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Le défi du samedi
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17 octobre 2020

Kimonos et kakizomes (Lecrilibriste)


Le Japon était de la fête
ce jour là à la bibliothèque
des kimonos on s'était vétues
on avait fait des yuzus
pour occuper les méninges
créé un stand de haïkus
pour les enfants du maquillage
un atelier de dragons pas sages
et des malles remplies de mangas
Des livres japonais,  
des estampes, jardins zen et bonsaï
et autres curieuses trouvailles
de cette culture si raffinée

Mais le clou de la journée
restait la présence de deux geishas
coiffées en chignon « shimada »
magnifiques, en kimonos d'apparat
joliment fleuris, ceinturés de obis
et chaussées de geta en bois
qui enseignaient l'art du katakana
à qui voulait bien s'aventurer
à écrire sa maxime de vie
avec un pinceau japonais
sur de précieux kakizomes
La journée fit un tabac
les clients affluaient auprès les geishas
et la queue n'en finissait pas
Chacun partant tout fier avec son kakizome
laborieusement tracé

Et avant de plier bagages
la bibliothèque eut la grande fierté
d'avoir l'ambassadeur japonais
qui fit un détour sans ambages
pour nous saluer et nous remercier

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10 octobre 2020

Le Jaquemart de Dijon (Lecrilibriste)


À Notre Dame de Dijon
Y'a un Jacquemart de renom
qui chaque heure, tant se tape la cloche
au même endroit, du même côté
que la cloche en est toute fêlée
Les dijonnais tout attristés
se dirent qu'il fallait le marier
Ils lui grimpèrent une Jacotte
pour l'aider à se taper la cloche
« une fois toi, une fois moi
une pour le p' tit frère François »
Mais d' petit frère, y'en avait pas
fallait remédier à tout ça ...
Un enfant, deux, peut-être
Jacquelinot, Jacquelinotte
on leur offrit le choix du roy
Et pour apprendre à travailler
Jacquelinot  la demi heure devrait taper
Et Jacquelinotte le quart d'heure marquer
Mais il arriva qu'un beau soir
de nuit, de vent et de brouillard
de jacker ils en ont eu marre
Et pour faire une petite farce
comme tout gamin un peu diable
de leur tâche ils inversent les rôles
Jacquelinot tape le quart d'heure
 Jacquelinotte la demi heure
Les parents totalement perturbés
ne sachant  à quel saint se vouer
perdent carrément la boussole
et Jacquemart se met à sonner
et Jacquette se met à taper
l'un l'heure d'hiver, l'autre l'heure d'été
le trouble en est considérable
croyant l'apocalypse arriver
les gens se ruent vers le clocher
Le chanoine Kir perturbé
pour un peu se réconforter
un petit peu se rassurer
et un peu en secret oser
met du cassis dans son vin de messe
Son sermon en est fort prisé
et  les dijonnais désormais
 rappliquent tous à la messe
Depuis ce jour inconcevable
où le temps s'est mis à courir
le Jacquemart fut réparé
l'on ne garda de cette soirée que le souvenir,
mais du bon chanoine, on garda le Kir.

3 octobre 2020

Denouer le nœud ! (Lecrilibriste)


Une houle sévère s'est acharnée
sur un peloton de laine jaspée
provoquant un grave imbroglio
de fils et de nœuds emmêlés
d'un peloton subversif à décortiquer,
Je ne vous dirai jamais assez
ce qu'il faut de patience pour relever ce défi
pour dénouer ce peloton si rebelle et si joli
venant d'une grand mère un peu perturbée
qui s'est pris la tête dans l'écheveau débridé
mal ficelé, mal enroulé et mal embobiné
par une main qui n'en avait rien à faire !
Elle s'est énervée et a tout mélangé !
Trouver le maillon fort est une vraie gageure
le dénouer, une vraie épopée
Chaque nœud s'acharne à proteger le suivant
il faut s'enfoncer dans les friches
garder le moral en rêvant
au magnifique pull que vous réaliserez
quand l'imbroglio sera enfin décortiqué
et l'ouvrage choisi finement tricoté
pour avoir envie de continuer
Faire émerger la trace enfouie
du fil entortillé et suivre son avancée
là où tous les chemins semblent se rencontrer
S'aventurer jusqu'au creux du labyrinthe
pour en trouver le cœur et y passer des heures
si non, jamais ne retrouverez la couleur
de ce qui fut et de ce qui n'est plus
que vous voudriez à tout prix réhabiliter

Dénouer les nœuds d' un peloton emmêlé
c'est comme essayer de trancher
dans les discours des grands de ce monde
les nœuds gordiens de leurs explications
les polémiques sur leurs dissentions
sans joli pull-over à l'horizon
qui motive pour continuer

26 septembre 2020

Hymne nuptial (Lecrilibriste)

 

Autour du feu de camp, le groupe d'Eclaireurs gloussait de rire en se faisant passer de main en mains le faire-part de mariage de Cloclo, un des leurs, qui les invitait à son hyménée – un terme on ne peut plus ringard - et ça n'étonnait personne venant de Cloclo - mais il les invitait aussi à apporter leurs duvets et leurs tentes pour finir la soirée dans le pré d'à côté .... Pour jouer les prolongations, disait-il ! Quelles prolongations ?.... Une soirée éclés en guise de nuit de noces ?

Sûr, il avait fumé du kif avant d'envoyer son faire-part, Cloclo  ! mais tous le connaissaient … Et finalement le re-connaissaient bien, là, avec cet envoi  étrange, lui qui employait toujours des mots d'outre temps !

Depuis qu'il avait lu le faire-part, le «  Xou » à l'instar d'Assurancetourix , le barde, déclamait à qui voulait l'entendre le poème d'André Chénier : « Elle a vécu Myrto, la jeune tarentine, un vaisseau, la portait au bords de Camarine, la l'hymen, les chansons, les flûtes, lentement Devaient la reconduire au seuil de son amant.... Après, il ne s'en souvenait plus …. Ou plutôt quelqu'un lui coupait la chique, car il n'en finissait plus !

Malabar, toujours sérieux déclara au groupe qu'il fallait trouver quelque chose d'original à faire pour cette « hyménée » exceptionnelle d'un chef éclé avec une prof de philo du CNRS. Quel couple !

Gaston, toujours dans la lune, plongé dans une BD de Franquin, bien sûr , sortit soudain de sa revue et avec l'air de se réveiller « m 'enfin  c'est quoi cette histoire, quel hymne est née?

Malabar un instant interloqué, lui dit « répète, répète ce que tu viens de dire »

Gaston : .Pourquoi ? j'ai demandé quel hymne était née.. C'est celui du groupe ?

Non ! T'as pas dit comme ça !

Mais si ! - Mais non ! - J'ai dit comment alors ?

Il a dit quel hymne est née a crié le « Xou »

Malabar s'est passé les mains dans les cheveux, s'est tiré l'oreille, gestes on ne peut plus significatifs d'une grande réflexion que tout le monde connaissait bien. Il a tapé sur son smartphone... Tout le monde s'est tu et il a dit :

Ben, elle est là notre idée , l'hymen, c'est aussi un chant nuptial ! Bien joué Gaston ! Allez ! on s'y colle les potes, et on lui fait un hymne à Cloclo pour son hyménée. Et croyez moi, il s'en souviendra

Et depuis cette étrange soirée, pour tous les mariages d'un membre du groupe, un hymne est composé et chanté en chœur aux nouveaux mariés par tous les éclés présents à la soirée.

 

19 septembre 2020

La peintresse (Lecrilibriste)


Elle rêvait d' une boite en noyer
de tons dérivés d'arc en ciel
d'une palette toute chargée
de plein de couleurs de la vie
avec des brosses en poils de soie
et des pinceaux en petit gris

Tous les jours elle les regardait
dans la vitrine du papetier
sortant de l'école,  s'arrêtait
pour un moment les contempler
accrochées au lourd chevalet
installé sur un drapé vert

Elle aurait voulu savoir faire
avant d'avoir commencé
mais surtout avoir dans la main
cette palette colorée
pour peinturer des lendemains
qui seraient tous ensoleillés

Oui,  le défi était de taille
mais elle allait bien le gagner
pour peindre il faut être un peu fou
mais pour ça, elle aurait la clé
depuis le temps qu'elle bataille
avec sa gouache à barbouiller

Elle épousa le papetier
qui lui offrit toutes ces merveilles
huile de lin et thérébentine
couteaux, palette et petit gris
et tubes à donner le tournis
avec les couleurs de la vie

Et depuis ce jour ultime
Elle peignit du pire au meilleur
mais parfois du meilleur au pire
en musique et au métronome
pour bousculer les habitudes
et rien que pour se faire plaisir

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12 septembre 2020

Le pays des fariboles (Lecrilibriste)


Dans le pays des fariboles
on suit  des sentiers chenapans
en se riant des gaudrioles
que susurre coquin le vent

Et au lieu d'aller à l'école
sans se soucier d'itinéraire
on gesticule on cabriole
on fait l'école buissonnière

Dans le pays des fariboles
y a pas de conflits ni de gène
hauts en couleurs les mots s'envolent
tout seuls pour faire un poème

5 septembre 2020

Intermède (Lecrilibriste)


Comme on m' opère ce lundi
d'une vésicule rebelle
sous le shoot de l'anesthésie
et pour me faire la belle
j'irai boultiner dans les éteules
du défi du samedi
avec les faisans,les perdrix
les lièvres et lapins de garenne
courant libres dans les épis

29 août 2020

Le grand vent (Lecrilibriste)


Avec une poignée de sable blond
Et une poignée de sablés ronds
j'ai toqué l' heurtoir du voisin
pour voir si tout se passait bien

Et s'il me dit « non !  n 'entre pas »
Alors passerai par derrière
puisque j'ai fait le tour du monde
cela ne me dérange guère

J'ai posé le sable par terre
et dans ma main les sablés ronds
j'ai pénétré dans la maison
par la porte qui grince aux charnières

Il regardait vers le heurtoir
et vit qu'il n'y avait rien à voir
me suis assise en la bergère
doucement lui ai dit « bonsoir »

Je le trouvais plus beau qu'avant
avant de faire claquer la porte
 fort comme un jour de grand vent
où s'envolaient mes amours mortes

Revenue avec le grand vent
qui balaye toutes les scoumounes
en attendant qu'il se retourne
j'ai grignotté un sablé rond

22 août 2020

Mon ange guérisseur (Lecrilibriste)


Il faut lever la tête et regarder le ciel de la coupole parée d'or  pour découvrir la cohorte des anges et des séraphins jouant leur musique céleste messagère du royaume de Dieu
Ils enflamment l'imagination ces messagers de l'autre monde transformant l'invisible  en visible à nos yeux dans cet eden iconographique
Ils planent sur les ailes du vent pour porter la bonne nouvelle aux hommes  et les pénetrer d'espérance. Ils veillent sur le monde. Chaque être humain a son ange qui le protège... Son ange gardien !
Et je songe à la chanson d'Anne Sylvestre « sans le chant des troubadours, n'aurions point de cathédrales ». C'est vrai ! Serions nous encore capables de créer toute cette magnificence ?

Lors d'un passage très difficile de ma vie j'ai rêvé à un ange... Je vous raconte mon rêve …

Il est arrivé soudainement par la droite vers un lit de camp où j'étais étendue toute cassée, toute brisée. Il était immense, vêtu q'une tunique brun rouge qui l'enveloppait tout entier et tenait tout l'espace du rêve.
Je ne distinguais pas son visage mais tout autour de lui, il y avait comme une vibration d’énergie  magnétique qui pulsait avec une puissance incroyable d’intensité au moins jusqu’à  1 mètre autour de tout son corps.
C’était sans doute son aura. Il m'a regardée. J’avais les les yeux fermés mais je le voyais, là.  étendue sur mon lit et je n’avais pas  mal.
 Je savais qu’il était là pour moi et je n’avais pas peur.  Il a levé sa main, je crois que c’était la gauche et j'ai senti  que son magnétisme extrêmement puissant et irrésistible me guérissait comme par enchantement.
Je voulais absolument continuer à le voir mais il s'est’effacé soudain en face de moi comme une sorte de nuage qui se défait …

Eh bien croyez-le, ce rêve m'avait fait le plus grand bien et m'avait requinquée !

15 août 2020

Le vieux sage (Lecrilibriste)


Le géant à la barbe fleurie a résisté au temps
chauffé par le soleil, rafraîchi par les embruns
son regard se perd  au loin, sonde les apparences
impassible et indifférent
Depuis huit siècles, il jauge la vie qui va
les croyants et les mécréants
sans sourciller,
sans s'offusquer,
sans juger
Au sommet de la chapelle romane
détruite, puis reconstruite
à nouveau détruite,
à nouveau reconstruite
Il  écoute depuis tout ce temps le chant des sirènes
qui le tressent et caressent sa barbe fleurie.
Figé sur sa colonne de pierre, tel Ulysse à son mât
il résiste, et son regard ne faiblit pas
attaché et lié à jamais pour ne pas succomber
Parfois il voudrait avoir péri avec les ruines
pour capituler et vivre la liberté
Il rêve de routard, d'auberge de jeunesse
quand il les voit passer sac à dos insouciants,
 partir à l'aventure et faire la fête
mais il n'en a pas le droit
Son créateur a figé à jamais son existence
il est né ainsi et reste le vieux sage

8 août 2020

Evasion (Lecrilibriste)


Face à l'océan, le vieil homme
prend le temps et s'émerveille
Devant cette immensité
dans la fraîcheur du soir
 le champ est libre au rêve.
Il capte le précieux de l'instant liberté
enveloppé d' odeurs d'iode et de marée
qu'attisent l'air du large.
Son regard affuté se perd à l'horizon
Il songe aux grands navigateurs
qui ont bravé tant de tempêtes
subi tant de naufrages
pour aller chercher d'autres rives
pour aller découvrir l' ailleurs
de l'autre côté de cette étendue
à perte de vue
Il songe aux corsaires et aux flibustiers
qui écumaient les mers
Il songe à l'aventure ...
à  toutes ces gouttes d'eau
en osmose dans l'océan gris vert
inombrables et mêlées
comme la somme des vies
disparues à jamais dans une éternité

Sondant cet infini, il oublie
les effets du déclin de l'âge
Plus rien à choisir, ou si peu
c'est vieillir ….
Plus  de projets lointains à réaliser
Il n'en a plus le temps
ni peut-être le courage...

Il s'est résigné, mais pas tout à fait …
il résiste ….Tient le coup,
respirant de grandes goulées de cet air  tonifiant
 Il s'ancre et se ressource
et songe à finir ce qui reste encore inachevé
avant de partir...

1 août 2020

J'veux des fleurs (Lecrilibriste)


J'veux des fleurs
sur mes tee shirts et sur mes murs
sur mes draps et sur mes chaussures
et sur mes serviettes en boubou
J'veux des fleurs  partout!

J'veux des fleurs
du mois d'avril jusqu'au mois d'août
des perce neiges aux hibiscus
des crocus aux eucalyptus
J'veux des fleurs  partout !

J'veux des fleurs
des capucines dans la salade
des reines des prés dans les tisanes
dans les recettes aux marabout
J'veux des fleurs  partout!

J'veux des fleurs
la fleur bleue et la fleur des pois
à fleur de l'âge, à fleur de peau
mais j'veux pas, j'veux surtout pas
voir les jeunes partir,  la fleur au fusil

25 juillet 2020

Une grenouille à la mer (Lecrilibriste)


Dans les eaux de l’étang vert
Une grenouille rêvait
d’aller voir la mer.
Les jours et les nuits de mai
au milieu des crapauds diserts
sans cesse, elle coassait
pour exprimer son souhait
en parfaite civilité
Mais aucun ne la comprenait
ni ne voulait l’accompagner

Un garnement de l’été
avec un appât rouge
prestement l’a attrapée
dans l’aquarium l’a gardée
en baromètre météo
Les vacances sont arrivées
à la mer l’a emportée
dans un sac plastique empli d'eau
pour lui offrir la liberté
C’est ainsi que dans l’eau salée
la grenouille a crevé
noyée dans la félicité
de ses rêves exaucés.

11 juillet 2020

Carpe diem (Lecrilibriste)

 
Du fond de l'horizon, le soleil couchant
teinte la mer de sombre, d'ombre et de rose
moire fripée, brillante et miroitante
pailletée d'éclats de diamants
senteurs preignantes d'algues iodées
La septième vague arrive, la voilà
je la reconnais à sa force et à son écume
les goélands s'en donnent à cœur joie
raillant infatigables, perchés au haut des toits
avant de s'élancer pour plonger
avec les mouettes, à toute volée

Je savoure cet instant bonheur
instant de sérénité
instant de contemplation
parenthèse enchantée
parcelle d'infini somptueuse
qui s'offre à vous royalement
 

4 juillet 2020

Job d'été (Lecrilibriste)


L'été était là...
Pour arrondir ses fins de mois
et se payer des vacances
il avait trouvé ce petit job sympa
en épluchant les petites annonces
« Cherche cause vacances juillet
personne aimant les chiens
parfaitement dressés
pour gardes, promenades et calins »

Un job comme ça, ça lui allait bien
Dieu sait s'il les aimait les chiens
en garder deux c'était dans ses moyens
et puis, ça le ferait sortir à ciel ouvert
pour se mettre un peu au vert
et parcourir le parc  pas à pas
avec des chiens marchant au pas
comme l'annonce le promettait

Au premier temps de la valse
car dans le parc,on tourne en rond
pour faire le tour... Tout était bien huilé
ils ont flairé, flané, marchotté
sans lui lacher la grappe
et au dernier banc tous se sont arrêtés
pour souffler un peu et se reposer
et les toutous lever la patte

Au deuxième temps de la valse
ils s'étaient tout trois échauffés
un petit sprint les chiens ont osé
Lui courait derrière, tirait sur les laisses
mais les toutous loin de leurs maitres
carapataient  avec d'autant plus d' hardiesse
qu'en face un couple de boxers
joggait tout shuss traînant leur maîtresse
qui ne pouvait les arrêter

Au troisième temps de la valse
les laisses se sont emmêlées
les chiens se sont mis à japper
à faire chorus, à disjoncter
leurs conducteurs ont lâché les laisses
pour tenter de les désembrouiller
les quatre chiens en ont profité pour faire la fête
tandis qu'épuisés, sur un banc les deux se sont affalés
En attendant que les chiens calmés
reviennent les trouver à l'heure des croquettes.

27 juin 2020

Le Droguiste du quartier (Lecrilibriste)


Collé d'un côté au marchand de chaussures, de l'autre à l'étal du marchand d'assiettes
y' avait la vitrine  aimée de Monsieur Lothard, le droguiste du quartier. Il avait deux vitrines, M. Lothard,  celle pour le pratique et l'autre pour la beauté.  
Ce n'était pas celle pour le pratique qui m'attirait, c'était  l'autre, celle pour pour le précieux qui m'éblouissait. Dans la vitrine du précieux ,  trônait en seigneur et maître bien au milieu, posé sur une tissu de soie  le parfum « Soir de Paris » dans son flacon bleu nuit et autour, installés avec grand soin des étuis de rouge à lèvres et des vernis, des boitiers tout ronds  laqués noir et or, de poudre de riz,  des savonettes pliées dans un joli papiertourné en rond avec des plis et décoré d'œillets,  toutes ces choses qui vous inspiraient l'idée qu'une autre vie existait ailleurs, plus loin, à Paris, peut-être bien ...

Quand on pénetrait dans sa caverne d'Ali Baba, toutes les odeurs arrivaient à la fois : senteurs de cologne mêlées de naphtaline, effluves poudrées, piquantes ou  inconnues vous pénetraient.
C'était un endroit de secrets et de tiroirs avec plein de camaïeux de couleurs sur les présentoirs.
Un côté pour la beauté, l'autre pour l'hygiène, la propreté et la beauté des lieux.
Des  crèmes Simon et Monsavon au lait, savons à barbe et blaireaux faisaient face à la peinture, aux brosses et aux  pinceaux  près des lourds classeurs d'échantillons de papier peint.  Aux rayons des lotions, des flacons pour se garder des rides et garder un joli teint, l'affiche où posait une belle au sourire à croquer des pommes illustrait les bienfaits du  dentifrice et des brosses à dents et faisait face au coin des pelles et des brosses à chiendent, près des bicarbonates et vinaigres blancs et toutes ces drogues aux noms compliqués dont je me désinteressais totalement.
 Il  était pourtant un mot qui me fascinait, c'était celui de paradichlorobenzène que je me répétais en le laissant s'écouler syllabe par syllabes entre mes lèvres. Le pouvoir des mots, déjà agissait …. Etait-ce celui de paradis, de clos, d'eau de bain ou de zen, qui me subjugait, ou ce mélange subtil …. je ne saurais aujourd'hui le dire !

Quand on entrait dans la boutique, un petit carillon sonnait et Monsieur Lothard sortait de derrière un rideau de perles de bois en forme d' olives et et de billes beiges et rouges,  au fond du magasin. Ça faisait un doux bruit de grelots quand il passait à travers et j'avais  grande envie de savoir ce qu'il y avait derrière, dans l'arrière-boutique,  et de faire jouer la musique des perles en passant.
Avec un grand bonjour, il nous souriait que l'on soit adulte ou enfant, il était comme ça, avenant avec tout le monde, avec  toujours un mot gentil. Et nous enfants, on l'aimait bien, M. Lothard. Et Maman nous disait avec un sourire entendu « C'est un bon commerçant, M. Lothard »

20 juin 2020

Confiture et Déconfiture !!! (Lecrilibriste)

 
Confiture ou déconfiture
un seul « dé» sépare les deux
mais que vient-il faire là, ce « dé »
ce n'est pas l'heure de la couture
c'est le moment des confitures ….

Et pourtant, de sa puissance  insensée
le voilà qui vient tout saccager
alors que la gelée était si bien partie
avec la cuillère, elle faisait le perlé
à force de tourner, tourner, tourner
et maintenant ce n'est qu'une bouillie
infâme,  abominable,
inqualifiable, execrable

Pas étonnant me dit mon mari
tu as mis la saumure que j'avais gardée
pour déneiger l'allée
à la place du sucre cristallisé !
tout est à recommencer !
et y a plus de groseilles à ramasser !

Voilà ce que c'est pauvre étourdie
de chercher des mots pour le défi du samedi
Au lieu de penser à ma confiture
j'ai fait mes six pots de déconfiture

13 juin 2020

Les bésicles de Mamette (Lecrilibriste)


Le facteur est passé ?
Passe-moi mes bésicles, sur le buffet, disait Mamette en rentrant du jardin pour faire une petite pause sans café.
C'était son moment de répit, son moment  favori, celui où elle lisait  son quotidien : L'Echo Liberté.
Pas besoin du journal télévisé, Elle n'avait pourtant pas suivi de stage de « lecture à voix haute » mais, les bésicles sur le bout du nez, elle lisait  d'abord pour elle et nous lisait ensuite les nouvelles pour nous informer.
Spontanément, elle mettait le ton et donnait corps au texte Tout y passait. Après cet intermède, nous étions instruits sur les gros titres, informés sur les faits divers, renseignés sur les anecdotes, initiés aux plus hauts faits de la politique, prévenus quant à la rubrique nécrologique et avisés par celle des chiens écrasés. Plus besoin de lire le journal, on savait, on avait tout entendu.
Elle aurait pu être journaliste, Mamette,  tant elle faisait ses délices du sel et de la vie du pays. Mais ce n'était pas l'époque et elle avait épousé un jardinier. Et ça, c'était son quotidien, le journal était son violon d'Ingres. La vie est ainsi faite ! Il faut savoir un peu s'évader..
Mais son plaisir atteignait son paroxisme quand on recevait chaque semaine « le journal de Guignol », qui s'affichait drôlatique, républicain, satirique, humoristique et littéraire et qui contait avec sa verbe trempée dans un brin d'acide et de mots lyonnais, les potins de Lyon.  
Alors là, la joie de  Mémé était à son combe.  Il y avait des arrêts étouffés et soudains ou sa poitrine se soulevait, rebondissant saccadée dans un rire silencieux en même temps que le journal  avant de nous affranchir de l'affaire... Et nous attendions que la crise passe, pour nous aussi, nous mettre à rire, riant déjà de la voir rire car son rire était si contagieux qu'on ne résistait pas.
Ensuite, les bésicles retournaient sur le buffet, attendant d'ouvrir à nouveau leurs mirettes sur « le Pélerin », « la Vie Catholique » ou L'écho Liberté du lendemain.

Mamette Louise, si tu m'entends de là-haut , mets tes bésicles et tâche de te rencarder pour savoir s'il n'y a pas une place pour toi au « Canard Enchaîné » ou à « Chalie Hebdo » si toutefois tu avais comme une petite envie de renaître.

6 juin 2020

L'absolu … ment (Lecrilibriste)


Ténébreux goût de l'absolu
qui l'emportait vers l'autre rive
loin de l'ennui des jours qui fuient
il lui fallait trouver sa place
en jouant de cet instrument
il fallait qu'il laisse sa trace
il ne savait pas pourtant
que le plus souvent
l'absolu … ment

L'absolu,  dangereux concept
qui l'emportait vers la folie
vers une liberté chérie
affranchie de tous les carcans
un jeu despotique et cassant
qui vous enlisait doucement
dans ses dogmes intransigeants
d'anarchie ou de barbarie   
car il ne savait pas
que le plus souvent
l 'absolu ... ment

Car l'absolu n'existe guère
pour tous les humains de la terre
tendant vers l' infini plaisir
de voir ses désirs aboutir
sans savoir s' ils vont les conduire
au paradis ou en enfer
mais il ne savent pas pourtant
que le plus souvent
l'absolu... ment

30 mai 2020

Zin (Lecrilibriste)


Il était au pied de la borne, assis dans dans un joli carton à chaussures recouvert de tissus à fleurs, comme en en voit sur Pinterest parfois. Et Tom Frantzen passait par là ! Toujours à l'affut d'une idée originale et insolite  pour ses œuvres, il trouva le sujet si charmant qu'il s'arrêta pour le croquer sur le petit bloc qui ne le quittait pas.
Le chiot assis sur son derrière, la tête penchée, l'oeil vif, le regardait en frétillant, conscient que c'était maintenant que se jouait son destin.  Tout gris avec une tache blanche sur le museau,et une sur la pointe de l'oreille gauche,  il ressemblait un peu à Bongo, le chien des 101 dalmatiens.
C'est un bâtard se dit Tom mais qu'est-ce-qu'il est craquant , ce Zinneke!
 Il s'approcha pour le caresser et lut le mot accroché à son collier : « Je ne peux pas le garder, il sera à celui qu'il aimera et qui l'aimera  ».
Intrigué, Il regarda de tous côtés, à gauche, à droite, rien. Il leva la tête et apeçut une petite fille derrière le rideau de la fenêtre du deuxième étage. Elle avait des tresses blondes et ne quittait pas la scène des yeux.
Tom prit le petit chien dans ses bras. Il se mit à lui lécher la figure, il lui dit « Alors ZineZine, tu veux venir avec moi ?  Le petit chien lui mit les pattes sur les épaules et le lècha de plus belle ! C'était fait , tous les deux étaient conquis et il sembla à Tom que le nom  Zine qu'il lui avait donné lui plaisait aussi. C'était bref et ça sonnait bien !
Alors, Tom, le petit chien dans les bras, ramassa le carton et leva la tête pour voir la petite fille qui lui faisait un geste de la main et lui souriait. Il lui rendit son salut et son sourire, tandis que Zine sautait par terre et levait la patte contre la borne pour honorer son territoire.
Et depuis, chaque matin,  Zin s'agitait à la même heure pour que son maître le sorte. Il se dirigeait directement dans la rue de sa nouvelle naissance, s'arrêtait à la borne, levait la patte,  l'honorait largement, et lançait quelques jappements joyeux vers la petite fille du deuxième étage qui l'attendait, elle aussi, derrière sa fenêtre.
Un  jour, Tom s'enhardit à monter avec le chien jusqu'au deuxième étage et ce fut le début d'une belle mais courte amitié car l'enfant était  malade.
Zin avait la constitution solide d'un vrai bâtard, il vécut très vieux, la petite fille disparut, mais il  continua chaque jour son manège en levant la patte sur sa chère borne et en lançant un joyeux jappement vers la fenêtre.
Quand il partit au paradis des chiens, Tom immortalisa cette rencontre insolite et le rite de son chien en réalisant la magnifique sculpture de bronze : le Zinneke Pis
Et comme il était devenu célèbre, il demanda qu'on l'installe  sur le trottoir, juste sous la fenêtre de la petite fille du deuxième étage, à l'endroit où il avait trouvé Zin.

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