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Le défi du samedi
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17 mars 2012

Matricaire discoïde (Tilleul)

 

En été, l’entretien du jardin prend la plupart de mon temps. L’an dernier, alors que le soleil brille après quelques jours de pluie, un sarclage est nécessaire. Chaussée de bottes, tenant en main l’outil adéquat, je me penche et… tout d’un coup, une odeur particulière me transporte cinquante ans en arrière...

Je me revois assise sur le seuil en pierre bleue de la maison de mon petit voisin avec qui je partage tous mes jeux. Il fait beau, la pierre est chaude, je suis bien. Dans le verger, les linges mis à sécher sur le fil dansent au vent léger. La barrière fermée du jardin potager interdit aux poules en liberté d’y entrer mais ne nous empêche pas d’aller de temps en temps croquer une jeune carotte ou une feuille d’oseille… Papa est sans doute parti en forêt, maman est peut-être derrière sa machine à coudre, occupée à nous confectionner une jolie  robe ? Mon souvenir reste vague, seule une impression d’immense bien-être, de jours heureux,  a marqué ma mémoire…

Dans la terre battue du sentier piétiné, poussent quelques mauvaises herbes, des petites boules jaunes que l’on cueille tantôt pour simplement les écraser entre nos doigts, tantôt les  déposer dans une assiette de dînette pour le repas d’une poupée…

 

Chaussée de bottes, tenant en main l’outil adéquat, je me penche et… je n’ai pas arraché cette plante qui me rappelle de si bons souvenirs…

 

« L’odeur et la saveur restent encore longtemps, comme des âmes, à se rappeler, à attendre, à espérer… à porter sans fléchir… l’édifice immense du souvenir » (M.Proust)

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17 mars 2012

Alain Proust (Vegas sur sarthe)


A la madeleine de Proust j'ajoute la biscotte de Zaza Napoli, le biscuit du soldat Ryan, la mouillette de Caliméro, le crouton du Petit Poucet... ilot sucré immergeant d'un océan de café ou d'une mer chocolatée et qui déclenche un tsunami dans mes souvenirs enfouis.
 
A la madeleine de Proust j'opposerai le petit Lu du petit Lulu, le quignon d'Oliver Twist, la tartine au Maroilles du ch'ti carillonneur, la corne de gazelle d'Ali Baba... comme autant de vaisseaux chargés beurre-confiture dont le splash intempestif me plonge brutalement dans une rêverie aux accents souvent doux parfois amers.

Cette fois j'ai huit ans, un pantalon tout neuf et de vraies vacances avec un soleil radieux, une nouvelle canne à pêche, un canal coupé d'écluses rugissantes, des péniches que je salue gaiement et petite Marie aux cheveux d'or qui me sourit... 

"T'as pas bientôt fini d'rêvasser sur ton bol?
 T'attends p't'être que j'débarrasse et que j'fasse ta vaisselle?
Et l'beurre, y'en a trop que Môssieur en fait profiter les mouches?"

D'un revers de main la marâtre en tablier fleuri a balayé sa toile cirée fleurie de la table de sa cuisine fleurie et mon beau souvenir avec.
Je ne lui dirai rien sur cet instant magique et éphémère ni sur un certain Proust qui n'évoquerait rien pour elle sinon un vague champion automobile...
17 mars 2012

Madeleine de Proust (EVP)

 

-         Dites-voir m’ame Chaignoux vous la connaissez vous, Madeleine de Proust ?

-         Ben qui c’est donc, celle-là ?

-         Ben ch’ais pas justement. C’est chez ma patronne Madame de Pombrian qu’y z’en causaient l’aut’jour quand y f’saient leur bridge avec les DeLa Breille.C’est quand j’ai amené ma charlotte au chocolat que Madame elle a dit : «  Ah ! Ma Madeleine de Proust » J’comprenais rien vu que m’appelle Odette Moulard !

-         Ben, c’est-y qu’elle a déjà l’Al Zimmer la mère Pombrian ?

-         J’ai laissé la porte de la cuisine ouverte pour entendre. Et qu’ça papotait, qu’ça causait comme quoi qu’y z’avaient été du côté d’un Soanne, à l’ombre pour jouer avec des quilles, en pleurs chezla Duchessede Guermantes et pis qu’y avait une Albertine qui avait disparu ou qu’était prisonnière et même que c’était pire que Sodome et Gomorrhe !

-         Ben, nom d’un chien ! En v’là t’y pas des affaires. Ces gens de la haute c’est vraiment d’la racaille comme les autres.

-         Ah ! Et pis y’avait leur tata Léonie avecla Madeleine, mais celle-là ch’ais pas si qu’elle a disparu aussi. Et que tout ça, c’était bien du temps perdu.

-         C’est ben encore des histoires de ceusses qu’on rien à foutre ! Tiens, moi, j’vais retrouver un peu d’temps pour aller faire mon fricot. Et au fait M’ame Moulard, toujours aussi bonne votre charlotte ?

-         Ben comme d’hab’ m’ame Chaignoux, vu qu’y ont encore léché les assiettes !!

17 mars 2012

"Et vous, quelle est votre Madeleine ?" (Pivoine)

J’ai d’abord pensé que nous avons plusieurs madeleines. Parce que nous avons plusieurs périodes dans notre vie. Surtout, nous avons des madeleines de différentes sortes. Puis, je me suis dit que ce n’était pas tant la madeleine qui est intéressante que ce qu’elle recouvre. Comme chacun sait, elle est intimement associée au processus de mémoire involontaire.

Et de ça, je peux parler. Je dirais même que de ça, j’ai envie de parler.

 J’ai une bonne mémoire « affective ». Selon les époques, je peux replonger totalement dans un climat, dans une atmosphère, j’ai des flashes aussi, des tableaux qui se sont fixés instantanément dans ma mémoire. Et c’est vrai que parfois, un élément, de type « madeleine », y est associé : une musique, une odeur, le goût d’un aliment. C’est vrai que si j’écoute « Mouldy Old Dough », je revis les soirées dansantes du lycée, les ribambelles de filles et de garçons et l’année 1973.

C’est vrai qu’un jour, au musée du tram, à Bruxelles, j’ai profondément aspiré l’odeur d’un morceau d’anthracite. C’est vrai que ça m’a rappelé les trains et les gares de mes vacances, en Ardenne, que ce soit au bord de l’Ourthe ou sur la route de l’Amblève.

C’est vrai aussi que je garde, dans un placard de ma cuisine, le saladier dans lequel, à la maison, nous faisions les pâtes à quatre-quarts, gaufres ou « bodding », et que je meurs d’envie en ce moment de faire des gaufres, rien que pour retrouver l’atmosphère de la maison… Voire de me faire ce vrai « bodding » bruxellois, épaisse maçonnerie de pain humecté pressé, additionné d’œufs, de raisins ou de pommes et de rhum et cuit au four. Oh ! Ca, ça serait le bonheur !

Ceci est bien la preuve qu’il n’y a pas une, mais des madeleines. Prétendre que le morceau « Mouldy Old Dough » me rappelle « tout » le Lycée, « ville et jardins », serait exagéré, il y a eu tant d’autres morceaux de musique !  A contrario, prétendre que cette chanson me rappelle mes examens de passage en math ou en physique-chimie, serait mentir. La mémoire est sélective et je n’ai pas envie de me souvenir de tout, même si Proust, lui, se souvenait de tout. Peut-être se souvient-il de tout, dans « Du côté de chez Swann », mais peut-être ne parle-t-il pas non plus de certains aspects d’Illiers-Combray.

Et puis, je vais devoir m’arrêter là dans ma réflexion sur la madeleine proustienne et le mécanisme de mémoire involontaire. Mais c’est une thématique qui me plaît. Je dirais même qu’elle est au cœur de mon présent, puisque –succombant à une très vieille envie- je suis un atelier de récit de vie et donc, reste sensible aux multiples petits incitants à la mémoire …

17 mars 2012

Des souvenirs à digérer (Poupoune)

Sans me vanter, je fais des madeleines qui sont une vraie tuerie. Non, vraiment, je pourrais tuer pour en manger. Croyez-moi. Je n’en ai jamais goûté d’aussi bonnes et pour dire les choses comme elles sont : aucune des nombreuses aïeules que j’ai eu la chance de connaître assez longtemps pour apprécier, entre autre, leur cuisine, n’a jamais fait de madeleines. Ou alors elles devaient être carrément médiocres, avec tout le respect que je dois à mes aînées, parce que je n’en garde aucun souvenir.
Autant dire que ma madeleine de Proust à moi n’est donc pas une madeleine. Je me mets assez souvent aux fourneaux pour que mes fameuses madeleines à tuer père et mère et le chien puissent devenir proustiennes pour ma fille (même si la concurrence de mes meilleurs cookies du monde – en toute modestie – est rude), mais pour moi, c’est clair et net, aucun souvenir d’enfance n’a le goût délicatement citronné de la madeleine.
 
Bien qu’issue d’une longue lignée de cordons plus ou moins bleus, je n’ai pas grandi avec une mamie gâteau qui me préparait des bons biscuits maison pour égayer mes goûter du mercredi. Ni avec une maman disposée à se coller deux heures par jour en cuisine pour remplacer mes boudoirs de quatre heures par une douceur dont elle aurait été seule gardienne du secret, légué sur son lit de mort par la mère de la mère de son père ou qui sais-je…
J’ai un million de souvenirs gustatifs absolument divins – disons quelques milliers – mais voilà tout le drame d’une ascendance trop douée en cuisine : point de traditionnel gigot du dimanche. Pas non plus de non moins traditionnelle dinde de Noël (à part ma sœur, mais ça compte pas, c’est juste pour faire la blague). Et pas de fameux dessert incontournable de mère-grand, dont tout le monde fait semblant de croire qu’elle fait toujours le même pour nous faire plaisir parce qu’on l’aime, alors que tout le monde sait très bien que c’est le seul qu’elle sait faire.
Non. Rien de tout ça chez moi. Point de repère gustatif récurrent, aucune chance d’associer quelque saveur que ce soit à une personne ou une habitude du passé, pas de quoi faire pleurer Marcel ou Madeleine, et encore moins moi.
 
Il y avait bien les quenelles de Mémé, les fameuses, dont je pouvais me faire éclater la panse et qu’elle faisait toujours en accompagnement de quoi que ce soit qu’elle pouvait bien faire à côté – je ne me souviens que des quenelles et, oui, elles ont bien un petit quelque chose qui nous vient du côté de chez Proust – mais hélas trois fois hélas : les quenelles ont disparu avec Mémé… à ce jour je n’en ai pas remangé qui tiennent la comparaison et soient susceptible de m’émouvoir. Et je ne suis pourtant pas difficile à émouvoir par les papilles : je peux pleurer rien que pour un plat de pâtes, pour peu qu’on m’ait fait manger des légumes aux trois repas précédents.
Il y avait aussi le biscuit roulé de Mamy. Mamy – elle ne m’en voudrait pas de le dire ici, on est entre nous – n’était pas exactement la plus fine, la plus créative ou la plus motivée des cuisinières de la lignée. Mais son biscuit roulé… ça a l’air con comme ça, mais moi, mon biscuit roulé – et quand je dis « mon », c’est bien mon seul et unique biscuit roulé, l’expérience n’ayant pas été suffisamment concluante pour être renouvelée – le mien donc, était tout plat ramollo. Le sien… hmmmm… Mais encore hélas, trois fois de plus, il a également disparu avec elle – même si sur ce coup-là, ma mère est en bonne voie pour assurer une digne relève et me titiller au niveau du palais ET de l’affect…
Et puisqu’on parle de ma mère… comment un seul de ses incroyables mets aurait-il pu, à lui tout seul, canaliser toute l’émotion que des papilles exigeantes peuvent receler ? Comment fixer sur une seule de ses merveilleuses expériences culinaires l’ensemble des souvenirs émus que tant de repas de famille n’ont pas manqué de générer à profusion ?
Des madeleines de Proust, j’en ai finalement trop, gâtée comme je l’ai été depuis ma plus tendre enfance par toutes les cuisinières généreuses, talentueuses et surtout aimantes de la famille.
 
Et pourtant.
Pourtant, je dois bien l’avouer, ce qui éveille en moi encore aujourd’hui les émotions les plus intenses et les souvenirs les plus vivaces, ce n’est pas le gratin de macaroni qui nous attendait au four les jours d’arrivée chez Mamy pour les vacances. C’est-à-dire les jours d’arrivée qui ne coïncidaient pas avec les jours de cueillette des haricots mutants de Papy (« Tant que ça pousse, faut laisser pousser. » « Mais Papy, tes haricots, on dirait des courgettes et ils ont des grains comme des pois chiches ! » « Tant que ça pousse… » - soit dit en passant, vous imaginez la taille des courgettes ? Ouais, ça fait rêver…), parce que si ça coïncidait, donc, c’était haricots verts, au lieu de gratin de macaroni, et là, c’était moins la fête. D’autant que tu pouvais nourrir une famille entière avec un seul de ses haricots, à Papy, du coup le jour où il finissait par les cueillir, tu savais que t’en boufferais pendant les trois semaines suivantes et que ton gratin de macaroni, t’avais plus qu’à y penser bien fort en attendant les prochaines vacances.
Ce ne sont bizarrement pas non plus les orgies de spaghettis bolognaises de ma mère, qui font pleurer les italiens et qui ne se savourent jamais mieux que trop vite, avec trop de fromage et quand on en mange toujours un peu trop pour ne pas en garder le souvenir sur le bide au moins deux jours. Alors imagine combien de temps dans la tête ?!!
Ce n’est pas non plus le succulent magret miel / citron, pas plus que les divines langoustines à la mangue ou l’inénarrable pastilla aux amandes – et je suis obligée de m’arrêter là, sans quoi c’est une véritable encyclopédie de la cuisine de ma mère et de la mère de ma mère et de la mère de mon père et de la mère de… bref : ce serait trop long de vous parler de tout ce qui a accompagné tous les bons moments de ma vie, même s’il m’est arrivé en une ou deux occasions de passer de bons moments ailleurs qu’à table.
Ce n’est même le lacquemant, alors que la seule évocation de ce délice – que je n’ai pourtant pas dû savourer souvent – me donne des palpitations. Bon sang : mon royaume pour un lacquemant !
 
Mais, comme je le disais, rien de tout cela ne me titille plus les sens et l’âme qu’un putain de brocoli.
Ma madeleine de Proust est verte, elle pue et elle fout la gerbe.
Avoir fréquenté la meilleure table du monde toute ma vie, et avoir la mémoire gustative définitivement polluée par un seul et unique putain de brocoli.
 
Je revois très clairement la scène : moi, seule, à table, avec sous mon nez cette assiette de brocolis froids depuis longtemps et pas d’échappatoire : qui serait venu m’en débarrasser, hein ? Qui serait capable de pareil sacrifice ? Pas de chien à la maison, un grand frère trop content de s’en être bien tiré en gobant tout sans respirer avant de faire couler avec un grand verre d’eau, une petite sœur encore trop petite et des parents d’une cruauté sans nom… Je me souviens très bien que je rentrais de vacances que j’avais passées seule – colo, séjour linguistique… cette partie là du souvenir m’a moins marquée – et qu’au lieu d’être accueillie comme il se doit par un plat de fête genre coquillettes au beurre, ma mère avait fait du brocoli. J’avais cru pendant un moment que ça, c’était pour les autres, ceux qui ne rentraient pas tout juste de vacances, et que moi j’allais avoir des nouilles – ou même une patate à l’eau ou… un bout de pain, n’importe quoi – mais non : c’était brocoli pour tout le monde.
J’avais cru ensuite que je pourrais bénéficier, à défaut d’un plat de substitution, d’une dispense, mais non plus. Rien à faire. Je finirais mon assiette, peu importe le temps que ça me prendrait. Mes larmes, mon chantage affectif, mes cris, mes menaces n’y changèrent rien.
Dans mon souvenir, je suis restée environ trois jours – et surtout trois nuits – à souffrir devant cette affreuse assiette verte et froide et puante. Il est probable que le calvaire durât moins longtemps en vérité, mais depuis, je ne peux plus voir un brocoli ou quoi que ce soit qui ressemble de près ou de loin à un chou, sans redouter d’avoir à en subir la vue, l’odeur, voire le goût des heures durant.
 
Le plus étonnant, c’est qu’il ne m’est à ce jour jamais venu la moindre idée de vengeance, alors que je suis quasiment certaine qu’il est tout à fait possible de tuer quelqu’un au brocoli. Cru, s’entend. Bien lancé…
 
Bref, comme dirait l’autre, moi, ma madeleine, on peut dire que « ça fait Proust ! et ça fait Proust ! ça fait du bien ! »*
 


* à 3’40 pour l’élégante référence culturelle, si d’aventure elle vous avait échappée

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17 mars 2012

LA MADELEINE DE PROUST (Lorraine)

               Hier sans raison me revint soudain en mémoire un refrain idiot et lancinant que les ondes de Radio-Toulouse lançaient jadis aux « chers auditeurs » juste avant le feuilleton du soir.

                « Je suis le Bonhomme en bois, mes meubles sont ceux qui plaisent, allez voir Boul’vard Barbès au coin de la rue là-bas….Ah ! ah ! Je suis le Bonhomme en Bois… »

                Et bientôt, machinalement, je me laissai emporter par le tempo. Il m’entraînait, il voulait me dire des choses à n’en pas douter et accablée, ne sachant où j’en étais, j’allais ouvrir la télévision pour échapper à mon obsession quand je tressaillis. Un plaisir délicieux m’envahit, isolé, dont pourtant j’ignorais la cause ! Mais je savais qu’en cet instant rien ne valait cette émotion suprême, inexpliquée et pourtant intense, effaçant d’un trait ma fatigue, les aléas de la vie, les pérégrinations de mon âme.  J’étais soudain d’une essence supérieure, une joie puissante me portait, liée intimement au « Bonhomme en Bois » et me transcendait.

                Je me tournai vers mon esprit : allait-t-il me dire pourquoi cette extase, cet engouement imprévu, ce besoin de réentendre la musiquette source d’une féiicité qui pourtant semble s’amenuiser et que je veux passionnément faire réapparaître. Je veux revivre l’apothéose qui doit m’ouvrir d’autres portes, j’en suis convaincue. Je me concentre au prix d’un effort surhumain et je chante à mi-voix, en scandant bien les paroles « Je suis le Bonhomme en Bois, mes meubles sont ceux qui plaisent… ». Je fais le vide, j’entends une rumeur, un vague souvenir se dessine, je vais l’atteindre mais il m’échappe . O dieux ! arrivera-t-il à la surface de ma conscience, ce souvenir, ce rien, cette explosion insensée ?...

                Et soudain, une voix nasillarde me crie à l’oreille : « Et maintenant, chers auditeurs, voici votre feuilleton quotidien : « Le mystère de la Chambre Jaune… ». J’y suis, un bien-être immense m’enveloppe. J’ai six ans et j’ai peur. Ah réminiscences !

                Proust avait goûté ; moi j’ai entendu. Nous sommes pourtant exactement pareils.

                Vous reprendrez bien une petite madeleine ?

 

17 mars 2012

Défi 185 (Venise)

Je réfléchissais aux causes de mon chagrin

         Pourquoi je souffrais de solitude

De quoi la vie m’avait-elle privée ? Et alors que je versai une larme sur mon verre de porto

Et que mes pauvres lèvres desséchées retenaient un dernier râle de douleur au creux de ma gorge

Tous mes secrets explosèrent au contact de ma langue avec ce délicieux alcool.

Tout se précipitait dans ma tête ;

-Le jour où à Barcelone je m’étais fait lire les lignes de la main.-

-le miracle ambulant qu’était devenu mon père et la preuve vivante que l’alcool ne tue pas.

-le feutre noir de grand-père qui faisait de merveilleux tours de passe-passe dans la synagogue à la barbe du  grand rabbin.

-le lycée où l’on me surnommait l’acrobate

Le violon de ma mère qui me laissait entrevoir le vaste monde ;

Venise1851

-Le nœud papillon de mon frère tel un chroniqueur mondain scintillant de paillettes.

J’ai eu besoin un moment de m’adosser à la grille du portail pour me retenir tant la tête me tournait.

Depuis combien de temps n’avais je pas ouvert la bouche pour respirer ? Je revis violemment le saule et la rivière et un insoutenable chagrin se répandait dans mon corps.

Le pouvoir du porto n’était pas négligeable dans les reproches que je me faisais.

Des larmes me montaient aux yeux.

Et la première fois oui la toute première fois !!!

Le dire était délicieusement balphématoire.de toute façon la vie m’avait pris ce que j’avais de plus précieux    : la mémoire ;

Alors ce retour, cette fulgurance ,me rendait presque responsable de ma vie .

Venise1852

Je me vis écarté à coup de pied par des passants comme un chien juif dans une rue de Caracas ;

Je savais que j’étais en train de sombrer et que mes souvenirs revenaient comme un nénuphar à la surface.

-         Je me vis comme autrefois en train de perdre de l’argent au poker.

-         Et j’entendis quelqu’un me dire t’inquiètes tes livres se vendent bien !!!!

  •  
  • Rue Proust avenue de la madeleine après l’impasse.Venise.

 

 

 

17 mars 2012

Chant de Vie (Lise)

Il n'y aura plus de madeleine m'a t on expliqué
Proust en moi s'est envolé un jour de février
Avec mes souvenirs partis en fummée
Je ne sais plus me rappeler.
 
Faut il pour autant que je taise
Cet élan qui me fait vibrer
En franchissant une falaise
Ou en taillant des oliviers.

Dois je mentir à ce sourire
Qui vient encore me chavirer
Soulevant en moi cette brise
Qui a du me faire chanter.
 
Lorsque la tête se fait grise
Et ne sait plus trop où elle est
Le corps tout entier respire
Le parfum de la vie passée.
 
Et l'instant devient magnifique
Se déploie dans sa noble beauté
Livrant la saveur exquise
De ce chant quelque part retrouvé .

17 mars 2012

T comme tanka du temps qui passe (Adrienne)

Quelle madeleine
réveillera la mémoire
de l’hypermnésique ?

Burette à huile ou chapeaux,
tout la ramène à l’enfance ?

17 mars 2012

Une prétérition pour un rendu nul (Joe Krapov)

Plutôt que de vous livrer ceci...


Y avot ben des années que, ed Cambrai, tout ce qui n’étot pas euch cinéma et cheul comédie d’min couquer n’existot pus pour mi, quand un jour eud l’hiver, comme euj rintros à l’mason, eum mère, véyant qu’ j’avos fro, a’m’proposa eud prinde, contre em’n habitude, un tchio peu d’café. J’y dis non tout d’abord et pis, jé n’ sais nin pourquoi, jé m’ ravisos. Elle alla quer eune tartine avec du burre et du Maroilles eudzeur. Et ch’est là que, machinalemint, tout mat d’avoir traîné m’corée tout l’journée et in m’dijant qué d’main cha s’rot tout parèl, euj porto à m’bouc eune goutte eud jus d’ù qu ch’est qu’j’avos laissé ramollir un morceau dé m’tartine eud Maroilles. Mais à l’instant même d’ù qu’ min gorgeon d’chirloute mélingé à un morciau d’cheul tartine ed ’fromache i’ toucho min palais, euj berloquos su’m cayelle et pis j’sintis qu’i s’ passot quétcose d’extraordinaire in mi. Ej me sintos fin bien, là, tout seul ed’vint min berlafache, sins que j’sache trop pourquo.


120304 011... ou cela... 


« Tous les paradis sont à perdre,
Tous les paradis sont perdus.
- Marcel Proust ? Moi je lui dis « Merdre ! »
A décrété le père Ubu »


... j’ai préféré ne pas participer au Défi du samedi n° 185. Je n'avais pas envie de froisser les adorateurs et adoratrices du petit Marcel qui pourraient se trouver parmi vous.

- C'est raté, Joe Krapov !

- Comment ça ? Qu'est-ce qu'il fout là mon texte ? Pourquoi il est publié ?

- T'es tellement un homme d'habitude qu'hier soir à 20 h 48, pendant que tu nettoyais ta madeleine, le coup est parti tout seul : t'as posté !

- Ah ben ça, c'est trop fort ! Proust, alors !


17 mars 2012

Un thé et une madeleine. (caro_carito)

« Et bientôt, machinalement, accablé par la morne journée et la perspective d’un triste lendemain, je portai à mes lèvres une cuillerée du thé où j’avais laissé s’amollir un morceau de madeleine. Mais à l’instant même où la gorgée mêlée des miettes du gâteau toucha mon palais, je tressaillis, attentif à ce qui se passait d’extraordinaire en moi. Un plaisir délicieux m’avait envahi, isolé, sans la notion de sa cause. Il m’avait aussitôt rendu les vicissitudes de la vie indifférentes, ses désastres inoffensifs, sa brièveté illusoire, de la même façon qu’opère l’amour, en me remplissant d’une essence précieuse: ou plutôt cette essence n’était pas en moi, elle était moi. J’avais cessé de me sentir médiocre, contingent, mortel. […] Et tout d’un coup le souvenir m’est apparu. Ce goût, c’était celui du petit morceau de madeleine que le dimanche matin à Combray (parce que ce jour-là je ne sortais pas avant l’heure de la messe), quand j’allais lui dire bonjour dans sa chambre, ma tante Léonie m’offrait après l’avoir trempé dans son infusion de thé ou de tilleul. »*

Une madeleine. Une gorgée de thé. Arrêt du temps.

Je n’ai pas trouvé de madeleine. Pas la moindre miette. Je peux énumérer la tarte aux pommes fondantes du dimanche midi. Les pignons de pin de nos dînettes d’enfants. Les étals de bonbons au marché du samedi, le sac en papier marron rempli de nounours à la guimauve et de serpents longs et colorés. J’ai trouvé des éclairs, des meringues, des mokas, des tartes au sucre et des camotillos**. Du sucre candi et des cugnoles***, des marrons glacés qui reviendront enrubannés chaque décembre, des œufs de Pâques. Les pains au lait coupés en deux et recouverts d’une pellicule dure de chocolat noir de mes quatre heures. Des malabars et les mentos à la récré. Des étés diabolo fraise et le premier panaché…

Aucune madeleine.

Peut-être respirer avec délicatesse ce Pouilly-Fumé, fermer les yeux, effleurer l’âme du vin. Une gorgée et les Champs Elysées s’entrouvrent. Une deuxième gorgée, les portes à double-battant s’effacent. Une troisième, que ce vin jamais ne se tarisse puisque les paradis sont éternels

Mais l’ivresse, même légère, n’est pas félicité.

Pas l’ombre d’une madeleine. Ou peut-être cette main ouvragée par le temps. Une fillette aux nattes brunes. Le vieil homme se penche vers elle et glisse entre ses lèvres un chocolat interdit. Elle serre encore plus fort cette main si douce. Ne pas laisser s’échapper l’enfance… Fermer les yeux, fermer les poings. Ne pas laisser s’enfuir le souvenir.

 

*extrait de « Du côté de chez Swann – Combray. A la recherche du temps perdu » Marcel Proust.

** camotillos dessert péruvien à base de patates douces caramélisés au four

*** ou coquille de Noël ou cougnou… brioche que l’on déguste à Noël dans ch’nord.

http://www.lavoixdunord.fr/Locales/Avesnes_sur_Helpe/actualite/Secteur_Avesnes_sur_Helpe/2008/12/23/article_la-cugnole-la-brioche-de-noel-la-petite.shtml

 

17 mars 2012

Aux Greniers Saint-Jean (SklabeZ)

La sono est forte mais sans trop et l’acoustique exceptionnelle. Cet ancien établissement hospitalier du Moyen-âge transformé en salle des fêtes et de concerts fait le bonheur des associations universitaires de cette ville de province. Plusieurs fois dans l’année tout ce que la ville compte d’étudiants se donne rendez-vous ici, dans ce cadre extraordinaire pour une soirée mémorable.

 

Après un dernier jerk endiablé, la tension retombe d’un cran et la grande salle se calme. L’orchestre entame le tube du moment pour un dernier slow. Encore essoufflés de la danse précédente où nous venions tout juste de faire connaissance, nous nous interrogeons du regard et, tout naturellement, nous nous enlaçons.

 

Mes mains sur ses hanches, les siennes sur mes épaules, nous nous déplaçons en tournant lentement et voguons en cadence, au rythme de la musique. Les yeux fermés, je ressens du bout des doigts les ondes de sa peau qui frémit. Ses mains se crispent légèrement, j’ouvre les yeux, son regard plonge dans le mien. L’étreinte se resserre, nos souffles se mêlent. Le décor s’estompe et tout semble disparaître autour de nous. Nous sommes seuls, elle et moi enivrés et envoûtés par cette musique. Je la retiens dans mes bras, prisonnière consentante et je savoure ces instants…

 

De ce slow langoureux, un grand amour est né.

Plusieurs années plus tard, les circonstances de nos vies professionnelles on fait que nous sommes séparés… géographiquement, mais nous nous voyons régulièrement pour notre plus grand plaisir.

Et à chacune de nos rencontres, nous ne pouvons oublier celle qui fut la toute première, bercée par cette musique, ce tube planétaire du moment :

« Nights in white satin » des Moody blues

 

Nights in white satin,

Never reaching the end,

Letters I’ve written,

Never meaning to send...

 

 

Nights in White Satin by The Moody Blues on Grooveshark','hspace':null,'vspace':null,'align':null,'bgcolor':null}">

10 mars 2012

Défi #185

Sur une suggestion de Venise  dans un de ses commentaires :

Quelle est donc votre madeleine de Proust  à vous ?

madeleine

Nous attendons avec impatience vos recherches

du temps qui perdure !

A tout bientôt !

samedidefi@hotmail.fr

 

10 mars 2012

Ont déniché leur pépite

10 mars 2012

L'oxygène (Venise)

L’an 2045

         L’oxygène est devenu rare et cher.

L’agression se produisit à 23 h 30 exactement. Je le sus parce que j’avais été poussé à consulter ma montre l’instant d’avant. Mon compteur à air me signalait une baisse d‘oxygène et sétait mis en marche. Mais avec la clarté des réverbères cela aurait pu être l’après-midi.

Au moins une dizaine de personnes auraient pu venir à mon secours, mais personne ne bougea.

Peut-être que l’effronterie de l’agresseur avait laissé perplexe les passants.

Peut- être crut-on qu’il s’agissait d’un jeu ou d’une querelle conjugale à la sortie d’un restaurant.

Il était possible – et c’était là le plus étrange –qu’on nous ait pris pour un couple.

Une main m’empoigna par le col me plaquant si violemment contre la vitrine tout en m’arrachant mon compteur à air.

venise184

Je conservais, ma montre, mon portefeuille, mon stylo-plume, et même mon portable

L’espace de quelques heures, tout ne fut qu’un cauchemar. J’aurais préféré mourir de syphilis. Quand j’ai pu me le permettre je pus respirer au tuyau municipal qui s’enclenche toutes les trois heures jusqu’à ce que les compteurs d’air de la nationale banque se portent à mon secours. C’est la seule raison pour laquelle je suis encore en vie .C’est au moment où on pense avoir surmonté le danger qu’on se rend compte qu’on reste vivant, mais toujours au mauvais endroit et au mauvais moment.

Avec cet oxygène si cher, j’attendais qu’une hache s’abatte sur mon crâne, qu’une bombe explose, qu’une femme pour son bébé enfonce ses doigts dans mon cœur. Et dans mes rêves j’avais toujours la sensation d’avoir égaré un objet précieux qui ne devait pas me quitter de la journée : MON COMPTEUR A AIR.

 

10 mars 2012

RA -A-A (MAP)

 

Cri du volatile :

« RA-A-A-A-A-Ré-Cher !!! »

... Un fier oiseau rare !

 

OISEAU

 

10 mars 2012

C'est rare (Célestine)

 

Tu sais, Véronique, c'est RARE une telle boule d'énergie avec le cœur sur la main
Tu sais, Guy, c'est rare un homme qui écrive aux femmes de si beaux poèmes et qui leur rende si bien hommage
Tu sais, Marie-Claire, c'est rare une telle délicatesse de sentiments et un sourire si délicieux
Tu sais, Brigitte, c'est rare un regard aussi vrai sur les choses et un tel modèle pour moi
Tu sais, Michel, c'est rare un savoir aussi encyclopédique et un homme qui aime tant parler
Tu sais, Véro, c'est rare une telle passion pour le beau langage et un tel engagement passionné
Tu sais, Afid, c'est rare une conscience politique aussi lumineuse et une si grande force de conviction
Tu sais, Anne-Sophie, c'est rare une telle générosité et tellement de candeur dans les yeux
Tu sais, Radouane, c'est rare d'être si doué pour le théâtre, et de savoir faire rire et pleurer tour à tour
Tu sais, Béatrice, c'est rare de se sentir tellement en phase avec quelqu'un, même lorsqu'on ne se voit pas souvent
Tu sais, Andrée, c'est rare une telle joie de vivre et une telle philosophie malgré les épreuves
Tu sais, Mireille, c'est rare une si grande fidélité depuis nos dix-sept ans
Tu sais, Catherine, c'est rare de savoir écouter avec une telle empathie comme tu le fais
Tu sais , Yannik, c'est rare un cousin qui soit aussi un ami ...

Vous savez, mes amis, c'est vraiment rare des amis tels que vous ...

Voilà pourquoi vous m'êtes si CHERS!

 

AMIS

10 mars 2012

Ce qui est rare est cher (Vegas sur sarthe)

Quoi de plus rare que cette porte cochère de la bouchère kasher et gauchère de Vendôme (*) et rachetée aux enchères à une maraîchère vachère ?

(*) A Vendôme, ne dit-on pas "Ce qui est Loir est cher" ?

10 mars 2012

Saint Georges et le dragon (Joe Krapov et Mademoiselle Zell)

Ce n'est sans doute pas une pépite mais cet objet-là, complètement hors normes, complètement unique, est si rare qu'il n'en existe qu'un seul exemplaire. Qui plus est, si vous ne l'enregistrez pas sur votre disque dur, il s'autodétruira dans trente jours !

Quant à savoir pourquoi il m'est si cher, pourquoi il n'a pas de prix à mes yeux, eh bien, sachez-le, c'est très... privé ! Disons que c'est aussi une histoire de roi et de princesse !

Pour télécharger et lire ce "zibouque", cliquez sur l'image ci-dessous

120301 009

 http://dl.free.fr/nSZBRxxXm

10 mars 2012

Puisque je veux t'être chère.... (Anémone)

Puisque je veux t'être chère,
J'ai décidé de me faire rare.
Rare comme une ride de Cher.
Chère comme un oiseau rare.

 
Cessant de me voir passer,
Et ne croisant plus ma route,
Tu te prendras à rêvasser.
En toi s'insinuera le doute.
 
Tu ne comprendras pas tout de suite.
Quel manque te tourmente.
Toi si prompt à prendre la fuite,
Et coutumier de la tangente.
 
Tu te poseras des questions
Sur ce qui trouble ta quiétude.
Puis s'écroulera le bastion
Erigé par tes habitudes.


Tu regretteras le temps si doux
Où j'étais disponible
Quand tu refusais qu'entre nous
Quelque amour fût possible.

Tu hésiteras à me faire signe
Puis tu m'appelleras,
Te traitant de triple imbécile.
Tu m'imploreras.

J'entendrai ta voix qui se fêle
Me dire: N'y a-t-il plus d'espoir?
Alors précieuse, exceptionnellement belle
Commencera vraiment notre histoire.

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