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12 décembre 2015

Le petit chevalier (Pascal)


Les grandes pochettes des disques de ma mère ?... Mais quand elle avait le dos tourné, j’en faisais des pistes d’envol pour mes avions en papier, des tunnels pour mon train électrique du dernier Noël, des ponts solides, ceux enjambant les chaises, pour mes petites voitures !...
Dans ses trente-trois tours, pêle-mêle, il y avait de la Grande Musique, Schubert, Mozart, Beethoven, les Chœurs de l’Armée Rouge, Yvan Rebroff, des musiques folkloriques de pays lointains avec des tambours, des flûtes, des trompettes ; de la variété aussi. Piaf, Mouloudji, Brassens, Brel, tous ces fameux poètes musiciens, aujourd’hui immortels, se tenaient sur la tranche de leurs belles pochettes. Ici, Montand chantait Bruant ; là, Aufray chantait Dylan.

Pourtant, à mesure que je grandissais, ces emballages de disques avaient un intérêt différent que de celui de mes jeux de gamin. S’ils renfermaient leurs galettes musiciennes à l’abri de la poussière, j’en découvrais les images des pochettes avec une curiosité croissante. Un jour d’indiscrétion, cachée au milieu des autres, je tombais sur la pochette d’un trente-trois tours avec le visage extraordinaire d’une femme photographiée dessus…

En moi, il m’a semblé que, soudain, tout un mécanisme intérieur se mettait en marche ; c’était une machinerie supérieure, féroce, implacable, grandiose, qui jetait sans façon aux oubliettes tout ce que j’avais acquis ; j’étais incapable d’arrêter cet affolement en regardant simplement ailleurs. Subjugué, presque impoli, j’étais gêné de l’admirer sans façon ; j’étais terriblement ballotté dans un mélange de pudeur, d’effronterie, de courage, de curiosité, d’allant complètement séduit. C’était un désastre fabuleux…  

Avec ses yeux scrutateurs, elle m’avait totalement hypnotisé ; j’avais perdu tous mes repères de jeux. Tout à coup, mon enfance s’écroulait comme un vulgaire château de cartes aux réussites surannées ; je m’en séparais comme d’une chrysalide devenue trop petite pour toutes les émotions brutales qui m’assaillaient maintenant… Tout en moi était chamboulé ; elle accaparait mon attention. Pendant nos moments d’intimité, je prenais sa pochette sur mes genoux ; on se toisait longuement, elle voyait tout en moi et c’est toujours moi qui baissais les yeux. J’étais totalement bousculé par cet émoi grandissant. Confondu, j’étais ébloui…  

Sur une autre pochette de disque, il y avait un dos nu caché par un instrument de musique ; j’espérais qu’il soit le sien. Elle était si belle et je suis tombé amoureux d’elle. Elle était la Princesse de tous mes livres, la réalité dans la Vie ; à elle seule, elle était la quintessence de tout ce que je trouvais beau. La couleur de sa peau, l’immensité de ses yeux, ses cheveux arrangés dans des coiffures fluides, sa posture indolente. J’avais englouti toute mon imagination à son service ; elle était ma Passion et ce n’était pas un insipide dessin trompeur de Blanche Neige…  

Elle chantait bien ; ses trémolos cristallins perçaient mon coeur ! Je commençais à comprendre les paroles ou, du moins, j’en faisais mes traductions à la hauteur de mon assimilation d’argonaute. J’aimais tout ce qu’elle chantait ! Ses chansons étaient mon seul hymne ; je les connaissais toutes par cœur ! Moi ?... Moi, je voulais être Manchester et Liverpool ! Chasser Ivan et Boris ! Aller sur la montagne ! J’étais Tom !... Je voulais la réchauffer, je voulais rentrer dans son lit même si je ne savais pas encore ce que je devais y entreprendre !... Pour la première fois, j’aimais quelqu’un d’autre que maman ! J’étais divinement désemparé, courageusement couard, affreusement impudent jeunot…

Pourtant, je l’intéressais ! D’un bout à l’autre de la pièce, Elle me suivait du regard ! Je pouvais m’occuper avec un quelconque jeu de gosse, j’étais irrésistiblement attiré par sa pochette. Je l’affichais sur la pile des autres disques et je la contemplais longuement. Sur les photos, comme une inconsolable châtelaine, elle avait des pauses suggestives, languissantes et nostalgiques à la fois ! Elle ne souriait jamais ; elle avait l’air ailleurs ! Elle attendait que je la fasse rire ! Je devais la protéger, la défendre, l’amuser !... Je devenais un preux chevalier !...

Quand, sur le tourne-disque, j’écoutais une autre musique que sa voix ensorceleuse, il me semblait la tromper ! C’est pour cela qu’elle avait l’air si triste ! Je devais l’amadouer, la consoler, la bercer ! Alors, je frottais mon visage contre le sien ; sa joue était froide à cause du carton glacé ; je caressais son menton, je respirais ses cheveux « Festival »…

Et ses yeux ?!... Ses yeux !... Ils étaient deux pépites d’azur, sertis de charme incessant. Ses longs cils étaient comme des feuilles de palmier battant à l’air de mes soupirs  envoûtés. Ses yeux… J’allais m’y baigner pendant des heures de trouble incandescent. Dans ses prunelles brûlantes, je voyais la terre et ses continents, la mer et ses voiliers, le ciel et ses oiseaux. Ivre de ses voyages sidéraux, j’étais à la fois un cosmonaute, un conquérant, un découvreur d’îles enchantées ; je m’enfuyais de la réalité de la chambre, emporté dans des travers mirobolants, aux ombres ensorceleuses et aux échos enchanteurs…  
Dans ses yeux, elle avait accumulé tous les trésors du monde ; il y avait tout ce que je voulais voir ; elle décuplait mon imagination à l’infini ; elle était mes réponses à mes premières questions existentielles. Simplement de par le fait d’être présente au banquet de la Vie, elle donnait un sens à ma quête de l’Amour. Grâce à elle, je devenais un adolescent avide de sensations multicolores. La première fois que j’ai embrassé une femme sur la bouche, c’était la pochette de sa photo…

Au grand dam de mes certitudes infantiles, et pour la première fois de ma vie, je mettais mon épée au service de la gent féminine ; tous mes sens étaient à ses pieds…
Je voulais tuer tous ceux qui lui feraient du mal ! Tous ceux qui la rendaient si lointaine sur ses photos cafardeuses ! Je voulais être sa barrette, son foulard parfumé, la moue heureuse au coin de ses lèvres, ses lunettes… Elle était le début et la fin du monde à la fois, mais surtout : la ligne de départ de la Grande Chamade. Ici, j’en fais le « sarment » : elle a pressé mon cœur aux Vendanges de l’Amour…
Avec elle, j’ai compris les éruptions, les raz-de-marée, les éclipses, les étoiles filantes, tout ce que ma mère ne pouvait pas m’expliquer avec ses mots rassurants… Je voulais porter haut son étendard ; j’aurais voulu tenir ses cheveux, être la montre de son poignet, connaître quelques accords de guitare pour l’intéresser ; je m’aiguisais à l’Amour… Boussole au Nord perdu, elle m’a donné le sens exalté de mes espoirs, la direction de mes quêtes, la vivacité enflammée de mes recherches, celle de mes futures folies aventurières… Entre nous, sur ce coin de feuille d’intimité, comme un oiseau se reposant sur sa branche printanière, je crois que je suis encore amoureux d’elle…

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12 décembre 2015

Oh ce REGARD !!! (Walrus)

Ah, CE regard-là, tu veux dire, MAP ?


Le mien, celui que je porte sur le monde et qui, peut-être, le crée.
Car quand je ferme les yeux, le monde disparaît.
Si c'est pas une preuve ça !

wal

 

À moins qu'il s'agisse du tien, MAP, bienveillant, amusé
et prêt à saisir, dans le moindre détail, la beauté du monde.

map

 

N'empêche, si t'avais eu l'idée d'employer le pluriel,
 quel malheur nous aurions fait, tous les deux !

mapwal

 

12 décembre 2015

Expérience (Joe Krapov)

Il a suffi d’un seul regard pour qu’il comprenne et qu’il se dise :
« Cette souris est pour moi ! ».

Il a lissé ses moustaches, s’est approché de la table où elle trônait, traversant le halo des projecteurs dirigés vers l’orchestre.

Tout le monde a remarqué son complet gris bien coupé, son élégance naturelle, même elle, surtout elle, mais elle n’a pas laissé paraître le moindre signe d’émotion.

Elle était vêtue de fourrure blanche et cependant, il n’y avait rien d’affriolant ni de trop ostensiblement luxueux dans sa parure.
Personne n’aurait pu penser, en l’observant, que ce regard échangé entre eux avait fait naître chez elle, en écho, cette réflexion un poil scélérate : « Toi, toi, mon toi ! Si je te prends dans les mailles de mon filet, tu seras mon lion superbe et généreux mais tu ne m’échapperas pas ! »

Quand l’orchestre a entamé un tango, aucun des deux n’a pu ronger son frein plus longtemps. Il s’est approché encore plus, elle s’est levée, ils sont tombés dans les bras l’un de l’autre, ils ont dansé, presque immobiles, et dans le laboratoire silencieux, les chercheurs ébahis n’en sont pas revenus : l’expérience avait réussi !  

12 décembre 2015

Façon de dire (par joye)

À vue d'œil, le beau regard de Beauregard était un que je pouvais accepter les yeux fermés. Ce jeune homme avait bon pied, bon œil, et moi, alors, moi, disons que je n’avais pas les yeux dans le dos. Après tout, j’ai bien l’œil américain et non pas Made in France.

Donc, j’avais ce Beauregard à l’œil et j’avais envie de le lui dire entre quatre yeux.

Eh oh, ne me faites pas de gros yeux, vous ! Je m’en bats l’œil ! C’est que je n’ai pas froid aux yeux, c’est tout. Et puis d’ailleurs, je ne dormais que d’un œil…fallait que je lui parle !  Ça sautait aux yeux, quoi.

Alors, je pris rendez-vous avec ce beau Beauregard pour lui faire des yeux doux et lui dire qu’il m’avait tapé dans l’œil.

Eh bien, vous savez quoi ?  Il nia tout ! Tout !

- Te taper dans l’œil ? Jamais ! Je ne t’ai jamais touchée ! cria-t-il, tout en me faisant des yeux de merlan frit. 

Beurk !

C’était bien un poisson froid que je n’allais plus manger des yeux, je vous assure ! Bon, j’avais enfin les yeux en face des trous et je sus que j’avais mis le doigt dans l’œil. Oh !  Je n’en croyais pas les yeux. Mon beau Beauregard me sortait par les yeux. Et puis d’ailleurs, pour tout vous avouer, j’aurais dû regarder plus loin que le bout du nez. Parce que...

...ce mec puait tout plein des dents !

Hélas, je n’avais plus que les yeux pour pleurer (enfin ça, ou bien je larmoyais à cause de son haleine assassine) !

Je me sauvai.

Mais motus, hein ? Si je vous avoue tout cela, c’est juste pour vos beaux yeux. C’est une vieille histoire, et je ne pense plus du tout à Beauregard.

Après tout, loin des yeux, loin du cœur. Sans parler des narines.

12 décembre 2015

Dans ton regard (MAP)

Dans ton regard

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12 décembre 2015

Participation d'EnlumériA

Ses yeux dans son regard *

 

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Quelques jours après son déplorable burn-out, Lord partit faire une cure dans une maison de repos en Touraine. Le bougre avait freiné des quatre fers, prétextant je ne sais quel improbable ouvrage à terminer, je ne sais quelle démarche à effectuer. Plus question de rumeurs, juste un grand vide à combler. Il ne fallut pas moins que son médecin personnel, sa sœur et votre humble serviteur pour le convaincre. Je dois avouer que je m’étais muni, ce jour-là, de l’arme absolue. Arme n’étant autre qu’une lettre de Liliane, alias Ophélia, l’implorant de se soigner. Lettre que j’avais écrite moi-même, prenant soin de la parfumer du parfum de la drôlesse. Une petite tricherie bien innocente connaissant l’enjeu. Sachant que cette fille se contrefichait de Lord comme de sa première nuisette, je n’en ressens, encore aujourd’hui, aucun regret.

Bref ! Voilà ce cher convalescent en de bonnes mains. Je connaissais personnellement le psychiatre responsable de l’établissement, un ami de longue date rencontré certain soir de ripaille à Saint-Germain-des-Prés.

Au bout de trois semaines, mon ami, le docteur Gilson, m’informa du rétablissement de Lord. Rétablissement pour le moins inattendu, vue la gravité de son état. Comme je le pressais de questions, Gilson me répondit par une banalité sur l’amour où je ne sais quoi, puis il m’invita tout à trac à venir à la clinique … histoire de constater par moi-même certains miracles de la psyché humaine.

Assez curieux de nature, je ne tardai pas à me présenter à l’accueil de la clinique de La Fougère Fleurie. Gilson m’accueillit comme si nous ne nous étions pas vus depuis dix ans. Ça en faisait bientôt douze. Après m’avoir demandé des nouvelles de ma famille, s’être informé de l’hôtel où j’étais descendu – excellent établissement - et de mes éventuels projets matrimoniaux – non, toujours rien vraiment ? – il me permit enfin de voir Lord.

Comment vous dire ? Lord rayonnait d’un tel éclat qu’un artiste aurait aisément pu s’en inspirer pour peindre une Transfiguration. Après quelques mots de courtoisie et une invitation à dîner le soir même, Gilson nous laissa. Comme le temps s’y prêtait, nous sortîmes faire quelques pas dans le parc. Après les banalités d’usage, je m’enquis de ce brusque revirement de situation.

— Tu connais ma fascination pour le regard des êtres, répondit Lord. Mes interrogations perpétuelles sur l’origine de cette merveille de la création qu’est l’œil. Eh bien… comment te dire ? J’ai rencontré ici une femme dont le regard m’a envouté. Subjugué. – Il marqua un temps - Richard !

— Oui.

— Ça y est !

— J’en suis fort heureux. Et puis-je savoir ce qui est ?

— J’aime.

Mon sang ne fit qu’un tour comme on dit dans les romans de gare. Je m’emportai.

— Et c’est reparti ! Ne me dis pas que cette garce de Liliane occupe encore tes pensées. Ne me dit qu’elle t’a relancé jusqu’ici. Elle n’a qu’à faire comme son modèle, ton Ophélia en plastique, courir se foutre dans le premier cours d’eau venu et basta.

Lord poussa un profond soupir d’exaspération. Il me désigna un banc et m’invita à m’asseoir. Avec son index dressé et ses gros yeux, il me rappelait cet instituteur courroucé qui avait terrifié mes dix ans. Après un claquement de langue exaspéré, il m’enjoignit, avec le maximum de tact dont il était capable, de fermer ma gueule. (sic). J’obtempérai.

— La femme dont je vais te parler et la créature la plus merveilleuse qui n’ait jamais parcouru le monde. La reine des fées, à côté ? Une souillon. À l’instant même où j’ai croisé son regard, je me suis senti perdu à jamais. Tiens ! Tu vois Merlin, Viviane, la tour de vent, tout ça ?

— Mouais, répondis-je d’un ton maussade. Il m’arrive d’avoir quelques lettres moi aussi.

— Elle est belle, mais belle. Sa grâce, sa candeur, l’ourlet délicat de son oreille, l’or de sa chevelure, et surtout l’éclat merveilleux de ses yeux d’émeraude. Ces…

Et Lord continua d’énumérer les qualités ineffables de cette dulcinée toute fraîche tombée des cieux. Ce faisant, il passait sans transition de l’emphase la plus pesante à la mièvrerie la plus consternante. Dieu ! Que l’amour rend niais. Bon ! En attendant, il avait l’air heureux. N’était-ce pas là le principal. Cependant, je dois confesser qu’à la quatrième description de son regard, une sorte d’écœurement me submergea. Et puis de toute façon, il était presque l’heure de dîner. Je tapai dans mes mains.

— OK ! Ça va, j’ai compris. Je ne suis pas sourd et il me reste encore quelques neurones. Dis-donc ! T’as pas soif, toi ? Après cette péroraison. Et puis Gilson nous attend. Allez ! Roméo ! Tu me vas me présenter ta Juliette. Une image vaut mille mots. Yallah !

Et je repris le chemin de la clinique ; presqu’en courant dois-je préciser. À cette heure, j’étais totalement inconscient de ce qui m’attendait.

Gilson nous reçut dans un petit salon réservé aux visiteurs. Un peu plus coquet que le réfectoire pour ce que je pouvais en juger. Plus intime aussi. La table était dressée pour quatre. Vaisselle fine et bouquet de fleurs des champs. Je partageai un Martini avec Gilson. Lord, encore sous tranquillisants, se contenta d’un jus d’orange. Nous échangeâmes les banalités d’usage. Gilson consulta sa montre.

— Dites-moi, Lord. Elle n’arrive pas votre amie ? Rassurez-moi. Vous lui avez transmis l’invitation, n’est-ce pas ? Vous n’avez pas zappé ?

Lord ne répondit pas. Il inspectait le fond de son verre avec une attention suspecte. Une imperceptible inquiétude ombrait son front. Il demanda l’heure. Puis sans crier gare, il fit mine de sortir en maugréant un « Je vais voir ce qu’elle fait » blasé.

À cet instant même, la porte s’ouvrit sur la plus belle créature que j’eue jamais le privilège de contempler.

Le visage de Lord s’éclaira d’un sourire d’enfant. Il se redressa, fit une petite courbette, bredouilla, se redressa encore, indécis dans son comportement comme dans ses mots. Enfin, j’appris que l’élue de son cœur se prénommait Esther.

Nous nous mettions à table lorsqu’on servit l’entrée. Esther est assise en face de moi, épaule contre épaule avec Lord. Gilson devisait de tout et de rien. Je n’écoutais pas. Je dévisageai la jeune femme avec une acuité désordonnée. Une sorte de créature virevoltante balbutiait des paroles dérangeantes à l’orée de ma conscience. J’étais obnubilé par le regard d’Esther. C’est à peine si me parvenait le bavardage lointain de Gilson. Je plongeais à corps perdu dans l’œil de la Vouivre.

Et soudain, une épiphanie transperça mon intellect. Je réalisai je ne sais trop comment que Lord, dans son panégyrique, n’avait jamais mentionné le sourire d’Esther. À aucun moment. Étrange élégie amoureuse qui tait le sourire d’une bien-aimée. Son regard, son regard, son regard. C’était tout ce qui comptait pour Lord. Les yeux de la Vouivre vous dis-je. Ces escarboucles qui, l’espace d’un instant, m’avaient fasciné au-delà de toutes mesures. Ce regard qui avait faillit me perdre comme il avait perdu mon ami.

Ce fut, je crois, mon cynisme naturel qui me sauva ce soir-là. Cette lucidité glacée qu’on me reproche si souvent me préserva du regard de la gorgone.

Esther avait un bec-de lièvre. Et Lord, éperdu d’amour, ne le voyait pas.

 

* Allusion à une chanson de Nilda Fernandez. Mes yeux dans ton regard.

12 décembre 2015

Passage au festival par bongopinot

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Un passage au festival

Art, ville, paysage

Avec un regard amical

Sur le court métrage

 

De Saguenay au Canada,

Landau en Allemagne,

Leyde au Pays bas,

A Bilbao en Espagne

 

Et dans bien d'autres endroits encore

Des rencontres des découvertes

Pour cinéphiles ou amateurs

Réunis pour des journées ouvertes

 

Film court en plein air

Ou bien dans les salles obscures

Fiction, animation, documentaire

Des petites séquences éclairs

 

De nouveaux talents sur la toile

De nouveaux réalisateurs arrivent

Émergeant de cette école

Avec des idées inventives

5 décembre 2015

Défi #380

Oh ce REGARD !!!

Regard-sur-le-court-métrage-au-Saguenay-1

 

Nous attendons avec curiosité

vos coups d'oeil à

samedidefi@gail.com

A tout bientôt !

5 décembre 2015

S'en sont fait une belle jambe

5 décembre 2015

Participation de Fairywen

Sous le soleil de Râ

Le chat noir s’étira en bâillant, tourna sur lui-même puis se rallongea à l’ombre du surplomb rocheux. Ses prunelles d’or liquide observaient avec dédain l’agitation sur le chantier de fouilles. Ce que les humains étaient idiots à s’agiter comme ça alors que Râ écrasait la terre de ses rayons les plus brûlants… Dans les temps anciens, tout le monde aurait été en train de se reposer à l’abri du soleil de plomb qui accablait la Terre d’Égypte en ces mois d’été. Le travail n’aurait repris que lorsque l’astre du jour aurait doucement commencé son voyage vers la nuit.

Mais les humains modernes étaient fous. Et le plus fou de tous était sans doute ce jeune homme agenouillé dans son carré de fouilles, couvert de sable collé par la sueur sur son torse nu. Le chapeau censé le protéger du soleil avait glissé sur sa nuque, ce qui ne semblait guère le préoccuper. Immobile, il focalisait son attention sur le petit morceau de pierre qu’il avait exhumé plusieurs minutes auparavant et sur lequel deux cartouches se touchaient. Il avait l’air fasciné par ce qu’il voyait, et son regard brillait tandis qu’il suivait doucement du doigt les signes gravés des millénaires plus tôt, inconscient des yeux félins qui ne le quittaient plus.

 

L’ombre du chat grandit et se modifia avant de se dédoubler. Dans le sable se détachait à présent la silhouette d’une panthère noire à côté de laquelle se tenait celle d’une jeune femme aux longs cheveux porteuse d’un diadème en forme de cobra dressé…

Sous le soleil de Râ

 

 

 

5 décembre 2015

Ben dis donc... (Walrus)

Exhiber des cartouches, par les temps qui courent ?

T'es gonflée, MAP !

5 décembre 2015

Les hiéroglyphes pour les Nuls (Vegas sur sarthe)


Le mot hyérogliphe hiéroglyphe est en soi une énigme puisqu'il a été imaginé en lisant une bande dessinée composée de: abri en roseaux-avant bras-roseau fleuri-ficelle-lion-roseau fleuri-roseau fleuri- abri en roseaux-avant bras... à moins que ça ne soit l'inverse.
En effet le yérogliffe hiéroglyphe est une sacrée écriture!
On dit aussi une écriture sacrée puisqu'on peut écrire et lire dans les deux sens; certains disent même qu'elle n'a pas de sens et d'autres disent que c'est de l'hébreu.
On sait maintenant qu'il ne s'agit pas d'hébreu mais d'égyptien puisqu'on retrouve un 'y' (prononcer i grec) dans égyptien comme dans hiéroglyphe.
Le i grec vient de l'alphabet grec qu'adopteront plus tard les égyptiens en abandonnant leurs hiéroglyphes... mais justement revenons-y.
Avant l'apparition des hiéroglyphes en couleur on utilisait non pas le noir et blanc mais le rouge et noir appelé aussi “gravé-pas gravé”: Noir pour un coup de burin dans la pierre et rouge pour un coup de marteau sur les doigts.
Les petits malins écrivaient les hiéroglyphes sur du papier russe ou papyrus moscovite avec un roseau pensant trempé dans l'Encre-de-tézieux ou encre Cabrel.

Pour compter, les égyptiens utilisaient leurs doigts restants car les chiffres se notaient tétard, corde enroulée ou plant de lotus, ce qui était très chiant pour remplir proprement sa déclaration d'impôts à cause des traces de tétard.
Mais plus ils avaient de tétards et plus le nombre de parts augmentait, tout comme de nos jours sauf qu'en Egypte il s'agissait de montants pharaoniques.

Pour les lettres ça n'était guère mieux. Essayez de coller un accent circonflexe sur un vautour percnoptère pour faire un 'â'... et vous comprendrez comme c'était chiant; d'autant plus que dans chiant, le Ch est représenté par un ventre de vache.
Les égyptiens appelaient la vache à tort ou Hator; on sait aujourd'hui que ça ne sert à rien d'appeler une vache, elle vient toute seule ou elle ne vient pas.
Il serait fastidieux d'énoncer les 170 animaux représentés sur les hiéroglyphes, aussi ne citera t on pour mémoire que le Héron petipatapon, les poussins jumeaux de caille (et non pas les coussin jumeaux de paille) et le mille-pattes.

Pour faire simple, les égyptiens - au grand dam de Vivaldi - se contentaient de trois saisons: inondation, décrue et chaleur; ainsi la saison des inondations s'écrivait: Fourré de papyrus-Placenta-Pain-Disque solaire... Essayez de faire cuire au soleil un pain de placenta dans un fourré de papyrus pendant une inondation et vous comprendrez toute la complexité des hiéroglyphes.

Les Défiants du Samedi seront stupéfaits d'apprendre que Défi s'écrit : main-roseau-vipère cornue-roseau... un sacré défi pour ce Champollion - traduire Chapeau Lion - qui déchiffra la bande dessinée en 1822 c'est à dire en plant de lotus, huit cordes enroulées, deux carcans de bétail et deux traits !
C'est en déchiffrant un dictionnaire en trois langues et vieux de 2 000 ans - la pierre de Rosette - gravé dans un bloc de granit que Champollion s'écriera “Je tiens l'affaire, Rosette!” avant de s'évanouir pendant 5 jours.
On dit Rosette pour faire village français mais le nom arabe est bien Rachid à 50 kms d'Alexandrie-Alexandra Ah Aaah psalmodiée par Cloclo.
Se farcir un dictionnaire qui pèse plus de 700 kilogrammes et quelques cryptogrammes n'est pas de tout repos aussi Champollion mourra t il de surmenage à 42 ans dans la fleur de l'âge c'est à dire après quatre carcans de bétail, deux traits et un soupir.

Peu de gens savent qu'il est enterré au cimetière du Père-Lachaise dans la 18ème division - soit un carcan de bétail et huit traits - non loin de Monge et Raspail qui possèdent eux leur propre station de métro (pour aller de Monge à Raspail, changer à Place d'Italie).


Prochainement: L'enluminure érotique médiévale pour les Nuls

5 décembre 2015

HIEROGLYPHES (Lorraine)

Le serpent gris rampe dans la nuit, long et sinueux. Personne ne l’entend. Il s’en vient rejoindre le serpent rouge aux aguets. Non, ne me dites pas que l’oiseau nocturne  s’étourdit à chanter : il module l’appel du désert qu’écoutent les momies et les tombeaux, les cercueils d’encens et les ombres perdues.

Un sourire invisible flotte dans l’air, un peu triste, un peu joyeux, tandis que le goéland qui s’est trompé de chemin, cherche en vain l’étendue de l’océan.  Le soleil rouge du matin le dirigera vers la fontaine pure où il étanchera sa soif de paradis.

Un œil impitoyable regarde le monde. L’araignée s’enfuit à travers les dunes, fuyant la botte humaine qui marche lourdement dans le sable mouvant.  L’homme suit obstinément la flèche qui indique  « Europe ». Un vol d’étourneaux piaille au-dessus de lui.  L’air est plus frais. Et, dévastatrices, désespérées, des gouttes de sang lui montrent le chemin…

 

5 décembre 2015

Participation de Venise


C'est si beau ce qui revient  du passé ,
quelques mots sur des briques, comme une porte ouverte sur le temps.
il n'a pas été longtemps épais ce silence des lettres.

Un noisetier l'avait bien compris , ces yeux ouverts dans la nuit il a lu tous ces poèmes empêchés.

Ces tablettes ondulaient sous mes yeux et je ne peux toujours pas me résoudre à n'y voir que vos yeux vides momifiés  par le temps .

J'arrive à presque tourner la porte secrète des mots qui nous séparent alors qu'en écrivant vous pensiez à vos bêtes sans doute et à l'eau qu'il fallait aller chercher.

C'est ici je crois que j'échoue à vous traduire , car derrière le paravent de mes techniques de déchiffrage reste le paravent des gouttes d'eau qui freine ma lecture comme la main d'un enfant qui ne voudrait pas de moi dans sa chambre.

CHAMPOLLION .

5 décembre 2015

Vive les hiéroglyphes (Laura)

Au risque de passer pour une vieille « conne » rétrograde, je l’affirme sans honte, je déteste les SMS.
Bien-sûr, comme tout le monde(ou presque), j’utilise les SMS  en envoi et en réception. Je trouve même ça très pratique, rapide et moins invasif qu’un appel. Parfois même, je l’avoue, je me livre à un échange saccadé de sms. Ceci dit, j’essaie de ne pas abuser du langage sms qui tronçonne les mots sans justification ni gain du temps ou de place. Quand je reçois un SMS  où les abréviations tendent plus vers les fautes de langue que vers la praticité, les poils de mes bras se hérissent et encore je suis polie !
Au SMS, quand je veux avoir un vrai dialogue avec quelqu’un, je préfère le courriel qui prête moins à la partie de ping-pong langagière.
J’ai finalement et à contrecœur décidé d’arrêter le courrier papier qui indispose maintenant presque tout le monde comme si une carte ou une lettre impliquait une réponse sur le même support : un peu tout de même. Mais à l’heure des commentaires de tout et de rien (je mets de côté les ateliers d’écriture), il semble qu’il soit de bon ton de ne pas répondre à un courrier qu’il soit papier ou virtuel. Est-il si compliqué ou si long de répondre tout simplement : bien reçu  ou merci.
En amoureuse du papier et de son charme suranné, je continue à m’infliger mes hiéroglyphes, qui même une semaine après leur écriture me paraissent illisibles sans pierre de Rosette. Mais le souvenir de Champollion me poursuit depuis mes prises de cours rapides avec de vraies abréviations logiques, teintés de la sténo de ma mère.
5 décembre 2015

Hiéroglyphes du 3e millénaire (Marco Québec)

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Nous ne disons pas « Allô »
Mais nous « likons » nos photos

Nous ne nous chuchotons pas « Je t’aime »
Mais tout au long du jour, nous cliquons « J’aime »

Nous nous fermons à la tendresse
Mais nous nous envoyons des SMS

Nous ne touchons plus au réel
Nos vies sont virtuelles

Nous sommes tout seuls ensemble
Il faudrait, il me semble
Pour retrouver notre chemin
Rendre la liberté à nos mains

 

5 décembre 2015

Champollion avait 500 soldats (par joye)

5 décembre 2015

Le diable ou la raison (EnlumériA)

Lorsque Léon Delagrive entra dans le petit appartement, il se sentit, comme d’habitude, envahi d’un intense sentiment de sécurité. Tout en ce lieu évoquait de lointains souvenirs d’enfance et d’insouciance. Un parfum de cire et de miel vous accueillait, puis venant en arrière-garde, une senteur d’eau de Cologne chatouillait votre nez comme un animal timide. Ce jour-là, un soleil vespéral de fin d’automne traversait les rideaux avec autorité, affolant dans ses rayons de minuscules particules argentées. L’austère mobilier siégeait avec déférence, assisté dans ses fonctions par de charmants tableaux champêtres. Au-dessus de la cheminée, une vanité semblait veiller à ce que tout reste en ordre. Parfois, selon son heure de visite, une bonne odeur de pot-au-feu réveillait les papilles de Léon Delagrive, médecin de son état. Aujourd’hui, c’était une odeur de café.

Lorsqu’il entrait dans le salon, sa patiente levait les yeux de son ouvrage et accueillait le médecin d’un : « Bonjour docteur ! Comment allons-nous aujourd’hui ? »

Léon Delagrive posait sa trousse sur la table et répondait invariablement que ce genre de question, c’était à lui de les poser. Alors, la charmante vieille dame se moquait du bon docteur, de son air bourru et de sa manière un peu démodée de se vêtir. Invariablement, il haussait les épaules et commençait son auscultation, sérieux comme un pape et attentif comme un hibou.

— Alors, ma bonne Jeanne, quoi de neuf aujourd’hui ? J’ai entendu dire que votre fils était revenu de son expédition. Nous a-t-il rapporté quelque curiosité ?

La vieille dame scruta le médecin d’un air malicieux. Sa prunelle pétillait. Elle haussa et les épaules et répondit :

— Mon Jean-François ? Je crois bien qu’il nous a ramené les fièvres.

— Les fièvres ? Diantre.

La vieille dame se pencha en avant et sur le ton de celle qui souffle à sa voisine un secret inavouable, elle chuchota :

— Il a un drôle de comportement.

— Tiens donc.

— Il a rapporté des dessins. Des drôles de dessins. L’œuvre du diable, c’est moi qui vous le dis. Que peut-on rapporté d’autres de chez les païens ? Je vous le demande.

Le médecin, rangeant son attirail et sortant un petit pot de pommade, émit un gloussement ironique.

— Oh ! Moi, vous savez, toutes ces superstitions, je n’y crois guère. Je suis un homme de science. Seule la raison m’intéresse. Au diable le diable et son train.

La vieille dame se rencogna dans son fauteuil.

— Oh ! Mais vous pouvez ricaner, monsieur l’esprit fort. Mon Jean-François, il m’en a montré des reproductions de ces gribouillages. Et quand je vous dis que ça n’a aucun sens, croyez-en mes vieilles prunelles auxquelles je tiens tant. Ça n’a aucun sens.

Le docteur s’apprêtait à prendre congé et fit mine de saluer la vieille dame. D’un signe autoritaire cette dernière le retint encore un instant.

— Figurez-vous que ce fada croit que c’est une sorte d’écriture, quelque chose qui raconterait des choses. Vous pouvez me dire ce que vous voudrez, ce ne sont pas des usages de chrétiens, ce qu’il m’a montré. Et ce jobastre y passe tout son temps. Il ferait mieux de se trouver une belle et bonne épouse qui lui pondrait de beaux enfants.

Le docteur tenait déjà la poignée de la porte.

— Bon, mes patients m’attendent, inutile d’abuser de leur patience.

— Au revoir docteur. Fermez bien la porte derrière vous. Le diable, je vous dis.

Le docteur s’esclaffa du bon gros rire de celui à qui on ne la fait pas.

— Allez, ne vous inquiétez pas, Madame Champollion, ça lui passera comme jeunesse se passe. À la semaine prochaine.

5 décembre 2015

Photo empruntée (MAP)

 Je vous propose une image que je viens de découvrir

 sur le site de photos : Flickr !

Elle m'a paru répondre exactement au thème : "Hiéroglyphes" !

J'ai demandé à l'auteur de cette prise de vue

la permission de vous la présenter

ce qu'il m'a gentiment accordé !

Voilà, Je vous laisse juge :

Photo de François Ribeaudeau

L'auteur : François Ribeaudeau se décrit lui-même ainsi sur son blog-photos :

"Braconnier d'images, serein, contemplatif, ténébreux, bucolique"

Ses photos animalières sont superbes !

Mais avez-vous une idée de ce que sont ces signes

si bien dessinés ?

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Eh bien pour ceux et celles qui n'auraient pas trouvé

voici la réponse :

 "Une suture osseuse sur les os d'un crâne de brocard"

.............................

Etonnant non !!!

 

 

5 décembre 2015

Hiéroglyphes par bongopinot

bo01

 

Des tranches de vies

Histoire en paragraphe

Drôles de hiéroglyphes

Dessins que l'on suit

 

Début d'une énigme

Exprimant une idée

Pour donner et partager

Des instants mis en forme

 

Écriture de l'antiquité

Aux caractères sacrés

Aux signes gravés

Impressionnant de beauté

 

motifs parfois simplistes

Avec l'élégance d'un geste

A la lueur d'un feu céleste

Chef-d’œuvres réalistes

 

Ont laissé une trace

Un beau témoignage

Comme un héritage

Beau et efficace

 

Alors je grave des symboles

Sur mon mur de pensée

Pour ne jamais oublier

 Mes journées frivoles

 

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