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Le défi du samedi
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18 septembre 2010

Défi #116

Pour ce nouveau défi, il vous sera demandé de faire parler ce drôle d'oiseau !

En vers, en prose, en tout ce que vous voulez

mais qu'il parle !!!

DSCF5296

Adresse de vos envois : 

samedidefi@hotmail.fr

A vos plumes !!!! Un p'tit "bec" pour vous encourager !

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18 septembre 2010

Nous ont interprété leur fugue du doudou...

18 septembre 2010

La triste histoire du doudou Raoul (Walrus)

Nounou, Nounou ! Où est mon doudou ?
Je ne sais pas, mon chou...
Mon doudou !
J’veux mon doudou !
J’veux mon doudou, Nounou !
Tais-toi donc , grand fou,
T’as plus l’âge des doudous...


Le doudou s’en fout, il a mis les bouts
Dans un beau youyou en bois d’acajou.

Après des mois et des mois,
Sur un plage il s’échoua.
Mais les habitants de l’endroit
Ne parlaient que le quechua,
C'est pourquoi on le rabroua.
Ils mirent son esquif au radoub
Et le gavèrent de gras doub’
En plus ces mecs puaient le bouc
Et ne fredonnaient que du Gluck
Tout en s’accompagnant au oud.
Ils l’obligeaient à lever le coude
Et quand, à force, il fut fin saoul,
Ils l’ont rebaptisé “Raoul”.

18 septembre 2010

La Fin de l'aventurier (Joye)

teddy_in_the_jungle

Il est où. mon doudou, petit fou, bijou,
Bijou doux, ce grand chou, parti où ? Partout ?
Partout où ? aux bambous ? Ou sous ton cache-cou ?
Gigadou, mon bidou, marabout de hibou !
Il est où ? Savez-vous ? Ruse de Sioux ? Tous debout !
Piou-piou ! Mon doudou, oublie tous ces Hindous !
Chabichou ! Barbacue ! Il jète des cailloux !
Irish stew, en gadoue des cachous, c'est tabou !
Et coucou !
C'est trop flou, ce doudou, tout d'un coup
Est parti.

18 septembre 2010

Mais que deviennent-ils les doudous perdus par les petits enfants ? (Adrienne)

Mais que deviennent-ils les doudous perdus par les petits enfants ?

Il lui est arrivé bien souvent de voir des chambres de maternité. Le visiteur qui s’amenait avec un doudou avait l’air fin : l’endroit ressemblait chaque fois immanquablement à la succursale bien achalandée d’un marchand de jouets spécialisé dans les articles pour nourrissons.

Il lui est arrivé aussi de voir des lits de jeunes filles. Souvent elle se demandait combien de temps ça prenait, chaque jour, pour placer dans ce bel ordre hiérarchique cette riche collection de doudous. Et aussi comment la jeune fille s’y prenait pour trouver le moyen de se glisser elle-même, aussi menue soit-elle, entre ces draps, sans déranger ce bel agencement.

Il lui est même arrivé quelques fois de voir des greniers de futures grands-mères. L’espoir y faisait vivre une armée de doudous. Comme dans le château de la Belle au Bois dormant, ils attendaient – sans prendre une ride – qu’un petit prince vienne réveiller toute la ménagerie ensommeillée.

Elle aussi a eu un doudou. Unique et précieux. Un gros nounours qui tendait deux petits bras tout raides. Il était habillé d’un tricot à rayures et de la petite culotte assortie, vêtements qu’elle avait portés elle-même jusqu’à ses dix-huit mois. Il s’appelait Nounours, tout simplement. Il comprenait beaucoup de choses. Souvent, elle le serrait contre son cœur. Très fort.

Elle n’avait pas le droit de le prendre dans son lit. Alors elle l’asseyait sur une chaise où il attendait toujours patiemment, arbitre et témoin de ses moindres faits et gestes.

Puis il y eut le petit frère avec qui il fallut peu à peu tout partager. Il avait une étrange prédilection pour les quelques objets auxquels elle tenait le plus. Un jour qu’elle était à l’école, il arracha les yeux de Nounours. Elle en pleura. Sa mère ne comprit pas son chagrin. Pleure-t-on pour un Nounours quand on est une grande fille de bientôt sept ans ?

Il lui arracha aussi un des ses petits bras qu’il tendait pourtant avec tant de tendresse. Il lui déchira son tricot à rayures. Sa grand-mère a recousu le bras. On lui a enlevé son petit tricot. Nu et aveugle, il lui inspirait encore plus d’amour.

Elle était tout le temps inquiète pour lui. Qu’aurait-il encore à subir ?

Un jour, elle ne le trouva pas sur sa chaise. Elle le chercha partout.

- Je l’ai jeté à la poubelle, dit sa mère.

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18 septembre 2010

Sans z’ailes/ sans elle (Val)

Le doudou d’Aziliz a des z’ailes.
C’est une abeille.
Les z’ailes tissées de la belle abeille se frottent contre son nez.
Aziliz aime.
Le contact des z’ailes de l’abeille lui apporte la sécurité.
Aziliz, de son doudou, n’aime que les z’ailes.
Et elle met un soin zélé à vérifier
Que les z’ailes de l’abeille restent toujours bien nouées.
Si le tissage des z’ailes est moins serré
Elle boude
L’abeille hier aimée. 

Que sont les anciennes abeilles d’Aziliz devenues ?
Elles ne sont pas perdues.
Elles sont juste boudées.
Elles ont perdu leurs z’ailes.
Qui rêverait d’étoiles avec un doudou qui aurait perdu ses z’ailes ?
Aziliz sait qu’il faut des z’ailes pour voler.
Peut-être pour voler des ses propres ailes ?

L’abeille aux ailes cassées doit être à chaque fois remplacée.
Mais… c’est la loi de la nature, non ?

18 septembre 2010

Doudou tabou (Poupoune)

Que deviennent donc tous les doudous que perdent les marmots aux roses joues ? Exilés au pays des joujoux ? Recueillis par la fée des nounous ? Dévorés par le grand méchant loup ? Non, non, non, vous n’y êtes point du tout !

A la vérité, je vous le dis - et ce n’est pas un scoop, mais une histoire sans entourloupe qu’on se raconte après la soupe - la seconde vie des doudous n’est pas rose du tout… Si par malheur ils tombent entre les mains maousses d’un grand fou qui fout la frousse, ils sont transformés d’un coup en appât à douces frimousses...

On a vu souvent agir ainsi de vieux fous, moches comme des poux, pédophiles et bande-mou : les précieux doudous attirent à eux nos petits bouts d’chou et, sans esbroufe, leurs cris ils étouffent.

C’est pourquoi je m’adresse à vous, les petits canaillous : aux filous qui fourguent des doudous préférez toujours les grigous à roudoudous.

18 septembre 2010

Mais qu'est-ce que t'as, Doudou, dis donc ? (Joe Krapov)

Le doudou de Robin Hood
Est retourné à Sherwood
En chantant « Johnny, be good !
Retire donc le Hollywood
Ch’wing-gum collé sous mon coude !”

Le doudou de Oum Khalsoum
S’en est allé à Khartoum
Manger des rahat loukoums
En écoutant des pantoums.
Là, il prospère. Youp la boum !

La baleine en peluche
Au pelage si doux
De cette foutue greluche,
Miss Laure Manaudou,
S’est égarée dans le mois d’août
Sur les chemins de Katmandou.

Le doudou de Poupoune
A fait du grabuge au saloon.
Dans la cellule de sa prisoon,
Il regarde au dehors la moon
Et tout en tapant le cartoon
Il prépare son évasioon,
Rêvant d’attaquer un fast-food
Pour répandre à nouveau le blood

Le doudou de Justin Bridou
Maïté
L’a boulotté
D’un seul coup !
Avait-on idée, mon garçon,
D’avoir comme doudou un si long saucisson ?

Et ma doudou à moé ?

Li k’a pa’ti ! Hélas ! Hélas ! C’est pou’ toujou !
Doudou a moé li k’a pa’ti ! Hélas ! Hélas ! C’est pou’ la vie !

DDS115_Mlle_Zell

18 septembre 2010

"mon doudou ? je l'ai toujours" (rsylvie)

Mon doudou n’était pas doux

Car une fois de plus, maman avait voulu trop bien faire tout.

C’était un vrai ours de paille dedans, mon doudou.

avec des bras, des jambes articulés partout, partout

et une toison, comme les vrais nounours.

Pas une des ces peluches en velours

Ou en fausse fourrure synthétique toute douce

Que l’on tripotte et caresse à loisirs la nuit comme le jour.

Non, il ne l’était pas, mais pour mon cœur, si doux…

J’ai joué avec lui comme avec une poupée, docile doudou

Que j’habillé de jolies tenues, bien de chez nous.

Oui, car c’était ma mère qui les confectionnées toutes.

Ce doudou, s’appelle nounours

Mais j’aurais pu l’appeler oreille gnougnou

Tant je l’ai poignassée, Ou nez à trou

À force de frotter, la paille y a fait un joli trou trou.

2ans ½ quand la grande dame qui vient me voir tous

Les jours m’ouvre les bras pour toujours.

Et moi, rencontre d’un jour

Devient sa fille pour toujours.

46 ans de vie parmi nous

Mon doudou d’un jour,

Témoin de cet amour

Ange gardien pour toujours

Sur ma table de nuit, veille nuit et jour.

18 septembre 2010

Doux d'où? (vegas sur sarthe)

Il est un paradis, un endroit des plus doux
où dorment, orphelins des milliers de doudous,
celui des jours heureux qui naquit dans un chou,
doudou des nuits sans fin quand miaulent les hiboux.

Celui des gros chagrins, du bobo d'un caillou,
le doudou pansement qui soigne les genoux,
celui jamais lavé, qu'on dirait plein de poux,
le doudou satiné plus précieux qu'un bijou.

Celui qui vaut bien plus que les plus beaux joujoux,
et puis le tien, le mien, enfin notre doudou.
Pluriel ou singulier on s'en moque après tout
car dans ce paradis tous les doudous sont doux.

18 septembre 2010

C'est pas une histoire de ouf (Violette)

C'est pas une histoire de ouf
Je m'appelle vraiment Violette Beaudou
Inf' sco' bien nommée bobo doudou
sachant mieux que vous
où sont restés les doudous.....
Vous resterez sur votre faim mes loulous
De ces secrets je ne dis pas tout
car il y en a des doux et des dou
loureux pour ceux qui partout
chercheront leur éternel doudou
C'est pas une histoire de ouf
18 septembre 2010

Complainte (MAP)

Mon_DOUDOUD

Projet0

18 septembre 2010

Trois petits tours et puis s'en vont (Venise)

100913_doudou

Cliquez sur l'image pour agrandir

18 septembre 2010

Doudous pa'tis... (32Octobre)

32_doudou
Cliquez sur l'image pour agrandir

18 septembre 2010

Recherche (Brigou)

brigou2

18 septembre 2010

défi des "doudous" (KatyL)

Comme je vous l'ai expliqué je n'avais pas de "doudou" petite , je 
serrai bien fort mon oreiller dans mes bras ... et je lui faisais un
gros câlin...
En face de chez moi dans la cour carrée d'immeubles anciens, à PARIS, il
y avait une petite fille qui avait une "bécassine" et qui me narguait
sans cesse en me montrant sa bécassine à la fenêtre.
J'étais obsédée par cette bécassine..qui devait être son doudou à elle...

J'ai grandi sans doudou, mais ce qui ne s'est pas fait dans cette
enfance est venu après...

est-ce ainsi pour tout le monde ?

J'ai eu mes deux enfants,  qui eux n'ont manqué de rien et ont eu leurs
doudous à eux divers et variés, mais celui préféré de mon deuxième fils
était un petite couverture que je lui avait confectionné moi-même qui
était toute bleue et rayée de blanc, j'avais mis autour une bordure en
ruban de satin bleu, et c'est cette couverture qui ne l'a pas quitté.

Il la promenait partout, il ne fallait surtout pas l'oublier.. il l'a
dépenaillée à force de câlins et de lavages...
je l'ai rétrécie, mais je lui recousais à chaque fois et je le revois
attendant sa couverture..

Un jour je lui dit: " Martial tu es grand , crois tu que tu pourrais me
montrer que tu es grand et laisser un peu ta couverture de  côté, je ne
te la jette pas , mais on va la ranger ensemble, si tu veux ? et si tu
la veux vraiment une fois en passant tu sauras qu'elle est là, tout
comme ta maman , es tu d'accord?" il a dit :"OUI"
Il a pris sa couverture et l'a rangé lui-même et il ne l'a jamais
reprise..un jour je lui ai demandé :
Martial me donnes tu l'autorisation de jeter ton doudou? il m'a dit:" oh
oui! je l'avais oublié, il doit être beau!" on a bien rit et on a
enterré la couverture .. comme pour lui faire le passage entre le bébé
et le petit garçon qu'il était devenu.

Moi je 'ai pas eu de doudou, mais en allant en Bretagne j'ai fais des
kms et des kms pour trouver une bécassine, je l'ai acheté ( j'avais au
moins 25 ans !!)

Plus quelques nounours et quelques poupées. Les nounours trônent dans ma
chambre et deux à trois poupées dans un vieux landau.

Je vous envoie quelques photos de mes doudous d'adulte ?, quoique j'en
doute ? suis-je adulte ?
à m'acheter des nounours ?? enfin c'est ainsi .. je n'en ai pas honte,
je suis contente d'avoir réalisé un vieux rêve enfoui...

On a besoin de câlins toute notre vie ..

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11 septembre 2010

Défi #115

Papistache nous a laissé très gentiment des idées de défis ! Grand merci à lui !

Voici donc ce qu'il nous propose pour ce défi  #115 :

Mais que deviennent-ils les doudous perdus par les petits enfants ?

Rimons cela  avec des rimes en “ou”, en “oub“, “oube“, “ouc”, “oud”, “oude”, “ouf”, “ouffe”, etc... au choix ... (pas toutes).

Envoyez-nous  l'histoire rimée de vos Doudous à l'Adresse bien de chez nous : samedidefi@hotmail.fr

Interrogez-vous, rappelez-vous, imaginez-vous

dites nous tout.

Merci à vous !

11 septembre 2010

Ont déjà versé leur contribution patrimoniale

11 septembre 2010

Du Dictionnaire loufouque de la frange lancée (Joye)

patrimoine1

11 septembre 2010

JE M’ETRANGLE ! QU’A-T-ON FAIT DE MON PATRIMOINE ? (Cédille)

 Il n’est pire eau que l’eau qui dort, et je sens que les festivités sont ouvertes pensa Roselita en entendant un crissement de freins devant le perron. Elle avait reconnu le bruit incomparable de la Bugatti de Mademoiselle Anne-Charlotte, le modèle Type 101 sorti en 1951 mais si beau dans sa carrosserie rouge cramoisi ! Lorsque Mademoiselle Anne-Charlotte arrivait Roselita savait qu'elle bouleverserait l'ordinaire !

Elle se précipita pour l’accueillir, en bonne gouvernante qu’elle était. C’est que, dame, Mademoiselle Anne-Charlotte était la seule à se montrer généreuse et elle ne comptait pas ses largesses envers la gouvernante qui faisait aussi office de femme de chambre et de cuisinière au château. Grâce à Anne-Charlotte, Roselita pouvait se pavaner lorsque, profitant d’une journée de congé, elle se rendait en ville. Quelquefois malgré tout elle avait hésité avant de mettre telle ou telle robe, des vêtements de prix certes mais qui ne cachaient quasiment rien de ce qu’ils étaient censés cacher …

Précédée, suivie, enveloppée d’effluves d’un parfum capiteux (Roselita avait reconnu Chouchou de Cherlin) Anne-Charlotte avait éparpillé ses nombreuses valises dans le grand hall, jeté ses gants sur la bergère Louis XV et s’était affalée sans élégance sur la Chaise de la Reine, judicieuse petite merveille d’époque percée d’un trou circulaire sous lequel, à l’origine, était placé un seau très utilitaire ! Cette chaise faisait l’objet d’une dévotion particulière de toute la famille : La reine Marie-Antoinette y avait paraît-il posé son séant !

Anne-Charlotte n’eut pas le temps de se détendre. Une voix à l’accent pointu avait retenti :

- Aaaahhh ! Vous voilà enfin ma fille !... Mais, ne vous jetez donc pas ainsi sur LA chaise !

Anne-Charlotte soupira et se dit que les amabilités étaient lancées !

- Bonjour Mère s’entendit-elle répondre la tête ailleurs. Comment  vont vos jambes ?

- Vous vous faites si rare ma chère, ne me dites pas que vous vous en souciez ! Ma sciatique résiste à tous les traitements  et le docteur MEUSIER est au-dessous de tout, d’ailleurs je l’ai remercié et j’ai changé de médecin !

En geignant elle donna quelques ordres à Roselita qui ne perdait pas une miette de la joute qu’elle sentait naître, puis le silence se fit. Mère et fille n’avaient déjà plus rien à se dire même si elles ne s’étaient pas vues depuis presque une année.

Anne-Charlotte sortit une Gauloise sans filtre de son étui en or et lui ajouta un chewing-gum Hollywood qu’elle se mit à mâcher bruyamment et avec toute la conscience dont elle était capable. Madame Mère haussa les sourcils puis hoqueta. Ses yeux avaient pris une teinte d’orage !

- Mais !... Vous n’y pensez pas ma fille !  Votre comportement laisse de plus en plus à désirer ! Non seulement vous vous affalez cuisses ouvertes sur la chaise de la reine mais voilà que vous fumez, vous mâchez ! C’est d’un commun ! De la tenue que diable ! Franchement ma chère, vous faites  peuple !

- C’est mieux que d’se payer une bonne bourre répondit Anne-Charlotte s’oubliant totalement ! C’est moi qui banque, pas besoin de gueuler comme un chabannais. Si ça démarre comme ça je mets les bouts,  je me casse à Chicoutimi ou à Dunkerque ! Peuple ? Vous avez dit Peuple ? ! Mais qu’est-ce que j’en ai à battre moi, que ça fasse peuple ! J'ai quand même le droit de me payer une bouiffe et je sais encore que mon derrière m’appartient, non mais des fois… !

Madame Mère, au bord de l’étranglement, et à la limite extrême de la crise de nerfs, s’effondra en pleurs  non sans avoir montré d’un doigt impérial, la porte à Anne-Charlotte !

- Mais où avez-vous donc appris ce langage ? Vous parlez comme une charretière… Que dis-je… une fille à soldats ! Qu’ai-je fait pour mériter une chose pareille ? Vous avez été éduquée comme il se doit, j’en connais encore le prix gémit elle, oubliant que dans la noblesse parler d’argent est inconvenant ! Je parie que vous ne savez même plus comment se mangent les asperges !

Anne-Charlotte failli briser ses dents et eut un hoquet. Manquerait plus qu’ça pensa-t-elle. La vieille se douterait-elle de quelque chose, sinon pourquoi aurait-elle parlé d’asperges ?

- Dans l’aristocratie on ne parie pas non plus rétorqua Anne-Charlotte, puis elle se dirigea vers les jardins après avoir calmé ses nerfs sur la superbe porte d’entrée dont les vitres volèrent en éclat ! Cet effondrement fracassant acheva Madame Mère !

- Je l’avais prédit, pleurnichait Roselita, et elle s’apprêtait à remettre les choses en état lorsqu’un cri de stupéfaction se fit entendre !

- Le bassin à la française ! Qu’a-t-on fait du bassin à la française ? Roselita, viens ici, explique !

Devant Anne-Charlotte ce qui avait été un bassin dessiné par LE NÔTRE n’était plus qu’un vulgaire trou d’eau boueuse.  Amas de terre et tuyauteries en tous genres s’étalaient sur les rosiers et un plongeoir dormait sur la petite haie de buis !

- Calmez-vous ! Mais calmez-vous donc Mademoiselle supplia Roselita… C’est que votre mère a décidé de transformer le bassin en piscine… Un coup d’jeune qu’elle a dit. D’ailleurs, vous le verrez, tout ou presque a été transformé ici. Autant que vous le sachiez les haras servent à présent de salle à manger,  Madame a exigé un bar  (chic et de bonne tenue cela va sans dire) et il y aura des douches dans les communs.

- J’ai plus qu’à me foutre une cartouche dans la cafetière hurla Anne-Charlotte ! Et dire que je m’encagasse sans arrêt avec ce domaine ! J'turbine moi, pour payer les factures ! C'est la mort de mon patrimoine historique ! C’est la fin des haricots !... Gaffe se dit-elle, je m’oublie, ici je suis Anne-Charlotte DE L---, je sens que je vais devoir être sur mes gardes…

-… Et attendez… C’est pas tout dit Roselita ravie de voir se déliter la Mademoiselle !... Le château… Ben c’est plus vraiment un château, mais moi j’dis rien hein ! D’ailleurs j’sais presque rien sauf que les grandes chambres de l’étage ont été divisées pour faire plein de petites. Madame a fait mettre aussi des bougeoirs en bronze sur toute la longueur de l’escalier d’honneur, elle dit que c’est pour impressionner les clients !

- Les clients ? Mais quels clients ? Les clients de qui ?

- Ben, mais les clients de l’hôtel Mademoiselle ! C’est un hôtel maintenant, depuis une saison déjà ! D’ailleurs voici l’un de nos meilleurs pensionnaires ! Bonjour Monsieur BERNARD minauda t-elle ! Bonne promenade ?

Devant Anne-Charlotte se tenait un costaud au regard de braise,  large sourire, dents  carnassières en or, borsalino  voilant la braise des yeux. Un air de « me touche pas de trop près ou je t’en colle une ». Un gourmand de première classe, ça se voyait à l’œil nu ! L’odeur d’un cigare enveloppait le tout comme un paquet cadeau.

- ça c’est un Cohiba pensa Anne-Charlotte…. Et celui qui mord le cigare c’est… Oh my God, mais c’est… ! Se fut sa dernière pensée, ses yeux roulèrent et elle eut l’impression fugitive des nuages qui fondaient sur elle plus vite que le son… Elle venait de perdre connaissance.

Cris de Madame Mère, gémissements de Roselita, lorsque Anne-Charlotte revint à elle, elle vit ces deux-là, inquiètes au-dessus d’elle, comme des poules en recherche de couvée. Mais il y avait aussi Monsieur BERNARD !  On le vit sourire de tout l’or de ses dents et avaler en un baiser goulu les lèvres d'Anne-Charlotte ! Surprises, ces lèvres-là n’hésitèrent pas longtemps entre bienséance et gourmandise. Monsieur BERNARD fut dégusté comme une fraise juteuse !

Au bout d’un temps qui avait laissé Mère et gouvernante à l’état de statues de sel, Monsieur BERNARD se redressa et l’on entendit sa voix de basse murmurer :

- Alors comme ça Gina on prend des vacances chez les Aristos ? J’suis bien content de te retrouver ici. La cambrousse ça ne me va qu’un temps mais j’ai dû me mettre au vert et décambuter de Paname quelques temps ; j’ai esbigné comme dirait ton Marcel (Madame Mère n’en perdait pas une !)…Ah tu sais (soupirs) j’en ai payé des douloureuses, j’ai fait le con, j’ai trop éclusé… Finalement je me suis fait coincer par GARLON (c’est un commissaire, ajouta BERNARD à l’intention de Madame Mère). Deux ans au trou, j’ai supporté mais j’ai voulu voir du pays alors j’ai monté une affaire à Caracas… J’étais pas à plaindre là-bas, y a des filles autant que t’en veux, question nibards c’était chouette… Mais pas tant qu’toi  Gina ! Question santé ça va, j'me maintiens, même si j'ai eu un temps la panique... J'ai eu peur d'avoir attrapé la chtrouille, ça m'a emberlingué longtemps, j'avais des fraises pas tagada sur mon ensemble trois pièces mais t'inquiète pas, ça brille comme avant et c'est tout neuf ! Oh puis tiens, j'ai comme un besoin là, urgent qu'il est Pépette, un tite bourrée exotique d'une heure pour pas cher, ça te dirait ?

Madame Mère était au bord de l’apoplexie !

- Dis ! T’as pas augmenté tes tarifs quand même ! Pour moi ce sera les mêmes gourmandises qu’autrefois ! Je m’en souviens comme tu les faisais bien !

Se redressant comme une paonne javanaise, Anne-Charlotte alias Gina, retrouvant comme par miracle son accent des faubourgs, lança à sa comtesse de mère :

- Eh bien voui ! Voyez-vous mère, je suis comme qui dirait dans les asperges ! Autrement dit je suis une fille, une vraie, une rabatteuse, une qu’a pas peur des heures sup ! Au turbin j'suis Gina ! Vous faut-il un dessin ou ça va comme ça ? Pas la peine de faire votre tête de Gauloise, c'est tel que j'vous l'dis, j'prends cher, pas moins de 400,00 euros la moitié d'une heure, j'ai un statut et j'y tiens, pas question de mandaver ! Et j'entretiens tout ça croyez-le bien mère, j'ai une bien belle minche (que je tiens de vous d'ailleurs) et je la soigne ! Traduis Roselita et dit à la patronne, pour faire simple, que sa fille racole !

… Et c’est ainsi que Madame Eléonore DE L---, comtesse de son état, découvrit que sa chère fille Anne-Charlotte, celle en qui elle mettait il y a peu tous ses espoirs, vivait de ses charmes (qu’elle avait nombreux) sur les boulevards mal famés de la capitale !


Madame Mère se dégonfla et s'effondra comme un soufflé  raté…  On a la noblesse qu’on peut !

   

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