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Le défi du samedi
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7 mai 2011

C’EST SI CHOUETTE... (Lorraine)

 

                Je n’ai jamais aimé les destinations lointaines, les croisières, les hôtels luxueux.  Les vacances, pour moi, exigeaient avant tout une escale après  350 ou 400 Km.  de route, pas plus.  J’éprouvais l’ineffable joie de la détente, de la halte dans un village français charmant, choisi un peu à l’aveuglette et dont ma fille, mon mari et moi découvrions les charmes champêtres d’un même coeur. L’un et l’autre, pour des raisons différentes, avions besoin de nous reposer avant tout; laisser s’écouler de mes épaules ce manteau professionnel de rendez-vous et de travail représentait un bonheur doublé par la découverte de l’auberge dont nous changeions à chaque fois.

                Cette année-là, nous sommes arrivés un vendredi soir. La patronne nous avertit d’un ton enjoué:

                - Demain, nous avons un mariage. Vous n’entendrez pas vraiment la musique, la salle de fête est de l’autre côté, vos chambres donnent sur les champs, à l’arrière.

                La salle de fête était séparée du restaurant par une large cour et pendant le repas du samedi soir, nous vîmes peu à peu des dîneurs quitter la table et rejoindre des badauds déjà postés à l’entrée d’où l’on pouvait voir “la noce”. Sans doute “la noce” avait-elle déjeuné dans une autre aile car nous n’en avions pas eu d’écho  mais les musiciens accordant leurs instruments annonçaient à leur façon les festivités du soir. Nous finissions le repas. L’accorte patronne s’approcha de nous et se penchant vers ma file:

                - Vous avez peut-être envie de voir le bal? Et vous aussi, Madame? Allez-y si le coeur vous en dit...

                Je jetai un coup d’oeil à mon mari. Il levait un sourcil un rien moqueur et néanmoins compréhensif:

                - Allez-y puisque vous en mourrez d’envie. Moi, je vais faire une petite belote...

                Il avait déjà fait connaissance avec des amateurs du lieu et nous n’eûmes aucun scrupule à l’abandonner. Marianne se glissa la première, je la suivis; Et, par je ne sais quel curieux concours de circonstances, nous fûmes l’une et l’autre au premier rang des badauds...

                La vaste salle regogeait de monde. Elle était aussi tapissée de bancs le long des murs sur lesquels des dames et des demoiselles assises bavardaient entre elles, faisant...tapisserie. L’orchestre était entraînant, les danseurs s’en donnaient à coeur joie, la musique s’arrêta, les premières notes d’un tango susurrèrent leur nostalgie. De l’autre côté de la salle, face à moi, un Monsieur bien pris dans son costume de cérémonie s’avança d’un pas ferme et s’inclina :

                - Madame....

                 C’était un homme charmant, il dansait très bien. Nous bavardâmes de tout et de rien, comme deux inconnus, tout en tournant. De nombreux regards nous suivaient; des regards de femmes... Puis, mon cavalier, légèrement interrogatif, me demanda aimablement:

                - Vous appartenez à l’autre famille, sans doute?..

                A quoi je répondis avec candeur:

                - Non, moi je suis en vacances...Et vous?...

                Il réprima un sourire:

                - Je suis le père de la mariée!

                Son regard fit rapidement le tour de la salle. Marianne dansait avec un des garçons d’honneur...

                 Vous auriez pensé comme moi, j’en suis sûre: il valait mieux nous éclipser. Le père de la mariée eut un regard désolé, nous n’avions pas besoin d’explications, il  me salua avec courtoisie, murmura “Dommage!” et alla vers les siens.

                Après je me suis dit: “C’est vraiment chouette ce qui vient de nous arriver!” . Parce que les petites surprises, les imprévus, les rencontres inattendues, les hasards, les instants légers où l’on prend la gaîté où elle passe, sont le piment d’un quotidien quand on peut les accepter avec la simplicité de l’innocence...

 

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Commentaires
L
En effet, le charme de l'instant a tenu dans sa fugacité!
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L
A chaque fois tout recommence...mais je n'ai pas recommencé.
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L
Le hasard fait parfois un petit pied de nez aux convenances...
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L
A qui le dis-tu!
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L
Joye, voyons, le père de la mariée était un homme sérieux! Il n'a pas perdu la tête, je n'ai pas perdu le nord, et si nous avons partagé cet instant chouettement ineffable j'ai rompu aussi sec en disparaissant à jamais... L'pauvre gars n'en est pas encore remis...
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L
Nous voulions assister de loin à la noce, petite joie imprévue dans le soleil des vacances. D'autres gens du lieu et sans doute des touristes regardaient aussi. Et c'est vrai que pas mal de jeunes femmes faisaient tapisserie!Peut-être le père de la mariée et le garçon d'honneur étaient-ils un peu myopes?...<br /> Ces rencontres inattendues furent un chouette moment que ni l'une ni l'autre n'avons prolongé!
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L
Ma fille et moi n'étions pas en marcel...Il faudrait passer le mot aux touristes qui s'abandonnent au laisser-aller: sans doute ne les aurait-on pas invités à danser. Tu dois avoir raison!
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L
Tu crois?..J'ai eu comme impression qu'il valait mieux disparaître, certains regards ne me voulaient pas que du bien!...
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L
D'autant plus chouette qu'il était inattendu!...
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V
si le mot chouette n'existait pas, on l'aurait inventé pour de tels instants fugaces et émoustillants
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J
Nous autres, les innocents, nous avons les mains pleines. Et comme nous sommes paniers percés "à chaque fois tout recommence, toute musique me saisit et la plus banale romance m'est l'éternelle Poésie".<br /> <br /> (Quel dommage qu'Aragon soit parti en Castille !)
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J
Oui, c'est un chouette instant.
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W
Renversant, ce tango !
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J
Comment ne pas perdre la tête<br /> Dansant avec cett' belle dame ?<br /> En voyant Lorraine<br /> On aurait d'la peine<br /> De ne pas lui offrir son âme !<br /> <br /> Elle dansait là-bas,<br /> Comme un bel ange, ô mon dieu, dans ses bras !<br /> Il ne la verrait plus<br /> Et quand il l'a su<br /> Oh ! L'pauvre gars !<br /> <br /> ♥
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M
Hé,hé, les demoiselles de la noce faisaient "tapisserie" et vous avez été choisies ta fille et toi !!! Super chouette oui, et comme tu le dis sachons profiter gentiment des : " petites surprises, des imprévus, des rencontres inattendues" !!!
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A
c'est une récompense pour ton élégance, Lorraine ;-) je ne vois que trop de touristes qui se baladent en marcel... il faut croire que ta fille et toi aviez tout à fait l'air d'être de la noce (en plus de votre charme naturel, bien sûr :-))<br /> chouette histoire!
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B
C'est là que tu te trompes Lorraine, je n'aurais jamais pensé qu'il fallait partir . :D<br /> Pour le reste tu as tout juste.
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K
oui tu as eu raison de saisir cet instant fugace<br /> et c'est chouette , un chouette instant!<br /> katyL
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