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Le défi du samedi
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14 décembre 2008

Sainte Odile

Bon anniversaire, Valérie !

Avec, par ordre d'apparition :

catgrisVersatile

 chat_qui_court2Cyclothymique

chat_qui_s_leve,Volage

 chat_qui_sen_vaChangeant

et le tout petit  catgrisIncertain

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14 décembre 2008

Défi #40

Consigne double pour les fêtes!

Deux consignes pour les fêtes. Vous pouvez répondre à celle que vous voulez, ou aux deux si vous êtes inspirés.


Consigne 1: (pour samedi prochain, soit le 20)

Nous sommes le 24 décembre, il est dix-huit heures et le Père Noël est introuvable. Il a disparu.  A vous de nous dire ou il est passé et de faire en sorte qu'il soit à son poste à temps pour la distribution des cadeaux.


Consigne 2: (pour dans deux semaines, le 27)

Nous sommes le 31 décembre, il est 23h59, et un incroyable obstacle empêche le monde de basculer dans la nouvelle année. Quel est-il, ce terrible contretemps?
Vous saurez l'éviter pour garantir le passage à la nouvelle année.

samedidefi@hotmail.fr

14 décembre 2008

Déjà sous le sapin

sapinMAP ; Caro_Carito ; Val ; Poupoune ; Brigou ; Adi ; Walrus ; Pandora ; Joye ; Martine27 ; rsylvie ; Joe Krapov ; Tilleul ; Teb ;

13 décembre 2008

La conjonction (Papistache)

Madame Miel ! Madame Miel ! Lila le sait, ce n’est pas un nom à dompter les fauves. C’est un nom à donner à une amante alanguie, le nom d’une femme qui offrirait son corps aux savantes succions d’un amant-fourmilier gourmand. ‘Tu te feras bouffer, Miel, change de nom !” lui avait dit sa professeure d’anthropologie sociale à l’IUFM. Fiel ! Voilà un nom qui lui aurait promis une belle carrière de peau de vache à l’éducation nationale. Qui voudrait y mettre la langue ou même un doigt ? La mère Fiel en français, ça en aurait imposé. De plus, cela lui aurait donné l’occasion de rencontrer le sous-préfet chargé de l’instruction du dossier de changement de patronyme. Elle est pas belle la vie ?

Le sous-préfet ! Mademoiselle Corentin lui annonce que son rendez-vous de 11 h 30 est annulé. Monsieur Glaire est souffrant. Il devait signer sa demande de modification d’état-civil. Gloire, un fameux sésame pour qui veut briller au firmament de la scène artistique internationale. Antoine profite de cette demi-heure volée à son emploi du temps pour marcher dans le parc. Ses pas le dirigent vers le canal qui traverse le poumon  vert dec la petite sous-préfecture. Il ne sait pas qu’il ne reverra jamais ni son bureau, ni sa secrétaire, ni rien de ce qui forma son horizon jusqu’à aujourd’hui. Il ne le sait pas.

Lila quitte le collège ; sa honte transpire de chacun de ses pores. Si l’auteur l’avait voulu, il aurait montré le froncement du nez des collègues de la jeune femme sur son passage. Acre senteur détestable. Seulement, les couloirs sont déserts. L’aigre relent de peur, d’indignité et de trahison qui flotte dans le sillage de la jeune femme se mêle aux adolescents effluves des collégiens qui poissent les murs gris maculés de douteuses souillures anonymes. Lila ne sait pas que l’ombre gracile de son corps contenu dans de chastes vêtements pédagogiques ne se découpera plus jamais sur les ordures qui maculent les murs de l’établissement. Elle ne le sait pas.

Antoine s’approche du canal. Il a chaud mais ne quitte pas sa veste.

Lila se laisse porter par ses pas. Son pied ne se pose jamais sur la moindre faille. Elle maîtrise les pièges que l’existence lui tend sur chaque trottoir qu’elle foule. Elle maîtrise. Elle contient les forces obscures qui, sans elle, provoqueraient chaos et apocalypse.


Lila arrive dans la plaine des Comètes, face à la vieille sous-préfecture, de l’autre côté du canal. Côté populaire. Côté des marginaux qui squattent les fourrés. L’auteur pourrait dire le pourquoi du nom de la plaine. Il le ferait s’il écrivait un roman. Il aimerait tant jouer au démiurge omnipotent. Lila aurait-elle emprunté une passerelle, au-dessus du canal, si elle avait existé ? Qui le saura ?

Antoine ignore — tant de choses lui échappent — que l’un de ses prédécesseurs a refusé le permis de construire une passerelle qui aurait facilité le passage d’une rive à l’autre du canal. Le pont est loin, Antoine ne l’atteindra pas, il ne le sait pas. Il va s’arrêter avant même de l’apercevoir.

Un arbre remarquable — c’est ce qu’annonce la plaquette émaillée, qu’un fil de cuivre retient à la barrière qui entoure le phénomène — s’offre à son regard. Un arbre centenaire à l’écorce tourmentée. Un châtaignier ! Lila se baisse, se glisse sous la barrière. L’arbre l’attend. Elle marche vers lui, le touche. Si l’auteur l’avait voulu, il aurait fait passer par là un amoureux de la photographie — disons qu’il l’aurait appelé Dominique— qui aurait volé un cliché unique et qu’instinctivement — mais nous, nous aurions su qu’il n’était là rien d’instinctif — il aurait intitulé : “Miel au châtaignier”. Mais l’auteur ne l’aurait pas fait. Lila s’adosse à la rugosité de l’arbre, y suit, du doigt, les longues cicatrices de l’écorce et monte dans l’arbre ; les branches tortueuses — c’est un arbre remarquable — facilitent sa progression et Lila s’y  endort. Entre deux branches en Y. Lila s’y endort. Cette répétition, l’auteur l’aurait voulue.


Le soleil est chaud. Un garçonnet dessine à la craie une ville imaginaire remplie d’immeubles aux fenêtres argentées. Il dessine sur le quai cimenté du canal. Une péniche y est amarrée. Antoine s’approche :
— C’est très joli ! C’est une ville que tu as visitée ?
L’enfant ne lève pas la tête, son crâne aux cheveux coupés très courts est caramel :
— C’est toi le nouveau ? papa t’attend.

Une longue plainte tendre réveille la jeune professeure. Un homme, sous la frondaison qui la cache, joue du saxophone. Il doit être jeune. Disons qu’il est jeune. Lila ne voit qu’une partie de son dos et ses jambes. Un rayon de soleil souligne la frisure des poils de ses mollets. La plainte de l’instrument pénètre Lila qui devient arbre. Alors, l’arbre  lui enseigne la raison de singularité.


— C’est moi !
Antoine ne sait pas qu’il vient de quitter l’orbite sur laquelle il tournait depuis sa naissance. Une révolution dans sa révolution.

— J’ai germé ici, voilà neuf cents ans. L’arbre dira le nombre exact, mais l’auteur ne retiendra qu’un ordre de grandeur. Neuf cents ans !  Ici. Précisément au-dessus de cette intersection de forces telluriques qui nouent le monde. Mes racines s’enfoncent dans trois directions : trois axes de vie. Les humains croient que des racines de vingt mètres constituent des records. Ils se trompent, les miennes mesurent mille kilomètres.
Par la médiation du chant du saxophone, Lila écoutera le discours de l’arbre. Quand elle descendra, beaucoup plus tard, la nuit aura voilé la lumière, Lila aura entamé sa mutation. Les failles que, jusqu’ici, elle avait soigneusement évitées seraient désormais sa voie. Dans la pénombre de cette nuit étoilée, un scintillement lui montre le chemin. Lila marche sur le courant tellurique qui va la mener, de nœuds en nœuds, à coudre de ses pas un lacis de verdure autour de la planète.

Le marinier sort de sa cabine. Ses muscles jouent sous sa peau. Il est si beau. Antoine confirme son mensonge. L’homme à la peau cuivrée pourrait s’étonner que son nouveau mousse soit aussi bien vêtu. Il ne le fait pas. Il l’aurait fait qu’Antoine aurait inventé un baptême ou toute autre vague cérémonie familiale.
Le gosse a salué le départ de la péniche de la main et a poursuivi son dessin sous le soleil ardent. La péniche transporte une cargaison de craies de couleurs. Dans les moments où les étreintes fougueuses ,qui vont lier son corps à celui de son compagnon de navigation, s’apaiseront, Antoine va recouvrir le pont de l’embarcation d’arabesques envoûtantes.

Une provision de fruits ramassés sous l’arbre, Lila est placée sur son orbite. A chaque nœud, elle enfoncera en terre un arbre en espoir, les puissances enfouies sous la terre en accélèreront la germination. D’arbres remarquables en arbres remarquables, de carrefours en carrefours, un réseau végétal va enserrer la planète.

Il ne sait pas que cette fusion homosexuelle s’arrêtera à Rotterdam, ni qu’il rebondira de là vers un autre port, ni qu’il couvrira de ses ensorcelantes lignes tous les tarmacs de la planète. C’est trop tôt. Il ne peut pas le savoir. Ce n’est pas encore écrit. Pas encore. L’auteur y songe.

Lila Miel ne voit pas que, derrière elle, l’herbe retrouve force et vigueur. Un mince filet d’énergie pure verdit sous ses pas. Un satellite australien, en rotation autour de la terre enverra, quelques années plus tard, de curieux clichés montrant ce maillage à l’œuvre. Dans un observatoire, une jeune femme, Baïla — et pourquoi pas, Baïla ?— s’ingéniera à remonter l’historique des données et parviendra à situer le départ de cette renaissance. Elle fera le voyage jusqu’à la plaine des Comètes et quand un chant mystérieux l’aura initiée, elle partira dans la direction opposée à celle suivie par son aînée, Lila.

Valérie enverra un détective sur les traces de son époux. Un détective qui se prendra de passion pour des dessins à la craie qu’il photographiera avec un soin amoureux à chacune de ses découvertes. Valérie se lassera vite de payer un incapable. Le détective publiera de somptueux albums de ses images. Il en vivra aisément. Il s’efforcera de toujours maintenir un avion, un bateau, un tram, un pousse-pousse de retard sur Antoine qu’il ne croisera jamais.

Lila et Baïla vont sillonner le monde, en veillant à poser le pied sur chaque faille invisible que de subtils indices leur désigneront. Chaque soir, elles trouveront un lieu d’accueil occupé par de délicieux gardiens des trajectoires. Elles y seront nourries. Parfois des bras plus doux qu’ailleurs les retiendront une semaine ou un mois, voire plus, mais toujours elles reprendront le fil de leur ellipse.

Au fil des années, la collection des albums photographiques du détective — l’auteur l’aurait appelé Dominique ou Jean-Pierre — constituera une encyclopédie des errances d’Antoine. Valérie achètera plusieurs exemplaires, s’en fera offrir d’autres. Elle encadrera les plus belles reproductions pour décorer son appartement. Elle aimera y plonger son regard sans savoir pourquoi. Elle y puisera un apaisement divin, que son nouveau compagnon partagera. Des millions d’autres, sur la planète, comme elle, comme eux, y chercheront des réponses à des questions qu’ils ne s’étaient pas encore posées. Et, comme ce sera un roman, ils les trouveront.

L’auteur, s’il avait le temps, fouillerait les prédictions de Nostradamus — au besoin, il en inventerait une — et pour clore son ouvrage, il exhumerait une prophétie annonçant la félicité universelle au jour où  la conjonction de la course de trois comètes se donnerait à voir au-dessus d’une plaine traversée par un canal aux eaux plates et d’une sous préfecture vieillotte. Bien sûr, l’auteur reprendrait son brouillon et n’attendrait pas la fin de son livre pour amener la prédiction du mage, il placerait quelques jalons pour que les lecteurs pertinents en aient l’intuition avant le dernier chapitre.

Tiphaine, je vous demande de bien vouloir excuser le mauvais brouillon que je livre à la lecture ce samedi, il est 11h 59 à l’écran de mon ordinateur. Même en faisant vite, je ne posterai pas ma participation pour midi.  Je vais laisser tant d'incorrections ! En attendant, j’ai passé une excellente semaine en compagnie de vos personnages et croyez que les chemins que j’ai rêvés pour eux étaient mille fois plus beaux que ceux que j’ai réussi à écrire en cette matinée.
Pardon.

 

13 décembre 2008

Etude de cas dans la salle de sciences - violette7

-"Voilà ", commença le professeur du haut de son estrade (Il détestait cette salle de cours réservée plutôt aux sciences avec un bureau perché au dessus des tables avec des carreaux en faiences, une salle qui n'inspirait pas la réflexion, une salle qu'il occupait en plus chaque vendredi de 15h à 17h avec ses étudiants) "voilà donc le texte d'aujourd'hui".
Il proposa comme à chaque fois une lecture commune à haute voix. C'est la fameuse petite brune qu'il n'osait regarder droit dans les yeux tellement justement, il la trouvait fameuse qui déclina sa proposition. En l'écoutant, il sentit que de cette lecture, déjà, ces élèves pouvaient trouver un sens. Il laissa un silence, un silence de digestion...digérer mes petits...digérer ce texte....digérer la lecture de la fameuse petite brune...
Quand il sentit son auditoire en attente, il reprit la parole : "vous avez une heure, une heure pour trouver une suite, une direction, une fin à ce texte....à vous!" La salle se fit muette, muette d'un silence à vous coller un fou rire immédiat......il se retourna vivement vers le tableau pour cacher son visage.
Ce texte, il l'avait écrit lui même. ce n'était pas dans ses habitudes...mais il était plutôt satisfait de lui.....c'est la petite brune, en plus qui avait fait la lecture à voix haute..il avait envie de s'en frotter les mains......
Les étudiants s'étaient mis à plancher. Il allait avoir encore de tout, de tout et de rien....Il savait pourtant lui de quoi il retournait , puisqu'il en était l'auteur. Il pensa qu'il serait plus sévère cette fois. Il s'attendait à toutes les banalités du genre : Lina et Antoine se rencontrèrent ce soir là devant la vitrine du boulanger et au pire devant les besoins du chien de Madame Beltran et leurs vies furent transformées.......Il y aura la psy de service qui reniflera l'impasse de ces deux vies, le doute et la non existence......Il y aura celle qui pense qu'on avance seule dans sa vie et qu'on n'a aucune raison de faire se rencontrer un Antoine et une Lina, .....Il y aura la description d'un crime à la Fred Vargas entre deux êtres , une pauvre fille pleine de rêves, un sale bonhomme, aigri de déménagements et de vieille secrétaire....Il y  aura les affaires de famille : Antoine doit annoncer à sa fille Lina qu'il s'est remarié avec une fille de son âge à elle avec qui il a des jumelles de 6 mois......ou bien Lina qui vient reprocher à son père de lui avoir légué le nom de Miel............... Il y a aura la plume qui dira : ça m'inspire pas, point.
Il y aura quoi encore? D'avance, il ne leur en veut pas.....décidément cette salle.......il ne l'aime pas...C'est un véritable défi que de se concentrer ici sur une histoire à pousuivre....   

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13 décembre 2008

Deux vies - Janeczka

Lila se retrouve dans le bureau du directeur sans trop savoir comment. Elle ignore qui a pris la releve de sa classe et ne s’en preoccupe pas.

Le directeur lui deballe des paroles qui se noient sous le bruit des vagues. Elle serre contre elle son cartable plein de ces cours qu’elle ne fera pas, qu’elle n’avait pas voulu faire. S’en sert comme d’un barrage, une defense. Le directeur la regarde dans les yeux, tente un vain sourire et soupire. La discussion, ou plutot le monologue, est termine. Lila comprend qu’elle peut s’en aller et s’enfuit aussi vite qu’elle peut, aussi loin qu’elle peut.

 

Antoine n’a pas vu le temps passer. Il est deja presque douze heures et la faim commence a se faire sentir.

Il s’est retrouve extrement occupe. Certains dossiers ont dus etre examines de pres. Des coups de telephone ont ete passes, des memos envoyes, mais pas de quoi fouetter un chat.

Antoine regarde ce bureau qui l’entoure. Des tableaux ‘zen’ (des paysages relaxants) et un poster ‘motivationel’ (On peut toujours aller plus loin !) sur les murs. Des tiroirs et des tiroirs remplis de dossiers. Ce lourd meuble en acajou sur lequel reposent son PC, son telephone et, bien sur, une photo de Valerie et des enfants. Il l’observe longuement et se dit qu’il a toujours essaye de faire de son mieux pour eux.

Il soupire. Est-ce vraiment le cas ?

Chassant ces pensees de son esprit, il se leve d’un bond de sa chaise et decide de prendre son dejeuner un peu plus tot.

 

Lila se refugie dans le premier cafe qui lui semble confortable et reconfortant. Quelque chose de discret, des teintes tout en retenue.

Elle s’installe sans dire un mot sur la banquette, laisse la chaleur ambiante la penetrer, ferme doucement les yeux.

Un serveur la tire doucement de cette non-reverie. Elle commande un cafe dans un soupir et se tourne vers la fenetre.

Elle n’avait pas voulu rentrer chez elle. Soudainement, elle avait eu peur de ces quatre murs ; de se retrouver seule, meme si Chagall etait la. Elle avait besoin de rassembler ses esprits, ou plutot non : de faire le vide dans son esprit. Faire table rase pour essayer d’avancer ; essayer d’oublier pour le moment, de mettre tout cela derriere elle.

Le murmure des conversations l’entoure come un cocon. Elle fixe son attention sur cette petite musique sans se concentrer sur les paroles. Elle observe les passants, trop presses pour la devisager. Elle jete aussi un oeil sur les clients qui poussent la porte du cafe.

L’un d’entre eux capte son regard. L’air d’un businessman accompli, mais le regard d’un homme seul, perdu, insatisfait de lui-meme.

 

Le serveur lui apporte son cafe.

13 décembre 2008

Ailleurs (Joye)

AILLEURS

Ailleurs, au milieu d’un autre continent, une femme pense à Lila et à Antoine. Elle a leurs comptes rendus devant ses yeux. On lui demande de terminer leur histoire. Elle réfléchit, ses doigts dansent sur le clavier. Elle aussi, elle a connu la salle de classe, c’est même en France dans un lycée où elle a appris le sens du mot « fauve », véridique. Elle a aussi connu un boulot comme celui d’Antoine. Bureau, bureaucratique. À vrai dire, elle préférait le sentir d’une poubelle en feu à celui du journaux-cafés-businesse, et le feu aux joues lorsque quelqu’un de plus autoritaire voulait rentrer dans son domaine. Elle connaît aussi ce grand désir de revoir la mer, de s’y promener, applaudie par les vagues, de sentir le parfum de son sel dans l’air qui piquait ses joues. Mais au milieu de son continent et une grande crise financière, elle sait que ce jour-là est encore loin. Alors, que peut-elle faire pour Lila et Antoine ? Faire qu’ils se croisent sur une plage quelque part dans son imagination, Alain Souchon qui chante au fond à Bray-les-Dunes ? Mouais. Mais c’est plus délicieux de les laisser errer dans son imagination pendant une semaine dans l’anticipation des moments de leur rencontre éventuelle sous d’autres plumes, hexagonales et douées.

13 décembre 2008

Porte-bonheur - Tilleul

Elle ramasse son gros cartable, elle y glisse le petit classeur. En passant devant le directeur, elle marmonne quelques mots d’excuse puis quitte cette bande d’extraterrestres… Elle va sans doute perdre cet emploi, mais elle s’en fiche. Elle n’en peut plus. Une seule idée trotte dans sa tête, aller vite retrouver son chat Chagall, se cacher sous la couette pour pleurer sa déception. Ce métier, elle l’a voulu, elle l’a choisi… Elle n’imaginait pas " tomber " sur de tels élèves…

Elle marche très vite. Perdue dans ses rêves envolés, le visage noyé par les larmes, juste avant de passer devant la vitrine du boulanger, Lila pose le pied sur " la carte de visite " du chien de Madame Beltran… Elle se retrouve un genoux à terre…

Plus que deux dossiers à réviser. Si Antoine se dépêche, il pourra prendre une pause, s’aérer et déjeuner seul en ville en évitant ainsi le tête à tête avec ses collègues…

11h55. La dernière farde de la pile de droite est passée à gauche. Il enfile une veste, heureux de pouvoir quitter ce bureau. Il n’a pas très faim. Plutôt que d’entrer dans un resto, il préfère marcher un peu et respirer à pleins poumons… Ses pas l’amènent dans la rue du boulanger…

Les sanglots de Lila redoublent. Non seulement son soulier est maculé de … mais son genoux lui fait mal. Tout à coup, deux bras énergiques l’aident à se relever.

" Bonjour ! Je m’appelle Antoine… "

13 décembre 2008

Le rêve d’Antoine est le cauchemar de Lila. Ou l’inverse. - Poupoune

Lila n’a pas toujours été comme ça. Elle se souvient avoir été une enfant gaie et malicieuse. Là-bas. Avant. Depuis qu’elle est ici elle est rêveuse. Rêveuse et solitaire, comme ils disent. Toujours entre deux convocations ici ou là, aujourd’hui encore une fois chez le Directeur. Pourtant elle a le sentiment de faire toujours au mieux, mais ça ne semble jamais suffire. Alors elle s’excuse, baisse la tête, essaie de se faire oublier et s’imagine ailleurs.

 

Antoine n’est pas rigide, il est pragmatique. Et il sait ce que représente sa fonction : il se doit d’être irréprochable. Tout le monde ne peut pas se permettre le luxe de la négligence ou de l’improvisation. Et il a une famille qui compte sur lui. Alors Antoine fait ce qu’il a à faire. Il ne sait que trop bien le prix à payer en cas d’erreur. Plus jeune bien sûr il se rêvait plus audacieux, mais l’expérience lui a appris qu’il est plus sûr de s’en tenir aux directives.

 

Elle rentre chez elle et retrouve Chagall, son chat. Lila n’a plus que lui maintenant que sa Tante est morte. Elle était devenue un peu comme une deuxième mère, avec le temps. C’est un peu grâce à elle qu’à l’époque elle avait pu rester ici.

 

C’est toujours après les journées difficiles comme celle-ci que Lila repense à sa famille. Là-bas. Aujourd’hui encore elle ne comprend pas vraiment ce qui s’est passé. C’est tellement absurde. D’un seul coup des voisins, des cousins, presque des frères les avaient désignés comme ennemis. Ils étaient venus en nombre, avaient mis son village à feu et à sang et étaient même venus jusque dans l’école s’en prendre aux enfants. Lila était au tableau quand ils étaient arrivés. La maîtresse l’avait poussée sous son bureau et l’avait cachée. Elle n’avait rien vu, tout entendu. Quand le calme était revenu elle avait hurlé tellement longtemps qu’elle ne se souvenait plus s’être arrêtée.

 

Et puis après plus rien. Elle se souvenait seulement du visage bienveillant de l’homme et de ce qu’il avait dit : « Tu es si petite que tu tiendras dans la valise diplomatique ». Elle n’avait pas compris. Elle n’avait pas non plus eu à se mettre dans une valise. Il l’avait ramenée ici. Il lui avait découvert cette Tante qu’elle ne connaissait pas vraiment.

 

Lila s’endort en essayant de chasser ces souvenirs. Elle pense à la mer. Au bruit des vagues.

 

Il s’endort comme on dit du sommeil du juste. Une journée de travail accompli avec soin. Tous les dossiers de la pile de droite ont rejoint la pile de gauche. Il a bien hésité un peu, sur un ou deux cas, mais globalement il connaît son travail et ses responsabilités et n’a nul besoin de tergiverser pour faire ce qu’il a à faire. Les critères sont simples et assez peu discutables : des attaches ou des motifs sérieux conformes à ceux répertoriés dans la liste, tampon bleu. Dans le cas contraire tampon rouge. Au suivant.

 

Antoine a toujours été un travailleur efficace. C’est d’ailleurs ce qui lui a valu cette affectation. Temporaire, heureusement. Il sait qu’il peut faire bien plus et bien mieux, mais quand on travaille au service de l’état on fait ce qui doit être fait.

 

Lila finit sa semaine sans trop de difficultés. Les enfants se sont un peu calmés. C’est souvent le cas. Son nom les fait rire la première fois, ils se déchaînent, et puis ils se calment. Si elle avait su… Ce n’est pas son vrai nom. Pas celui que lui a donné sa mère. Juste une déformation malencontreuse de son prénom lors de son arrivée ici. Elle n’a jamais osé leur dire qu’ils se trompaient. Et elle trouvait ça normal de mourir un peu elle aussi en perdant son nom. C’était idiot, mais elle n’avait pas dix ans à l’époque… Depuis elle était donc Lila Miel et essuyait régulièrement les moqueries de ses élèves. Et puis ça passait. Quand c’était trop pénible, elle se souvenait de la maîtresse qui l’avait cachée sous son bureau. C’est pour elle qu’elle avait décidé de devenir enseignante.

 

Elle se demandait parfois si elle aussi serait prête à mourir en sauvant la vie d’un de ces sales gosses qui la faisaient tourner en bourrique… Cette pensée la faisait toujours sourire. Elle n’avait pas la réponse. Mais ici ce genre de questions ne se posait pas. Là-bas si. Encore aujourd’hui.

 

Il a été perturbé par un dossier cette semaine. Ça l’irrite toujours de se laisser gagner ainsi par un mélange de doute et de mélancolie. L’individu venait de là où il avait eu sa première affectation de diplomate. Là où il avait outrepassé ses prérogatives. Là où il avait bien failli gâcher sa carrière avant même d’avoir eu conscience qu’il en avait une. Depuis, rigueur et droiture. Pas d’initiatives inconsidérées.

 

Antoine se souvient de la fierté qu’il avait ressentie en accomplissant ce qu’il considérait alors presque comme un acte héroïque, mais il a passé les quinze années écoulées depuis à chasser ce souvenir et à se racheter une conduite. Une telle folie aujourd’hui ne lui coûterait pas seulement sa carrière, elle l’enverrait aussi directement derrière les barreaux. Mais il était jeune alors.

 

Il ne l’est plus. Il se rend bien compte de l’ironie de la situation, mais il doit oublier tout ça et faire ce qui doit être fait. Ce dossier de malheur l’a perturbé. Un dossier pourtant simple : pas d’attache, pas de motif, tampon rouge.

 

Lila compte profiter du week-end pour faire le tri dans les affaires de sa Tante. Il y a déjà un mois qu’elle l’a enterrée. Il est temps. Elle va acheter le pain et chercher le courrier. Une lettre de la préfecture. Son renouvellement de carte de séjour, sans doute.

 

Antoine décide d’emmener Valérie et les enfants pique-niquer en forêt, ce week-end. Ça lui changera les idées. Il en a besoin. Oublier ce maudit dossier.

 

Dans l’avion qui l’emmène là-bas Lila se demande combien de temps cela lui prendra pour mourir. Elle se demande qui va nourrir son chat. C’est absurde, que va-t-elle faire là-bas ? Elle n’a personne. Elle n’a même plus de nom. Elle n’est personne. Elle n’a pas eu le temps de prendre ses affaires. Elle n’a que son sac. Un peu de monnaie. La lettre. Celle avec le tampon rouge.

 

13 décembre 2008

Changements « deux » vies (MAP)

Lila se prit de nouveau à rêver …

_Dict_e

et l’on sait que les rêves peuvent devenir réalité …

………………………………………………………………………

Antoine, sans savoir pourquoi changea de chemin pour rentrer.

 Il traversa un Parc et c’est là qu’il comprit :

DSCF4281

Une vraie révélation …

MAP

13 décembre 2008

La force du destin - sur commande de Val&rie&Janeczka (Walrus)

Parvenus à ce point du récit, vous vous demandez : "Comment diable, va-t-il les faire se rencontrer ?"
Mais, chers lecteurs, ils ne se rencontreront pas, il continueront chacun leur existence si prévisible.
Il finira retraité d'un poste de chef de cabinet, à se morfondre devant Facebook, sous une fausse identité, bien entendu.
Elle, longtemps avant, aura emmené son chat voir la Manche, des falaises d'Etretat, et ne sera jamais revenue.

Etretat

13 décembre 2008

Clin d'oeil (Val)

Vois comme à présent je les connais bien… De mon poste, je les observe depuis des semaines. Je peux te dépeindre leur vie très précisément. J’ai scruté leurs moindres gestes, leurs moindres pensées. Je connais leur emploi du temps à la minute près. Que dis-Je ? A le seconde !

.

Je les ai choisis tous les deux parce que je les ai trouvé attachants. Et puis, ils représentent plutôt bien tes semblables, non ? Une jeune femme seule, un peu paumée, un homme heureux en ménage, mais qui s’ennuie dans son travail… Un joli panel, en somme. Leur sort n’est ni triste à pleurer, ni très enviable, finalement. C’est le lot de beaucoup d’entre vous, ce n’est pas toi qui me contrediras.

.

Je les ai choisis aussi parce…Oh ! Et puis, de toutes manières, je n’ai pas à me justifier auprès de toi, Tiphaine ! Je les ai choisis arbitrairement. Ce fut un choix du cœur. C’est mon droit . Je choisis bien qui je veux ! Je suis Dieu, après tout !

.

Je vous aime toutes et tous depuis la nuit des temps. A dire vrai…depuis le big bang, pour être plus précis (Non, non, il n’est pas incompatible avec mon existence).

.

Il y a encore peu de temps, comme tu le sais, j’étais au bord du gouffre. Je pleurais depuis si longtemps qu’il m’était devenu impossible de sécher mes larmes. Mais tout va bien mieux maintenant, depuis que tu es venue à moi et que tu m’as pris la main. Dieu sait comme j’avais profondément besoin (comme vous tous) qu’on me prenne la main…

.

Grâce à toi, tout va mieux ! J’ai cessé de pleurer et me suis remis au travail. J’ai regardé au fond du gouffre et je les ai vus, tous les deux. Depuis, chaque jour, je me penche, et je les regarde vivre.

.

Oh ! Pour les guerres, les maladies, les famines, on verra plus tard. Je suis encore bien fragile, tu sais. Le moindre surmenage me renverrait au bord de mon gouffre, et je ne veux pas y retourner.

.

Je reprends confiance, peu à peu. Humblement, j'apprivoise le gouffre. Je m’efforce de ne pas surestimer mes capacités, et , en toute humilité, je me fixe des objectifs à ma portée. Voilà pourquoi j’ai choisi de les suivre eux, Tiphaine. Dieu est amour, mais Dieu est encore bien vulnérable, pour l’heure…

.

J’ai déjà fait un pas énorme, grâce à toi, en acceptant de baisser les yeux pour y admirer toute cette beauté dite à mon image…

Tu as raison, chère Tiphaine : seul le premier pas coute vraiment. Les autres ne sont qu’amour. Le gouffre m’a effrayé, certes. Il m’a fait mal, aussi. Mais comme je l’aime, maintenant… Comme je vous aime tous, à travers eux…

.

Tu m’as conduit jusqu’à la lumière, Tiphaine. Je ne te remercierai jamais assez…

.

 Je les ai suffisamment observés maintenant. J’ai appris à les connaître, et à les aimer pour ce qu’ils sont, c’est à dire beaux et resplendissants d’amour, à mon image. J’ai appris aussi à m’aimer à travers eux.

.

Je m’en vais de ce pas les prendre par la main comme tu as su le faire pour moi, Tiphaine. Je m’en vais les inciter à regarder droit dans les yeux le gouffre au bord duquel ils sont assis à pleurer. Je pars modifier, avec eux, le cours de leurs destinées respectives.

.

Je te laisse, j’ai du travail. Prends soin de toi, Chère Tiphaine.

Dieu qui t’aime

.

13 décembre 2008

Double vie (Caro Carito)


La journée vient de s’achever et elle n’a pas même défait son cartable. Il fait déjà sombre. Elle s’est lovée dans le vieux plaid au pied du téléviseur qu’elle n’allume jamais. Le verre de chablis se réchauffe malgré sa paume glacée. Elle aime cet instant entre chien et loup où ses rêves affluent à toute volée. Elle oublie le préau bruyant, le préfabriqué où on l’a logé par manque de place, où elle ne donne pas trois minutes de cours et où l’on gèle chaque lundi matin de décembre. Elle grignote un sablé et finit de se verser le fond de vin blanc. La journée se perd dernière des brumes inexistantes. Si seulement demain pouvait s’effacer par miracle. Lila tend la main vers la table basse. Elle sait qu’elle ne devrait pas, que ce geste va lui ôter ses dernières forces et la plonger directement dans les eaux glacés de ses chimères. Elle devrait se lever et aller à ces réunions dont le magazine de la municipalité faisait mention. Mais l’idée de ces mots coupants qu’elle devra prononcer, la réalité brute qui ne se dérobera plus… lui est intolérable.

Son conseiller vient de partir. Un aléa de la vie familiale lui a-t-il dit en attrapant son attaché case. Antoine se retrouve seul au milieu des boiseries vieillissantes. Il se dirige vers la petite armoire derrière son bureau et en sort une bouteille de vieil Armagnac. Il doit encore affronter une réunion où sa cravate l’étranglera et rentrer chez lui où un compte-rendu détaillé de la mise à sac de son compte banque lui sera récité par une épouse distante. Les draps glacés et solitaires de son lit l’attendent. Il n’apercevra les enfants que le lendemain quand ils auront déjà quitté leurs pyjamas d’épais coton et que Marcella ou Olga, la jeune fille au pair les aura fait déjeuner. L’Armagnac a ce goût boisé et fruité dont il raffole. Il s’abstient de boire dans les grandes réunions préférant l’alcool en tête à tête. L’homme à la mine coupante qu’il tache d’éviter dans les reflets d’une vitre ou d‘un miroir a enfin disparu. Sa vie pressée se détend. Il sait qu’il devrait renoncer à ce plaisir coupable, son médecin lui en a touché un mot. Il ne peut pas, il refuse tout bonnement ; c’est son seul délice, son unique liberté.

Au moment de saisir la bouteille que l’épicier lui tend, Lila aperçoit une main aussi avide à saisir un flacon à l’étiquette doré. Ballet synchrone. Elle lève les yeux. Le même regard en faux semblant qui sourit mais qui n’est plus là. Un sourire de connivence les réunit. Un bref instant avant qu’Antoine n’esquisse une brève grimace de douleur en s’agrippant sur le comptoir et qu’elle ne glisse, l’air étonnée, sur le sol beige et sale. Est-ce cela, est-ce l’écho de l’alcool glacé… Ils n’ont vraisemblablement pas entendu les deux malfrats pénétrer dans la boutique fine et intimer à la clientèle l’ordre de se jeter à terre. C’était sans aucun doute une seconde de trop dans la ligne de mire.

13 décembre 2008

"le petit chat est mort ou Chagall is dead" ! (rsylvie)


Depuis 3 semaines avec la classe de troisieme verte, Lila prépare un exposé sur le thème du cirque. L’annonce entendue ce matin alors qu’elle s’apprêtait à descendre du RER l’a bouleversée. Au point de changer inopinément le programme de travail qu’elle avait minutieusement préparé par une matière qu’elle n’aurait jamais pensé pouvoir aborder : le dessin. Mais après tout, n’ont-ils pas besoin des mêmes outils…. un crayon, une gomme, et pourquoi pas de l’encre ?

Oui, c’est ça, s’écrie-t-elle heureuse de pouvoir mettre son nouveau projet sur pied. Un travail d’illustration pour leur exposé ». cela va les changé de la routine, et peut-être amadouer mes pyromanes d’élèves !

mais non sacrilège, pas les crayons feutres »… s’écrie Lila… on l’avait bien prévenue qu’ils étaient provocateurs, mais à ce point.

Elle se retourne vers le tableau noire de la classe et écrit la phrase suivante

Aujourd’hui 28 mars 1985, Monsieur Chagall est mort.

-«  Madame, on veut bien faire picture with you, mais on devait pas faire une expérience in english today » ?

Après un profond soupir, Lila passe la main dans ses cheveux et s’écrie.

- “yes that’s true. Then repeat after me....Today March 28th, 1985, mister Chagall is dead











Comme à son habitude, Antoine L'Etat a tout rangé méticuleusement. Certains dossiers de gauche sont passés à droites et vice versa (non NON et non Sylvie pas et vice versa, ce n’est pas possible !) Tout est fin prêt pour la réunion. Alors il n’a plus qu’à attendre. Seulement une question l’effraye, pourquoi cette réunion ? Plus il y pense et plus cette interrogation le chiffonne. Les petites phrases assassines, les sous-entendus de son supérieur hiérarchique, la crise, le redressement, serait-il lui aussi sur la trappe ? Encore une idée parasite ! Mais Antoine n’a pas le temps de refaire le monde, il a des fonctions importantes. Alors de quoi a-t-il peur ? Par ses compétences, il a réussi à donner à son poste l’importance qu’il fallait pour le rendre indispensable. Alors L’état peut-il se permettre de douter ? Non bien sur, mais pourtant il ne peut attendre comme cela, sans rien faire. Imaginez que l’on entre soudain dans son bureau et le voit bras croisés entre une tasse de café et les journaux déposés par mademoiselle Corentin.




…..tiens « Le petit quotidien de Saint Paul de Vence »… 

.-La Miss France 1984, Martine Robine est devenue journaliste... C'est elle qui présente la future miss France 1985 et lui remet sa couronne

Les homicides en baisse :
Selon Laurent Mucchielli, "alors que s'est banalisée l'idée d'un retour de la violence, le nombre d'homicides perpétrés chaque année en France baisse en réalité depuis le milieu des années 1980". Malgré des différences de niveaux, "les trois sources convergent sur les tendances générales et dessinent, durant la période sous examen, un mouvement en deux temps : une hausse globale sur la période 1970-1984 suivie d'une baisse globale de 1985 à nos jours"..

Puis ses yeux tombent sur la rubrique faits divers :

Aujourd’hui les pompiers ne sont sortis qu’1 seule fois. Répondant à un appel anonyme pour essayer de sauver un petit chat qui, certainement en sautant d’un lit, s’est retrouvé prisonnier de l’étreinte d’une pelote angora. Pris dans l’écheveau de laine il s’est débattu pour retrouver sa liberté, mais gesticulant dans tous les sens il n’a fait que resserrer le nœud qui l’empêchait de respirer. Une voisine inquiétée, par les miaulements intempestifs du petit chat d’habitude si tranquille, a préféré appeler le 18 sachant l’appartement fermé à double tour.

13 décembre 2008

Il n’est pas de sauveur suprême (Joe Krapov)

 

« Il n’est pas de sauveur suprême

Ni Dieu, ni César, ni tribun. »

 

Il n’est pas de sauveur suprême

Ni pour Lila, ni pour Antoine,

Pour Chagall, Valérie,

Le boulanger, Madame Beltran,

Les élèves et Mademoiselle Corentin,

Ni pour moi ni pour personne.

 

Il n’est pas de sauveur suprême !

 

La preuve,

La preuve par neuf,

La voici :


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13 décembre 2008

Suite de Pandora

Lila a fini ses cours, elle est dans le bureau du directeur. Il lui demande ce qui s’est passé ce matin. Elle se demande où il veut en venir. Il lui demande si elle se sent bien. Elle se demande quel temps il fait à La Baule.

Lila pense à la plage de galets, ceux qui sont si doux quand on les tient en mains. Le directeur pense qu’il en a assez de se coltiner tous les cas de l’académie.

Madame Miel, vous êtes avec moi ?

Lila sursaute, non elle n’était plus là. Elle se demande ce qu’il a bien pu lui raconter. Il se demande comment il va bien pouvoir d’en débarrasser.

Antoine regarde sa montre. Il est déjà 17 heures, la pile de gauche est maintenant beaucoup plus haute que celle de droite, l’objectif est presque atteint. Dans quelques minutes Mademoiselle Corentin viendra le voir pour lui demander s’il a encore besoin d’elle et il la libèrera. Il aime ces soirées où le service se vide et où le calme revient. Plus de téléphone pour l’interrompre en dehors de rares appels directs toujours problématiques. Le calme et la satisfaction d’une journée qui s’est écoulée sans encombre. Sans surprise mais sans encombre. Antoine n’aime pas les surprises.

Lila marche dans la rue, son gros cartable en bandoulière. Elle ne sait pas si les cours y sont encore ou si elle les a laissés sur son bureau. Ca n’a pas vraiment d’importance. Elle rentre doucement chez elle, mais elle ne marche pas sur les traits. Jamais.

Antoine enfile son pardessus et prend quelques dossiers avec lui. Il regarde si son bureau est bien rangé. Si les dossiers forment bien un rectangle parfait et si rien ne dépasse. Si le téléphone est bien à 45° par rapport au sous mains et si le stylo est à sa place. Il éteint la lumière et quitte le service en croisant la femme de ménage qu’il salue au passage. Antoine est toujours courtois avec ceux qu’on appelle le petit personnel. Il salue aussi le planton de garde à l’entrée qui lui propose de lui appeler un taxi mais Antoine préfère marcher.

Lila s’est assise quelques instants sur un banc pour regarder les pigeons qui volent. Et les charmants enfants qui jouent. Ceux-là même qui vont se transformer en horribles monstres quand elle les aura dans sa classe. Elle sort son roman pour en lire quelques pages mais elle est interrompue par quelques gouttes et la nuit qui tombent. Elle range le livre dans son grand cartable et prend le galet qui est au fond pour le tenir dans sa main en rentrant chez elle. Lila n’aime pas la pluie, elle n’aime que les embruns.

Antoine marche et s’arrête au quatrième passage piéton. Il remonte le col de son pardessus tandis que la pluie se fait plus épaisse. Une jeune femme pensive approche, un cartable sous le bras et un béret duquel quelques boucles blondes s’échappent sur la tête. Elle s’engage sur le passage sans regarder autour d’elle alors qu’un camion s’approche à toute allure. Antoine se précipite tandis que le camion les frôle dans un hurlement de freins et de klaxons.

Lila se sent brutalement tirée en arrière et hors de ses pensées dans un concert de décibels. Un homme en pardessus la tient contre lui et la regarde étrangement. Elle a manqué de se faire écraser. Elle ne sait pas quoi faire, c’est la première fois qu’un inconnu lui sauve la vie. Elle décide simplement de le remercier.

Il hésite entre la colère et l’attendrissement. Antoine n’aime pas les perturbations, même quand il se comporte en héros. Il ne sait pas quoi faire avec cette drôle de femme qui le regarde avec en souriant. Antoine n’aime pas perdre le contrôle.

Lila ne pense plus à la mer, ni aux embruns, ni aux galets. Elle caresse Chagall en pensant à cet homme brun en pardessus qui lui a demandé si gentiment comment elle allait. Et qui a insisté pour lui donner sa carte de visite.

Antoine n’arrive pas à se concentrer sur ce que lui racontent Valérie et les enfants. Il ne pense qu’à elle. Lila Miel. Un nom et un prénom qu’il se répète en boucle. Antoine n’aime pas les imprévus qui perturbent sa vie. Mais curieusement il commence à apprécier cette sensation étrange dont il n’a pas l’habitude.

Lila rêve à Antoine, le prénom de l’Homme en pardessus brun. Elle a regardé la carte et elle sait qu’elle l’appellera. Bientôt. Lila sourit en dormant.


7 décembre 2008

Suites déjà postées

Joye ; Tilleul ; Poupoune ; MAP ; Walrus ; Val ; Caro Carito ; rsylvie ; Joe Krapov ; Pandora ;

7 décembre 2008

Défi # 39

Pour le défi #39, à paraître le 13 décembre, c'est Tiphaine qui s'y colle.

A la suite d'une de ses suggestions,
et de quelques échanges courriels
elle nous a fourni le texte qui suit.

Notre défi :


1/ Lui donner une suite. (quartier libre pour cela)
2/ Lui donner un titre.

3/ Toujours : samedidefi@hotmail.fr

........................*..*..*.........................



Elle ferme la porte de son appartement à double tour. Derrière la porte, le chat manifeste sa joie. Elle sourit en descendant l’escalier, elle imagine son Chagall en train de sauter sur le lit qu’il a enfin pour lui tout seul.

 Elle porte son gros cartable en bandoulière, à l’intérieur, des cours qu’elle ne fera pas. Elle avance doucement, elle ne marche pas sur les traits, jamais. Le boulanger monte le rideau de sa vitrine et lui adresse un sourire qu’elle ne voit pas. Lila rêve, comme tous les matins …

 Il referme le portail avec précaution, il ne s’agit pas de réveiller Valérie et les enfants, le sommeil c’est sacré ! Il est heureux, la semaine s’annonce bien, pas de grèves prévues, pas de réunions de crise, une petite cérémonie officielle, quelques dossiers à faire, la routine. Il aime bien la routine, ça rassure la routine. Il tourne deux fois à gauche puis une fois à droite, deux feux rouges, cinq passages piétons, le boulanger qui le salue et le chien de Madame Beltran qui fait toujours ses besoins au même endroit et à la même heure. Antoine constate et anticipe, comme tous les matins.

 Elle est dans sa classe, elle regarde ses élèves. Elle ne sait pas bien si elle doit rester là ou prendre ses jambes à son cou et s’en aller très loin. Très loin, le plus vite possible… Un surveillant vient relever l’appel, elle ne le voit pas, elle ne l’entend pas. Devant elle, une classe de 23 extraterrestres, des enfants paraît-il… Elle a inscrit son nom sur le tableau, à la craie blanche : Madame Miel. Les élèves ont éclaté de rire, très vite, des bruits d’abeilles ont sifflé un peu partout. Lila a haussé la voix, les élèves ont éclaté de rire à nouveau. En désespoir de cause, elle a ouvert son petit classeur et a écrit « dictée » juste en dessous de son nom. Les élèves ne s’occupent déjà plus d’elle, ils s’amusent à se lancer divers projectiles, ils parlent à tue tête.

 Lila n’est pas là. Elle est dehors, elle est au bord de la mer. Elle entend le bruit des vagues…

 Une odeur de brûlé soudain, ils ont mis le feu à la poubelle.

 Lila menace, elle fait de grands gestes avec ses bras, les élèves rient de plus belle. Le directeur arrive et les élèves deviennent soudain muets.

 Lila a honte. Elle voudrait ne pas exister.

 Il est assis sur son siège ergonomique. Sur son bureau, deux piles de dossiers. L’objectif de sa journée consiste à faire passer ceux de sa droite vers la gauche. Antoine se demande parfois s’il mérite vraiment ce travail, ou plutôt, si ce travail le mérite vraiment. Il aurait pu faire autre chose de sa vie, quand il était gosse, il voulait être aviateur ou explorateur. Il ne s’imaginait pas dans un bureau, vraiment pas… Antoine chasse cette idée, encore une idée parasite. Antoine est un homme très occupé, il n’a pas le temps de s’auto psychanalyser. Il laisse ça pour les faibles.  Mademoiselle Corentin lui apporte les journaux et le café. C’est une vieille fille, pour le fantasme de la jolie secrétaire, Antoine attendra sa prochaine affectation. Seize déménagements en onze ans, pas moyen de se fixer… Antoine rêve de pouvoir s’arrêter juste un peu, de rencontrer des gens qui seraient des amis et non des relations, de dîners simples et pas de repas de travail ou de pinces fesses mondains. Encore une idée parasite ! Antoine n’a pas le temps de refaire le monde, il a des fonctions importantes, il représente l’état. L’état peut-il se permettre de douter ? Non.

 

6 décembre 2008

Sans compter PLUS - violette7

Son arrière grand mère en avait eu quatre, ses deux grand mères quatre et sa mère quatre aussi mais c'était dans les trois premiers quarts du vingtième siècle où on ne pouvait pas compter sur une méthode efficace, ni même sur la complicité de sa moitié pour n'avoir pas à en ajouter un de plus......sans compter qu'on ne savait pas d'avance et pendant neuf mois si on en attendait un ou deux et même trois parfois....toujours au moins une bouche à nourrir en plus...

A l'aube du vingt et unième siècle, elle avait eu le choix elle et avait choisi de faire mieux et plus que ces quatre dames avant elle : cinq, elle en avait ...Elle disait que ça faisait exactement quarante neuf culottes par semaine ( sept fois sept), quatre vingt dix huit chaussettes et des kilos de pomme de terres et pour l'amour elle ne pouvait ni peser, ni mesurer bien que c'est ce qui comptait le plus....cinq en huit ans et demi, certains jours c'était un défi.....elle s'y était soustraite car ce qui se multipliait le mieux, c'était l'amour qu'elle portait à ses cinq enfants......C'était son histoire.....

6 décembre 2008

Deux colonnes à remplir (Caro Carito)


 

La feuille posée devant moi me semble irrémédiablement blanche. Stylo noir adossé au côté droit. Un brin agressif. Je ne vois pas mes mains, glissées sous la table. Mais je les sens trembler.

« Deux colonnes. » m’avait-t-elle dit. A l’éclat d’airain qui brillait sous ces trois syllabes, j’ai compris que les 10 séances où je n’avais pas ouvert la bouche avaient eu raison de la patience de ma thérapeute. Sous le visage au brushing soigneusement maîtrisé et malgré la neutralité beige de son ensemble, j’avais senti que l’exaspération n’était pas loin. J’avais donc fait précéder mon «à la semaine prochaine » par un oui à peine audible.

Je sors lentement mon cv de mon sac de cuir. Je dois aligner ma vie en deux ridicules listes. Piocher dans mes souvenirs d’enfance des bribes de moi. Empaqueter le tout et le livrer en vrac pour analyse. J’avais pensé trouver la matière dans de vieux albums photos. La simple idée de plonger dans l’humidité crasse d’une cave m’avait filé la nausée. Ma détermination vacillante n’avait pas pu aller plus loin. Je m’étais rabattu sur l’idée du CV. Je lirais entre les trois lignes de l’enfance coincé entre lycée et bac. Facile. Une ville moyenne, une scolarité monochrome, deux flirts d’ado qui, mis bout à bout, avaient duré 182 jours. Je pouvais éventuellement retrouver avec une marge de 10% d’erreur le nombre de baisers avec ou sans, et pour le deuxième gars, un dénommé Eric, un nombre certain de pelotage, nettement plus agréables et poussés dans le dernier tiers de notre relation. Je pourrais atteindre sans mal une validité frisant les 95%... si je retrouvais mon journal intime où une adolescente à fleur de peau avait consciencieusement recensé faits et gestes amoureux. Mais pour cela il me fallait descendre à la cave. C’était non. Pour la deuxième fois.

Je décide de laisser en friche cette première partie de vie. Les deux colonnes sont toujours aussi désespérément vides. Mon regard passe de mon affligeant désert personnel, écrit blanc sur blanc aux lignes soigneusement imprimées de mon curriculum. Les cursives, les entrejambes si fines, s’épaississent jusqu’à ne plus former qu’une ligne dansante. J’entends soudain le bruit de la roulette. Ce tressautement grêle sur les bords noirs et brillants, semblable à un ronronnement mécanique et félin. Ce silence presque imperceptible quand la boule s’immobilise.

Je t’avais rencontré au casino. Aucun de nous n’était flambeur. Nous avions laissé la place à d’autres joueurs, plus féroces. Nous avions aligné nos jetons, changé le tout, bu un verre et vécu ensemble un bon paquet d’années. Une alliance et deux enfants plus tard…. Cette musique m’obsède depuis ; la boule argentée s’est arrêtée à la case divorce.

Ces deux colonnes me donnent la nausée ; elles me rappellent mes six mois d’assistanat comptable chez le vieux Schnock. Son œil, au fond jauni, traînait un peu trop sur moi ; il avait les pattes luisantes et la couenne terne. Pourtant, il ne s’agissait que du décor, le pire se trouvait ailleurs. Aligner des chiffres imbéciles dans les cases d’un logiciel aride Au bout de quelques semaines, il était clair que la tentative de reconversion de l’agence chômage avait capoté en beauté. Je n’avais pas l’âme d’un comptable.

 

J’ai rangé mon cv. Il me suffit de vouloir étaler ma vie pour savoir qu’elle se résume au crédit et au débit de notre divorce en cours. Retour à la case départ, où nous alignions nos jetons. Côté immobilisations, on compte les plus-values, on soustrait le mobilier de ta grand-mère et l’aide de mon oncle pour la réfection des murs. C’est toi qui casque : le Henri IV n’est plus coté à l’argus des broc et autres dépôts-vente. Ca m’arrange car, de fait, en plus de notre maison en région parisienne, je rafle l’appart en Vendée. Tu peux te garder ton truc miteux à la neige. Elle est moche cette station. Dans cinq ans, tu va pleurnicher que le remboursement t’étrangle. Conseil d’ex : le lieu ne sera jamais rentable et les crédits à taux variable, c’est jouer avec le bâton clouté du parfait masochiste. Et puis, ça t’apprendra à garder des stock-options en douce. Un actif douteux. Et tu croyais que je ne le savais pas. J’avais assuré mes arrières, pas besoin d’un privé pour découvrir tes petites combines. J’ai tout noté dans les règles, sans oublier de payer le coup de patte de l’huissier lorsque cela s’avérait nécessaire. Garde ton coupé sport qui te demandera un bon nombre d’heures sup jamais facturées. Après tout, c’est l’avantage d’être cadre ; tu réduis comme ça les chances de te faire virer. Alors ne compte pas ton temps, tu en auras besoin pour la pension, ton train de vie et surtout ta confiance en toi. En contrepartie, je m’occupe des enfants : même forfait horaire que toi, jour, nuit, vacances et WE dans le paquet. Simplement à moyen terme et même avant, tu va regretter ce temps que tu ne leur donneras pas, aux gosses. Il y a des options fiscales et certaines d’autre nature que l’on choisit par facilité, qui vous poursuivent jusqu’à votre mort.

Voilà, j’ai fait les comptes sur deux colonnes, les jeux sont faits. Côté finances, mon conseiller fiscal salut le bénéfice que je vais empocher et lui aussi, évidemment. Je t’ai laissé les mouchoirs de baptiste offert par un ancêtre lors de nos noces. Les soirs de blues, c’est toujours classe d’éponger sa tristesse dedans et il ne faut pas en racheter. Tu geins de t’être fait dépouiller… Remarque, fallait pas tout miser sur la rouquine méchée, vraie ou fausse, qui t’envoyer au 7ème ciel siliconé des amours vénales. Elle t’a coûté cher - les bimbos ça casse une tirelire d’hommes d’affaires en trois caprices – mais le retour sur investissement, lui, tu ne l’avais pas vu venir. L’effet de massue s’est déployé le jour où tu as reçu la lettre de mon avocat.

Le fric va nous aider, les gosses et moi. Quant à toi, je te fais confiance, tu retomberas sur tes pattes. Mais je n’ai pas besoin de remplir ma feuille ni de psy pour savoir que, au bout du compte, on n’alignera pas de jetons. En posant les deux colonnes, si je retranche les sentiments cassés, nous tomberons d’accord sans l’avouer qu’il n’y a pas d’estimations matérielles possibles et pas d’assurance. On aligne les torts à cinquante / cinquante et les pertes sont infinies.

Il est l’heure de remballer mes devoirs, Mme la Juge appréciera ma participation active à une improbable réconciliation. Elle aura matière la psy avec tout ce que j’ai griffonné même si je ne veux pas lui parler. D’ailleurs, je n’ai envie de rien depuis que cette bille n’en finit pas de tourner dans ma tête : 23, rouge 51, 12, 7, impair. Je ne souhaite qu’une chose, que la roulette s’arrête et que sa mélodie métallique s’efface à tout jamais.


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Le défi du samedi
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