Clin d'oeil (Val)
Vois comme à présent je les connais bien… De mon poste, je les observe depuis des semaines. Je peux te dépeindre leur vie très précisément. J’ai scruté leurs moindres gestes, leurs moindres pensées. Je connais leur emploi du temps à la minute près. Que dis-Je ? A le seconde !
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Je les ai choisis tous les deux parce que je les ai trouvé attachants. Et puis, ils représentent plutôt bien tes semblables, non ? Une jeune femme seule, un peu paumée, un homme heureux en ménage, mais qui s’ennuie dans son travail… Un joli panel, en somme. Leur sort n’est ni triste à pleurer, ni très enviable, finalement. C’est le lot de beaucoup d’entre vous, ce n’est pas toi qui me contrediras.
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Je les ai choisis aussi parce…Oh ! Et puis, de toutes manières, je n’ai pas à me justifier auprès de toi, Tiphaine ! Je les ai choisis arbitrairement. Ce fut un choix du cœur. C’est mon droit . Je choisis bien qui je veux ! Je suis Dieu, après tout !
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Je vous aime toutes et tous depuis la nuit des temps. A dire vrai…depuis le big bang, pour être plus précis (Non, non, il n’est pas incompatible avec mon existence).
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Il y a encore peu de temps, comme tu le sais, j’étais au bord du gouffre. Je pleurais depuis si longtemps qu’il m’était devenu impossible de sécher mes larmes. Mais tout va bien mieux maintenant, depuis que tu es venue à moi et que tu m’as pris la main. Dieu sait comme j’avais profondément besoin (comme vous tous) qu’on me prenne la main…
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Grâce à toi, tout va mieux ! J’ai cessé de pleurer et me suis remis au travail. J’ai regardé au fond du gouffre et je les ai vus, tous les deux. Depuis, chaque jour, je me penche, et je les regarde vivre.
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Oh ! Pour les guerres, les maladies, les famines, on verra plus tard. Je suis encore bien fragile, tu sais. Le moindre surmenage me renverrait au bord de mon gouffre, et je ne veux pas y retourner.
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Je reprends confiance, peu à peu. Humblement, j'apprivoise le gouffre. Je m’efforce de ne pas surestimer mes capacités, et , en toute humilité, je me fixe des objectifs à ma portée. Voilà pourquoi j’ai choisi de les suivre eux, Tiphaine. Dieu est amour, mais Dieu est encore bien vulnérable, pour l’heure…
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J’ai déjà fait un pas énorme, grâce à toi, en acceptant de baisser les yeux pour y admirer toute cette beauté dite à mon image…
Tu as raison, chère Tiphaine : seul le premier pas coute vraiment. Les autres ne sont qu’amour. Le gouffre m’a effrayé, certes. Il m’a fait mal, aussi. Mais comme je l’aime, maintenant… Comme je vous aime tous, à travers eux…
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Tu m’as conduit jusqu’à la lumière, Tiphaine. Je ne te remercierai jamais assez…
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Je les ai suffisamment observés maintenant. J’ai appris à les connaître, et à les aimer pour ce qu’ils sont, c’est à dire beaux et resplendissants d’amour, à mon image. J’ai appris aussi à m’aimer à travers eux.
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Je m’en vais de ce pas les prendre par la main comme tu as su le faire pour moi, Tiphaine. Je m’en vais les inciter à regarder droit dans les yeux le gouffre au bord duquel ils sont assis à pleurer. Je pars modifier, avec eux, le cours de leurs destinées respectives.
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Je te laisse, j’ai du travail. Prends soin de toi, Chère Tiphaine.
Dieu qui t’aime
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