Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Le défi du samedi
Visiteurs
Depuis la création 1 050 531
Derniers commentaires
Archives
28 septembre 2013

Fastoche (Vegas sur sarthe)

Avec trois fois rien je fabrique n'importe quoi !

Déjà à l'école primaire avec un crayon, un taille-crayon et une poubelle, j'étais capable les yeux fermés de faire un tas de rognures de bois sous ma chaise. De même qu'avec mon bureau, un Opinel et une grosse envie de peloter Maryvonne, j'étais capable de graver pour l'éternité “Marre Yvonne cé toit que jème” !
 
En mai 68, il ne m'a fallu qu'une guitare, un carnet d'absences bien rempli et des copines délurées pour réussir haut la main mon redoublement en BTS.
 
Toute ma vie j'ai su que mon esprit inventif et débrouillard m'ouvrirait bien des portes... à ce propos je vous parie n'importe quoi qu'avec mon code à 3 chiffres (ou peut-être bien 4), les coordonnées GPS de ma banque et une petite demi-heure je leur rafle 300 euros au distributeur sans qu'ILS s'en rendent compte.
ILS, ce sont ceux qui avaient planqués les billets en toute confiance!
 
Chaque jour que Dieu fait je m'étonne de ce don hérité de mon oncle Hubert et qui fait de ma vie une aventure formidable.
C'est lui qui disait “Trois fois rien c'est mieux que pas grand chose”, lui qui avec son vélo de course, un plan du métro de Londres et quelques tickets restaurant avait déniché Anastazia au 'Polak assoiffé' rue Oberkampf dans le 11ème... mais tout ça je l'ai déjà raconté dans le défi#209.
 
Toute la nuit dernière avec une pomme d'arrosoir, un vieux morceau de pneu rechapé et un rouleau d'essuie-tout j'ai réussi à imiter le brame du cerf et même si les voisins n'ont guère apprécié je suis content et oncle Hubert - grand chasseur devant l'Eternel - aurait été fier de moi.
 
Aujourd'hui je me suis Oups... amusé à mééélanger du Oups... rhum, de la peau d'iguane râpée et de la menthe fraî...fraîche... Oups... c'était marrant, et d'ailleurs j'ai baptisé ça un Mot-rit-tôt.
Publicité
21 septembre 2013

Non mais je rêve! (Vegas sur sarthe)

Cabinet du docteur Chimaire, spécialiste en interprétation des rêves
 
“Que puis-je pour vous Monsieur Platon?”
“Et bien voyez-vous docteur, je...”
“Oui je vois, je vois déjà... encore cette foutue maladie du siècle Monsieur Platon, où chacun croit pouvoir se réfugier dans ses rêves pour survivre à l'atroce réalité de...”
“Non docteur, la réalité m'intéresse peu car je rêve en permanence. Je rêve la nuit et puis la journée, je rêve éveillé. En fait je rêve tout le...”
“Non mais je rêve!”
“Euh... Non docteur, c'est moi...”
“D'accord. Laissez-moi vous expliquer quelque chose Monsieur Platon. Le problème avec les rêves c'est qu'ils sont faits pour être rêvés la nuit et non pas pour être réalisés le jour, ou alors... comment dire... éventuellement à plusieurs. Quand on rêve seul, ce n'est qu'un rêve mais à plusieurs c'est déjà presque une réalité. (Je ne sais plus qui a dit ça mais j'adore le dire)”
“A plusieurs dites-vous? J'ai bien quelques fantasmes de temps à autre...”
“Restons sérieux Monsieur Platon. Je ne m'occupe que de bonne rêverie, des rêves de qualité, des songes d'une nuit d'été à la rigueur, bref de ces assemblages subconscients d'images ou d'idées qui...”
“Et ça sert à quoi tout ça docteur? J'ai déjà un métier de rêve, une voiture de rêve, une femme de rêve, des amis de rêve et...”
“Je comprends - encore qu'une femme de rêve soit rarement compatible avec des amis de rêve - toutes ces choses de rêve que vous possédez sont trop réelles et vous ne parvenez pas à vous en détacher pour vivre pleinement vos vrais rêves!”
“Euh... Non docteur, c'est plutôt que toutes ces choses de rêve me coûtent une fortune à l'année et que paradoxalement mon banquier est plutôt du genre réaliste”
“Paradoxal! Vous avez de ces mots! Qui est le spécialiste ici? Et avez-vous songé à changer de banquier?”
“Oh, j'ai un vieux rêve récurrent, je rêve que je l'assassine!”
“C'est une bonne chose Monsieur Platon, une bonne chose. Et combien de fois l'avez-vous déjà assassiné... en rêve bien sûr?”
“Huit ou dix fois, guère plus... il se méfie maintenant vous savez; il m'envoie son assistante, une sacrée garce!”
“Humm... Je vois. Vous jouez au loto Monsieur Platon?”
“Euh... non, pour quoi faire?”
“Parce que - croyez-en ma longue expérience - le 22 et le 43 réussissent bien aux rêveurs de meurtre et que voilà l'occasion rêvée - si je peux me permettre - de solutionner vos problèmes matériels”
“Je vous remercie du conseil, docteur Chimaire. Je n'aurais pas cru que ce serait si facile à régler”
“J'ai tellement l'habitude Monsieur Platon. C'est en effet facile à régler, trois cent cinquante euros”
 
14 septembre 2013

Histoire maboule (Vegas sur sarthe)

Quand le soir tombe à la renverse
et que des sentiers de traverse
pousse le chibre de la Terre
adultère


Le paysan lève le nez
poussant ses boeufs aiguillonnés
vers une dernière loupiote
maigriotte


Le troufignon pousse son cri
c'est le début du safari
ça jase, ça hue, ça bouboule
maboule


Alors tous les arbres frémissent,
le grand véréfour qui porte le nid
retient son souffle ;
se referment les tapinoufles
et les ronils à pois bleus s'évanouissent...
7 septembre 2013

Olé!! (Vegas sur sarthe dit le homard doré)

Ce n'est pas le mot 'machie' qui m'inquiétait le plus dans tauromachie mais plutôt 'taureau', alors j'avais choisi Fuego pour inaugurer ma panoplie de matador.
Fuego c'est le teckel de la voisine et je me sentais de taille à l'humilier, armé des fléchettes de mon petit frère en guise de banderilles et engoncé dans mon habit de lumière.
Dans toute carrière artistique il y a des hauts et des bas... les miens étaient en soie rose du plus bel effet mais au premier coup de griffes ils sont tombés en lambeaux sur mes zapatillas, enfin sur mes pataugas. J'aurais jamais cru qu'une saucisse à pattes avait des griffes et qu'elle savait si bien s'en servir.
Je ne parlerai pas de la capote ni de l'épée en plastique mou qui furent plus des ennemis que des alliés dans ce combat inégal et je les abandonnai dès les premières passes.
Durant les passes le matador observe la bête afin de trouver son point faible pour mieux l'occire mais je pourrais jurer que ce jour-là c'est le teckel qui m'observait.
Je sais que vous ne me croirez pas quand je vous dirai que la soie est l'aliment préféré du teckel qui entre alors dans un état second pour ne pas dire troisième!
La belle chaquetilla - les non-initiés appellent ça une veste et c'est bien ça que j'ai pris - était en soie brodée du plus bel effet. Autant dire que je ressemblais à s'y méprendre à un homard doré mais qu'est-ce qu'on est serré au fond de cette veste! J'ai pas eu le temps d'écarter les pinces que Fuego l'a fendue de haut en bas pour en faire deux torchons ridicules. Pour ceux qui l'ignoreraient, le teckel a horreur du homard, surtout du homard endimanché.
Mes valeureux picadors P'tit Louis et Bébert avaient déguerpi depuis longtemps sur leurs vélos.
 
Restait la culotte, une superbe taleguilla qui vous moule les attributs de si belle manière qu'elle rend impossible toute sortie c'est à dire toute fuite à grandes enjambées. Croyez-moi quand on a dix ans et qu'on est un mâle normalement constitué, on a besoin d'une certaine aisance pour prendre ses jambes à son cou.
Quand je pense que le homard se déplace avec sa queue, j'en étais déjà incapable avec mes jambes, alors...
... alors je suis resté sur place, jambes serrées - les aficionados appellent cette passe une Kikiriki et moi une kiki rikiki - à attendre que la mère Benitez vienne maîtriser son monstre. J'aurais dû me dire qu'avec un nom de famille pareil, j'allais passer un sale quart d'heure.
De cette époque où ma carrière de matador avorta brutalement, je garde la boîte en carton et le gilet, un splendide chaleco également en soie - c'est fou ce que l'Espagne a pu contribuer à la préservation du bombyx du mûrier - qui me sert depuis à nettoyer mes lunettes.
 
Finalement je n'ai aucun regret d'avoir épargné Fuego... le teckel est teuton et la corrida latine et puis les oreilles et la queue ne sont pas les meilleurs morceaux dans le teckel.
31 août 2013

La porte, bon Dieu ! (Vegas sur sarthe)

Puisqu'il avait déjà créé la nuit au premier jour, dans la nuit du cinquième au sixième jour, le Tout Puissant créa la porte.
Mais pas n'importe quelle porte: il conçut la fameuse porte-conseil... depuis on dit souvent la nuit porte conseil même si on l'entrebâille pour y laisser passer un jour.
De quoi y perdre son latin mais les motivations du Tout Puissant sont impénétrables et c'est la porte ouverte à bien des questions.
Il faut reconnaître que vingt quatre heures à voir passer et repasser Adam par les fenêtres, c'en était trop!
“Qui d'autre à part MOI pourrait me pardonner cette erreur de Genèse?” se lamentait-il.
Alors il prit Adam à part - ce qui était assez facile à faire à l'époque - et lui enseigna comment l'ouvrir et surtout comment la fermer car Adam était bavard de surcroît. Sans le savoir et à mesure qu'il expliquait, le Tout Puissant venait d'imaginer simultanément le concept des portes ouvertes et du huis clos.
Les gros animaux comme le boeuf ne furent pas en reste pour qui il créa la large porte cachère ni les matous pour qui il fit la chatière.
Bien conscient qu'un jour Adam et Eve finiraient en espèces de vieux gonds, il créa la Grèce pour lubrifier tout ça et préserver ses tympans mais c'est une autre histoire et d'ailleurs on chambranle.
Alors qu'il tentait d'expliquer à Eve - parce qu'elle le vaut bien - le dormant et l'ouvrant, un nuage s'insinua par l'huis - du genre stratus nébulosus - celui qu'il avait créé quelques jours auparavant.
“Qu'es aquo?” demanda Eve qui débutait un cours d'occitan.
“N'aies crainte Eve” dit le Tout Puissant “ce n'est qu'un stratus nébulosus”.
Eve commençait à regretter de n'avoir pas choisi l'option latin et ne fut pas plus rassurée par ces nébuleuses explications.
“Vois-tu Eve” dit le Tout Puissant qui voyait tout “je t'ai donné Adam et le bonheur mais sache qu'il n'est point de bonheur sans nuage”, et elle allait le découvrir plus tard mais pour l'heure on chambranle aussi.
“Tiens! Un stratus nébulosus” dit fièrement Adam qui passait par hasard et aimait déjà ramener sa fraise.
“Comment sais-tu ça?” s'étonna Eve, subjuguée. Personne ne le sait mais Eve fut la toute première femme subjuguée au monde. Aujourd'hui il en faut bien plus pour subjuguer une femme mais on chambranle toujours.
“Parce que j'écoute aux portes” rétorqua Adam en éclatant d'un rire gras. L'éclatement d'un rire gras doit se faire prudemment, derrière une porte par exemple.
“C'est malin” souffla Eve en ajoutant “Allô, pero no ho Allô” initiant sans le savoir la version occitane de Nabilla. Et elle ajouta en français pour qu'on comprenne “c'est comme si j'te dis t'as la serrure mais pas la clé”.
C'est ainsi qu'Adam prit la porte, Eve le mors aux dents et le Tout Puissant un coup de vieux...
Publicité
24 août 2013

Le saperon rouze (Vegas sur sarthe)

“Allez! Accouche!”
“Oh... Ze suis pas une massine. Laisse moi d'abord lire ce qu'y z'ont écrit sous les zimages”
“Ca sert à quoi puisque tu connais ce livre depuis... depuis quand déjà?”
“Ze sais pas... ze sais pas compter”
“Et tu sais pas lire non plus!”
“Passequ'un nounours, ça peut parler peut-être?”
“Si je ne parlais pas, il n'y aurait pas de dialogue et tu serais tout seul dans ton coin à regarder des images que tu as vues mille fois, autant de fois que ta nounou t'a lu ce bouquin avant que tu t'écroules dans ton pieu, gros naze!”
“Où z'en étais moi? Avec tes remarques ze sais plus où z'en suis”
“D'abord, tu devrais tenir le livre à l'endroit...”
“Comment ça à l'endroit?”
“T'as pas vu que le chaperon rouge a la tête en bas?”
“Le saperon rouze? Quel saperon rouze?”
“Ben là, en bas de ta page c'est bien le chaperon rouge!!”
“C'est toi le gros naze! Y a zamais eu de saperon rouze dans Pinocchio!”
“Et à côté, c'est pas la grand-mère peut-être?”
“Y a pas de grand-mère dans Pinocchio... c'est Zepetto le menuisier!”
“Tu veux dire Gepetto?”
“C'est bien ce que z'ai dit... Zepetto!”
“Gros naze, y a pas de Gepetto dans Cendrillon!”
“Tu m'énerves! C'est pas Cendrillon puisque c'est Pinocchio!”
“N'empêche que ton bouquin est à l'envers et que je me casse!”
“Et ben casse-toi... sauf que tu sais pas marcher”
“Je marche tout comme toi... sur quatre pattes, gros naze”
17 août 2013

La maison close (Vegas sur sarthe)

 
Le vantail était rouge ainsi que la lanterne
que quelque écervelé avait laissée clairer
j'étais m'avait-on dit le seul de la caserne
à n'être pas venu m'y faire déflorer.
J'étais là tout confus, troublé et sans escorte
les jambes flageolant, conscient qu'au moindre geste
on allait m'humilier et me foutre à la porte
sans avoir consommé ni demandé mon reste.
Je me souvins qu'un jour un oncle m'avait dit:
“une poignée de chance vaut mieux qu'un tas d'échecs”
je serrais celle-là, bravant mes interdits.
Au-delà j'entendais de bruyants boute-en-train
des râles étranglés, je n'étais qu'un blanc-bec
mais je poussai d'un coup les cerbères d'airain...
10 août 2013

Le critérium des Vieux Clous (Vegas sur sarthe)

Trois jours avant le Critérium des Vieux Clous, l'oncle Hubert ne dormait plus au point que sa polonaise lui imposait de faire chambre à part.
Non pas à cause de l'enjeu de l'épreuve mais parce qu'il abusait de cette wodka frelatée dont Anastazia avait le secret et qui le mettait dans un état second pour ne pas dire troisième!
Trois jours avant, les biclous sortaient religieusement du grenier, enveloppés de ces toiles d'araignées tissées tout l'hiver et qui font le prix des vieilles choses et couverts d'une copieuse couche de rouille aux ravages plus ou moins irréparables.
Mais pour leur redonner un semblant de jeunesse l'oncle avait ses recettes infaillibles, des secrets hérités de la Baltique et d'Anastazia: un verre d'huile pour le dérailleur, un verre de wodka, un verre de graisse rouge pour la chaîne, un petit verre de wodka, un demi-verre d'huile pour le pédalier, un grand verre de wodka...
Pour tenter d'assouplir le vieux cuir des selles il les frottait avec un demi-verre de wodka et s'enfilait le reste sans sourciller.
A ceux qui s'inquiétaient de le voir s'acharner sur des roues plus voilées qu'une fatma il répondait entre deux verres qu'il en connaissait un rayon!
Quand bien même il dut finir le troisième vélo - cramponné au guidon - et la dernière bouteille de Zubrowka désespérément vide, il mettait un point d'honneur à bichonner nos montures, persuadé que l'un d'entre nous remporterait l'épreuve et le premier prix tant convoité: un caddie garni du Mammouth de Bouze-lès-Beaune.
La bataille était rude pour ne pas hériter du dernier vélo dont les patins de freins copieusement huilés, la selle branlante, les garde-boue tordus et le guidon de guingois nous garantissaient un séjour prolongé au poste de secours!
Tout au plus le meilleur vélo préparé dans les toutes premières effluves d'alcool tenterait de porter haut les couleurs de la famille puisqu'il avait distingué en son temps un lointain ancêtre sacré roi de la pédale et surnommé 'Gros braquet' comme l'attestait un médaillon imitation bronze planté pour l'éternité sur la cheminée du salon.
Sa mission accomplie, l'oncle Hubert s'octroyait une sieste de soixante douze heures entrecoupée de remontants - bière au jus de framboise et liqueur de miel - de telle manière qu'en dix ans de compétition on ne le vit jamais sur la ligne d'arrivée.
D'un autre côté, nos piètres résultats se passaient amplement de sa présence et nous évitâmes ainsi les quolibets de celui qui mettait en jeu chaque année son honneur et son foie au service du plus noble des sports...
De toutes ces merveilleuses années, chacun retiendra une chose à jamais gravée dans nos mémoires: si notre cher oncle était le maillon faible dans cette chaîne que nous formions mes cousins et moi, l'Oscar de la meilleure descente lui revenait incontestablement.
3 août 2013

Ardoise angevine (Vegas sur sarthe)

“Jardin des Tuileries à votre service... j'écoute”
“Euh... je suis bien là où on vend des tuiles?”
“Parfaitement Monsieur. Nous sommes mondialement connus et même classés au patrimoine mondial de l'Unesco”
“J'avais peur d'avoir raté le numéro”
“Ah, vous êtes dans le spectacle. Et comment nous avez-vous connu?”
“Et bien c'est un ami couvreur qui m'a parlé de vous”
“D'habitude le bon mot c'est de dire: J'ai un ami couvreur qui m'a parlé de toit”
“Euh... je ne me permettrais pas de vous tutoyer!”
“Pardon?”
“En fait je vous appelle car j'ai un trou dans ma couverture”
“Je tiens à vous dire tout de suite que la maison ne fait pas les reprises”
“J'ai juste besoin de tuiles, voyez-vous et j'espérais que...”
“Ca tombe bien- c'est une expression de mon oncle Hubert - chez nous ça part comme des petits pains!”
“J'ai seulement besoin de tuiles, voyez-vous”
“J'avais bien compris mais venons en au faîte - comme disait aussi mon oncle Hubert - quelle sorte de tuile cherchez-vous?
A ce jour nous devons avoir quelques trois mille références... en terre cuite, en béton, en canal, en plate, en panne?”
“Justement, je suis en panne. J'ai épuisé mon petit stock avec ces nombreuses intempéries et...”
“Vous êtes chanceux, la panne flamande est notre spécialité: une tuile grand moule, double emboîtement caché latéral et supérieur, aspect prévielli, traitée au silicone, sécurité de fixation, nous l'exportons en Angleterre et même jusqu'en Suède”
“Euh... c'est que j'ai une ardoise angevine et...”
“Je tiens à vous dire que la maison préfère vous faire des facilités de paiement - un quatre fois sans frais par exemple - plutôt que devoir couvrir un chèque en bois”
“Vous faites dans le bois aussi?”
“Oui monsieur, du pur bardeau de Honfleur!”
”Je ne savais pas Bardot à Honfleur mais plutôt à Saint Trop. Bref, revenons en au faîte comme disait votre oncle Hubert et pour mon ardoise?”
“Nous avons une agence à Angers, Monsieur et nous allons étudier ça favorablement”
“Super, je vois que mon dépannage se présente sous les meilleurs auspices”
“Pas vraiment! Les meilleurs hospices c'est en Bourgogne et nous sommes malheureusement en rupture de stock de nos tuiles vernissées à cause d'un souci de sels de plomb”
“Ah? Les problèmes de transit, je connais bien. Ca c'est la tuile!”
“Savez-vous qu'on nous la fait dix fois par jour celle-là et je dois dire que je la trouve assez lourde... entre nous on appelle ça de la lauze de schiste, y a pas plus lourd. Vous ne seriez pas de l'Aveyron par hasard?”
“Non. Je suis désolé... je n'ai pas pu m'en empêcher”
“On a l'habitude vous savez, et je ne vous parle pas de ceux qui nous sortent leur tuile aux amandes!”
“Si j'osais je dirais que celle-ci est plus légère et...”
“Oui et pas de risque d'avoir des selles de plomb!”
“Pardon?”
“Laissez, celle-là c'est pour moi, un cadeau”
“Euh... et pour mon ardoise angevine?”
“On va devoir vous mettre à l'amende! Non! Je plaisante! J'appelle tout de suite notre agence d'Angers”
27 juillet 2013

In vitraux veritas (Vegas sur sarthe)

Quand on m'a dit qu'on allait m'installer windows, j'étais loin d'imaginer que ce seraient des doubles foyers.
Aujourd'hui il n'y a plus d'installateurs sérieux! Il faut quand même pas être une lumière pour confondre presbytère et presbytie.
Ca sert à quoi qu'IL ait dit “Que la lumière soit et la lumière fut” et puis “In vitraux Veritas” et caetera?
Je ne vous raconte pas la tête du chanoine quand il va découvrir ça.
Je l'entends d'ici pester après ces incapables qui confondent Velux et Varilux!
Déjà qu'en 85 pour le décès de soeur Sourire , l'évêché nous avait fait monter cette foutue baie vitrée qui nous a coûté la peau des genoux... Dominique... nique... nique... on sait bien qui s'est fait niquer au final!
Tout le diocèse s'est fendu la poire d'autant que c'est même pas du double vitrage.
Et le doublage de la façade? Quand l'entrepreneur nous a dit “ça va barder” on pensait pas à du sapin du Nord! Du picéa vulgaris qu'il a dit, le nec plus ultra, comme si qu'en nous parlant latin on allait dire Amen. Vulgaris toi même!!
Si je me retenais pas j'enverrais un email à l'évêque... mais comme y a pas windows ici c'est comme si on prêchait dans le désert!
Allo, non mais Allo Statu quo quoi!
13 juillet 2013

A très vite (Vegas sur sathe)

Canard en bout de piste
Décollage imminent
Cap au Sud-Ouest
Atterrissage prévu samedi 14 heures sur le bassin d'Arcachon
Retour le samedi suivant pour prochain défi
Coin-Coin   (Bye Bye)
6 juillet 2013

Le fruit du hasard (Vegas sur sarthe)

Il s'appelait Isaac et naquit si chétif ce 25 décembre 1642 qu'on pensa que ça n'était pas un cadeau et qu'il ne passerait pas Noël... mais il se dit que c'était bien de vivre, aussi.
Délicat, préférant la compagnie des filles aux travaux des champs, c'est pour cette raison qu'il s'intéressa très vite aux mouvements de la lune et des corps pesants.
 
Belle de Pontoise, Marie Doudou, Germaine, Reinette du Mans, lady Hamilton, c'est finalement une certaine Gala qui lui monta à la tête à moins que ce ne fut le contraire... tout dépend de la position qu'on occupe, certains nomment ça la relativité.
En tout cas ce fut un choc d'une extrême gravité! Rougeaude, juteuse et plutôt petite, elle avait la peau fine et cette petite pointe d'amertume qui fait croquer les hommes au mépris des pépins.
 
Il ne put résister au plaisir de lui déclarer sa flamme en des termes choisis: "Tous les corps s'attirent avec une force proportionnelle à leur masse respective et inversement proportionnelle au carré de la distance qui les sépare".
 
Elle fut sensible à la poésie de ces propos car elle était déjà très cultivée dans la région.
 
La fameuse loi de la gravitation universelle n'était donc pas le fruit du hasard.
 
Il n'y a pas de hasard, il n'y a que des rendez-vous (Paul Eluard)


29 juin 2013

Le grand charottage (Vegas sur sarthe)

Je me souviens qu'autrefois à l'inverse aujourd'hui, l'été commençait bien avant le vingt et un juin et excepté le Dudule et ses éternels leggings, on gardait short, sandalettes et chapia de paille jusqu'à fin septembre.
Parmi les nombreux évènements qui ponctuaient les vacances, le feu d'artifesses du quatorze - comme disait mon frérot - la messe en latin du dimanche, les vachettes d'Intervilles et l'arrivée de la moissonneuse lieuse Mac Cormick arrivaient très loin derrière le grand Charottage.
Il faut dire que le grand Charottage était une institution, l'Evènement incontournable, une tradition immuable dans la famille depuis que l'oncle Hubert avait dégoté ses deux chevals - un blanc et un pie - à la grande foire de Semur-en-Auxois.
J'ai toujours eu du mal avec le cheval et encore plus avec son pluriel et mon oncle ajoutait à ma confusion lorsqu'il me reprenait d'un ton bourru: "On dit ch'vau quand y 'a plusieurs ch'vals, bougre de beuzenot! mais on dit charotte qu'y'ait qu'eune charotte ou plusieurs charottes!"
Bref, je trouvais plus commode de dire Filochard et Ribouldingue puisqu'on les avait ainsi rebaptisés dès leur arrivée à la ferme.
Il avait aussi ramené une polonaise mais ça c'est une autre histoire qui fit bien du tintouin dans la famille et dont j'ai pas prévu de causer ici.
Ainsi donc le matin du grand Charottage nous trouvait debout avant le coq, fin prêts pour une expédition qui allait durer toute la journée et nous sauver du même coup des corvées d'arrosage, de cueillette des cassis, d'équeutage des haricots verts et de tâches ménagères plus chiantes les unes que les autres...
Le harnachement des deux pieds nickelés - qui patachaient déjà - était une affaire d'homme et tandis que l'oncle Hubert bandait courroies et croupières, on fourbissait la charotte, assurait les ridelles, tendait la bâche et chargeait les paniers du pique-nique pour finir par le tirage au sort du gagnant de la place de copilote.
Nos chamailleries se terminaient toujours dans un formidable claquement de fouet qui ébranlait l'équipage et nous forçait à sauter in extremis sur l'unique banquette de bois où on allait taler nos culs tout à loisir.
Nous allions encore en prendre plein les mirettes, les oreilles et les narines, attraper le virot et claquer des dents mais à chaque fois c'était un plaisir renouvelé et je n'aurais pas laissé ma place même pour la collection complète des aventures de Chick Bill en Arizona sur papier glacé!
Vue l'heure matinale notre bruyante traversée du bourg ne passait jamais inaperçue et les paris allaient bon train pour deviner lequel des villageois hériterait du plus beau crottin devant sa porte! La mère Gautherot dont le potager faisait bien des jaloux a dû en récolter plus qu'à son tour...
Je n'ai toujours pas compris comment une oreille de cheval pouvait saisir les "Hue" et les "Dia" tant les roues cerclées faisaient un bruit d'enfer. Pourtant nous n'avons jamais versé au fossé, même dans les épingles serrées qui menaient à la Combe de Lavaux.
Les croupes des chevaux - cette fois j'aurai réussi mon pluriel - ondulantes, leur puissant fumet à nous faire regretter celui de nos chaussettes, le martellement changeant des sabots au gré des pavés, du sable et de la terre, les inquiétants grincements de la vieille charotte et surtout nos cris incessants ne cessaient qu'à la halte de midi et toujours dans cette même clairière que nous avions choisie pour sa fraîcheur, sa bonne odeur de pin et son frais ruisseau où l'oncle Hubert trempait l'Aligoté...
Comme nous, Filoch' et Riboul' mégeaient leur pitance d'un solide appétit avant que nous emporte une sieste bien méritée qui nous menait jusqu'au tintement de quatre heures.
Le retour était plus triste, les bricoles plus lourdes et nos cris moins joyeux; le coeur lesté d'émotions diverses, on abordait la descente vertigineuse vers le bourg, sabots de freins bloqués et mâchoires serrées (les nôtres) comme pour retenir le temps qui nous menait inexorablement vers septembre et la rentrée scolaire.
Dans un dernier hennissement, notre attelage franchissait la cour de la ferme où nous attendait déjà le grand baquet de bois et le savon de Marseille pour un décrassage incontournable.
Une fois dételés, délestés des guides, barres de fesses et autres chaînettes les ch'vals retournaient à l'écurie et l'oncle Hubert à sa polonaise sans même passer par le baquet de bois mais ça, c'est une autre histoire.
22 juin 2013

Liste des formules magiques à l'usage des candidats à l'épreuve de philo du bac 2013 (Vegas sur sarthe)

Abracadabra
Permet au réveil-matin réglé par erreur sur 11 heures de sonner à 7 heures
Baradacabra
Grille et beurre deux toasts en dix secondes. Pour la confiture, ajouter un “bra”
Radarbabaca
Fonctionne un peu comme un radar mais équipé d'un babaca
Rabacabrada-94
Fait patienter le bus 94 à destination de Montparnasse (limité à deux minutes)
Arbadacarba-20-27
Transfère immédiatement les salles 20 à 27 au rez-de-chaussée
Cabradabara
Ajoute la fonction téléphone portable à n'importe quelle calculette
Acadabrabra
Recharge à la fois votre forfait et votre batterie
Dabarabraca
Ne sert à rien sinon à vous faire perdre un temps précieux.
Le temps est dit “précieux” en période d'examen
Arcarbabada
Dérègle la prostate des surveillants. A utiliser avec parcimonie.
Ne fonctionne qu'avec les hommes
Baracabarda
Recopie votre brouillon (barda) au propre comme au figuré (Baraca)
Abradacabra
Génération aléatoire de l'introduction et de la conclusion du sujet, sans garantie de résultat
Bonne chance
15 juin 2013

L'allumeur d'étoiles (Vegas sur sarthe)

Arlequin glissa prestement sa montre dans sa poche et se remit à ramer de plus belle en laissant une longue traînée lumineuse derrière lui; une fois de plus il était en retard, très en retard... il avait toujours eu du mal avec cette corvée d'allumage du firmament, mais c'était son métier et il se devait d'accomplir sa tâche avant le lever du jour, malgré son encombrante embarcation et la fragilité du briquet.
Une lune froide baignait le champ de batailles d'une lumière irréelle, et Colombine s'efforça en frissonnant de tirer à elle un pan de la couette; elle eut un sourire vers celui qui ronflait contre elle. Comme un prolongement à son plaisir, des milliers de lucioles dansaient encore dans ses yeux clos et irradiaient tout son corps; sa main s'égara entre ses cuisses jusqu'à la toison moite et chaude... l'orgasme avait été si violent et si soudain qu'il lui semblait avoir manqué des épisodes à leurs ébats.
Battant le briquet entre ses doigts douloureux, Arlequin allumait un à un les petits astres à mesure qu'ils passaient à sa portée et les repoussait ensuite d'un vigoureux coup de rame pour mieux se propulser vers le suivant; cette nuit était la dernière de l'année et il ne devait omettre aucun détail s'il ne voulait pas s'attirer les foudres du Maître.
Colombine ouvrit lentement les yeux de peur d'effrayer les lucioles qui dansaient encore et fixa le rectangle de nuit claire qui entrait par la fenêtre; elle se sentait bien, caressa ses seins jusqu'à sentir durcir les tétons et faire renaître une belle envie. Elle se cambra sur le lit, il lui semblait que les étoiles s'allumaient une à une et plus brillantes les unes que les autres: était-ce cette irrésistible envie ou juste le miracle de l'univers qui s'accomplissait ? Sa réflexion cessa quand une cuisse musclée s'insinua entre ses jambes, comme la rame effilée d'une barque fendant la surface d'un lac.
Elle gémit doucement.
L'allumeur de firmament cessa soudain de ramer; il lui semblait que l'air devenait plus chaud, d'une moiteur incongrue en cette saison, et tandis que la rame oscillait sans raison dans sa main, il eut la perception d'un râle profond venu d'en bas, comme une brise de terre inattendue dans ce ciel si calme. Les astres scintillaient comme jamais, éclipsant la lueur blafarde d'une lune interloquée tandis que le râle se faisait plainte, sourde mélopée rythmant l'oscillation de la rame à tel point qu'elle lui échappa des mains.
Il mit du temps pour réaliser qu'il tombait et se souvint de ses efforts pour stabiliser la barque; il plongeait mais sans inquiétude tant il était souvent descendu sur la terre; et puis son travail de nuit était accompli et le Maître saurait pardonner cette incartade.
Au dessous, les minuscules toits des maisons grossissaient à vue d'oeil. Parmi elles, il en était une plus éclairée que les autres, et c'est là qu'il semblait fondre.


Dans un fracas indescriptible, la fenêtre explosa, projetant une myriade d'étoiles de verre dans la chambre et sur le lit aux draps déchirés; étouffé sous les grands oreillers, Arlequin se débattait comme un beau diable pour refaire surface... et cette créature qui n'en finissait pas de crier "Viens, viens!" lui perçait les tympans.
Au bout d'un moment qui lui parut une éternité, elle cessa de crier et se calma tout à fait; il l'examina à la dérobée.
Elle était plutôt jolie avec ses petits seins pointus et son ventre blanc. Elle lui sourit...
"Moi, c'est Arlequin" dit-il les yeux brillants, "je suis l'allumeur d'étoiles".
 
8 juin 2013

Poème Bretonnant (à la manière d'André Breton) (Vegas sur sarthe)

“Dans le salon de Madame des Ricochets
Les miroirs sont en grains de rosée pressés
La console est faite d'un bras de lierre
Et le tapis meurt comme les vagues


Dans le salon de Madame des Ricochets
La pendule à queue de chat s'arrête au bout d'un moment
Et les lustres de guimauve répandent leur halo sucré
Sur des parquets d'eucalyptus fumants.


Dans le salon de Madame des Ricochets
Le piano girafe joue inlassablement des coudes
Pour mieux tutoyer un bonheur du jour


Quand Madame des Ricochets réclame son thé
On remonte à clé le majordome jusqu'au grand Clic


1 juin 2013

Le Nautilus (Vegas sur sarthe)

Elle faisait aviron cinq mètres, tout au plus cinq mètres cinquante et s'appelait - on ne sait pourquoi - Le Nautilus, en tout cas il nous fallu écoper vingt minutes avant d'y poser les pieds au sec.
Oncle Hubert avait insisté pour louer celle-ci car - disait-il - il la sentait bien.
Moi je trouvais surtout qu'elle sentait le moisi avec ses bancs tout déniapés et que ça viaunait le poisson pourri à en choper le virot!
Comme on se chamaillait pour savoir qui prendrait les rames, l'oncle expliqua qu'elles possèdent un côté qui plonge dans l'eau et un côté qui donne des ampoules... et nous montra comment prendre l'instrument par le bon bout c'est à dire par celui qui donne des ampoules.
Il ajouta que quand la rame ne repose pas sur la barque - dans cet objet qu'on nomme joliment la dame de nage - on appelle ça une pagaye et c'en fut une belle tellement on s'était mis à ramer comme des manches.
L'oncle Hubert nous ayant traités de berlodiaux et autres qualificatifs locaux en prit un (manche) dans chaque pogne et sur sa tête la lourde responsabilité de notre mener à bon port avant la nuit.
Dire qu'on appelle ça 'ramer en couple' relève de la plus pure invention puisqu'Anastazia (*) avait eu la prudence de rester à la maison.
“Regardez bien” dit-il en s'asseyant dos à la pointe “voilà ce que c'est que ramer à la ponantaise” et on comprit bien vite qu'on ne serait pas assez de quatre pour le guider dans la bonne direction.
Notre but était le grand barrage de granit au bout du lac des Cheutons (les étrangers disent Les Settons) où on espérait apercevoir quelques belles gueules de brochet.
S'il avait fait sa préparation militaire marine à Marseille sans jamais quitter la cantine des sous-officiers, oncle Hubert en avait gardé parait-il une solide expérience et comptait bien nous la faire partager.
Très inquiet du roulis qui s'amplifiait à chaque coup de rames, Petit Pierre ne fut pas plus rassuré quad oncle Hubert eut rétorqué "qu'une mer calme n'a jamais fait un bon marin".

 

Pour l'heure un rayon de soleil entre deux gros nuages noirs éclairait sa face rubiconde, éclatant témoignage de son effort et il se fendit d'un “O Sole Mio... Che bella cosa e' na jurnata 'e sole” assez déplacé et copieusement farci de canards!
Ses vocalises furent subitement interrompues par une grosse rabasse tombée d'un nuage d'encre et qui nous laissa tripés et gaugés jusqu'aux os en moins deux minutes.
On dut se résoudre à écoper à nouveau tant l'eau montait, et consoler Petit Pierre qui chouinait de plus belle.
Paradoxalement si on était trempés, on n'y voyait goutte et l'oncle jugea plus prudent d'abandonner sa nage à la ponantaise pour godiller, tourné vers l'avant.
Je reste persuadé qu'il avait surtout les fesses talées et grand besoin de se décramper les jambes.
Pour le novice que j'étais, je dirai que la godille - telle que oncle Hubert la pratiquait à cet instant - est une sorte de danse entre le twist et le mashed potatoes censée faire avancer l'embarcation et qui eut pour seul effet de nous faire perdre notre dernière rame.
Sur le barrage un forcené nous faisait des grands signes et finit par nous lancer un grappin qu'oncle Hubert manqua de peu de prendre dans les dents!
C'était le père Némot, le loueur de barques venu à notre rescousse et sans qui je ne pourrais relater cette aventure aujourd'hui.
Notre commandant Hubert avait baissé les couleurs dans la plus pure tradition de la marine - livide et claquant des dents - remis Le Nautilus à son propriétaire et pris congé à grandes enjambées en nous poussant devant lui.
On ne court jamais très vite dans des pantalons trempés mais à l'idée de nous requinquer autour du bortsch fumant qu'aurait mitonné Anastazia, on regagna la maison aux premières étoiles.
Ce que j'aime plus que tout chez la femme slave - je ne connus jamais que celle-là - c'est sa propension à ne jamais poser de questions... et ce fut bien ainsi.
(*) Anastazia: Voir le Défi#209
25 mai 2013

Nioumèle (Vegas sur sarthe)

 
“Euh... j'espère que j'vous dérange pas, chef...”
“Maintenant que vous m'avez réveillé Ouatson, je suis bien obligé d'entendre ce qui vous préoccupe au beau milieu de la nuit. Alors?”
“Et ben, j'ai un inquiétant message sur l'écran, chef”
La Bavure remonte son oreiller, ça promet d'être long.
“ça dit quoi précisément, Ouatson?”
“ça dit : Iouvegotte a nioumèle babie, chef”
“Je vous ai dit Pré-Ci-Sé-Ment, Ouatson!”
“Et ben, Iouvegotte a nioumèle babie”
“A en croire vos origines anglophones je vous pensais meilleur en English, Ouatson... Vous voulez peut-être dire : You've got a new mail, Baby?”
“C'est bien ce que je disais, inspecteur!”
“O.K. Donc nous sommes d'accord sur le message original, c'est déjà ça! Et vous traduiriez ça comment?”
“Que quelqu'un avertit Baby qu'il ou elle a un nouveau message?”
“Très bien. Nous sommes encore d'accord! Et où est le problème, Ouatson?”
“Et ben je ne m'appelle pas Baby et je n'en ai aucun dans ma liste de contacts, chef”
(Soupir)
“Il ne vous est pas venu à l'idée Ouatson qu'il s'agissait d'un diminutif, d'un petit nom amical, d'un surnom... que sais-je? Ouvrez le message et vous serez fixé, Bon Dieu!!”
“J'y ai songé inspecteur et puis j'ai appelé Ouatelse qui m'a mis un gros doute, rapport à un certain Iouvegot, fiché au grand banditisme et qu'on vient de libérer il y a...”
“Et vous connaissez beaucoup d'individus qui vous harcèleraient en vous appellant Baby?”
“ça doit être une faute de frappe inspecteur, mon deuxième prénom c'est Barnaby”
“Très drôle James Barnaby Ouatson! Impayable!”
“Ne vous moquez pas inspecteur, je n'y suis vraiment pour rien”
“Excusez-moi Baby...Euh... Ouatson, c'est nerveux”
“Si vous connaissiez le deuxième prénom de Ouatelse, vous en...”
“ça suffit! Vous trouvez que c'est une heure pour discuter des prénoms d'une bande d'incapables? Et comment ce Iouvegot connaitrait-il votre second prénom quand je ne le connaissais pas moi-même?”
“Vous savez inspecteur, la Toile regorge de pièges, d'individus sans scrupules, d'escrocs, de sadiques en tous genr...”
“Voilà ce qu'on va faire Ouatson. Vous allez raccrocher, ouvrir votre p... de mail, le digérer toute la nuit s'il le faut, y répondre ou le metrtre à la poubelle et on fera le point lundi matin! Bonne nuit!”
(Clic)
“Bonne nuit... il en a de bonnes. Nioumèle... Nioumèle... Y'a un bled qui doit s'appeler comme ça pas loin d'ici. Je vais consulter Goût-Gueule-Maps  et puis j'appellerai Ouatelse”
18 mai 2013

Idées en tête (Vegas sur sarthe)

A claques ou de linotte
ça vous saoûle à tue-tête
ça vous chie dans les bottes
Attention à la tête!
De gland ou bien de noeud
craignons le tête-à-tête
les méchants, les teigneux
Attention à la tête!
De lard ou bien de veau
qu'importe l'épithète
y'a rien dans leur cerveau
Attention à la tête!
D'affiche, de hit-parade
en solo ou quintette
faut pas rater l'estrade
Attention à la tête!
Chercheuse ou nucléaire
c'est un vrai casse-tête
même rudimentaire
Attention à la tête!
D'enterrement, de mort
calcinée dans un têt
avec ou sans remords
Attention à la tête!
11 mai 2013

Comme Ludwig (Vegas sur sarthe)

La jeune fille s'était levée pour saluer sous les bravos et les vivats.
Le concert était fini. Debout, les auditeurs applaudissaient à tout rompre, criaient "bis", "encore", et refusaient de partir.
 
C'était l'instant qu'elle savourait le plus quand - l'épreuve finie - elle recevait de plein fouet l'hommage dont elle se sentait indigne.
Comment elle avait une fois de plus étrillé la Truite sauce Schubert puis expédié prestissimo cette Marche Turque comme s'il y avait le feu au balcon !
Ce soir l'apothéose avait été ce Vivaldi printanier agrémenté subrepticement d'un zeste de Cabrel au beau milieu de l'allegro, un p'tit coup d'sarbacane ni vu ni connu... “quand au son festif de la musette dansent les nymphes et les bergers”. J't'en foutrais des bergers, moi!
 
Du feu, ils n'y avaient vu qu'du feu!
Et ça continuait de crier... peut-être des “Bis” et des “Encore”.
La friponne en avait gardé sous la pédale et se jura d'en remettre une couche si les bravos ne cessaient pas.
S'ils n'avaient jamais entendu voler un bourdon, ils allaient pouvoir goûter du sien quitte à rester fâchés à vie avec Rimsky-Korsakov.
Elle n'aimait pas ce ruskov pas plus que Schubert ou Mozart. Elle n'aimait pas Beethoven non plus, ni Liszt, ni Chopin...
 
En fait elle n'aimait pas le piano, surtout ce râtelier de chicots noirs et blancs qu'on appelle clavier et qui lui rappelait trop l'oncle Hubert.
Un jour elle leur dira qu'elle hait le piano.
Peut-être même leur confiera-t-elle qu'elle est sourde de naissance... comme ce Ludwig.
Publicité
<< < 10 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 > >>
Newsletter
Publicité
Le défi du samedi
Publicité