PROCESSUS (EnlumériA)
Lorsque j’ai vu la photo du nouveau défi, de prime abord, je me suis interrogé sur ce que j’allais bien pouvoir en tirer. Alors, je me suis posé et j’ai observé l’image.
J’ai observé l’image et je me suis demandé ce que je voyais.
Une façade orangée avec une fenêtre ; visiblement une bâtisse contemporaine, une de ces horreurs lecorbusiennes qui rendent les paysages pénibles. Au centre, un voilier blanc.
Ensuite, je me suis demandé ce que je ne voyais pas.
À la barre, un escogriffe au nez démesuré, aux yeux si perçants qu’une lunette d’approche lui aurait été superflue. Il porte une vareuse verte avec une rose à la boutonnière. Il est coiffé d’un bicorne cocardé de bleu. C’est le capitaine du navire, le pacha de son propre Passeur d’Aurore*, un homme autoritaire et digne, un homme doté d’un cœur téméraire mais cependant guère dénué de raison.
Vers où navigue-t-il, ce grand échalas tombé de la lune ? Que cherche-t-il ? Qui chérit-t-il ? Avec quel sombre ennemi est-il en guerre ? De quel nouveau monde rêve-t-il ? Le sait-il lui-même ? Il s’en moque. Accompagné de son équipage, de rudes marauds aux armes fourbies, il écume les océans. Les enfants du capitaine Grant ont grandi puis vieilli.
Entre vous et moi, je n’en ai que faire de ces historiettes hollywoodiennes aux héros adolescents avec qui ceux de ma génération ne s’identifient plus.
Bien ! Quoi d’autre encore ? Je laisse divaguer mon esprit un instant, le temps pour la lune de se sentir plus légère – Hé oui ! Souvenez-vous, l’homme tombé de la lune au précédent paragraphe – et soudain… une épiphanie.
Le capitaine donne un ordre, les matelots s’activent comme des termites sur une souche. À bâbord toute, cap à l’Ouest. Filons plein vent ! Naviguons vers les noces de Moby Dick et du Kraken.
Je pose ma plume. Voilà ! Je tiens enfin mon sujet. Au travail !
* L’Odyssée du Passeur d’Aurore (Le monde de Narnia) C.S. Lewis.
Évreux, le 14 avril 2016