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Le défi du samedi
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24 juillet 2021

L'épave (Lecrilibriste)

 

Abandonnée sur le bord de la route

Elle rêve aux contrées qu’elle a visitées

Aux crevaisons qu’elle a endurées

Aux lianes qu’elle a affrontées

Aux auto-stoppeurs qu’elle a embarqués

Elle voudrait que tout cela soit encore

Qu’elle roule avec son chauffeur

Qui savait la conduire et la faire avancer

Attentif au moindre bruit du moteur

Qui prenait mille soins pour la faire briller

Mais la voilà figée, la land-rover

Dans un parc à curiosités

Comme une œuvre d’art malmenée

Pour le plaisir des promeneurs

Mais quand, par hasard, un gamin curieux

Grimpe sans souci de l’interdit

Avec des Brrrr,  Brrrrrrm, Brrrrrmmmm à l’envi

 Tourne le volant, part à toute allure

Pour vivre un moment son rêve d’aventure

Alors son vieux cœur rugit dans son moteur

Brrrr,  Brrrrrrm,  Brrrrrmmmm, BrrrrrrrMMMMMM  …

 Elle revit !

 

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17 juillet 2021

Un grain se prépare (Lecrilibriste)

 

La nuit semble tomber sur l’océan gris

reflet sombre d’un ciel noir d’orage

Et les barques dansent dans les vagues

au rythme du ressac

Elles rient de leurs vives couleurs

sur la masse des eaux gris fer

attendant un peu inquiètes

le rock’n roll de la tempête

qui va leur faire tourner la tête

Au gamin qui attachait sa barque

Le marin qui passait là a dit

« Gone » faut souquer dur

y a un  grain qui se prépare

et le gamin a serré le nœud d’amarrage

si fort qu’il a pris des ampoules

en se demandant bien d’où venait ce marin

qui l’appelait « gone ».

Comment il le sait, celui-là qu’il va y avoir un grain

Il est pas d’ici et « gone » C’est quoi ?

Pas un mot de Bretagne ça ?

Mais le tonnerre a explosé

Les éclairs ont zébré l’horizon

En trombes, le déluge s’est déversé

L’océan s’est mis à danser

Et les barques ont fait des bonds

Pour le « grain » le marin avait raison

A toute vitesse, le gamin s’est sauvé

Emportant sur le cœur ce drôle de mot

Mais arrivé, s’est empressé de taper

« gone » sur Wikipédia

Y’avait qu’une série de livres ou de BD

Mais il a continué à chercher

et enfin il a trouvé

C’était pas une injure, c’était plutôt gentil,

Et finalement il a compris que

« Tout le monde y peut pas être un gone de Lyon ! »

Mais le marin, en était sûrement un qui avait grandi !

 

10 juillet 2021

Chihuahua Tichichi (Lecrilibriste)

 

Chihuahua Tichichi

Tu es petit par la taille

 mais tu es grand par l’esprit

Et tu as de si beaux yeux

Que le monde s’y reflète

Actif, vif et joyeux,

 tu as très vite compris

que lorsqu’il faut se cacher

Il vaut mieux être petit

Et lorsque l’on chante,

 toi tu chantes aussi

quand les maracas scandent

le petit air des Toltèques

préféré des chichimèques

On y passerait la nuit

à tourner comme des comètes

tout en mangeant des pastèques

Chihuahua Tichichi

Chihuahua Tichichi

Chihuahua Tichichi

Ouiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii !

 

3 juillet 2021

Le Kapellbrücke (Lecrilibriste)

 

Les pieds dans l’eau du lac

 la tour du Kapellbrücke a jeté l’ancre.

Elle résiste au temps et nargue de toute sa hauteur

les neiges éternelles qui se reflètent dans l’eau bleue

Elle veille silencieuse sur le pont de bois,

le protège du déchaînement des eaux tumultueuses

quand le génie du lac clame sa colère

contre les rages de  l’orage et des éclairs

Elle veille sur déferlement aveugle des vagues en crue

Et les incendies meurtriers qui l’ont en deux fois ravagé

Mais comme le Phoenix, il est re-né de ses cendres

Pour le plus grand plaisir des Suisses et des Lucernois

Aujourd’hui tout est calme …. Carpe diem

Les cygnes glissent fiers et silencieux

sur le friselis d’écume des vaguelettes

et le sillon de leur passage trace des triangles isocèles

qui meurent en doux clapotis sur la berge

Légère sur le pont de bois, je marche sur l’œuvre d’art

façonnée par des mains aux doigts d’or

j’entends la voix des compagnons que m’apporte la brise

ils ont scié, taillé,  ajusté,  chevillé, fignolé

les poutres et les chevrons, les lattis et caillebotis

façonné le toit,  planté des pilotis,

sans relâche, avec la patience infinie des siècles oubliés

pour atteindre la perfection de la « belle ouvrage »

 

26 juin 2021

Ultraviolet (Lecrilibriste)

 

Ultraviolet

Rayonnement mystérieux

D’un parfum alchimique

Est-il fleuri, pimenté ou fruité ?

Longuement le respirer

Note de fond,

Note de cœur

Note de tête

pour définir l’union subtile

d’Osmanthus et de vanille

de baies roses et de jasmin

de piment de la Jamaïque

avec des notes de violette

de santal et d’ambre gris

qui toutes ensemble entêtent

de leurs effluves nuancées

C’est le chef d’œuvre d’un nez fin

anticonformiste, énigmatique

amoureux d’horizons lointains

d’herbe, de mer et de plages

de sable blanc et de bronzage

de neige et de hauts sommets

et de rayons qui réverbèrent

cachés derrière les nuages

gare aux coups de soleil et aux rides

mais avec son flacon OVNI

Ultraviolet attire vers les galaxies

 

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19 juin 2021

Trottinette, trottinette ? (Lecrilibriste)

 
Comme un coup de baguette magique, il me rappelle soudain quelque chose ce défi  …. D’abord, notre vieille trottinette  qui ressemblait à l’image, que l’on se prêtait ou que l’on se disputait avec mon frère pour rouler sur le trottoir en béton de la cour

Il me rappelle … Encore quelque chose …

Une chanson d’enfant que le défi du jour me colle dans la tête :
«  Il avait belle moustache et belle crinière au vent
il avait belle moustache et se trouvait élégant
trotte, trotte trottinette, trotte trotte trottinant » 

Mais encore …  Mais Ouiiii ! Mais c’est bien sûr !  Moustache et Trottinette !  La BD de Calvo, un auteur français, dont les aventures paraissaient chaque semaine dans « Femmes d’aujourd’hui », la revue à laquelle ma Mère était abonnée, lorsque j’étais enfant.
Je me précipitais sur la revue et feuilletais jusqu’à la page de « Moustache et Trottinette » le chat et la souris pour découvrir leurs nouvelles aventures. Et je détaillais ses illustrations avec avidité et une certaine désespérance – quant à lui ressembler un jour et avoir ce talent - la précision avec laquelle l’auteur pointait le doigt, jusqu’au plus petit détail du tout petit dessin, le sujet qu’il dessinait d’une manière extrêmement précise et fouillée qui m’émerveillait et je passais au crible toute la page pour découvrir ses astuces et ses trouvailles.

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Mon mari garde précieusement, bien à plat sous sa pile de chemises dans l’armoire, car le format est grand et ne tient pas sur les rayons de notre bibliothèque, l’album de Calvo « La bête est morte » album qu’il a réalisé sur la seconde guerre mondiale en illustrant les camps des belligérants par des animaux. Et cet album est tellement précieux pour lui qu’il ne le laissait voir à nos petits enfants qu’en sa présence pour ne pas l’abîmer.

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Actuellement, Martin Handford, un illustrateur britannique a un peu la même patte et la même approche pour dessiner ses albums. «Où est Charlie » fait le bonheur des enfants – et des parents - à la bibliothèque. Dans un fouillis inextricable et compact, mais pourtant organisé de dessins colorés et très précis, il faut retrouver « Charlie» et d’autres petits sujets, ce qui, sur certaines pages, prend un certain temps ! Mais sur le coup, avec leurs yeux aiguisés, les enfants battent les parents !

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12 juin 2021

Soliflore et tournesol (Lecrilibriste)

 

Un soliflore Esseulé ,solitaire

Attendait solennel

L’heure du solstice d’été

Pour convoler

Il lui fallait son tournesol

Pour solder sa solitude

Qui l’enserrait d’une camisole

Lui faisait perdre la boussole

Et le rendait fort peu solide

Sans solution pour en changer

 

Il lui fallait son tournesol

Qui à chaque année le console

à l’heure du solstice d’été

De cette sordide solitude

Son tournesol, do, mi, sol,

C’était comme un vrai solarium

Qui l’éclairait de son soleil

Et lui mettait le verre en joie

Lui faisant solfier le solfège

En gammes et arpèges solaires

Do, mi, sol, Belle Sollicitude !

 

Il lui fallait aussi son tournesol

Qu’il voulait offrir à sa belle

Le soldat amoureux plein d’émoi !

En attrapant le soliflore

Pour y mettre le tournesol

Ce soldat la,  fort maladroit

Fit tomber le soliflore qui se brisa

A côté du beau tournesol

qui resta tout seul et tout coi

solidaire sans se  faire la belle

Le soldat ramassa le tournesol

Et l’offrit tout seul à sa belle

Sans solution pour le soliflore

Qui périt sans son tournesol

 

5 juin 2021

Rebelle (Lecrilibriste)

 

Il jouait du violon triste, je préférais de loin jouer de l’harmonica, car les sanglots longs du violon tiraient chaque fois des larmes à trois enfants qui semblaient si mal dans leur peau dans cette colonie de vacances ...
Et je les comprenais ces petits qui pleuraient ! Alors, avec l’harmonica, je les entrainais dans une farandole endiablée et leur « cafard »se transformait en cabrioles …

C’était il y a longtemps, mais je m’en souviens comme si c’était hier. J’avais 7 ans, et j’étais loin de ma mère pour deux fois quarante jours car elle attendait un bébé et celui d’avant était mort. Alors, il fallait beaucoup de repos … Deux fois quarante jours, une éternité ! une éternité  à avoir le cafard et à essuyer mes pleurs - à rester tranquille sans bouger pendant les deux heures de sieste dans le grand dortoir aux dessus de lits uniformément blancs - à aller soi-disant faire pipi plusieurs fois pour passer le temps et regarder un moment par le petit fenestron, cascader le torrent libre de toute entrave sur les cailloux et les rochers - à passer tous les jours à l’infirmerie pour soigner un impétigo indéboulonnable, sans le moindre signe de régression - à rêver de la maison au soleil de l’été - des poules dans la cour - de l’exhalaison des œillets de Mémé et des roses du jardin et de l’ombre du grand tilleul sous laquelle nous jouions au « pot » avec Charlot.

Malgré la bonté si tendre de Mademoiselle Pa. qui savait caresser ma joue, passer sa main dans mes cheveux, descendre avec moi au réfectoire, la main dans la main à l’heure du courrier, m’occuper à mille petits travaux de la colonie, faveur que les autres n’avaient pas..
Pas la peine de couper les cheveux en quatre, Autant dire tout de suite qu’il m’était difficile de la quitter ma Mère. Rien à faire, j’étais par tous les pores de ma peau, rebelle à cette vie communautaire, sans elle.
Et pourtant, c’est Mademoiselle Pa qui m’a montré le chemin de la liberté. Son petit doigt semble-t-il lui disait tout. Peut-être avait-elle été rebelle à cette vie, elle aussi ?
Avec elle, j’avais fait alliance instantanément, puisant dans la bonté de son regard la force de combler ce manque, l’acceptation de cet apprentissage de vie collective, de débrouille, de partage, de dynamisme, au son rythmé des chants de marche et des kilomètres à pieds qui usent les souliers.
Serment d’un jeu de nos paumes réunies, jeu d’alliance d’une ligne de vie qu’elle avait consacrée aux enfants qu’elle comprenait si bien et de ma ligne de chance à un carrefour d’enfance.

 

29 mai 2021

Partir … Revenir .. (Lecrilibriste)


Envie d’audace, envie d’ailleurs
Désir inassouvi, tenaillant les rêves
Alternatives, et sur le quai j’attends
trois pas en arrière… deux pas en avant
Sans moi, je regarde les trains partir
lanterne rouge dans un pays ailleurs
Indéfiniment …

Briser le cercle de la peur
Oser le risque d’aventure
Loin la torpeur des habitudes
Loin les fissures, les ratures
Les ondes noires de ce cafard
Les fourvoiements qui te plaquent au placard
Indéfiniment…

Partir dans un zinc de fortune
Avec mon bloc, avec ma plume
Loin des sentiers de traverse
Sur les chemins du risque
Oser cet infini désir d’écrire
sans licence aucune, les chapitres tus
Indéfiniment …

Quête inassouvie aux lunettes de brume
Croupissant dans la boue d’un étang sous la lune
Et ce reflet mouvant miroite à l’infini
mélangeant les fantasmes aux vérités enfouies
Et me laisse éperdue, m’attelant à l’instant
Et je reprends mon sac
Indéfiniment …

22 mai 2021

Les chats du Pacha (Lecrilibriste)

 

Un riche pacha,  pacha de Valachie

Voulait offrir un Papa chat au Shah

Un Papa chat pour bouffer ses souris

Son châ château en était tout rempli

folles ell’s dansaient cha cha chaque nuit

l’ cha cha cha, cha cha cha, cha cha cha

 

Il coiffa sa chapka et s’enfuit

esquissant trois pas de cha cha cha

faire l’achat, l’achat d’un Papa chat

plein de cha charme et bien charpenté

avec chatte et ses  trois petits chats

 aux cha cha chatouillis chatouilleux

pour croquer les rats et les souris

 du cha cha du château du grand Shah

  

Après un chat, un chat en charabia

il acheta sans un pli les 4 chats

et le Papa le Papa, Papa chat

 

il partit tout ra ragaillardi

esquissant quelques entrechats chats

pour offrir les cinq chats chats au Shah

Chantant des ma ma machicotas

Pour aviver ses sept cha  chakras

Mais le châ châ château du grand Shah

N’était qu’un cha-cha cha chapiteau bas

Alors le pa pa  pacha grinchas

Et garda les cinq chats chats chats chats

Pour lui, le pacha plus riche qu’un Shah

 

15 mai 2021

Coup de foudre (Lecrilibriste)

 
Dans le métro chaque matin
Elle était là, lui plaisait bien
Une petite coquetterie dans l’œil
Lui donnait un charme mutin
Il envoyait ses œillades coquines
accueillies par des battements de cils
en levant le nez de son recueil
Mais le Dom Juan ne savait pas
qu’elle ne le voyait même pas
elle avait juste des lentilles
qui irritaient ses yeux de myope
et lui mettaient la larme à l’œil
Enfin, un jour tout bascula
Ce jour-là
Elle portait des lunettes roses
Qui protégeaient ses yeux de chat
D’ un orgelet tout infecté
Il eut soudain l’impression folle
qu’elle lui jetait le mauvais œil
et tourna carrément le dos
Mais il ne la connaissait pas
C’est le contraire qui arriva
Elle l’a repéré d’ un clin d’œil
L’a surveillé du coin de l’œil
Est descendue au même arrêt
Elle a fait tomber son recueil
En visant bien, juste à ses pieds
Il l’a gentiment ramassé
S’est retourné pour lui donner
Et ainsi tout a commencé ….

8 mai 2021

La Nébuleuse (Lecrilibriste)

 

Au berceau de la nuit

S’éclaire l’étoile rose

papillon de minuit

aux ailes nébuleuses

elle danse, la belle

un air de galaxie

dans l’espace interdit

aux terrestres sans ailes

qui en vain s’évertuent

à assiéger le monde

dans le secret des songes

Quand le coq chantera

pour réveiller le jour

elle s’en ira dormir  

tout en écoutant bruire

les sons des galaxies

dans l’espace infini

en attendant la nuit

L’ange fera le guet

et d’un souffle léger

jouera de sa trompette

l’heure de se rallumer

 

1 mai 2021

Misogyne ? (Lecrilibriste)

 

Du costume trois pièces, il n’en pouvait plus

Du nœud papillon, il n’en pouvait mais

Être cravaté, c’était plus qu’assez

En mai, Il craqua un beau jour de mue

Il s’est mis au jeans

 

Toujours raconter les mêmes histoires

Des géants, des trolls, des elfes et des fées

Tout en sirotant son bol de café

Un trait de génie signa sa victoire

Il s’est mis aux djinns

 

Fatigué de mettre de l’eau dans son vin

Il se mit à mettre le vin dans son eau

Un jour de grand vent, un soir de grand spleen

Il n’y eut plus de vin dedans son tonneau

Il s’est mis au gin

 

24 avril 2021

L’alchimiste (Lecrilibriste)

 

Ce n’est pas l’élixir de longue vie

Que j’envie

Mais l’élixir de l’éternelle jeunesse

qui de la fontaine d’Eden jaillit

plein d’allégresse et de promesses 

au fabuleux laboratoire de vie

C’était une potion magique

loin des cornues, des alambics

des pipettes et des éprouvettes

des entonnoirs et des burettes

des fioles et des pisserettes

Disparu à jamais …

Jamais on ne l’a retrouvé

Certains, des trucs ont inventé

Obsédés par la longévité

Nicolas Flamel a essayé

Et le massage de Zu San Li

sur le point des cent maladies

a des résultats avérés

 pour prolonger la vie

 

Non ! Moi, ce que j’envie

Y a rien à faire, ne vous déplaise

C’est l’élixir de l’éternelle jeunesse

Sans aucun doute, est-ce pourquoi

le piano des parfumeurs me fait rêver

Oh ! que j’aimerais avoir un « nez »

Celui de « Grenouille »* qui réussit à fabriquer

l’élixir pour se faire passionnément aimer

Finalement déçu par sa triste réalité

Il ne réussit qu’à se faire bouffer !

Alors, l’élixir de l’éternelle jeunesse

c’est peut-être finalement

 une  drôle d’idée traîtresse ?

 

 

*Le parfum  Patrick Süskind

 

17 avril 2021

Avec son vieux vélo, son p’tit béret (Lecrilibriste)

 

Le « Monmond » de mon quartier,

un inoffensif et gentil « ravi »

toujours sur son vélo avec son p’tit béret

 n’était pas un cyclone mais le roi du klaxon

Sur le guidon de son vélo, il l’avait installé

avec trois petits fanions qui flottaient

Il arrivait à l’arrêt du 23 où j’attendais

à l’heure de départ des collèges et lycées

pédalant avec force coups de klaxon

une fille installée en amazone

sur le porte bagage de son vieux vélo

A l’arrêt du 23, gracieuse, elle descendait

Et voilà le « Monmond » qui repartait

en chercher une autre pour la trimballer

depuis l’arrêt d’avant jusqu’à celui d’après

Tout le long du trajet le klaxon résonnait

Y’a des gens qui riaient, d’autres qui rouspétaient

Etaient-ce des cousines, des copines

des filles de sa rue ? Toutes il les connaissait

Et les filles trimballées, eh ben elles se marraient

toutes elles jouaient le jeu,  moi, ça m’intimidait

Pendant quelques minutes il devenait le roi

« l’Monmond »  à pédaler comme un forçat

avec des jolies filles sur son porte-bagages

pour arriver à temps avec son attelage

Car z’ étaient toutes jolies, les filles qu’il trimballait

Au « Monmond » c’était son heure de gloire

il ne ratait jamais ça, fallait voir

et puis un jour, il n’est plus revenu

ou c’est peut-être moi qui ai changé de bus !

 

10 avril 2021

Jodhpur (Lecrilibriste)

 

Quand un défi me défie

d’aller à l’aventure

J’enfile mes jodhpurs

à l’élégance raffinée

dûment confectionnés

par mes soins avisés

J’enfourche mon cheval « Déklic »

Et sur ma cravache je clique

Jodhpur en orbite

pour quelque peu déambuler

dans des images folkloriques

Et le miracle se produit

Et Jodhpur soudain me sourit

de tous ses murs peints de bleu

car le bleu chasse les moustiques

et là-bas ils sont fort nombreux

Je déambule et me faufile

Dans la rue de la vieille ville

un marché kaléidoscopique

de toutes les couleurs chamarré

de saris, de turbans qui rutilent

contrastant avec tout ce bleu

Ça déballe, ça crie, ça piétine

Ça grouille de bonne humeur

Dans la foule des vélos, des Rickshaw

Se faufilent, anarchiques

Faire très attention au trafic

Fascinée je m’arrête

A un étal multicolore de tissus indiens

Emerveillée, je fais le plein

Tandis que le marchand

M’enseigne l’art de tourner un turban

Chaque fois en lissant le tissu de la main

Adroit et malin, il m’entoure d’un sari

C’est sûr,  Je vais craquer pour ce rose indien !

Un autre étal m’attire par l’odeur corsée

C’est celui des épices largement parfumé

petits tas séparés aux couleurs safranées

Voulez vous du safran, de la cannelle, du thé

du Cumin, du gingembre ou de la cardamome

pour pimenter peut-être un thali  

pour escorter l’élégance du sari ?

voilà cinq petits sacs bien remplis

Il me reste la citadelle à visiter

Le fort de Mehrangarth

qui toise  la ville bleue

à la porte du désert du Thar

Mais il est déjà tard

Sous les pâleurs lunaires

La ville bleue s’endort

Alors, j’enfourche «Deklic » 

et je quitte le décor

un carnet de voyage écrit dans le cœur

 

3 avril 2021

L’idole (Lecrilibriste)

 

Vous êtes-vous jamais demandé

Dans quel coin de nos cerveaux embrumés

Se logeait l’image magnifiée de l’idole,     

dont nous nous sommes entichés

à avoir des frissons jusque dans les guibolles

quand il ou elle apparait

Mais qu’est-ce qui nous accroche donc là ?

L’allure, le regard, l‘étincelle des yeux

La couleur flambante des cheveux

Les mots, l’émotion provoquée,

 la voix ?  Ou ce, je ne sais quoi

que nous sommes les seuls à percevoir , ou pas !

Car il y a notre idole, l’idole des masses et l’idole des jeunes

Mais qu’est-ce qu’elle diffuse, qu’est-ce qu’elle envoie

dans nos imaginaires débridés

cette idole, pour être tous galvanisés

devant le même énergumène projeté ?

l’image d’une perfection qui n’existe pas ?

mais que l’on trimballe cependant en soi ?

Moi, je me souviens de mes premiers émois

Avec les films de Gérard Philippe

Cet homme qui m’émerveillait, c’est cela

Aujourd’hui, je ne saurais pas dire pourquoi 

De quelle image en moi était-il le reflet ?

D’un amour dans une autre vie ?

D’un désir fou et inaccompli ?

Des paroles à sa belle, prononcées

D’un amour impossible ou

De l’impossibilité à se laisser aimer ?

Aujourd’hui, le défi du samedi

Me force à plonger dans ce délire

Mais le résultat ?

 je ne vous le dirai pas !

 

27 mars 2021

Extraire la houille, Ouille ! (Lecrilibriste)


Extraire la houille
Ouille, ouille ouille !
C’est pas un job de poule mouille
C’est pas pour les monstres sacrés
Ni les starlettes de la télé
C’est un foutu sacré métier !

Descendre dans la fosse
C’était pas une affaire de gosse
Pourtant les galibots
dès leurs douze ans passés
dans les abysses  descendaient
pour apprendre ce dur métier
et les gueules noires, éclairer
les regarder piocher, piocher

Fallait façonner les étais
Pour avancer, sécuriser
Repérer du grisou l’odeur
Et anticiper le danger
Car il pourrait tout faire sauter
Malgré le risque qui rodait
Fallait  piocher, piocher, piocher

Fallait avoir gants, casque et pelle
pic à tête, pic acmé , pic à veine
Pince, masse et rivelaine
Surtout ne rien oublier
Quand on est dans la fosse
On peut plus remonter
Il faut piocher, piocher, piocher

Extraire la houille
Ouille, ouille, ouille !
C’est pas un job de poule mouille !


20 mars 2021

Les Gargouilles (Lecrilibriste)

 

Les gargouilles en veille

En haut des cathédrales

vomissent le déluge

et gardent au secret

les portes de l’Eden

 

il faut les affronter

ces monstres maléfiques

recrachant les suppliques

les quêtes inassouvies

mélangées aux fantasmes

des vérités enfouies

d’ humains désespérés

des rigueurs de la vie

 

De là-haut les gargouilles

la gueule grande ouverte

fulminent,  jappent et crachent

l’exigence du ciel

Et lavent les abîmes

D’un monde en mutation

Sur un cratère de lave

 

13 mars 2021

Inégalable Fricassée (Lecrilibriste)

 

Fifres joyeux et tambourins

Entreront dans la farandole

Pour faire danser les demoiselles

Et tourner les jupes de lin

sur les jupons de dentelle

Ils se retrouveront le soir

Pour partager la fricassée

De trompettes et de fifrelins

Que la Mère aura préparés

C’est le Père qui les a trouvés

c’est lui qui connaît tous les coins

mais son secret est bien gardé

Le seul qui sera initié

C’est son fillot bien aimé 

qui le suit sans perdre sa trace

et qui s’accroche à ses basques

parce qu’il aime flâner en forêt

profiter de tous ses attraits

respirer le grand air

sentir le vent de liberté

et repérer les odeurs

des trompettes de la mort

sans oublier de trouver

des boutons de culotte

dans les ronds de sorcières

des girolles  et des fifrelins

pour étoffer la fricassée

inégalable de la Mère

Et croyez-moi, ce n’est pas rien

Quand on connait les fifrelins !

 

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