Défi #116
Pour ce nouveau défi, il vous sera demandé de faire parler ce drôle d'oiseau !
En vers, en prose, en tout ce que vous voulez
mais qu'il parle !!!
Adresse de vos envois :
A vos plumes !!!! Un p'tit "bec" pour vous encourager !
Pour ce nouveau défi, il vous sera demandé de faire parler ce drôle d'oiseau !
En vers, en prose, en tout ce que vous voulez
mais qu'il parle !!!
Adresse de vos envois :
A vos plumes !!!! Un p'tit "bec" pour vous encourager !
Nounou, Nounou ! Où est mon doudou ?
Je ne sais pas, mon chou...
Mon doudou !
J’veux mon doudou !
J’veux mon doudou, Nounou !
Tais-toi donc , grand fou,
T’as plus l’âge des doudous...
Le doudou s’en fout, il a mis les bouts
Dans un beau youyou en bois d’acajou.
Après des mois et des mois,
Sur un plage il s’échoua.
Mais les habitants de l’endroit
Ne parlaient que le quechua,
C'est pourquoi on le rabroua.
Ils mirent son esquif au radoub
Et le gavèrent de gras doub’
En plus ces mecs puaient le bouc
Et ne fredonnaient que du Gluck
Tout en s’accompagnant au oud.
Ils l’obligeaient à lever le coude
Et quand, à force, il fut fin saoul,
Ils l’ont rebaptisé “Raoul”.
Il est où. mon doudou, petit fou, bijou,
Bijou doux, ce grand chou, parti où ? Partout ?
Partout où ? aux bambous ? Ou sous ton cache-cou ?
Gigadou, mon bidou, marabout de hibou !
Il est où ? Savez-vous ? Ruse de Sioux ? Tous debout !
Piou-piou ! Mon doudou, oublie tous ces Hindous !
Chabichou ! Barbacue ! Il jète des cailloux !
Irish stew, en gadoue des cachous, c'est tabou !
Et coucou !
C'est trop flou, ce doudou, tout d'un coup
Est parti.
Mais que deviennent-ils les doudous perdus par les petits enfants ?
Il lui est arrivé bien souvent de voir des chambres de maternité. Le visiteur qui s’amenait avec un doudou avait l’air fin : l’endroit ressemblait chaque fois immanquablement à la succursale bien achalandée d’un marchand de jouets spécialisé dans les articles pour nourrissons.
Il lui est arrivé aussi de voir des lits de jeunes filles. Souvent elle se demandait combien de temps ça prenait, chaque jour, pour placer dans ce bel ordre hiérarchique cette riche collection de doudous. Et aussi comment la jeune fille s’y prenait pour trouver le moyen de se glisser elle-même, aussi menue soit-elle, entre ces draps, sans déranger ce bel agencement.
Il lui est même arrivé quelques fois de voir des greniers de futures grands-mères. L’espoir y faisait vivre une armée de doudous. Comme dans le château de la Belle au Bois dormant, ils attendaient – sans prendre une ride – qu’un petit prince vienne réveiller toute la ménagerie ensommeillée.
Elle aussi a eu un doudou. Unique et précieux. Un gros nounours qui tendait deux petits bras tout raides. Il était habillé d’un tricot à rayures et de la petite culotte assortie, vêtements qu’elle avait portés elle-même jusqu’à ses dix-huit mois. Il s’appelait Nounours, tout simplement. Il comprenait beaucoup de choses. Souvent, elle le serrait contre son cœur. Très fort.
Elle n’avait pas le droit de le prendre dans son lit. Alors elle l’asseyait sur une chaise où il attendait toujours patiemment, arbitre et témoin de ses moindres faits et gestes.
Puis il y eut le petit frère avec qui il fallut peu à peu tout partager. Il avait une étrange prédilection pour les quelques objets auxquels elle tenait le plus. Un jour qu’elle était à l’école, il arracha les yeux de Nounours. Elle en pleura. Sa mère ne comprit pas son chagrin. Pleure-t-on pour un Nounours quand on est une grande fille de bientôt sept ans ?
Il lui arracha aussi un des ses petits bras qu’il tendait pourtant avec tant de tendresse. Il lui déchira son tricot à rayures. Sa grand-mère a recousu le bras. On lui a enlevé son petit tricot. Nu et aveugle, il lui inspirait encore plus d’amour.
Elle était tout le temps inquiète pour lui. Qu’aurait-il encore à subir ?
Un jour, elle ne le trouva pas sur sa chaise. Elle le chercha partout.
- Je l’ai jeté à la poubelle, dit sa mère.
Le doudou d’Aziliz a des z’ailes.
C’est une abeille.
Les z’ailes tissées de la belle abeille se
frottent contre son nez.
Aziliz aime.
Le contact des z’ailes de l’abeille lui
apporte la sécurité.
Aziliz, de son doudou, n’aime que les
z’ailes.
Et elle met un soin zélé à vérifier
Que les z’ailes de l’abeille restent
toujours bien nouées.
Si le tissage des z’ailes est moins serré
Elle boude
L’abeille hier aimée.
Que sont les anciennes abeilles d’Aziliz
devenues ?
Elles ne sont pas perdues.
Elles sont juste boudées.
Elles ont perdu leurs z’ailes.
Qui rêverait d’étoiles avec un doudou qui
aurait perdu ses z’ailes ?
Aziliz sait qu’il faut des z’ailes pour
voler.
Peut-être pour voler des ses propres
ailes ?
L’abeille aux ailes cassées doit être à
chaque fois remplacée.
Mais… c’est la loi de la nature, non ?
Que deviennent donc tous les doudous que perdent les marmots aux roses joues ? Exilés au pays des joujoux ? Recueillis par la fée des nounous ? Dévorés par le grand méchant loup ? Non, non, non, vous n’y êtes point du tout !
A la vérité, je vous le dis - et ce n’est pas un scoop, mais une histoire sans entourloupe qu’on se raconte après la soupe - la seconde vie des doudous n’est pas rose du tout… Si par malheur ils tombent entre les mains maousses d’un grand fou qui fout la frousse, ils sont transformés d’un coup en appât à douces frimousses...
On a vu souvent agir ainsi de vieux fous, moches comme des poux, pédophiles et bande-mou : les précieux doudous attirent à eux nos petits bouts d’chou et, sans esbroufe, leurs cris ils étouffent.
C’est pourquoi je m’adresse à vous, les petits canaillous : aux filous qui fourguent des doudous préférez toujours les grigous à roudoudous.
Le doudou de Robin Hood
Est retourné à Sherwood
En chantant « Johnny, be good !
Retire donc le Hollywood
Ch’wing-gum collé sous mon coude !”
Le doudou de Oum Khalsoum
S’en est allé à Khartoum
Manger des rahat loukoums
En écoutant des pantoums.
Là, il prospère. Youp la boum !
La baleine en peluche
Au pelage si doux
De cette foutue greluche,
Miss Laure Manaudou,
S’est égarée dans le mois d’août
Sur les chemins de Katmandou.
Le doudou de Poupoune
A fait du grabuge au saloon.
Dans la cellule de sa prisoon,
Il regarde au dehors la moon
Et tout en tapant le cartoon
Il prépare son évasioon,
Rêvant d’attaquer un fast-food
Pour répandre à nouveau le blood
Le doudou de Justin Bridou
Maïté
L’a boulotté
D’un seul coup !
Avait-on idée, mon garçon,
D’avoir comme doudou un si long saucisson ?
Et ma doudou à moé ?
Li k’a pa’ti ! Hélas ! Hélas ! C’est pou’ toujou !
Doudou a moé li k’a pa’ti ! Hélas ! Hélas ! C’est pou’ la vie !
Mon doudou n’était pas doux
Car une fois de plus, maman avait voulu trop bien faire tout.
C’était un vrai ours de paille dedans, mon doudou.
avec des bras, des jambes articulés partout, partout
et une toison, comme les vrais nounours.
Pas une des ces peluches en velours
Ou en fausse fourrure synthétique toute douce
Que l’on tripotte et caresse à loisirs la nuit comme le jour.
Non, il ne l’était pas, mais pour mon cœur, si doux…
J’ai joué avec lui comme avec une poupée, docile doudou
Que j’habillé de jolies tenues, bien de chez nous.
Oui, car c’était ma mère qui les confectionnées toutes.
Ce doudou, s’appelle nounours
Mais j’aurais pu l’appeler oreille gnougnou
Tant je l’ai poignassée, Ou nez à trou
À force de frotter, la paille y a fait un joli trou trou.
2ans ½ quand la grande dame qui vient me voir tous
Les jours m’ouvre les bras pour toujours.
Et moi, rencontre d’un jour
Devient sa fille pour toujours.
46 ans de vie parmi nous
Mon doudou d’un jour,
Témoin de cet amour
Ange gardien pour toujours
Sur ma table de nuit, veille nuit et jour.
Il est un paradis, un endroit des plus doux
où dorment, orphelins des milliers de doudous,
celui des jours heureux qui naquit dans un chou,
doudou des nuits sans fin quand miaulent les hiboux.
Celui des gros chagrins, du bobo d'un caillou,
le doudou pansement qui soigne les genoux,
celui jamais lavé, qu'on dirait plein
de poux,
le doudou satiné plus précieux qu'un bijou.
Celui qui vaut bien plus que les plus beaux joujoux,
et puis le tien, le mien, enfin notre doudou.
Pluriel ou singulier on s'en moque après tout
car dans ce paradis tous les doudous sont doux.
C'est pas une histoire de ouf
Je m'appelle vraiment Violette Beaudou
Inf' sco' bien nommée bobo doudou
sachant mieux que vous
où sont restés les doudous.....
Vous resterez sur votre faim mes loulous
De ces secrets je ne dis pas tout
car il y en a des doux et des dou
loureux pour ceux qui partout
chercheront leur éternel doudou
C'est pas une histoire de ouf
Comme je vous l'ai expliqué je n'avais pas de "doudou" petite , je
serrai bien fort mon oreiller dans mes bras ... et je lui faisais un
gros câlin...
En face de chez moi dans la cour carrée d'immeubles anciens, à PARIS, il
y avait une petite fille qui avait une "bécassine" et qui me narguait
sans cesse en me montrant sa bécassine à la fenêtre.
J'étais obsédée par cette bécassine..qui devait être son doudou à elle...
J'ai grandi sans doudou, mais ce qui ne s'est pas fait dans cette
enfance est venu après...
est-ce ainsi pour tout le monde ?
J'ai eu mes deux enfants, qui eux n'ont manqué de rien et ont eu leurs
doudous à eux divers et variés, mais celui préféré de mon deuxième fils
était un petite couverture que je lui avait confectionné moi-même qui
était toute bleue et rayée de blanc, j'avais mis autour une bordure en
ruban de satin bleu, et c'est cette couverture qui ne l'a pas quitté.
Il la promenait partout, il ne fallait surtout pas l'oublier.. il l'a
dépenaillée à force de câlins et de lavages...
je l'ai rétrécie, mais je lui recousais à chaque fois et je le revois
attendant sa couverture..
Un jour je lui dit: " Martial tu es grand , crois tu que tu pourrais me
montrer que tu es grand et laisser un peu ta couverture de côté, je ne
te la jette pas , mais on va la ranger ensemble, si tu veux ? et si tu
la veux vraiment une fois en passant tu sauras qu'elle est là, tout
comme ta maman , es tu d'accord?" il a dit :"OUI"
Il a pris sa couverture et l'a rangé lui-même et il ne l'a jamais
reprise..un jour je lui ai demandé :
Martial me donnes tu l'autorisation de jeter ton doudou? il m'a dit:" oh
oui! je l'avais oublié, il doit être beau!" on a bien rit et on a
enterré la couverture .. comme pour lui faire le passage entre le bébé
et le petit garçon qu'il était devenu.
Moi je 'ai pas eu de doudou, mais en allant en Bretagne j'ai fais des
kms et des kms pour trouver une bécassine, je l'ai acheté ( j'avais au
moins 25 ans !!)
Plus quelques nounours et quelques poupées. Les nounours trônent dans ma
chambre et deux à trois poupées dans un vieux landau.
Je vous envoie quelques photos de mes doudous d'adulte ?, quoique j'en
doute ? suis-je adulte ?
à m'acheter des nounours ?? enfin c'est ainsi .. je n'en ai pas honte,
je suis contente d'avoir réalisé un vieux rêve enfoui...
On a besoin de câlins toute notre vie ..
Papistache nous a laissé très gentiment des idées de défis ! Grand merci à lui !
Voici donc ce qu'il nous propose pour ce défi #115 :
Mais que deviennent-ils les doudous perdus par les petits enfants ?
Rimons cela avec des rimes en “ou”, en “oub“, “oube“, “ouc”, “oud”, “oude”, “ouf”, “ouffe”, etc... au choix ... (pas toutes).
Envoyez-nous l'histoire rimée de vos Doudous à l'Adresse bien de chez nous : samedidefi@hotmail.fr
Interrogez-vous, rappelez-vous, imaginez-vous
dites nous tout.
Merci à vous !
Joye ; MAP ; Cédille ; Venise ; trainmusical ; Lorraine ; Zigmund ; Sebarjo ; Poupoune ; Vegas sur sarthe ; 32Octobre ; Joe Krapov ; Kate ; Adrienne ; Walrus ; rsylvie ; KatyL ; Tiphaine ; Captaine Lili ; Jo Centrifuge ; Violette ;
Il n’est pire eau que l’eau qui dort, et je
sens que les festivités sont ouvertes pensa Roselita en entendant un crissement
de freins devant le perron. Elle avait reconnu le bruit incomparable de la Bugatti
de Mademoiselle Anne-Charlotte, le modèle Type 101 sorti en 1951 mais si beau
dans sa carrosserie rouge cramoisi ! Lorsque Mademoiselle Anne-Charlotte
arrivait Roselita savait qu'elle bouleverserait l'ordinaire !
Elle se précipita pour l’accueillir, en bonne gouvernante qu’elle était. C’est
que, dame, Mademoiselle Anne-Charlotte était la seule à se montrer généreuse et
elle ne comptait pas ses largesses envers la gouvernante qui faisait aussi
office de femme de chambre et de cuisinière au château. Grâce à Anne-Charlotte,
Roselita pouvait se pavaner lorsque, profitant d’une journée de congé, elle se
rendait en ville. Quelquefois malgré tout elle avait hésité avant de mettre
telle ou telle robe, des vêtements de prix certes mais qui ne cachaient quasiment
rien de ce qu’ils étaient censés cacher …
Précédée, suivie, enveloppée d’effluves d’un parfum capiteux (Roselita avait
reconnu Chouchou de Cherlin)
Anne-Charlotte avait éparpillé ses nombreuses valises dans le grand hall, jeté
ses gants sur la bergère Louis XV et s’était affalée sans élégance sur la
Chaise de la Reine, judicieuse petite merveille d’époque percée d’un trou
circulaire sous lequel, à l’origine, était placé un seau très utilitaire !
Cette chaise faisait l’objet d’une dévotion particulière de toute la
famille : La reine Marie-Antoinette y avait paraît-il posé son
séant !
Anne-Charlotte n’eut pas le temps de se détendre. Une voix à l’accent pointu
avait retenti :
- Aaaahhh ! Vous voilà enfin ma fille !... Mais, ne vous jetez donc
pas ainsi sur LA chaise !
Anne-Charlotte soupira et se dit que les amabilités étaient lancées !
- Bonjour Mère s’entendit-elle répondre la tête ailleurs. Comment vont
vos jambes ?
- Vous vous faites si rare ma chère, ne me dites pas que vous vous en souciez !
Ma sciatique résiste à tous les traitements et le docteur MEUSIER
est au-dessous de tout, d’ailleurs je l’ai remercié et j’ai changé de
médecin !
En geignant elle donna quelques ordres à Roselita qui ne perdait pas une miette
de la joute qu’elle sentait naître, puis le silence se fit. Mère et fille
n’avaient déjà plus rien à se dire même si elles ne s’étaient pas vues depuis
presque une année.
Anne-Charlotte sortit une Gauloise sans filtre de son étui en or et lui ajouta
un chewing-gum Hollywood qu’elle se mit à mâcher bruyamment et avec toute la
conscience dont elle était capable. Madame Mère haussa les sourcils puis
hoqueta. Ses yeux avaient pris une teinte d’orage !
- Mais !... Vous n’y pensez pas ma fille ! Votre comportement
laisse de plus en plus à désirer ! Non seulement vous vous affalez cuisses
ouvertes sur la chaise de la reine mais voilà que vous fumez, vous
mâchez ! C’est d’un commun ! De la tenue que diable ! Franchement
ma chère, vous faites peuple !
- C’est mieux que d’se payer une bonne bourre répondit Anne-Charlotte
s’oubliant totalement ! C’est moi qui banque, pas besoin de gueuler comme
un chabannais. Si ça démarre comme ça je mets les bouts, je me casse à
Chicoutimi ou à Dunkerque ! Peuple ? Vous avez dit
Peuple ? ! Mais qu’est-ce que j’en ai à battre moi, que ça fasse
peuple ! J'ai quand même le droit de me payer une bouiffe et je sais
encore que mon derrière m’appartient, non mais des fois… !
Madame Mère, au bord de l’étranglement, et à la limite extrême de la crise de
nerfs, s’effondra en pleurs non sans avoir montré d’un doigt impérial, la
porte à Anne-Charlotte !
- Mais où avez-vous donc appris ce langage ? Vous parlez comme une
charretière… Que dis-je… une fille à soldats ! Qu’ai-je fait pour mériter
une chose pareille ? Vous avez été éduquée comme il se doit, j’en connais
encore le prix gémit elle, oubliant que dans la noblesse parler d’argent est
inconvenant ! Je parie que vous ne savez même plus comment se mangent les
asperges !
Anne-Charlotte failli briser ses dents et eut un hoquet. Manquerait plus qu’ça
pensa-t-elle. La vieille se douterait-elle de quelque chose, sinon pourquoi
aurait-elle parlé d’asperges ?
- Dans l’aristocratie on ne parie pas non plus rétorqua Anne-Charlotte, puis
elle se dirigea vers les jardins après avoir calmé ses nerfs sur la superbe
porte d’entrée dont les vitres volèrent en éclat ! Cet effondrement
fracassant acheva Madame Mère !
- Je l’avais prédit, pleurnichait Roselita, et elle s’apprêtait à remettre les
choses en état lorsqu’un cri de stupéfaction se fit entendre !
- Le bassin à la française ! Qu’a-t-on fait du bassin à la
française ? Roselita, viens ici, explique !
Devant Anne-Charlotte ce qui avait été un bassin dessiné par LE NÔTRE n’était
plus qu’un vulgaire trou d’eau boueuse. Amas de terre et tuyauteries en
tous genres s’étalaient sur les rosiers et un plongeoir dormait sur la petite
haie de buis !
- Calmez-vous ! Mais calmez-vous donc Mademoiselle supplia Roselita… C’est
que votre mère a décidé de transformer le bassin en piscine… Un coup d’jeune
qu’elle a dit. D’ailleurs, vous le verrez, tout ou presque a été transformé
ici. Autant que vous le sachiez les haras servent à présent de salle à
manger, Madame a exigé un bar (chic et de bonne tenue cela va sans
dire) et il y aura des douches dans les communs.
- J’ai plus qu’à me foutre une cartouche dans la cafetière hurla
Anne-Charlotte ! Et dire que je m’encagasse sans arrêt avec ce
domaine ! J'turbine moi, pour payer les factures ! C'est la mort de mon
patrimoine historique ! C’est la fin des haricots !... Gaffe se dit-elle,
je m’oublie, ici je suis Anne-Charlotte DE L---, je sens que je vais devoir
être sur mes gardes…
-… Et attendez… C’est pas tout dit Roselita ravie de voir se déliter la
Mademoiselle !... Le château… Ben c’est plus vraiment un château,
mais moi j’dis rien hein ! D’ailleurs j’sais presque rien sauf que les
grandes chambres de l’étage ont été divisées pour faire plein de petites.
Madame a fait mettre aussi des bougeoirs en bronze sur toute la longueur de
l’escalier d’honneur, elle dit que c’est pour impressionner les clients !
- Les clients ? Mais quels clients ? Les clients de qui ?
- Ben, mais les clients de l’hôtel Mademoiselle ! C’est un hôtel
maintenant, depuis une saison déjà ! D’ailleurs voici l’un de nos
meilleurs pensionnaires ! Bonjour Monsieur BERNARD minauda t-elle !
Bonne promenade ?
Devant Anne-Charlotte se tenait un costaud au regard de braise, large
sourire, dents carnassières en or, borsalino voilant la braise des
yeux. Un air de « me touche pas de trop près ou je t’en colle une ».
Un gourmand de première classe, ça se voyait à l’œil nu ! L’odeur d’un
cigare enveloppait le tout comme un paquet cadeau.
- ça c’est un Cohiba pensa Anne-Charlotte…. Et celui qui mord le cigare c’est…
Oh my God, mais c’est… ! Se fut sa dernière pensée, ses yeux roulèrent et
elle eut l’impression fugitive des nuages qui fondaient sur elle plus vite que
le son… Elle venait de perdre connaissance.
Cris de Madame Mère, gémissements de Roselita, lorsque Anne-Charlotte revint à
elle, elle vit ces deux-là, inquiètes au-dessus d’elle, comme des poules en
recherche de couvée. Mais il y avait aussi Monsieur BERNARD ! On le
vit sourire de tout l’or de ses dents et avaler en un baiser goulu les lèvres
d'Anne-Charlotte ! Surprises, ces lèvres-là n’hésitèrent pas longtemps
entre bienséance et gourmandise. Monsieur BERNARD fut dégusté comme une fraise
juteuse !
Au bout d’un temps qui avait laissé Mère et gouvernante à l’état de statues de
sel, Monsieur BERNARD se redressa et l’on entendit sa voix de basse
murmurer :
- Alors comme ça Gina on prend des vacances chez les Aristos ? J’suis bien
content de te retrouver ici. La cambrousse ça ne me va qu’un temps mais j’ai dû
me mettre au vert et décambuter de Paname quelques temps ; j’ai esbigné
comme dirait ton Marcel (Madame Mère n’en perdait pas une !)…Ah tu sais
(soupirs) j’en ai payé des douloureuses, j’ai fait le con, j’ai trop éclusé…
Finalement je me suis fait coincer par GARLON (c’est un commissaire, ajouta
BERNARD à l’intention de Madame Mère). Deux ans au trou, j’ai supporté mais
j’ai voulu voir du pays alors j’ai monté une affaire à Caracas… J’étais pas à
plaindre là-bas, y a des filles autant que t’en veux, question nibards c’était
chouette… Mais pas tant qu’toi Gina ! Question santé ça va, j'me
maintiens, même si j'ai eu un temps la panique... J'ai eu peur d'avoir attrapé
la chtrouille, ça m'a emberlingué longtemps, j'avais des fraises pas tagada sur
mon ensemble trois pièces mais t'inquiète pas, ça brille comme avant et c'est
tout neuf ! Oh puis tiens, j'ai comme un besoin là, urgent qu'il est Pépette,
un tite bourrée exotique d'une heure pour pas cher, ça te dirait ?
Madame Mère était au bord de l’apoplexie !
- Dis ! T’as pas augmenté tes tarifs quand même ! Pour moi ce sera
les mêmes gourmandises qu’autrefois ! Je m’en souviens comme tu les
faisais bien !
Se redressant comme une paonne javanaise, Anne-Charlotte alias Gina, retrouvant
comme par miracle son accent des faubourgs, lança à sa comtesse de mère :
- Eh bien voui ! Voyez-vous mère, je suis comme qui dirait dans les
asperges ! Autrement dit je suis une fille, une vraie, une rabatteuse, une
qu’a pas peur des heures sup ! Au turbin j'suis Gina ! Vous faut-il un
dessin ou ça va comme ça ? Pas la peine de faire votre tête de Gauloise,
c'est tel que j'vous l'dis, j'prends cher, pas moins de 400,00 euros la moitié
d'une heure, j'ai un statut et j'y tiens, pas question de mandaver ! Et
j'entretiens tout ça croyez-le bien mère, j'ai une bien belle minche (que je
tiens de vous d'ailleurs) et je la soigne ! Traduis Roselita et dit à la
patronne, pour faire simple, que sa fille racole !
… Et c’est ainsi que Madame Eléonore DE L---, comtesse de son état, découvrit
que sa chère fille Anne-Charlotte, celle en qui elle mettait il y a peu tous
ses espoirs, vivait de ses charmes (qu’elle avait nombreux) sur les boulevards
mal famés de la capitale !
Madame Mère se dégonfla et s'effondra comme un soufflé raté… On a la noblesse qu’on peut !