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Le défi du samedi
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12 septembre 2009

Participation de Gilsoub

Le bip de son téléphone le tira de la profonde léthargie dans lesquels son travail l’avait plongé. C’était Irma et son étrange dialecte techno djeun’s :

« 1h 10po 2m1 rd kfé méri 16h »

Le temps de déchiffrer, de s’assurer de son auteur et déjà il ne tenait plus en place…

— Chef, je prends mon après-midi de demain, une urgence familiale !


À partir de ce moment-là, les minutes commencèrent à s’égrener lentement, très lentement, trop lentement ! Chaque geste du quotidien le rapprochait un peu plus du moment tant attendu…


Puis vint le temps de la préparation. La douche, avec inspection et récurage du moindre repli de peau, l’apparition de l’inénarrable bouton sur le nez, le triple rasage quadruple lames, l’astiquage de quenotte pour un sourire ultra-brillant !


Reste la scène de l’habillage et ses choix cornéliens : cool ou strict ? Rayure ou unis ? Avec ou sans veste ?

Dans le métro, le détail qui tue, deux pompes dépareillées !

Quinze heures trente, trois fois le tour du quartier pour calmer son stress. Ne surtout pas arriver en avance ; mais pas en retard !


Et puis… et puis la voilà, son sourire, ses beaux yeux, Irma dans toute sa splendeur ! Elle l’embrasse ...


c’est une heure qui dura une seconde d’éternité… 

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12 septembre 2009

TRAGÉDIE AU FORUM DES ASSOCIATIONS (Jo Centrifuge)

-Vous ne devez pas sauter jeune homme!

-Non mais moi je ne suis pas venu pour le salon de la voyance et puis je ne sais pas de quoi vous me parlez.

-Ne sautez sous aucun prétexte, il en va de votre vie!

-...J'accompagne ma copine au forum des associations à côté là...

-Écoutez moi, jeune homme...

-'Pas le temps, Fabi m'attend!

Seb était en retard bien entendu. Au stand "Chorale Coincoin" Fabi fulminait.

-Ah ben quand même! Qu'est-ce que t'as foutu? Tout le monde t'attend!

-Quoi?

-T'as gagné à la loterie des assoces...

C'est à ce moment que, sorti de nulle part, un animateur hystérique lui ficha brutalement un micro sous le nez. Dents blanches et petite moustache :

-Le voilàaaa! Félicitations à vous mon cher Sébastien, vous avez gagné le premier lot offert par l'association "A plat ventre". Laissez moi vous serrez la maiiiin...sous vos applaudissements!

Des flash crépitaient alors qu'une foule de badauds commençait à s'agglutiner autour d'eux.

-Cher Sébastien, je vous donne rendez-vous dans une heure précise pour l'atterrissage. A tout à l'heure!

Comme la foule se dispersait, Seb sentait monter en lui une désagréable inquiétude :

-Fabi, je ne comprend rien. Qu'est-ce que j'ai gagné déjà?

-Un saut en parachute. Tu vas atterrir juste à côté sur le parking de l'aérodrome, devant tout la ville. Alors essaie de bien te tenir pour une fois!

-Quoi?.. Ah non, je ne pourrais pas. J'ai déjà le vertige sur un tabouret et en plus une voyante m'a...

Mais les yeux de Fabi s'assombrissaient dangereusement tandis que les commères de la chorale commençaient à ricaner:

-Tu ne vas pas me faire honte devant tout le monde, n'est-ce pas? menaça-t-elle les dents serrées.

Le piège se referma subitement lorsqu'un colosse se présenta à Seb en tant qu'ancien para-commando et lui apprit qu'il serait l'instructeur de son baptême de l'air.

Quelle étrange chose que le temps qui passe. Seb s'étonna de découvrir comment 90 kilos d'un entrain tout militaire et surtout la promesse d'une catastrophe prochaine peuvent faire s'évaporer 60 minutes. Brieffé, équipé, harnaché, embarqué dans un avion, il flottait à présent en pallier à 300 mètres.

"Vous ne devez pas sauter" Les mauvais augures de la voyante hantaient ses pensées : "...il en va de votre vie"

La porte de l'aéronef s'ouvrit et il fit face au vide. Etait-ce l'ivresse de l'altitude ou bien l'étrange sensation de vivre ses derniers instants, mais le temps paraissait maintenant s'étirer. Seb était comme transfiguré, il prenait conscience de tout ce qui l'entourait, l'air qui lui gifflait le visage, le soleil qui lui réchauffait les joues, la beauté du paysage, la poussée ferme mais amicale de son instructeur... Il bascula comme au ralenti, bras écartés, les yeux grands ouverts sur le monde en bas, avec un immense sourire.

Chacun de nous connaitra plusieurs vies.

La vie de Seb prit fin ce jour là. L'atterrissage se présentant assez mal, il se cassa une jambe sous le poids de son instructeur, le tout sous les yeux des commères de la chorale Coincoin et de la presse régionale. Fabi, morte de honte, mit bien vite fin à leur relation.

Mais dans sa nouvelle vie, Seb coule des jours heureux auprès d'une gentille fille. Il est désormais membre d'honneur de l'association "A plat ventre". Il saute régulièrement et gagne même quelques compétitions à l'occasion.

12 septembre 2009

Duel –tournoi de go (Zigmund)

Il s’est assis en face de moi. Il est très jeune et j’ai horreur de çà. Déjà, il m’a toisé d’un œil méprisant, et dans son « bonjour monsieur » pointe le vouvoiement futur qu’il réserve au « vieux  crouton ». Je le déteste déjà, je sais qu’il va gagner, et que non content de çà, il se prépare à m’humilier.

partie_de_go__72

Entre nous, sur le goban, il a disposé 9 pierres noires (l’équivalent d’une dame en plus aux échecs) ; j’ai réglé la pendule : une heure par joueur. D’un signe de tête il m’indique que mon réglage lui convient, puis déclare conformément à l’usage « bonne partie ! » en déclenchant sa pendule.

Le début de partie confirme mes craintes, cet ado sait jouer, et les 9 pierres d’avance aggravent sérieusement ma situation. Chaque coup qu’il joue est correct, je n’ai absolument pas le niveau pour résister et chaque claquement de mes pauvres pierres blanches sur le goban me rapproche de la défaite annoncée.

En cours de partie, un copain à lui, un gamin prétentieux vient nous observer, encourage mon adversaire et commente à haute voix le déroulement de la partie. Je devrais appeler l’arbitre, ou virer ce gosse mal élevé, mais je suis trop anéanti par mes efforts pour limiter la casse.

Enfin l’affreux gamin, est parti, il déconcentrait aussi les  joueurs voisins. Déjà vaincu, je réponds rapidement à ses coups, alors que lui, sadique, savoure et fait trainer ses réponses ; chacune me rapproche du désastre. Je suis « mort » partout ou presque ; « Zigmund, souviens toi  du proverbe : « le bon joueur c’est celui qui sait quand il doit abandonner ». Bon d’accord, je vais abandon…Non ! un miracle vient de se produire, là sur la pendule : tel le lapin de la fable, il a tellement trainé, que son heure est passée, il a perdu « au temps », il a perdu tout court, il le reconnait… Cette heure trop courte pour lui, m'offre une victoire, certes peu glorieuse, mais au moins le blanc-bec ne sourit plus.

Alors, je sors mon portefeuille et, sacrifiant à la coutume  : « viens, je t’offre un verre au bar ! »

12 septembre 2009

L'heure est un leurre ! (MAP)

DSCF7468

12 septembre 2009

Capable de pitié ? (Joe Krapov)

Une heure c’est court ou  bien  c’est  long

C’est ceci cela, c’est selon

Qu’on est au lupanar ou  bien  chez  le  docteur,

Qu’on a ou pas un pantalon,

Qu’on  est  sur  le  billard ou bien dans un salon,

Qu’on  est  dans  l’autocar ou bien dans un avion,

C’est court ou  bien  c’est  long, saucissonnée, une heure.

 

Une  heure  c’est  vraiment  long

Pour  l’éjaculateur  des  prés  d’Ecosse

Mais ça n’est vraiment rien pour le lapin et les gars de Rennes :

Il suffit d’offrir ses hommages à plusieurs lapines à la suite

Du coup l’heure devient très petite.

On voit à peine le temps passer qu’il est déjà l’heure de rentrer

Pour dire un madrigal,

Prendre un repas frugal,

Remplir de bonne humeur le terrier familial

Et le devoir conjugal.

 

Une  heure  c’est  long  quand  tu  attends

Le  départ  d’un  enterrement,

La  fin  du  règne  du  Président,

Le  moment  du  débarquement,

Une  distribution  de  diamants,

L’début d’une  éclipse  à  Shangaï

Ou  l’réparateur  d’Internet.

 

Les heures passent trop vite

Quand on est à Venise, à Jersey, en vacances.

Elles  durent  chacune  trois  plombes

Quand  l’boulot  recommence.

 

Une  heure  c’est  long  quand  tu  poireautes,

Que  tu  espères  comme  une  poire  blette

Un  bus  4  à  l’arrêt  du  Mail,

Une  fille  sous  la pluie  sans  chandail,

Quand  tu  veux  régenter  la  fête,

Que  tu  voudrais  les  cons  moins  bêtes

Ou  bien  même  qu’Henri  IV  arrête

De  mâchonner  des gousses d’ail.

 

Une heure c’est court vraiment pour ce que j’ai à dire

Une fois que je délire :

Je pourrais vous en tartiner

Des soirées et des matinées !

C’est pourquoi, mes ami(e)s,

Pour épargner vos yeux qui ont besoin d’lunettes,

Comme disait le merlan qui trouva un bifteck

Sous une frite à la Mecque :

« Ben c’est ici que je m’arrête ».


090710A_partage_de_midi

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6 septembre 2009

Ont vu tourner les aiguilles...

pendule1Anthom ; Zigmund ; Vegas sur sarthe ; Joye ; Teb ; Tiniak ; Phil ; Sebarjo ; MAP ; Papistache ; Tilu ; Martine27 ; Virgibri ; Captaine Lili ; Joe Krapov ; Poupoune ; rsylvie ; Gilsoub ; Jo centrifuge ;

5 septembre 2009

Consigne #72

Une heure de repassage c'est donc bien long.
Mais, l'heure la plus courte d'une vie. Laquelle est-ce ?

5 septembre 2009

Des nouvelles de la suite du défi #67

Des nouvelles de la suite du défi #67

Nous avons eu dix-sept auteurs : 1 + 7 = 8

Les paires ont été constituées grâce à un glissement de huit crans.

Cliquez fort ! :67suite

Comme certains de nous vont partir sont en vacances sommes presque tous rentrés de nos vacances, nous écrirons, à notre rythme fissa, la suite (ou la fin) du texte du camarade que le sort nous a attribué, nous l'enverrons (le texte) en précisant défi #67 bis et tous les textes seront donnés à la rentrée courant septembre. Un rappel sera effectué également vient d'être effectué début le 5 septembre.

Si vous pouviez, dans votre envoi, faire une copie du texte de départ, cela nous faciliterait la tâche d'édition.

Nous avons reçu quelques pas mal de textes mais encore très peu il en manque certains*, c'est normal, les vacances sont prioritaires, il faut arriver à remettre ses pieds dans nos petits souliers.

* dont celui du bonhomme qui s'autorise à faire ce rappel !

5 septembre 2009

J'ai vu (Gilsoub)

C’était une belle voiture, je pouvais passer des heures à son volant, j’aimais sa carrosserie, les longs voyages fait avec. Combien de tours du monde ? Elle volait s’il le fallait, elle traversait les mers, les forêts, les montagnes, les routes du désert et la neige du pôle Nord. Je l’ai aimé ma voiture quand j’étais petit, les grands, eux n’y voyaient qu’un vulgaire rocher, ce n’est pas marrant les grands…

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Il ne voyait plus qu’une garce, une traînée, une putain, et bien d’autre chose encore, il disait qu’elle était moche, mal fagotée, sans goût. Ce n’était que son ex-femme. Moi je la trouvais très belle, raffinée bien habillée, un brin magique, mais oserais-je lui dire que maintenant c’est ma fiancée ?

5 septembre 2009

Question de point de vue (Walrus)

Un jour, comme nous nous promenions, elle s'émerveillait de tout et me disait :

- Regarde l'ample et mouvante ondulation des blés sous le souffle du vent !
- Vois la courbe élégante du vol de cet oiseau !
- Contemple le lent effilochement des nuages dans le ciel !
- Admire l'éclatante beauté du frêle myosotis !
- ...

Moi, je ne voyais que ses yeux...

5 septembre 2009

Sirène (Poupoune)

- Maman, Maman ! Regarde ! Je suis une sirène !

Elle nageait incroyablement bien pour son âge, ma pitchoune… et elle plongeait, tournait, plongeait encore…



- Maman ! Vite ! Les requins attaquent le royaume des sirènes ! Le roi sirin est prisonnier !

Et de retourner au fond du bassin… elle mimait des batailles, chaque enfant ou parent passant près d’elle se transformant en requin.



- Maman ! J’ai libéré le roi sirin ! Il va y avoir une fête dans le royaume des sirènes ! Tu viens avec moi à la fête ?

Ah ben oui, tôt ou tard ma petite sirène veut jouer avec moi. Et puis une fête au royaume des sirènes, hein, ça ne se refuse pas !



- Allez Maman, viens ! Vite ! La fête va commencer !

- Je viens chérie, je viens… va leur dire que j’arrive !

Et elle plonge, et elle tourne, et ses petites jambes dodues croisées en queue de sirène qui m’éclaboussent copieusement alors qu’elle s’en retourne au fond du bassin, prévenir le roi sirin et ses copines sirènes que j’arrive… Au moins comme ça je suis mouillée. Allez. Hop ! Sous l’eau…



Le royaume des sirènes… nous y voilà toutes les deux. Les sirènes virevoltent autour de nous gaiement, le roi sirin a l’air bonhomme, tout ici respire le bonheur, la paix, l’amour… Ma pitchoune tire sa main que je tiens dans la mienne. Je la regarde en souriant. Elle ne sourit pas. Elle semble vouloir me dire quelque chose, mais aucun son ici, que la paix… Avec les bulles qui s’échappent de sa bouche quand elle essaie de parler j’ai du mal à essayer de lire sur ses lèvres.

Elle ne regarde pas le royaume des sirènes. Elle me regarde moi. Elle tire encore sa main dans la mienne. Elle ouvre de grands yeux.

Le roi sirin me dit que pour remercier ma pitchoune de les avoir libérés des requins, il veut l’inviter à vivre en son royaume.

Je la regarde, heureuse de ce bonheur qui s’offre à elle. Elle ne semble pas avoir entendu le roi. Elle continue de me regarder moi. De me parler. Il y a moins de bulles qui s’échappent de sa bouche, je crois deviner « Arrête, Maman ».

Arrêter quoi, chérie ? Regarde un peu ce merveilleux endroit où tu vas pouvoir vivre ! Ce calme, cette paix… Elle ne tire plus sa main. Elle me regarde toujours, mais ne parle plus. Elle semble gagnée enfin elle aussi par la paix du lieu.



Au procès, ils n’ont pas cru que j’étais folle. Eh ! Bien sûr que je ne suis pas folle ! Quelle mère aimante et saine d’esprit aurait refusé à sa fille chérie la possibilité de vivre la vie dont toutes les petites filles rêvent ?

5 septembre 2009

A travers les Yeux de soeur Dominique (rsylvie)


Confortablement installés dans la 2 CV nous allions bon train, au rythme des virages qui venaient rompre la monotonie du voyage. Quant au détour d’une courbe beaucoup moins docile que les autres, je me retrouvais les 4 fers en l’air, projetée à l’arrière de la « 2 Pattes », gracieusement prêtée par la révèrente mère du couvent des Hirondelles. Dans la bousculade je perdais de vue l’horizon pour me retrouver le nez dans les nuages.

-« regardez mon père, celui sur votre gauche….

Ne dirait-on pas le visage d’un prince avec sa couronne sur la tête » ?

-« ma sœur, je ne vois pas comme vous…..

Il me semble que c'est plutôt celui d’un ange » !

Je détournais les yeux, mais restais persuadée d’avoir vu le visage

d’un prince, pourfendant le ciel d’une démarche assurée, au pas de son fier destrier.


Le voyage était encore long jusqu’au prieuré voisin. L’abbé Limace peu bavard, bercée par les secousses de la route je sombrais vite dans le sommeil. Quand, une ornière plus profonde que les autres fit, le temps qu’il fallait pour le dire, perdre le contrôle à mon conducteur, qui d’un geste salvateur redressa la pauvre citroéne et du coup, me réveilla brutalement. Le regard encore plein de rêves, je levais les yeux au ciel pour remercier notre seigneur de ne pas avoir perdu la vie, quand !

-« regardez mon père, ce nuage sur votre droite….

Ne dirait-on pas un cœur transpercé d’un autre plus petit » ? 

-« Ma fille, vous avez l’imagination trop fertile pour une nonette qui va bientôt prononcer ses voeux . Il me semble que cela est plutôt un papillon» ! 

Je détournais les yeux, mais restais persuadée d’avoir vu battre le cœur de mon prince !




Or, dieu m’en est témoin,

je ne mens pas, et l’autre non plus.

Chacun de raconter ainsi qu'il a vu.

5 septembre 2009

Le ciel, la poétesse et eux (Captaine Lili)


En un ciel de soir qui tombe sur la ville, je voyais une trainée flamboyante de poudre rose, crachée par une dragonne farceuse.

Elle a dit : « c’est la pollution ».

Entre trois gros nuages de coton blancs et bleus, je voyais des bisounours roses, jaunes et verts, sauter à quatre-moutons, rieurs.

Il a dit : « dans les ciels du sud, le soleil ne se cache pas ».

Le corps au creux des vagues grisées, les yeux dans l’horizon tremblant infini, je voyais des îles aux trésors enchantées de rumeurs, vives.

Tu m’as dit : « c’est fou ».

Sous une brume mauve, transparente et gracile, je voyais un jeu d’ombres dansantes, flammes sombres sculptant, graffant la ville sourde.

Vous avez eu peur.

Parmi les gouttes lourdes d’une averse de pluie d’été, je voyais un tambour oriental m’invitant joyeux à ondoyer, libre et légère.

Elles ont dit : « ciel, mon brushing ! »

En un ciel de nuit tombée sur le monde, je voyais un clin d’œil ardent, rond de lune comme une perle de vie.

Ils ont dit : « c’est un lampadaire ».

5 septembre 2009

Depuis l'iPhone de Vegas sur Sarthe

En longues cohortes sauvages
Telles des fourmis excitées
Au Nord je les ai vus monter
Traînant d'étranges équipages

Quelqu'un m'a dit : C'est le grand train
Le tortillard des vacanciers...
J'ai eu beau les regarder bien
Moi j'ai vu des fourmis pressees


5 septembre 2009

L'écharpe de la Vierge ( Papistache)

Papi Jean s’est noyé voici quatre ans. Il serait bien surpris de découvrir qu’une des  petites histoires qu’il aimait raconter se sera finalement déposée au sein des défis du samedi, défis dont il n’eut jamais l’occasion de deviner l’existence, étant mort trop tôt, même si son rêve de gosse —passer l’an 2000 — lui fut accordé.

Dans la campagne vosgienne, entre les deux guerres, vivait une famille. Il devait en vivre quelques autres, Papi Jean ne nous entretint jamais que de celle-ci. Une famille d’autrefois : treize enfants. Papi Jean, lui-même était le douzième de sa famille, le tardillon.

Dans la maisonnée qui nous intéresse c’est également le tardillon qui intriguait. On vivait de la force de ses bras à cette époque, le père tonnelier, la mère fatiguée et les enfants à dure école : les filles occupées à mille tâches, les garçons en apprentissage, mais on s’aimait. Le soir, à la veillée, les langues s'agitaient.  Le tardillon délirait. Il voyait de ces choses. On riait de lui, mais on l’aimait bien, il était vigoureux et ne laissait à personne sa part de travail.

Un matin, cependant, le père et la mère prirent une décision. On irait à Épinal. On irait voir le docteur des yeux. Cette fois, il était allé trop loin, le tardillon. La veille, le ciel était sombre, sombre comme jamais. Il pleuvait sur Remiremont. Un rayon du soleil déclinant avait troué le ciel et le gamin s’était mis à genoux en pointant le ciel du doigt. Il s’était extasié un bon gros quart d’heure, appelant sa mère, son père, ses frères et sœurs.  « Comme c’est beau, on dirait l’écharpe de la Vierge à l’église du bourg » s’exclamait-il. « L’écharpe de la Vierge de l’Église ? Quelle imagination ! Une écharpe dans le ciel mouillé des Vosges? » se dirent ensemble parents et enfants.

Le docteur fit entrer la petite tribu. Tous étaient venus. Se rendre à Épinal était une fête. On allait en profiter, peut-être acheter un ruban ou des mouchoirs à carreaux... Le docteur examina l’enfant, interrogea, examina le père, la mère et les aînés, rendit son verdict : sur les quinze membres de la famille, quatorze étaient daltoniens, le dernier, seul, avait échappé à l’anomalie congénitale.

5 septembre 2009

Les créatures du soir (Tilu)

La chambre est noire, maman vient d’éteindre la lumière après m’avoir souhaité bonne nuit, puis elle est sortie et a fermé la porte. Je n’ai pas vraiment sommeil, je suis juste consciente que c’est l’heure d’être au lit, mais mes yeux n’ont pas envie de se fermer tout de suite, ils s’habituent doucement à l’obscurité et petit à petit retrouvent leur faculté de discernement .Je m’empresse d’aller rouvrir le double rideau que l’on vient de tirer sur la fenêtre, ainsi je sais qu’il va se passer des tas de choses sur le mur clair qui fait face à mon lit… J’attends. J’aime ce moment.

Alors commence le défilé, l’un après l’autre de grands animaux fantastiques et lumineux viennent me saluer, certains sont pressés et passent en galopant sans un signe pour moi, mais  d’autres trainent un peu plus, agitent leurs bras ou leur tête pour me faire rire ou me faire peur avant de disparaître. Certains même s’arrêtent, semblant eux aussi m’observer au creux de mes draps de leurs gros yeux globuleux.

Ils vont tous dans le même sens : ils arrivent de la gauche parcourent tout le mur de façon rectiligne plus ou moins vite selon leur caractère et s’évanouissent en un éclair.

Je les suis du regard, les observe, attend un signe d’eux, écoute leur voix. Ils ont tous une voix différente. Certains crient, d’autres ronronnent, d’autres toussent ou pètent bruyamment, d’autres encore grondent ou simplement soupirent fort.

Je les guette tant que mes yeux arrivent à rester ouverts, je sais que demain matin ils ne seront plus là, et qu’il faudra attendre la nuit pour qu’ils se montrent de nouveau.

La plupart du temps ils sont jaunes mais j’en vois quelquefois des bleus qui clignotent en chantant sur deux notes qui changent de tonalité au fur et à mesure qu’ils avancent sur le mur. Quelquefois je chante avec eux, mais pas trop fort sinon maman revient et me demande si c’est une heure pour chanter toute seule… 

Moi je sais que je ne suis pas seule, mais maman ne me croit pas , elle pense que je n’arrive pas à dormir à cause du trafic des voitures sur l’avenue qui passe au bas de l’immeuble. Elle dit souvent qu’il faudrait bien autre chose que ces gros platanes qui nous séparent de la voie pour atténuer ces nuisances sonores et que je puisse m’endormir en paix… 

5 septembre 2009

Le soleil a rendez-vous avec la lune ou L'histoire d'un amour qui s'éclipse dès sa naissance (Sebarjo)

Le soleil a rendez-vous avec la lune

ou

L'histoire d'un amour qui s'éclipse dès sa naissance

J'ai vu la lune

Et toi le soleil

Il n'y en avait qu'une

Et toi... pareil.

Pourtant des fesses,

Nous en avons deux

Et je vous le confesse,

Pour s'asseoir, c'est mieux !

Le soleil, lui, est Roi,

Même s'il est parfois inique,

Ce Monarque-là

est absolument unique.

(Couplet à deux voix, en alternance)

Tu es la lune

Et toi le soleil

Tu ne fais qu'une

Et toi... pareil.

Je t'aime tant

Et moi tellement

Brûlons tous deux

D'un même feu.

Mais à vouloir s'embrasser

On s'est soudain éclipsé

Ce fut alors un désastre,

Cette obscurité des astres.

Laissons tomber

Fuis-moi ma mie,

Mieux vaut laisser

l'astre au logis...

5 septembre 2009

La valise à Scherzos. 52, L’endroit vaut l’envers (Joe Krapov)

 

 

Finalement, elle sera allée de surprises en surprises, Philomène Troll, dans cette résidence Kaléïdété. Pour tout dire, elle ne se reconnaît même plus à l’issue de ces quinze jours dans les Landes. Ce séminaire Scherzos qu’elle abordait comme un contrat de travail chiant à effectuer parmi des intellectuels sinistres aura été une partie de rigolade de bout en bout ! Voilà quoi ! C’est clair !

 

Elle ne sait si le mystérieux commanditaire y retrouvera ses petits, elle n’a toujours pas compris le concept de l’émission et n’est même pas sûre qu’il s’agisse d’une émission. Maintenant elle s’en fiche. Ce qu’elle sait, c’est qu’elle s’est bien marrée à côtoyer l’incroyable Ludivine Dieu, Pee Wee le dépressif et ce taré de Joe Krapov qui n’en a pas foutu lourd jusqu’ici. C’est ce qui fait son charme, un charme différent : il n’est pas comme les autres et c’est bien plus marrant ! Et puis franchement, ce Yannis Scherzos, ses papelards, sa valoche ! La cuisine de Conchita, la gentillesse du major Dom… On approche de la fin du séjour et elle trouve ça dommage.

 

Pour terminer en beauté, elle a invité tout le monde à un petit jeu autour des dessins du Grec qu’elle a retravaillés sur son ordinateur afin de faire disparaître les petits carreaux.

 

- Voilà. Je vais vous montrer trois dessins et vous allez me dire ce que vous voyez. Chacun, chacune votre tour. Toi d’abord, Joe Krapov.

 

- Le savant Cosinus ? Un jardinier obnubilé par les carrés ?

 

- Non. Au mieux tu aurais dû répondre Dalton Trumbo mais en fait c’est un éléphant rose du Texas !

 

- C’est qui Dalton Trumbo ? a demandé Ludivine.

 

- C’est un scénariste d’Hollywood qui a réalisé le film « Johnny Got his gun » répond Pee Wee/Patrick Wolf.

 

- Tu as fumé quoi, toi, pour voir un éléphant ?

 

 

- Attendez ! A Ludivine, maintenant pour le dessin n° 2. Que vois-tu là ?

 

- C’est… Ca me rappelle… C’est Amélie Nothomb enfant qui fait de la corde à sauter !

 

- Tu n’es pas tombée loin ! Scherzos a écrit « La précieuse ridicule » ! En 1970, Amélie avait trois ans ! Non en fait il s’agit d’une reine scandinave qui fait une grosse colère.

 

Stupeur et tremblement dans le public du salon blanc.

 

- A toi Patrick !

 

 

- L’archevêque de Canterbury ? Monseigneur Dupanloup ?

 

- Pas du tout ! C’est un jockey qui fait pipi contre un arbre ! Voilà, quoi !

 

Les trois regardent incrédules la punkette écroulée de rire.

 

- Tu vas te fiche de nous encore longtemps ? s’énerve Ludivine.

 

- Oh calmos, madame Dieu ! C’est pas moi la responsable ! C’est encore une invention à la con de monsieur Scherzos. Faites le tour de la table et venez de mon côté. Vous verrez si je n’ai pas raison.

 

Ils contournent la grande table et regardent les trois dessins avec le point de vue de Philomène. Ils voient alors ceci :

 

- Un éléphant rose du Texas, une reine scandinave en colère, un jockey qui fait pipi contre un arbre ! Voilà quoi ! Je vous l’avais bien dit ! En plus vous remarquerez, je suis une fille sympa !

- Ah bon ? Première nouvelle ! » raille Krapov (Lemouton).

- Si mon bon monsieur ! J’ai imprimé les dessins espécialement pour vous, même si ça n’est pas très écolo. Sinon, devant l’ordinateur, vous auriez dû faire le poirier ou tourner la tête et, voilà, quoi, attraper un torticolis.

- Ah oui, c’est clair ! plaisante PeeWee. Voilà quoi !

5 septembre 2009

A l’ombre des balsamines (Tilleul)

 A l’ombre des balsamines,

J’ai vu, déposés sur le lit de l’onde,

des pépites d’or…

 Elles étincelaient de tout leur éclat

Quelqu’un m’a dit : ce sont des cailloux

Polis par le courant,

Qui brillent sous le soleil…

 Moi, j’ai vu des pépites d’or…

 

 

Dans le fond de l’étang,

J’ai vu, s’enfonçant dans la vase,

Un coffret d’argent…

Quelqu’un m’a dit : c’est un papier alu

Qui a été jeté par un promeneur

Peu respectueux de l’environnement…

 J’ai vu un coffret d’argent.

Or, je ne mens pas et l’autre non plus,

Et chacun raconte ainsi qu’il a vu.

 

 

5 septembre 2009

Tours d'ivoire (tiniak)

Main fredonnant l'herbe frisée
frissonnants grains de muscadet
chapelure appelée rosée
où j'irai déposer mes lèvres
avant qu'un rêve nous achève
avant qu'il nous ait emportés
perles vives dans la buée

Arrête un peu, dis
tu me chatouilles !

Calmes palmes devant l'or brun
n'en laissant fuir que des rais fins
persiennes fractures du jour
soudain quelque ennui vous tracasse
est-ce l'ouragan qui menace ?
qu'y puis-je faire ? comment sauver
le calme charme de vos ourlets ?

Regarde un peu, voir
j'ai pas une poussière ?

Eclats de forge dans l'atmosphère
brûlant ma gorge dans les enfers
un chameau passe, il est tout sec
un toucan délivre son bec
d'une pastèque
cependant je cherche à étreindre
la source au puits qui sait m'éteindre

T'as pas un peu soif, dis ?
parce que moi oui

Plus immobile qu'un caillou
stoïque tel un fier brisant
le monde roule sur mon cou
indifférent
à l'intérieur le rêve est plein
de jus, de flamme, de chanson
et, oui dame, de vos seins ronds

viens un peu par là, voir
que je t'embrasse

hélas, hélas, moment de grâce,
il est bien tard
sur le grand écheveau du soir
j'ai lacé mon tour d'ivoire.

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Le défi du samedi
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