Zin (Lecrilibriste)
Il était au pied de la borne, assis dans dans un joli carton à chaussures recouvert de tissus à fleurs, comme en en voit sur Pinterest parfois. Et Tom Frantzen passait par là ! Toujours à l'affut d'une idée originale et insolite pour ses œuvres, il trouva le sujet si charmant qu'il s'arrêta pour le croquer sur le petit bloc qui ne le quittait pas.
Le chiot assis sur son derrière, la tête penchée, l'oeil vif, le regardait en frétillant, conscient que c'était maintenant que se jouait son destin. Tout gris avec une tache blanche sur le museau,et une sur la pointe de l'oreille gauche, il ressemblait un peu à Bongo, le chien des 101 dalmatiens.
C'est un bâtard se dit Tom mais qu'est-ce-qu'il est craquant , ce Zinneke!
Il s'approcha pour le caresser et lut le mot accroché à son collier : « Je ne peux pas le garder, il sera à celui qu'il aimera et qui l'aimera ».
Intrigué, Il regarda de tous côtés, à gauche, à droite, rien. Il leva la tête et apeçut une petite fille derrière le rideau de la fenêtre du deuxième étage. Elle avait des tresses blondes et ne quittait pas la scène des yeux.
Tom prit le petit chien dans ses bras. Il se mit à lui lécher la figure, il lui dit « Alors ZineZine, tu veux venir avec moi ? Le petit chien lui mit les pattes sur les épaules et le lècha de plus belle ! C'était fait , tous les deux étaient conquis et il sembla à Tom que le nom Zine qu'il lui avait donné lui plaisait aussi. C'était bref et ça sonnait bien !
Alors, Tom, le petit chien dans les bras, ramassa le carton et leva la tête pour voir la petite fille qui lui faisait un geste de la main et lui souriait. Il lui rendit son salut et son sourire, tandis que Zine sautait par terre et levait la patte contre la borne pour honorer son territoire.
Et depuis, chaque matin, Zin s'agitait à la même heure pour que son maître le sorte. Il se dirigeait directement dans la rue de sa nouvelle naissance, s'arrêtait à la borne, levait la patte, l'honorait largement, et lançait quelques jappements joyeux vers la petite fille du deuxième étage qui l'attendait, elle aussi, derrière sa fenêtre.
Un jour, Tom s'enhardit à monter avec le chien jusqu'au deuxième étage et ce fut le début d'une belle mais courte amitié car l'enfant était malade.
Zin avait la constitution solide d'un vrai bâtard, il vécut très vieux, la petite fille disparut, mais il continua chaque jour son manège en levant la patte sur sa chère borne et en lançant un joyeux jappement vers la fenêtre.
Quand il partit au paradis des chiens, Tom immortalisa cette rencontre insolite et le rite de son chien en réalisant la magnifique sculpture de bronze : le Zinneke Pis
Et comme il était devenu célèbre, il demanda qu'on l'installe sur le trottoir, juste sous la fenêtre de la petite fille du deuxième étage, à l'endroit où il avait trouvé Zin.