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Le défi du samedi
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18 septembre 2010

Mais que deviennent-ils les doudous perdus par les petits enfants ? (Adrienne)

Mais que deviennent-ils les doudous perdus par les petits enfants ?

Il lui est arrivé bien souvent de voir des chambres de maternité. Le visiteur qui s’amenait avec un doudou avait l’air fin : l’endroit ressemblait chaque fois immanquablement à la succursale bien achalandée d’un marchand de jouets spécialisé dans les articles pour nourrissons.

Il lui est arrivé aussi de voir des lits de jeunes filles. Souvent elle se demandait combien de temps ça prenait, chaque jour, pour placer dans ce bel ordre hiérarchique cette riche collection de doudous. Et aussi comment la jeune fille s’y prenait pour trouver le moyen de se glisser elle-même, aussi menue soit-elle, entre ces draps, sans déranger ce bel agencement.

Il lui est même arrivé quelques fois de voir des greniers de futures grands-mères. L’espoir y faisait vivre une armée de doudous. Comme dans le château de la Belle au Bois dormant, ils attendaient – sans prendre une ride – qu’un petit prince vienne réveiller toute la ménagerie ensommeillée.

Elle aussi a eu un doudou. Unique et précieux. Un gros nounours qui tendait deux petits bras tout raides. Il était habillé d’un tricot à rayures et de la petite culotte assortie, vêtements qu’elle avait portés elle-même jusqu’à ses dix-huit mois. Il s’appelait Nounours, tout simplement. Il comprenait beaucoup de choses. Souvent, elle le serrait contre son cœur. Très fort.

Elle n’avait pas le droit de le prendre dans son lit. Alors elle l’asseyait sur une chaise où il attendait toujours patiemment, arbitre et témoin de ses moindres faits et gestes.

Puis il y eut le petit frère avec qui il fallut peu à peu tout partager. Il avait une étrange prédilection pour les quelques objets auxquels elle tenait le plus. Un jour qu’elle était à l’école, il arracha les yeux de Nounours. Elle en pleura. Sa mère ne comprit pas son chagrin. Pleure-t-on pour un Nounours quand on est une grande fille de bientôt sept ans ?

Il lui arracha aussi un des ses petits bras qu’il tendait pourtant avec tant de tendresse. Il lui déchira son tricot à rayures. Sa grand-mère a recousu le bras. On lui a enlevé son petit tricot. Nu et aveugle, il lui inspirait encore plus d’amour.

Elle était tout le temps inquiète pour lui. Qu’aurait-il encore à subir ?

Un jour, elle ne le trouva pas sur sa chaise. Elle le chercha partout.

- Je l’ai jeté à la poubelle, dit sa mère.

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Commentaires
A
merci Vanina :-)<br /> ce défi a en effet réveillé en moi un souvenir que je croyais bien enfoui (et même "digéré") mais qui évidemment est lié à plein d'autres choses<br /> merci de ta sympathie
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V
Quelle bonne idée j'ai eu de venir te lire, ce texte est profondément touchant mais il respire tellement le vécu, qu'il me laisse finalement sans voix.<br /> Sourire (un peu triste<br /> Vanina
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A
merci, katyL :-) et oui, c'est vrai, le plus grave, ce n'est pas les petits frères ;-)
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K
c'est triste mais bien réel, les petits frères et soeurs font parfois des trucs semblables , mais ils ne savent pas toujours.. un doudou vous avez l'image d'un ourson, ou d'une petite chose comme sur les images du défi, mais parfois c'est un bout de ruban, un chiffon, un rien, une forme... qui devient un "truc" ...sans nom<br /> mais un nounours lui il a une forme.. puis des yeux qui vous regardent ...<br /> bien écrit Adrienne, très bien.<br /> katyL
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A
oui Joye, ma mère aussi a donné des choses (sans me consulter hahaha) mais jeter cet unique nounours, je n'ai jamais compris pourquoi, ni compris la désinvolture de sa réponse à ma question "pourquoi"<br /> <br /> merci Joye, Vegas, Walrus, Valérie, Joe Krapov, MAP, Venise, Brigou, Zigmund, Poupoune, Teb, danselavie et trainmusical! merci à tous pour vos commentaires, ils me font très plaisir (et j'espère que je n'ai oublié personne)<br /> <br /> je vous lirai et commenterai dès que j'ai une minute!
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A
je crois comprendre, Zigmund, j'ai eu moi aussi une réaction automatique de "rejet" envers la consigne, en me disant que je ne pourrais raconter que des choses tristes (et que je ne le ferais sûrement pas en vers, comme on nous le demandait)<br /> et puis finalement la 3e personne permet de mettre un peu de distance et mon histoire n'est tout de même pas aussi dramatique que celle liée au doudou du petit Simon, dans "un secret" de Philippe Grimbert...
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T
Triste fin.<br /> <br /> Un sourire toutefois en lisant ceci:<br /> "Souvent elle se demandait combien de temps ça prenait, chaque jour, pour placer dans ce bel ordre hiérarchique cette riche collection de doudous."<br /> ça me fait penser quand j'alignais les peluches d'un de mes enfants lorsque je faisais son lit:-)
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D
et ça existe !!!!<br /> les enfants ne méritent pourtant que de l'amour et même des doudoux s'il faut!!!
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T
ohhhhh...<br /> Dur !
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P
Oh la la ! C'est triste !! Mais il ne faut jamais, JAMAIS jeter un doudou comme ça ! Des coups à ce que l'enfant nourrisse une de ces vengeances... <br /> (ça me donne une idée...)<br /> (hé hé... ;o)
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Z
c'est parce que cette consigne réveillait en moi des souvenirs semblables que je n'ai pas souhaité la traiter. Sauf à avoir un cœur de pierre(ou ne pas en avoir du tout)on ne se console jamais tout à fait de la perte d'un doudou
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B
On imagine bien toute la peine d'un enfant si on lui jette son doudou ou son nounours ! Même abimé on a toujours de la tendresse pour lui...
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V
un joli récit qui nous donne envie de dormir avec un doudou ce soir!!!
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M
Oh quelle triste fin pour un Nounours aimé !!!!<br /> J'ai toujours été surprise par la façon dont certains jeunes enfants brisent leurs jouets ou les jouets des autres !
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J
Blang ! Il y a des cruautés dans les chutes d'Adrienne qui font plus mal encore que les coups de couteaux chez Poupoune.<br /> <br /> Oh oui, fais-moi mal, Johnny, Johnny ! J'aime l'amour des mots qui fait mal !
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V
C'est une histoire triste. On en s'imagine pas comme de petites choses qui nous apparaissent anodines à nous les adultes peuvent profondément marquer un enfant. <br /> Peut-être que retrouver le même "Nounours" vous réconcilierait avec l'épisode?<br /> Moi aussi j'appelais tout simplement mon nounours "Nounours". Je l'ai moi aussi perdu (on me l'a volé) quand j'étais petite et depuis je recherche le même... pour me consoler de sa perte. <br /> C'est un texte très touchant.
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W
Tristounet, surtout quand c'est vécu.<br /> Mais l'inverse existe :<br /> http://presquentrenous.canalblog.com/archives/2009/09/16/15087321.html
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V
La mort lente du doudou... présage du passage à l'âge adulte. Bienheureux ceux qui ont pu garder leur doux ami et le préserver des agressions des plus jeunes! Histoire vécue, Adrienne ?
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J
Ah noooooooooooon !<br /> <br /> Ma maman à moi a donné tous mes bouquins ! Je ne l'ai toujours pas pardonnée !<br /> <br /> Bisou pour la petite sweet-heart qui a perdu sa doudou.<br /> <br /> (ne m'en veux pas, mais cela me rappelle la poupée assassinée par les grands frères de la petite Meggie dans Les Oiseaux se cachent pour mourir)
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