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Le défi du samedi
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5 juillet 2008

La boîte de Pandore* (Caro)

Je n’ouvre pas le couvercle…. J’écoute d’abord leurs musiques. Je tends l’oreille. Des sons venus de l’enfance ou d’hier. Une note argentine, un murmure pour qui sait tendre l’oreille. Je devine par avance les mots. Mes mots, qui s’entrechoquent. Comme des billes, des pierres colorées qui roulent dans les volutes de ma mémoire. Leur chatoiement me ravit à la grisaille familière.

L’un d’eux s’échappe de sa prison de papier. Pour l’heure, j’ai déjà beaucoup à voir : neuf tulipes pouffant de rire dans un vase transparent**. Dans la voiture, au milieu d’une conversation, en m’appesantissant sur une feuille aux chiffres tenus, je papillonne. Je les imagine, ces fleurs aux lignes pures, robe de satin aux accents de coquelicot et de paille grillée, resplendissantes de soleil. Tellement présentes. Et cette eau claire qui les abreuve dans les clairs filets de l’été.

Un peu plus loin, une fenêtre et un champ qui dansent à l’abandon. Le rire d’un criquet. Un vieil arbre et un pas d’homme.

Et je reviens à elles, à leurs danses légères. Je souris à mes deux chipies ; deux orchidées complices dont les fleurs tigrées s’effleurent. Elles qui ne pensent, qui sait, qu’à moi, tendues jusqu’à l’extrême pour m’offrir leurs fragrances discrètes. J’écoute leur babil, étonnée d’être leur confidente.

Alors la perfection des tulipes et des mots enlace mes pensées. D’autres billes s’échappent, nouvelles pierres, anciens morceaux de kaléidoscopes qui me parlent d’attente. Attendre que l’amour qui passe soit un amour qui demeure***. Des souvenirs de front frais d’enfant au matin. D’une tache de rousseur posée sur ta joue. D’une joyeuse tablée à l’hiver comme à l’été.

D’un battement de cil, le couvercle s’est refermé et le coffre s’est évanoui, ne laissant dans mes yeux que l’éclat de rire des mots. Parée de tous leurs feux, riche de leurs reflets, je me devine prête, rien ne pourra m’arriver.

* la boîte de Pandore d’où, d’après certaines sources, s’échappèrent les maux, les mots ? Les dieux laissèrent l’espérance aux hommes.

** Autoportrait au radiateur de Christian Bobin

*** l’Eloignement du monde de Christian Bobin

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Commentaires
M
Si poétique, musical et rythmé ! Un régal !
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C
Merci Brigou<br /> <br /> Tiphaine, je rougis là...
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T
C'est tellement joli et juste qu'on pourrait croire que c'est Bobin lui-même qui a écrit ce texte !
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B
J'aime les fleurs qui babillent !
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C
moia aussi tilu et mes orchidées sont des bavardes, futiles et adorables. j'essaierai une photo. Tiens Paps a son appareil...<br /> <br /> Si tu veux Joye je le lirai demain et je le mettrai en ligne.<br /> <br /> Oh Klo j'essyais pourtant des touches toutes douces. je t'envoie une version allongée...
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K
Un feu d'artifice émotionnel...du Caro quoi !
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J
J'aime beaucoup la "voix" que je crois entendre en lisant ce texte.
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T
J'aime les fleurs qui rient...
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P
J'aime beaucoup ta boite de Pandore au contenu fugace, merveilleux et protecteur
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C
oui rien de destructeur, papistache.<br /> <br /> Oui mes trésors sont dans ma tête.<br /> <br /> Je ne sais pas val parfois aussi violent parfois fragile<br /> <br /> sans doute cartoonita pour moi les mots sont musique, rythme et pensée.
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V
L'espoir d'entendre, à fleur de peau (d'homme), mots au lieu de maux...<br /> Il y a du fantastique dans tes mots.<br /> Sourire<br /> Vanina
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C
Une danse des mots écrite en musique ?
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V
Un feu d'artifice de couleurs et de beautés ...
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J
Des sensations riches et bien decrites, exactement comme un flot de pensees...
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P
Rien ne pourra lui arriver ?<br /> Rien ?<br /> Rien de mauvais,alors !<br /> Parce que... rien ?<br /> <br /> Cette narratrice, est-ce l'humanité ? Une grande confiance en l'homme alors. Un grand destin.<br /> Les dieux veillent...
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