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5 janvier 2019

Les deux bouts (Vegas sur sarthe)

 

« Allo... le service après-vente Macaroni ? »
« Oui, Ettore Maccheroni en personne... arrière-arrière-arrière-petit-fils de l'inventeur et fier de lui parce que je le vaux bien et parce que... »
« Hum... laissez tomber, c'est pour une réclamation »
« Oui je sais, enfin je me doute parce que nous en recevons pas mal depuis quelques mois... mais dites toujours »
« … toujours »
« Non, je disais Dites toujours ce qui vous amène à réclamer »
« Il s'agit des pâtes »
« Ah ? »
« Vous semblez surpris ? »
« Non mais on nous appelle parfois à propos de l'emballage alors qu'on a mis le paquet là-dessus »
« Non, il s'agit des bouts »
« Des bouts ? »
« Oui, des bouts de pâtes. Il faut vous dire que ma femme et moi nous avons du mal à joindre les deux en fin de mois alors on mange exclusivement des pâtes»
« J'en suis ravi, je dirais même ravi au lit... oh oh... ah ah... euh... pardon, revenons à vos bouts de pâtes »
« Oui, notre rituel à Germaine et moi c'est de manger nos pâtes à la manière de la belle et du clochard »
« Laissez moi deviner... la belle c'est Germaine ? »
« Oui mais là n'est pas le problème, et ne cherchez pas à être désagréable. D'habitude nous aspirons chacun une pâte dans notre unique assiette en souhaitant ardemment que nos deux bouts appartiennent à la même pâte »
« Vous aimez les jeux de hasard ? »
« Non, nous sommes juste romantiques »
« Ah ! Le romantisme de nos pâtes... ça pourrait faire l'objet de notre prochaine campagne publicitaire »
« Hum... à propos de publicité, je ne souhaite pas vous en faire une mauvaise mais dans le paquet que nous venons d'acheter il n'y avait que deux bouts ! »
« Que deux bouts ? Et entre les deux bouts il y avait bien de la pâte ? »
« Oui, évidemment »
« Vous me rassurez parce que deux bouts de rien, c'eut été catastrophique pour notre image de marque»
« Bref, tout ça pour vous dire que le jeu était faussé puisqu'on a fatalement partagé la même pâte »
« Je comprends... plus de suspense, plus de romantisme. Germaine était déçue...»
« Plus de suspense, passe encore mais une pâte de quatorze mètres de long à engloutir sans respirer... vous devriez essayer pour voir. Bref, j'ai dû emmener Germaine aux urgences pour une syncope ! »
« Hum... et avant de la cuisiner vous n'avez pas songé à la couper en morceaux ? »
« Cuisiner et découper Germaine ? Vous avez des idées radicales chez Macaroni »
« Je parlais de la pâte »
« Non, la courte paille c'est moins romantique... et puis c'est votre travail de les couper, c'est bien ce que je vous reproche »
« Je vois, ça doit venir d'Ornella »
« Ornella ? »
« Ornella c'est notre stagiaire au poste de coupeuse de pâtes ; elle remplace notre championne absente pour cause de maternité. Vous la verriez découper ! Ca fait peur !»
« Et votre championne qui fait peur, elle accouche quand ? »
« Hum... tout ce qui touche à notre secret de fabrication doit rester confidentiel »
« Ah oui ? Et tout ce qui touche à la santé de Germaine ? Vous vous en foutez ? »
« Hum... je pourrais essayer d'en parler à Ornella »
«Comment ça... essayer de lui parler ? »
« Hum... C'est une sicilienne et vous savez, ici on prend des pincettes avec les siciliennes »
« Ah ? Si en plus vous utilisez des pincettes, je comprends que le produit en pâtisse ! »
« En pâtisse... oh oh... ah ah... euh... pardon, revenons au sujet. Vous me soufflez là une belle idée de pâte unique de quatorze mètres de long ! Ca pourrait faire un tabac»
« Faites-en du tabac si vous voulez mais j'attends de vous un geste commercial pour le préjudice causé à Germaine »
« Comment va t-elle ? »
« Désolé... top secret ... on ne demande jamais à Germaine comment elle va... Germaine elle va, c'est tout »
« Je vois, c'est comme ma Filomena qui... »
« Désolé, ne dites pas C'est comme... car personne n'est comme Germaine »
« Je vois »
« Non, vous ne voyez pas... alors, ce geste commercial ? »
« Justement, bien que ce soit une bonne pâte il faut que j'en parle à Filomena »
« Elle n'est pas sicilienne au moins ? »
«Désolé... tout ce qui touche à nos secrets de famille doit rester confidentiel »
« Je comprends, donc pour le geste... »
« Je vous ferais bien un bras d'honneur mais je tiens le téléphone »
« Je comprends, c'est la même chose pour moi »
« Alors, au revoir »
« Au revoir »

 

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29 décembre 2018

« J'ai vos dents ! » (Vegas sur sarthe)


« Grand-mère, que tu as de grandes dents » dit la fillette en retirant son gilet jaune.
« Je te reconnais maintenant» répondit le loup « tu es le chaperon rouge du conte »
« Tu débloques mémé, je ne suis pas du comte » reprit la fillette « mais de ma mère qui elle-même est de toi mère-grand ! »
« En tout cas j'ai les crocs» répondit le loup.
« Grand-mère, que tu as de grandes dents » insista la fillette.
« J'ai vos dents, j'ai vos dents » précisa le loup natif de Marvejols et fier de l'être.
« Grand-mère, que tu as un gros cul» reprit la fillette.
« C'est pour mieux lâcher des pets de loup ! » ironisa le loup.
« Je préfère tes pets de nonne » répliqua la fillette «justement je t'apporte ici un petit pot de beurre pour ... »
« Ton beurre ne vaut pas un pet de lapin» interrompit le loup « tout le monde sait comment ça finit en fin de conte »
« C'était bien la peine que je me décarcasse » pleurnicha la fillette en remettant son gilet jaune.
Le loup tenait à son chaperon rouge et, sentant son repas et la fin du conte lui échapper il sauta du lit.
« Attends » cria t-il au chaperon jaune « j'ai ici quelques vesses pour ta mère »
« Des sacs à poussière ? » répondit le chaperon jaune « tu peux te les garder »
« Alors emporte au moins ces pets d'âne » insista le loup en saisissant une brassée de grands chardons piquants.
« Tous ces pets m'ont incommodée» répliqua le chaperon jaune en se dirigeant vers la porte pour aérer la masure « et puis... que tu as de longs poils ! »
« Je ne m'épile jamais en hiver » répondit le loup en récupérant la chevillette mais la fillette tenait serrée la bobinette dans son chaperon et la porte s'ouvrit sans peine.
« Tu devrais songer à t'équiper d'un digicode, great-mother» lança la fillette en détalant.
« Un digicode ? » s'interrogea le loup « encore une invention à filer des boutons » ...

22 décembre 2018

Feu follet (Vegas sur sarthe)

 

Elle est arrivée un soir sans lune sur la Korrigane, un ancien brick-goélette qui s'empala à grand bruit sur la jetée, ameutant la maréchaussée et toute la bourgade.
Mon estaminet s'était vidé d'un coup de tous ces curieux avides de faits divers et je m'apprêtais à fermer boutique quand une petite fée malfaisante est entrée en ruinant mon parquet, ruisselante d'embruns.
Je l'ai aussitôt reconnue à son regard espiègle et à ses oreilles pointues qui saillaient de sa chevelure hirsute parsemée de varech; les anciens m'en avaient souvent parlé aux veillées mais j'en voyais une pour la première fois... c'était ma première.
D'une seule main j'aurais fait le tour de sa taille tant elle était fine mais comme je m'approchais un peu trop elle se mit à siffler comme font les hommes en haut du nid-de-pie si bien que je restai planté derrière mon bar.
Comme elle ouvrait la bouche, sa voix se mit à couler telle une source d'eau claire, pourtant elle n'avait demandé qu'une bière mais d'une façon si charmante...  le charme, c'était ça le piège retors, le traquenard et j'y étais tombé à la seconde où elle était entrée ici.
Mary Morgan, Feu follet, Croquemitaine, je récitai ma carte en bredouillant, évitant de citer la Korrigane, une Red ale aux saveurs terreuses et maltées dont le seul nom risquait de la mettre en colère si ce n'était déjà fait.
Au nom de Feu follet, ses yeux d'un rouge lumineux s'étaient éclairés plus encore, aussi lui servis-je en tremblant un grand bock de cette bière épicée et ambrée comme sa peau.

Elle vola jusqu'au le bar pour se poser sur un de mes grands tabourets, découvrant deux ravissants pieds de bouc que je lorgnais dans le miroir située derrière elle.
Par quel sortilège pouvait-elle à la fois être si petite et si bien proportionnée ?
J'aurais lutiné ses petits seins sur le champ tandis qu'elle décorait sa bouche d'une épaisse mousse blanche qu'on eut dit la mère Noël...
Elle devait savoir lire dans mes pensées lubriques car ma jolie korrigane se mit à se trémousser langoureusement tout en descendant sa bière à grandes gorgées bruyantes.
J'avais si chaud que je m'en servis une mais elle me la subtilisa avant que j'aie pu y tremper mes lèvres.
Ses doigts aux ongles noirs et crochus s'accordaient si bien avec ses petits pieds de bouc que je n'y pris pas garde.
Ses yeux rouges avaient viré au sombre et la voix de source claire se fit plus rauque.
Je ne parlais pas un mot de breton, pourtant je comprenais sa langue... elle était née en 1915 – le même âge que le vieux brick – commerçait des potions de ronds de sorcière, des élixirs de jouvence et des philtres d'amour mais vivait avant tout des largesses des hommes qu'elle envoûtait.
Je n'en retins pas plus car ayant posé sa menotte aux doigts crochus sur mes mains tremblantes, je vis le plancher monter vers ma tête à toute vitesse.

Autour de moi je reconnus Gwenael et Kilian ainsi que la mère Guézennec qui m'appliquait des sels sous le nez.
« Tu r'viens de loin » dit-elle alors que j'ouvrais les yeux tout à fait.
« Sers-lui une Korrigan ! Il a les yeux tout rouges» lança Gwenael à Kilian.
« Y'en a plus » hurla Kilian, horrifié... de mémoire on n'avait jamais manqué de Korrigan un seul jour au village. 

 

15 décembre 2018

Comment détacher la barre des tâches (Vegas sur sarthe)

 

« Dis mon biquet, comment on fait pour détacher la barre des tâches ? »
Germaine a le don de m'interrompre au pire moment de mon sudoku quotidien, celui où je me demande pourquoi il y a deux 9 dans le dernier carré !
« Pourquoi tu veux détacher la barre des taches ? »
Elle tourne vers moi l'écran de cette ancienne bécane que je lui ai refilée l'an dernier et qui tournicote sous Windows 95.
« Euh... je sais pas, je suis les conseils d'un geek sur internet qu'a l'air de toucher sa bille et qui pisse du code à longueur de temps»
« Tu devrais essayer le vinaigre blanc»
Germaine ouvre des yeux ronds : « Hein ? »
« Laisse tomber bichette, c'est une blague »
« Ah ... Et tu trouves pas bizarre qu'il me dise aussi qu'il manque un pilote ? »
« Oublie ça bichette, y'a qu'un pilote dans cette maison, c'est moi »
Germaine jette un regard langoureux à l'homme de la maison puis fronce les sourcils : »Maintenant il me demande de fermer tous les onglets ! »

Je referme ma tablette sur cet insoluble sudoku et soupire : »Tes onglets, ils les vendent au kilo-octet ? Tu serais pas sur un site de cuisine par hasard ? »
« Hein ? »
J'éclate de rire : « Je m'demande si ton onglet n'vient pas d'un cheval de Troie »
«Te moque pas biquet, c'est un site sérieux qui éradique les malouères mais je sais pas encore si c'est mon firmouère ou mon hardouère qui est malade... »
J'ignorais que ma Germaine possédait des trucs en ouère : « Comment tu m'parles maintenant, bichette ? »
Germaine se rengorge : »Tous ceux qui sont connectés parlent comme ça aujourd'hui, Môssieur»
« Ah bon ? »
Quand Germaine maîtrise un sujet, elle sait me le faire savoir : « Oui... sais-tu que quand ça plante il faut faire risette ? »
« Je croyais que quand ça plantait on faisait la gueule... »
Justement Germaine commence à faire la gueule : «D'ici peu tu voudras bien m'appeler client-serveur, s'il te plait»
« Client-serveur ? T'as déjà vu quelqu'un être serveur et client en même temps ? »
« En informatique, c'est possible, Môssieur ! Je suis sûr que tu ignores qu'il y a des ROMs dans un ordi» me lance t-elle.
« Mais les ROMs sont partout Madame ! On aura tout vu, c'est le pire du pire ton affaire »
Germaine me reprend de volée : « Pire tout pire ! On dit pire tout pire ! »
« Si tu veux bichette »
« C'est pas si je veux, c'est comme ça, tu vas devoir upgrader ton langage»
« O.K. Bichette... en tout cas tu te débrouilleras toute seule pour détacher la barre des tâches de ton usine à gaz»
Germaine explose : « L'usine à gaz, c'est toi qui me l'a refourguée pour t'acheter une tablette, alors reste dans ton monde Monsieur Je sais tout »

Je rouvre ma tablette tandis que Germaine file à la cuisine chercher un détachant ...

 

8 décembre 2018

Péché original (Vegas sur sarthe)

 

« Au commencement Dieu créa le ciel et la ter... »
Adam tomba de son hamac : « Tu vas pas remettre ça !»
Pour la douzième fois, Eve reprenait son livre de chevet en quête d'une réponse : « Je le lirai tant que je n'aurai pas trouvé l'adresse pour mes escarpins ! »
« Quels escarpins ? »
« IL a créé les loups et les bouquetins... mais je ne vois rien sur l'histoire des loup-bouquetins »
« Quels loups bouquetins ? »
« Je parle de ces jolis escarpins que j'ai vu dans Genèse Magazine et qui iraient si bien à mes petits pieds parce que je le vaux bien »
Adam remonta dans son hamac : «Et c'est pour des godasses que tu me ruines ma sieste ? »
Eve reprit sa lecture en chantonnant : « Eve lève-toi et danse avec la vie

L´écho de ta voix est venu jusqu´à moi... »
Adam bougonnait : « T'as pas encore pigé que le loup a bouffé le bouquetin ? »
La soirée à l'Eden approchait et elle n'allait tout de même pas y aller pieds nus.
Il y avait bien ce Nahash, un serpent qui vendait tout et n'importe quoi ; c'était bien le diable s'il ne lui dénichait pas une jolie paire de chaussures à talons aiguilles et semelle de cuir rouge pomme …

 

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1 décembre 2018

Y'a bon Hula Hoop (Vegas sur sarthe)


Collez-serrez-vous un cerceau sur la croupe
Esquissez un zouk, une biguine de Guadeloupe
On sent déjà le vent en poupe
Voyez comme ça chaloupe
Yom... Dé... Twa... on s'attroupe
Cé bon !

C'est ça le Hula Hoop

24 novembre 2018

Les gros blancs (Vegas sur sarthe)

 

Aujourd'hui les migrants qui sont aussi mes confrères et consœurs – puisqu'on est hermaphrodites – arrivent tout droit et à toute pompe des pays de l'Est.
Je mets 'toute pompe' au singulier puisqu'on n'a qu'un seul pied et si pour nous c'est singulier pour un lecteur bipède c'est curieux...
Je ne sais pas à quoi sont dopés ceux qui viennent de l'Est pour courir si vite alors qu'ils sont lestés aux métaux lourds mais on ne m'ôtera pas de l'idée qu'ils ne bavent pas comme nous ;leur bave a une drôle de couleur, façon Tchernobyl.
Ils sont polonais ou roumains – bref, c'est des Roms comme dirait mon disquaire – alors fatalement notre label “Escargot de Bourgogne” a perdu de sa superbe et n'est plus qu'une coquille vide.
L'autre jour j'ai croisé une jeune slimak polonaise – là-bas ils disent pas escargot mais slimak – elle venait de Krazin en Mazurie et m'a abordé au prétexte qu'elle cherchait un toit alors qu'elle en avait un sur le dos; elle ne faisait même pas la taille réglementaire alors j'ai préféré l'ignorer de peur d'être accusé de détournement de mineure.
Par contre il parait qu'en Floride les escargots géants d'Afrique sont si gros qu'ils ne tiennent pas dans la main.
Les escargots d'Afrique sont-ils farcis au beurre noir? Je cherche encore la réponse.

Autrefois mes aïeux naissaient, vivaient et mouraient chez nous, je veux dire ici sur les rives du canal de Bourgogne, ou dans les rangs de vigne ou dans un potager, un vrai potager avec de vraies salades où on venait nous cueillir avec délicatesse sauf entre avril et juin où on nous foutait une paix royale.
C'était notre jungle à nous et bien avant que les pesticides ne viennent nous empoisonner la vie en semant la mort, on y vivait comme des sauvageons, des rustres, des bêtes à cornes herbivores, des buffles, des gnous... d'accord, j'ai un peu exagéré.
Faut dire que les malheureux qui fréquentaient les rangs de vigne ont beaucoup souffert du sulfatage car entre l'escargot et le mildiou, les viticulteurs avaient choisi le mildiou et sorti la sulfateuse à bouillie bordelaise.
De la bouillie bordelaise en Bourgogne! Si c'est pas un sacrilège, ça.
Notre PDG, le Pape Des Gastéropodes avait bien tenté – toutes cornes dressées – de s'insurger contre cette ignominie auprès des autorités mais il avait fini tout naturellement... au beurre persillé.
Je sens bien que la recette vous intéresse, alors la voilà mais ne la refilez pas à n'importe qui : échalotes, ail, persil, sel, poivre et une noix de beurre. Farcissez-nous la baraque!
Et la crémation, ça vous intéresse, alors voilà : Thermostat 8, ni plus, ni moins, j'insiste sur le 8 car c'est du grand art, du niveau Top Chef et pas du bricolage.
Ça vous fait baver, hein? C'est bien normal... nous aussi.

Au moins, nous les Gros Blancs survivants on savait mourir dignement, gastronomiquement, gastéropodiquement dans ce grand plat de cagouilles servi pour les enterrements.
Que vous le croyiez ou non, on nous servait religieusement persillés avec un sachet de cendres pour la cuisson, en hommage aux cendres du défunt et ça finissait toujours en chantant comme pour un banquet de vendanges ou un mariage.
On fêtait la mort jovialement et pour conjurer ce funeste sort qui vous flanque pour l'éternité au fond d'un cimetière communal il y avait toujours un gai luron pour dérider la famille en deuil avec ce bon mot : ”Si haut qu'on monte, on finit toujours par des cendres”, il y avait toujours un violoneux ou un accordéoneux pour mettre l'ambiance et lancer le ban bourguignon, vous en avez entendu parler... «Lala, lala, lalalalalère...», cinq notes, deux onomatopées, neuf claquements de mains... non ?
Laissez tomber, je vous raconterai ça une autre fois car j'aperçois un groupe de migrants patibulaires qui tournent autour de mon pissenlit :”Bas les pattes!!”

 

17 novembre 2018

Ménil'muche (Vegas sur sarthe)


Elle me trouvait beau, je la trouvais baluche
avec ses falbalas, breloques, bagatelles
des trucs à attirer toute une clientèle
alors entre ses mains elle a pris ma paluche

Elle était de Colmar, ville des flammekueche
on est allés manger sa pizza à la con
elle, penchée vers moi, c'est Noël au balcon
je la trouvais soudain craquante ma greluche

On a fait ce qu'on fait dit-on à Ménil'muche
elle m'avait parlé d'une friche enchantée
que sans hésitation je devais visiter

L'endroit était orné d'une frivolité
que je n'osais froisser quand sans ambiguïté
en deux temps trois mouv'ments elle fut à poiluche

10 novembre 2018

Le grand médium (Vegas sur sarthe)


De tous temps c'est à dire depuis l'Homme de Chromosome, l'ectoplasme a existé et enflammé les hommes ; ectoplasme, mycoplasme, sarcoplasme, protoplasme... il est grand temps de faire la lumière sur ces étranges phénomènes. (Tous ces noms sont authentiques)

L'ectoplasme est une manifestation produite par un médium au cours de séances de spiritisme.
Plus le médium est spirituel et plus nombreuses sont les manifestations.
Un médium est une personne du milieu – ni trop à gauche ni trop à droite – sensible à des influences non perceptibles par les fainéants et ceux qui ne sont rien.
Numériquement, un ectoplasme vaut 150 plasmes selon les manifestants et 10 plasmes selon ceux qui le dispersent.
Depuis le 14 mai 2017 nous possédons un médium très très spirituel puisque c'est plus précisément lui qui nous possède au moyen d'une poudre magique dite de Perlimpinpin et de carabistouilles.
Sauf exception ses séances de spiritisme ont lieu chaque mercredi.
En état de transe il est capable de faire tourner les tables, un phénomène appelé « remaniement ectoplasministériel ».

Les physiciens spécialisés en manifestations ont pu isoler deux substances accompagnées d'une odeur d'ozone : une substance liquide dite canon à eau et une substance gazeuse dite lacrymogène.
L'ozone troposphérique ou ''mauvais ozone'' ou « ozone du peuple » est engendré par la pollution et doit être combattu à coups de ministres de la Transition éctologique et solitaire.
Les perturbateurs sont dits endoctriniens quand ils sont endoctrinés par les réfractaires au médium ; on les distingue à leurs cris stridents parmi lesquels « bachi-bouzouk », « moule à gaufre » voire « ectoplasme » lui-même.
En dernier recours l'ectoplasme se soigne au cataplasme, remède qu'on applique à chaud ou à froid sur la peau au moyen d'une matraque télescopique et thérapeutique.
Les ectoplasmes d'été s'appellent des mycoplasmes reconnaissables à leur bâton glacé bourré de bactéries ; les mycoplasmes se reproduisent en dehors des cellules avant d'y être conduits au moyen des agents susdits.

De 2007 à 2012, les ectoplasmes portaient le nom de sarcoplasmes en référence au petit médium de l'époque.
Les protoplasmes sont des prototypes d'ectoplasme développés in petto par des médiums insoumis qui rêvent d'être médiums à la place du médium.
Le médium se tient sur un socle dit « socle électoral », soutenu par des cadres et calé au moyen de béquilles dites « bénéfices du doute » ; tout le jeu consiste à faire chanceler – et non pas Chancelier – le médium.

Tout le monde peut jouer...
 

3 novembre 2018

À Daguerre comme à Daguerre (Vegas sur sarthe)

 

Ce matin en quittant la place du Pont-Neuf, Monsieur Bourgeois se hâtait de rentrer au logis, serrant sous son bras le précieux colis, un daguerréotype commandé à la célèbre maison Lerebours pour célébrer les quarante ans de son épouse Mathilde Bourgeois née Trottefort.
Mathilde s'était prêtée deux semaines plus tôt – fastidieuse séance de pose dont elle était revenue fourbue – au rituel que nécessitait ce nouveau procédé photographique dont le Tout-Paris daguerréophobe raffolait.
Monsieur Bourgeois y voyait là le moyen de moderniser la galerie des affreux tableaux de famille et d'offrir à ses hôtes la preuve irréfutable de son ascension sociale et de son éclatante modernité.

Comme chaque quinzaine Madame était partie visiter sa mère en province et Monsieur Bourgeois trépignait à l'idée de découvrir le résultat avant de l'offrir à Mathilde à son retour.
Il ne fut pas déçu du voyage en découvrant avec ahurissement sa Mathilde sous un jour nouveau.
Il fut d'abord tenté d'essuyer le verre avec ses doigts afin de chasser cette image cauchemardesque mais un daguerréotype nécessite d'être manipulé avec d'infinies précautions.
Assurément, un employé de Lerebours avait commis une boulette en préparant le paquet.

La scène n'avait rien à envier aux sulfureuses bacchanales de Titien et Monsieur Bourgeois put s'émerveiller de la netteté du cliché quand on sait que les sujets avaient dû garder la pose dans des attitudes pour le moins scabreuses pour les uns et et acrobatiques pour d'autres.
Bien évidemment il reconnut sa Mathilde cramponnée au photographe lui-même entrepris par la veuve Campion, leur voisine du 3ème étage !
A leurs côtés s'exhibaient deux monstres difformes dont il était impossible de dénombrer les paires de bras et de jambes si tant est qu'il y eut des paires complètes...
Pour le reste, bien des protagonistes étaient masqués et il eut fallu les connaître plus intimement pour parvenir à les identifier aux seuls indices apparents qu'étaient les croupes rebondies ou les toisons hirsutes.
Il crut malgré tout reconnaître le sacristain de l'église Saint-Roch à sa panse rebondie et à sa moustache de brigadier qu'il avait tout d'abord confondue avec une toison pubienne.
Le décor fait de rideaux drapés et le mobilier luxueux faisaient pâle figure comparés à la brillance argentée des corps enchevêtrés qui soudain s'animèrent !

Dans les mains de Monsieur Bourgeois la plaque sous verre insérée dans son écrin décoré d'angelots potelés s'était mise à trembler, donnant vie à cette scène effarante à laquelle il lui semblait qu'il participait malgré lui!
Monsieur Bourgeois poussa un râle, cherchant désespérément ce chignon revêche et cette bouche pincée qui caractérisaient Mathilde mais il n'y vit qu'extase, pâmoison et aussi le gros « petit-oiseau-qui-va-sortir » de Lerebours, cet attribut qu'affectionnent tant les photographes et qu'ils promettent à leur sujet à l'instant de presser le bouton magique...

Un fracas se fit entendre dans la galerie des tableaux de famille où l'un d'entre eux – chargé de courroux et de regards accusateurs – venait de se décrocher en signe de protestation.
Monsieur Bourgeois en échappa la plaque sous verre qui se brisa en deux sur le parquet ; le corps décapité, Mathilde gardait encore cet air béat qu'ont tous ceux qui se font tirer le portrait pour la toute première fois.
Il n'empêche que ce Lerebours forçait l'admiration par une précision dans la restitution des détails qui révélait jusqu'au minuscule tatouage sur la fesse droite de la veuve Campion du 3ème étage... un détail dont Monsieur Bourgeois n'avait pas souvenir et qu'il se faisait fort d'examiner à la prochaine occasion.
Sans doute ignorait-il que le procédé inventé par Daguerre inversait l'image et que c'était la fesse gauche de la Campion qui se trouvait tatouée.
Monsieur Bourgeois poussa un soupir de soulagement : le daguerréotype – merveille de technologie – avait la singularité d'être unique et de ne pouvoir être reproduit ou dupliqué d'aucune manière... ainsi personne ne verrait jamais ce qu'il venait de voir, du moins l'espérait-il.

Ayant réduit en miettes l'objet du scandale avec la pointe de sa canne, Monsieur Bourgeois quitta son appartement, évitant au passage le tableau de famille déconfit et prit la direction du 3ème étage... on allait voir ce qu'on allait voir et – jamais en peine d'un bon mot – il songea « à Daguerre comme à Daguerre ».

 

27 octobre 2018

Un biloute nommé Quinquin (Vegas sur sarthe)

 

Le Ch'timi a pour origine la langue d'oil ou langue d'huile de betterave.

C'est une langue locale qui se chante en sol mineur comme eun tiotte berceuse dans laquelle un biloute nommé Quinquin assimilé à un petit poussin ou un gros raisin se voit proposer un deal : soit dormir et avoir du pain d'épices, du sucre à gogo, une brioche et du sirop qui dégoulinera sur son minton... ou ne pas dormir et se faire flageller au martinet par un âne sado-maso!

Avec de telles paroles on comprend pourquoi les soldats nordistes qui la chantaient en partance pour la guerre franco-prussienne de 1870 soient revenus en courant.

 

20 octobre 2018

Curriculum d'enfer (Vegas sur sarthe)

 

Bachi Bouzouk dite B.B.
Mercenaire blonde à forte poitrine.
Armement frontal non standardisé mais arrière callipyge plutôt cavalier
Indisciplinée, tendances hussardes XVIIème siècle.
Exerce en alternance à L'Ottomane, au Tonnerre de Brest et au Tchouk-Tchouk Nougat.
Toutes exactions : Poursuite, infiltration, occupation du terrain,  reconnaissance
Pratique l'ectoplasme à roulette, le moule à gaufre, le trombone à coulisse et la perruche bavarde.
Numéro en nu intégral sur réservation le vendredi soir

 

13 octobre 2018

Paradise Hôtel (Vegas sur sarthe)

 

Je suis arrivée un vendredi, je m'en souviens vu qu'il y avait du steak de thon créé de la veille, c'est à dire le 4ième jour.
Difficile de faire plus frais, même chez Lideule!
LUI, semblait accaparé par tous ses nouveaux gadgets, ses oiseaux, ses reptiles, tout ce bétail qui piétinait, nageait, rampait... alors je l'ai laissé jouer sans rien dire d'autant qu'IL ne m'avait pas encore calculée.
Quand je l'ai entendu déclamer :”Soyez féconds, croissez et multipliez-vous sur la terre”, j'ai senti que j'allais compter pour du beurre dans cette jungle.
Alors je me suis recrêpé le chignon et je me suis éclairci la gorge avec des “Hum” pour lui faire lever la tête.
Je ne sais pas si vous avez déjà fait lever la tête à un Tout-Puissant mais ça fait vachement bizarre la première fois... et c'était forcément notre première fois à tous les deux.
A l'époque y'avait que des premières fois.

T'es qui toi?” a t-IL dit, surpris pour la première fois.
Moi qui pensais qu'IL savait tout, je suis tombée de haut c'est à dire de la hauteur du pommier où j'étais juchée... enfin, pommier, figuier, grenadier, on n'en sait foutre rien - aujourd'hui encore personne ne sait vraiment ce qu'IL avait planté en premier comme arbre - toujours est-il que je me suis écrasée à ses pieds comme une poire blette.

Pour la seconde fois... Qui es-tu? Je ne me souviens pas avoir encore créé un bipède de ton espèce” a t-IL insisté.
Je m'appelle Eva et je suis mannequin” ai-je dit sans réfléchir - je me demandais d'où je sortais ça mais je kiffais bien - et j'ajoutai “j'vois pas d'bipède ici!”

IL s'est alors mis à vocaliser “Eva lève-toi et danse avec la vie... L´écho de ta voix est venu jusqu´à moi” avec un drôle de disque d'or au dessus de la tête.
J'aurais pu inventer des trucs, dire que je m'appelais Herzigova ou Dvorakova, que j'étais tchèque ou estonienne mais IL avait l'air de s'en foutre royalement.
IL ne devait pas avoir l'habitude qu'on lui parle comme ça... d'ailleurs IL ne devait pas avoir l'habitude qu'on lui parle du tout à part ces meuglements, ces barrissements et ces piaillements qui faisaient un bordel du diable.

Le Diable! “ s'écria t-IL “tu es le Diable, c'est ça, hein?”

Je m'étais remise sur mes jambes que je trouvais fort belles et Dieu sait de quelle manière je cambrais les reins, bref j'ai minaudé :”Eva ou le Diable, quelle importance? J'ai gagné un weekande à l'hôtel Paradis dans un concours Wonderbra et j'aimerais qu'on me montre ma suite”.
IL s'est raclé la gorge d'un air ennuyé mais son “Hum” était si céleste que tous les meuglements, les barrissements et les piaillements ont cessé, ça c'est sûr.
Alors il y a eu ce phénomène qu'IL a décidé d'appeler le silence.

Ta suite? Mais la suite justement, c'est moi qui m'en occupe” dit-IL en compulsant ses tablettes-de-la-Genèse-1.0 “je confirme que tu arrives trop tôt, tu es prévue... voyons ça... pour demain ainsi qu'un certain... Adam ou Adamo... je ne sais pas encore”.
Je n'attendais rien car je n'aimais pas attendre et en plus j'allais partager mon séjour avec cet Adam que je ne connaissais ni de moi ni de lui!
IL a ajouté :”Il y a sur ma tablette une recette de Top Chef à base d'argile, de terre glaise et d'eau qui est programmée pour vous deux, demain et pas avant... alors si tu veux bien ne pas mettre le souk dans ma Genèse en respectant le timing”.
Je ne connaissais pas ce Taï Ming, alors j'ai minaudé :”Demain j'pourrai pas, j'ai une invitation à un défilé pour Lacroix et Labannière alors j'reviendrai après demain”.

Nom de Dieu!!” se surprit-IL à crier “certainement pas, après demain c'est le jour du Seigneur, c'est MON jour et je veux qu'on me foute la paix!”
Vous entendez ça, vous autres?” ai-je dit à mes roberts, préférant m'adresser à mes seins qu'au Bon Dieu.
Je t'ai reconnu” a t-IL rugi en me désignant du doigt comme si on était plusieurs “tu es le Diable en personne!”
J'ai voulu faire de l'esprit en lui disant que le diable s'habillait en Prada alors que je n'étais qu'en costume d'Eva mais IL n'a pas compris... en tout cas ça ne l'a pas fait rire.
Je me demande s'IL n'avait pas oublié de créer l'humour, en tout cas je craignais le pire d'un Adam sorti de la glaise ou de Dieu sait quelle tambouille.
J'ai tenté une manoeuvre un peu lèche-cul :”Pour Adam, ça serait sympa de ta part qu'il s'appelle autrement, qu'il ait les yeux bleu et des muscles comme Sylvester Stallone”
D'un air suffisant IL a répondu :”N'aie crainte Eva, il sera fort, vivra très vieux et te donnera plein d'enfants... comme... Caïn, Abel, Seth, huit, dix, enfin plein de bipèdes que tu enfanteras dans la douleur et tu...”
Je n'écoutais plus. Appeler mon fils Caïn! Pourquoi pas Caha ?
Je n'espérais qu'une chose, que ses tablettes-de-la-Genèse tombent en rade mais d'un autre côté si elles avaient pu lui souffler l'idée de la péridurale, j'en aurais été rassurée.
IL a continué à vocaliser avec ce ridicule disque d'or au dessus de la tête “Regarde-moi... Ta vie est en moi... Le temps s´efface”
J'ai tourné les talons - des loups-bouquetins tous neufs, mi-canidé mi-chèvre mi-cougar - en jurant de revenir dimanche, jour du Seigneur ou pas il fallait que j'voye à quoi ressemblait celui qui allait m'faire des moutards, bon Dieu!!

Je l'ai entendu bougonner au loin: ”J'entends des voix maintenant... c'est qui cette Juliette Piétri?”
La cacophonie des meuglements, des barrissements, des piaillements et de plein d'autres trucs en ment avait repris.
C'était vraiment une belle arnaque leur hôtel Paradis!

 

6 octobre 2018

Les zakouski pour les Nuls (Vegas sur sarthe)


Ce sont des petits mets variés, petits mais variés, aigres et salés et parfois avariés mais toujours petits et d'origine russe ou arménienne ou polonaise ou douteuse.
Le mot zakouski vient du verbe zakousit qui veut dire « croquer quelque chose, un bout de pain ou du lard ou les deux après avoir bu quelque chose, de l’alcool, de la vodka, du vermout, de l'eau de vie et puis c'est tout» c'est pourquoi on le résume par le mot zakouski.
On dit zakouski quand il y a plusieurs zakouska car on ne met jamais un 's' à zakouskas sauf ici pour montrer ce qu'il ne faut jamais faire.
Si on demande des zakouskas on aura un amuse-gueule c'est à dire pas grand chose ; par contre on peut mettre un 's' à zakouskis sans pour autant avoir plus de zakouski sans 's' qui est déjà le pluriel de zakouska.

Plus facile à manger qu'à écrire le zakouska est servi sur canapé ou banquette ou sofa ou divan mais jamais dans la même pièce que celle du repas principal puisque ce sont des hors-d'oeuvre.
On peut aussi le présenter sur un buffet mais à hauteur d'homme et de femme.
En cas d'excès de vodka il peut être servi sur pain noir beurré.
Vieux croûtons, patates, oies blanches, cornichons aigre-doux, tout le monde peut en manger.

A venir : Les zakouphènes pour les Nuls (et les sourds)

29 septembre 2018

Le yoga pour les Nuls (Vegas sur sarthe)


Le yoga est un sport ennuyeux comme les échecs et le macramé.
Réservé aux femmes, aux retraités nantis, aux zinzins et à Madonna, le yoga ne muscle pas et surtout ne fait pas mincir.
Il se décline en 60 positions animalières comme le kama-sutra mais en solo, parmi lesquelles : le chien museau face au ciel, l'aigle bec face au sol, la sauterelle face à rien, le pigeon, la vache qui rit, la cigogne, la tortue à l'envers, le héron à l'endroit et quelques autres animaux que Noé embarqua sur son arche. (Voir Navasana, posture du bateau)
Pour chaque position, trois éléments sont essentiels : un tapis et deux poumons ; en effet il faut savoir respirer c'est à dire inspirer puis expirer et ce à tour de rôle. On peut aussi aspirer le tapis.
Une séance de yoga se termine toujours par une phase de relaxation qui permet d'ouvrir ses chakras et son porte-feuille, elle est facturée au même tarif que la séance elle-même.
La relaxation permet de prendre conscience que son propre corps existe ainsi que son compte en banque.
On peut dire que le yoga est un sport ennuyeux et onéreux.
Lors du paiement, la formule de politesse « Namasté » signifie « Je te remercie. Reviens la semaine prochaine »
Le yoga apprend le geste minimum nécessaire pour extirper sa carte bleue de son étui : c'est Virasana, la posture du héros (agenouillé en retenant ses larmes)
La version du yoga pour les enfants s'appelle goya (demander Chantal à l'accueil) et est tout aussi ennuyeuse que la version adulte, aussi épargnerons-nous sa description à nos chères petites têtes blondes.

A suivre : Le prélèvement à la source pour les Nuls

22 septembre 2018

Athéna et Grosminet (Vegas sur sarthe)


Pour la deuxième fois j'ai eu un mal de chien à l'emballer, la première fois c'était au café des Sports auprès d'un jukebox qui braillait du Mike Brant « Laisse moi t'aimer, gna gna gna»... et maintenant dans la cuisine:
Faut dire qu'il m'a fallu huit rouleaux de film alimentaire pour en faire le tour mais c'est surtout quand je lui ai fermé la bouche que j'ai pu conclure dans le calme.
Je n'ai pas l'habitude de faire ça et si je n'avais pas vu faire ce saucissonnage au cinéma je crois que j'aurais laissé tomber l'affaire.
Elle avait tellement insisté que je ne pouvais lui refuser ce qui semblait être un plaisir pour elle ou alors je n'avais rien compris à son désir.
Pour ma part – camouflage peluche noire et blanche avec masque de Grosminet – c'était un supplice que de dérouler 150 mètres de film étirable sur ma callipyge compagne d'un soir.
J'avais fini par la caler entre le frigo et la cuisinière afin qu'elle reste bien debout le temps que j'aille démarrer la deux chevaux... manquait plus qu'elle se pète le nez !
J'étais à la bourre – enfin, ça n'est pas ce que vous croyez – disons que je n'étais pas en avance.
Ils avaient dit que la soirée costumée commencerait à 21 heures précises et qu'il y aurait un gage pour les couples retardataires.
J'imaginais déjà un ou deux gages qui auraient ruiné mes espoirs de conquête, vu qu'on ne se connaissait que de la veille avec Germaine.

Quelle drôle d'idée que cette Athéna Debout ! J'avais bien entendu parler des Debout à l'époque de Bécassine et de Pandi Panda mais pas de cette Athena archaïque aux bras collés le long du corps comme une statue de bois... bref, j'avais accédé à sa requête et dévalisé la droguerie du coin.
Il me restait à caser mon xoanon à l'arrière de la deudeuche et filer à la salle des fêtes de Chaloux-Moulineux où se tenait le Concours de déguisements.
J'ai cru déceler un clin d'oeil chez Germaine quand je l'ai gerbée sur la banquette arrière... il faut dire que seuls ses yeux pouvaient bouger ; j'avais fait du bon boulot.
La deudeuche râlait et Germaine ronronnait, ou le contraire, pas facile de distinguer les deux grognements. Ma vieille bécane couinait souvent dans les virages aussi ne m'inquiétai-je qu'en arrivant au moment du déballage.
Germaine avait pris ce teint cireux qu'ont les pharaonnes dans leur sarcophage après quelques siècles d'enfermement...


Les gars du samu n'avaient jamais vu ça et on a commencé par les ranimer ! Finalement on a fait appel aux gars du département des Antiquités grecques du Louvre pour récupérer Germaine et la ramener à la vie, sinon c'était le camion de désincarcération des pompiers mais en beaucoup plus cher !
Deux cent couples subjugués et mal assortis – des Elvis, des Marylin, des Captain America et des Winnie l'Ourson – suivaient cet étrange strip-tease pendant que l'orchestre jouait , je vous le donne en mille du Mike Brant «Tout donné, tout repris»... c'était surréaliste, avec ce xoanon d'un quintal gesticulant et m'insultant sur des paroles affligeantes « Et me voilà comme en prison, je vais, je viens, je tourne en rond ».
Qui a écrit ce truc ? Monsieur Brant ?
L'aurait mieux fait de se lancer dans le parachutisme ou l'électroménager.

On a eu le premier prix, l'oeuvre intégrale des 47 titres officiels de Monsieur Brant et les félicitations du jury.
Germaine s'était calmée mais je mettrais ma main à couper que vingt ans plus tard, elle m'en veut encore.

15 septembre 2018

Speed dating alambiqué (Vegas sur sarthe)


Quand j'ai invité Germaine dans ma garçonnière j'ai voulu l'épater en lui offrant mon meilleur viski.
« Tu veux un viski ?» ai-je demandé en ouverture car cette ouverture je la sentais bien.
Le nez sur son verre Germaine sentait tout autre chose :« C'est chelou, ça sent la punaise écrasée »
Je n'étais pas du tout d'accord avec elle car j'avais souvent écrasé des punaises sous mes charentaises sans que ça sente le whisky mais dans le cadre d'une ouverture il faut toujours faire semblant d'être d'accord.
« Tu peux juste t'humecter les lèvres... n'en prendre qu'un doigt » ai-je dit pour la rassurer même si en ouverture il ne faut jamais proposer un doigt, enfin pas tout de suite.
Elle s'humecta comme je l'ai dit, tira la langue et conclut : »Avec quoi y fabriquent ce machin si infect à avaler et qui sent la punaise écrabouillée ?»
J'expliquai qu'on le faisait avec des céréales, blé, maïs, orge, qu'il y en avait de bien pires car ce Glenfiddich était le meilleur viski que j'aie jamais bu, un viski qui vous fait parler écossais après trois verres.
Loin de moi l'idée de lui en faire boire trois verres bien que j'aurais aimé la voir un peu déchirée pour favoriser l'ouverture.
« Trois verres ! » s'écria t-elle « et pourquoi pas la bouteille » puis elle fronça les sourcils : »Si tu parles vraiment l'écossais alors comment tu dis viski en écossais ?»
Je rusai : »Je n'en ai jamais bu trois verres d'affilée alors je ne le parle pas mais ce que je sais c'est qu'on dit Scotch viski en écossais»
« Tu veux dire Scotch comme celui qui colle ? » s'esclaffa Germaine en reprenant une gorgée.
« Non, pas celui qui colle mais celui qui déchire » ai-je répondu en voulant faire de l'esprit.
«Tout ça m'a l'air bien compliqué » grommela Germaine.
« Pas compliqué mais alambiqué » ajoutai-je toujours pour faire de l'esprit.
Germaine fronça à nouveau les sourcils qu'elle avait déjà bien froncés : »Pourquoi alambiqué ? »
L'affaire se compliquait : »Alambiqué... Alambic... Distillation » développai-je.
Dans les brumes d'alcool Germaine avait repris une lampée de scotch en faisant claquer sa langue. Je commençais à aimer ce moment d'ouverture.
Pourquoi en ai-je remis une couche sur l'alambic ? « Sais-tu Germaine que la cuve d'un alambic doit se culotter pendant dix ans et qu'elle peut servir trente ans ? »
Le feu aux  joues Germaine terminait bravement son verre cul sec : »A propos est-ce vrai ce qu'on dit... que les écossais ne portent pas de culotte sous leur kilt ? »
J'hésitais entre bafouiller et temporiser. Je lui servis un second verre en disant : »C'est une question qui intrigue d'abord les femmes ; certaines fantasment jusqu'à imaginer voir surgir le monstre du Loch Ness »
Lui avais-je cloué le bec ou était-ce l'effet de l'alcool ?
Germaine descendait le second verre à petites lampées bruyantes; à quoi bon lui parler de malt, de tourbe et de brassage.
J'abordai quand même le chapitre de l'évaporation lors du vieillissement en fût, ce qu'on appelle poétiquement la part des anges.
Germaine trouvait l'expression adorable et buvait mes paroles à défaut de viski dans son verre vide.
Je n'eus pas le loisir de l'entendre parler écossais car avant le troisième verre nous avons basculé sur le canapé pour nous déguster mutuellement.
Les puristes vous diront que briser la glace endort les papilles; pour nous deux ça ne fut pas le cas, si le premier nez fut hésitant l'attaque en bouche fut franche et l'alchimie des plus savoureuses.

8 septembre 2018

P'tite balade (Vegas sur sarthe)


« Tu f'rais pas une p'tite balade, minou ? »
Pour une fois que Germaine me propose une sortie digestive, je file illico au placard à chaussures et reviens équipé de mes Adidas Ultraboost.
« N'importe quoi! Celles-ci c'est pour la rando... dis pas qu't'as rien d'autre à t'mettre»
Retour au placard où j'échange mes Adidas pour des Scott Backcountry, mon dernier cadeau d'anniversaire.
« Tu l'fais exprès ? Ça c'est celles que tu mets pour les excursions»
« Ah ? Parce qu'on a déjà fait une excursion ? »
« Oui Môssieur, même deux... à Vierzon puis Vesoul, je voulais voir ta mère et on a vu ta sœur, comme toujours! Trouve autre chose»
Du coup je me sens comme une brêle ; retour au placard où j'abandonne mes Scott spéciales excursion chez ma soeur pour enfiler mes vieilles Asics, cadeau de fête des pères alors que je n'ai pas d'enfants.
« On va pas en promenade mon vieux, juste une petite balade si tu arrives à te chausser convenablement ! »
Pour le convenablement , prière de voir dans ce foutu placard : je plonge dans les cinquante huit paires de chaussures de Germaine pour retrouver mes mocassins à glands dénichés sur le Bon Coin, cadeau de moi-même à  moi-même.
« Tu veux vraiment m'faire honte ! On n'est pas en sortie, on dirait que t'as rien à t'mettre ! »
Quatrième retour au placard où j'écarte les rangers de randonnée, préférant les sandales nubuck et nylon – 25 euros chez H&M, la troisième chaussure offerte – dernière démarque des dernières soldes et dernière possibilité de me chausser à part mes charentaises !
« T'as vraiment décidé d'm'énerver. Dis-le si tu veux pas sortir ! »
« Quoi ? C'est pas fait pour les petites balades, ça ? »
« Non Môssieur ! Ca c'est pour les virées »
Je tente de ruser mais ça ne marchera jamais.
« Et tu préfères pas plutôt faire une petite virée ? »
« Non ! J'avais envie d'une balade mais je sais c'que tu penses de mes envies... »
Je m'inspirerais bien de ce qu'elle a mis à ses pieds mais elle est encore en mules de pilou-pilou, mon cadeau de fête des mères alors qu'elle n'a pas d'enfants.
Pour la dernière fois, je retourne au placard et reviens en charentaises, cadeau gagné à un concours de sudoku.
Pas besoin d'explications, j'espère que le message est clair.
De toute manière ça va être l'heure de ses Feux de l'amour et le canapé lui tend les bras...

1 septembre 2018

Délice des îles (Vegas sur sarthe)


Quand j'ai rencontré Germaine, elle jouait du ukulélé dans la batterie fanfare de Chalou Moulineux, autant dire qu'on l'entendait peu mais c'est son port de tête et sa choucroute à la Bardot qui avaient retenu mon attention, plus que sa guitarounette à quatre cordes.
La sienne était un soprano de quatorze pouces avec des cordes en boyaux de mouton mais c'est sa taille de guêpe et son mollet ferme qui m'avaient séduit avant tout ; elle aurait joué du fifre ou de la grosse caisse que j'en aurais été tout autant épris.
On s'est tout de suite accordés... en do sixième – sol, do, mi, la – l'accordage standard du ukulélé hawaiien alors que je n'avais jamais su jouer que « Les portes du pénitencier » sur mon harmonica.
Je jouais comme un manche et un autre monde s'offrait à moi ; j'avais du mal à imaginer en l'écoutant jouer « Singing in the rain » le soir dans le lit conjugal que Jimi Hendrix et Neil Young avaient commencé comme ça !
Je dormais dans le lit d'une pop star... du moins l'ai-je cru au début.

Car les années ont passé, le ioukoulélé s'est endormi au placard et moi aussi. Germaine avait troqué sa choucroute Bardot contre un balayage tendance et s'était abonnée aux Feux de l'amour sur TF1 et sur canapé...   
La routine avait eu raison de la magie hawaiienne tout comme les éclairs au chocolat de la taille de guêpe de Germaine.

Je fais des efforts et « Over the rainbow » tourne en boucle sur la platine – Israel Kamakawiwo'ole, imprononçable et inoubliable –  mais Germaine attend Adam et Chelsea qui devraient refaire l'amour dans l'épisode 7517 à moins que ça ne soit Hilary et Devon... et nous deux dans tout ça?
J'avais inscrit Germaine a un cours de danse hawaiienne dont l'intitulé m'avait séduit : Le hula, Délice des îles ou comment bien maigrir mais elle m'a jeté le dépliant au visage... j'avais dû mal choisir mon horaire, mais je ne m'avoue pas vaincu pour autant.

25 août 2018

L'arc-en-ciel pour les Nuls (Vegas sur sarthe)

 

Un arc-en-ciel est une illusion d'optique formée de trois mots reliés par des traits d'union et de sept couleurs qui forment un arc dans le ciel d'où son nom.

Pour l'observer on a besoin à la fois de pluie et de soleil et donc d'un parapluie, d'un parasol et de deux yeux au minimum.

On dit qu'un arc-en-ciel est beau mais au bout d'un quart d'heure d'observation tout le monde s'en fout comme c'est le cas pour toutes les choses qui durent trop longtemps c'est pourquoi il ne dure jamais longtemps.

Aristote n'y voyait que 3 couleurs quand plus tard Plutarque en voyait quatre alors que Newton qui en voyait six en a rajouté une septième - l'indigo - pour faire le malin et pour correspondre aux sept notes de la gamme.

Plus tard ces sept notes permettront de créer la chanson mythique Over the rainbow et ses paroles inquiétantes comme « Quelque part au-delà de l'arc-en-ciel Là où les soucis fondent comme des sorbets citron volent des merles bleus » (Fin de la fumette)

 

L'arc-en-ciel en noir et blanc n'existe pas sauf pour les observateurs atteints d'achromatopsie.

L'ordre des sept couleurs se retient grâce à un moyen mnémotechnique comme celui-ci : Regardes Obélix. J'ai vu bataille ici. Va, soit Rouge Orange Jaune Vert Bleu Indigo Violet.

A noter que cela fonctionne bien avec Obélix mais pas avec Asterix.

 

Pour observer un arc-en-ciel de nuit à la lumière de la lune on a besoin à la fois de pluie et de lune et donc d'un parapluie, d'un paralune et de deux yeux au minimum. Les anglais l'appellent « moonbow » car ils ne savent rien faire comme tout le monde.

On peut créer soi-même son arc-en-ciel en arrosant son jardin ; pour cela il faut se munir d'un jardin, d'un arrosoir, se tenir le dos au soleil en arrosant en pluie fine ; on peut aussi arroser n'importe quoi ou n'importe qui.

Quand l'arrosoir est vide, on le plaint car l'arc-en-ciel se termine et cette chronique aussi.

 

 

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