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Le défi du samedi
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26 novembre 2011

SILENCE, TE VOICI... (Lorraine)

Silence, te voici. Ta main sur moi se pose

M’effleurant d’un frisson et déjà je chancelle

En écoutant ta voix me dire de ces choses

Que je tais si souvent mais dont je me rappelle

 

Silence, je suis là. Et ta chanson éclose

Fredonne mon passé comme une ritournelle

Tu me dis mes amours et sur mon cœur dépose

Les mots qu’il me disait du temps que j’étais belle

 

Silence, je le sais : si tu me parles encore

C’est pour me retenir le temps d’un a parte

Je suis comme un oiseau qui attendrait l’aurore

Pour mourir au soleil face à l’éternité

 

Silence, tu es là, tout encapuchonné

Je souris et je rêve au bonheur disparu

Au rythme d’autrefois vif et tourbillonné

A tout ce que j’aimais et à ce qui n’est plus

 

Silence, toi et moi avons dansé ensemble

La valse du chagrin et pourtant aujourd’hui

Viens donc,  approche-toi, garde ma main qui tremble

Puisque nous serons seuls dans ce soir qui languit

 

 

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19 novembre 2011

LE VOILIER FOU (Lorraine)

  

Voilier battant

Vent de tempête

Le fil du temps

Part en goguette

 

Brume effeuillée

A l’horizon

Tu te déchires

Comme un haillon

 

Voilier maudit

Le long des landes

Tu nous prédis

La sarabande

 

Longeant les prés

Narguant les routes

Dessus la mer

En avant toute !

 

Où est le temps

Voilier miteux

Où tu pavanais

Tes déroutes ?

 

Les heures ont fui

Et sur la mer

On entend le bruit

De l’orage

 

Demain nous irons sur la plage

 

 

5 novembre 2011

C’EST PAR LA FENETRE QUE L’ON SORT... (Lorraine)

                Il sortit par la fenêtre et s’envola sur la pointe de ses ailes. Elles venaient de lui pousser, duveteuses et d’un blanc azuré. Il n’en fut pas surpris, il en rêvait depuis si longtemps !  Il se déposa sur le rebord de la cathédrale Sts Michel et Gudule, près des gargouilles et contempla la Grand’Place. Il songea un instant à sa femme effarée lorsqu’il pris son envol, puis n’y pensa plus. Elle appartenait à son autre destin.

                Il sentait le vent dans les membranes encore un peu froissées et il les déplia doucement entre les doigts car il voulait  les montrer à la terre entière.  Elles le porteraient jusqu’à la mer du Nord ; il survola Bruges, se posa sur le beffroi, flotta, invisible, par-dessus les canaux, se faufila sous l’arche des ponts nostalgiques et reprit son vol d’un seul élan. Il s’amusait à freiner ou accélérer le rythme. Puis l décida d’un autre itinéraire.

                Il tourna casaque, n’eut aucune difficulté à trouver le chemin et atterrit enfin, doux et tranquille, à l’ombre d’un cocotier où deux sculpturales polynésiennes dansaient le tamouré.

 

29 octobre 2011

LETTRE A UN HOMME DE 70 ANS (Lorraine)

 

Cher ami,

            Enfin, vous voici à l’âge de raison!  70 ans, quel bel âge!  Derrière vous, toutes ces années gambadent comme des chevreaux. Vous leur avez laissé la bride sur le cou, et si vous étiez un adolescent un peu raide, vous devîntes un jeune homme alerte, le verbe fleuri, le sourire irrésistible. Ah! Chenapan, vous saviez manier la parole, lancer le mot qui fuse, dire en une courte phrase ce que d’autres peinaient à expliquer en trois pages! Votre talent devint légendaire. Et l’est encore!

            Car 70 ans est l’âge de la séduction. Ne riez pas. Certes, à 20 ans un seul regard suffisait; à 30 ans, vous y ajoutiez le demi-sourire qui en dit long; ensuite vous fûtes un heureux époux, père et enfin grand’père. Et vous voici aujourd’hui, un peu encombré par cet anniversaire qui ouvre une nouvelle porte: comment passerez-vous les années qui viennent?

            Eh bien, pas tout à fait comme avant. L’âge de raison vous conseille de vérifier votre état général. La sagessse vous conseille par ma voix ce “Petit agenda de santé”. Je vous l”offre. Lisez-le attentivement et sutout suivez-le.

            - deux verres de vin par jour, pas plus, jamais plus, vous auriez le sang à la tête, de la couperose, et je vous vois mal maquiller vos veinules sous un léger fond de teint;

            - Au lit à 10 heures: tatata, tant pis pour “Le Mentalist”, vous inventerez la suite, ce qui vous endormira aussitôt;

            - La sieste: indispensable pour rafraîchir les idées, recommencer une journée alerte, avoir à nouveau vingt ans (enfin, presque..)

            - De l’exercice. ,Faire les courses avec Madame ne suffit pas. Faites du jogging, coudes au corps, tête droite, respirez à fond, n’essayez pas de dépasser votre petit-fils, restez en arrière, trottinnez même sur place, mais bougez. Oui, vous pourrez boire un verre d’eau en rentrant. Non, vous ne pourrez pas boire un verre de bière. Ni de vin. Vous prendez une bonne douche, et ferez un peu de jardinage. Suffit pour aujourd’hui.

            - Essayez vos costumes d’hiver; c’est le moment, on vérifie sa garde-robe. Eh oui, le veston, là, tire un peu sur l’estomac. Non, il ne suffira pas de changer le bouton. Un peu de régime vous aidera à conserver cette silhouette de rêve qu’on admirait autrefois. Euh!..encore maintenant, rassurez-vous, mais à condition de surveiller la table: pas d’apéritif,  pas de beurre, pas de crème fraîche, pas de sauce, pas de dessert, pas de gibier pendant la saison, beaucoup de légumes, beaucoup de fruits,non, non, pas de chocolat. Vous voulez que j’arrête? C’est quoi, ce verre de porto dont vous vous servez une large rasade? Pour faire passer mon verdict? Le porto, interdit! Je répète: INTERDIT.

            - Et puis, un bon conseil ecore. Jadis, vous pouviez festoyer sans consulter votre montre. On dansait, on chantait, on faisait des farandoles, il vous est arrivé de monter sur la table pour haranguer vos amis, c’était gai, c’était l’époque...Tout ça, c’est fini. A 7O ans, on prend des bonnes résolutions et on s’y tient. Donc, retenez mon dernier conseil: plus de réunions festives, de bals musette, de cotillons. Un petit whist amical l’après-midi, un repas léger à 19 heures. Un peu de TV...

            Bon, je vois que vous avez compris. Que vous approuvez. Du moins je suppose que vous approuvez. Vous avez une drôle de tête.

            Enfin, cher Walrus, souriez! Vous avez 70 ans, l’âge heureux.

            Allez, je vous embrasse: Bon anniversaire!

LORRAINE

15 octobre 2011

ROULOTTE (Lorraine)

Cette roulotte qui vagabonde, je crois bien qu’elle sort de mon enfance : c’est une roulotte foraine. !  Chaque année, la Foire du Midi  dressait ses tréteaux sur le boulevard. J’aimais violemment cette petite semaine pendant laquelle des hommes jeunes, aux yeux  malins et effrontés, échafaudaient les carrousels et les baraques foraines. Nous, les enfants, organisions des parties de cache-cache haletantes, derrière les panneaux qu’on dressait, les toiles tendues autour du ring de boxe où s’affronteraient bientôt un des costauds engagés par le forain et un autre costaud, badaud celui-là, qui lèverait la main dans la foule, avec l’espoir de gagner le tournoi et une petite somme d’argent. Nous rôdions autour des maisons sur roues qui amenaient les gens du voyage, femmes au foulard rouge ceignant des cheveux noirs, gitans élancés, mais aussi des tout petits qui jouaient à même le sol, au pied des trois marches de bois conduisant dans la roulotte.

                J’ai essayé souvent de voir l’intérieur, me demandant comment pouvaient vivre ces familles, mais on nous renvoyait farouchement et je n’ai aperçu qu’une pièce étroite et, à une table, une jeune fille qui épluchait des légumes.  Français, Italiens, Espagnols, on les reconnaissait à leur accent, et quelques Belges revenaient chaque année, embauchés par le même forain pour animer ses exhibitions :haranguer la foule, hurler dans le porte-voix, ou parader sur scène en costumes chamarrés.

                Nous connaissions bien la « Carmencita », elle habitait les Marolles, dont elle avait le parler truculent, mais il me fallut un certain temps pour constater que Carmencita, en dépit de ses œillades et de ses robes bouffantes, de ses  éventails et de ses anneaux d’oreille, de son grand chapeau noir coquinement incliné sur l’œil droit, que Carmencita était un homme ! A la ville aussi, elle prenait l’apparence d’une femme et nous la rencontrions quelquefois faisant son marché, moulée dans une petite robe à fleurs, poudrée, fardée, amie des marchandes des quatre saisons qui la servaient en riant quand elle s’affolait du vol insistant d’une abeille malicieuse.

                La roulotte du Défi m’a emmenée bien loin.  Dans un monde qui n’existe plus, mais dont je me rappelle quelques figures : Madame Blanche prête à prédire tous les avenirs, le caissier du « Tunnel de la mort », qui criait entre deux fournées de spectateurs hardis : « Avancez, avancez, avancez…vous n’en ressortirez peut-être pas »…, le carrousel  aux chevaux de bois éternels qui caracolent dans toutes les enfances, et l’étrange sentiment de solitude quand,à la fin de la Foire du Midi s’éloignait la dernière roulotte.

 

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24 septembre 2011

BALADE ET BALLADE (Lorraine)

Furtivement l’automne envahit les sous-bois
Viens, donne-moi la main et partons en balade
Les feuilles ont leur parfum, au loin un chien aboie
Et dans le chemin creux le vent court et gambade

Te souviens-tu du temps où tu m’aimais d’amour
Dans mon tiroir secret j’ai gardé les ballades
Qui chantaient ma beauté et juraient que toujours
Tu serais à mes pieds sans nulle dérobade

Et passent les années et passent les serments
Un jour le grand amour s’envole à tire-d’aile
Et il ne reste plus au coeur las des amants
Qu’une tendresse émue, mélancolique et frèle

Nous nous sommes aimés jusqu’à la déraison
Et nous sommes toujours, toi et moi, en osmose
Viens, donne-moi la main, rentrons à la maison
Il fera bon ce soir  dans la douceur des choses

10 septembre 2011

LA CURIOSITE (Lorraine)

 

          Il est parti trois jours sur le chantier naval  examiner de près la carène du navire dont il est le concepteur.

            Le coeur battant, elle est entrée dans le bureau sacro-saint. Et, avec la dextérité de l’agent secret qui sait où il va et comment s’y prendre, elle a ouvert un à un les tiroirs. Celui de gauche, elle y a trouvé  les babioles courantes: une grosse loupe, (il est un peu myope), des bonbons pour la toux, une calculatrice, deux calculatrices, la boîte aux attache-tout, une agrafeuse, une boîte où s’empilent des bristols de bons restaurants (i est un peu gourmand), un tube de colle et des  timbres.

            La bibliothèque murale est double: d’un côté les livres, de l’autre les documents. Rien au rayon des livres. Si, le petit cheval de Murano qu’il lui a rapporté lors d’un voyage. Bien en vue derrière la vitre,  il donne sa fraîcheur à l’ensemble de la pièce . Elle sourit et va plus loin. Ce dossier?...Il n’a pas de nom, les autres annoncent la couleur: “Banque”, “Assurances”, “Factures”...Elle les a feuilletés: rien d’anormal. Mais ce dossier sans nom?...Le coeur battant, elle l’entrouve et, saisie, reconnaît son écriture à elle, ses lettres à elle, depuis la toute première jusqu’à la dernière, quand l’ordinateur a remplacé le porte-plume. Elle s’assied: il a tout gardé. Donc il l’aime encore...Ou il a oublié de les brûler? Non, quand même!

            C’est d’une main moins assurée qu’elle ouvre un à un les tiroirs professionnels. Elle se dit que l’amour est un oiseau indien, très coloré à sa naissance et qui, avec le temps,  voit ses couleurs, toujours présentes, mais moins éclatantes, c’est tout. Elle n’a plus très envie d’examiner sa garde-robe, de fouiller ses poches.   Est-elle une espionne, une curieuse  affamée avide des petits secrets anodins ?...

            Elle se lève, elle ferme doucement la porte du bureau. Curieuse, elle ? Oh ! non. Jalouse, tout simplement…

3 septembre 2011

LE MUR (Lorraine)

 

            J’étais en retard. Je me faufilai par la porte arrière de la classe, mais personne ne fit attention à moi. Melle Marie-louise n’était pas à son pupitre et sur l’estrade, Mariette, le chouchou, tentait en vain de maintenir le silence à coup de “chut” absolument vains.

            - Tu sais quoi? me dit Paula dès que je m’assis près d’elle. Marie-Ange a fait le mur...

            - Marie-Ange?...

            - Cette nuit, il paraît.

            “Chut” cria tout haut Mariette exaspérée.  Nina s’était levée et bavardait avec Valentine au 3ème rang. J’entendis “Tu penses si Soeur Luce est dans ses petits souliers. D’ailleurs, Soeur Supérieure l’a convoquée et...”. Soeur Luce est la surveillante des dortoirs. Les pensionnaires en ont peur. Pas Marie-Ange apparemment. Marie-Ange qui a fait le mur! Je n’en reviens pas. Elle a osé? C’est une “grande” , elle a bien seize ans, et nous, les moyennes, on ne l’aime pas beaucoup parce qu’elle a toujours l’air de mauvaise humeur.

             Une jolie fille, ça oui, moi j’admirais ses yeux bleus, ses cheveux blonds qui descendaient sur ses épaules, mais elle ne souriait jamais, elle faisait semblant de ne pas nous voir quand notre rang croisait le sien dans le couloir qui mène à la chapelle. Il se murmurait qu’elle “avait du talent”. C’est pour ça qu’elle suivait les cours d’arts décoratifs, et on avait d’ailleurs exposé ses tableaux dans la salle de fête à la fin de l’anée. Pour une fois, l’école était ouverte aux parents, aux visiteurs et ils furent nombreux. Beaucoup s’arrêtaient devant les fleurs peintes de Marie-Ange, ou devant la “Fenêtre ouverte sur le jardin” comme s’appelait une des toiles. Le jardin ceinturé d’un mur fleuri de pois de senteur. Un mur qui donnait sur l’Allée des marronniers. Un mur... était-ce par là qu’elle s’était enfuie? A force de le regarder  elle avait peut-être eu envie de le franchir?..

            - T’es bête, me répondit Paula, c’est pas le mur, c’est Monsieur Jaques!

            Je devais être bète, car je n’avais pas pensé à lui. Lui, le prof de dessin, le seul homme admis dans cette école strictement réservée aux filles, dont les institutrices étaient célibataires ou religieuses. Femmes mariées non admises! Monsieur Jacques?.. C’est vrai qu’il avait de beaux yeux, qu’il était mince et vif. Mais vieux!  Ah oui, au moins 35 ans. Enfin, Marie-Ange ne pouvait pas... n’aurait pas...et puis comment, toute seule, monter sur le mur, le redescendre, partir, où?..

            - Lorraine, vous êtes dans la lune!

            Melle Marie-Louise était rentrée, sa petite tête d’oiseau tournée vers moi m’interpellait.  Je m’assis bien droite et croisai les mains devat moi. Elle détourna son regard et dit:

            - Mes enfants, prenez la grammaire page 126, nous allons faire une analyse logique et...

            Et Marie-Ange fut noyée dans le silence. Des  bruits ont couru, on a trouvé une échelle couchée dans la rue derrière le mur, on n’a plus revu M. Jacques, ni Marie-Ange, Paula a entrevu les parents en traversant le couloir où se trouvent les petites salles d’attente, elle m’a dit que la maman pleurait. Soeur Supérieure était très digne.  Plus tard, sûrement un ou deux ans après “le mur”, j’ai croisé Marie-Ange; elle poussait une voiture d’enfant, elle était belle et triste. Elle ne m’a pas reconnue. On n’en a plus jamais parlé.

13 août 2011

LA SURPRISE (Lorraine)

 

C’est l’anniversaire de Franck et il attend Rita, sa copine de toujours. Ils iront souper dans le petit bistro “L’italien” avant d’aller au cinéma.

                Il est content de la revoir, ce soir, elle est reposante, elle sait tout de lui, ou presque, ses conquêtes passagères, ses ruptures, ses coups de blues. Elle l’appelle en riant “boureau des coeurs” et se moque un peu quand il rétorque:

                - Au fond, la seule femme qui compte, c’est toi!

                Lui faire la cour? Non, l’idée ne l’effleure pas. Elle est une amie, presque une soeur. Mignonne, certes, toujours en jeans, un anorak, l’écharpe, les bottillons, prête à grimper derrière lui sur sa moto, ou à partir en randonnée pédestre, avec Jean et Théo.  Avec elle, il est bien. Tiens, la voilà. Puis il se ressaisit, ce n’est pas Rita. La fille qui s’avance porte des bas résille, des talons aiguille. Le regard de Franck remonte en catimini: cette jupe courte, ce corsage avantageusement échancré, voyons, il n’a pas la berlue, ce n’est décidément pas Rita!..Et pourtant...

                Elle l’entoure de ses bras en une accolade amicale et mutine, elle rit sous cape, il en jurerait!

                -Tu ne m’as pas reconnue, je l’ai bien vu, tu m’as prise pour une autre. Tu étais estomaqué ou en tous cas, intrigué. Comment tu me trouves?

                Il la trouve belle, différente surtout. Elle l’impressionne. Cette fille naturelle, toujours si simple, a ce soir la féminité troublante d’une inconnue et  ses yeux savamment mais discrètement maquillés ont une lueur inhabituelle.    

                Chez “L’Italien”,  ils mangèrent peu mais parlèrent beaucoup. Franck,surtout, qui posait des questions, voulait en savoir davantage sur elle, sa vie d’avant,  ses relations. Rita était très gaie, un peu pompette peut-être, même si elle avait l’air de boire du petit lait.

                - Mais que m’arrive-t-il, se demandait Franck, un peu étourdi. C’est Rita, je la connais depuis longtemps.  Et ce dîneur qui la reluque, ce qu’il m’agace!  Elle fait semblant de ne pas le voir, mais elle lui a souri furtivement, j’en  jurerais...

                De fil en aiguille, ils en oublièrent l’heure du cinéma .  En sortant, il lui prit la main. Elle la laissa dans la sienne. Puis brusquement il la serra ocontre lui  et murmura sur ses lèvres:

                - La seule femme qui compte, c’est toi...

                Elle ferma les yeux.  Elle le savait depuis si longtemps!...

 

30 juillet 2011

MON ARC-EN-CIEL (Lorraine)

 

Mon arc-en-ciel a sept couleurs

Le bleu de tendresse infinie

Le vert pour combattre mes peurs

Et le rouge qui m’incendie

 

Il a aussi, soyez-en sûrs

Du jaune d’or  aimant la vie

Un peu de blanc  très doux, très pur

En liseré, pour l’harmonie  

 

Le mauve, lui, parle du coeur

Qui se recueille , aime et  prie

L’ocre éclaire de sa splendeur

Les rêves tombés en charpie

 

Cette ronde des sept couleurs

S’enlace comme une utopie

C’est l ‘arc-en-ciel un peu menteur

Qui berce ma mélancolie.

LORRAINE

 

Défi 7 couleurs et 7 sentiments

23 juillet 2011

PAPIER (Lorraine)

L’évêque bleu-noir est un « gros-bec », je n’y suis pour rien. J’imaginais un ecclésiastique doré sur tranches, lisse, mitré, bagué, mais en y regardant de plus près pour écrire mon papier, je constate que c’est un oiseau. Un bel oiseau, d’ailleurs., pas du tout bling-bling comme ce vantard de faisan argenté ! Son cui-cui a du sens, alors que le frou-frou de la faisane, nul ne le contestera, la déhanche avec arrogance.

Je vous le dis tout net : je lui préfère le « troglodyte mignon », qui a pour frère jumeau le « troglodyte à sourcils roux ». Ils sont petits, discrets, leur glou-glou s’entend à peine quand ils se penchent à la margelle pour boire l’eau de la fontaine.

Vous les trouvez trop insignifiants pour votre journal ? Hum ! Je vous parlerai donc de l’autruche, grande, écarquillée et un peu sotte. Elle a le pied large, la jambe maigre, le cou affolé. Quant à l’aimable roitelet…

Comment, je me trompe de sujet ? Vous avez dit « PAPIER ». Le voici, il ne manque que la signature…

 

LORRAINE

9 juillet 2011

Nuages (défi 122) (Lorraine)

 

Le vent gonfle les joues
Et chasse les nuages
Qui partent en voyage

Un ange est à la proue
Du bizarre équipage
Que forment les nuages

Un gros homme à bajoues
Fait partie du voyage
Non,  c’était un nuage.

Et dans le ciel se joue
La fuite des nuages
Partis en équipage

Et dans mon cœur se noue
Un désir de voyage
Lointain et sans nuage

25 juin 2011

LE TIROIR SECRET (Lorraine)

 

J’ai plusieurs tiroirs mais personne ne les voit, ils sont dans ma tête. Je les trimballe où que j’aille, comme vous trimballez les vôtres ; il y a le tiroir professionnel,  le tiroir « amitié et famille », celui que j’appelle « soins du ménages », celui des « futilités », tous bien rangés ou en tous cas suffisamment pour que je m’y retrouve. Le « professionnel » est presque toujours fermé à clef, mais il garde les traces de dossiers épais, de notes prises à la hâte, de rendez-vous d’affaires, d’agendas bourrés, et que sais-je encore ! Je l’ai rouvert il n ‘y a pas longtemps pour y glisser de timides Défis ; ils se sont installés confortablement et ont trouvé leur place…

            Le tiroir « amitié et famille » ondule un peu ; j’y trouve des éclats de rire  et des ballades, des petits restos, des petits mots gentils, quelques égratignures vite guéries,  et beaucoup, beaucoup d’affection. Le tiroir « soins du ménage » est en ordre, mais austère. Gestes machinaux et répétitifs, rangement irréprochable, bizarre sentiment de « corvée », et un autre de « devoir accompli ». Rien à redire. Quant au  «tiroir des futilités », j’y range et je tiens à l’œil tout ce qu’une femme s’accorde : mode,  fards, parfum. Chut !

            Il reste mon tiroir secret.  Quand il s’ouvre, tout son contenu soubresaute et surgissent pêle-mêle les rendez-vous manqués, les mots que je n’ai jamais dits, les chagrins étouffés, la lettre non écrite, un ruban bleu de petite fille, une perle échappée du collier rompu, l’adieu d’un ami cher, et la longue file des âmes enfuies pour toujours. Des visages surgissent, qui ne se connaissaient pas et se retrouvent ensemble dans mon cœur, des images heureuses émergent du passé et me sourient, cette jeune femme sur un quai de gare se retourne et je ne la reverrai jamais,  et voici ce garçon dans la fleur de l’âge, tué par une balle ennemie; dans la poche de son blouson, ma dernière lettre est imprégnée de son sang. C’était mon neveu.

            Le tiroir secret manque d’ordre. Il contient aussi ma solitude et ton nom, à jamais perdu.

 

18 juin 2011

LE PERRON (Lorraine)

 

                Il surgissait de nulle part. Sa tête faisait un fracas où se mêlaient les éboulis, les ensevelissements, les décombres, les hurlements d’agonie, l’atroce peur au ventre. Il émergea soudain sous sa maison écroulée. Il restait les escaliers du perron, la grille...Il ébaucha un sourire et s’écroula, mort.

 

4 juin 2011

Remonter le temps (Lorraine)


S’il me fallait partir au pays d’autrefois
Retrouver un  ailleurs , la surprise est  exquise !
Changer de pacotille, de souliers, de minois
 N’en doutez pas, très cher, je deviendrais marquise !

Comme rose en bouton, la bouche est mignonette
Et les yeux ingénus se baissent …ingénument
L’éventail se déploie, quant à l’escarpolette
Poussez donc, monseigneur, un peu plus promptement

Laissez donc mes rubans,  oui, ma taille est divine
Vous ai-je vu hier, froufroutant du jabot
Auprès d’Adelaïde,  ma charmante cousine ?
Gardez-le-vous pour dit : vous n’êtes qu’un nabot !

Ma toilette vous plaît, les volants sont fripons
Ne me chiffonnez pas,  j’aime la bagatelle
Mais vous m’importunez, laissez donc mon jupon
D’autres  viendront tantôt chanter la ritournelle

Ritournelle d’amour qui tant plaît aux marquises
Qu’elles soient du présent ou des siècles enfuis
Puisque j’en ai le temps je défais mes valises
Entrez donc, cher ami, je suis libre aujourd’hui

LORRAINE

14 mai 2011

FRAGILE ? (Lorraine)

Vous me demandez si je suis fragile ?
Vous m’obligeriez, précisez un peu.
Je suis bien d’aplomb, pas trop malhabile
J’ai le regard franc, entre vert et bleu

Mais que dites-vous ? Quelle impertinence !
Vous voulez savoir, d’un air doucereux
Comment est mon cœur, s’il a l’impudence
De pleurer parfois ou d’être amoureux ?

Disons-le tout net ; quand les capucines
Chantent le printemps à tous les échos
Il rêve en silence et les cavatines
Lui tournent la tête en un doux sanglot

Mais fragile non. J’aime la cadence
Des mots murmuré dans le chemin creux
Puis du bout des doigts je quitte la danse
C’est légèrement que je dis adieu

Vous n’en croyez rien, je vous vois sourire
J’ai feint d’ignorer ma fragilité
Mon secret, allons, je vais vous le dire
Je tremble d’émoi : voulez-vous m’aimer ?..

7 mai 2011

C’EST SI CHOUETTE... (Lorraine)

 

                Je n’ai jamais aimé les destinations lointaines, les croisières, les hôtels luxueux.  Les vacances, pour moi, exigeaient avant tout une escale après  350 ou 400 Km.  de route, pas plus.  J’éprouvais l’ineffable joie de la détente, de la halte dans un village français charmant, choisi un peu à l’aveuglette et dont ma fille, mon mari et moi découvrions les charmes champêtres d’un même coeur. L’un et l’autre, pour des raisons différentes, avions besoin de nous reposer avant tout; laisser s’écouler de mes épaules ce manteau professionnel de rendez-vous et de travail représentait un bonheur doublé par la découverte de l’auberge dont nous changeions à chaque fois.

                Cette année-là, nous sommes arrivés un vendredi soir. La patronne nous avertit d’un ton enjoué:

                - Demain, nous avons un mariage. Vous n’entendrez pas vraiment la musique, la salle de fête est de l’autre côté, vos chambres donnent sur les champs, à l’arrière.

                La salle de fête était séparée du restaurant par une large cour et pendant le repas du samedi soir, nous vîmes peu à peu des dîneurs quitter la table et rejoindre des badauds déjà postés à l’entrée d’où l’on pouvait voir “la noce”. Sans doute “la noce” avait-elle déjeuné dans une autre aile car nous n’en avions pas eu d’écho  mais les musiciens accordant leurs instruments annonçaient à leur façon les festivités du soir. Nous finissions le repas. L’accorte patronne s’approcha de nous et se penchant vers ma file:

                - Vous avez peut-être envie de voir le bal? Et vous aussi, Madame? Allez-y si le coeur vous en dit...

                Je jetai un coup d’oeil à mon mari. Il levait un sourcil un rien moqueur et néanmoins compréhensif:

                - Allez-y puisque vous en mourrez d’envie. Moi, je vais faire une petite belote...

                Il avait déjà fait connaissance avec des amateurs du lieu et nous n’eûmes aucun scrupule à l’abandonner. Marianne se glissa la première, je la suivis; Et, par je ne sais quel curieux concours de circonstances, nous fûmes l’une et l’autre au premier rang des badauds...

                La vaste salle regogeait de monde. Elle était aussi tapissée de bancs le long des murs sur lesquels des dames et des demoiselles assises bavardaient entre elles, faisant...tapisserie. L’orchestre était entraînant, les danseurs s’en donnaient à coeur joie, la musique s’arrêta, les premières notes d’un tango susurrèrent leur nostalgie. De l’autre côté de la salle, face à moi, un Monsieur bien pris dans son costume de cérémonie s’avança d’un pas ferme et s’inclina :

                - Madame....

                 C’était un homme charmant, il dansait très bien. Nous bavardâmes de tout et de rien, comme deux inconnus, tout en tournant. De nombreux regards nous suivaient; des regards de femmes... Puis, mon cavalier, légèrement interrogatif, me demanda aimablement:

                - Vous appartenez à l’autre famille, sans doute?..

                A quoi je répondis avec candeur:

                - Non, moi je suis en vacances...Et vous?...

                Il réprima un sourire:

                - Je suis le père de la mariée!

                Son regard fit rapidement le tour de la salle. Marianne dansait avec un des garçons d’honneur...

                 Vous auriez pensé comme moi, j’en suis sûre: il valait mieux nous éclipser. Le père de la mariée eut un regard désolé, nous n’avions pas besoin d’explications, il  me salua avec courtoisie, murmura “Dommage!” et alla vers les siens.

                Après je me suis dit: “C’est vraiment chouette ce qui vient de nous arriver!” . Parce que les petites surprises, les imprévus, les rencontres inattendues, les hasards, les instants légers où l’on prend la gaîté où elle passe, sont le piment d’un quotidien quand on peut les accepter avec la simplicité de l’innocence...

 

23 avril 2011

Vert (Lorraine)

Il avait un beau regard vert

Qui le rendait très émouvant

Quand il cueillait la primevère

En écoutant chanter le vent

 

Je l’aperçus dans le parterre

Du côté du soleil Levant

Il me sembla bien solitaire

Le beau jardinier du couvent

 

Je ne suis pas une panthère

Mais sans bruit j’arrivai devant

Le ruisseau où se désaltère

 Cet homme aux yeux si captivants

 

La nature, il la révère

Moi aussi, bien certainement

Si nous partîmes pour Cythère

Ce fut dans le pré verdoyant

 

Notre bonheur fut éphémère

A son labeur le rappelant

La clochette du monastère

Interrompit nos brefs élans

 

Et quand le ciel crépusculaire

Sur l’herbe son manteau étend

Je me dis que tout est chimère

Et je pleure, de temps en temps.

 

 

16 avril 2011

LES HUIT PETITS COEURS (Lorraine)

 

Les huit petits coeurs étaient cousins. Mais sept seulement battaient en mesure. Parce qu’ils savaient qui ils étaient, on leur avait donné un nom à leur naissance et c’était bien réconfortant de s’appeler Lundi, Mardi, Mercredi, Jeudi, Samedi et Dimanche.

                Ils vivaient en fraternité et se tenaient par la main, toujours dans le même ordre, dormant à tour de rôle six jours sur sept, encadrés, consolidés par les autres, sûrs que rien ne les séparerait jamais. Ils se savaient éternels puisque leur confrérie appelée “Semaine” appartenait à l’ordre mondial depuis des décennies que rien, logiquement, ne détruirait jamais.

                Le huitième petit coeur leur faisait de la peine. Certes, cet étrange cousin venait les visiter mais toujours à l’improviste, bousculant leur horaire, leur emploi du temps et, il faut bien le dire, leur sérénité! Il arrivait par la fenêtre comme un coup de vent , il apportait du soleil dans ses cheveux blonds et souvent fredonnait une musiquette joyeuse. Il se posait sur le bureau de Vendredi, le plus sérieux des sept, et faisait des claquettes. Il apportait des bonbons à Lundi, un peu endormi encore et lui racontait sa soirée d’hier. Il avait même confié à Jeudi, son préféré, qu’il voletait volontiers d’une fleur à l’autre, sans le dire à personne, car il avait le don de se rendre invisible ou, au contraire, très envahissant selon son humeur.

                Les sept petits coeurs l’avaient cependant surpris en larmes, assis au bord de la rivière. Samedi l’en avait fermement éloigné car son fantasque cousin parlait de mourir. Resserrant leurs rangs, tous avaient monté la garde une Semaine entièr. Et puis, le huitième petit coeur émergea de sa peine. Il secoua ses ailes froissées, prit son arc, affûta ses flèches, remercia les cousins et s’en fut, plein d’un nouvel espoir.

                Son nom? Comment, je ne vous l’ai pas dit? C’est l’Amour, bien sûr!

 

9 avril 2011

QUAND JE FERME LES YEUX (Lorraine)

 

Quand je ferme les yeux,  je laisse venir le monde. Il ne demande pas la permission, il arrive en débandade, mêlant le vrai et le faux, jouant à cache-cache avec des illusions, des projets, des souvenirs.

                C’est ton visage, maman, tu me regardes, je t’aime. Même si je ne l’ai jamais dit, tu le savais, n’est-ce pas?

                Un cortège dévale d’une rue, je devine votre regard entre les fentes du masque, vous ai-je suivi? Ai-je répondu à vos lettres?.. je vous perds dans la foule,. Et voici les chats de ma vie,  ceux qui m’ont apporté l’enchantement de leurs yeux impénétrables et pourtant si aimants;  voici une toute petite fille dans son berceau, une grande fille (déjà!) au bras de son père, son mariage, mon vertige soudain. Et la vie qui reprend. Voici une fée, elle voltige dans ma chambre, nous nous parlons quelquefois,  elle n’a pas de nom, seulement une baguette qui danse devant mes yeux éblouis. Non, je ne rêve pas, je m’évade.

                Quand je ferme les yeux, j’escamote ce qui me fait souffrir. Je m’accroche au bonheur, j’efface d’un doigt obéissant les larmes retenues, je revois ce matin de printemps qui m’est resté dans le coeur parce que tu avais vingt ans et moi un peu moins.  Qu’avons-nous fait des autres années?

                Quand je ferme les yeux, je me revois en cet avril : je  ferme les tiens pour toujours...

                Et puis, je m’abrutis de travail, je vois s’empiler les articles à écrire, les inconnus à interviewer, les heures à emplir encore et encore pour ne penser  à rien, refuser d’autres compagnons,  taire ma solitude, et sourire, enfin apaisée, à mes petits-enfants.

                 Quand je ferme les yeux, je ferme aussi très discrètement la porte sur les bruits du monde, leurs vanités, leurs déchirements, leurs cris de désespoir, les incertitudes, les hésitations, et les peurs.  Il m’est venu une sorte de sérénité et désormais comme une main se pose sur un front brûlant, je vois la Poésie.

                Quand je ferme les yeux, je rêve.

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