Capable de pitié ? (Joe Krapov)
Une heure c’est court ou bien c’est long
C’est ceci cela, c’est selon
Qu’on est au lupanar ou bien chez le docteur,
Qu’on a ou pas un pantalon,
Qu’on est sur le billard ou bien dans un salon,
Qu’on est dans l’autocar ou bien dans un avion,
C’est court ou bien c’est long, saucissonnée, une heure.
Une heure c’est vraiment
long
Pour l’éjaculateur des prés
d’Ecosse
Mais ça n’est vraiment rien pour le lapin et les gars de Rennes :
Il suffit d’offrir ses hommages à plusieurs lapines à la suite
Du coup l’heure devient très petite.
On voit à peine le temps passer qu’il est déjà l’heure de rentrer
Pour dire un madrigal,
Prendre un repas frugal,
Remplir de bonne humeur le terrier familial
Et le devoir conjugal.
Une heure c’est long quand tu attends
Le départ d’un enterrement,
La fin du règne du Président,
Le moment du débarquement,
Une distribution de diamants,
L’début d’une éclipse à Shangaï
Ou l’réparateur d’Internet.
Les heures passent trop vite
Quand on est à Venise, à Jersey, en vacances.
Elles durent chacune trois plombes
Quand l’boulot recommence.
Une heure c’est long quand tu poireautes,
Que tu espères
comme une poire blette
Un bus 4
à l’arrêt du Mail,
Une fille sous la pluie sans chandail,
Quand tu veux régenter
la fête,
Que tu voudrais
les cons moins
bêtes
Ou bien même
qu’Henri IV arrête
De mâchonner des gousses d’ail.
Une heure c’est court vraiment pour ce que j’ai à dire
Une fois que je délire :
Je pourrais vous en tartiner
Des soirées et des matinées !
C’est pourquoi, mes ami(e)s,
Pour épargner vos yeux qui ont besoin d’lunettes,
Comme disait le merlan qui trouva un bifteck
Sous une frite à la Mecque :
« Ben c’est ici que je m’arrête ».