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Le défi du samedi
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15 février 2014

Opération Carmen (Vegas sur sarthe)

L'inspecteur Phil Colombo claqua violemment la fenêtre.
Il supportait de moins en moins cette sale habitude qu'avait sa femme de ménage de laisser la fenêtre ouverte après son service matinal, et encore moins les déjections des pigeons parisiens qui venaient déposer leur fiente sur ses dossiers!
Comme il nettoyait les dégâts d'un revers de kleenex rageur, un objet métallique roula au sol.
C'était une petite bague, une bague “matricule” comme en portent les pigeons voyageurs.
En y regardant de plus près celle-ci portait une inscription: 12768 UK 10, que l'inspecteur - rompu aux énigmes - eut tôt fait d'attribuer à un pigeon anglais de trois ans.
Non contents de lui chercher des embrouilles depuis des années, les rosbifs de Scotland Yard et leurs James Bond à la noix osaient venir l'emmerder jusque dans son bureau avec leurs emplumés?
La semaine commençait mal.
L'idée de passer sa mauvaise humeur sur le premier qui franchirait la porte disparut avec la sonnerie du téléphone.
Une voix au fort accent britannique demanda: “Vous êtes bien colombophile?”
De bague à blague, il n'y a qu'une lettre et l'association d'idées tenait à tel point du canular qu'il hésita entre raccrocher, exploser et exploser.
Comme il explosait rarement avant son petit noir de neuf heures et qu'il était un peu tôt, il se contenta d'un classique:” Inspecteur Phil Colombo à l'appareil”.
“Yes, c'est ce que je voulais dire” répondit la voix.
“Quel rapport entre moi et les éleveurs de pigeon?” lança t il sêchement.
Après un court silence, la voix répondit:”Etes-vous constateur?”
Colombo avait plus l'habitude de mener les interrogatoires que de les subir et cet inconnu commençait à l'énerver passablement avec ses questions.
“Oui je constate, comme tous les inspecteurs amenés à constater! Et alors?”
“Excuse me sir... si vous êtes constateur électronique, je vais vous communiquer le code nécessaire pour déchiffrer la bague et prouver mon identity”.
Colombo n'y comprenait rien.
“Bon Dieu! Je n'ai rien d'électronique! Je suis l'inspecteur Colombo... Philippe Colombo et je n'ai que des dossiers couverts de merde de piaf... Understand?”
Lors de ses explosions, Colombo s'autorisait quelques mots glanés lors d'un stage à Manchester.
“Et d'abord qui êtes-vous?” beugla t il comme il le faisait passé neuf heures... et c'était le cas.
“Hum... My name is Biset... George Biset... et vous avez un objet qui m'appartient”
Colombo tombait des nues.
“Bizet? Vous vous foutez de moi!!”
“No... je suis George Biset tout comme vous êtes Colombo Phil...”
Colombo se prit à rêver d'un café fort, très fort... pas d'un jus de chaussettes d'Outre Manche.
“C'est quoi cet objet et qu'est ce qu'il foutrait chez moi?”
Gênée, la voix insistait :”Vous travaillez bien rue du Pigeonnier?”
“Oui mais cet objet, c'est quoi bon sang?”
La voix devenait presque inaudible: “C'est ma identity card... Je l'ai perdue pendant un raid de nuit... I can't say more for now”.
Colombo nageait en plein mystère... cette histoire de biset bagué, de raid nocturne rue du Pigeonnier commençait à le gaver.
La voix chuchota: “You know... mes supérieurs ne doivent pas savoir”
Colombo manquait d'air: “Cessez vos cachotteries! Qui êtes-vous au juste? Parce que Georges Bizet, c'est un type de chez nous! Si j'vous dis Carmen, ça vous parle?”
Après un silence gêné, la voix osa: “Yes, Carmen c'est le nom de code de notre big chief...”
“De mieux en mieux” maugréa Colombo “on va pas tarder à papoter opéra!”
La voix se fit plus assurée: “Yes! Demain 8 PM devant l'Opéra!”
C'en était trop pour Colombo :”Non mais ça va pas! Allez vous faire”. Il faillit ajouter qu'il n'aimait pas être pris pour un pigeon mais il raccrocha.
Par la fenêtre brusquement réouverte montaient les bruits de la rue du Pigeonnier.
La petite bague “matricule” y tomba dans l'indifférence des passants.

 

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8 février 2014

Rue des boulets ( Vegas sur sarthe)

“A votre place, j'aurais tourné ici, chef”
“Quelle place? Où avez-vous vu une place, Ouatson?”
“C'est une expression inspecteur, une manière de dire que si j'avais été assis au volant donc sur votre siège je...”
“C'est hors de question Ouatson! JE conduis et VOUS me guidez! Et éteignez-moi ce foutu GPS qui ne bave que des âneries”
“Comme vous voudrez chef, voilà!”
Clic
“Gira a la izquierda”
“Articulez mon vieux!”
“Euh... j'ai rien dit chef, c'est le GPS”
“Eteignez-moi ce machin avant que je l'arrache du tableau de bord, et rappelez-moi ce que vous a dit votre indic?”
“Il a dit de prendre à droite au premier carrefour après Auchan, chef”
“Faudrait savoir! C'est Carrefour ou c'est Auchan?”
“Ben au carrefour chef... comme un carrefour. Un genre de giratoire avec un édicule...”
“Restez poli, Ouatson! C'est déjà assez chiant comme ça!”
“J'essaie d'aider chef”
“Vous n'allez quand même pas m'en faire un sketch, Ouatson! Par contre on n'entend pas grand chose derrière... Vous en pensez quoi, Ouatelse?”
“Euh... je referais bien un tour de plus, inspecteur”
“M'étonne pas d'une femme! Tous les prétextes pour se pomponner dans le rétro”
Soupir
“Si vous preniez ici chef, la rue des boulets?”
“Je la prends tous les jours Ouatson, tous les jours, cette rue des boulets”
Soupir
“Ca serait pas ça notre carrefour, chef?”
“Non, ça n'est pas NOTRE carrefour, ce n'est qu'un croisement”
“Euh... c'est quoi la différence chef?”
“On dit carrefour en ville et croisement en campagne, mon vieux... ou bien le contraire. Voilà c'est malin! Avec vos questions tordues, j'ai raté l'intersection!!”
“C'est pas grave chef, on en trouvera d'autres... enfin je veux dire qu'on fera demi-tour au prochain rond-point”
“Au prochain quoi?”
“Euh... rond-point chef ou plutôt croisement... parce que là... on est sorti de la ville et...”
“Je croyais vous avoir dit de ne pas m'en faire un sketch, Ouatson! Comment on rebranche ce foutu GPS?”
Clic
“Umgehung Rechts”
“Articulez mon vieux”
“Euh... j'ai rien dit chef, c'est le GPS”
“Et ça voulait dire quoi?”
“On dirait comme du croate, chef”
“Vous êtes sûr? Et vous Ouatelse, vous en pensez quoi?”
“Euh... si j'étais à votre place je referais bien un tour de plus, inspecteur”
Soupir
“Trouvez-moi quelqu'un qui cause français là-dedans, Ouatson sinon je jure de vous inscrire à un cours de croate dès demain!!”
Clic
“Faites demi-tour dès que possible”
“Depuis quand vous donnez des ordres, Ouatelse?”
“Euh... c'est pas moi chef, c'est votre GPS... moi j'aurais plutôt refait un tour de...”
“Ca va, ça va... c'est quoi le nom de cette rue à droite?”
“Euh... la rue des boulets, chef!”
Soupir
1 février 2014

Quèsaco? (Vegas sur sarthe)

Une fois il était une mioche qu'on appelait Cappuccetto Rosso et guère plus simplement en vieux françois la Petite Cape Rouge, alors appelons-la Blanche comme qui dirait de la neige.
Sa marâtre possédait un de ces miroirs magiques et tactiles qui parlent et qu'on appelle aujourd'hui un smartfaune.
Chaque matin le smartfaune lui donnait des nouvelles fraîches du royaume, des nouvelles fraîches de la météo et des recettes de beauté pour rester fraîche jour après jour (il y a une application pour tout ça).
Un beau matin - toujours d'après la météo - la recette proposa un masque de beauté de Cesare Frangipani à base de frangipane et de beurre en pot.
Comme son frigo Indesit n'avait plus grand chose à ventiler, la marâtre envoya Blanche se faire voir chez sa great-mother-fucker pour rapporter ingrédient ou deux.
En chemin - puisqu'il y a toujours un chemin pour aller d'un endroit à l'autre du conte - elle rencontre trois petits cochons, Three, Little et Pigs pour ne pas les nommer même si on doit les nommer par souci du détail (on détaille toujours le cochon).
“Où cours-tu ainsi, petite?” grognonnent-ils comme des gorets, c'est à dire en grognonnant.
D”une voix blanche bien sûr, Blanche leur répond:”Je cours chercher ingrédient ou deux chez ma great-mother-fucker pour le ravalement de ma marâtre”.
“Fais bien gaffe au loup, petite!” rétorquent les gorets en grognonnant et en rétorquant.
Blanche rosit: “Y a pas d'loup, les gorets! C'est que dans les contes...”
Alors d'un seul groin les gorets insistent:”Si fait! Le loup nous a déjà cramé deux baraques et on va chez le roi Merlin chercher de quoi ignifuger notre dernière baraque!”
“Le roi Merlin le chanteur?” demande Blanche.
“Non, pas le chanteur... celui où les envies prennent vie” répondent les porcs un peu caramélisés.
Pas la peine d'en faire un fromage, Blanche prend congé:”Porcs, salut! Je file...”
Three et Little la retiennent à nouveau:”Surtout évite de filer! Une meuf au bois dormant s'est faite planter avec une saloperie de quenouille pas plus tard qu'hier!”
Et Pigs d'ajouter:”Elle en a pour cent ans à pioncer, peut-être même un siècle!”
Blanche s'échappe, insouciante du danger. Même si leur nez ne s'est pas allongé, si c'était vrai, la marâtre l'aurait vu dans son miroir magique (il y a une application pour ça).
Plus loin elle croise deux frères jumeaux, Petit-Jean-comme-derrière et Gros-Jean-comme-devant.
“Où allez-vous de concert?” leur demande t elle.
“Quel concert? On s'en va voir pousser la forêt de haricots magiques, ma belle” répond Petit-Jean-comme-derrière.
“Ne m'appelle pas ma belle, s'il te plait” réplique Blanche qui ne s'en laisse pas conter.
“Et toi où cours-tu?” questionne Gros-Jean-comme-devant.
Blanche n'aime pas répéter, même pour ceux qui n'ont pas suivi le conte, alors elle invente:”Si on te le demande tu diras que je vais raser Barbe Bleue”
“Quoi? Tu vas raser Barbe Bleue avec ton chaperon rouge?” s'offusquent les frères Jean comme devant et derrière.
C'est bien connu, Blanche n'aime pas Paul et Mickey, ni polémiquer et laisse les jumeaux à leur coloriage.
Enfin - car il est tard et il va falloir aller dormir - la maisonnette de great-mother-fucker est en vue mais un drôle d'engin barre la porte.
“Great-mother-fucker? Qu'y a t il devant ta lourde?” s'écrie Blanche.
Derrière la lourde lourde répond une voix chevrotante :”“Tire donc cette foutue chevillette, la mobylette cherra”.
Blanche tire la petite cheville, faisant tomber la mobylette comme c'était prévu.
Et la mobylette chut sur Blanche!
“Si j'aurais chu, j'aurais pas venu sans gibus” pleurniche Blanche.
Sa great-mother-fucker sort pour la consoler, on n'a pas fait mieux qu'une great-mother-fucker pour consoler dans les contes.
“Regarde ce que j'ai trouvé spécialement pour toi” dit-elle à Blanche en lui tendant une paire en grandes pompes.
“Quèsaco?” questionne Blanche en essorant ses larmes, car on dit essorer lorsqu'il y a très beaucoup de larmes.
“Ce sont des pantoufles de verre, ma belle que j'ai eues pas cher sur le bon coin. Elles t'iront comme un gant. De toute façon c'était ça ou des bottes de sept lieues”
Blanche s'étonne: “Elles sont pas pareilles... c'est normal?”
“C'est surement pour distinguer la droite de la gauche... la droite est en verre et l'autre est en vair, ma belle” explique la great-mother-fucker.
“Qui pouvait bien porter ça, great-mother-fucker?” s'étonne Blanche.
“Je les ai achetées à une petite sirène qui voulait échanger ses jambes à une sorcière contre une voix mélodieuse et une peau d'âne” répond fièrement la great-mother-fucker.
Blanche fait le tour de la pièce en clopinant:” C'est pas le tout, je viens chercher ingrédient ou deux pour la marâtre. Elle a besoin de frangipane et de beurre pour ravaler la façade”.
“Si c'est pour la façade, sers-toi ma belle, fais comme chez moi” répond espièglement la great-mother-fucker.
Un vrombissement soudain se fait entendre au dehors, un bruit comme il n'en existe pas dans les contes car il obligerait le conteur à imiter le démarrage d'une vieille mob.
“Qu'est ce que c'est?” s'inquiète Blanche.
“Oh ce n'est rien” répond la great-mother-fucker en riant de presque toutes ses dents “c'est le loup qui part faire un tour de mob! Ca l'amuse et ça me fait des vacances... pourvu qu'il fasse le plein avant de la rapporter et qu'il dérange pas les petits cailloux blancs que j'ai semés dans le potager!”
“Bon, je vais y aller avec mes pantoufles great-mother-fucker... je crois que nos lecteurs ont leur compte, et moi je vais pas tarder à pioncer debout”.
“C'est comme ça de nos jours, ma belle” répond la great-mother-fucker “tout se perd! C'est pas comme au temps de Perrault ou des frères Grimm”.
“C'était qui ces mecs-là, great-mother-fucker? Des potes à toi?” demande Blanche d'une voix endormie.
“Oui ma belle, les seuls hommes qui aient conté dans ma vie...” soupire great-mother-fucker de presque tous ses poumons.
“Bon j'me casse, great-mother-fucker” dit Blanche en l'embrassant.
“C'est balot, le loup aurait pu t'emmener, ma belle” répond la great-mother-fucker.
“Une autre fois, great-mother-fucker... j'ai promis aux sept nabots de passer les voir”
Blanche prend le chemin de la chaumière des nains, un peu inquiète.
L'autre jour ils n'avaient pas bonne mine, une indigestion de sésame avec une quarantaine de voleurs... mais c'est une autre histoire.
25 janvier 2014

Panique à Si-iou-soun (Vegas sur sarthe)

Aux premiers rayons du soleil d'avril, Hellow mit bas son petit d'homme.
Rat-crochet, l'homme en question était loin - parti sans accuser réception - et c'est pourquoi elle décida seule de l'appeler Alotéou.
Elle aurait tout aussi bien pu l'appeler Pronto ou Moshimoshi, d'autant qu'il ne répondait jamais quand elle l'appelait.
Non pas qu'il fut sourd ou espiègle, mais juste rêveur et si curieux de tout ce qui l'entourait qu'il en oubliait son entourage.
A tel point qu'un matin, Hellow l'ayant appelé sans cesse et cherché en limite de portée de voix, il fallut se rendre à l'évidence: Alotéou avait disparu.
Ni Kodpine ni Ekran-Tactil ses copains de jeux ne l'avaient aperçu.
Après avoir battu le tambour, le tam et le tam, et enclenché le bouche à oreille sans succès, on alla trouver Neukitépa, le vieux du village.
Neukitépa était réputé pour sa sagesse et sa pugnacité et par là-même infiniment occupé, si occupé qu'il fallut attendre une heure creuse pour lui parler.
A Si-iou-soun - nom typique des villages de la 4ème génération - les heures creuses commençaient quand les zébus n'avaient plus soif, autant dire quand l'oued était vide!
Quand l'oued fut vide et les zébus abreuvés, Neukitépa - après quelques renvois d'appel dûs à un foutou de banane trop copieux - prit note du problème et déclara que dès l'aube il lancerait ses sbires Noirberri et Bloutouss à la recherche de Alotéou... après quoi il ferma son clapet.
Cette nuit-là Hellow ne dormit pas, imaginant son Alotéou aux mains d'un GSM (*) ou d'une tribu hostile, les Modavion, les Ôdébi ou pire tout pire (*) les Kitmainlib!
Oh par pitié! Surtout pas les Kitmainlib et leurs grosses mains baladeuses.
Elle devait faire confiance à Noirberri et Bloutouss. Ces deux-là avaient une autonomie de deux zébus désimloqués (*) par jour et allaient lui retrouver son Alotéou.
Elle fut réveillée moins par l'aube naissante que par les “NonMéAlloTéouQuoi!” des voisins.
Il était revenu!
Elle retint un Tétéou (*)... Alotéou était là devant elle, sain et sauf.
GSM: Grand singe macaque hybride équipé d'une très longue queue qui s'arrête au bout d'un moment
Pire tout pire: Expression hybride moitié Si-iou-sounaise moitié Mayonnaise
Désimloqué: se dit d'un bovidé hybride équipé d'une marche arrière
Tétéou : Gros chien jaune hybride équipé d'un flashcode
18 janvier 2014

La seiche et le calmar (Vegas sur sarthe)

Une seiche vit un calmar
Qui lui sembla de belle taille.
Elle, qui n'était pas longue en tout comme un homard,
Envieuse, s'étire, s'allonge et se travaille
Pour égaler l'animal pittoresque,
Disant: "Regarde bien, mollusque;
Est-ce assez? Réponds-moi: vois-tu ces tentacules?
Nenni - M'y voici donc? -Point du tout. M'y voilà?
-Vous jouez petit bras."La seiche ridicule
Tira si fort qu'elle coula.

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11 janvier 2014

Le baron prend la pose (Vegas sur sarthe)

“Pourriez-vous instamment demander à votre... comment se nomme-t-il déjà?”
“Baron Her De Dédeux”
“Je vous remercie de bien vouloir demander au Baron Her De Dédeux de cesser de s'agiter, le temps de donner la dernière touche à son portrait”
“Fufuuuufufu Triiii Pshuuuut!”
“C'était quoi ce bruit?”
“C'était lui! Il dit qu'il ne s'agite pas, qu'il s'agit d'un léger dérèglement de son projecteur holographique”
“De son quoi?”
“Glomp Wham Ziiip Dililip Tjiouuuuuuuu!”
“C'est lui qui s'exprime ainsi?”
“Il dit que quand on ignore tout d'un projecteur holographique, on ne peut pas appréhender le niveau de sophistication d'un tel système et encore moins le représenter sur un bout de tissu avec des queues de vache!”
“Comment ça des queues de vache sur du tissu? Voulez-vous bien dire à Môssieur le baron Her De Dédeux que la peinture néoclassique n'a pas attendu sa tête de courge pour exister!”
“Pfiou Wham Triii Zzzzzzzz!”
“Qu'a t-il à siffler ainsi?”
“Il dit que vous mériteriez quelques coups de sabre-laser bien placés”
“Dites-lui qu'un François-Xavier Fabre est tout autant capable de siffler Pfiou Wham Trii Zz avant qu'il ait réussi à placer la moindre touche de couleur sur une toile!!”
“Gloup Gloup Bêêê”
“Que répond cet effronté?”
“Il dit... en fait il n'existe pas de traduction pour cela, voyez-vous... euh.
En aurez-vous bientôt terminé avec son portrait? Il faudrait qu'il soit sec avant qu'il remette en état sa navette et...”
“Une navette? Ne serait-il pas acoquiné avec ce Jacquard et sa machine infernale? Rien ne m'étonnerait plus”
“Vous n'y êtes pas Maître Fabre! Il projette un vol en orbite qui ne...”
“Quoi? Quel monstre est-il pour songer à éviscérer des yeux innocents?”
“Clic Gling Clic Clic”
“Qu'il est fâcheux de devoir se faire traduire à chaque fois ces borborygmes antédiluviens! Qu'a t il dit?”
“Il a dit Bonne année... mais je crois qu'il vient de se tromper de thème”
“Ah? Et bien... Clic Gling Clic Clic Baron Her De Dédeux mais par pitié! Cessez de vous agiter ainsi!”
“Fufuuuufufu Triiii Pshuuuut!”
“Que dit-il encore?”
“Il dit qu'il ne s'agite pas, qu'il s'agit d'un léger dérèglement de son proj...”
“Suffit! Je sais déjà tout cela! Ne pourrait-il pas plutôt montrer quelque émotion, mettre une lueur d'intelligence sur cette face toute à la fois lisse et boutonneuse?”
“Fjiouuuuuu, Glik Glik Toooooook, Dililip Tjiouuuuuuuu!!”
“Est-il bien nécessaire que vous traduisiez ce qu'il vient de me siffler? Je vois une étrange fumée sortir de son... de sa... enfin de ses... Voyez plutôt!”
“N'ayez crainte. Il possède son propre extincteur mais je pense qu'il est grand temps d'abréger cette séance de pose”
“Ex...tincteur? Euh... Là ça fume vraiment! Je vais signer mon oeuvre et...”
“Zzzz Criii Zzzz Criii Zzzz Criii Zzzz Criii Criii Zzzz Criii Criii Zzzz Criii”
“Ah? Il prend congé?”
“Non. Je crois que son synthétiseur vient de beuguer mais vous verrez... il va autocorriger cet algorithme défaillant en un instant et...”
“Pardonnez-moi si je ne comprends rien à votre lang... Qu'est-ce que c'est encore que ça?”
“Ne vous inquiétez pas. Ce n'est qu'un dégazage à l'huile de vidange”
“Un quoi? Quelle huile de vie d'ange?”
“Zzzzz Triii Triii Glikk Glikk Tooook!”
“N'est-ce pas bientôt fini?”
“Il dit que ces huiles que vous utilisez pour votre barbouille l'ont incommodé et qu'une bonne purge lui fera grand bien avant de prendre la tangente”
“Je vous saurais gré de bien vouloir l'emmener comment dites-vous... dégager en dehors de mon atelier!”
“Et bien donc, dégageons! Dites au revoir, baron”
“Tccchiaooook!!”
4 janvier 2014

Voeux en dix tirades (dix tirs en Bic) (Vegas sur sarthe)

Etourdi:
Si j'osais je ferais un noeud à mon mouchoir
pour ne pas oublier... c'était quoi cette histoire?
Pratique:
Pourquoi faut-il se mettre sur son trente et un
pour présenter ses voeux le premier au matin?
Bergeraquien:
Je tourne sept fois ma langue dans ma bouche
de mes voeux, à la fin de l'envoi... je vous touche
Malfaisant:
Je ferai cette fois entorse à la coutume
en vous la souhaitant exécrable et posthume
Discret:
Par crainte de troubler votre profond sommeil
je vous souffle mes voeux dans le creux de l'oreille
Sénescent:
J'ai toujours eu horreur de cette tradition
qui d'année en année aggrave l'addition
Calculateur:
D'après mes prévisions je devrais tomber pile
voici mes meilleurs voeux pour cette année trois mille!
Satanique:
Je sais que de mes voeux vous n'avez rien à faire
mais c'est plus fort que moi: “Allez tous en enfer!”
Avare:
On nous dit que la crise est finie, on nous ment
je vous envoie mes voeux contre remboursement
Malotru:
On m'a mis au défi deux cent soixante dix neuf...
mon voeu: que vous alliez vous faire cuire un oeuf!
28 décembre 2013

Sezdeset i dva (Vegas sur sarthe)

"Félicitations ! Vous venez de gagner votre poids en or.
Votre lot est à retirer avant le 25 décembre à Rovaniemi en Laponie, village du père Noël".
Je fais ni une, ni deux ni même trois! Je me précipite dans la salle de bains non pas pour préparer ma trousse de voyage mais pour me peser.
Bon Dieu, c'est bien ma veine! Je sors d'une cure gastro... nomique.
D'habitude j'ai une relation plutôt épisodique avec ma balance, je dirais même que je la méprise. S'il avait fallu que je me pesasse quotidiennement à la manière d'un mannequin anorexique, le matin à jeûn, après un séjour aux W.C. et sans bijoux, les cheveux secs et à poil j'aurais depuis longtemps abandonné ma super-balance-impédancemètre-électronique- à mémoire chez Emmaüs!
Au fait ça vaut combien un kilo d'or? Est-ce qu'un kilo d'or lapon pèse autant qu'un kilo d'or bien de chez nous?
Pour moi l'or c'est un Louis-je-ne-sais-plus-quel-numéro monté sur une bague héritée de ma grand-mère et que j'ai dû planquer quelque part...
A la louche, un kilo d'or ça doit taper dans les trente mille euros! J'ose pas anticiper, cogiter, spéculer, réfléchir! Ça m'a déjà valu une migraine carabinée la semaine dernière quand est tombé le Défi du Samedi... une sombre histoire d'avion en carton.
Evidemment, même éteinte ma super-balance-impédancemètre-électronique- à mémoire a bouffé les piles! Des piles qui ont gardé leur triple A mais qui s'usent quand on s'en sert pas.
Je pique un sprint en cuisine vers le tiroir où cohabitent piles neuves et piles usagées. Heureusement pour faire le tri entre les neuves et les vieilles, j'ai un truc à moi... je les pèse.
Avec quoi je les pèse, pauvre tache?
Miracle, après trois essais la super-balance-machin s'illumine, me souhaite la bienvenue en serbocroate - jamais réussi à la faire parler français une seule fois - ce à quoi je réponds par un 'hvala' découvert dans la notice en quinze langues.
Elle a bien décodé mon 'hvala' et m'indique qu'elle est tarée, ce dont je n'ai jamais douté et elle m'invite à la monter (spavati ou un truc comme ça).
Pour cette fois, j'accepte des deux pieds... après tout c'est Ma salle de bains et Ma super-balance-machin n'est pas farouche.
En d'autres circonstances je lui aurais bien répondu qu'elle a du sexe-à-pile mais elle comprendra pas l'humour français et j'ai la tête ailleurs.
Comment on dit “Combien je vaux” en serbocroate?
Dans la notice y a que “Vrediti”, alors je bredouille “Vrediti”.
Elle a pigé!
Réponse: 62. Les chiffres c'est quand même mieux que “sezdeset i dva”.
Pas le temps de la remercier d'autant qu'elle fait pas calculatrice malgré son prix.
Je ne vous demande pas combien font soixante deux fois trente mille euros.
Je ne sais qu'une chose: ce mec qui ne pèse que 62 kilos et qui va prendre un billet d'avion chez Finnair dès ce soir, c'est un multi-millionnaire!
Ce mec devant son frigo s'apprête à bouffer tout ce qu'il pourra avaler en ne pensant qu'à deux choses: chaque kilo en plus c'est trente mille euros in the pocket et défense de vômir avant d'avoir serré la louche du (ma super-balance-machin dirait Bozicnjak) père Noël !!
Je descends le pot de Nutella et un oeil sur le courrier par sécurité; je lis:
“Votre lot est à retirer avant le 25 décembre 2012 à Rovaniemi en Laponie, village du père Noël"
21 décembre 2013

Le Blaireau XI (Vegas sur sarthe)

Tous les ans au premier juillet on ressortait de la grange l'aéroplane - ma petite soeur disait le gros navion - pour une procession des plus remarquées dans la grand-rue de mon village.
Oncle Hubert tenait à célébrer ce jour de la naissance de celui qu'il vénérait comme son dieu, son Icare des temps modernes, j'ai nommé le constructeur de phares automobiles et de motocyclettes qui en posant un beau matin son Blériot XI à Douvres ouvrit la voie des airs aux rosbeefs!
Personnellement je préférais de loin Saint-Exupéry et son Petit Prince qui savait si bien se moquer des grandes personnes.
 
Faisant fi de sa réputation de bricoleur du dimanche, Oncle Hubert - au prix de longues journées de travail entrecoupées de pauses-beaujolais et de siestes épuisantes - parvint à construire sa machine volante.
Elle était faite de bric et de broc, surtout de brocs et diverses ferrailles “empruntées” alentours et assemblées avec un peu de génie, beaucoup de jurons et pas mal de boulons rouillés.
Si elle ne décolla jamais d'un pouce elle en avait tout l'air (sans jeu de mot) même s'il fallait faire tourner son hélice à la main.
La taille des ailes ayant obligé l'Oncle à découper la porte de la grange pour l'en faire sortir une fois construite, je compris - à voir l'air soulagé de mes parents - qu'elle n'entrerait jamais au salon.
Le manche à balai était fait d'un authentique morceau de manche de balai qu'Anastazia - sa bourgeoise polonaise - chercha longtemps avant de lui en casser le restant sur le dos!
Il avait construit l'engin à peu près à ma taille - l'à peu près se mesurant à la gravité de mes genoux couronnés - et il parut évident à tous que j'en serais l'unique et illustre pilote.
 
Coiffé de mon casque de cuir - enfin, de mon béret marin à pompon - et orné de bacchantes dessinées au charbon de bois, je trônais fièrement aux commandes du navion dont le moteur vrombissant me faisait postillonner au moins à dix pas...
La décoration du navion avait été confiée à Anastazia dont les deux spécialités connues étaient le bortsch aux betteraves et crème aigre et les fleurs en papier crépon.
S'étant fait à l'idée que son fer à repasser fleuri ne quitterait jamais le plancher des vaches, Oncle Hubert en avait prolongé la queue d'une barre de direction-propulsion dont il ne confia jamais la conduite à personne.
Ma vie de pilote kamikaze fut donc à chaque fois suspendue au bras de l'Oncle et si je peux en parler aujourd'hui c'est qu'il ne faillit jamais à sa mission, malgré les virages et les maudits pavés de notre grand-rue qui le firent trébucher plus d'une fois!
 
Je ne saurais dire combien d'heures de vol je totalisais au fil des premiers juillet mais il fallait nous voir tous les trois... moi pilote postillonnant, l'Oncle pousseur poussant et le Blaireau XI comme l'appelait ma petite soeur qui ne comprit jamais rien aux illustres pionniers de l'aviation.
Enivrés des acclamations des curieux et des aboiements de quelque corniaud réfractaire aux choses de l'aéronautique, on regagnait notre base pour un goûter de nonnettes et pain d'épices amplement mérité... la troisième dimension à raz de terre, ça vous creuse un homme.
A toi oncle Hubert qui me vois aujourd'hui de là-haut, sois rassuré et fier, ton Blaireau XI est en de bonnes mains... mon petit dernier est aux commandes et moi, je pousse.
14 décembre 2013

Le martien au ukulélé (Vegas sur sarthe)

Vindieu, dans mon enfance j'en ai paumé des parties d'osselets, de billes ou de chat perché.
J'étais trop lent ou trop rapide, trop bas ou trop haut, trop long ou trop court... tout comme mon costume du dimanche, celui qui grattait aux genoux au point qu'on m'appelait “cul salé” tant je gesticulais sur ma chaise à attendre la fin des sempiternelles boustifailles du dimanche.
Je ne me souviens pas avoir été jamais en harmonie avec le monde qui m'entoure. Quelles que soient les circonstances, j'avais l'impression d'être en décalage permanent avec les choses et les gens, tel un être venu d'une autre planète.
J'aurais donné cher pour échapper à une minuterie trop tôt éteinte, une porte qui se referme trop vite, un vélo qui freine bien trop tard.
J'étais un martien comme on nommait à l'époque toute créature étrangère à notre bonne Terre.
Aujourd'hui les martiens sont des gens comme vous et moi, surtout comme moi.
Que j'écrase les arpions de ma cavalière au mariage de l'oncle Hubert ou que je ferre trop tôt une touche de poisson-chat dans le canal de Bourgogne, je collectionnais les maladresses à vitesse grand W.
Pour me guérir de cette tare je suivais d'une esgourde et tous les jeudis le métronome du cours de musique de Mademoiselle Demongeot dont le nez crochu et violacé dénonçait catégoriquement tout lien de parenté avec la Mylène des affiches de cinéma.
Lento, Moderato et Presto étaient et resteront à jamais pour moi des frangins déjantés, un peu comme les Marx Brothers Harpo, Chico et Zeppo.
Bizarrement le martien que j'étais carburait sur les bancs de l'école et finissait toujours avant les autres si bien qu'il parvint sans s'en rendre compte à l'âge d'aller crapahuter sous les drapeaux.
Homme de base de mon peloton, je redoutais le “En colonne, couvrez!!” que l'adjudant m'aboyait aux esgourdes et la pagaille qui en résultait me relégua très vite en queue de colonne, là où traînent les clampins et les beusenots.
J'évitai bien malgré moi les défilés, prises d'armes, parcours du combattant et autres joyeuses réjouissances qu'offre ce plaisant séjour dans l'armée et débarquai - deux jours après les autres - sur le quai de la gare de l'Est, libéré d'un rythme militaire que j'avais poursuivi pendant douze mois sans jamais le rattraper.
Gisèle et sa patience d'ange m'avaient attendu - deux jours de retard après douze mois me semblait un délai acceptable - et après avoir piauné et grigné des dents, elle me parut pressée de m'emmener dans sa chambrette y rattraper tout ce temps perdu.
Dans nos discussions de piaule, il m'avait semblé qu'au sujet des drôlesses je n'avais rien à envier aux plus chauds lapins de la chambrée et je me sentais tout aussi pressé qu'elle d'aller foutrailler.
A peine jartés sur le lit et mon tiau au garde-à-vous, je varlopai comme une bête et conclus dans la minute - satisfait d'avoir rempli ma mission - quand Gisèle explosa!
Convaincu d'avoir dépassé ses attentes, je fus étonné qu'elle me traite de “dort-en-chiant” et, l'ayant alors qualifiée de “râlue”, notre relation prit fin dans l'instant.
Aujourd'hui le métronome de Mademoiselle Demongeot ne me serait d'aucune utilité tant j'ai la nette impression d'avoir progressé.
Peut-être mes rares copines sont-elles plus compréhensives que Gisèle à moins que ce ne soit cet étrange petit lapin vibrant qu'elles ont l'habitude de sortir au moment où je m'endors?
Et puis je me suis mis à la guitare... ou plutôt au ukulélé de chez Apple, sur ma tablette bien sûr.
Parait que j'ai enfin du rythme, surtout avec les morceaux préenregistrés.
 
7 décembre 2013

Le six heures douze (Vegas sur sarthe)

Aujourd'hui j'ai rencontré le six heures douze.
Il était pile à l'heure et ça m'arrangeait car je n'aurais pas supporté d'attendre plus longtemps. Je l'avais souvent raté mais pas cette fois-ci.
J'avoue que j'avais peur mais je n'ai pas eu mal, enfin guère plus que les autres jours, depuis qu'elle est partie avec l'autre.
Je l'avais rencontrée dans le train - c'est drôle ça - le dix neuf heures huit, celui des gens tristes qui rentrent de Nantes après leur journée de travail.
C'était la première fois que je rencontrais quelqu'un, enfin quelqu'un qui mérite qu'on s'y attache.
Tous les autres, mâles ou femelles, je les oubliais dans la minute qui suivait mais pas Elle.
Très vite, trop vite j'ai tout su d'Elle, enfin je l'ai cru jusqu'à ce jour... le jour où le dix neuf heures huit l'a ramenée en compagnie de ce type vulgaire.
C'est quoi tous ces gens autour de moi? Qu'est-ce qu'ils attendent?
Le six heures douze est arrêté en pleine voie et il n'est pas prêt de repartir.
Il faudra qu'ils soient patients, sous les roues j'ai laissé pas mal de moi, des choses inutiles à présent.
Dans les haut-parleurs ça parle d'un accident de personne...
C'est ça, on peut dire personne. C'est comme ça qu'Elle peut m'appeler maintenant.
Il doit être six heures trente, l'heure où Elle a l'habitude de se lever.
Elle aura les cheveux en désordre et son étrange regard de chien battu.
Sans doute va t'il la retenir au lit? Moi, c'est ce que j'aurais fait.
Elle manquera un train ou deux, ou plus, de toute manière je sais qu'il y aura du retard ce matin.
J'ai bien fichu la pagaille, mais c'est lui qui avait commencé!
Je sens qu'on me soulève maladroitement. On doit pas savoir par quel bout me prendre. On m'emporte.
Elle n'en saura rien. Les faits divers, c'est pas son truc...
30 novembre 2013

C'est de Montand (Vegas sur sarthe)

“Ca y est! Elles sont tombées aussi dans l'champ du Dudule”
“Comment tu dis?”
“T'en tiens une couche! J'dis qu'elles sont tombées aussi chez l'Dudule”
“Ouais... une belle couche, forcément. On risque plus d'y voir une chanterelle ou alors avec des bonnes lunettes”
“Peut-être quelques trompettes de la mort?”
“Encore? C'est pas chez les Chambon au moins? Y z'ont déjà enterré la vieille la s'maine dernière!”
“De quoi tu parles?”
“Ben, d'la mort. Tous les ans à la même époque ça m'fait l'même truc. Quand j'vois ce tapis qu'arrête pas d'grossir et qui finira par pourrir sur place”
(Soupir)
“Moi ça m'rend gai, ça m'rappelle plutôt l'édredon d'la Toinette!”
“Ah! L'édredon d'la Toinette! Qui c'est-y qui s'en souvient pas?”
“Et surtout de c'qu'y avait dessous, Vain Diou!! C'était chaud et bien humide et ça reniflait bon, un sacré parfum de futaie. J'my revois encore, la main au panier, à farfouiller dans le buisson”
“Tu l'as dit! On avait ses aises et ça valait l'coup d' s'éreinter! Quand j'sortais d'son sous-bois, y avait la récompense au bout avec une grosse persillade, une fois bien dégorgés ça gémissait dans la poële et j'y rajoutais mêm...”
“Qu'est ce que tu radotes?”
“Je sais c'que j'dis! Et tu l'as su qu'la plus jeune des filles Carouge y a tété aussi?”
“La fille? Vain Diou! L'avait rien d'autre à s'occuper chez eux pour aller traîner dans les bas-fonds?”
“On sait qu'elle était bien copine avec la Toinette, mais quand même...”
(Soupir)
“Y en a des qui y sont tété avec une poche en plastique”
“Moi j'trouve que l'plastique ça donne un goût, c'est moins plaisant... et pis tu le jettes où le plastique après?”
“Ben dans la poubelle jaune, enfin je crois”
(Soupir)
“En tout cas j'y allais sans plastique, vers sept heures, avant tout le monde et sans faire de bruit. J'y suis même tété plusieurs fois par jour mais ça, c'était avant...”
“Pour sûr, c'était avant et pis elle a revendu à une mijaurée qui descend pas souvent d'la capitale et qu'est fermée comme qui dirait...”
“Fermée comme la cour du Lucien?”
“Tout pareil! Un grand portail de notable qui te coupe l'envie de grimper et d'aller voir ce qui y a derrière”
“Le Mathieu dit qu'elle a du chien!”
“J'lai vu comme j'te vois! Un molosse qu'a la bave aux lèvres dès qu'on s'approche un peu!”
“Mais... d'la bave comme la mère Grégoire?”
“Pas autant - c'est pas Dieu possible - mais pas loin”
“Ce matin au marché y z'étaient à vingt euros l'kilo”
“Y vendent des molosses au marché?”
“T'en tiens une couche! J'te parle des chanterelles”
“Ah... tu sais c'que j'pense des euros. Si ma bergère était de c'monde elle te dirait qu'un tas d'billets de cinquante francs ça fait un plus gros matelas et qu'on peut y dormir tranquille”
“Oui mais ça c'était avant mon vieux, c'était avant l'euro”
(Soupir)
“Hé! Tu vois pas qu'il en tomberait aussi dans l'champ du Dudule?”
“Arrête de radoter. D'abord tu saurais pas quoi en faire, et pis ça tombe jamais chez ceux qu'en ont besoin... alors qu'les feuilles ça tombe partout, surtout quand t'en as pas besoin”
“Oui mais seul'ment sous les arbres mon vieux, seul'ment sous les arbres!”
(Soupir)
“Les feuilles mortes ça s'ramasse à la pelle, les souv'nirs et les r'grets tout pareil”
“V'la l'bourdon qui t'reprend, vieux”
“Non, c'est de Jacques-pré-vert, tu sais... le poète”
“T'en tiens une couche! Tu sais pas que c'est de Montand?”
“D'mon temps, d'mon temps... j'te rappelle qu'on est conscrits, mon vieux!”
“T'en tiens une belle couche, quand même!”
“Tiens! Quand on parle du loup... r'garde qui c'est qui rentre chez l'charcutier. C'est la mijaurée!”
“Ouais... ben la Toinette, elle avait p't'être du mal à passer la porte mais c'était beau à r'garder”
(Soupir)
“C'était aussi passe qu'on y voyait mieux...”
23 novembre 2013

Zlatan m'a tuer (Vegas sur sarthe)

J'entends marcher dehors. Tout est clos. Il est tard.
Cet aquavit-anis m'a mis dans le coaltar
ma lampe seule veille, Husvik & Duracell
ça doit être Viktor, Fredrik ou bien Marcel.
 
Il y a bien longtemps que tu t'es fait la malle
tu n'aimais pas le boeuf, le trouvais trop cheval
'Hongrois' que tout est clean, confiant en l'étiquette
je bouffais mes lasagnes, bien droit dans mes baskets.
 
Quand j'ai eu mes boutons, tu as fait ta valise
pourtant on était prêts tous les deux pour le Njut
les boulettes Ikéa, le Jättebra, le Bjrüt.
 
Aujourd'hui c'est radios, antibio et dialyse
qui aurait pu penser qu'en bouffant du suédois
j'allais m'intoxiquer et m'en mordre les doigts...


 
16 novembre 2013

Y'a d'la noix (Vegas su sarthe)

“Y'a d'la noix, partout, y'a d'la noix”... aurait parait-il fredonné le 'fou chantant'.
Et puis quoi encore?
Désolé mais mon esprit cartésien fulmine quand il entend des pléonasmes pareils.
Des plaines et des monts, des rivières et des vallons, une armée de soldats, un voilier qui chavire et même des abbés à bicyclette... y faudrait déjà une belle noix pour y ranger tout ça, une grosse coco de mer n'y suffirait pas ou alors faut être à la masse, non?
Moi je pense - comme Bashung - que quand on voit des blancs moutons sur la mer, y a pas que les golfes qui ne sont pas très clairs!
Et pour voir des maisons rouillées, un facteur qui porte ses lettres au Bon Dieu, la tour Eiffel qui saute la Seine à pieds joints et le métro qui court au bois à toute vapeur, il faut en avoir pas mal éclusés... des pastagas!
Faut dire qu'il avait mal démarré, le Charles; parait que pendant que son papa piquait et sa maman cousait, y pleuvait dans sa chambre Tip et tap et tip top et tip... comme des rythmes joyeux.
Déjà tout minot y s'étonnait que les dindons fassent Glou glou glou, la biche aux abois Mê mê mê et son coeur Boum Boum!
Est-ce que par hasard dans votre basse-cour les canards parlent anglais? Non? Et ben chez lui, YES et les oiseaux vendent des morceaux de gruyère au maire et au sous-préfet.
Je savais que les piafs étaient doués mais pas à ce point là! Depuis le corbeau de La Fontaine, on avait encore pas fait mieux.
A Ménilmontant j'ai cherché une midinette qui fait sa dînette au bistro... elle avait une drôle de binette et m'a demandé cinquante euros.
(C'est pas parce que ça rime que c'est pas une arnaque, cinquante euros!)
Et vous iriez acheter une Panhard et Levassor qui roule moins vite qu'une bicyclette? Non? Et ben lui OUI!
Faut pas s'étonner qu'y s'appelait Traînait.
Y a un concessionnaire à Narbonne qui doit encore se marrer!
Et si je vous disais que la lune brille la nuit mais que le soleil ne le sait pas et qu'il brille aussi, ça ne vous choque pas? Moi je dis qu'il avait pas la lumière partout et que des gens comme ça y faudrait les mettre à l'amande.
Il aurait eu 100 ans cette année, et si son coeur n'avait pas cessé de faire Boum boum, Dieu seul sait combien de trucs à la noix il aurait encore inventé!
C'est balot quand on sait qu'en mangeant des noix plus d'une fois par semaine, on réduit les risques d'infarctus et d'AVC.
Je veux bien être compréhensif, pour une fois. Le jour où je verrai des oliviers bleus sur la Nationale 7, je jure de casser une noix pour aller y voir si elle contient pas des curés à vélo et si c'est vrai, alors je veux bien être transformé en poète.
Poète, vous savez... ces types bizarres qui comptent leurs pieds avec leurs doigts, d'ailleurs ça, je sais déjà le faire depuis tout petit, depuis que je sais compter jusqu'à 2...
9 novembre 2013

S&W Model 36 (Vegas sur sarthe)

Il avait commencé à lire le roman quelques jours auparavant.

Il l'abandonna à cause d'affaires urgentes et l'ouvrit de nouveau dans le train, en retournant à sa propriété.
Il se laissait lentement intéresser par l'intrigue et le caractère des personnages.
 
Ce soir là - hypnotisé par la sculpturale Greta plus que dégoûté par son tyrannique mari - il en oublia de descendre à l'arrêt de Feuquerolles, chose qu'il faisait une fois par semaine depuis un an pour rentrer du tribunal après ses audiences.
C'est l'obscurité soudaine d'un tunnel et cette désagréable pression sur les tympans qui le ramenèrent à la réalité. Il n'y avait pas de tunnel sur son trajet hebdomadaire.
Il referma à regret le roman sur l'odorante chevelure blonde. “Pardonnez-moi Greta, je reviens très vite”. Il crut l'entendre soupirer. Elle soupirait si bien. Son mari devait l'espionner au coin de la page précédente...
Le tunnel s'éternisait comme pour ajouter à son impatience et la veilleuse du wagon était si faible qu'il ne distinguait rien autour de lui, pas même la couverture imprimée du roman où l'avait cueilli le regard bleu acier.
 
Durant de longues minutes il se remémora les évènements des jours précédents, ses doigts sur la couverture glacée, leur rencontre dès la première page, cette attirance mutuelle sublimée au fil des chapitres et que l'inquiétante présence d'un mari violent rendait plus forte encore... et jusqu'à ce marque-page au parfum animal, musqué, qu'il portait si souvent à ses narines.
A la prochaine gare il allait devoir trouver un moyen de retour, prévenir de son retard, se justifier une fois de plus sous le regard soupçonneux de Marthe la vieille gouvernante.
 
Le train finit par s'arrêter et comme il n'existe aucune gare dans un tunnel il en conclut que la nuit était tombée. D'ailleurs les magasins de la place étaient tous éclairés et plus vivement cette armurerie où il entra machinalement.
Il s'entendit commander un Smith & Wesson Model 36 et une boîte de balles qu'il glissa vivement dans la poche de sa gabardine, tout contre Greta. Elle devait sourire. Personne ne le connaissait ici et il se sentit soulagé en se dirigeant vers la station de taxi.
Où donc avait-il entendu parler de Smith & Wesson Model 36?

“Vous le tuerez, n'est-ce pas? Promettez-le! Jurez que vous le ferez pour nous deux”.
Dans la pénombre du taxi il chargea le barillet de cinq balles, méthodiquement. Greta guidait sa main sans le quitter des yeux, son mari non plus. Il allait falloir le surprendre tant il semblait monstrueux, presque indestructible mais rien ne l'arrêterait.
Marthe hurlerait, les enfants pleureraient mais tous excuseraient son geste, un geste bien anodin... une, deux, peut-être trois pressions sur la gâchette pour être certain et tout irait mieux.
Combien de fois avait-il été tenté de se précipiter à la dernière page, redoutant d'y lire le pire mais aujourd'hui il voulait écrire la suite avec Elle.
 
“Vingt francs... ça fait vingt francs” s'impatientait le taxi. La nuit était noire, si noire et le vent fort, si fort dans le parc, les ombres si menaçantes.
Une ombre plus menaçante que les autres se dressa devant lui et il y eut cette formidable détonation dans ses tympans.

 

2 novembre 2013

Effeuillage (Vegas sur sarthe)

Depuis ma plus tendre enfance, gros ou à la rigueur petits j'ai toujours aimé les Roberts.
Sous la couette ou affalé sur la table, je me délectais de leurs mots magiques, je m'abreuvais de cette nourriture de l'esprit dont Rabelais m'invitait à tirer “la substantifique moelle”.
De moelle, je n'en ai jamais tiré la moindre parcelle mais je m'éveillais au monde, sautant allègrement l'interligne, de la tétine au téton avec un plaisir tout neuf.
 
Délaissant (participe présent) des pages et des pages de conjugaisons trop souvent rabâchées sur les bancs de la communale, j'abordais celles érotiquement teintées de rose - bien avant qu'on invente le minitel - que j'effeuillais délicatement comme on dégraferait un chemisier, tentant de percer leur secret au détour de savantes locutions.
Horace, Virgile et Molière s'y donnaient la réplique Ad libitum à coups de mots étranges qui s'évanouissaient souvent avec des 'um' et des 'us' comme des feulements de vierge en pâmoison.
 
Au début des années 60 où le maudit carré blanc s'incrustait au bas de la lucarne magique - comment aurait-il pu à l'époque être autrement que noir ou blanc - et me reléguait dans ma chambre sans discussion possible, je retrouvais mes chers Roberts et leurs pages déjà défraîchies...
Entre déprime - nom savant du cafard, insecte orthoptère - et dépuratif - immonde sirop pour le foie - je passais cent fois et sans sourciller sur dépucelage qui n'était pour moi que l'aboutissement d'un verbe transitif familier.
 
Combien d'émois, de suées, de transpirations intimes ai-je connu au détour d'une page?
D'aréole à bisexuel, de call-girl à déflorer, d'entraîneuse à fornication, de garçonnière à hormonal, d'intimité à jouissance, de kimono à levrette, de masturbation à naturiste, d'orgasme à pédérastie, de Q (occlusive gutturale sourde) à revenez-y, de stupre à téton (celui-là même qui me fit oublier tétine), d'utérin à vaginal, de wagon-lit à X (belle inconnue consonantique) j'exerçais mon oeil et mon esprit à la plus belle discipline que l'homme ait inventée: la jouissance des mots.
 
Pourtant je sentais bien que Monsieur Robert - après s'être fait un prénom en créant son dictionnaire - avait fini par se lasser tant ses dernières pages manquaient de corps et n'ayant trouvé que yaourt à me mettre sous la dent, j'abordais la fricative sonore du Z en zozotant.
Je rêvai un instant - avec force postillons - à quelque zébrure zigzagante sous la zibeline d'une zoologue zambienne avant de lâcher un Zut de dépit.
 
Il ne me restait plus alors qu'à satisfaire à cet immuable rituel qui rythme ma fabuleuse vie d'écrivaillon: reprendre au A...


26 octobre 2013

Tante Marguerite (Vegas sur sarthe)

Monsieur Barcoule était si ennuyeux que la classe l'avait surnommé Barbacole, un nom que Bébert avait parait-il déniché sur l'ordi de son vieux, Willy.
Willy Pédia! Tu parles d'un nom! Bébert Pédia, passe encore...bref, on s'en fout.
Donc Barbacole, notre prof de physique-chimie - alias La Touffe - à cause de cette houpée d'indomptables cheveux roux qui lui faisait une crête de coq - nous avait refilé un devoir de ouf pour les vacances de Toussaint:
A partir de sa structure atomique amorphe, déterminer le poids d'un canal de fulgurite creux de 9cm de diamètre et 15 cm de longueur...
Déterminer quoi? Personnellement j'étais d'abord déterminé à profiter de mes vacances et de ce projet de cabane qu'on repoussait chaque année mes cousins et moi.
Cette fois, les tempêtes hivernales avaient rapporté sur la grève tous les matériaux qui manquaient à notre construction:
un stock de palplanches arrachées à quelques berges du Rhône par un plaisancier maladroit et surtout assez de cordages et de virebouquets pour assembler tout ça.
La fulgurite creuse du père Barcoule pouvait bien attendre mais moi, sans attendre les cousins je commençai à établir les plans de notre cabane.
Je n'en étais encore qu'à l'ébauche lorsque la foudre - fort à propos eut dit Barbacole - arriva, enveloppée dans son éternel balandran qui la faisait ressembler à une cloche de plongeur et deviner à cinq cent mètres.
Tante Marguerite débarquait, lestée de son inséparable cartable en youfte - mot dont j'eus le plaisir de copier deux cent fois la définition : Cuir de Russie à l'huile de bouleau - pour m'en être moqué!
Notre chère tante Marguerite - que nous aimions un peu, pas du tout, pas du tout, pas du tout - venait une fois de plus de faire capoter notre beau projet.
Institutrice en retraite - trop heureuse de reprendre du service avec ses neveux - elle avait flairé la fulgurite en dix secondes, digéré l'intitulé de l'exercice avec ce petit rire sarcastique propre aux sadiques et établi notre plan de travail sans même nous consulter.
De toute manière, notre avis lui importait peu et je compris aussitôt que l'aide de Willy Pédia, le père de Bébert et son ordi nous seraient d'un grand secours.
Cette nuit cauchemardesque là, tante Marguerite se crasha à deux cent mille kilomètres à l'heure sur notre cabane ensablée, faisant fondre à trente mille degrés nos palplanches et nos virebouquets pour n'en laisser qu'un ridicule petit tas de verre...
19 octobre 2013

Cherchez la coquille (Vegas sur sarthe)

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12 octobre 2013

Le sport est affaire de frissons (Jean Dion) (Vegas sur sarthe)

En matière de sport, oncle Hubert était intarissable au point qu'il semblait avoir baigné dans toutes les disciplines hormis le water-polo... mais j'en parlerai plus tard.
Il fallait l'entendre nous décrire l'époque où il fréquentait les Chéribibi, Ange Blanc et autre bourreau de Bethune ou plus précisément la fille ainée du frère du gardien de la salle Wagram, lieu où il assistait gratuitement et en payant de sa personne à toutes les soirées de catch jusqu'à ce qu'elle se ferme (la salle Wagram, pas la fille).
Du catch nous retiendrons la fureur de ces coups mortels à vous ressusciter un boeuf, les vaines vociférations d'un arbitre malingre, la dureté des sièges comparée à la douceur des lèvres de la fille-ainée-du-frère-du-susdit-gardien-de-la-salle-Wagram... qui se ferma.
Par dépit il s'était essayé à l'haltérophilie - ayant entendu dire par certain spécialiste au zinc du Café des Sports que “La bière... des haltères” - et il gardait de cette époque mémorable une splendide 'galette' ou médaille gagnée dans ce même café, bizarrement fondue en l'année 1664 et ornée des armes de Kronenbourg.
Ensuite lui était venue cette envie saugrenue de pratiquer le water-polo jusqu'à ce qu'il y renonce pour une raison qui nous laissa tous sur le cul!
Il aurait bien aimé nous faire prendre des limaces pour des cagouilles mais on n'était pas nés de la dernière rabasse comme on dit chez nous. Croirez-vous qu'il abandonna l'idée du water-polo, faute de parvenir à apprendre à nager à son cheval surnommé Crazy Horse ?
Oublions ça et les sourires mal contenus d'oncle Hubert.
C'est pourtant lui qui sut me donner la passion du vélo, à l'époque où pour moi la petite reine n'était encore que cette accordéoniste rousse à la robe virevoltante et prénommée Yvette, qu'un troupeau de pédaleux suant et malodorant suivait sans relâche mais à bonne distance... par peur d'écraser quelque canard.
Oncle Hubert exhibait alors fièrement ses mollets en forme de bouteilles de Perrier - bien qu'il s'en défende et ne jure que par la Kro - ainsi qu'un fragment de dossart arraché en haut du col de Peyresourde à un certain (il disait Iop en sautant sur une selle imaginaire) Zoetemelk.
Tous ces noms bizarres me faisaient rêver et je découvrais qu'au delà de nos contreforts bourguignons vivaient des gens qu'on nommait des néerlandais.
Je passerai allègrement sur quelques expériences douteuses et vite avortées comme sa lutte Gréco-romaine inspirée par la vogue de Saint-Germain-des-Prés, sa nage avec palmes peu académiques à son goût et la raquette à neige dont il chercha longtemps la petite balle jaune!
Il terminait généralement ses récits par sa marotte, le twirling bâton qu'il avait découvert en la personne de Philomène, un quintal (pourquoi n'existe-t-il pas de féminin pour quintal?) emmaillotée, ambidextre aux poignets vigoureux qui exerçait aux Twirleuses de Baigneux-les-Juifs et dont la moustache naissante mettait notre oncle dans tous ses états.
Généralement Anastazia - la polonaise dont j'ai souvent parlé - survenait, coupant court à des détails truculents que nous n'eûmes jamais l'occasion d'apprendre et qui titillent encore aujourd'hui mon imaginaire au point que j'en frissonne rien que d'y penser.
Vive le sport!
5 octobre 2013

Vibrante marotte (Vegas sur sarthe)

Marie couche-toi-là, pauvre marionnette
il ne manquait que ça à ta triste binette
voilà donc cet objet, inquiétante obsession
qui pousse ta manie jusqu'à la dépression.
 
Quand tu seras lassée de ce sceptre grotesque
d'un manche bigarré encombré de grelots
qu'au secret du boudoir tu offres à ton brûlot
en poussant ces soupirs par trop gargantuesques
 
combien d'autres dadas te faudra-t-il encore
pour étancher ta soif et tes envies lubriques
un bouffon de carton, un canard à ressort?
 
un plumeau baladeur, un aspic d'Amérique?
Et comment ai-je pu avoir cette idée sotte
de t'offrir à Noël ta première marotte?
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Le défi du samedi
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