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Le défi du samedi
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5 juillet 2014

Figures de style (Vegas sur sarthe)

J'avais jamais vu M'sieur Ramirez excité comme ça:
“Un seul point mon gars, y t'manque un seul point pour êt' qualifié!”
Des mois qu'y me briefait mais j'comprenais pas tout, il est trop calé pour moi, M'sieur Ramirez.
Parait qu'sous l'Antiquité on s'battait sans les poings - à touche-touche - un vrai charabia.
On dit même que chez les Grecs c'était pire que touche-touche.
Et pis au Moyen-Age on a commencé à mettre des blancs pour séparer et comme c'était chiant on prenait des moines qu'avaient rien d'autre à foutre.
Après on a eu l'idée de mettre les poings et depuis on a gardé l'habitude.
Parait qu'y a une catégorie qu'on appelle les poètes et qu'y z'utilisent aussi les pieds, mais moi j'dis qu'c'est pas d'la vraie boxe.
Après ça y m'a rencardé sur l'uppercut, c'est un grand geste comme une virgule qui part d'en bas pour finir en haut.
 
Mon adversaire s'app'lait Aster X, d'ailleurs on aurait dit Astérix mais avec un drôle d'accent pointu comme le chapeau qu'y z'ont sur le 'e' du Viêt Nam... sauf que c'était un grand noir et pas un p'tit jaune.
M'sieur Ramirez m'avait fortement conseillé d'aller au pressing tout d'suite mais comme c'est fermé l'dimanche j'me sentais un peu chiffonné...
D'entrée Aster X m'a mis un crochet, un crochet ouvrant qui m'a bien ouvert mais le suivant qu'aurait dû m'refermer, y m'a ouvert encore plus!
Heureus'ment M'sieur Ramirez m'avait briefé: “T'inquiète pas! Derrière le poing y a toujours un espace, pour respirer!”
J'ai cherché l'espace... entre son poing et ma gueule : il était mince.
 
Au troisième rond-point - en boxe on dit round - on est tombés dans les bras l'un de l'autre, un peu comme une accolade, mais c'était d'abord pour souffler un moment.
J'ai pas eu l'temps d'souffler.
“Souffler n'est pas jouer!!!” a hurlé l'arbitre.
Entre parenthèses j'risquais mon troisième point d'suspension alors j'me suis dégagé... enfin c'est Aster X qui m'a dégagé.
La suspension c'est une figure de style qui t'oblige à rester chez toi pendant un certain temps et ça remplace aussi toutes les putains d'injures que t'as pas eu l'temps d'dire à l'arbitre.
 
J'ai réuni mes deux poings comme m'avait expliqué m'sieur Ramirez, histoire de mieux séparer les deux propositions... Aster et moi.
M'sieur Ramirez disait qu'ça permet d'introduire une explication, mais l'explication avait déjà commencé d'puis longtemps et on n'était pas d'accord vu que j'voulais l'titre et Aster aussi! C'est l'principe de la boxe.
Y m'avait bien dit: “Après tes deux points tu mettras toujours une majuscule”.
Majuscule c'est pas une insulte, c'est un coup inventé par M'sieur Ramirez qu'est vraiment trop calé pour moi et qui veut dire 'mettre en douce un direct', une sorte d'exclamation du bras droit pour les droitiers et gauche pour les gauchers.
Moi j'suis droitier a dit M'sieur Ramirez vu qu'j'ai signé mon contrat d'la main droite.
Aster X a pris ma majuscule au niveau d'lesperluette et il en a bouffé son protège-dents!
On m'avait pas prévenu que faire bouffer l'protège-dents des grands noirs, ça les énerve encore plus.
 
C'est comme ça que j'm'ai r'trouvé en tréma - au CHU y disent trématologie - pour des examens et aussi quelques points d'soudure.
Les points d'soudure dit M'sieur Ramirez, c'est comme des traits d'union qui t'rapprochent de l'infirmière qui les fait... surtout si elle est bonne! La mienne s'app'lait Marcel et j'lui aurais bien collé un ramponneau mais j'étais pas en forme.
“Y t'manque un seul point pour êt' qualifié!” qu'il avait dit M'sieur Ramirez, mis ça c'était avant...
Final'ment il a dit que j'étais arrivé au point d'raccrocher les gants.
 
Alors voilà c'est fait, demain j'commence le ping-pong, un point c'est tout!
 
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28 juin 2014

Monster balloon (Vegas sur sarthe)

Finis dahu, yéti et marsupilami
je m'attaquais au must, au monstre du loch Ness
à moi seul je saurais en faire du salami
la viande de serpent, it is a business.
 
J'avais tout préparé, révisé mes Highlands
relu tous les récits depuis les années trente
et fourbi les harpons, sonar, télécommande
ainsi qu'un gros paquet de fusées éclairantes.
 
Aux brumes du matin le bestiau crachina,
je visai au hasard son cou périscopique
et comme il s'échappait je lançai la poursuite
 
Mais c'est à cet instant quand Nessie a fait Pffuitt
que j'ai vu de mes yeux en stéréoscopique
sur son ventre percé, un gros made in China!
 
21 juin 2014

Couche-toi (Vegas sur sarthe)

J'avais deux paires et les mains moites
Alors j'ai dénoué ma cravate
et dans ma voix les trémolos
quand elle a viré son polo.
Quand j'ai avancé mon brelan
elle a retiré ses collants
on dit qu'il faut sortir couvert
mais trop d'habits c'est un calvaire.
Je devinais ses petits seins
que son pigeonnant bluffait bien,
contre une quinte flush royale
j'ai dit adieu à mon futal.
Les cartes c'est pas ma passion
et deux valets c'est trop modeste
elle m'a pris sans concession
mon caleçon et tout le reste.
Que faire contre une main qui gagne?
La prudence dit ”Couche-toi”,
mais je suis resté tout pantois
quand est monté le mât d'cocagne.
Pour un perdant j'étais perplexe,
au-delà de mes espérances
elle s'est donnée sans complexe
le strip-poker c'est très tendance...
14 juin 2014

Alu-six-nations (Vegas sur sarthe)

Mettre un 'F' à phantasme! J'en croyais pas mes yeux.
J'ai d'abord cru que ça venait d'moi et puis j'ai relu plusieurs fois... Fantasme.
Alors j'ai foncé chez mon... Putain! Il avait changé sa plaque: Docteur Freud – Psikiatre – Alu-Six-Nations en tous genres.
Je lui ai montré la lettre.
Ca l'a fait marrer, peut-être parce que c'était signé: la Berlue.
“J'connais pas d'Berlue, Docteur”
Il a répondu: “Aucune importance. Appelez-moi Sigmund”
Alors j'ai redit:”J'connais pas d'Berlue, Sigmund”
Il a redit:”Aucune importance.Vous savez... lire et délire c'est sensiblement la même chose. C'est la première fois que vous ressentez ce simptaume?”
Je me suis mis à transpirer; il avait dit simptaume, avec un drôle d'accent, comme de l'allemand ou du bas-Varois... enfin peu importe.
J'allais répondre mais il a ajouté:” C'est la première fois que vous transpirez comme ça? C'est vraiment désagréable”
 
Je m'suis excusé et je lui ai montré, plus loin sur la lettre:”Voyez là, c'est écrit Chimaire!”
Il m'a regardé transpirer encore un peu et il a dit:”Je vais vous débarrasser de tout ce que vous avez”.
Dans ma précipitation je n'avais pris que trois cent euros.
Il m'en a débarrassé.
Bizarrement ma transpiration avait cessé; je n'avais sans doute plus rien à perdre.
J'ai demandé: “Pourquoi cette Berlue que j'connais pas me parle de ses fantasmes avec un 'F' et de ses chimaires avec “ai', Sigmund?”
Il a dit”Oubliez le 'F' et le 'ai'... dans fantasme je sens des rimes en asthme, en miasme, en spasme c'est pourquoi on va envisager des cataplasmes et...”
J'écoutais plus, je transpirais.
Depuis qu'j'étais morveux, le seul mot de cataplasme m'évoquait une horrible odeur de moutarde, d'atroces brûlures et des courses-poursuites auxquelles je tentais d'échapper en m'cachant sur mon lit... mais j'perdais toujours!
Il a dit:”Vous devriez faire quelque chose pour la transpiration”
C'est vrai qu'le niveau atteignait maint'nant le divan.
“C'est normal toutes ces mygales sur les murs, Sigmund?”
Il a eu l'air surpris et il a dit avec son même accent bizarre:”Quelles mûres?”
Là, ça m'a rappelé les confitures de mûres de mémé... et c'était bien.
Les mygales avaient disparu et Sigmund me souriait de tous ses crochets.
J'évaluai le sourire à cinquante euros mais j'avais plus rien sur moi.
Il a promis de m'envoyer la facture.
J'ai repris l'ascenseur, ou plutôt ce que Sigmund appelle une tyrolienne! Y sont forts ces psikiatres bas-Varois.
Pendant qu'ça montait – ou qu'ça descendait – j'ai réussi d'une main à lire l'ordonnance qui parlait des fameux cataplasmes pour Alu-six-nations. Avec ça, la Berlue allait me foutre une paix royale.
Les pompiers aussi sont très forts!
Quand ils m'ont sorti de là, ils m'ont accompagné à la pharmacie la plus proche mais le pharmacien n'avait que des confitures laxatives à la mûre, alors j'ai pris ça.
Il a promis de m'envoyer la facture, tout comme les pompiers.
 
Je suis guéri, la Berlue n'a pas réécrit mais j'transpire toujours autant alors pour pas en rajouter j'ai arrêté la confiture laxative.
J'ai découvert que le 'ph' de phantasme était apparu en phrançais au XIIème siècle mais qu'on écrit fantasme en français d'aujourd'hui... et ça m'a définitivement rassuré.
Faudra juste que j'rapporte les mygales chez Sigmund; j'sais pas pourquoi ni comment elles m'ont suivi.
7 juin 2014

Abracadabrantesque (Vegas sur sarthe)

Ouatson avait une voix bizarre, non pas qu'en temps normal il eut une voix normale, mais il avait vraiment une voix bizarre, bref ça donnait ça:
“Allo-lo inspecteu-teur!”
“Qu'est ce qui s'passe Ouatson? Vous avez une voix bizarre”
“Vous avez rai-raison chef, j'ai une voix d'outre-ton-tombe”
“Vous êtes où encore?”
“Chez Ali Baba-ba, chef”
“C'est quoi? Une boîte de nuit?”
“Pi-pire que ça inspecteur... une boîte de jour et de nuit, une boîte à double fon-fond si vous préférez, une vraie ca-caverne quoi!”
“Et qu'est-ce que vou-vous fou-foutez là-dedans?”
“Ah ça vous le fait aussi-si chef? C'est impressionant, hein? C'est justemen-ment ce que me disait Ouatelse à l'instan-tant”
“Parce que Ouatelse est avec vous?”
“Euh... elle est là et elle est pas là... ça dépend des mo-moments chef”
“Bon Dieu Ouatson! Passez-la moi”
“Euh... en ce mo-moment elle est pas là mais elle va pas tarder à être là de nou-nouveau. Vous allez voir, chef”
“Vous êtes sûr que ça va bien, Ouatson? Vous avez vraiment une voix bizarre”
“Attendez-dez chef! Je vais dire la formule ma-magique et Ouatelse va apparaître... HOCUS POCUS!!”
(Silence)
“Allo, Ouatson? Vous êtes là?”
“Non inspecteur, ici c'est Ouatelse... Ouatson était là il y a un instant”
“Pouvez m'dire c'que vous foutez tous les deux à jouer à cache-cache chez cet Ali Baba?”
“Euh... on a reçu un appel d'urgence, inspecteur! Une femme qui disait qu'on allait la couper en deux!”
“Et alors?”
“Et ben cette femme disait vrai”
“Comment ça?”
“Et ben elle est bien coupée en deux, inspecteur”
“Bon Dieu! Vous m'balancez ça tranquill'ment, comme si y s'agissait d'une merguez pendant qu'vot'collègue joue à cache-cache!! Et arrêtez d'dire Et ben!”
“C'est plus fort que lui inspecteur, depuis qu'il a appris à dire HOCUS POCUS ...”
(Silence)
“Allo, Ouatelse? Vous êtes toujours là?”
“Non-non inspecteur, ici-ci c'est Ouatson... Ouatelse était là-là il y a deux secondes”
“Oh ça va... Vot'petit jeu m'amuse pas! Qui est cette femme coupée en deux?”
“Quelle femme cou-coupée en deu-deux, chef?”
“Vous avez bu ou fumé quelque chose récemment, tous les deux?”
“Non chef, mais si je peu-peux me permettre, je vous trouve une voix bi-bizarre”
“Bon Dieu Ouatson! Y'a quelqu'un d'autre ici à qui j'pourrais parler normalement?”
“Euh... y avait Oua-ouatelse, chef mais elle est pas là en ce mo-moment”
“J'ai qu'deux mots à vous dire, Ouatson! HOCUS POCUS!!”
(Silence)
“Allo? Y a quelqu'un au bout du fil?”
“Inspecteur La Bavure à l'appareil. Qui êtes-vous?”
“Je m'appelle Ali Baba. Pourriez-vous venir chercher les deux loustics qui jouent depuis une heure avec mes accessoires? J'ai pas que ça à faire, moi!!”

 

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31 mai 2014

Outrage (Vegas sur sarthe)

Une goutte de sang, déshonorant outrage
a souillé le jupon âprement remonté.
Elle l'a provoqué, il écume, fourrage
déchire de son vit cet hymen convoité
 
Une rose a percé la pierre de la neige
Une rose a percé la pierre de l'hiver
Galopez dans le ciel, chevaux blancs des cortèges
Une rose a percé la pierre de la neige
 
Pour des yeux trop fardés, une bouche carmin
celle que l'on disait rosière vertueuse
a allumé le feu, engendré l'inhumain.
 
Galopez dans le ciel, amours incestueuses
dessous le jupon blanc file un triste cortège
Une rose a percé la pierre de la neige.
 
24 mai 2014

La chiromancie pour les Nuls (Vegas sur sarthe)

Si on s'donne la peine d'ouvrir n'importe quel dico on s'rend vite compte que cette science est - dans les grandes lignes - très accessible au commun des mortels et aux autres aussi.
La chiromancie existe depuis que l'homme a des mains c'est à dire environ depuis que l'homme.
Pour comprendre il suffit d'ouvrir à la bonne page en commençant par celle du C, puis en cherchant le H, puis le I, puis le R, dépasser Chirurgien-dentiste etc... Faites comme moi et vous apprendrez ça:
 
ligne de Vie:
Utilisée en escalade dans les parcours acrobatiques qui jalonnent notre quotidien ou lors d'épreuves périlleuses - fiançailles, mariage, naissance, divorce - elle permet à son utilisateur de s'y cramponner afin d'arriver au bout de sa Vie sans pépins.
Attention! Trop serrer provoque des cloques. (Voir naissance)
 
ligne de Tête:
La ligne de tête aussi appelée potence est une barre horizontale utilisée pour relier les lettres dans certaines écritures tibétaines ou bengali, mais çà on s'en fout.
La potence sert aussi à pendre le gibier du même nom dont la ligne de Vie se trouve aussitôt raccourcie.
 
ligne de Coeur:
De 1997 à 2002, la ligne de Coeur fut une liaison TGV entre Paris, Lausanne et Berne. Moyen de transport moderne - on parle toujours de transports du Coeur - elle permit de fabuleux transferts de fond qui de nos jours font l'objet de mises en examen.
Le nom Resto du Coeur vient du wagon-restaurant.
 
ligne de Destin:
Aussi appelée ligne de Chance
ligne de Chance:
Aussi appelée ligne de Destin, la ligne de Chance lorsqu'elle part du poignet et revient au poignet s'appelle une Rolex ou une Cartier.
Dans les autres cas elle s'appelle au moyen d'un jeu à gratter dit Euromillion.
On peut gratter avec n'importe quel ongle de n'importe quel doigt de n'importe quelle main... ou pied.
 
ligne d'enfants:
Située à la base du petit doigt chaque “courte ligne” - comme le romancier et dramaturge français - correspond à un enfant.
Quand il n'y a plus de place pour les nenfants suivants, on change de main.
L'expression “Ne change pas de main” est galvaudée, on peut tout simplement changer de père ou de mère.
Quant à elle, l'expression “Vous me ferez cent lignes!” est exagérée.
17 mai 2014

The Bermuda triangle (Vegas sur sarthe)

Ainsi donc il existait
The Bermuda triangle
celui dont me rebattaient
les savants, les forts en gueule
 
Souvent je fus pris d'un doute
aux pages des catalogues
aux 3 Suisses, à la Redoute
loin des géobiologues (*)
 
Celle-ci était vivante
haïtienne de la Hotte
et circonstance aggravante
avait quitté sa culotte
 
L'endroit paraissait sauvage
je l'accostai en tremblant
et explorai ses rivages
et ce triangle troublant
 
Plus d'un s'y serait perdu
faisant perdurer le mythe
d'un trigone défendu
une mortelle marmite
 
Elle vibrait sous ma main
démystifiée, offerte.
Dessous le bouton carmin
une porte s'est ouverte
 
Ne demandez pas comment
je me suis vu foudroyé
les Bermudas c'est vraiment
la fontaine où se noyer (**)
(*) Géobiologue: Celui qui étudie l'influence des champs magnétiques et électriques sur le vivant
(**) Dites à papa, Tango et Charlie que je ne reviendrai pas
10 mai 2014

Quercus pedunculata (Vegas sur sarthe)

Quand Monsieur Hibou déplie son grand écran blanc, toute la forêt de Brocéliande devient silencieuse, enfin presque puisqu'on entend quand même les mouches voler.
Comme elle est vaste et giboyeuse on forme un grand demi-cercle - au début on formait un cercle complet mais la moitié des spectateurs ne voyaient que l'arrière de l'écran - où on assoit au premier rang les petits - ceux nés de la dernière pluie - puis les plus grands - nés de l'avant dernière pluie - qui pensent surtout à ricaner et à se pincer les fesses.
Enfin les vieux s'installent, péniblement, toujours derniers à cause d'une bonne raison de vieux, une attaque d'arthrose, une crise de goutte ou une envie pressante et qui doivent réapprendre tout ce qu'ils ont oublié des pièges et des beautés de la forêt.
 
Monsieur Hibou commence toujours la leçon par le même rituel, une chanson que tous connaissent - sauf les petits nés de la dernière pluie, bien sûr - et ça fait ça:
“Aujourd'hui on n'a plus le droit
de s'empiffrer comme des rois
Terminé le tout pour ma pomme
C'est la crise dans le royaume”
 
Suivent quelques couplets qui parlent de brouter, de laper et un truc qui revient toujours et qui dit que “manger presto ça écoeure”; bref, on est pressés que la leçon commence.
 
“C'est ringard” dit un petit lapin “on entend ça du matin au soir dans la radio des randonneurs!”
“Justement” réplique Monsieur Hibou “Aujourd'hui je vais vous parler du chêne!”
 
Au dernier rang, un vieux sanglier retrouve la mémoire et commence à radoter:
“Tu vas voir qu'y va encore nous bassiner avec son chêne à Guillotin”
“Celui qu'a inventé la guillotine?” demande son voisin.
“Non, celui qu'a inventé le tourisme! Depuis qu'un abbé Guillotin se serait caché dans ce chêne millénaire, on peut même pas approcher pour le voir”
 
“Silence!! crie Monsieur Hibou “Vous avez tous vus un chêne un jour ou l'autre, sinon c'est le moment d'ouvrir vos yeux. C'est l'arbre le plus répandu chez nous et si son bois est très dur et convoité par l'Homme nous devons en tirer profit avant qu'il ne soit abattu ou victime de la mort subite du chêne!”
“Ca existe ça?” s'inquiète un loir.
“Oui Monsieur Loir” répond Monsieur Hibou “à cause d'un champignon pathogène très polyphage qui tue un chêne subitement!”
“Le voilà reparti avec ses mots tordus” rouspète un marcassin.
 
“Tordus ou pas je poursuis. Son fruit s'appelle le gland et si l'Homme le mange en farine c'est qu'on peut aussi le manger. Je dis ça pour les geais, les écureuils, les cerfs et les sangliers et aussi pour tous ceux qui passent leur temps à glander sous les chênes”
“Le chêne symbolise la force, l'endurance et la longévité”
“C'est pas comme nous” fait remarquer une vieille chouette.
 
“Je poursuis. Ses feuilles sont caduques sauf chez le chêne-liège et le chêne vert”.
“Est-ce vrai qu'on ne trouve le chêne-liège qu'en Belgique?” demande un écureuil.
“Certainement pas! On le trouve un peu partout en Europe et même chez les corses” répond Monsieur Hibou.
“Ah oui! L'écorce qu'on travaille pour faire les bouchons!” ajoute un pic-vert.
“Non! Les corses de Corse, ignare” réplique Monsieur Hibou.
“Mais les corses de Corse, y travaillent pas... c'est mon père qui l'a dit” déclare un faon.
“Justement pourquoi on dit travailler à la chêne et pas travailler au chêne?” rajoute un lapin.
“Parce que là où y a du chêne, y a pas de plaisir” plaisante un autre lapin.
“Et pourquoi on a besoin des chêne-lièges pour faire des bouchons et d'autres chênes pour faire des barriques? On peut pas prendre le même?” renchérit un ragondin.
Au-delà de trois questions, Monsieur Hibou décline et poursuit.
“Je décline donc et je poursuis. Qui peut me citer un chêne à feuillage caduc?”
“Moi je sais” s'écrie notre ragondin “le chêne pédonculé!”
“Dis donc, où t'as appris la politesse, toi?” s'offusque un blaireau.
Il n'y a qu'un blaireau pour faire ce genre de réflexions.
Monsieur Hibou intervient :”Pédonculé n'est pas un mot grossier... c'est un Quercus pedunculata”.
“Le voilà reparti avec ses mots tordus” rouspète notre marcassin.
Monsieur Hibou poursuit:”Le pédoncule qui porte ses glands est plus long que celui des autres chênes... Euh... si Monsieur Blaireau veut bien arrêter de ricaner bêtement!!”
Je ne sais pas si vous avez déjà entendu ricaner un blaireau, mais c'est vraiment pénible.
 
“Je poursuis donc. La feuille de chêne est notre salade à nous, même si l'Homme appelle ainsi sa salade à lui, sauf qu'il la récolte en terre et nous en l'air”
Un geai fait remarquer qu'il est bien plus facile de venir becqueter la feuille de chêne de l'Homme plutôt que celle des arbres.
A défaut de hululer Monsieur Hibou soupire...
“Je poursuis. Parlons de ses fleurs” continue Monsieur Hibou.
 
“Ah oui! Pourquoi les fleurs mâles s'appellent des chatons et que les fleurs femelles s'appelleraient pas des chatounettes?” questionne un renard.
Devant tant d'indiscipline et de bêtise, Monsieur Hibou démissionne :”Ca suffit comme ça! La leçon est terminée et puis vous en savez assez”
“On n'a pas parlé des chenilles” râle le vieux sanglier.
 
“C'est comme dans la salade de l'Homme” rétorque Monsieur Hibou “faut faire avec!”
Le grand écran blanc s'enroule en haut de son arbre et donne le signal de la débandade.
“Et n'oubliez pas” crie Monsieur Hibou “Aujourd'hui on n'a plus le droit...”
Chacun est déjà reparti à ses occupations brocéliandesques.
Ce soir les petits - ceux nés de la dernière pluie - s'endormiront moins bêtes.
3 mai 2014

Magicien (Vegas sur sarthe)

C'est en pleine cacophonie
Paganini
Qu'il a surgi d'un paravent

Van Beethoven
un peu rital, macaroni
Albinoni
Une queue de pie, un vieux frac
Sebastien Bach
Qu'il louait tous les mercredi
Chez Vivaldi
Et une baguette de... pain
Frédo Chopin
 
L'orchestre rigolait en douce
Amadeus
Il leur sembla très ordinaire
Richard Wagner
pas comme ces gars qui innovent
Rachmaninov
mais c'était un grand mélomane
Robert Schumann
qui en avait dans la cervelle
Maurice Ravel
Il subjugua le soprano
Charles Gounod
tout l'orchestre encore en frissonne
du Mendelssohn
d'une chienlit fit la symbiose
Hector Berlioz
 
26 avril 2014

Tantra (Vegas sur sarthe)

Je me trouve ordinaire, on me dit excentrique
pour moi “monter en haut” est juste un pléonasme
on dit qu'il n'y a pas de plaisir sans orgasme
je ne suis pas de bois, j'aime l'amour tantrique.
 
Le message parlait de massage Tantra
loin de toute débauche et du Kâmasûtra
il était notamment question de spirituel
mais aussi de paiement en traites mensuelles.
 
J'ai signé pour six mois... une masseuse noire
à moi le tatami, à elle les pourboires
et puis j'ai découvert le fameux “lâcher prise”
 
et la révélation... il s'appelait Maryse
les six mois sont passés, on me dit excentrique
je travaille beaucoup sur le périphérique.
 
19 avril 2014

Assez de rimes en cule (Vegas sur sarthe)

C'est pas ma faute à moi si je suis minuscule
j'ai beau gesticuler, partout on me bouscule
je n'ai pas de moyens, de nom à particule
je suis un moins que rien, j'habite en vésicule.
Gastro-entérologues, c'est sur moi qu'ils spéculent
on me montre du doigt, en me nommant calcul
on voudrait me chasser alors on inocule
d'affreux médicaments, des tas de molécules.
Si je survis à ça, je veux qu'on me flocule
j'aimerais tant nager au sein d'un groupuscule
oublier mon statut de pauvre animalcule.
Marre de ces moqueries et de ces rimes en cule
bientôt ça va barder pour votre matricule
vous verrez de quoi sont capables les minus...
12 avril 2014

Strobe effect (Vegas sur sarthe)

En créant le zèbre zébré, le Tout-Puissant ne se doutait pas qu'il créait du même coup la polémique. Si une légende africaine pose la question de savoir si le zèbre zébré est blanc à rayures noires ou noir à rayures blanches, bien des savants même noirs se sont faits des cheveux blancs sur la question.
On a longtemps cru qu'il avait inventé le code-barre (*) pour identifier chaque zèbre zébré mais c'est plutôt dû à un gros coup de lassitude car si on sait que le Créateur a attendu le quatrième jour pour nous pondre les zanimaux beaucoup ignorent qu'ils sont nés par ordre alphabétique, ce qui fait que le zèbre zébré arrive presque en queue de peloton, juste avant le zébu ou “zépusoif” et la zibeline.
Le zébu est un beau-vidé, moins beau quand il est plein contrairement à la zibeline qui est plus belle vidée c'est à dire en pelisse ou en étole, mais ce n'est pas le sujet.
Il n'empêche que seize points au scrabble dont dix pour le 'z', ça valait le coup d'attendre!
Le zèbre zébré peut aussi remercier le Créateur de lui avoir imaginé ce motif et lui éviter toute confusion avec le panda, la girafe ou le dalmatien.
Bien plus tard viendra l'écossais ou Tartan - à ne pas confondre avec Tarzan, ce fils d'aristocrates anglais - et de plus on s'en fout.
A sa naissance le zébreau zébré n'est pas zébré mais noir, vraiment noir et révèle ses fameuses rayures à force de se frotter aux rugueux arbres africains qui deviennent noirs à leur tour, comme toute l'Afrique.
Puis vient l'heure du casse-croute de la hyène et celle de prendre la fuite en utilisant ce qu'on appelle en dialecte zèbre le “Strobe effect” ou effet stroboscopique.
Pour le zèbre zébré, là où y'a d'la hyène y'a pas d'plaisir et il lui faut user d'un stratagème très efficace pour rendre floue son image et fou son prédateur!
Il doit trouver la vitesse précise à laquelle le phénomène de crénelage - dû à l'imbrication l'une dans l'autre de deux fréquences stables dont la plus élevée demeure inférieure au double de la plus basse - le rendra “quasiment” invisible aux yeux de la hyène dépitée.
En fonction du “quasiment” c'est à dire de l'obtention de la bonne vitesse de course, la hyène est plus ou moins dépitée et le zèbre zébré plus ou moins mangé: c'est ce qu'on appelle l'équilibre plus ou moins écologique.
On serait sur le point de prouver que les rayures noires et blanches déplaisent particulièrement aux insectes piqueurs et porteurs de maladies mortelles, mais ceci est une question de taon...
On pensait également que le croisement de deux zèbres zébrés pouvait donner une grille de mots croisés ou de sudoku. Il n'en est rien. Leur croisement ne donne qu'un mokitu ou “mot-qui-tue” qui n'a rien à voir avec le scrabble.
Le sujet des rayures du zèbre zébré a de tout temps inspiré les hommes comme Coco Chanel et Jean-Paul Gaultier dont la célèbre marinière portée par Montebourg fait aujourd'hui la fortune de la bonneterie quimperloise Armor Lux, comme quoi la métamorphose mène à tout.
(*) Les scientifiques peuvent désormais lire les rayures caractéristiques des zèbres zébrés (25 à 43 raies) comme des codes-barres pour recenser une population grâce au logiciel open-source StripeSpotter.
A noter que j'ai essayé StripeSpotter sur mon chat. Ca ne marche pas.
(**) Le zèbre zébré est communément appelé Pléonasme.
5 avril 2014

Chapeaurte-plume (Vegas sur sarthe)

Maître Folon, ancien oiselier reconverti en chapelier vous propose une large gamme d'objets mi-coiffures mi-volatiles dits chapeaurte-plumes à usage multiple parmi lesquels:
le choucasquette à plumes noires et nuque grise.
le béret-miz à masque noir, existe en jaune façon béarnaise.
le bicorneille estampillé Polytechnique sur fond noir
le borsalinotte pour voyou écervelé
le casarcalotte pour juif ukrainien
le barbicanotier en paille du sud sahara
le corbonnet de nuit noir, existe en blanc pour insomniaques
l'émouchéchia, modèles en faucon ou en vrai tunisien
le gibuse variable, aplatissement garanti à l'atterrissage
le képie, couvre-chef ou couvre-sous-chef, uniquement en blanc et noir
le panamacareux, son gros bec le distingue du borsalinotte
le pinsombrero pour sombre héros gai ou chanteur
le tricorneille, bicorneille amélioré ou cornu
le bécastor, chapeau à long bec et queue plate
Pour les clients incultes ou mal embouchés, la liste de noms d'oiseaux est à leur disposition ci-dessous:
choucas
rémiz
corneille
linotte
casarca (tadorne)
barbican
corbeau
émouchet
buse variable
pie grièche
macareux
pinson
bécasse
 
29 mars 2014

Plein les yeux (Vegas sur sarthe)

Comme c'est beau
ce que l'on peut voir comme ça
à travers le sable, à travers le verre
à travers les carreaux
de la coupole du Panthéon de Rome,
de la plus grande coupole de l'Antiquité
de cent cinquante pieds romains
de deux cent quatre vingt seize millimètres chacun
de l'avis des chercheurs Lelgemann et Knobloc
de Berlin mais contestés par Rottländer
de Tübingen, de toute manière on s'en fiche
de la longueur du pied romain qui donne la taille
de la plus grande coupole de l'Antiquité
de Rome avec ses carreaux de verre
de sable ou plutôt de silice ou dioxyde de silicium,
de carbonate de calcium et de sodium
de formule CACO3 et NA2CO3
des symboles CA , NA et CO et de numéros atomiques
du nombre de protons du noyau de l'atome
des corps dits simples même si on n'y comprend rien
de ce défi consistant à dire ce qu'on voit avec du sable dans les yeux
mais c'est beau quand même!
22 mars 2014

FCI et RTT (Vegas sur sarthe)

“Qu'est-ce que vous en dites, Ouatson?”
Ouatson examina attentivement les deux photos.
“J'trouve qu'elle a du chien, pas vous inspecteur?”
“Je ne vous ai pas fait venir pour faire de l'esprit, Ouatson! Dites moi plutôt ce que vous remarquez de bizarre”
“Euh... elles ont la même chemise à carreaux et l'même gilet gris, chef!”
“La même chemise? C'est tout ce qui vous choque?”
“Elles ont une drôle de tête... p't-être un léger strabisme toutes les deux?”
“Toutes les deux? Qu'est ce qui vous fait croire que c'est une chienne?”
“Pour le cador, j'sais pas chef... mais pour la gonzesse, cette coiffure, ça fait un peu garce, non?”
“Mesurez vos paroles mon vieux! Celle que vous prenez pour une garce n'est autre que la fille du substitut du Procureur de la République”
“N'empêche que j'lui trouve un léger strabisme, chef...”
“Bon Dieu! Regardez y de plus près ou de plus loin mais ouvrez les yeux Ouatson!!”
Ouatson réexamine attentivement les deux photos.
“J'ai trouvé inspecteur! La fille est chauve et s'est confectionné une perruque en poils de chien!”
(Soupir)
“Ca va! Allez me chercher Ouatelse. L'opinion d'une femme vaudra mieux que toutes vos suppositions oiseuses”
“Comme vous voudrez chef... mais mis à part son chihuahua Ouatelse n'y connait rien en chien, alors que j'suis le roi en cynologie”
“En quoi?”
“En cy no lo gie, chef. J'suis membre d'honneur de la FCI, la fédération cynologique internationale et sachez qu'j'aurais pu être maître-chien si j'avais pas été mordu par...”
“Vous avez été mordu, Ouatson?”
“Euh... pas par un chien, inspecteur... par le chef-instructeur de la police des frontières, enfin vous comprenez, chef... c'était pas un gars d'chez nous, alors...”
“Je vois Ouatson... je vois. Mais vous pouvez quand même me dire à coup sûr de quelle race est ce clebs?”
“Et bien si j'exclus la crinière qui ressemble beaucoup à la perruque de la fille du substitut du Procureur de la Répu...”
“Nom d'un chien arrêtez avec ça mon vieux ! C'est quoi ce clébard?”
“J'hésiterai entre un colley à poil long, un border collie, un shetland et un croisement des trois, à moins que...”
“Jamais entendu parler du Amoinque, mon vieux. Vous feriez bien d'appeler Ouatelse avant que je pique ma crise !”
“ Comme vous voudrez chef... mais après dix huit heures on a toujours un mal de chien à la trouver”
“C'est quoi encore votre histoire de chien?”
“C'est rapport aux RTT, chef”
“Hein? Depuis quand prend-on des RTT dans MON service ?”
“Vous n'y êtes pas, chef ! RTT c'est plus rapide à dire que Rhum Téquila Tabasco”
“De quoi vous parlez mon vieux?”
“Et ben après dix huit heures, Ouatelse est chargée d'réapprovisionner l'bar du sous-sol, inspecteur”
“Il y a un bar au sous-sol ? Depuis quand ?”
“Euh... J'croyais qu'vous étiez au parfum, chef...”
La sonnerie du téléphone couvrit un nouveau soupir.
“Quoi encore??” (Expression favorite de l'inspecteur La Bavure)
Ouatson décrocha.
“Justement chef... c'est Ouatelse”
15 mars 2014

Sur l'air du train lin lin lin (Vegas sur sarthe)

C'est la mère Michel qui a perdu son chat
Qui crie par la fenêtre à qui le lui rendra
C'est le Père Lustucru
Qui lui a répondu
Allez la mère Michel c'est un malentendu
Refrain
Sur l'air du train lin lin lin
Sur l'air du train lin lin lin
Sur l'air du train déraillera et tra la la
C'est la mère Michel qui lui a demandé :
Mon chat n'est pas perdu ou vous me baladez?
C'est le Père Lustucru
Qui lui a répondu :
Il a pris le rapide, on ne l'a plus revu
(Refrain)

Et la mère Michel s'écrie : Non, c'en est trop
Il a horreur du train, du bus et du métro!
Et le Père Lustucru
Dit qu'il a pris le train
tout droit dans le museau, en plein dans le tarin
(Refrain)
C'est la mère Michel qu'a perdu son matou
il était trop curieux, un vrai passepartout
C'est le Père Lustucru
Qui lui a déclaré
que les trous de souris sont durs à explorer
(Refrain)
Et la mère Michel qu'a perdu son greffier
se dit: de tous les trous il faudra se méfier
Car le père Lustucru
est un sacré poivrot
qui pourrait bien avoir bouffé son Figaro.
8 mars 2014

Quésaco encore ? (Vegas sur sarthe)

Blanche prend donc le chemin de la chaumière des nains, un peu inquiète car l'autre jour ils n'avaient pas bonne mine, une histoire d'indigestion de sésame avec une quarantaine de voleurs...
Et que ne retrouve t-elle pas trois pages plus loin?
(Il y a souvent des pages dans les contes)
Pigs, du fameux trio Three, Little and Pigs!
“Toi ici Pigs? Je te croyais parti avec tes frérots chez le roi Merlin pour chercher de quoi ignifuger votre dernière baraque?”
“Si fait Blanche! Mais en cheminant - car il y a beaucoup de chemins dans ce conte - nous avons croisé un poucet”.
“Ca existe encore les poucets?”
“Ben faut croire que oui, depuis que les ogres n'ont plus de bottes... en tout cas le nôtre était petit et comme il m'a proposé une bonne affaire, j'ai laissé filer mes frangins”.
“T'aurais pas dû les laisser filer! Une meuf au bois dormant s'est faite planter avec une saloperie de quenouille pas plus tard que la semaine dernière! Sinon c'était quoi cette bonne affaire, mon cochon?”
“T'es bigleuse? Vise ces bottes de sept lieues... C'est pas des Boulutins mais je les tiens de ce petit poucet qui les a fauchées à deux ogres pendant leur sieste”.
“Et ça marche comment?”
“Comme des bottes - l'une devant l'autre - mais il parait qu'elles sont magiques, elles s'adaptent aux pieds qui les portent et font des enjambées de sept lieues!! Avec ça j'aurai tôt fait de les rattraper”
“J'ai entendu dire qu'il vaut mieux partir à point!” réplique Blanche.
“Sauf que ça n'a rien à voir avec ce conte” pouffe Pigs.
 
“Et t'es sûr que ça marche aussi avec des pieds de porc?” demande Blanche sur un ton emprunté.
Dans les contes, on ne sait jamais à qui rendre les tons empruntés, mais c'est ainsi...
Pigs n'est pas à une vexation près et fait mine de ne pas comprendre.
“Qu'est-ce qu'ils ont mes pieds, mis à part que Dame nature m'en a donné deux de plus que toi?”
Blanche insiste: “Tu ne connais donc pas le dicton Pieds fendus, bottes foutues?”
Pigs est à point se dit-elle et elle ajoute:
“Je te les échange contre ces pantoufles de verre que ma great-mother avait achetées à une petite sirène qui voulait échanger ses jambes à une sorcière contre une voix mélodieuse et une peau d'âne!”
Flairant le coup foireux, Pigs dévisage les pieds de Blanche.
“Mais elles ne sont pas pareilles!”
Blanche ne se démonte pas, elle ne se remonte pas non plus:
“Evidemment, c'est pour distinguer la droite de la gauche... la droite est en verre et l'autre est en vair. Si tu m'crois pas, demande à ma great-mother”
 
L'incrédulité de Pigs fait peine à voir, alors on ne la dépeindra pas.
“Comment tu fais la différence si les deux sont en verre et puis d'abord la gauche ressemble vachement à un écureuil gris” s'étonne Pigs.
Blanche sent le deal lui échapper.
“Tu chipotes! Toi qui es si malin, montre moi à quoi te servent ces quatre bottes de sept lieues”
Tandis que Pigs fait quelques pas, on entend un grand fracas au fond du bois.
 
“Quésaco?” grouine Pigs.
“C'est rien” rassure Blanche “le loup vient encore de se viander en mobylette”.
“Qu'est ce que je disais déjà?” s'interroge Pigs.
Blanche aimerait bien conclure.
Si elle pouvait rapporter à sa marâtre ces deux paires de bottes magiques en plus d'ingrédient ou deux, elle serait le Phénix des hôtes de ces bois ou un truc comme ça.
“Allez! Tape m'en cinq... enfin j'veux dire, tape m'en deux” rectifie Blanche.
Dans les contes, les petites capes rouges ont toujours eu le dernier mot face aux cochons.
Pigs lui en tape deux et reprend bientôt son chemin, cahin-caha, gauche-droite, écureuil-cristal... tandis que Blanche se dirige vers la chaumière des nains.
1 mars 2014

Capybara! Capybara! (Vegas sur sarthe)

La pirogue glissait rapidement sur l'eau. Ils entrèrent dans un canal qui débouchait de l'autre côté de la rivière. Il était très étroit et l'embarcation y passait de justesse. Ils pointèrent la pirogue vers le canal. Ils avançaient lentement, tête baissée, à cause des branches qui pendaient au-dessus de l'eau. Après avoir fait une centaine de mètres, ils aperçurent le gros iguane vert perché dans son arbre dont leur avait parlé Panara, le vieux chef Kayapos. Ils ne l'avaient pas imaginé si gros!

Ils étaient donc sur le bon chemin bien que prisonniers d'un boyau étranglé de vilaines lianes et de branches moussues.
Enfin le canal s'élargissait sensiblement et il leur tardait de piéger les dauphins roses que le vieux Panara leur avait décrit et qu'ils étaient autorisés à approcher depuis qu'ils avaient tous trois été “introduits dans la maison des hommes” en grande cérémonie...
Diogo, Luis et Vitor avaient dévalisé le stock de peinture corporelle du vieux Panara et aussi quelques “kotékas”, des étuis péniens en coloquinte, symboles de rang social.
Fidèle à lui-même, Diogo en avait volé un si gros qu'il le perdait sans cesse, ce qui faisait rire les autres aux éclats.
“Ti scoubidou! Ti scoubidou!”
Comme il le rajustait une fois de plus en grommelant, Luis se mit à hurler : “Capybara! Capybara!”
Excellent nageur, l'énorme cochon d'eau fonçait sur leur pirogue et sa grosse tête rectangulaire aux yeux vifs fendait l'eau du marigot de façon inquiétante.
A l'avant, Vitor avait pointé sa maigre sarbacane et l'ajustait en tremblant comme une feuille sur le rongeur en furie quand un cri perçant lui fit lever la tête.
Une harpie féroce au bec crochu fondait du ciel sur le rongeur, toutes griffes sorties.
Son “Wheeeeee” suffit à décourager notre capybara qui plongea sans plus attendre.
Malgré leurs peintures, les trois guerriers étaient bien pâles et - sans doute sous l'effet de la peur - Diogo avait définitivement perdu son “kotéka”.
Avec de grands cris la harpie décrivait d'inquiétants cercles autour d'eux.
Subitement la forêt leur parut hostile et sans un mot, les jambes flageolantes et le ventre pris de crampes ils échangèrent leurs places dans la pirogue pour un demi-tour stratégique.
Sans aucun doute la Déesse Amazone venait de prendre la forme de la harpie pour les punir de leurs mauvaises intentions.
Jamais on ne vit pirogue filer aussi vite sur la rivière...
22 février 2014

Les Arbres à Lire (Vegas sur sarthe)

Quand furent racornies telles peaux de chagrin
marges et couvertures et feuillets à gros-grain,
ils se sont réveillés, tordus ou estropiés
ceux qu'on anéantit pour faire du papier.
Le sorbier des oiseaux, le séquoia géant
couverts de mots ardents aux senteurs végétales,
le chêne chevelu au verbe croustillant
ont battu le rappel des essences vitales.
Leurs branches effilées portaient des mots aimables
qui de Chateaubriand qui de Victor Hugo,
des bouquets enivrants balancés à la diable
et qui vous asphyxient à tire-larigot.
Quittant les pauvres pages où ils étaient couchés
les écrits insurgés sortaient de leur silence
et j'entendis soudain des pages arrachées
l'appel des écrivains dans toute sa violence.
Ne soyez pas surpris si un jour, d'aventure
entr'ouvrant d'un bouquin la mince couverture
vous êtes assaillis par quelques Arbres à Lire
Laissez de la magie la grâce s'accomplir.
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Le défi du samedi
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