la derive.
Je vogue sur les vagues de l'Ocean de la Serenite.
Les iles de l'Archipel de l'Amitie sont eparpillees a l'instar des etoiles qui m'epient ce soir.
Je caresse du regard les collines douces et sucrees du Calin-Bisou.
J'admire les rives du Souvenir-Bienveillant. Les nuages de la Nostalgie-Coussin sont aussi confortables qu'un fauteuil moelleux.
Du coin de l'oeil, j'apercois l'Arc-En-Ciel des Petites Surprises qui se cree toujours lorsque je m'y attends le moins.
Le Champ des Sourires-Spontanes regorge de petites fleurs multicolores qui poussent tout au long de l'annee.
La Foret-Familiale possede des chenes robustes et sous lesquels on se sent bien.
Je suis du regard les courbes du Fleuve-de-Ma-Vie qui va se perdre dans les Terres-Inconnues qu'il me tarde d'explorer.
J’adore collectionner de petites boîtes exotiques, les caresser du doigt, penser un instant à la personne qui me les a offertes, au lien qui nous unit. La plupart du temps, je n’y dépose rien, que l’essence d’instants passés en communion avec un autre, qu’il soit amant, ami, alter ego ou même vague connaissance.
J’aime déballer mes boîtes à tendresse – comme je les ai appelées à l’initiative d’un ami – de façon aléatoire, au gré d’associations impromptues. Si je classe mes partitions et mes livres de façon relativement méthodique, j’enfouis les souvenirs pêle-mêle dans une série de boîtes imaginaires aux contours irréguliers qui, par nature, se veulent sans fond. J’y classe aussi bien les grands bonheurs que les petits moments magiques traqués avec le filet du quotidien. J’ouvre une boîte au hasard, dans laquelle, forcément, il reste toujours de la place, et y glisse un mot doux, un sourire tendre, une maxime décantée, une vérité assenée par quelqu’un qui m’aime suffisamment pour oser s’exprimer sans mettre de gants blancs. « Écris, lis, écoute, joue, et sois heureuse » y côtoie ainsi « à ma meilleure prof de piano », des vers de Nelligan, l’émotion ressentie face aux Nymphéas de Monet, les larmes de tendresse qui coulent sur une joue déjà mouillée par la pluie, le moelleux d’un chocolat pris à la terrasse d’un café parisien, le coup au cœur quand Venise s’offre au regard pour la première fois, l’intensité pure d’heures partagées sur un même banc de piano avec un ami.
Les liens improbables se tissent quand j’ouvre ces boîtes et, parfois, des souvenirs profondément enfouis font surface alors que j’y range un nouveau trésor. S’amalgame alors en une curieuse mixture douce-amère la joie pure ressentie quand, enfant, je croisais le facteur; la fébrilité d’un premier concert assumé; la simplicité désarmante d’un trait musical parfaitement maîtrisé, d’une phrase finement ciselée; les mots d’amour devenus surannés, la douleur de la rupture s’étant suffisamment estompée pour ne subsiste que le voile si léger du souvenir; la perturbation à l’état pure sur le corps d’un adolescent efflanqué; les fous rires qui courent d’un oreiller à l’autre le soir; les câlins aux tout-petits mais surtout ceux reçus des presque grands; le plaisir avide quand on laisse glisser sur sa langue un calembour plus savoureux qu’un carambar.
Parfois, j’aime susciter ces réactions en chaîne pour le plaisir, un pas de danse endiablé porté par une pulsation assourdissante, culbutant une randonnée en solitaire, balayant une nuit étoilée en bord de mer en communion avec l’univers, rejetant une séance de baisers fiévreux sur la banquette arrière d’un autobus presque vide. De curieux rendez-vous avec l’histoire, la petite histoire, la mienne, celle qui se détaille en chapitres inégaux, sans lien apparent pour tout autre lecteur que celui qui accepte d’y jeter un regard partial, de s’y inscrire en filigrane, au risque de se retrouver catapulté à toute vitesse au creux d’une de ces boîtes à tendresse, à caresses, à paresse, à allégresse.
(4 juillet 2008)
D'une vieille valise
En grosse toile grise usée,
J'ai ressorti
Un tas de photos jaunies :
Un copain d'un jour ;
Un copain de beuverie ;
Une amie de toujours ;
Un ami pour la vie ;
Des amis perdus de vue ;
Un petit coeur d'un soir
Rencontrée au hasard ;
Le flirt d'un été trop court
Un peu vite oublié ;
Un impossible Amour,
Sacrifié, sanctifié
- Regret pour l'éternité ;
Une fiancée d'un temps :
« Elle s'appelait comment déjà ? »
Une femme adorée
Qu'un jour,
Malmené par l'existence,
Malgré son amour sans faille,
De vie lasse,
J'ai cessé d'aimer ;
Des nourrissons devenus des enfants,
Des enfants déjà adolescents,
Des adolescents presque adultes ;
Que le temps passe vite !
Des parents disparus,
Trop mal connus.
Aujourd’hui
Enfin tout ce qui a fait ma vie,
Avec ses bons et ses mauvais côtés
Ses grandeurs et ses bassesses.
J'ai replacé les photos jaunies
Dans la vieille valise
De grosse toile grise usée
Et je l'ai refermé avec soin.
En septembre, j'ai acheté
Une nouvelle valise
De grosse toile grise,
Toute neuve,
Pour la remplir
Au fur et à mesure
De notre vie,
Des souvenirs
De notre Amour
Devenu possible.
Je n’ouvre pas le couvercle…. J’écoute d’abord leurs musiques. Je tends l’oreille. Des sons venus de l’enfance ou d’hier. Une note argentine, un murmure pour qui sait tendre l’oreille. Je devine par avance les mots. Mes mots, qui s’entrechoquent. Comme des billes, des pierres colorées qui roulent dans les volutes de ma mémoire. Leur chatoiement me ravit à la grisaille familière.
L’un d’eux s’échappe de sa prison de papier. Pour l’heure, j’ai déjà beaucoup à voir : neuf tulipes pouffant de rire dans un vase transparent**. Dans la voiture, au milieu d’une conversation, en m’appesantissant sur une feuille aux chiffres tenus, je papillonne. Je les imagine, ces fleurs aux lignes pures, robe de satin aux accents de coquelicot et de paille grillée, resplendissantes de soleil. Tellement présentes. Et cette eau claire qui les abreuve dans les clairs filets de l’été.
Un peu plus loin, une fenêtre et un champ qui dansent à l’abandon. Le rire d’un criquet. Un vieil arbre et un pas d’homme.
Et je reviens à elles, à leurs danses légères. Je souris à mes deux chipies ; deux orchidées complices dont les fleurs tigrées s’effleurent. Elles qui ne pensent, qui sait, qu’à moi, tendues jusqu’à l’extrême pour m’offrir leurs fragrances discrètes. J’écoute leur babil, étonnée d’être leur confidente.
Alors la perfection des tulipes et des mots enlace mes pensées. D’autres billes s’échappent, nouvelles pierres, anciens morceaux de kaléidoscopes qui me parlent d’attente. Attendre que l’amour qui passe soit un amour qui demeure***. Des souvenirs de front frais d’enfant au matin. D’une tache de rousseur posée sur ta joue. D’une joyeuse tablée à l’hiver comme à l’été.
D’un battement de cil, le couvercle s’est refermé et le coffre s’est évanoui, ne laissant dans mes yeux que l’éclat de rire des mots. Parée de tous leurs feux, riche de leurs reflets, je me devine prête, rien ne pourra m’arriver.
* la boîte de Pandore d’où, d’après certaines sources, s’échappèrent les maux, les mots ? Les dieux laissèrent l’espérance aux hommes.
** Autoportrait au radiateur de Christian Bobin
*** l’Eloignement du monde de Christian Bobin
J’oublie…
Depuis « ce coffret » roulant métallisé :
J’ai oublié.
J’ai oublié la simple sensation du pied posé au sol.
J’ai oublié l’effet de picotement du sable chauffé au soleil se glissant entre les orteils, chatouillant la voûte plantaire.
J’ai oublié ce qui titille chacun plusieurs fois par jour, le gratouillis, le fourmillement, la douleur (?) d’une vessie pleine.
J’ai oublié la place des mes jambes dans l’espace, la souffrance d’une cheville tordue, etc.
J’ai oublié mes impressions de cavalière : le talon baissé, le genou fixe, le mouvement du bassin qui permet de garder l’assiette.
Je les ai oublié … je les avais oublié !
Je les avais oublié … jusqu’au jour où je suis montée sur un cheval mécanique.
Et mon corps s’est souvenu.
J’ai pris mes marques, je me suis sentie à ma place, bien dans la totalité de mon être.
Les personnes présentes se sont étonnées de ma prestation, de cette mémoire du corps.
Malgré ce « coffret » roulant métallisé, il y a la vie !
Pourtant j’avais oublié, j’ai oublié, j’oublie…
Je m’en vais faire un inventaire
De toutes ces choses qui m’donnent de l’air
J’vais vous montrer c’qui m’met en joie
Tous ces p’tits trucs qui m’donnent la foi
Y’a les p’tites boîtes tout en fer blanc
Que m’avait données ma mère grand
J’y ai mis dedans des bons fruits secs
Du chocolat et des bonbecs
Y’a c’vieux cahier dit « de brouillon »
Où j’fais courir tous mes crayons
J’dessine, j’gribouille, je mets en prose
Mes humeurs noires, ma vie en rose
Y’a c’grand piano qui coince ses notes
Y m’suit partout depuis petiote
L’est tout marqué de mes coups de pieds
J’m’amuse encore à l’chatouiller
Y’a ma valise en carton vert
Où c’est que j’range ma vie d’hier
Et puis y’a celle tout en plastique
Pleine d’belles images et d’mots magiques
V’nez écouter tous mes cd
M’ont tous toujours accompagnée
M’ont fait pleurer, m’ont fait sourire
M’ont fait danser, éviter l’pire
Et j’vous en prie, feuill’tez un livre
Mieux qu’un whisky m’ont rendue ivre
« Dune » et K.Dick, Garfield, Voltaire
Récits d’voyages et pi Colette
Le bigophone et l’répondeur
Sèment à toute heure des cris du cœur
Papa, Maman, les bons amis
Tout c’petit monde est bien en vie
Ah v’là les fraises du potager
Et des p’tits pois à écosser
C’est bien meilleur, disait Mamie
Celle au grand cœur, celle qu’est partie
En parlant d’ça, y faut qu’j’vous dise
Qu’en vrai je crois qu’il y a méprise
La vraie p’tite boîte, l’est dans ma tête
Mes p’tits bonheurs y font la fête
Un baiser sous un parapluie,
Un million quatre-vingt chatouilles,
Cent nuits d’amour, cent jours de fête,
Mille petits déjs en tête-à-tête,
L’éclat de dix mille rires sans ombre,
Tous ces bonheurs toujours sans nombre,
Un passé et un avenir,
Encore quinze mille jours à venir,
Deux bougies brûlées aux deux bouts,
Aucun regret, juste des atouts.
Elle
est de chair et de sang, ma boîte à bonheurs.
Là,
juste au cœur de mon cœur.
Elle
n’est jamais fermée à clefs, elle déborde toujours.
Je
crois bien que je ne pourrai jamais faire son inventaire.
Si
je prenais le temps de vous raconter chacun de mes bonheurs, je serais
peut-être morte, et vous aussi, avant que je n’aie fini.
Avouez
que ce serait dommage ! Je préfère vivre.
D’autres
bonheurs m’attendent. Je ne voudrais
pas les manquer.
De
temps en temps, j’ouvre la boîte, et je souris en regardant ces bonheurs.
Le
bonheur, comme l’amour, n’est pas fait pour rester prisonnier.
Alors,
puisque vous insistez, mais c’est vraiment parce que c’est vous, j’en appelle un au hasard.
-
Coucou les petits loulous ! Qui veut dire bonjour?
Ah
! C’est Léon qui a envie de causer aujourd’hui. Allez, racontez-nous, s’il vous
plaît, racontez-nous une histoire de bonheur…
-
Tu te souviens Tiphaine, c’était il y a presque dix ans, le jour où mes animaux
se sont tus pour la première fois.
-
Oh! Vous connaissez mon prénom! Je l’ignorais !
-
Bien sûr que je connais ton prénom ! Tu sais, on cause pas mal dans la boîte,
je me suis fait des amis, j’aime beaucoup tes autres bonheurs.
-
Merci Léon ! Mais continuez, s’il vous plaît !
-
C’était la fin de la matinée, moi, j’avais terminé de m’occuper des bêtes,
alors je m’étais installé sous le figuier pour la regarder, cette éclipse. J’ai
entendu les coqs soudain, puis les vaches, les moutons et jusqu’au chien qui
hurlait. Le soleil était en train de se faire manger, tu aurais vu cette
couleur extraordinaire qu’avait mon champ de tournesols, je me demandais s’ils allaient tourner en même temps que le
soleil mais non, ils avaient du mal à suivre le rythme, ils essayaient quand
même, c’était drôle de les regarder faire tous ces efforts.
Ils
pouvaient pas savoir, les tournesols. Et puis, d’un seul coup, tous les animaux
se sont tus. Plus un bruit. C’était la nuit en plein jour. C’était beau,
Tiphaine, je te jure que j’ai jamais rien vu d’aussi beau mais je ne sais pas
bien te le dire…
-
Vous le dites très bien Léon, comme vous me l’avez dit quand je suis arrivée
dans votre cour, le soir même. Je me souviens Léon, comme votre voix tremblait
encore quand vous m’avez raconté, et vos mains qui montraient le ciel, et vos
yeux qui souriaient…
La
boîte à bonheurs.
Elle
déborde, elle déborde…
Elle
est de chair et de sang.
Là,
juste au cœur de mon cœur :
Les
pieds d’un funambule, un rayon de soleil, un nénuphar, un verre de vin, une
étoile, un framboisier, trois petits cailloux, un bâton de cannelle, un bisou du soir, la place d’un village, une
nuit d’été, des sourires, des soupirs, des caresses, des morceaux de tendresse…
Il
n’y a pas de petits bonheurs au cœur de mon cœur.
Juste
la vie en grand.
- Mes bonheurs n’aiment pas qu’on les mette en boîte. Ce sont des gens sérieux, que je prends au sérieux, qui se prennent au sérieux, qui n’ont pas trop d’humour et qui n’apprécient pas que l’on se moque d’eux.
Je pense qu’ils ont raison et qu’il ne faut pas plaisanteravec le bonheur. Un certain Félix – bienheureux est celui qui porte ce prénom ! – chanta jadis qu’il ramassa le sien sur le bord du chemin mais que le p’tit bonheur partit sans lui donner la main.
Le bonheur n’aime pas la publicité, il préfère la discrétion. Il est chose fragile, volatile, farouche. Un peu comme cette libellule attablée à sa terrasse de bistrot. Si tu lui poses trop de questions sur sa légèreté, si tu transformes sa gargote en café-philo, il ne fait aucun doute qu’elle partira en douce.
Certes la question du bonheur est posée chaque jour mais dresser la liste de ses composants, n’est-ce pas déjà prendre le risque de le faire s’enfuir ? C’est comme un gâteau : si tu veux le partager et que tu le coupes en huit, chacun a une part de gâteau mais toi tu n’as plus de gâteau. Tu peux aussi lister les ingrédients que le pâtissier a utilisés pour le fabriquer mais est-ce que cela rendra compte de sa saveur pour autant ? Moralité, le bonheur ce n’est pas du gâteau !
Ce n’est pas une poule aux œufs d’or non plus. Ce n’est pas en lui ouvrant le ventre que tu deviendras plus riche ! Et puis boîte, malle, coffre, pourquoi pas compte en banque ? « Oh la la on nous fait croire que le bonheur c’est d’avoir ! »
Le bonheur, c’est peut-être cette libellule : elle va, elle vient, elle se pose, elle scintille, Dieu seul sait pourquoi elle est là ! Tout ce que je peux faire, si tu tiens réellement à ce qu’on parle de boîtes, c’est enfermer son image dans mon Kodak puis la mettre dans mon ordinateur. Je peux aussi l’envoyer à Estelle qui en a fait son fond d’écran ou à vous-même qui lisez mes bêtises et contemplez la bête.
Mais bon, je ne vais pas faire ma mauvaise tête et je vais soulever pour vous le couvercle de ma boîte à bonheurs. Vous êtes prêt(e)s ? Un, deux, trois !
- Quoi ? Que ça !
- Ben oui ! Je n’ai jamais prétendu que j’étais ni très riche, ni très heureux, ni plein de certitudes ! J’ai peut-être même aussi quelque part un sac à misères qui traîne! Dans l’Aéropostale, vous savez, il y a de tout !
- Quand même ! N’avoir comme petits bonheurs que deux questions sur un bout de papier ! Et quelles questions bizarres : « Suis-je le bonheur d’une libellule ? Suis-je le fond d’écran d’une douce ? ». T’avoueras que t’es quand même un drôle d’aviateur, Joe Krapov !
- Bon ça suffit maintenant ; cassez vous, Petitprince et Lemouton, c’est un désert ici, pas un café-philo !
Il était une fois ma tête, mon crâne – ou plus exactement ma boîte crânienne, ma « boite à souvenir ». Rappelons pour le lecteur non éclairé, le lecteur profane dirais-je, que dans un crâne il y a un cerveau et que celui-ci enregistre beaucoup d’informations. Est-il nécessaire de préciser à nouveau que ces informations constituent dès l’instant présent passé, des souvenirs ? Ces informations s’entremêlent, certaines sont aussitôt effacées (quoique ?), certaines s’atténuent avec le temps, mais d’autres restent là. Bien ancrées. Mortes mais vivantes. Elles se réveillent sans qu’on le veuille, surtout quand on ne s’y attend pas. Elle nous transporte dans un passé plus au moins lointain. Quelles sont elles ? Une odeur, celle d’un poulet qui cuit, et aussitôt me voilà dans la cuisine de ma grand-mère. Elle tourne le poulet sans faire attention au fait qu’elle pourrait se bruler. Une chanson, Sleeping Sun de Nightwish, et me voilà dans les bras de celui que j’aime. Un dessin animé, Princesse Sarah, et me revoilà fillette avec les autres enfants que gardaient ma nounou, devant la télé, insouciante. Une image montrant un événement sportif retransmis sur la place de l’hôtel de Ville, et me revoilà 10 ans plutôt, avec mes amis sur cette même place à soutenir l’équipe de France pour la coupe du monde. Un gratin de courgettes, et me voilà dans la cuisine avec ma maman, en train de parler de tout et de rien en préparant le plat. Un mot, cancer, et me revoilà un an auparavant, au téléphone avec ma mère, nous deux en larmes. Les informations que nous appelons souvenirs ne sont pas toujours satisfaisantes, et peuvent parfois être futiles, en tous les cas pour les autres.