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16 juin 2012

Repartir de zéro, infiniment (Anémone)

 
Repartir de zéro, infiniment
 
Repartir de zéro:
Jouissance extrême.
Recommencer tout à neuf
Et ne rater pas une occasion
De me réinventer, de me refaire.
Sans plus couper les cheveux en quatre.
Sans y aller par quatre chemins.
Emprunter toutes les voies possibles.
Aller partout où je me sens bien.
Explorer l'infini
En sachant tout ce que je sais.
Redémarrer de rien.
Etre enfin entièrement moi-même
Dans cet espace totalement vide,
Qui lui seul permet le plein.
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9 juin 2012

Participation d'Anémone

L'ombre disait, l'air égaré, à la lumière:
- Je ne me trouve pas et ne sais qui je suis.
Et la lumière répondait tremblante:
- Je m'aveugle moi-même et m'éblouis, quand je ne gêne pas les autres, leur empêchant tout répit.
Alors toutes deux s'aidèrent à se reconnaître. A se compléter. A se parfaire.
Le jour et la nuit se rencontrèrent. S'unirent comme les deux faces du même.
Déployant l'un par l'autre leur identité entière.
Le ciel avait la couleur des profondeurs de la terre.
Et la terre des éclats radieux d'étoiles, de lune et de soleil dans ses replis.
2 juin 2012

Moisson quotidienne (Anémone)

Durables ou éphémères,
Des cadeaux viennent du ciel
Et surgissent de terre
Chaque jour pour qui s'émerveille.
26 mai 2012

Souvenir de voyage (Anémone)

 
Les galets trouvés entre Fécamp et Yport, avant d'arriver à Etretat. Je les ai encore.
Ils m'avaient mise dans tous mes états. Je les ai portés tout le chemin.
Puis pendant tout le retour jusqu'en Belgique en train. Dans mon sac à dos.
Magnifiques, percés de petites grottes miniatures. Tous différents.
La côte belge est réputée pour ses plages de sable. Nous n'avons pas de galets. Je les découvrais.
Pures merveilles ciselées par la mer. Erodées par l'eau salée. A la beauté plus brute que les coquillages.
Parfois aujourd'hui encore j'y pénètre en rêve. J'en franchis l'entrée, gratuite et grandiose, comme celle d'une grotte sauvage.
Je m'y délecte et m'y égare, m'y introduis sur des chemins humides et odorants. Où la grâce existe de s'enfoncer, afin de mieux renaître.
 
19 mai 2012

Au Musée de mon Coeur (Anémone)

  
 
Au musée de mon coeur
Il y a, bien présents,
Tous ceux qui jadis ou naguère
M'ont tendu la main.
Au musée de mon coeur
Il y a les fleurs des champs
Ramenées le soir en train
Des bords des chemins.
Au musée de mon coeur
Il y a des paysages
Ocres et verts.
Et le bleu de la mer.
Au musée de mon coeur
Il y a le rouge des ports
Et celui des toits.
Et puis des maisons blanches de guingois.
Au musée de mon coeur
Il y a des livres
Et des conversations sous la lune.
Des bistrots de campagne ou de ville.
Au musée de mon coeur
Il y a des étangs.
Des poissons, des oiseaux,
Toute une ménagerie: des chats, des chevaux.
Au musée de mon coeur
Il y a des saveurs,
Des tissus sans pareils au regard, au toucher.
Des parfums, des odeurs.
Au musée de mon coeur
-Et j'allais écrire "au jardin" -
Il y a, bien recensées,
Toutes tes taches de rousseur.
Au musée de mon coeur
Ta voix, tes sourires.
Tes cheveux, ta peau,
Avec juste sous la ceinture la marque du maillot.
Au musée de mon coeur
Pas de colonnades de marbre.
Au musée de mon coeur
Des chansons, des rires d'enfants.
Au musée de mon coeur
Il ne fait jamais froid sous les arbres.
 
 
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12 mai 2012

A rose is a rose is a rose is a rose‏ (Anémone)

         La roue est en mouvement, fut-elle immobile.
         Une rose est une rose est une rose,
         Ronde comme tous les cycles.
         Même éparse en pétales.
         L'oeil se fixe sur le centre du Labyrinthe,
         Sur ce qui se déroule dans ses méandres.
         Alors que dans le même instant tout va et vient, libre
         Entre l'intérieur et l'extérieur du Dédale.

        

5 mai 2012

Détournements d'accents (Anémone)

 
 
Lorsque je commençai l'exercice, je me rendis compte tout de suite combien l'objectif que je me donnais serait difficile.
Du moins c'est l'impression que j'eus au premier abord. Je ne savais pas encore que je me trompais.
J'ignorais qu'au contraire j'avais choisi une consigne sans relief, peu originale et bien trop rudimentaire pour ne pas pouvoir facilement la respecter.
Certes, il me fallait sans cesse louvoyer. Changer mon projet. L'affiner. Modifier constamment presque chaque composante.
Mais, un pas puis un autre, j'y arrivais. Un pari en somme que j'envisageais bien de gagner.
Toujours trouver l'alternative. Une gageure? Oh, pas si ardue finalement. J'allais y parvenir et remporter l'exploit sans effort, haut la main.
Trop simple, me dis-je. Vaincre sans danger, c'est triompher sans gloire.
Tel n'est pas mon propos ni mon destin: je convoite victoire plus remarquable, plus insigne prouesse, plus grand aboutissement.
En un mot comme en cent: plus brillant record, plus rare performance. Je nourris et je berce davantage d'amour propre et d'ambition.
J'entretiens plus de perspectives, et d'un plus haut niveau.
Complètement énervée en résumé par ce qui dût bien m'apparaître tout à coup comme fainéantise éhontée, bêtise et velléité, j'arrêtai en un éclair de me tâter, pour détruire d'emblée toutes précédentes données. Les ayant renversées avec fermeté, détournées, culbutées, sans nul égard pour leurs réactions bêtes et effarouchées, j'étais prête sans traîner à pénétrer la réussite et à m'en délecter, jusqu'à l'apothéose, la fête, l'apogée, dans ses plus hétérogènes variétés.
J'ai remarqué à ce moment précis que j'avais, de nervosité, plusieurs fois d'affilée éternué. J'étais comme en état d'ébriété. Légèrement affolée par les nuées d'échappées envisagées, qui se présentaient à ma vue comme réifiées.
Préférer à ma volonté première son opposé fédérait à l'expérience bien plus d'exubérance, d'émerveillement, de découvertes, débouchant sur de frémissantes félicités. Jamais je n'avais tant exulté. J'allais être comblée et me réjouissais déjà sans modération de la filière exploitée.
Inopinément émancipée, j'avais férocement décidé, sans plus flâner ni me repaître d'oisiveté, de goûter au succès suprême et véritable.
De prétendre sans gêne déplacée à une plus éblouissante et distinguée percée.
Me jetant avec énergie dans la mêlée, je désirais éperdument, avec allégresse et vivacité, des résultats non plus évanescents, mais éclatants, étincelants, extrêmes et osés défiant toute législature et tout procès, voire dépassant les lois de la gravité.
Il ne m'agréait plus d'éternellement les différer. J'avais assez postposé. Pas d'opportunité d'étendre ma réflexion: déjà j'étais sortie des allées coutumières et étriquées et j'étais entrée en compétition.
Le but le plus élevé que je m'étais fixé était créer un phénomène époustouflant: ériger un échafaudage échevelé, qu'on évente à satiété dans l'intimité des chaumières comme dans les lieux très fréquentés, et en toutes contrées aux qualités si démesurément diversifiées. Evénement sans précédent, révélé discrètement en début de soirée au coin de l'âtre, aussi bien que dans de grandes envolées, en matinée à la criée, aux cérémonies, aux conférences... bref partout où de la société était momentanément rassemblée.
Lancé à toute volée sur cette déclivité escarpée, le défi avait soudain cessé de paraître éminemment aisé.
Les visées avaient muté, inévitablement plus serrées devant l'immensité des tâches exigées à exécuter. Tout en préservant aux résultats escomptés une espèce de fraîcheur non écornée, il fallait découvrir, sans que cela semble drôle ou inadapté, des succédanés autorisés à suppléer aux modèles surannés datant du Moyen-âge ou de l'Antiquité. Que d'embûches!
J'ai commencé alors, énormément et sans y être préparée, à hésiter devant les quantités effrénées de difficultés prêtes à se hérisser.
J'ai douté, ébranlée, de mes capacités. Apeurée, anéantie même, effrayée plus qu'à peine, émue à tel degré qu'il m'en venait des suées. J'ai sans arrêt tergiversé. N'allais-je pas me prendre allègrement un râteau, une bûche? N'avais-je pas caressé une chimère? Et comme la chèvre âgée qui avait présumé de ses réserves et de sa résistance, j'ai lutté jusqu'à la nuit tombée et déployé crânerie, héroïsme et témérité. Comme si j'avais joué dans une pièce de théâtre où aucun spectateur n'aurait réservé. Esseulée et livrée aux éléments contraires. Jusqu'à la nausée.
J'ai éprouvé dans cet état combien je me sentais isolée. Dans l'impossibilité de déléguer. Impressionnée par mon inexpérience et ma naïveté. N'avais-je pas bâti là des châteaux en Espagne? Je n'allais tout de même pas enrôler un nègre. Une chose était réelle: cela n'allait pas être du gâteau ni d'une gaîté particulière. Plutôt une hérésie. On en avait placé sur le bûcher pour des délits plus bénins.
Moi qui étais si sûre de bien me connaître, j'étais sans préambule confrontée à l'obéissance sacrée à de nouvelles règles, âpres et épineuses.
Dépourvue entièrement de toute idée d'où par mes pas je serais menée.
Dénuée de présages sur ma destinée. J'étais sidérée.
Hébétée, je tâtonnais et trébuchais, telle un bébé éléphanteau qui vient de naître lâché dans un marché. Evoluant parmi les échoppes installées de tous côtés. Parmi les objets précieux à souhait.
A l'avance je me sentais brisée, éreintée, exténuée, épuisée. Persuadée d'avoir exagéré dans ma volonté d'épater mes congénères par un déploiement incontrôlé d'activité. J'avais mal évalué les étapes, calculé le bénéfice de manière erronée. Effrontée que j'étais dans ma quête! C'était là que le bât avait blessé.
Alors je n'ai pas tardé et me suis concentrée. Premièrement, j'ai élaboré dans la dignité une stratégie péremptoire sans réfutation qui eût pu être envisagée. Nullement démontée en définitive, j'ai ébauché pour débuter une prière assez développée, espérant quelle fût exaucée, afin d'être touchée par la grâce.
Pour me sentir rassurée, rassérénée, j'ai également relativisé et je me suis morigénée: en cas d'échec je me suis à l'évidence persuadée de l'impossibilité d'être amenée à comparaître. Nul châtiment n'était à la clé. Pas d'échafaud. Ni d'enquête, ni de procédure, ni de requête. Je ne serais jugée sous aucun prétexte et par aucun prêtre et je ne risquais ni mes diplômes liés à ma spécialité, ni aucun blâme vociféré avec cruauté, intolérance ou néfaste sévérité. Je n'allais pas être attachée, ligotée, emmenée à la Salpêtrière ou à la Santé. J'ai donc réfréné mon anxiété.
Il devrait se lever tôt, celui qui prétendrait être mon maître et me prendre en défaut. Son trône n'était pas prêt.
Et si par une disgrâce inexpliquée, personne ne me faisait l'aumône d'une appréciation agréable, si je n'étais pas complimentée en réaction appropriée à mes mérites incontestés, si nul ne se répandait en récompenses ni ne se pâmait de délectation, mon âme ne devrait pas pâtir du manque de goût de certaines créatures peu éveillées, dépossédées de la plus élémentaire sensibilité. Devant tant de désinvolte calamité, de réflexions inconsidérées pétries de pensées se prétendant éclairées, d'identités déréglées, je devais être édifiée et ne point montrer de crédulité. Je ne devais pas la trouver saumâtre ni me sentir reléguée. Moi qui n'avais jusque là pas éprouvé d'infériorité, pourquoi aurais-je interprété contre moi quelque décision hâtive édictée sans perspicacité?
J'avais d'ailleurs renoncé au désir insensé d'éveiller l'intérêt de quelque élève. Et j'envoyais paître les ânes bâtés (pas seulement les mâles, soit précisé ici entre parenthèses) de caractère pénible et acariâtre, qui prônent la bêtise et ne savent que bâfrer ou proférer des vérités éculées. Quand ils ne se mêlent pas de rédiger d'écoeurantes épîtres qu'ils donnent en pâture à une foule éplorée. Assemblée de déchets de l'humanité sur laquelle je m'étais méprise et que j'ai de façon bien injustifiée déifiée pendant tant d'années écoulées, alors qu'elle ne dévore, mâche et digère que des denrées étonnamment avariées (et en réalité prémâchées).
Il ne sera pas écrit qu'Anémone, héroïne véloce et futée, eût capitulé (ou capitulât) devant les élucubrations singulières, étranges et alambiquées de quelques têtes écervelées. Nul ne m'avait jamais dicté ses préceptes. Il n'était pas né ni près de naître, celui qui aurait commencé.
Je m'étais méfiée de moi-même, m'étais montrée perturbée par l'appréhension de ne pas entraîner derrière moi en les traînant à mes guêtres que des apôtres. Mais nul n'avait étêté mon édifice. Personne n'avait étouffé ma créativité. J'étais sauvée. J'avais gagné et j'étais fière, sans humilité mensongère. Emule du coureur qui émerge, fiévreux, dressé sur son vélo, de la conquête méritoire d'une crête. Peu importaient le mépris, l'imbécillité, l'incompétence. J'avais triomphé de mes démons. La chèvre n'avait pas cédé, pas décédé, devant la bête affamée qui avait revendiqué de faire bonne chère et réclamait de la chair fraiche pour que fût calmé son désir brûlant. Elle sortait de l'arène tête bien levée et triomphe assuré, appuyée aux fûts des colonnes, prête pour des salves déchaînées.
Quelles que soient les réactions à proximité, j'aurais donc réalisé mon rêve. Ce n'était guère compliqué. Je n'étais pas vénale. Nul appât du gain ne venait gâter ma démarche, ce qui élève le coût de l'effort. Je n'avais pas non plus, par piété exacerbée, sacrifié a des divinités assoiffées. Je n'avais entamé aucun pèlerinage et avais terrassé moi-même les malédictions rencontrées. Tant pis si ma ténacité n'était pas couronnée et si je ne pouvais prétendre à être éditée. J'aurais tout de même d'une certaine manière accouché en bonne mère d'un bébé prospère et en bonne santé, à défaut que ce pauvre môme eût, comme tout être est en droit de l'espérer sur cette planète, un père présent, prévenant et attentionné.
Là où j'aurais en suivant ma première idée fait de viles courbettes, je me répandais dès l'instant en de narquoises et élégantes révérences dirigées vers les irrévérencieux eux-mêmes: voilà qui est appelé savoir récupérer les événements. Savoir ouvrir une fenêtre pour aérer à point nommé quand l'air se raréfie inéluctablement
J'ai révéré alors la sagacité vénérée qui m'avait insufflé tant de lucidité. J'avais assurément évité les pires extrémités. 
Face à l'éventuelle dèche, au mépris, aux déceptions, à l'adversité, je ne connaîtrais pas la frénésie du désespoir ni la désillusion amère. Secrètement éblouie par la précieuse multiplicité de tous ces accents déchirants émis avec tant de fierté, j'éprouverais à l'intérieur de moi-même une plénitude équilibrée et une sérénité jusque là ignorées. Véritable régal à déguster sans modération mais avec ô combien de délicatesse inégalée... Ô voilà que je me sens légère, libérée, sans chaînes, comme si j'avais très agréablement lévité pendant une partie de la journée. Ou médité seulement?
 
28 avril 2012

Magie, es-tu là ? (Anémone)

 
Jill tient dans les mains le vieil album de jeux et de récits qu'elle a relu maintes fois malgré son jeune âge. Certaine de ne pas en avoir épuisé toutes les ressources. Sûre d'en faire émerger des découvertes fulgurantes. Persuadée qu'il recèle, bien cachée, une révélation. Fébrilement, elle invente des combinaisons, des lois, des codes. Il n'en ressort rien. Ce qui est ébranlé n'est pas sa foi en un univers magique, mais sa confiance en ses capacités personnelles. Elle attribue ses échecs à son propre manque d'imagination. Aux consignes idiotes qu'elle se donne, comme d'ouvrir le livre au hasard et de pointer à l'aventure un doigt sur la page. Comment peut-elle être assez stupide pour croire que cela donnera un résultat?
 
Quand elle découvre ces cahiers de papier blanc qui laissent affleurer, une fois mouillés, un dessin aux couleurs chatoyantes, elle pense toucher au miracle. Elle voudrait que quelqu'un lui explique comment on fabrique de telles merveilles. Mais l'expérience reste d'ordre surnaturel. Elle n'a aucun rôle à jouer dans ce qui se passe. Déception nouvelle. Ce qui la charme par sa magie ne lui laisse aucune liberté. En outre, de tels cahiers sont difficilement trouvables.
 
Sa plus énorme ambition ensuite n'est rien moins que de provoquer l'apparition de la Vierge Marie. Si elle n'apparaît pas à une enfant pure et innocente comme elle, à qui apparaîtra-t-elle? Prière non reçue et en tout cas non exaucée. Silence radio. Condamnation sans appel: si cette dame existe, Jill ne compte pas au rang de ses bénéficiaires.
 
Ne perdant pas courage, elle demande alors une boîte de magie. Mais quand on sait tous les trucs, quel intérêt? Elle n'est pas tentée de beaucoup utiliser une telle magie démystifiée. Une boîte de chimie peut-être? La magie y serait expliquée tout en ne l'étant pas tout à fait. Trop dangereux: elle lui est refusée.
 
Enfant solitaire, sans jardin, elle ne peut jouer dans la rue. Trop dangereux aussi. Alors elle s'aventure souvent avec curiosité dans les méandres du tapis du salon. Le regarde comme un grimoire. Explore avec attention ses anfractuosités, ses mystères. Espérant qu'une fois grande, elle en percevra tous les secrets. Plus tard, elle se dira en effet qu'elle n'a sûrement jamais été si proche de saisir les arcanes du monde.
 
Jill a grandi. Elle sait maintenant que la magie ne se commande ni ne s'achète. Elle observe chaque jour avec émerveillement ce qui ne vient pas des livres, mais peut passer par eux. Cette loi d'attraction qui fait que nous attirons ce que nous sommes et ce dont nous avons besoin. Que nous rencontrons qui et ce que nous devons rencontrer. Cela se passe au-delà du contrôle. La magie n'est pas une question de pouvoir mais de lâcher-prise. La petite fille voulait tout maîtriser. Voilà pourquoi cela ne marchait pas. Il suffit de laisser venir...
21 avril 2012

Avec des si‏ (Anémone)

Alice (soupirant): Si seulement je savais qui je suis!
Le ver(toussotant): Avec des si, ma belle, on mettrait Paris en bouteille.
Alice: Mais pourquoi Paris? Pourquoi pas Bruxelles?
Le ver: Ce nom ne fait pas partie de mon Système d'Information, belle demoiselle.
Alice: Pourtant il s'y trouve bien un Syndicat d'Initiative, que je sache.
Le ver: Ce nom n'existe pas, chère enfant, dans mon Service Informatique.
Alice: Cherchez bien!
Le ver: Bruxelles n'est pas repris dans notre Sélection Internationale. C'est comme ça.
Alice: Fichtre!
Le ver: Comment?
Alice: Fichtrebleu si tu préfères.
Le ver: Allons jeune fille, pas d'insulte. Et ne me tutoyez pas je vous prie.

Alice: Je n'ai que faire de votre Système International.

Le ver: Vous êtes une scie.
Alice: Et j'en suis fière!
Le ver: De plus vous me prenez pour un ver.
Alice: Et...?
Le ver: Je suis une chenille.
Alice: C'est vous qui le dites.
Le ver: Si si si!
Alice: Vous êtes une chenille?  
Le ver: Oui!
Alice: Je ne vois qu'un ver. A soie.
Le ver: Justement. A soie. Pas à toi.
Alice: Pas à moi?
Le ver: De jouer.
Alice: Alors joue. Lance le dé.
Le ver: Je le lancerai si et seulement si...
Alice: Si quoi?
Le ver: Si et seulement si j'ai dit, tu déguerpis.
Alice:Avec qui joueras-tu alors?
Le ver: Je sais m'amuser tout seul.
Alice: Un coup de dés jamais n'abolira le hasard.
Le ver: Tu connais ça toi?
Alice: Ben, tu me prends pour une cruche ou quoi? C'est pas parce que je suis blonde...
Le ver: J'étais blond aussi quand j'étais jeune.
Alice: Blonde, toi?
Le ver: Blond, oui, j'étais blond. Comme Clo-Clo. Comme Laurent Delahousse. Comme....
Alice: Blonde, ça alors!
Le ver: Blond!
Alice: Mais, tu n'es pas une chenille?
Le ver: ...
Alice: Ah tu passes ton tour. Je vais faire mon double six.
Le ver: Pas question!
Alice: Tu ne pourras rien y faire.
Le ver: Pourquoi es-tu si pâle?
Alice: Tu as dit le mot question.
Le ver: C'est possible.
Alice: C'est certain.
Le ver: Si tu le dis.
Alice: Oh, avec des si....
Le ver: Alors, ce double six?
Alice: Je n'ai plus envie de jouer.
La chenille: Qui es-tu?
Alice: Je suis une petite fille.
La chenille: Tu l'as dit.
Alice: Alors, si nous sommes d'accord, faisons la paix.
La chenille: D'accord.
Alice: Prends-moi dans tes bras.
La chenille: Je n'en ai pas.
Alice: Ca ne fait rien, je te prendrai dans les miens. Tu t'enrouleras autour de moi.
La chenille: Très bien.
Alice: Viens.
La chenille: Où cela?
Alice: Ici. Maintenant. Je vais te faire entendre Françoise Hardy. Ca ne te plaît pas?
La chenille (heureuse enfin): Oh si! 


14 avril 2012

Difficile question (Anémone)

 
Alice allait poser sa question:
Qui suis-je?
Mais en arrivant près du champignon,
La chenille devant lui répondre
Etait devenue papillon.
7 avril 2012

Permanente autant que possible (Anémone)‏

Permanente autant que possible
Et non réduite à un objet,
Je suis celle qui te laisse libre,
Unie chaque jour à tes projets.
 
 
Mon ciment tient tes murs droits.
Ma charpente soutient ton toit.
Je te réchauffe et te nourris,
En moi tu aimes et te construis.

Ton art, ton devenir, tes livres
Dans l'harmonie résident ici.
Ce qui fait ton élan de vivre
M'habite aussi.

Ta clé ouvre ma porte,
Ou est-ce le contraire?
En tout cas ta présence m'apporte

Toute la saveur de la terre.

Tu m'as choisie pour logis.
Pour notre essor à toi et moi.
Et je rends grâce d'être ton nid
Fertile et débordant de joie.

31 mars 2012

Avec du vieux, je fais du neuf (Anémone)

Manifeste pour le droit aux fêlures
et la reconnaissance des failles

 
 
Avec joie je récolte
Les pots cassés,les assiettes,
Les tasses ébréchées,les plats,
Les débris,les fragments,les miettes.
Pour une brocante?
Point du tout.
Par amour des choses en mauvais état?
Pas tout à fait.
Parce que je les répare?
Je crains que l'on s'égare.
Pour un jeu de chamboule tout, alors?
(Chez nous on appelle ça "ménage de Caroline")
Pas exactement.
Pourtant en effet, je les démantèle plus encore.
Les morceaux de miroirs me portent bonheur.
Le rustique du grès épouse la fine porcelaine.
La terre se mêle à l'or.
Je sépare, je brise et je réunis,
Comme si je rassemblais les parties de moi-même.
Avec du vieux je fais du neuf.
Quoi de neuf aujourd'hui?
Un couple de paons échappé à une mort certaine
Dans une déchetterie
Embellira le jardin.
Pour lui j'ai recréé un chemin de pierre.
Dans la vasque où il trône, je ferai couler l'eau
Et flotter le lierre.
De leur union naîtra peut-être un oeuf.
Ou plusieurs.
Et d'avoir été à deux doigts de disparaître,
De ne pas pouvoir s'unir,
De ne pas se connaître,
Ils éprouveront plus richement l'ampleur

De leur plénitude.

24 mars 2012

Construction textile (Anémone]

 
 
Défaire les fils patiemment.
Séparer ce qui s'est emmêlé
De ce qui s'en est mêlé et n'a rien à voir
Avec mon histoire.
Retourner la trame et contempler l'envers du tissage.
Retrouver les couleurs propres à mes valeurs.
Renouer les liens nécessaires.
Couper le cordon qui entrave.
Restaurer le tissu dans mon intégralité.
Reconnaître les noeuds qui sont utiles
Autant que subtils.
Aimer leur beauté.
Et créer chaque jour avec l'or comme la corde
Avec l'herbe tressée
Et la teinture végétale
Le patchwork unique et changeant
De ma conscience en marche et fractale.
 
17 mars 2012

Le goût de Camille et Madeleine (Anémone)

N'en déplaise à certains, le goût de lire et d'écrire m'est venu par la comtesse de Ségur.
Termes désuets, tournures anciennes. Elle fut mon premier contact avec une langue autre que quotidienne et parlée.

Fillette très solitaire dans un milieu modeste, j'ai un jour rêvé que j'étais conviée au château.
C'était en fait une toute petite tour, isolée du reste de la bâtisse et réservée uniquement à la chambre de Camille et Madeleine.
Je voulus ensuite écrire mon rêve, mais je ne savais pas encore manier le stylo. Et personne ne put ou ne voulut m'aider.
Je ne l'ai donc rédigé que plus de quarante ans plus tard. Dans un style sûrement meilleur que je n'aurais pu le faire enfant. Mais fidèle à mes sentiments de petite fille.
A l'âge où je l'ai écrit, j'avais l'impression d'enfin naître davantage à moi-même, et de trouver pleinement ma place en ce monde.
Ceci donne à l'issue du texte une nouvelle signification.
Camille et Madeleine, (et je m'identifiais plus à Camille qu'à Madeleine), ce sont les jours heureux de mon enfance.
L'éveil aux bonheurs de la littérature, aux sentiments d'affection, à la nature.
Voici mon rêve:
 
   Je cours au château. Je sais où trouver Camille et Madeleine.
   Un escalier en colimaçon. Je le monte et suis à leur chambre.
   Madeleine a descendu quelques marches: elle vient à ma rencontre. 
   Elles sont là, comme je les attends. 
   Madeleine en robe bleue. Camille en robe jaune.
   Elles jouent avec leurs poupées.
   Et je peux voir, tout comme je les avais imaginés,
   les jolis trousseaux, les petites armoires.
   Je touche le taffetas vieux rose d'un manteau.
   C'est enfin arrivé.
   Je suis admise à jouer avec elles.
   A leur montrer que je les aime.
   A recevoir leur affection.
   Mes héroïnes. Mes belles.
   Les petites filles que j'aurais voulu être.
   Je suis au château.

  

10 mars 2012

Puisque je veux t'être chère.... (Anémone)

Puisque je veux t'être chère,
J'ai décidé de me faire rare.
Rare comme une ride de Cher.
Chère comme un oiseau rare.

 
Cessant de me voir passer,
Et ne croisant plus ma route,
Tu te prendras à rêvasser.
En toi s'insinuera le doute.
 
Tu ne comprendras pas tout de suite.
Quel manque te tourmente.
Toi si prompt à prendre la fuite,
Et coutumier de la tangente.
 
Tu te poseras des questions
Sur ce qui trouble ta quiétude.
Puis s'écroulera le bastion
Erigé par tes habitudes.


Tu regretteras le temps si doux
Où j'étais disponible
Quand tu refusais qu'entre nous
Quelque amour fût possible.

Tu hésiteras à me faire signe
Puis tu m'appelleras,
Te traitant de triple imbécile.
Tu m'imploreras.

J'entendrai ta voix qui se fêle
Me dire: N'y a-t-il plus d'espoir?
Alors précieuse, exceptionnellement belle
Commencera vraiment notre histoire.

3 mars 2012

Etrange pièce (Anémone)

Après la mort de ma grand-mère - j'avais six ans - , j'ai rêvé très souvent que je la cherchais, dans des villes étrangères.
Je la guettais, et croyais l'entrevoir, derrière une fenêtre. Cachée par des rideaux. Entre des persiennes.
Puis ces rêves ont cessé. J'ai vécu ma vie, pensant parfois à elle.
Maman me disait que je lui ressemblais. Physiquement, plus que de caractère.
Et tout à coup une nuit,  j'appris où elle était. J'avais bien dans la quarantaine.
Elle vivait dans une chambre. Recluse. A Bruxelles. Présence presque palpable, mais surnaturelle.
Nul besoin n'était donc de la chercher très loin.
Je n'arrivais pas à comprendre comment elle avait pu rester là. Et pourquoi c'était arrivé. Cachée, à l'insu de tous, pendant tant d'années.
Je ne concevais pas comment ma mère, jour après jour, an après an, avait pu lui rendre visite et entretenir le secret. Pour quelles raisons avoir dissimulé?
La pièce qu'elle occupait était une sorte de grenier. Un lieu encombré d'un fatras de décors de théâtre.
De vieilles chaises, un phonographe, une vieille machine à coudre. Une table, une lampe à pétrole, quelques cadres.
Comment tout cela était-il possible? J'avais beau me pincer. Je ne me réveillais pas.
Et une fois réveillée, j'y croyais encore.

25 février 2012

Par tous les temps de la vie (Anémone)

 
Se balancer au printemps,
Même avec menace de grésil,
C'est facile.
Mais se balancer en hiver.... 
Il faut être audacieux, inconscient,
Ou vraiment téméraire.
 
Se balancer en été,
Il n'y a qu'à se laisser pousser,
C'est aisé.
Mais se balancer en hiver...
Il faut du désespoir, beaucoup de chagrin,
Ou autant de colère.
 
Se balancer en automne
Avec aux branches comme sur le sol
Des couleurs d'arc-en-ciel,
Quelle merveille.
Mais se balancer en hiver...

C'est devenir inventif et libre,
Facétieux et léger.
Pareil à la neige.
Semblable à l'air.

18 février 2012

Haïku (Anémone)

Le sourire du Bouddha



Sur la dernière marche


Vient vers moi.


11 février 2012

Comme je n'aime pas beaucoup les déguisements... (Anémone)

 
Comme je n'aime pas beaucoup les déguisements et que je dispose d'assez peu de temps, j'ai fini par trouver l'idée qui concilie rapidité et absence de parure. Vu la rigueur de l'hiver, j'attendrai toutefois l'été pour paraître. C'est bien le moindre des égards que je puisse avoir envers vous, et envers moi-même. Les mois chauds se prêtent beaucoup mieux à mon projet: je n'ai aucune envie de m'enrhumer ni de vous rendre malades! Dans quel accoutrement léger, pensez-vous, ai-je donc l'intention de me produire à la fête? En tenue d'Eve? Oh! Je n'aurai pas besoin de masque, vous ne pourrez  pas me reconnaître. De plus, passant inaperçue, je pourrai faire impunément toutes les bêtises. Je vous laisse deviner lesquelles. Ce sera un peu comme si je n'étais pas là.  En même temps je m'amuserai comme une folle. Vous me sentirez passer, parfois. Vous vous retournerez. Il n'y aura personne. Et tout le monde chuchotera: "Où est Anémone? ". Chacun cherchera explication au mystère. Et moi je rirai en silence, conquérante solitaire. Je serai travestie, simplement... en courant d'air!
4 février 2012

"Bruxelles mon bel" (Anémone)

"Bruxelles mon bel", roucoule ce cher Dick, 

Qui vient droit des régions dessus notre Belgique

Et dont voici le nom tout heurté d'interdits.

Nulle première voyelle, qu'on se le tienne pour dit ! 

Mettons donc de côté les réflexes féministes

Et de mes belles conquêtes dressons une première liste.

Si Bruxelles ne peut plus être un nom féminin ,

Il peut bien devenir un de mes concubins.

Toutefois comme on le dit en nos provinces du Nord:

Opgelt! Méfiez-vous du sexe qui se croit fort. 

Le Prince Cher ment! Il frime, évidemment!

Pour preuve voici l'exemple le plus curieux qu'on puisse:

Son symbole se révèle un simple bébé qui pisse !

Brel le modèle, espiègle, du temps des omnibus.

Bruno, lui, veut l'offrir, présent issu des puces.

ll se goinfre de frites et s'inonde de bière,

 Signes de virilité dont il est tellement fier!

Pourquoi voulez-vous donc que je le trouve bel?

Suis-je peut-être lesbienne, bref je le préfère "elle".

Ce poème de deux sous, eus-je peine pour l'écrire?

Perec qui lui le "e" se propose de proscrire

Dut certes en surmonter de vertes et plus belles.

Pourquoi fit-il le choix de ne point nous entretenir de Bruxelles?

 

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