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Le défi du samedi
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27 juin 2020

Le Droguiste du quartier (Lecrilibriste)


Collé d'un côté au marchand de chaussures, de l'autre à l'étal du marchand d'assiettes
y' avait la vitrine  aimée de Monsieur Lothard, le droguiste du quartier. Il avait deux vitrines, M. Lothard,  celle pour le pratique et l'autre pour la beauté.  
Ce n'était pas celle pour le pratique qui m'attirait, c'était  l'autre, celle pour pour le précieux qui m'éblouissait. Dans la vitrine du précieux ,  trônait en seigneur et maître bien au milieu, posé sur une tissu de soie  le parfum « Soir de Paris » dans son flacon bleu nuit et autour, installés avec grand soin des étuis de rouge à lèvres et des vernis, des boitiers tout ronds  laqués noir et or, de poudre de riz,  des savonettes pliées dans un joli papiertourné en rond avec des plis et décoré d'œillets,  toutes ces choses qui vous inspiraient l'idée qu'une autre vie existait ailleurs, plus loin, à Paris, peut-être bien ...

Quand on pénetrait dans sa caverne d'Ali Baba, toutes les odeurs arrivaient à la fois : senteurs de cologne mêlées de naphtaline, effluves poudrées, piquantes ou  inconnues vous pénetraient.
C'était un endroit de secrets et de tiroirs avec plein de camaïeux de couleurs sur les présentoirs.
Un côté pour la beauté, l'autre pour l'hygiène, la propreté et la beauté des lieux.
Des  crèmes Simon et Monsavon au lait, savons à barbe et blaireaux faisaient face à la peinture, aux brosses et aux  pinceaux  près des lourds classeurs d'échantillons de papier peint.  Aux rayons des lotions, des flacons pour se garder des rides et garder un joli teint, l'affiche où posait une belle au sourire à croquer des pommes illustrait les bienfaits du  dentifrice et des brosses à dents et faisait face au coin des pelles et des brosses à chiendent, près des bicarbonates et vinaigres blancs et toutes ces drogues aux noms compliqués dont je me désinteressais totalement.
 Il  était pourtant un mot qui me fascinait, c'était celui de paradichlorobenzène que je me répétais en le laissant s'écouler syllabe par syllabes entre mes lèvres. Le pouvoir des mots, déjà agissait …. Etait-ce celui de paradis, de clos, d'eau de bain ou de zen, qui me subjugait, ou ce mélange subtil …. je ne saurais aujourd'hui le dire !

Quand on entrait dans la boutique, un petit carillon sonnait et Monsieur Lothard sortait de derrière un rideau de perles de bois en forme d' olives et et de billes beiges et rouges,  au fond du magasin. Ça faisait un doux bruit de grelots quand il passait à travers et j'avais  grande envie de savoir ce qu'il y avait derrière, dans l'arrière-boutique,  et de faire jouer la musique des perles en passant.
Avec un grand bonjour, il nous souriait que l'on soit adulte ou enfant, il était comme ça, avenant avec tout le monde, avec  toujours un mot gentil. Et nous enfants, on l'aimait bien, M. Lothard. Et Maman nous disait avec un sourire entendu « C'est un bon commerçant, M. Lothard »

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Commentaires
B
Bravo pour ton texte comme un partage qui me rappelle également un endroit merveilleux où j'allais avec ma grand-mère Merci pour ce bon moment Lecrilibriste
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L
Ta description m'a transporté, il sonne bien, j'aime la tournure de tes phrases.
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J
Chez moi, cela s'appelait un "dime store". Il y a encore presque cela dans le nord de mon État...s'ils ne l'ont pas, c'est que cela n'existe pas.<br /> <br /> <br /> <br /> https://www.lansingiowa.com/portfolio/horsfalls-lansing-variety/
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K
Tout à fait ça, les odeurs et les rideaux en billes de bois... une vraie boutique !
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V
Les odeurs et fragrances de notre enfance ne s'estompent jamais ... Merci pour le partage
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W
C'est bien toi, ça, trouver de la poésie jusque dans le paradichlorobenzène (autant dire les boules à mites) ! <br /> <br /> Tu aurais dû "faire" chimiste, t'en aurais vu de la poésie... ;-)
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L
j'allais acheter de l'eau de bleuet pour ma mère dans ce type de magasin
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L
Je ne peux qu'aime ton texte bien plus fouillé que le mien mais nous avons eu la même idée.... je sens les effluves du Monsavons au lait... <br /> <br /> avec le sourire
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