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Le défi du samedi
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19 décembre 2015

Se sont montrés patients

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19 décembre 2015

Retard (Marco Québec)

-          Bonjour monsieur.
-
          Bonjour, votre nom s’il-vous-plaît.
-
          Où suis-je?
-
          Vous êtes au ciel.
-
          Est-ce que je suis mort?
-
          Je suis désolé de vous l’apprendre, mais c’est bien le cas.
-
          Oh!
-
          Et votre nom, s’il-vous-plaît.
-
          Émile Larivière.
-
          Alors voyons cela. Larivière, Émile, Montréal, accident d’automobile, heure du décès : 16h02.
-
          Oh!
-
          Il est 16h32. Vous arrivez donc au ciel avec une demi-heure de retard, ce qui n’est pas du tout dans les normes, monsieur Larivière. Je vais devoir en référer à mon supérieur.
-
          Est-ce que votre supérieur, c’est Dieu?
-
          Vous blaguez, monsieur. Avec toute la bureaucratie qu’il y a ici, vous n’imaginez tout de même pas que Dieu soit mon patron. D’ailleurs, entre vous et moi, je n’ai pas encore rencontré Dieu.
-
          Oh!
-
          Avez-vous votre formulaire?
-
          Quel formulaire?
-
          Le Si-L.
-
          Je n’ai aucun formulaire.
-
          Non, mais ce n’est pas possible. Une demi-heure de retard et pas de formulaire.
-
          Je suis désolé, monsieur…
-
          Monsieur Lange.
-
          Oh!
-
          Attendez un instant. J’appelle mon supérieur… Pas de réponse évidemment. Depuis qu’ils leur ont installé des afficheurs, je les soupçonne de filtrer les appels.
-
          Monsieur Lange, est-ce que je peux aller à la salle de bain?
-
          Pourquoi donc?
-
          Bien, j’ai un peu envie.
-
          Non, mais je n’en crois pas mes oreilles. Vous voulez dire que vous n’avez pas eu la mise à jour préalable à votre entrée au ciel.
-
          Si vous le dites.
-
          Non, mais on se demande ce qu’ils font les fonctionnaires à l’accueil.
-
          Et pour la salle de bain?
-
          Vous allez devoir attendre.
-
          Oh!
Monsieur Lange appelle donc la secrétaire à l’accueil.
-
          Bonjour madame Marie-Ange. Ici Lange, au ciel. J’ai un type, un dénommé Larivière, qui nous est arrivé avec une demi-heure de retard. Il n’a pas son formulaire et on ne lui a pas fait la mise à niveau préalable. En plus, il croit que mon patron, c’est Dieu. Vous pouvez me dire ce qui se passe à l’accueil aujourd’hui.
-
          Vous n’êtes pas au courant?
-
          Au courant de quoi?
-
          Tout le personnel est en rencontre pour le lancement de la nouvelle planification stratégique. Vous n’êtes pas sans savoir que celle-ci revoit de fond en comble nos procédures et fixe nos nouvelles cibles de performance.
-
          Je n’ai jamais entendu parler de cela.
-
          Je peux les informer de cette faille dans leur plan de communication.
-
          Et qu’est-ce que je fais avec Larivière?
-
          La section des refoulés est déjà complète. Je ne vois pas d’autre solution que de le retourner sur terre. D’où vient-il?
-
          De Montréal.
-
          Laissez-moi vérifier. Pour Montréal, nous n’avons pas encore atteint notre quota de retour. Vous pouvez le retourner sans aucun problème.
-
          Je vous remercie, madame Marie-Ange.

-       Monsieur Larivière, les services d’accueil tiennent aujourd’hui une activité de formation de la plus haute importance. Voilà ce qui a occasionné tous vos petits ennuis.
-
          Oh!
-
          Nous allons devoir vous retourner à votre vie à Montréal.
-
          Mais il n’en est pas question, monsieur Lange. Je suis mort et je veux le rester.
-
          Que tout cela est embêtant!
-
          Moi je n’ai rien demandé. À vos services de trouver une solution.
-
          Qu’est-ce que vous faisiez comme travail à Montréal?
-
          J’étais consultant en gestion, en réingénérie des processus d’affaires, etc.
-
          Ah! Je vois. Je crois que j’ai une solution pour vous.

 

19 décembre 2015

GUI AMUSANT EN AMORCE (par joye)

vingt minutes après

19 décembre 2015

Participation de Fairywen

Le temps d’un battement de cœur...

 

Le cartouche que tu as découvert est la pièce manquante de la porte de la prison où est enfermé mon frère. La malédiction qui a été jetée sur sa geôle implique que seule la personne qui trouve ce morceau de pierre peut le remettre à sa place pour faire jouer la serrure et ouvrir la porte.

Incrédule, Chad se pinça afin d’être sûr de ne pas rêver. Un rire cristallin retentit autour de lui.

Je t’assure que tu ne rêves pas.

— D’accord, mais qui me dit que je peux te faire confiance ?

Rien du tout.

La réponse lapidaire surprit le jeune homme, qui s’attendait à de véhémentes protestations assorties d’un long discours. Il ne chercha pas à retenir le sourire qui lui vint aux lèvres.

— Voilà qui est clair, au moins.

J’ai l’habitude d’aller droit au but.

— Tout à l’heure, tu as dit « ton monde »…

Je viens d’un autre univers que le tien.

— Et comment suis-je censé le rejoindre ?

Prends le diadème. Il t’amènera à moi.

Chad hésita le temps d’un battement de cœur, mais il avait trop envie de savoir. Sa main se posa sur le cobra dressé et soudain, sa tente si familière disparut, pour être remplacée par une autre tente, plus grande, plus exotique. Ce fut à peine s’il sentit le félin noir s’enrouler en ronronnant autour de ses chevilles. Il n’avait d’yeux que pour la silhouette qui lui faisait face. Sans comprendre comment, il savait que c’était celle de la jeune fille dont l’ombre avait remplacé celle du chat. Ses longs cheveux noirs cascadaient dans son dos, et ses yeux verts le fixaient avec amusement. Sa peau hâlée par le soleil du désert luisait doucement à la lueur des lampes à huile, faisant ressortir le blanc éclatant de sa tunique en lin, serrée à la taille par une ceinture de fils d’or tressés.

— Je crois que ceci t’appartient, articula Chad en lui tendant le diadème.

 

Moins d’une demi-heure s’était écoulée depuis qu’il avait quitté le chantier de fouille, et il savait déjà que sa vie ne serait plus jamais la même…

Le temps d'un battement de coeur

 

 

 

19 décembre 2015

UNE DEMI-HEURE PLUS TARD… (Lorraine)

            Une demi-heure plus tard, elle sanglotait, pliée en deux sur le lit défait où il venait de la dépuceler. Sans un mot, sans un baiser, juste un aller et retour saccadé, bourru, presque furieux.  Comme un chien en rut. Puis, satisfait, il avait remonté son jean, bouclé la ceinture, mâchonné un sourire :

            - Je file, on m’attend. A plus’…

            A plus !.. Non, ce n’était pas un viol. Oui, elle était consentante. Il travaillait à  deux pas de chez elle, à la grande brasserie,  il venait presque quotidiennement acheter un sandwiche, elle le trouvait gentil et s’arrangeait pour le servir ; il la regardait avec un sourire en coin, comme s’il appréciait d’être le favori parmi la clientèle quotidienne qui sortait de l’usine à midi pile et retournait bosser à midi et demi. Grand, blond, une mèche lui retombant sur le front, elle fut d’abord attendrie, puis troublée par l’insistance d’un regard amusé et connaisseur, qui la détaillait plus que nécessaire.

             « Est-ce que je lui plais vraiment ? » se demanda-t-elle un soir devant la glace. Le lendemain, elle enfila sa robe moulante, largement décolletée sur des seins libres qui bougeaient à chaque mouvement.  C’est alors qu’il s’enhardit.

            - C’est la fête dimanche sur la place. Tu ne viendrais pas danser avec moi ?

            Elle triompha. Elle ne s’était pas trompée, il l’aimait. Il l’aimait comme elle l’aimait, ils n’avaient pas besoin de mots, ils s’étaient compris. Les yeux suffisent quand on s’aime. Elle en avait repoussé d’autres, mais lui, il serait le premier, le seul. Elle s’était toujours juré de ne céder qu’à l’amour. Pas aux flirts un peu trop poussés, pas pour « l’expérience » comme son amie Gilda, pas parce qu’elle avait 17 ans et que sa cousine de 16 ans (qui n’était plus pucelle depuis longtemps) se moquait d’elle. Non, uniquement par amour…

            Sur la place, les derniers flonflons de la fête s’éteignaient un à un…

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19 décembre 2015

Une demi-heure avant de mourir, la norme ISO 10664 a fait un mort (Vegas sur sarthe)

 

J'ai plus une seconde à perdre. Pourquoi faire cadeau d'une seconde à cette Vie qui n'veut plus d'moi?
C'est facile, je prends l'minuteur que j'règle sur 30 minutes, non plutôt 29 car je sais qu'il a toujours pris des libertés avec les minutes, même avec des piles neuves.
Chez moi la liberté du minuteur se mesure à la noirceur des pizzas et à la dureté des œufs coque.
Par prudence j'vais lui remplacer ses piles avec celles que j'conserve dans l'troisième tiroir du meuble de la cuisine, a milieu des cure-dents, des fèves en porcelaine des galettes des rois, des échantillons d'parquet stratifié et de toutes les p'tites bougies d'anniversaire.
C'est ballot, j'allais avoir 98 ans demain... non 99, quelle importance ? J'aurais jamais eu assez de bougies.
Euh... comment ça quelle importance? J'essaie d'mettre toutes les chances de mon côté pour vivre au mieux ces 29 dernières minutes et j'efface 12 mois d'ma vie, une bévue de 365,24 jours! J'espère que celui qui gravera la date sur ma tombe ne fera pas d'erreur sinon j'pourrais bien revenir lui parler du pays!
Où ai-je mis ces foutues piles? Si j'dis foutues piles pour les piles neuves c'est pour ne pas les confondre avec les piles foutues que j'garde aussi précieusement qu'inutilement.

Finalement j'vais prendre celles du réveil-radio que je n'mets jamais en marche puisqu'il y a bien longtemps que j'me soucie plus ni d'l'heure du réveil ni des infos.
Forcément la trappe des piles du réveil-radio résiste mais il en faut plus à un vieux singe qui ne s'fera pas baiser une dernière fois par une trappe avec des vis à tête Torx.
Rien qu'à prononcer le mot Torx - j'voudrais vous y voir avec un dentier du siècle dernier - on sent toute la fourberie qu'a mis son inventeur à créer cette tête de noeud pour clé hexalobulaire interne!
Rien à foutre de leur norme ISO 10664! J'attrape mon fidèle couteau d'cuisine, un Office de 9 cm qui coupe trop bien, le même que celui des champions de Master Chef et qui m'sert surtout à dévisser les vis Torx.
Je sais qu'ça peut finir comme ça: dans 30 secondes y'aura des taches rouges sur le carrelage jusqu'à l'armoire à pharmacie - 2ème tiroir à droite, celui qui coince - où s'trouve en principe la boîte qui contient entre 30 et aucun p'tits pansements extensibles et hypoallergéniques si difficiles à déplier et qui vous font saigner encore plus.
Quand j'étais gamin, le spectacle du cochon qu'on saigne, ficelé sur une échelle et gueulant comme si on l'égorgeait m'a toujours horrifié, mais le vieillard aguerri que j'suis saigne en silence, serre les dents - pas trop fort à cause du dentier du siècle dernier - et contemple son raisin* qui devrait encore couler, voyons voir... pendant 28 minutes selon mon facétieux minuteur.

J'ai toujours eu du mal à coaguler, pour cause d'hémostase en déroute et d'un jeu d'plaquettes à faire mourir de rire les techniciens d'chez Midas. On m'a souvent dit qu'j'avais une thrombine pas comme les autres et qu'j'aurais pu être second rôle dans un film de Dracula.
Du coup j'aimerais bien savoir si j'serai vide avant 28 minutes? Tant pis, j'm'offre le luxe de perdre 30 secondes à faire le calcul.
Putain! Ça pisse pas mal: si j'ai toujours mes 7 litres de sang dans l'corps, à raison de 2 gouttes à la seconde et 15 gouttes au millilitre, j'serai vide dans 15 heures donc bien après ma mort!
Mais alors j'vois pas l'intérêt d'une hémorragie post-mortem et risquer d'me blesser avec ce couteau en ouvrant la trappe du réveil-matin pour y prendre ses piles, ni de changer celles du minuteur, ni même de le régler sur... combien déjà?
27 minutes.
J'commence à trouver l'temps long.

C'est toujours pareil quand on s'fixe une échéance et j'ai toujours eu horreur des échéances: le dernier jour de déclaration des impôts, la veille du jour de ramassage des poubelles, le jour du passage à l'heure d'hiver, le jour de la fête des pères, des mères, des grand-mères, le jour de la fête des voisins, celui de la fête des morts.
Au fait, y doivent m'attendre impatiemment là-haut.
Et dire que bientôt on me souhaitera ma fête à la Toussaint - le même jour que tante Anastazia et pépé Marcel - ça fait quand même quelque chose !

(*) le mien, c'est du Gevrey-Chambertin 100% Pinot noir, s'you plait

 

 

19 décembre 2015

Une demi-heure plus tard (Laura)


J’aime quitter un lieu
Marcher vers une gare
Me retourner vers ce lieu
Ou ne plus lui jeter un regard

Voir le pont de la gare se dessiner
Passer dessus ou dessous les voies
Sentir vibrer le sol sous mes pieds
Ou prendre le souterrain en émoi

Rentrer dans le hall de gare
Petit et banal ou grand et artistique
Inconnu ou mille fois vu, une habitude
C’est toujours magique

Consulter le tableau des départs
Ou attendre que s’affiche une arrivée
Rester dans le hall à l'écart
Ou se ruer sur le quai pour s'aérer

Attendre en lisant ou écouter
« Les grosses têtes », rire seule
Regarder le paysage, humer et rêver
L'arrivée du train enfin annoncé

Grimper dans le train, s'installer
Voir le quai s'éloigner, le paysage
Défile, une ou plusieurs gares à passer
Avant de retrouver celle de mon port d'attache

Quand il n'y a pas grève
Ni de problème technique ou de personnel
Se laisser bercer par le tangage
Du train et une demi-heure

Plus tard
Arriver à bon port
Une heure au hasard
De l'imaginaire à bord

19 décembre 2015

Pauvre Mathilde (Lilou)

la voiture s’enfonça lentement dans l’eau…

 

Une demi heure avant :

 

La journée avait mal commencé ; d’abord le réveil avait pris la liberté de sonner avec une heure de retard et il avait atterri en morceaux sur la carpette. Puis Mathilde avait dû se contenter d’avaler un breuvage  brun, froid et amer, qui portait par erreur le nom de café, accompagné d’un vilain quignon de pain rassis. Evidemment du liquide, la moitié fut renversée sur le courrier qu’elle n’avait pas pris le temps d’ouvrir. Depuis quand n’avait-elle pas eu une vraie nuit de sommeil…une vraie avec un oreiller douillet sous sa tête ? Elle avait enchaîné garde sur garde puis encore des gardes ; manque d’effectifs ! Son téléphone de service la sortit de son humeur chagrine et elle répondit mollement à son collègue Guillaume. Elle grimaça ; elle devait se rendre dare-dare au château du Comte Jérôme La Trémouille du Schmoll, victime dans la nuit d’un important cambriolage.

Machinalement, elle attrapa les clefs de la Citroën 007 de service et maudissant  le GPS qui bien sûr ne fonctionnait pas elle démarra en cahotant. Après des errements et quelques erreurs d’itinéraires, elle rejoignit Guillaume, qui sur place depuis deux heures, inventoriait les objets volés. Outre quelques diamants et émeraudes, on comptait des tableaux célèbres : deux Picasso, un Dali, un Pollock, un Manet, un Renoir et même une tenture ancienne au point compté. Mathilde, étouffa un bâillement en pensant  que c’étaient beaucoup d’histoires et de billevesées pour des petits cailloux brillants et  de vulgaires copies. Un café, un vrai, aurait été le bienvenu. Soudain  elle sursauta : une tenture ! Non une tapisserie de la reine Mathilde, un ouvrage prêté par le musée de Bayeux ! Un cadeau de la Reine à son mari Guillaume le Conquérant, une valeur inestimable…

Porter le prénom d’une reine valait bien un effort ! Elle oublia le café et se concentra  sur l’enquête, rassembla les témoignages et  ne négligea aucune piste. Au bout d’une heure,  laissant la police scientifique finir son examen, les deux collègues montèrent chacun dans leur Citroën  de service. Mathilde, partie la première, s’engagea sur la route qui longeait le lac. Elle récapitulait tous les éléments de cette nouvelle enquête quand, d’un petit chemin de terre, déboucha un coupé cabriolet rutilant. Au volant, Arsène Lupin lui fit un petit signe amical ; trop fort c’était trop fort !  Elle avait le coupable à portée de main. Alors sans tenir compte du danger, elle fit un demi tour digne de Fangio mais hélas elle dérapa, fit une embardée et…

Mais ça c’était hier, fallait-il y voir un signe du destin ?

se disait Mathilde engoncée dans les plumes de sa couette fleurie de petites violettes. Elle éternua plusieurs  fois et  toussa fortement ; une main douce, Guillaume ou Olivier ?,  lui tendit un mouchoir parfumé à l’eucalyptus et lui fit boire une cuillerée de sirop pour calmer ses quintes de toux. Peu à peu, Mathilde sombra dans un sommeil léger puis fut emportée dans ses souvenirs.

 

19 décembre 2015

Blond vénitien (EnlumériA)

 

Le matin même, elle m’a dit comme ça : « J’ai une réunion ce soir. Il faudra que tu ailles chercher la petite à l’école. Et sois à l’heure. Ils ferment sans attendre. De nos jours, tu sais ce que c’est ! »

Ma journée s’est plutôt bien passée. Un collègue a organisé un pot. Pour la naissance de son fils. Un beau garçon de 3 kilos 7. Ah ! Qu’est-ce qu’on a rigolé. Le jeune papa, pour tout dire, il était un peu pompette. Il a pas fait grand-chose de l’après-midi. Moi non plus d’ailleurs. Vers 16 heures 30, je me suis préparé pour aller chercher Annie. Annie, c’est ma fille. Elle vient d’avoir huit ans. Une blondeur, comme sa mère. Blond vénitien ça s’appelle. Ça tire un peu sur le roux, enfin un genre de nuance, quoi.

Je suis parti en même que Fredo. C’est un chouette copain, Fredo. Ma femme l’aime pas trop. Elle dit qu’il a une mauvaise influence sur moi. Mais elle a jamais cherché à le connaître non plus.

Alors, Fredo, il m’a dit comme ça : « Allez quoi, viens prendre une bière, te fais pas prier.

Oui, mais moi, il fallait que j’aille chercher Annie. C’est ma fille Annie. Si vous saviez comme elle est blonde. Blond vénitien.

Et puis, Fredo, il a insisté : « Allez, viens boire un coup quoi. T’as bien cinq minutes. Une bière, juste une. Fais pas chier ! »

Au bout de la troisième tournée, je me suis rappelé d’Annie, à l’école. Annie, c’est ma fille, blonde comme sa mère. Et j’avais une demi-heure de retard. Putain ! Que je me suis dis. Je vais me faire engueuler. M’enfin, une demi-heure de retard, c’est pas la mort du petit cheval.

En même temps, une demi-heure, ça suffit pour qu’un chauffard, un alcoolo, perde le contrôle de sa caisse et percute Annie.

Annie, c’était ma fille. Une belle blonde vénitienne, comme sa mère. Avec une grosse araignée écarlate dans sa chevelure blonde.

Blond vénitien. Je vous l’ai déjà dit ?

19 décembre 2015

A quoi ça sert que le fou d'uchronie se décarcasse ? (Joe Krapov)

louis-16-a-varennesUne demi-heure plus tard, on arriva dans un petit village appelé Varennes. Personne n’y reconnut le roi tant son déguisement de valet simple d’esprit, d’homme qui avait perdu la tête, était excellent.

Une demi-heure plus tard, le feu n’ayant pas pris sur le bûcher de Jeanne, on la libéra de ses liens et on lui promit la vie sauve contre la promesse qu’elle rentrât chez elle à Domrémy afin d’y garder ses brebis. « Il n’y a pas de raison que les générations futures vous fassent la fête le premier mai. Ce jour-là, c’est la fête du travail et vous, tout ce que vous avez décroché jusqu’à présent, c’est un CDD de porteuse d’armure. Retournez faire vos preuves sur le terrain, revenez à vos moutons et on en reparlera ensuite. Et arrêtez de jouer avec ce téléphone portable ! Dites-vous qu’il n’a pas encore été inventé à notre époque ! Ce doit être un patrouilleur du Temps qui l’aura égaré !» conclut le capitaine Anderson en la menant aux portes de Rouen.

Une demi-heure plus tard, on attendait Grouchy et ce fut lui qui arriva. « Il n’y avait pas de raisons que ce fût Blücher, surtout en période de soldes » commenta l’Empereur.

Une demi-heure plus tard, un nommé Ravaillac qui passait rue de la Ferronnerie glissa sur une merde de chien et s’étala de tout son long. Pour une raison inconnue de tous il avait à la main un énorme poignard sur lequel, dans sa chute malencontreuse, il s’empala. L’homme ignorait sans doute la chanson que le poète anglais Kevin Ayers interpréta jadis à l’Elysée Montmartre :

" La ville de Paris est très belle
Champs-Elysées, Tour Eiffel
Mais sur les trottoirs de Paris
Y’a quelque chose de pas joli :
Caca, caca, partout caca ! "

Une demi-heure plus tard, la Bastille était prise. La populace hurlait : « Libérez nos camarades ! » mais il s’avéra qu’à l’exception d’un aristocrate enfermé là en raison de ses écrits licencieux, lequel ne désira même pas sortir de sa cellule, la prison était vide d’occupants.
- Tout ça pour ça ? se demanda le peuple. Et pour que l’on construise ici un opéra très moche ? Non merci !
Et ils retournèrent tous prendre la diligence de 8 h 47 pour Domrémy. Là-bas ils s’y firent engager comme bouchers-dépeceurs dans la fabrique de gigots de moutons de la famille Darc.

Une demi-heure plus tard, l’empereur avait pris sa décision. Plus question de se faire sacrer ni d’enquiquiner les mômes avec cette idée folle d’inventer l’école. Il se planta des fleurs dans la barbe et partit élever des chèvres au Larzac. Peu lui importait désormais d’unifier l’Europe des Goths, des Wisigoths, des Ostrogoths et des ophtalmos joueurs de go. « Bien entendu, se justifia-t-il, on peut sauter sur sa chaise comme un cabri en disant "l'Europe !", "l'Europe !", "l'Europe !", mais cela n'aboutit à rien et cela ne signifie rien. Et puis d’ailleurs, cabri, c’est fini ! ».

Une demi-heure plus tard, l’archiduc décida subrepticement d’annuler sa visite à Sarajevo et de venir chez moi pour fêter mon anniversaire.

Une demi-heure plus tard je tournai la dernière page de mon livre d’"Histoire de la France parallèle et par Toutatis". Je songeai que si j’en recopiais quelques passages piochés de ci de là, mon Défi du samedi serait vite écrit. Cela aurait pu sembler malhonnête mais j’eus l’idée d’entreprendre des recherches.

 

arrestvaren

Une demi-heure plus tard, j’étais complètement rassuré. J’avais découvert sur Internet qu’avec Gilles Debinche et Mick D. Bill, Toutatis était un autre de mes pseudonymes ! L’honneur était sauf.

Une demi-heure plus tard le royal carrosse s’enlisait dans la vase à Soissons. Pendant le désembourbonnage, un dénommé Clovis Trouille identifia une des passagères comme étant la reine Marie-Antoinette. Ce n’était pas malin non plus, en ces temps de disette, de s’empiffrer goulument de brioche sous le nez et la barbe des prolétaires.

 

Adieux de Fontainebleau

Une demi-heure plus tard, on annonça que tous les vols à destination de Sainte-Hélène étaient annulés. L’Empereur tenta alors d’échapper à ses gardiens. Il y laissa sa chemise mais parvint à s’enfuir et à regagner Fontainebleau.

Une demi-heure plus tard, Laure Manaudou exultait encore. C’est qu’on n’arrête pas aussi facilement qu’on ne le croit un orgasme familial et olympique.

Une demi-heure plus tard, le canard était toujours vivant.

19 décembre 2015

Participation de Venise

Une demie heure plus tard , j’ai ralenti ma marche et milles pensées m’assaillirent ;

J’ai jeté un long et triste regard sur le temps qui venait de s’écouler sans retour.

J’avais été incapable de détour ,de trahison;et ce mot d’adieu murmuré au creux de mon oreille sifflait encore comme une craie sur un tableau noir .

Ma cruelle infortune se lisait sur mon visage quand je fus tirée de mes sombres réflexions par le gazouillement d’une grive perchée sur la plus haute branche d’un bouleau.

Mon grand malheur se résumait dans cette question puis-je aimé à nouveau ?

j’étais sombre et je me suis juré de ne plus parler d’amour et ni d’enseigner qu’on trouve toujours de soi dans l’autre .

Je n’oublierai jamais ce réveil brutal ,sous ce ciel d’été d’un bleu sombre .

C’était fini pour moi je ne serai jamais la SANTA MARIA DELLA VITTORIA , évanouie d’amour , les yeux mis clos de bonheur et d’extase.

Des milliers de demies heures plus tard ,je n’ai plus été touchée jusqu’aux larmes ,

et dans les lambeaux de mes journées, je me suis fermée comme un livre .

Le pavé devait être moins dur que le cœur des hommes !!.

je venais de rejoindre Mme de CLEVES qui jugeait tous les hommes indignes de son amour .Et puis me défendre d’aimer devint peu à peu épuisant .

Mon cœur qui avait eu un penchant maladif pour la prudence s’ouvrait à nouveau à la gaîté folâtre de la présence de l’aimé .

ve01

19 décembre 2015

Et passent les années par bongopinot

bo01

 

Ils s’étaient connus au foyer de l’enfance

Elle était dans la souffrance

Lui dans la délinquance

Ils devinrent vite amis et complices

 

La vie les sépara quel dommage

Il dut partir faire un apprentissage

Elle étudia avec courage

Espérant la fin des noirs nuages

 

Pendant que les étés s'égrainent

Ils s'écrivent chaque semaine.

Et passent, les années par dizaine

Sans peine et sans haine

 

Un jour qu'il était en vacance

Elle, se rendait à une conférance

Dans sa région son petit coin de France

Ils prirent cela comme un signe une chance

 

Ils décidèrent alors de se revoir

Il l'attendait sur le quai de la gare

Quand, une demi-heure plus tard

Dans la brume et le brouillard

 

Le train arriva enfin

A dix heures treize du matin

Dès qu'elle l'aperçut elle oublia tout ses chagrins

Lui pensa de suite qu'elle allait changer son destin

 

Elle était loin leur enfance

Mais il avait gardé sa belle assurance

Et elle sa beauté son élégance

Aujourd'hui sur ce quai de gare leur vie, enfin commence.

 

19 décembre 2015

Le temps (MAP)

Petits bouts de temps

En ronde sur le cadran

Manège obsédant !

Réveil encadré

suivi du portrait d'une demi-heure :

 

Une demi-heure

 

N.B. Aucun réveil n'a subi de mauvais traitements

lors de la réalisation de cette mise en scène !

Bon jour chez vous !

 

 

12 décembre 2015

Défi #381

Une demi-heure plus tard .....

horloge

Nous attendons en temps et heures

vos participations à l'adresse bien connue :

samedidefi@gmail.com

A tout bientôt !

12 décembre 2015

Est-ce par hasard s'ils ont croisé ce regard ?

12 décembre 2015

T'as d'beaux yeux tu sais (Vegas sur sarthe)


Ça a débuté comme ça sans qu'on sache trop pourquoi - on dira par l'opération du Saint Esprit - dans une nuée de poussière âcre et ocre portée par une virginale brise matinale. Je sais, la poussière c'est pas très poétique mais en ce temps-là on savait pas faire dans la dentelle puisqu'on n'avait pas encore inventé la passementerie.
Il est écrit qu'on était au Sixième jour et que ce jour-là naquirent de cette poussière âcre et ocre tombée des nues deux homo sapiens: Moi et Elle.
Elle c'est Eve Sapiens et Moi c'est Rocco Sapiens et erectus si affinités... on n'a pas choisi, c'est LUI qu'avait décidé ça puisque c'était Sa volonté.
Je l'avais pas encore vraiment bien regardée mais j'me souviens parfaitement qu'Elle était en tenue d'Eve et Moi à poils.

Ça a débuté comme ça parce qu'autour de nous y'avait tous ces piafs et plein d'autres bestioles membrées à qui IL avait eu l'idée géniale de dire "Soyez féconds, multipliez-vous" et donc ils forniquaient du matin au soir vu qu'IL avait inventé la lumière et aussi les ténèbres.
Alors forcément ça donne des idées... surtout à Elle parce que moi j'me serais contenté de roupiller toute la journée sous l'pommier ou l'figuier, enfin l'arbre de Vie peu importe.

Ça a débuté comme ça par un regard qu'elle m'a lancé, un de ces trucs de séduction qu'elle avait dû trouver en feuilletant Genèse Magazine. On s'est regardés longtemps comme qui dirait entre quat' z'yeux vu qu'on était que deux.
Je sais pas c'qui m'a pris, j'lui ai dit machinalement: “T'as d'beaux yeux tu sais” et elle m'a répondu aussitôt “Embrassez-moi” comme si on avait besoin de s'vouvoyer alors qu'on s'connaissait depuis Eve et Rocco.
Je dis que le regard ça devrait s'manier avec précaution, c'est une bombe à retardement et ça fait dire n'importe quoi, des trucs qu'on peut regretter après... après y'a eu des chatouilles, des papouilles, des léchouilles enfin tous ces trucs en ouille que vous faites aujourd'hui machinalement, alors que pour nous c'était la toute première fois, toute toute première fois comme personne peut imaginer même pas Jeanne Mas.
On n'osait plus s'regarder, forcément on était maladroits.
J'aurais bien voulu vous y voir mais vous pouviez pas y être puisqu'y avait qu'nous deux et qu'il nous a fallu improviser jusqu'au VIème siècle après LUI en attendant la parution reliée soie naturelle et beurrée sur tranche du kâma sûtra.

On voit bien qu'celui qui a écrit  "Tous deux étaient nus, et n'en avaient pas honte" n'était pas à notre place à c'moment-là.  
Alors on l'a fait les yeux fermés sous son regard à LUI et j'vous souhaite pas ça parce que c'est vachement gênant: c'était à l'Eden Park contre un arbre fruitier ou un figuier (en tout cas ça grattait) où s'était lové un serpent, un dénommé Libido avec des bras et des jambes - parfaitement, un serpent ça se love - bref j'vous passe les détails de peur qu'on dise qu'au Sixième jour on fumait déjà des herbes bizarres!
Heureusement qu'IL avait instauré le repos le septième jour et que j'ai pu chômer et remballer mon matos derrière une feuille de vigne qu'il avait créée, en attendant la fin du ouiquande.

Et puis ça a continué comme ça et tant bien que mal on a eu Caïn et sa jumelle Caha et puis Abel et sa jumelle De Cadix puis pour mes cent trente ans on a fait Seth, me d'mandez pas pourquoi, j'ai jamais été doué en prénoms ni en chiffres.
Après ça j'ai eu de plus en plus de mal à compter mais je sais qu'aujourd'hui vous seriez près de sept milliards à vous r'garder l'nombril !
Ça risquait pas d'nous arriver vu qu'Eve et Moi on était des ventres lisses, on n'a pas eu droit au nombril.

J'sais pas comment tout ça va finir et s'IL est content de LUI au Paradis, mais si ça peut vous freiner un peu n'oubliez pas qu'ça a débuté comme ça... dans la poussière comme des bêtes, au milieu des chiures de piafs et plein d'autres bestioles !  
Alors un bon conseil: méfiez-vous des regards

12 décembre 2015

Participation de Fairywen

Les secrets d’un regard d’or

 

La nuit était tombée depuis longtemps, mais de la lumière brillait toujours sous la tente du jeune archéologue. Fasciné par le cartouche qu’il avait trouvé, il ne pouvait se décider à reposer le fragment de pierres. Il ne vit pas la toile se soulever légèrement, livrant passage à une petite silhouette noire, qui sauta souplement sur son lit avant de s’y allonger.

De longues minutes s’écoulèrent dans le plus grand silence, puis le jeune homme s’étira pour détendre ses muscles fatigués.

— Je ferais mieux d’aller me coucher et de dormir un peu, soupira-t-il. La journée de demain sera longue.

Ce fut en se levant qu’il aperçut le chat couché sur le lit de camp.

— D’où sors-tu, toi ? fit-il en s’approchant.

Le félin se contenta de bâiller pour toute réponse.

— Tu sais, il va falloir que tu me fasses une place, quand même. J’ai eu une dure journée et j’aimerais bien me…

La voix du jeune homme mourut sur ses lèvres lorsqu’il aperçut le diadème orné d’un cobra dressé qui se trouvait sur son oreiller.

— D’où est-ce que ça sort, ça ?

Précautionneusement, il saisit le bijou pour l’examiner de plus près. L’objet était aussi beau que s’il venait juste d’être fabriqué. Il brillait doucement et il eut la surprise de constater qu’il était chaud au toucher.

— Ça alors… On dirait de l’or, et pourtant…

Aide-moi…

Le jeune homme sursauta.

— Qu’est-ce que… ?

Aide-moi…

Un mouvement sur le lit attira le regard de l’archéologue. Le chat s’était assis et le fixait sans ciller de ses yeux d’or aux innombrables secrets, tandis que son ombre grandissait pour devenir celle d’une jeune fille – ou d’une jeune femme, c’était difficile à dire. Le regard incrédule de Chad passait du félin à la silhouette féminine qui se dessinait devant lui. Il ne pouvait pas, ne voulait pas accepter qu’il existât un rapport entre les deux, et pourtant…

Je dois rêver, songea-t-il, j’ai dû m’endormir et je suis en train de rêver… L’ombre d’un chat ne peut pas être celle d’une jeune fille !

Pourtant, tout au fond de lui-même, il savait bien qu’il ne dormait pas et que ce qu’il voyait était bel et bien réel.

— Comment est-ce possible ? s’étonna-t-il à haute voix.

C’est possible parce que je le veux.

— Qui es-tu ?

Mon nom est Taanit. Je suis princesse au sein de mon peuple.

— Et comment un simple petit étudiant en archéologie pourrait aider une princesse ?

En acceptant de venir dans mon monde pour libérer mon frère et l’aider à retrouver son trône.

Les secrets d'un regard d'or

12 décembre 2015

Participation de Laura

Tant que tes yeux croiseront mon regard.
Tant que ton regard dira ce qui répare
Les nuages, les orages et les brouillards.
Tant que tes mains cherchent mes hasards.
Tant que mes yeux n’arrivent pas en retard
Au rendez-vous des amants paillards.
Tant que mes doigts rassemblent ce qui sépare.
Tant que tu entends sans soupirs mes mots bizarres.
Tant que mes étranges mots nous font un monde à part
Tant que tes yeux croiseront mon regard.
 
12 décembre 2015

Regards (Marco Québec)

-        Pourquoi me regardez-vous ainsi ? , dit la femme.

-        Qu’est-ce qu’il a mon regard ? ,  répondit l’homme

-        Je ne sais pas, j’ai l’impression que vous me regardez comme un phénomène ou comme une bête curieuse.

-        Et vous j’ai l’impression que vous me regardez de haut. Et j’ai le regard aiguisé, croyez-moi.

-        Sachez que je ne vous ai même pas adressé un regard, dit la femme.

-        Cette réponse embrume mon regard, répliqua l’homme.

-        Attention, je n’ai pas dit que vous n’étiez pas agréable à regarder.

-        L’homme la regarda alors droit dans les yeux et posa un regard neuf sur l’échange qui se déroulait. Il lui dit : Vous aussi, vous réjouissez le regard.

-        Puis-je apporter mon regard sur la situation ?, tenta-t-elle.

-        Tant qu’il ne s’agit pas d’un regard clinique.

-        Rassurez-vous, je ne suis pas médecin. Mais je crois que vous me regardez du coin de l’œil depuis un bon moment, monsieur. J’ai un regard d’aigle, vous savez.

-        Si vous l’avez remarqué, comment pouvez-vous affirmer que vous ne m’avez même pas adressé un regard ?

La femme soutint le regard de cet homme qui la regardait dans le blanc des yeux. C’est à ce moment-là que leurs regards se rencontrèrent.

Je ne vous raconterai pas la suite, car ils me regarderaient de travers. De toute façon, cela ne vous regarde pas.

Best regards.

12 décembre 2015

Le petit chevalier (Pascal)


Les grandes pochettes des disques de ma mère ?... Mais quand elle avait le dos tourné, j’en faisais des pistes d’envol pour mes avions en papier, des tunnels pour mon train électrique du dernier Noël, des ponts solides, ceux enjambant les chaises, pour mes petites voitures !...
Dans ses trente-trois tours, pêle-mêle, il y avait de la Grande Musique, Schubert, Mozart, Beethoven, les Chœurs de l’Armée Rouge, Yvan Rebroff, des musiques folkloriques de pays lointains avec des tambours, des flûtes, des trompettes ; de la variété aussi. Piaf, Mouloudji, Brassens, Brel, tous ces fameux poètes musiciens, aujourd’hui immortels, se tenaient sur la tranche de leurs belles pochettes. Ici, Montand chantait Bruant ; là, Aufray chantait Dylan.

Pourtant, à mesure que je grandissais, ces emballages de disques avaient un intérêt différent que de celui de mes jeux de gamin. S’ils renfermaient leurs galettes musiciennes à l’abri de la poussière, j’en découvrais les images des pochettes avec une curiosité croissante. Un jour d’indiscrétion, cachée au milieu des autres, je tombais sur la pochette d’un trente-trois tours avec le visage extraordinaire d’une femme photographiée dessus…

En moi, il m’a semblé que, soudain, tout un mécanisme intérieur se mettait en marche ; c’était une machinerie supérieure, féroce, implacable, grandiose, qui jetait sans façon aux oubliettes tout ce que j’avais acquis ; j’étais incapable d’arrêter cet affolement en regardant simplement ailleurs. Subjugué, presque impoli, j’étais gêné de l’admirer sans façon ; j’étais terriblement ballotté dans un mélange de pudeur, d’effronterie, de courage, de curiosité, d’allant complètement séduit. C’était un désastre fabuleux…  

Avec ses yeux scrutateurs, elle m’avait totalement hypnotisé ; j’avais perdu tous mes repères de jeux. Tout à coup, mon enfance s’écroulait comme un vulgaire château de cartes aux réussites surannées ; je m’en séparais comme d’une chrysalide devenue trop petite pour toutes les émotions brutales qui m’assaillaient maintenant… Tout en moi était chamboulé ; elle accaparait mon attention. Pendant nos moments d’intimité, je prenais sa pochette sur mes genoux ; on se toisait longuement, elle voyait tout en moi et c’est toujours moi qui baissais les yeux. J’étais totalement bousculé par cet émoi grandissant. Confondu, j’étais ébloui…  

Sur une autre pochette de disque, il y avait un dos nu caché par un instrument de musique ; j’espérais qu’il soit le sien. Elle était si belle et je suis tombé amoureux d’elle. Elle était la Princesse de tous mes livres, la réalité dans la Vie ; à elle seule, elle était la quintessence de tout ce que je trouvais beau. La couleur de sa peau, l’immensité de ses yeux, ses cheveux arrangés dans des coiffures fluides, sa posture indolente. J’avais englouti toute mon imagination à son service ; elle était ma Passion et ce n’était pas un insipide dessin trompeur de Blanche Neige…  

Elle chantait bien ; ses trémolos cristallins perçaient mon coeur ! Je commençais à comprendre les paroles ou, du moins, j’en faisais mes traductions à la hauteur de mon assimilation d’argonaute. J’aimais tout ce qu’elle chantait ! Ses chansons étaient mon seul hymne ; je les connaissais toutes par cœur ! Moi ?... Moi, je voulais être Manchester et Liverpool ! Chasser Ivan et Boris ! Aller sur la montagne ! J’étais Tom !... Je voulais la réchauffer, je voulais rentrer dans son lit même si je ne savais pas encore ce que je devais y entreprendre !... Pour la première fois, j’aimais quelqu’un d’autre que maman ! J’étais divinement désemparé, courageusement couard, affreusement impudent jeunot…

Pourtant, je l’intéressais ! D’un bout à l’autre de la pièce, Elle me suivait du regard ! Je pouvais m’occuper avec un quelconque jeu de gosse, j’étais irrésistiblement attiré par sa pochette. Je l’affichais sur la pile des autres disques et je la contemplais longuement. Sur les photos, comme une inconsolable châtelaine, elle avait des pauses suggestives, languissantes et nostalgiques à la fois ! Elle ne souriait jamais ; elle avait l’air ailleurs ! Elle attendait que je la fasse rire ! Je devais la protéger, la défendre, l’amuser !... Je devenais un preux chevalier !...

Quand, sur le tourne-disque, j’écoutais une autre musique que sa voix ensorceleuse, il me semblait la tromper ! C’est pour cela qu’elle avait l’air si triste ! Je devais l’amadouer, la consoler, la bercer ! Alors, je frottais mon visage contre le sien ; sa joue était froide à cause du carton glacé ; je caressais son menton, je respirais ses cheveux « Festival »…

Et ses yeux ?!... Ses yeux !... Ils étaient deux pépites d’azur, sertis de charme incessant. Ses longs cils étaient comme des feuilles de palmier battant à l’air de mes soupirs  envoûtés. Ses yeux… J’allais m’y baigner pendant des heures de trouble incandescent. Dans ses prunelles brûlantes, je voyais la terre et ses continents, la mer et ses voiliers, le ciel et ses oiseaux. Ivre de ses voyages sidéraux, j’étais à la fois un cosmonaute, un conquérant, un découvreur d’îles enchantées ; je m’enfuyais de la réalité de la chambre, emporté dans des travers mirobolants, aux ombres ensorceleuses et aux échos enchanteurs…  
Dans ses yeux, elle avait accumulé tous les trésors du monde ; il y avait tout ce que je voulais voir ; elle décuplait mon imagination à l’infini ; elle était mes réponses à mes premières questions existentielles. Simplement de par le fait d’être présente au banquet de la Vie, elle donnait un sens à ma quête de l’Amour. Grâce à elle, je devenais un adolescent avide de sensations multicolores. La première fois que j’ai embrassé une femme sur la bouche, c’était la pochette de sa photo…

Au grand dam de mes certitudes infantiles, et pour la première fois de ma vie, je mettais mon épée au service de la gent féminine ; tous mes sens étaient à ses pieds…
Je voulais tuer tous ceux qui lui feraient du mal ! Tous ceux qui la rendaient si lointaine sur ses photos cafardeuses ! Je voulais être sa barrette, son foulard parfumé, la moue heureuse au coin de ses lèvres, ses lunettes… Elle était le début et la fin du monde à la fois, mais surtout : la ligne de départ de la Grande Chamade. Ici, j’en fais le « sarment » : elle a pressé mon cœur aux Vendanges de l’Amour…
Avec elle, j’ai compris les éruptions, les raz-de-marée, les éclipses, les étoiles filantes, tout ce que ma mère ne pouvait pas m’expliquer avec ses mots rassurants… Je voulais porter haut son étendard ; j’aurais voulu tenir ses cheveux, être la montre de son poignet, connaître quelques accords de guitare pour l’intéresser ; je m’aiguisais à l’Amour… Boussole au Nord perdu, elle m’a donné le sens exalté de mes espoirs, la direction de mes quêtes, la vivacité enflammée de mes recherches, celle de mes futures folies aventurières… Entre nous, sur ce coin de feuille d’intimité, comme un oiseau se reposant sur sa branche printanière, je crois que je suis encore amoureux d’elle…

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Le défi du samedi
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