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Le défi du samedi

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4 mars 2023

Ô que j’eusse aimé être papillon bleu (Cavalier)

 

Source: Externe

 

Ce printemps est si beau toujours,
Et les papillons tourneboulent.
— Constance est chimère d’amours
Par tous ces nectars qui me saoulent …

Et les papillons tourneboulent
Les tourtereaux sous le jasmin.
— Par tous ces nectars qui me saoulent,
Je ne veux pas savoir demain …

Les tourtereaux sous le jasmin
Clament leur flamme dessillée.
— Je ne veux pas savoir demain,
En noctuelle mal rhabillée …

Clament, leur flamme dessillée
Et puis le vent dans les pruniers.
— En noctuelle mal rhabillée,
Il sort de l’eau de mes paniers …

Et puis le vent dans les pruniers
Prendra des fleurs comme oriflamme.
— Il sort de l’eau de mes paniers
Quand feu de paille trop s’enflamme …

Prendra des fleurs comme oriflamme,
Ce papillon en bleu velours.
— Quand feu de paille trop s’enflamme,
Ce printemps est si beau toujours ...

 

***

 

Source: Externe

Ne t’inquiète pas petite noctuelle
Sortant de ta chrysalide
Tu te sens petit canard
Parcheminée, chiffonnée, toute enchifrenée


Mais bientôt entourée de ces mâles
Même pas bleus
Aux bois dormants, si jolis …

Tu seras princesse !

 

(***  Cavalier, Pantoum Malais)

 


— Ay me, Gloomy, doff thy name, and for that name

Which is no part of thee ...

Take all myself!

 

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4 mars 2023

Quand la vie manque d'ocelles (Joe Krapov)

Edouard Philippe avec un papillon géant sur l'épauleNous autres les noctuelles, les papillons de nuit et les autres lépidoptères, nous serions en droit d’avoir une dent contre vous, les humains – et contre vous aussi, les humaines -. Déjà, nous en voulons énormément à celui d’entre vous qui s’appelle Edouard Philippe ou Doudou !


Vous rendez-vous compte que nous passons beaucoup moins de temps que vous sur cette planète ? Sans parler des éphémères qui ne vivent qu’une journée sous forme d’imago, notre espérance de vie est de quelques semaines, au mieux de quelques mois.

Papillon multicolore sur parcheminà la façon de MuchaMettez-vous à notre place un peu ! Vous pourriez, vous, en seulement trois semaines, apprendre quelque chose sur le monde qui vous entoure, vous plier aux codes imposés par votre modèle social et vivre pleinement votre vie ? Intégrer, en trois semaines, la manière de calculer la surface d’un triangle rectangle, survivre au service militaire, supporter un chef de bureau, une D.R.H., Florent Pagny, un démarcheur téléphonique, monter un meuble Ikéa, faire du vélo, déclarer vos revenus en ligne, lire Télérama de la première à la dernière page, vous enquiller plus de trois pages de Proust d’affilée sans vous endormir, allumer un barbecue malgré la présence parmi les invités de Madame Sandrine Rousseau, retirer la languette de la Vache qui rit sans vous mettre du fromage mou sous les ongles, trouver une compagne, obtenir son consentement, copuler, être là au moment où elle pond son œuf, élever les mômes qu’elle vous a fabriqués et auxquels vous souhaitez transmettre votre collection d’images Panini de footballeurs des années 1990, même et surtout si ce sont des filles, réparer un lavabo qui fuit, ouvrir un PEL ou un pot de confiture sans adjuvants extérieurs, commander un billet de train sur SNCF-Connect, manifester contre le report de l’âge de départ en retraite ou contre la disparition de la biodiversité ?

Parce que c’est bien cela qu’on vous reproche ! C’est vous qui bousillez le climat et la planète et c’est nous que vous accusez, lorsque nous sommes de mignonnes petites chenilles, de manger juste ce qui suffit à notre croissance en piochant parmi vos plantations ! Et alors zyva que je te nous pesticide, que je te monoculture, que je t’empêche de polliniser en rond, que je te flytoxe et te dététise tout ce qui vole et n’est ni un drone militaire ni un ballon chinois ni la fusée d’Elon Musk en route pour faire subir le même sort à la planète Mars !

Un papillon volète autour de la flamme d'une bougieMais le pire n’est pas là. Ce qui nous tue, nous les noctuelles et les autres papillons naufragés de la jeunesse, c’est votre ignorance totale de notre religion. Si nous supportons aussi bien ce passage par quatre stades d’existence, le Roudourou (l’état d’oeuf), le Parc des Princes (la larve puis la chenille qui redémarre), la Baujoire (la chrysalide) et le Chaudron (l’état de papillon) c’est que nous sommes portés par l’Espérance.

Vous êtes-vous jamais demandé pourquoi nous sommes attirés par la lumière au point quelquefois de nous y brûler les ailes ? Vous êtes vous seulement une fois demandé pourquoi vous trouviez autant de nos cadavres sur vos phares avant de véhicules polluants ?

Eh bien, sachez-le, nous ne sommes pas différents, les insectes et les hommes. Vous-mêmes vous vous rendez dans ces lieux sombres qu’on appelle églises ou temples et vous priez pour qu’à l’issue de votre vie vous puissiez gagner le paradis. Vous savez que Dieu dans son immense bonté vous pardonnera tous les péchés que vous avez commis sur cette terre. C’est pourquoi vous ne craignez pas la mort et la répandez autant autour de vous.

J’ignore ce qu’il en est réellement de votre lieu de séjour éternel et il paraît que vous non plus ne savez pas très bien où allez mais vous y allez à grand pas.

Eh bien ce que nous promet notre foi, c’est un monde de vie infinie, au bord d’un grand océan, dans un bonheur toujours renouvelé par la sensation de ne plus rien devoir à personne et le sentiment du devoir accompli sur cette terre. Mais pour y accéder, il y a une condition : nous devons mettre un terme à notre existence en nous suicidant contre un phare de véhicule automobile roulant au minimum à 90 kilomètre à l’heure !

Et voilà-t-il pas que votre premier ministre a fait baisser la vitesse à 80 kilomètres heures, attirant ainsi sur les ronds-points, à notre place, des nuées d’insectes jaunes qui ont bousillé l’arc de Triomphe et fait dépenser ensuite dix milliards à l’État !

Y’en a, j’vous jure ! T’es qu’un vilain doudou, Edouard ! Na !

 De nombreux papillons multicolores au-dessus d'une vague d'Hokusai

Illustrations réalisées sur demande par Deep Dream Generator.

4 mars 2023

Au fil de l'eau (Yvanne)


Gamine, à l'école primaire de mon village, je fouillais dans la modeste bibliothèque à la découverte de romans ou d'ouvrages se rapportant à l'histoire de ma région. Cela me tenait à cœur étant profondément enracinée à mon lieu de naissance. C'est ainsi que j'ai appris que les Gaulois qui peuplaient ma Corrèze natale et au-delà tout le Limousin à qui ils ont laissé leur nom, se nommaient les Lémovices. J'avais des ancêtres riches et puissants. Il n'en fallait pas plus pour enflammer mon imagination et chercher par tous les moyens à connaître ce que fut leur existence.

Oui, ils étaient riches comme en témoigne le site de Tintignac, tout près de chez moi où d'importantes découvertes  d'objets mythiques et uniques dans le monde ont été mises à jour. J'ai déjà évoqué ici Tintignac, haut lieu de commerce et de culte. D'où venaient leur richesse ? De mines d'or qui étaient multiples sur le territoire. On estime que les Lémovices ont extrait entre 80 et 160 tonnes d'or ici. Il se trouve que l'une de ces mines était proche d'un ruisseau courant dans un pré de mes parents.

Pendant que mes vaches paissaient tranquillement sous la garde vigilante de Carlette, ma chienne, je parcourais la rivière aux multiples méandres en quête du précieux métal. J'étais orpailleuse sans matériel aucun. Simplement, je scrutais attentivement le fond de l'eau transparente, prenais à poignée un petit tas de gravier que j'examinais un à un et rejetais ensuite. Mais ceci en vain. Tout ce qui y brillait hélas n'était pas d'or. Juste quelques petites feuilles de mica dit « or de chat » assez abondantes et scintillantes pour me faire croire un instant que j'avais trouvé le graal. Déçue, j'abandonnais ma prospection pour m'intéresser à des choses moins utopiques et tout aussi passionnantes dont je ne me lassais jamais.

Rêver en regardant glisser l'eau sur les galets colorés et polis, façonnés par des siècles d'érosion. S’abîmer dans la contemplation de la rivière qui chante et danse, libre et pressée. Imaginer sa course interrompue quand elle rencontre l'océan qui l'engloutit. Respirer à pleins poumons son odeur si particulière d'humidité mêlée du parfum des herbes qui s'y inclinent et aussi celle que l'on perçoit et que l'on n'oublie jamais de la truite qui s'y abrite.

Se pencher pour admirer la lente progression de l'écrevisse autochtone, à la carapace d'un beau vert  bronze qui file en reculant si on tend la main, pour se cacher dans les replis de la berge en bougeant avec frénésie ses antennes sensorielles. S'émerveiller du vol souple et combien délicat d'un papillon qui batifole d'une feuille à l'autre. Ces papillons dits « de jour » aux couleurs chatoyantes, exubérantes même, je jouais à les poursuivre mais ils m'échappaient sans cesse. Rien à voir avec leurs cousines les noctuelles qui vivaient dans les aulnes. Ces insectes lourdauds, ternes et trapus qui, au crépuscule se manifestaient et parfois s'abattaient de façon inopinée sur votre tête. Ceux-là personne ne les aimait car leurs chenilles étaient la terreur des jardiniers de la famille.

Apprendre les dures lois de la Nature quand brusquement surgissait la libellule aux ailes de dentelle et au corps vitrail mordoré ou bleu métal qui fondait sur l'insouciant papillon pour le dévorer en vol. Mais le prédateur de la demoiselle filiforme n'était jamais très loin et à son tour, le bec acéré et victorieux d'un martin-pêcheur criard ou d'une vive hirondelle emportait pour son festin l'élégante éphémère.

Je ne trouvais pas d'or mais qu'importe, j'étais riche des beautés de la Nature. Je me nourrissais de la vie qui palpitait autour de moi et, étourdie de soleil, de silence, de sérénité j'allais m'asseoir à l'ombre des aulnes. Je lisais tranquillement jusqu'à ce que mes bêtes me rappellent à l'ordre pour m'inciter à revenir à la ferme : c'était l'heure de la traite. Je quittais à regret mon petit paradis mais je savais que le lendemain ou plus tard je reviendrai profiter de son calme et surtout de ma solitude, source de ma liberté, propice aussi à l'éveil de mes sens et de mes émotions enfantines et adolescentes.

4 mars 2023

Sans chenille sans papillon (Kate)

Sans chenille sans papillon

Ce soir cherchons la noctuelle... Facilement trouvée sur le site jardiner-malin.fr : "La noctuelle, un papillon inoffensif, une chenille vorace" : un vrai dilemme !

Nous obtenons : papillon, chenille.

Oublions "Le papillon" de Lamartine,

et ne retenons pas "La chenille" d'Apollinaire

C'est qu'ils parlent

Tous les deux d'eux...

Un et un deux

Et non d'oeufs !

Listons les quatre stades :

1) l'oeuf,

2) la larve (chenille),

3) la nymphe (chrysalide),

4) le papillon

Les points 1, 2, 4 considérés comme abordés,

Evoquons la chrysalide (point 3)

Et bien

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Lautréamont dans "Les Chants de Maldoror" l'évoque (Chant II, 10).

juste après la sage citation du Chant II, 9 :

"L'éléphant se laisse caresser. Le pou, non."

Mais laissons les poux là et sautons, pour ainsi dire, du coq à l'âne, dans ce bestiaire qui se termine en chansons :

"Sans chenille sans papillon"

Vous me permettrez sans façon

De vous présenter ma chanson

Sans chenille sans papillon

Puisque l'on vient au monde tout nu

Tout le reste est du superflu

Les chenilles les papillons

Sont là des êtres mineurs

Qu'on ignore c'est un malheur...

Ça serait un timbre ? Merci Joe !)

Récapitulons :

1) l'oeuf,

2) la larve (chenille),

3) la nymphe (chrysalide),

unnamed

4) le papillon

 

 Un timbre... Et pourquoi pas un cours de philo phyllo ?

4 mars 2023

Noctambule au midi (Lecrilibriste)

 

Un papillon de nuit s’est perdu dans le jour

Son domaine est la nuit, il en a les couleurs

Il est né noctambule mais il voulait changer

Il rêvait de lumière, de chaleur et d’été

Par ses frères de couleur d’être considéré

A l’aube, il ne s’est pas caché, il est resté

Mais ses antennes brûlent dans ce bain de soleil

Fragiles, sombres et ternes ses ailes restent closes

Elles sont pourtant plumeuses et douces et veloutées

mais là, dans ce grand jour, ouvrir ses ailes, il n’ose

Il épie fort jaloux ses frères de lumière

Qui déploient largement leurs ailes constellées

Soulignées de dentelles, de coupes festonnées

Avec des couleurs telles qu’il n’oserait porter

Il les voit, papillonnant de fleur en fleur

quand posés sur les fleurs, ils ressemblent aux fleurs

éblouissants, par leur beauté ils rivalisent

Comment se comparer avec ces rois soleil 

Lorsqu’on est né nocturne et beige et sans beauté

Sous des pâleurs de lune au profond de la nuit

Lorsqu’on ne distingue plus les couleurs de la vie

Le destin joue parfois des tours abominables

Il regarde tout triste ces stars éphémères

Papillonnant heureuses, joyeuses et légères

Il voudrait se parer de toute leur brillance

Mais suffocant soudain au soleil de midi

Il rêve maintenant d’ombre et de sombre nuit

Etouffant dans cette moiteur, voilà qu’il meurt

Papillon du soir, pour les couleurs, il est trop tard

Papillon de nuit, ton envie a sonné l’hallali

 

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25 février 2023

Défi #757

 

Je sais, c'est pas la saison,
mais ça commence par N !

 

Noctuelle

 

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25 février 2023

Ont bouclé la boucle

25 février 2023

Dans les méandres de l'IA (Emma)

 

J'ai demandé à l'intelligence artificielle de traduire en image cette proposition :" Dans les méandres de mes pensées cheminent les rêves des anciens temps, ( dans le style de Brueghel) "

Et elle m'a pondu ceci

(d'autres jeux ici http://emmabarbouille.eklablog.com/fakes-a213811351)

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25 février 2023

Méandres (TOKYO)

 

Je voudrai écrire un livre qui vous maintienne dans un état d’innocence, qui vous procure une douce joie. Un livre sans méandre, un fleuve tranquille qui vous irrigue comme le Nil irrigue l’EGYPTE.

Un livre fleurs aux milles parfums d’une subtilité inouïe

Vous viendrez en kimono rouge votre regard ricochant sur la mer.

J’attendrai votre rire sonore éclater, alors je soulèverai mon chapeau le lancerai par-dessus le balcon.

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Une large coulée de soleil dans votre dos annoncera la fin du jour.

Le livre ne sera pas comme tous les autres, un arbre aura pousse en son milieu et des milliers d’oiseaux jacassant se cacheront dans vos cheveux .

Le livre aura enfermé le printemps si longtemps que vous pourrez entendre craquer les bourgeons

 

Qui tenteront de se frayer un chemin jusqu’à votre oreille.

 

 

25 février 2023

Méandres (Keizono)

 
Je ne sais plus quel était ce chemin si long, si plane et si boueux.
 

Ses méandres me perdaient, sa voix s'exprimait encore, là, au milieu d'un autre temps.
 
Je ne me souviens que de son nom, ses mains, ses jambes entrecroisées. 
 
Il ne savait plus où aller, vers qui se tourner, presque absorbé en lui.
 
Il avait cessé de chercher, ses membres ensevelis sous une terre désormais inconnue.
 
J'ignorerai tout de lui : ce brouillard enveloppant, ces arbres séchés qui le bordaient, telle une promesse évanescente.
 


25 février 2023

Défi 756 (Clio101)

 

Après plusieurs jours de marche forcée qu’il vente, qu’il pleuve ou sous un soleil brûlant, elles étaient enfin arrivées. Il ne leur restait plus qu'un pont à franchir et elles pourraient enfin prendre un peu de repos. Bérilde s’engagea sur les marches d’un pas décidé. Sa longue chevelure, emmêlée et sale, ses habits poussiéreux, ses bottes crottées, la poussaient en avant, anticipant avec délectation le moment où elle plongerait dans un bain chaud. Anira lui emboîta le pas sans enthousiasme. Tout lui était indifférent. Sans se préoccuper de son acolyte, elle s’accouda à la rambarde de l’ouvrage d’art, fixant, comme hypnotisée, les méandres du fleuve qui s’étirait paresseusement devant elle. Il voguait, indifférent aux vicissitudes des hommes. Anira ne pouvait s’empêcher de l'envier. Qu’il aurait été bon d'être comme lui, sans se soucier de ce qui pourrait advenir, sans s’interroger sur les possibles conséquences de ses actions. Depuis qu’elle avait découvert le pendentif au milieu de la déflagration, elle se sentait comme anesthésiée.

—  Anira ! Tu viens ?

Anira releva la tête et croisa le regard de son interlocutrice mais ne bougea pas pour autant. Bérilde soupira et se rapprocha d'elle.

— Ecoute, on ne peut pas continuer ainsi. Tu n’aurais rien pu faire pour sauver Essaïra, ni même la faire changer d'avis. Te ronger de culpabilité ne te servira à rien, et certainement pas à honorer sa mémoire.

— J’étais sa meilleure amie ! Si elle m’avait parlé de son projet, si j’avais insisté pour le connaître, si j'avais forcé la porte de chez ses parents, j’aurai pu la convaincre. Il y avait un autre moyen, j’en suis sûre ! Une autre possibilité pour qu'Essaïra ne sacrifie pas sa vie ainsi. Elle venait juste de guérir de la mort de son frère, elle avait la vie devant elle, jamais ça n’aurait dû finir comme ça.

— Tu te trompes. Essaïra avait pris sa décision en toute connaissance de cause et ni toi, ni moi n’aurions pu la convaincre. Quand elle est venue dans mon bureau, j’ai bien essayé de la faire renoncer mais j’ai bien compris que ça ne servirait à rien. Maintenant, nous devons...

— Tu ne la voyais plus depuis des années. Moi, je la connaissais, je l’ai entourée, soutenue, j’aurais pu l’aider. Je m’en veux, mais je m’en veux. Je n’en peux plus.

Prise par une soudaine impulsion, Anira tourna les talons et redescendit du pont avant de s’éloigner à grandes enjambées. Elle allait atteindre la grande forêt des rêves bleus quand Bérilde lui saisit le bras et la força à lui faire face.

— Moi aussi je m’en veux. J’aurai voulu la stopper mais j’en ai été incapable et ça me ronge, tout autant que toi. Mais m’assaillir de culpabilité ne me fera pas avancer. Ses parents savent que tu es partie avec moi, au pire ils croiront que tu es ma complice, au mieux ils t’enfermeront dans une cage dorée pour te protéger. Je comprends que ça soit dur pour toi mais tu dois passer outre. Nous devons achever cette mission quoi qu’il nous en coûte. Alors, pleure si tu veux, pleure un bon coup, mais après soit forte. Essaïra restera vivante tant que nous resterons fidèles à sa mémoire.

Les vannes d’Anira s’ouvrirent. Elle pleura un long moment, criant à la face du monde sa colère. Quand ses larmes se tarirent, elle redressa les épaules et s’avança à nouveau vers le pont, sans adresser un regard à Bérilde.

— Je suis prête.

Elles traversèrent le pont silencieusement, espérant que le passage ne leur serait pas refusé.

Elles n’avaient pas fait un pas face aux murailles de pierres qu’un ordre sec leur aboya aux oreilles de reculer. Bérilde tenta de négocier, montra même une bourse contenant leurs maigres possessions mais rien n’y fit. Elle ne cessa pas de sourire puis rebroussa chemin, Anira sur ses talons.

Toutes deux passèrent le reste de la journée  tapies derrière un arbre. Quand la nuit eut descendu son manteau sombre, elles reprirent la route, passant sur un escalier de pierre près de l’entrée du pont. Il descendait vers les berges, pour permettre aux pêcheurs d'atteindre le fleuve en contrebas.

Elles longèrent le cours d’eau jusqu’à se trouver au pied des murailles.

Anira émit un sifflement, impressionnée.

D’en bas, les murs écrasaient de leur masse quiconque osait s’aventurer trop près. Les pierres blanches et lisses, sans une aspérité, s’élevaient à une telle hauteur qu’il était difficile, même en arquant la tête jusqu’aux limites de ses capacités, d’en apercevoir les créneaux. Monter à la main semblait impossible, d’autant que des gardes devaient patrouiller, et rejetteraient impitoyablement tout opportun qui tenterait de monter.

Bérilde de son côté semblait trouver la situation tout à fait naturelle. A gestes mesurés, elle sortit de son sac une large corde comportant un grappin à son extrémité. Son regard se porta vers le haut, scannant la hauteur des murailles, s'empara du grappin et le fit tournoyer énergiquement pendant quelques minutes, avant de le lancer en l’air. Anira le suivit des yeux, persuadée qu’il retomberait au sol à la première occasion. Mais ce ne fut pas le cas.

Anira tourna ses yeux vers Bérilde. La jeune femme suivait l’ascension de la corde en remuant silencieusement les lèvres. Comme si elle lui obéissait, celle-ci continua à se dresser jusqu’à atteindre et entourer solidement un créneau.

Bérilde la regarda.

-          Notre montée est assurée. Tu grimpes ?

25 février 2023

Princesse des méandres (Kate)

Princesse des méandres

Chère Cassandre,

La carte du tendre

Compliquée

Que tu as dessinée

S'enlise dans les méandres

De ta pensée

(Et notre relation

Par trop complexe

Me laisse perplexe

J'y perds la raison)

unnamed

Au rendez-vous de Queuille

Je ne t'ai pas trouvée

À croire que tu veuilles

Me laisser désenchanté

Ou simplement me libérer

Après tout ce trajet

unnamed-3

Parvenu à Château Rocher

Te dire que je quittais Nice

Disais adieu au tennis

Toi devenue ma seule priorité

Ton étrangeté alliée à ta beauté

Saisissant enfin la chance

D'abolir les distances

Te rejoignant

Ici définitivement

(Ma mère

M'a dit l'endroit

L'envers

C'est toi

Seul fils qui gères

Ton univers)

Merci chère Cassandre

Princesse des méandres

Tu as bien fait de me faire venir

Jusqu'à ce lieu plein d'avenir

Où la force du paysage

M'a interrogé au passage

Ses fleurs sauvages

L'air les vieilles pierres

Lézards ou vipères

M'ont rendu mes repères

J'ai rêvé

Médité

Écrit

Dormi

Esprit magiquement vidé

Corps soudain allégé

Direction Nice

Cap sur Sophia Antipolis

Mes étudiants en géographie

unnamed-1

Tant d'autres paysages à l'esprit

Adieu Cassandre

Mon coeur moins tendre

N'est plus à prendre

De tes sinueux méandres

Il a réussi enfin à se déprendre

Et qu'ici notre histoire finisse

Ulysse

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(Lagarde et Michard, XVIè siècle)

25 février 2023

Paysages de méandres (Laura)

 

Merci au défi du samedi

De m'emmener   en Turquie,

Moi qui n'en connaît en vrai

 Istanbul  et  d'autres coins par le récit

D'un presque fiancé turc

Et par mon mari: là où il

A travaillé dans ce pays.

Antioche du Méandre

A souffert du séisme récent.

Antioche fut chrétienne

Et les chrétiens orientaux souffrent.

 

Merci au défi du samedi

De me ramener à Besançon

Dont le "Le centre historique s'est développé à l'intérieur de ce méandre aujourd'hui appelé la Boucle du fait de sa forme géométrique[1]."

 

De me renvoyer au

Cirque de Navacelles

 

Merci au défi du samedi

De me faire retourner

A Cahors

 

De revoir

Rouen et ses méandres

 

Merci au défi du samedi

D'accompagner Courbet

Et revoir avec lui la Loue

 

Contente d'apprendre

Les méandres déjà vus



[1]  Jules César, dans ses Commentaires sur la Guerre des Gaules, décrit ainsi le méandre de Besançon: « Le Doubs entoure presque la ville entière d'un cercle qu'on dirait tracé au compas; l'espace que la rivière laisse libre ne mesure pas plus de seize cents pieds... ». IN wIKIP2DIA

25 février 2023

Concerto (petitmoulin)


Concerto pour main
blessée
dans les méandres
de l'exil
Partition inachevée
compte les notes
et les possibles ciels
au cœur battant
Main de silence
ramasse un mot
qui ne dit rien
Derrière l'ombre
de la parole
perdue en mer
le jour a l'aile cassée
Entre les murs
de l'incertain
l'abri est rare
et le sommeil a des épines
dans les yeux
Concerto pour main
de solitude
dans les méandres
de l'exil

Concerto pour mains
tendues
à mains égales

25 février 2023

À chaque mouton son pré (Cavalier)

 
Tandis que se lasse la Rivière

Quand Elle s’ emboucle et se déplie
Jusqu' aux esses des grands moulins

Tandis que le jour doucement prépare ta soirée
Et ne traîne plus comme un appât

Tandis que la Rivière se lasse
Sous le soleil faiblissant
L’ été se suspend par dessus les peupliers
En figurines de papier

Tandis que des profondeurs de l’onde
Des poissons alphabet
Bondissent sous tes yeux
Les maisons éclatées rendent une image
Plus rêche à ton oreille

Aux sons de mille cloches

Tandis que la forêt s’ assombrit
D’ une volonté d’ombrelles en sommeil déjà :

À chaque écho son ruisseau
À chaque mouton son pré
À chaque collerette sa fleur
À chaque frondaison son arbre

Et toi … ma Douce
Assise sur mon panier de pêche
Tu lis ici

Encore un peu

 

Source: Externe

25 février 2023

Le méandre de la Queuille (Lecrilibriste)


Tout le long, du long méandre
Léandre doucement se laisse surprendre
Par cet itinéraire curieux que la Sioule a choisi
Pour entourer d’halo un visage de terre
Car il lui a plu d’en agir ainsi
D’en sertir le tour pendant des ères
Pour dessiner ce méandre de Queuille
Elle a caressé les lignes, gommé les aspérités
Travaillé symétrie et curiosité
Comme un peintre peindrait sur une feuille
Cette fille rebelle D’Océan
n’aime ni les remous, ni les courants
elle musarde et lézarde gentiment
Faisant l’école buissonnière
Ou bien l’école des Beaux Arts
Que la nature lui a offerte
Pour créer quelques œuvres d’art
Avant d’aller se noyer chez son père
De subir ses marées et ses tempêtes
Ses navires et ses eaux gris vert
Oubliant la turquoise de ses eaux
A jamais


Charmé, Léandre fera le tour
De ce méandre à pied
Juste le temps de se détendre et d’entendre
La vibration de la rivière qui glisse
Comme une respiration lisse
Et la chanson douce de l’eau
Qui clapote contre la berge
En lui soufflant quelques rimes
Dans les méandres de ses souvenirs
d’un Léandre de Molière
d’un Scapin et ses Fourberies
que par cœur, il avait appris
Et pour scander le rythme
Il trouvera quelques galets
Pour voir s’il sait encore
faire quelques ricochets
qui atteindront l’autre côté
avant d’atteindre le gué
pour traverser

le méandre de Queuille

Lecrilibriste

25 février 2023

J'suis pas un peu dans la mélasse (Walrus)

 
Parfois, je joue immédiatement pour qu'on ne puisse me suspecter de m'inspirer des écrits de mes petit·e·s camarades.

Pour cette fois cependant, je pensais baser mon truc sur une liste de mots liés aux méandres : synonymes ou approchant.

Pour m'éviter des recherches pénibles dans une mémoire de plus en plus évanescente, j'ai décidé de laisser venir quelques participations espérant y trouver une liste conséquente de termes de cet acabit.

Bien essayé ! En épluchant soigneusement les cinq reçues à ce jour, j'ai dégoté sinuosités, arabesque et boucle, merci les copains ! (Je vous ai épargné mes essais de transcription de ce dernier mot en écriture inclusive, faites-le vous-même si la chose vous botte).

Donc, j'ai creusé (pas trop profond, à mon âge on a le dos délicat...)

J'ai trouvé virage, slalom, courbe, esse, lacets, circonvolution, circonlocution, détour, flexuosité, zigzag, contournement, déviation, dérivation, valse hésitation, volute,

Bon, ben, ça va, on va se contenter de ceux-là, d'autant que je ne peux pas compter sur l'aide de mon épouse dans cette recherche : ce genre de vocabulaire lui est tout-à-fait étranger, vous allez comprendre pourquoi : c'est ici.

25 février 2023

Sinuosités et avanies de la langue française (Joe Krapov)

DDS 756 la_femme_du_boulanger affiche

- Ah, Pomponette ! Pomponette ! Quel fleuve impétueux t’a encore emportée ? Quels méandres as-tu suivis cette fois ? Pour qui enfin ce nouveau safari ? Pour un fourbe amoureux de tes courbes ? Pour un argousin qu’allumèrent ta jupe de satin, tes voiles de mousseline, le parfum de santal et de musc échappé de ta nuque ? Pour un amiral de bateau-lavoir ? Pour un général Alcazar qui t’offrit une limonade en échange de tes œillades ? Par quel truchement les séduis-tu donc tous ?

Sur quel brick as-tu embarqué encore ? Pour quel voyage sinueux, quelles arabesques ? As-tu suivi un nouveau barde à gandoura et à guitare ? As-tu kiffé un fou d’algèbre, un azimuté de l’alchimie littérale, un poète ? Comment décroche-t-on la timbale ? En te parlant d’Aldébaran ? En te promettant un concert de luth au zénith ? En te faisant boire un élixir d’amour chez ce gilet jaune d’Adonis Zetti ?

Pomponette ! Coeur d’artichaut ! Plus je te laisse libre de mener ta vie de patachon et plus tu m’assassines ! Chaque lascar de hasard de plus à ton tableau de chasse cause une sale avarie au vaisseau de mon coeur. Albatros englué dans le mazout de tes frasques, je porte le fardeau de tes noubas cruelles – un quintal de salicornes ! - et reste là prostré en fabriquant mon pain. A toi la baraka, à moi le four qui crame. Calfeutré dans mon appentis, je rame, je calfate les brèches de notre pauvre felouque éventrée par les récifs. Même l’alcool des alambics ne pourrait rien contre le cafard de mes échecs et mat. Les cases de mon échiquier sont plus noires qu’un caoua ch’ti et j’ai roqué côté cimetière ! Je ne suis pas un zéro mais presque. Peut-être un pauvre maboul ? La vie n’est pas coton, l’amour m’est charabia mais le fait est que je t’aime comme on aime le parfum des lilas, le souk des fêtes foraines ou l’eau dans la carafe.

Tes frasques sont-elles seulement sexuelles ? Es-tu maraboutée ? Serait-ce chez toi un besoin de niquer sur un divan, un tabouret, un sofa, un matelas différents ? Qu’est-ce qu’il a qui ne te plaît plus, notre vieux lit à baldaquin ?

Pourquoi vas-tu fanfaronner à toutes les douanes devant ces imbéciles de gabelous ? Qu’ont-ils de plus en magasin, comme camelote, ces zouaves de rencontre et ces clébards des rues, ces caïds de banlieue, ces cadors du Carrefour ?

DDS 756 la_femme_du_boulanger_desordre_des_esprits

- Ma langue aime se frotter à celle des étrangers. J’en ramène de saveurs subtiles et des mots incongrus dont on ne soupçonnait pas qu’ils pussent aussi bien s’acclimater chez nous. Je n’aime des dictionnaires que cette image délicieuse qui suggère que l’on s’aime à tous vents. Mais j’aime plus que tout ton pain, ô boulanger, tes bras puissants, ta force et ta fragilité et ta compréhension. J’adore ta solidité de baobab, ton absence de mesquinerie et surtout ton moka au café, ton fondant à l’orange, ton halva, ta moussaka et tes tajines. J’aime quand tu donnes ton aval à mon dérèglement de tous les sens. Et c’est pour toi et pour cela que, toujours, je reviens. Allons, éteins cette bougie, cesse le décompte arithmétique de mes fugues, mets tes tracas dans ton barda. Retirons-nous dans notre alcôve, mène-moi dans l’azur des sept ciels, mets en route la noria de tes baisers et je ferai de toi mon nabab, mon cheik, mon sultan. Dans le silence de la nuit je serai ton harem. Je te ferai entendre le barouf que peuvent faire toutes les femmes du monde, tout le ramdam de la passion va battre sur ta peau de tambour. Mes massages te rendront fou, tu vas en voir de toutes les couleurs, du chamarré, des camaïeux et du carmin. Je vais t’emporter loin comme fait le Sirocco, je serai ton alezan, tu ne reconnaîtras plus ton zob ni tes glaouis après ma razzia sur ton saroual et ta vertu ! Je vais t’offrir la position du goudron et des plumes, te faire la guitoune acrobate, le minaret cramoisi, le coup de la girafe, le derviche retourneur, le muezzin tarabusté, le bardot à deux dos façon madrague, le sacre du printemps arabe, l’aubergine farsie, la babouche que veux-tu, la cueillette de l’abricot en Basse-Provence par la smala d’Abd-El-Kader, le « Mets ta sourate dans ma savate », le « Comme une crêpe de sarrasin », la grenouille sur le nénuphar, la matraque du mamelouk, la gabardine damasquinée, le baroud d’honneur de San-Antonio, on jouera à la lime en macramé, à massicote-merguez, à « Un chouïa wali-walou », à « Abats tes brêles et mate mon vizir ! », à l’amalgame pentathlonique, à l’enlèvement au sérail, à « Mets du talc sur mes fez » et, en clou du spectacle, je te ferai la planche du fakir !

- Tais-toi, Pomponette, ma gazelle ! Il n’est plus l’heure de parler. Fin des salamalecs, montons dans notre chambre !

***

- Ah, Pomponette ! Quel inti-fada, ce Pagnol !
- En fait, c’est de Giono, ce pitch, boulanger !

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25 février 2023

ou, en ce moment, à San Diego (joye)

le bonheur méandre

 

(adaptation d'une BD que j'ai vue sur Facebook dimanche matin)

18 février 2023

Défi #756

 

Arrivé pour vous en droite ligne
(si j'ose dire)
de la mythologie

 

Méandre

 

Oliver Kurmis

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Le défi du samedi
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