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Le défi du samedi

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23 avril 2016

Une drôle d'enveloppe par bongopinot

Source: Externe

 

Cette vieille maison maintenant presqu’en ruine
Était l’endroit où vivaient mes grands-parents
Dans la douceur et la nature Angevine
Il reste encore à l‘intérieur des meubles branlants

Un pas en avant, puis un autre,
Me frayer un chemin est difficile
Ce salon n’est plus que désastre
Je reste un instant immobile

J’aperçois sur une table défraichie,
Ce qui me semble être une enveloppe
Qui n’a même pas été affranchie
J’avance avec précaution et l’attrape

Je la regarde, il n'y a rien d’inscrit dessus
Et à l’arrière de celle-ci un sceau rouge
Brillant et doux comme certain tissu,
Elle attendait son heure dans ce refuge

Je l’étreins comme une espérance,
Envahie par un sentiment d’incompréhension
A qui était donc destinée cette correspondance
Et pourquoi elle était là, venue comme une apparition

Ses murmures me révèlent une certitude
Elle est mystérieuse mais néanmoins visible,
L’ouvrir, la lire dans ce moment de solitude.
Mes pensées s’envolent, mon émotion est perceptible

Délicatement je sors le contenu de l’enveloppe
Je tiens un trésor dans mes mains tremblantes,
Et mes yeux se brouillent, mon cœur galope
Je m’exclame d’une voix chancelante :

Un trèfle à quatre feuilles et des indications
Qui disaient : « maintenant soufflez trois fois,
Chantez et courez une minute c’est votre mission
Pour que tous les jours, votre vie connaisse bonheur et joie. »

 

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23 avril 2016

Huit résumés d'œuvres diverses en quatre phrases (Joe Krapov)

Cher Monsieur Emile Euro

Veuillez trouver ci-joint huit énigmes pour votre jeu radiophonique de 13 h 45.
Il s’agit de faire deviner à vos candidats, à partir d’un résumé en quatre phrases commençant par « Bon, Mais, Alors, Et » le titre d’une œuvre de fiction (roman, film, chanson, poème) et son auteur.

Bonne continuation à vous et mes amitiés à Monsieur Emile Franc dont nous sommes sans nouvelles depuis un certain temps.

1

Bon, c’est l’histoire d’un type qui habite dans un jardin magnifique, immense, avec des fleurs partout, des arbres fruitiers, des jets d’eau, un endroit idéal où tout est prévu pour subvenir au moindre de ses besoins.

Mais une fois passés les premiers instants de joie de se trouver là à n’avoir rien à faire que se tourner les pouces, le gars commence à s’emmerder sévère.

Alors il va trouver le docteur D., « chirurgien esthétique et plus si affinités », et il lui dit que ce serait mieux s’il avait un peu de compagnie, ne serait-ce que pour jouer à la bataille navale.

Et le docteur D. lui répond que ça va lui coûter bonbon, pas les yeux de la tête, non, mais au moins une côte de la cage thoracique et Adam accepte et c’est depuis ce temps-là que les hommes et les femmes vivent ensemble en s’engueulant plus ou moins à propos de la place du gant de toilette dans la salle de bain, de la propriété de la télécommande ou sur « c’est à qui de descendre la poubelle aujourd’hui ? Moi j’ai fait la vaisselle, etc ».


2

Bon, c’est un gars qui travaille dans une banque, il est marié, sa femme est adorable bien qu’un peu féministe et plus si affinités et ils ont deux enfants agités comme le sont tous les enfants.

Mais justement la dernière nurse vient de rendre son tablier parce qu’on est dans le cadre un peu trop répandu de parents absents car surinvestis dans le boulot et le militantisme et on se demande bien pourquoi des gens pareils font des mômes.

Alors, comme on est en Angleterre, la famille passe une petite annonce dans le « Times » et, coup de bol inimaginable ailleurs qu’au cinéma ou dans la littérature, la nounou idéale leur tombe du ciel.

Et comme celle-ci est complètement gaucho-brindezingue-conte à dormir la nuit debout et adepte des méthodes d’éducation Freinet-Montessori-Dolto avant l’heure, elle fiche un bordel monstre dans la baraque en emmenant les enfants danser la java sur le toit, boire le thé des fous au plafond, détraquer le manège de chevaux de bois du parc et en provoquant, au prétexte de nourrir des pigeons, les prémices de la crise boursière de 1929 dans la banque où travaille le père qui devra se reconvertir à la fin du film dans la fabrication de « feel good » cerfs-volants .


3

Bon, c’est un type qui est né dans le Pas-de-Calais.

Mais ce n’est pas l’ami Bidasse pour autant.

Alors, malgré le charme tout bucolique et aligné des corons chers à Pierre Bachelet, malgré le climat enchanteur du bassin minier, malgré la beauté unique du clair de lune à Maubeuge, il monte à Paris pour y trouver du travail et il y fait la connaissance d’une Bretonne qu’il épouse.

Et bien évidemment, vingt ans après, on les retrouve au pays de la belle, à Rennes précisément, où le gars se fait, assez rapidement, une réputation d’amuseur public un peu trop intello mais à qui on pardonne tout parce que lui au moins, il a le courage de se lancer périodiquement dans la confection de ce fameux kouign-amann que tout le monde aime mais que tout le monde à la flemme de fabriquer et comment s’étonner après que tous les noms de bistrots, de coiffeurs et même les articles de « Télérama » et « 20 minutes » soient écrits en anglais plutôt qu’en breton ?


4

Bon, c’est un type qui a commis un crime abominable.

Mais même si l’histoire se passe il y a très longtemps, en des temps de loi de la jungle et de règlement de compte à OK Corral - le monde a-t-il vraiment changé depuis ? – il a mauvaise conscience d’avoir fait ça.

Alors il va à la Samaritaine, il achète des peaux de bêtes à sa femme et à ses enfants puis il déménage à l’autre bout du monde mais plus il s’éloigne, plus le souvenir de son meurtre le poursuit, à se demander si ça n’est pas déjà diffusé en boucle sur BFMTV et retweeté à l’ensemble de la planète voire plus si affinités !

Et ça prend des proportions telles que ça aboutit à des hallucinations auditives et à des visions épouvantables, si bien qu’à la fin le type en meurt et que, une fois qu’on l’a eu enterré, l’œil éclaire dans la tombe et regarde Caïn.


5

Bon, c’est l’histoire d’un gars qui va acheter son pain à la boulangerie tous les matins.

Mais il est un peu myope sans le savoir et il ne s’aperçoit pas que la jolie boulangère, séduite par sa beauté solaire et sa démarche lunaire est prête à lui donner son 06 et plus si affinités, il n’y aqua’à demander.

Alors, comme la situation perdure et que le quarante-cinq tours ne doit pas dépasser 2 mn 45, elle lui prend un rendez-vous chez un ophtalmo et le docteur Zigmund – car c’est lui qui a raconté l’histoire dans un billet qui pour une fois parle de croissants et non pas de baguette de nantis – lui prescrit de porter des lunettes.

Et donc, le lendemain de leur achat, il retourne à la boulangerie et en un éclair il s’aperçoit que la vendeuse est vraiment très chou, il lui déclare sa flamme toute religieuse, il l’épouse et ils font fortune en lançant une chaîne de pâtisseries bio pour bobos sans gluten décroissants mais au beurre.


6

Bon, c’est une dentellière de Lille qui est mariée et qui a son premier enfant.

Mais le bébé est un peu chiant vu qu’il ne veut jamais s’endormir le soir et qu’il hurle comme un malade.

Alors comme à chaque fois les hurlements du môme l’empêchent d’entendre ce qui se dit dans l’épisode du jour de « Plus belle la vie » et de comprendre où on est dans la saison 23 de « Game of thrones », elle lui chante une chanson mais plus elle chante plus le bébé crie et plus elle s’énerve.

Et à la fin, comme elle en a plus qu’assez et qu’elle habite au deuxième étage d’un gourbi à Wazemmes, « alle jette euch tchiot par el ferniète », ce qui signifie « elle balance le bébé dans l’indifférence générale et la cour par la fenêtre ouverte ».


7

Bon, c’est un oiseau qui a trouvé une proie intéressante et qui est allé se percher sur un arbre pour essayer de la becqueter tranquille.

Mais il y a un autre animal avec un museau pointu et une queue touffue qui l’a repéré et qui vient glapir des insanités au pied de son arbre.

Alors, comme le volatile a bien du mal à rester concentré pour désincarcérer sa bectance du papier alu qui l’entoure et que le baragouin de l’empanaché à propos de son taux de cholestérol commence à lui énerver un poil les plumes, il laisse tomber sa proie sur laquelle l’autre saute tout en continuant de jacasser dans sa langue de rastaquouère à laquelle le corbaque, qui n’a pas fait langues o, n’entrave que tchi.

Et on se demande bien comment le renard va faire pour bouffer sa « Vache qui rit » ® parce que nous qui sommes plus intelligents, qui avons un pouce opposable aux autres doigts et vivons dans un monde globalisé, on a toujours du bien mal avec la petite languette rouge !

8

Bon, c’est un type qui est parti faire la guerre avec ses potes du côté de la Méditerranée en laissant une femme et un mioche au logis sans un radis.

Mais voilà, sur la route du retour, le bateau perd son gouvernail et du coup l’équipage dérive d’île en île et le gars passe du lit de Circé à celui de Nausicaa, un peu comme on tombe de Charybde en Scylla, mais en plus agréable parce que Polyphème n’y trouve rien à redire, au machisme méridional et à la polygamie non-japonaise bien pliée.

Alors comme ça dure dix années et qu’on a autre chose à faire que de répondre à la question « Odyssée loin, l’Homérique ? » « Tais-toi et drachme ! » le gars finit par retourner chez lui.

Et là, à peine rentré, d’Ithaque au tac, il commence par engueuler sa femme parce qu’elle n’a pas terminé sa tapisserie et qu’elle a laissé mourir le chien « qui aurait pu lui servir de balise et du coup il serait rentré plus tôt, non mais, dis donc ! » et si vous voulez mon avis, Mesdames, des héros comme ça, il faut les envoyer se faire voir chez les Grecs !

 

P.S. Pour lire la solution, retournez l’écran de votre ordinateur, SVP.

 

DDS 399 solution

23 avril 2016

LE MESSAGER (EnlumériA)


      En proie à une lassitude proche de cette langueur romantique dont raffolent les versificateurs à l’eau de rose, je sirotais un verre de lait au miel avachi dans le canapé comme derviche épuisé. Sur l’écran de télévision, une grognasse vulgaire comme trente-six gorets s’efforçait d’échapper à un vampire ridicule. Je regardais ce navet pour adolescents attardés sans trop savoir pourquoi. Les hurlements factices de la grognasse étaient à peu-près aussi crédibles que l’olibrius qui la pourchassait. Bref ! Pour tout vous dire, je m’ennuyais avec virtuosité.


      Le générique de fin s’éternisait sur cette navrance cinématographique lorsqu’un bref coup de sonnette me fit sursauter. Je dressai l’oreille comme un chien aux aguets. Quelque chose sonnait faux. Un peu comme si le tintement de la sonnette avait dû traverser une épaisse couche de carton. Pressé par une vessie de plus en plus tyrannique, je me rendis aux toilettes. Ce fut lorsque je tirai la chasse d’eau que la sonnette retentit de nouveau. Perçant le bruit des turbulences sanitaires, une sorte de dring discret m’agaça l’oreille. Je mis de l’ordre dans ma tenue et m’approchai de la porte d’entrée à pas furtifs. Je percevais un piétinement au-dehors. Un voisin déménageait ou quoi ? À peine cette pensée s’effaçait-elle de mon esprit que la sonnette retentit de nouveau ; plus énervée aurait-on dit. Un bruit léger attira mon attention. Quelqu’un venait de glisser une enveloppe sous ma porte. Une enveloppe cachetée ; à l’ancienne. Une plaisanterie ? Je la ramassais puis j’ouvris la porte pour en avoir le cœur net.


      Si j’avais été fumeur, j’imagine que mon mégot serait tombé de ma bouche bée. Un escogriffe accoutré de vert me tournait le dos. Je constatai une légère crispation des épaules, un embarras dans la nuque, une posture qui pouvait signifier l’agacement. Il détourna la tête et les épaules suivirent comme à regret. Son regard ombré par un bicorne cocardé de bleu lançait des étincelles. Sa bouche maugréa un juron.


      Un brouillard mental envahit mon esprit. Je connaissais ce type mais je ne parvenais pas à me souvenir des circonstances de notre rencontre.


      Il me faisait face maintenant, triturant son bicorne de ses mains tavelées et desséchées par le soleil et le sel. Son regard s’était adouci, s’était fait presqu’implorant. Il me raconta qu’il venait de très loin là-bas, de l’autre côté de la fenêtre, qu’il ne voulait pas disparaître comme ça ; sans un mot, sans une explication. Il dit encore qu’il venait de la part de Mister Samuel Beadle. Que ce dernier avait été empêché par une mission lointaine.


      Je lui fis signe de patienter, juste quelques secondes, le temps de lire la lettre. Le message était le même que celui de l’escogriffe, à quelques détails. Des gouttes de larme avaient délavé le texte par endroit. Les signatures au bas du message éveillèrent en moi un sentiment de vide étrange ; de ce genre d’émoi que l’on ressent parfois lors de la trop longue absence d’un enfant.


      Derrière le boucanier, des silhouettes se matérialisaient, tremblotantes comme l’air brûlant sous le soleil du Sud. Je reconnus Lord, Claudika Dromos que l’on nomme aussi la mère Petit-Pas, Maurice Couchette, Raoul Gueulesèche et légèrement en retrait, tout dépenaillé, Crapette le pique-assiette tenant son chat miteux dans les bras. Ils avaient tous signé. Eux et bien d’autres encore que je ne reconnus pas tant ils semblaient s’estompés dans le clair-obscur de la cage d’escalier. Tant peut-être qu’ils n’attendaient qu’une seule chose, que je leur donne vie.


      Plus tard dans la soirée, avec un calme infini, je débranchai la télévision que je mis au rencart dans le débarras sous l’escalier. J’avais moi aussi tout un petit monde à créer, mais au risque de blasphémer, je sais bien qu’il me faudra un peu plus de six jours pour cela.



      Évreux, le 22 avril 2016

23 avril 2016

L’enveloppe mystérieuse (Alain André)

 

Une enveloppe glissée sous sa porte. Pas de nom. Pas d’adresse ! Rien au recto indiquant l’expéditeur ! Mais un cachet de cire, vierge, Désuet, incongru !

 Il est Intrigué. Mal à l’aise ! Que doit-il faire ?

Puis il passe son ongle sous le cachet, la cire craque, se décolle, le rabat, libre, peut être ouvert. Une feuille de papier, une seule phrase :

 

-Vous êtes cordialement invité à participer aux régates de l’été sur Flying Dutchman, le samedi 6 juin.

 

Le Flying Dutchman , F.D pour les voileux ! Bien sûr, il connait ! Ce dériveur de légende de compétitions internationales ! Sophistiqué,  Rapide et  très bien  équipé.

Des régates, d’accord, mais où ? Et en quelle année ? Parce que, cette année, le 6 juin, c’est un lundi ! Et puis, il n’a plus barré depuis 45 ans !  Et la dernière régate qu’il a faite, c’était en 1970 ! Et c’était sur 5O5, ou 470, il ne savait plus ! Mais pas sur F.D., non…pas de niveau, le F.D., c’était  trop pointu pour lui !

Tiens 1970 ! Le 6 juin, c’était quel jour ? …Bingo ! Un samedi ! Mais alors ? Pourquoi cette lettre reçue aujourd’hui en Avril 2016 ?... Cette date l’obsède : Samedi, 6ème jour de la semaine, 6 juin : 6/6 ! 666, le chiffre du diable ! Bah ! Pure coïncidence, bien sûr ! Pourtant : Le Flying Dutchman, le hollandais volant, c’est aussi le bateau fantôme, l’enfer des mauvais marins, création du diable, objet du premier opéra de Richard Wagner. Bof, c’est pas trop sa tasse de thé, Wagner, les Walkyries, tout le tintouin, sauf peut-être le chœur des bergers dans Tannhäuser…Bref ! Quel rapport avec ce courrier tombé du ciel ? (Enfin, sous sa porte !) Qui a bien pu lui amener cette invitation qui ne correspond à rien ? Il faudrait chercher si une année prochaine comprend un Samedi 6/6 ? Il eut beau chercher mais ne trouva pas de samedi 6/6 prochainement ! Se pourrait-il que ce soit une proposition de le ramener aux années 70 ? Et aux régates en dériveur ? Et le diable dans tout ça ? Que vient faire ce p… de diable dans cette affaire ? Une manifestation du diable pour lui proposer un pacte : La jeunesse contre son âme ?  Mais que diable irait-il faire dans cette galère ?

Les années 70 ! Les meilleures assurément, pensait-il ! Mais y retourner ? Reprendre son travail de l’époque ?  S’il pouvait choisir : La retraite aujourd’hui, son avenir derrière lui, ou son métier d’alors, avec son passé actuel devant lui ? Voilà la bonne question bien pourrie ! Jeune au boulot, ou vieux au repos ! Le syndrome de Faust ?  La quête de la jeunesse ? La nostalgie de ses plaisirs d’antan ? Bah ; peut-être!  S’il pouvait revenir en arrière ! Dut-il pactiser avec le diable ! Et puis, tant pis, que lui importait d’être damné à la fin ? On lui a dit un jour qu’il n’y avait pas de con au paradis, ça ne fait rien avait-il répondu : « Je n’irai pas quand même ! Vous me manqueriez trop ! » Et puis, d’ailleurs : Le paradis est-il plus désirable que l’enfer ?  

Le paradis : Un ramassis de vieux birbes solennels et moralisateurs avec la bouche en cul de poule : Fais pas ci, fais pas ça ! Des gens tristes, insensibles aux plaisirs sensuels.

Le paradis : Un ennui mortel…et à vie... !  « Je préfère l’enfer », se disait-il, y retrouver mes vieux potes, mes idoles, musiciens de folie, délirants et fabuleux ! Bowie, Lennon, Hendrix, Prince… Ouais, mais avec  les violeurs, les cons et les assassins ? Quand même ! Non ! Il faudrait qu’il y ait un enfer  intermédiaire : Un vrai enfer pour les cons,  un petit, plus doux, pour les moins coupables (et lui !) Un enfer/paradis en quelque sorte ; pour les noceurs, les jouisseurs comme lui, un lieu de fêtes perpétuelles, une gigantesque ripaille permanente, un endroit privilégié où rien ne serait interdit, dirigé par un bon diable débonnaire, un endroit réservé aux bons vivants, morts en faisant la fête, aux amoureux des femmes, comme lui, aux philosophes , aux poètes ; Vivre au milieu des musiciens, des artistes, de la musique, de l’art, de tout ce qui l’a toujours transporté, lui, le petit homme sans talent. Voilà ce qu’il ruminait devant sa lettre bizarre ; Cette enveloppe… mystérieuse… ! « Mais, si je décidais de vendre mon âme au diable, comment le contacter ? »… Il réfléchit longuement… longtemps… s’arracha les cheveux pendant des heures…

Puis il prit sa décision : Il reprit l’enveloppe,  souffla son âme à l’intérieur et  inscrivit l’adresse sur la face avant :

 Angus Young, AC/DC,

1973, Highway to Hell,  

666 EAST AUSTRALIA

23 avril 2016

Poupée russe (Clémence)


La lettre, de grand format et scellée de cire rouge, lui arriva sur un plateau de vermeil.   Un éclair brilla dans les yeux du Président Directeur Général.

Il prit l'enveloppe dans ses mains. Il la soupesa,  il la huma,  il la tâta. Il ne trouva aucun indice concernant l'expéditeur.

Il prit un coupe-papier en argent et fit sauter le cachet de cire. Le rabat se souleva légèrement.
Il glissa deux doigts et tira. Une écharpe de soie rouge. Il frissonna.  Il ferma les yeux et s'enivra du parfum capiteux.

Son téléphone portable sonna. Il regarda l'écran. Il ne répondit pas.

L'écharpe dissimulait une forme dans ses plis. Il déroula les volutes soyeuses et découvrit une pochette de velours grenat.

Ses mains tremblaient. Il ouvrit la pochette avec précaution. Un anneau d'or était glissé sur le majeur d'un long gant noir. Le film était lancé. La sueur perlait à son front.

Il glissa ses doigts à l'intérieur du gant. Il en retira une petite boule de résille. Un bas noir. Les images de son passé défilaient à la vitesse de l'éclair. Sa bouche était sèche et son souffle court.

Son téléphone portable sonna de nouveau. Il regarda l'écran. Il ne répondit pas.

Il saisit le bas noir, le serra dans un poing rageur. Il sentit un objet. Ses doigts dansaient une sarabande folle.
Il tritura, troua, déchira, et extirpa. Une clé USB.

Il ouvrit le tiroir supérieur de son bureau puis le referma brusquement. Il enfonça la clé USB dans son ordinateur. Ses yeux étaient rouges, son visage blême et il grelottait.
Dans un brouillard nauséabond, il vit les photos défiler.
Il savait que la fin était venue. Sa fin.

Son téléphone portable sonna encore.
Il regarda l'écran, décrocha et poussa l'appareil hors de sa portée.
Il ouvrit le tiroir et y plongea la main.
Il savait que la déflagration sonnerait l'hallali et déchaînerait la fureur des médias.

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23 avril 2016

Silences (petitmoulin)


Il est un silence
Qui épèle nos regards
Quand la parole serait vaine
Et un autre silence
Qui se nourrit de la solitude
En attente des mots
Où croît la poésie
Il est un silence
Qui résonne longtemps
Dans l'enveloppe close
De nos blessures

Il est un dernier silence
Qui encercle l'inachevé
Et laisse derrière lui
Sa provision d'absence

23 avril 2016

Trésor Publio (Vegas sur sarthe)

 

— T'en fais une tronche ce matin, ma chérie!

— Ça y est... elle est revenue

— Qu'est-ce qui est revenu, Germaine?

— La lettre de Trésor Publio!

— Vin Diou! On avait pourtant dit qu'on en voulait plus d'sa réclame... et qu'est-ce qu'y propose aujourd'hui?

— J'ai pas ouvert l'enveloppe... la concierge dit qu'ça peut être piégé

— Ah? Elle en a déjà eu des piégées?

— Ouais... l'an dernier Trésor Publio lui a collé un numéro de télédéclarant alors qu'elle a jamais eu la télé!!

— Alors nous on va l'avoir le numéro de télédéclarant... vu qu'on vient d'changer la téloche à cause de leur foutu passage à la ténetteté

— Tant pis Albert, je l'ouvre, il en saura rien qu'on l'a ouverte. Dis donc, c'est vach'ment plus épais qu'avant... y a p't'être un cadeau

— Un cadeau? T'as déjà reçu un cadeau dans ta vie à part moi?

(Soupir)

— Y'a écrit Prérempli... c'est pour ça que j'la trouve plus épaisse que l'an dernier

— Alors? Y raconte quoi?

— Tu vas pas l'croire! Y dit comme ça qu'ça va devenir payant de renvoyer cette paperasse... deux euros. Tu t'rends compte? Deux euros!

— Ouais mais comme on le renvoie jamais, on s'en fout

— C'est l'principe, Albert! C'est l'principe!

— Et comment qu'y feront ceux qui veulent renvoyer mais qui veulent pas payer deux euros pour renvoyer?

— Attends... y parle d'une déclaration en ligne pour ceux qu'ont internet

— Ouais mais comme on n'a pas internet, on s'en fout

— Arrête de t'répéter. Tu sais pas, on va faire comme d'habitude. On fout tout ça dans la cheminée

— Tu sais bien qu'cette paperasse ça brûle pas bien et ça nous encrasse les chenêts!

— Ah passeque tu t'inquiètes de la propreté des chenêts, maint'nant?

— Oh ça va, Germaine... c'est tout c'qu'y dit ton Trésor?

— Les trucs habituels... si on a déménagé, si on est toujours mariés ou si on est isolés, si on a des enfants attachés au foyer. J'te jure!

— Et si on lui répondait pour une fois, histoire de s'fendre la poire? Si qu'on lui dirait qu'on est hébergés gratuitement chez la concierge, qu'on attache nos enfants au foyer d'la chaudière, que t'es handicapée d'la tête, que tu...

— Non mais ça va pas? Handicapée d'la tête? Et pourquoi ça s'rait pas toi?

— J'ai une autre idée. On met des croix dans toutes les cases! Qu'est-ce que t'en dis?

— La concierge l'a déjà fait l'an dernier. Elle croyait gagner quelque chose au tirage du mois de juin mais y'a jamais eu d'tirage!

— Ça fout les boules

— Puisque j'te dis qu'y'a jamais eu d'tirage

— Pourtant quand tu coches toutes les cases, tatiquement...

— On dit pas tatiquement mais tastistiquement

— Me prends pas la tête et mets-moi tout ça à la poubelle!

— Tu rigoles... je récupère l'enveloppe. C'est écrit qu'y'a pas besoin d'timbre. On aura juste à rajouter l'adresse de tante Ernestine pour les voeux!

— Mais ça va pas l'inquiéter Ernestine de recevoir une lettre marquée Trésor Publio à la fin de l'année?

— T'as raison. J'vais y rajouter des p'tits coeurs pour la rassurer

— Ouais... des p'tits coeurs, c'est bien ça

 

16 avril 2016

Défi #399

L'enveloppe mystérieuse ...

 

Enveloppe

 

Nous attendons vos découvertes à

samedidefi@gmail.com

A tout bientôt !

16 avril 2016

Ont entamé leur traversée de la fenêtre

16 avril 2016

Participation de JAK

j
-acrostiche-

 

Etrangement il rêve là,  derrière ces barreaux qui le brisent

 

Vision irréelle d’un autre côté pour lui  abstrait

 

A qui il essaie d’octroyer   des ailes irréelles

 

Son imagination fertile l’attire sans cesse

 

Instinctivement dans le giron de la mer

 

Où seules les vagues et les algues le transformeront en

 

Nouveau-né  tout  neuf  dans un océan de paix

 

16 avril 2016

Du vent dans les voiles (Walrus)


À première vue j'ai pensé :

 

les vitraux d'aujourd'hui...

Source: Externe

 

... ne sont plus ce qu'ils étaient !

wa

 

Puis j'ai pensé à cette pub

Avec le cache-sexe Petit Bateau,
la vertu flotte
mais ne coule pas !

wa02

 

Ou à celle-ci :

wa03

 

 

Mais au bout du compte, je préfère vous narrer une aventure de Célestine, un temps maître d'équipage à bord du Blogborygmus.

 

Un beau matin, Célestine annonce un événement à sa classe :

- Les enfants, aujourd'hui, nous allons avoir la visite de Monsieur l'inspecteur.
- C'est quoi, Maîcresse, un inspecteur ?
- Ce serait comme un grand méchant loup qui boulotte les institutrices et les petits enfants.
- C'est pas vrai, hein Maîcresse ?
- Mais non, mes chéris, vous savez bien que j'aime vous faire rire. C'est un brave homme qui vient voir si nous travaillons bien tous ensemble.
- Oh, ben il va être content alors, Maîcresse !
- Certainement, il va sans doute vous poser quelques questions auxquelles vous répondrez gentiment  et poliment, comme vous le faites toujours.
- Oui Maîcresse !

Débarque l'inspecteur qui, comme prévu se met à dialoguer avec les élèves. Il arrive chez Jules :

- Comment t'appeles-tu ?
- Jules, Monsieur !
- Dis-moi, dans ce que vous avez fait hier, qu'as-tu le mieux aimé ?
- Quand on a chanté avec Maîcresse qui jouait de la guitare.
- Très bien ! Et qu'avez-vous chanté ?
- Les tétons !
- Tu veux bien répéter, je crois que j'ai mal entendu...
- Les tétons !
- Tu dois te tromper, jamais Madame Célestine ne vous aurait appris une chanson sur les tétons, voyons !
- Si, si ! Les tétons, les tétons !
- Bon, cela m'étonne mais enfin, tu peux la chanter ? Tu t'en souviens ?
- Oui : "Et les tétons petit navire, et les tétons petit navire qui n'avait ja ja ja..."

 

Ouais, excusez-moi, elle date et est idiote,
mais elle me fait toujours rire.

Comment ça, je suis bien le seul ?

 

De toute façon, j'avais autre chose à
quoi penser aujourd'hui :

 

Heureux anniversaire
MAP !

ma01

 

 

16 avril 2016

Participation de Venise


 J’avais dressé le couvert  dans la salle à manger  comme je l’ai toujours fait , quand je vis à travers ma fenêtre un voilier traverser  la maison du voisin.

Je sais vous n’allez pas  avaler une telle histoire c’est pourquoi j’insiste et  je vous le jure un voilier était au cœur du salon des voisins .

Alors sous le coup de neuf heures du soir j’ai décidé d’en avoir le cœur net et je me dirigeai à la dérobée dans la maison  d’en face .

Au fond ces voisins devaient être aussi fous que nous. Avant je me foutais d’eux comme d’une guigne
Mais là il faut l’avouer ils m’épataient .

A la lueur de mon allumette je pouvais maintenant voir le voilier et les ombres gigantesques des voiles sur le mur .

Toute la famille s’était  assoupie sur le pont et la télé ,de l’autre coté du salon, le journaliste  continuait à donner la météo .
Des tonneaux d’eau de vie de sucre de cannes roulaient sur le pont au fur et à mesure des mouvements du voilier .

Ce que je voyais était extraordinaire et impossible à la fois . C’était comme si j’avais mis la tête sous l’eau  . Au fond du couloir on pouvait apercevoir le port et des corsaires  qui attendaient la livraison .

Sans trop savoir pourquoi , j’effleurai du doigt  la coque du bateau et je dus faire un terrible effort pour éviter  la vague qui submergea  en quelques secondes l’embarcation.
Avec une incurable frivolité un perroquet s’adressa alors à moi.

Apporte moi une bière et ouvre ce putain de frigo derrière toi me cria -t-il d’une voix rogue .

C’est lundi aujourd’hui jour de relâche l’équipage est  à terre et ils font tous la bringue .

Tout en tambourinant avec son bec sur le MAT le perroquet me fusillait du regard .

Je  discutai un moment avec  ce perroquet afin de savoir si ce n’était pas un leurre .mais je compris très vite que tout était vrai et que je venais de transgresser un monde .
L’animal  ne tarissait d’éloge sur son équipage   et ces voyages lumineux m’accompagnent encore aujourd’hui .

Alors j’ai griffonné sur une carte postale un adieu à ma famille et j’ai rejoint l’embarcation.

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16 avril 2016

Participation de Fairywen

 

Quand la chance tourne

 

Bon, d’accord, à la réflexion, il était peut-être en mauvaise posture… Certes il avait réussi à s’introduire dans le palais de la Dame du Lac pour y « emprunter » les documents qu’il convoitait – « voler », quel vilain mot ! –, mais à présent, il avait une véritable meute aux trousses. Une vraie de vraie, dirigée par l’amant de la souveraine d’Avalon, un type qui lui en voulait à mort et était tout prêt à le déchiqueter à mains nues après l’avoir au minimum pendu, noyé et écartelé.

 

Heureusement encore que ce n’était pas lui qui rendait la justice en Avalon… Il espérait bien que son charme légendaire adoucirait son châtiment si jamais il se faisait prendre.

 

Le jeune homme crut bien réussir, mais au moment où il allait prendre son élan pour sauter par la fenêtre, une poigne de fer se referma sur son bras. Il tenta de se dégager, hélas ils étaient peu nombreux ceux qui parvenaient à échapper à la prise du lieutenant des de Chânais lorsqu’il mettait la main sur vous…

— Pas question, mon tout beau, susurrait d’ailleurs ce dernier. Tu ne sortiras pas d’ici avec ce qui n’est pas à toi.

Le pirate jeta un regard de regret au magnifique trois-mâts qui l’attendait au large. Il y était presque… Il lui aurait suffi d’un plongeon, certes un peu risqué, mais réalisable – surtout pour quelqu’un comme lui – quelques centaines de mètres de nage, et il aurait été sauvé. Personne ne pouvait rivaliser avec lui une fois qu’il était dans l’eau, non, personne.

 

Mais sur la terre ferme, c’était une autre histoire…

 

Néanmoins, il affronta sans ciller le regard vert du prince consort qui s’approchait, un rictus carnassier aux lèvres.

— On dirait bien que la chance t’a abandonné, Amriel…

 

Les débuts des aventures d'Amriel peuvent se lire ici et ici.

 

Quand la chance tourne

 

 

 

 

 

 

16 avril 2016

Carolina (Pascal)


Pendant l’escale à Wilmington, nous eûmes, comme à Salvador de Bahia, beaucoup de succès. Vitrine du beau Pays de France, le sourire de faconde toujours de sortie, notre fameux pompon rouge que ces demoiselles se pressaient de toucher, le prestige de l’uniforme, étaient nos meilleurs atouts auprès de cette gent féminine. Sur la plage arrière, le grand pavillon tricolore battait notre éternelle chamade…  

A l’heure de la sortie, une lente file de voitures attendait les permissionnaires. A la queue leu leu, devant la coupée du bord, elles nous cueillaient par un ou par deux, nous autres, jeunes ambassadeurs de notre métropole dès qu’on mettait un pied sur le quai. Invités dans des familles de la ville et des alentours, nous contribuions avec bonheur au prestige de notre pays. C’est vrai qu’il y a quarante ans, nous autres, les marins français, dans tous les ports de tous les continents, nous avions une aura de belle réputation mondiale.  A Sébastopol, on avait signé des autographes ; dans les Iles du Vent, on nous avait décorés avec des colliers de fleurs ; en Amérique, même en goguette, nous étions reçus comme des LaFayette…  

C’est ce qui était arrivé à un de nos collègues du poste des mécanos ; happé à la sortie du bateau par un somptueux carrosse digne d’un conte de fées, il s’était retrouvé dans un enchantement, un rêve, une autre dimension. Avec force détails, il nous avait expliqué la véritable réception qui avait eu lieu en son honneur, dans une de ces vieilles maisons à l’architecture « antebellum » ; ces maisons conservées et entretenues dans leur cachet d’avant guerre. Pour nous faire baver de jalousie, il n’avait rien omis de sa jeune vingtenaire et beaucoup rajouté, sans doute…
D’abord, elle l’avait emmené jusque dans un magasin branché de la ville ; il y avait acheté quelques souvenirs et l’incontournable drapeau des Confédérés. Ensuite, ils allèrent chez elle, enfin, chez ses parents. Main dans la main, ce fut la promenade dans le parc, la tonnelle, la boisson rafraîchissante, le coucher de soleil, le french kiss, le lustre immense dans le salon, les tapis, plus grands que des terrains de foot, le repas aux chandelles servi par des loufiats noirs, les mille desserts sur des plateaux d’argent ! Il ne manquait plus que le feu d’artifice au fond du jardin et la poignée de main du gouverneur de Caroline du Nord…

Un peu avant les couleurs du matin, il avait créé un attroupement envieux dans l’avant  poste ; à ses dires d’argonaute, Il avait passé une soirée torride avec son autochtone.
Inoubliable, exceptionnelle, grandiose et à cours de superlatifs, il ne tarissait pas d’éloges chaque seconde passée en sa si charmante compagnie. Lui, avec son talent de marionnettiste, il lui avait expliqué ses galons rouges de jeune quartier-maître sur les manches de sa vareuse, l’hélice et la roue dentée, preuve de son appartenance au Corps d’Elite des Mécaniciens, la légende du La Bourdonnais, les aventures de son bateau dans le triangle des Bermudes et plein de prouesses fantastiques que lui seul était capable de raconter dans la confidence d’une oreille attentive…  
Lui, le timide chti, dévolu sueur et âme à la pression de la TPH (Turbo Pompe à Huile) de la machine arrière, il avait à lui tout seul conquis les States. Avec ses yeux bleus, son teint blanc, son accent du nord et son anglais petit nègre, on l’imaginait bien en train de vendre ses chicons à sa miss América de la grande maison à colonnes. Du petit nègre chez les sudistes, la partie n’était pas gagnée… Indéboulonnable, il bousculait nos rires et nos sarcasmes avec des revers de soupirs désabusés en nous considérant comme des indécrottables incultes…  
Mais oui, il lui avait laissé un souvenir plus qu’impérissable ! Mais oui, elle allait le récupérer à la coupée, ce soir même, quand l’heure de la sortie sonnerait ! On n’avait qu’à venir voir ! Entre deux baisers, elle lui avait promis, cette mignonne friquée…  

Selon ses traductions approximatives, les aïeux de la fille étaient des générations de propriétaires d’immenses champs de coton et, à cause de ces cons de l’Union, avec Lincoln à leur tête, et leurs idées d’abolitionnisme, ils avaient perdu tous leurs escl… ouvriers, avec la guerre de Sécession…
Pas démonté, il avait passé la soirée, avec son « Stainless banner » posé sur les épaules, pour preuve qu’avant la fille, il avait déjà épousé la cause des Confédérés…
Il se voyait bien reprendre l’exploitation, mon pote de la TPH. Ni une ni deux, il se mariait avec la fille, il foutait les beaux-parents à la retraite et il plantait des champs de betteraves pour ne pas avoir d’emmerdes avec les flics de l’immigration…

A une heure du matin, elle l’avait ramené à bord de sa bagnole : une flambante Ford Mustang cabriolet, rouge brique. Il se souvient encore de la musique country qui dégoulinait en arpèges doucereux par tous les haut-parleurs de la belle voiture… De chti, il était passé sudiste, le crabe de la machine arrière ; il prévoyait sans doute de se faire bientôt naturaliser américain. …

Dix-sept heures, l’heure des permissionnaires. Sur le pont, yankee en diable, il sifflait « Dixie », mon pote, pour se donner du courage en attendant sa promise. Nous autres, planqués sur le roof, on suivait son manège de près ; on voulait voir sa belle sécessionniste, au volant de son attelage rouge brique et dans une romantique robe… de coton…

Les gars de sortie se pressaient à la coupée ; les voitures défilaient en aspirant les matelots qui débarquaient. Tout à coup, la belle bagnole, la flambante Ford Mustang cabriolée de chez « My dad is rich » a déboulé jusque devant la coupée ! La fille a parlementé cinq secondes avec le taf qui attendait son tour puis, sans façon, elle l’a invité à prendre place à côté d’elle ; c’était Max, un pote électricien parisien. Notre chti national s’était fait voler la vedette par un vulgaire Brevet Elémentaire, de quoi bouffer sa bâche…
Philosophe, et plus pragmatique que romantique, il s’était consolé en allant visiter un truc dément, un truc à l’américaine : c’était l’USS North Carolina, un cuirassé de la deuxième guerre mondiale, un héros de la guerre du Pacifique, baignant comme musée flottant dans un bassin de visitation.

Le lendemain, à dix-sept heures, la Carolina est revenue avec sa belle bagnole ; ce coup-ci (si je puis dire), elle a emballé un brave artilleur de Metz avec ses sourires de fédérée à la ouate… C’était devenu un rituel ; le lendemain, c’est un second, un marseillais fringant, à la langue bien pendue, qui eut l’heur de la sortie en décapotable. Le lendemain, on était partis. C’est qu’elle aurait pu facilement embarquer notre vieux pacha, il était breton, et l’emprisonner avec ses ficelles de casquette, cette dévoreuse de petits français !...

Après, on dira que c’est nous qui faisions du tourisme sexuel…   

16 avril 2016

Enlisement sévère (Joe Krapov)

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Derrière la vitre un bateau
Qui ne verra jamais la mer.

Combien donnerait-il au bas mot
Pour quitter son quadrilatère ?

La croisée des chemins,
La croisée des fenêtres...

L’ambiguïté des voies d’eau
Qui ressemblent à des miroirs,
Les canaux en longs dévidoirs
Où sombrèrent les amiraux,

Et les rimes croisées
Et les crimes rusés…

Les péniches, maisons jointes
Au long du canal, contrepoids
Aux légèretés de Lapointe
Qui nous mettent toujours en joie,
Je les ai croisées à Toulouse ;
Elles m’ont plu comme, autrefois,
Celles qui transportaient un blues
Simenonien, de bon aloi.

Sur le canal du Nord
Et celui du Midi
Tout un monde s’endort.
Mon poème est fini.

 

16 avril 2016

Les voiles latines (Clémence)


En ce jeudi d'avril, le ciel était d'un bleu splendide et la mer quelque peu agitée. Les plages et les rues bandolaises  étaient désertes.  
Nous allâmes directement au restaurant, dans une rue parallèle au Quai.

Il s'assit en face de moi. Il leva son verre de vin. Rouge. Il  regarda droit dans mes yeux. Bleus. Il me dit :
- Je viens de recevoir le bulletin d'inscription pour les Régates.

Je le regardai droit dans ses yeux. Bruns. Je ne répondis pas, mais je me saisis de mon arme de choc : mon sourire.
Je l'avoue sans pudeur, j'aime la Méditerranée. Bleue. Elle est notre mer à tous. Mais je  reconnais humblement que je suis une  terrienne invétérée. Pour cette raison, des nœuds d'appréhension envahirent immédiatement mon ventre. L'an dernier, j'avais  vécu deux expériences mémorables: une panne de moteur sur une mer déchaînée et une chute non moins spectaculaire dans l'eau du port due à deux pare-battages récalcitrants.

Des amis entrèrent et nous rejoignirent à table. Les conversations convergèrent vers les bateaux et leur carénage. Je me régalais des mots qui chantaient comme dans un livre d'images : voile latine, plat bord, bordage, capian, calfatage, membrure, jambette, safran….
L'ambiance était chaleureuse et je me risquai à les faire virer de bord avec une question impertinente :
- Quels sont vos plus fameux souvenirs ?

Gérard commença à narrer un voyage vers la Corse et la tempête qui se leva en pleine nuit. J'étais toute ouïe. Je frémissais et grelottais de froid avec son équipage. Je vivais avec eux ces heures  interminables. Je soupirai d'aise lorsqu'il décrivit  la mer d'huile au petit matin.
Il enchaîna avec sa chute dans le port en pleine nuit de février. Chute qui aurait pu lui être fatale. Mais, finalement, il ne s'en est pas tiré trop mal puisqu'il est aujourd'hui avec nous, à table.

Jean-François raconta à son tour son périple et ses avaries près des Iles Baléares. Tempête et tourmente. Bateau retourné. Moteur en panne. Il raconta son arrivée dans un petit port espagnol, l'aide qu'il avait sollicitée auprès d'un pêcheur et l'ingratitude de celui-ci. Il termina son récit par le départ presque rocambolesque, le lendemain au petit matin.

J'en conclus que la Méditerranée n'était pas une mer à prendre à la légère. Presque fermée et sans marées spectaculaires, elle peut se déchaîner avec une vitesse et une violence fulgurantes.

Le repas touchait à sa fin. Nous nous séparâmes avec la promesse de nous revoir bientôt.
Nous partîmes vers le quai. Avec malice, j'imaginais la Méditerranée se venger de notre médisance en me privant d'une sortie  en pointu jusqu'à l'Ile de Bendor.

Il repoussa  une mèche de cheveux collée sur mes yeux et me demanda :
- Qu'est-ce que je réponds pour les Régates ?
-  Euh….la Baie est-elle … très …. profonde ?


Avec toute ma sympathie pour Gérard, Jean-François, Sophie, Jean et tous les amoureux de la mer et des Pointus.

16 avril 2016

Sa décision par bongopinot

Source: Externe

 

La maquette d'un beau voilier
Sur une étagère sous une fenêtre
Dans son bureau il rêve de voyage
Un jour il partira peut-être,

Loin de ces murs gris et froids
Vers des contrées lointaines.
Il entend un appel une voix
Et sonne la fin de la semaine

Deux jours pour préparer un départ
Depuis longtemps il y pense
Partir de la ville voir les phares
Voguer sur les mers qui dansent

Ça y est il n’ira plus travailler
Une décision murement réfléchie
Il l’a prise ce jour de juillet
Un soir morne et sans vie

Lundi huit heures trente
Dans sa voiture il se lance
Vers le port qui le hante
Celui de sa douce enfance

Et il monte sur un voilier
Pareil à la maquette de son bureau
Sous un ciel ensoleillé
Pour jouer l’aventurier le héros

Fini le costume sombre, la cravate
Le mal-être, les sourires forcés
Les rendez-vous, l’alcool, le bicarbonate
La vie dissolue et tout ce temps gâché

Il a décidé de prendre sa vie en main
Et veut maintenant réaliser son rêve
Un tour du monde avec des copains
Avant que son existence ne s’achève

 

16 avril 2016

À l'eau, c'est moi...je prends les voiles par joye

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16 avril 2016

PROCESSUS (EnlumériA)

 

      Lorsque j’ai vu la photo du nouveau défi, de prime abord, je me suis interrogé sur ce que j’allais bien pouvoir en tirer.  Alors, je me suis posé et j’ai observé l’image.

      J’ai observé l’image et je me suis demandé ce que je voyais.

      Une façade orangée avec une fenêtre ; visiblement une bâtisse contemporaine, une de ces horreurs lecorbusiennes qui rendent les paysages pénibles. Au centre, un voilier blanc.

      Ensuite, je me suis demandé ce que je ne voyais pas.

      À la barre, un escogriffe au nez démesuré, aux yeux si perçants qu’une lunette d’approche lui aurait été superflue. Il porte une vareuse verte avec une rose à la boutonnière. Il est coiffé d’un bicorne cocardé de bleu. C’est le capitaine du navire, le pacha de son propre Passeur d’Aurore*, un homme autoritaire et digne, un homme doté d’un cœur téméraire mais cependant guère dénué de raison.

      Vers où navigue-t-il, ce grand échalas tombé de la lune ? Que cherche-t-il ? Qui chérit-t-il ? Avec quel sombre ennemi est-il en guerre ? De quel nouveau monde rêve-t-il ? Le sait-il lui-même ? Il s’en moque. Accompagné de son équipage, de rudes marauds aux armes fourbies, il écume les océans. Les enfants du capitaine Grant ont grandi puis vieilli.

      Entre vous et moi, je n’en ai que faire de ces historiettes hollywoodiennes aux héros adolescents avec qui ceux de ma génération ne s’identifient plus.  

      Bien ! Quoi d’autre encore ? Je laisse divaguer mon esprit un instant, le temps pour la lune de se sentir plus légère – Hé oui ! Souvenez-vous, l’homme tombé de la lune au précédent paragraphe – et soudain… une épiphanie.

      Le capitaine donne un ordre, les matelots s’activent comme des termites sur une souche. À bâbord toute, cap à l’Ouest. Filons plein vent ! Naviguons vers les noces de Moby Dick et du Kraken.

      Je pose ma plume. Voilà ! Je tiens enfin mon sujet. Au travail !

 

      * L’Odyssée du Passeur d’Aurore (Le monde de Narnia) C.S. Lewis.

 

      Évreux, le 14 avril 2016

16 avril 2016

LE NAVIRE (Lorraine)

 

      Le navire somnole dans le crépuscule ; demain c’est son dernier voyage. Cesseront enfin les hasards du départ, le remue-ménage des hommes dont la fougue le fatigue si souvent, les musiques éclaboussant la nuit, les rires ou les pleurs qui depuis longtemps l’indiffèrent.

      Il pourra retourner à ses rêves. Des rêves fous de pirogues balancées par les vagues, de galères primitives mais déjà efficaces  ou de bateaux viking aux figures de proue sculpturales.  Mais son rêve le plus beau, celui qui le berce comme la vague légère du soir tombant, c’est la jonque  chinoise, petite, irrésistiblement  évocatrice des chaudes soirées , des fines silhouettes en kimonos de soie, d’ombrelles et de paravents  ouvragés qui dessinent un monde qu’il aime évoquer, quand la fatigue  le terrasse.

     Il est blasé des voyages, il a tout vu, il est temps pour lui d’arrêter le temps. Et de poursuivre, immobile, ce songe qui le poursuit : un soleil déclinant dans un ciel aux chaudes odeurs d’épices, et une jonque aux lampions allumés, bercée par l’étrange chanson d’un musicien invisible.

 

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Le défi du samedi
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