Un papillon de nuit s’est perdu dans le jour
Son domaine est la nuit, il en a les couleurs
Il est né noctambule mais il voulait changer
Il rêvait de lumière, de chaleur et d’été
Par ses frères de couleur d’être considéré
A l’aube, il ne s’est pas caché, il est resté
Mais ses antennes brûlent dans ce bain de soleil
Fragiles, sombres et ternes ses ailes restent closes
Elles sont pourtant plumeuses et douces et veloutées
mais là, dans ce grand jour, ouvrir ses ailes, il n’ose
Il épie fort jaloux ses frères de lumière
Qui déploient largement leurs ailes constellées
Soulignées de dentelles, de coupes festonnées
Avec des couleurs telles qu’il n’oserait porter
Il les voit, papillonnant de fleur en fleur
quand posés sur les fleurs, ils ressemblent aux fleurs
éblouissants, par leur beauté ils rivalisent
Comment se comparer avec ces rois soleil
Lorsqu’on est né nocturne et beige et sans beauté
Sous des pâleurs de lune au profond de la nuit
Lorsqu’on ne distingue plus les couleurs de la vie
Le destin joue parfois des tours abominables
Il regarde tout triste ces stars éphémères
Papillonnant heureuses, joyeuses et légères
Il voudrait se parer de toute leur brillance
Mais suffocant soudain au soleil de midi
Il rêve maintenant d’ombre et de sombre nuit
Etouffant dans cette moiteur, voilà qu’il meurt
Papillon du soir, pour les couleurs, il est trop tard
Papillon de nuit, ton envie a sonné l’hallali