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Le défi du samedi
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30 juillet 2022

Autres rivages, partie quatre (joye)

Je n’ai jamais eu de sœur, mais j’avais une cousine favorite. Elle, ronde et rousse bouclée.. Moi, ronde et blonde ébouriffée. Elle plus âgée, mais pas beaucoup plus.

Nous nous adorions. Pour toujours.

cousines encadrees

Lorsque nos parents se rendaient visite, au moins une fois par mois en été, après le travail à l’usine pour mon oncle, après la traite du soir pour mes parents, nous les cousins - Siobhan, son frangin Roussel, et moi - nous jouions ensemble à tous les jeux. En été au dehors, en hiver dans le living.

Si l’on s’aventurait au premier étage, soit ma tante Lila, soit ma mère venaient nous demander si l’on voulait qu’elles montent. On comprenait du ton de l’interlocutrice  que ce n’était pas une éventualité qui finirait agréablement. Ma tante Lila criait souvent “Well, Jeez-O!” pour montrer son irritation. Sinon, les décibels montaient jusqu’au premier - et dernier - avertissement.

Notre jeu favori en été était “Pubs”.  Sur la véranda de ma maison qui nous servait d’estrade, nous nous  présentions nos publicités favorites à la télé. Nous chantions les rubriques, nous jouions les gens, nous parlions de nos produits. La luminaire de porte nous servait de projecteur. Il n’y avait pas besoin d’y aller les voix baissées. On était dehors. À la campagne. La campagne qui résonnait de nos talents musicaux et mimiques. C’était magnifique ! On était plus stars que les étoiles.

En hiver, nous nous contentions de jouer au cache-cache dans le living, mais nous cachions un objet au lieu de nous-mêmes. Cela irritait moins les adultes qui bavardaient dans la cuisine à côté.

Et puis, un soir : désastre. Mon oncle et ma tante sont arrivées sans mes cousins. Ma cousine avait commencé à travailler en ville au ciné le soir et mon cousin n’avait plus l’âge de jouer aux pubs.  J'ai reçu cette nouvelle comme une claque. Comme un coup de lapin, et moi, j'étais le lapin qui n'avaient pas prévu une telle fin abrupte. Siobhan avait rompu avec moi sans me prévenir !

Un peu plus âgée que moi, elle m'avait aussi trahie en grandissant, maigrissant, devenant vraiment belle. Elle avait trouvé un travail en ville et un petit copain. Moi, je n'avais que mes livres, mes bonnes notes, et ma rondeur encore trop généreuse.

Alors, merde. C’était mon premier vrai deuil, la fin de notre enfance mutuelle, de notre amour pour toujours.

Juste après le lycée, elle a épousé son copain et elle a commencé à travailler comme secrétaire dans une usine. Moi, je suis partie faire les études. J'ai appris des langues. J'ai voyagé. Je suis devenue prof.

Nous ne nous sommes revues que deux fois depuis : aux obsèques de mon papa, et la dernière fois juste avant la mort du sien. Elle avait regrossi, ses cheveux roux étaient gris, elle boîtait et souffrait au dos, mais je ne me sentais ni surprise, ni triste, ni vengée, c'était juste un petit moment heureux ensemble avec elle et Roussel.

J'ai failli demander s'ils voulaient jouer aux « Pubs ».

Mais hélas, j'ai dû faire un deuxième deuil, cinquante ans après le premier, quand j’ai su qu’elle avait voté pour Trump.

D’abord, c’était le choc, après la colère, j'avais envie de crier "Well, Jeez-O!", et puis, lentement, je me suis rendu compte que moi, je n’avais jamais eu ses cheveux roux. Et elle, elle n'avait jamais eu mon intelligence.

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23 juillet 2022

Autres rivages, partie trois (joye)

Francesca est mon amie. Elle naquit en Italie, mais à une jeune âge, elle connut un jeune Iowanien venu en visite avec un des ses copains de Des Moines. C’était le coup de foudre entre lui tout grand et blond et italianophile  et elle petite et basanée et américanophile. Ils se marièrent très jeunes et on connaìt la suite !

Enfin, non, voyons, vous ne connaissez pas la suite.

Revenons alors à Francesca.  Je la connus à la fac en Iowa où j’enseignais. Elle était assistante en sciences. Elle était haute comme trois pommes si l’on en avait mangé une.

C’était remarquable de la voir avec de grands gars costauds en train de leur expliquer les mystères de la chimie, cette gamine qui avait l’air d’une ado, un peu comme un petit lapin qui expliquait la forêt à des ours, quoi.  Francesca

Toutefois, Francesca n’étudiait pas les sciences, elle se spécialisait en espagnol.Elle gagnait tous les prix et sa maîtrise était tellement bonne qu’elle put se disputer avec quelques policiers corrompus à la ville de Mexico et elle gagna. Au lieu d’un pot de vin, ils eurent une seau d’eau plein dans la tronche. Cela me rappelait la fois où je me disputais longuement au guichet du SNCF à Montparnasse, et gagna ! Moins impressionnant, sans doute. Je ne risquais pas que le monsieur me jette en prison. Quoique...

Personne ne nie le fait que Francesca est surtout impressionnante. À part sa gymnastique mentale et linguistique, elle est athlète, coureuse à longue distance. Elle est mère de deux filles superbes, maintenant à l’université, et Francesca elle-même est directrice d’un département à une petite université non loin de Des Moines. Elle et son mari sont aussi ce qu’on appelle des “foodies” (non, l’expression “gourmets gourmands” ne fait pas l’affaire) et tout le monde rêve des parfums exotiques des repas préparés par la piccola ragazza mía.

Cela dit,  la chose la plus impressionnante serait le fait que Francesca est bien plus américaine que moi. Elle n’a pas exactement l’accent du Mid-West, mais personne ne croirait pas qu’elle naquit à l’étranger, cette belle citoyenne - et fière de l’être - de mon pays..

16 juillet 2022

Autres rivages, partie deux (joye)

pagode

Hedwig fut une déesse, une vraie.

Sa peau luisait sa jeunesse et sa beauté.

Elle avait de grands yeux bleus, écarquillés, et de longs cheveux blonds.

Sa bouche était large quand elle souriait, mais son sourire était rare, rare comme une étincelle de miséricorde dans ses yeux bleu vitreux.

C’était une grande fille fluette mais robuste, perspicace, sèchement spirituelle.

Elle sentait la santé.

Hedwig était stéréotypiquement allemande, quoi.

Elle portait son intelligence comme un fleuron porte des marins armés avec des flèches flambantes.

Quand elle jouait aux cartes, c'était une pirate à la recherche d’un butin, elle jouait jusqu’au bout et ramassait ses pièces avec ses doigts longs.

Nous traversâmes Paris ensemble un jour, à pied. Hedwig cavala à longues enjambées, une jument en liberté et à la conquête.

Si elle avait été asiatique, elle aurait été une pagode, un mot qui veut dire “déesse”.

Mais elle était humaine, il y avait de l’imperfection dans ses intentions.

C'était une déesse, mais elle n’était pas God.

9 juillet 2022

Autres rivages, première partie (joye)

La vie n'est pas ce que l'on a vécu, mais ce dont on se souvient et comment on s'en souvient. - Gabriel Garcia Marquez

Je connais cet escalier. Je l’ai monté et je l’ai redescendu une bonne centaine de fois, dans l’immeuble de mon amant.

Il était grand et mince, aux cheveux noirs. Il portrait des lunettes. Pas terriblement beau, mais pas moche. Sa peau sentait les épices.

Je ne me souviens plus du tout de sa voix, mais elle était marquée par la petite musique du Midi, pas épaisse, non, après tout, il vivait et travaillait à Paris, et, comme moi, il avait appris l’accent qui allait avec. 

escalier

Il s’appelait…

J’hésite.

Dois-je vous dire son nom ? Je crois que non.

Trop de précisions gâche une histoire, à mon avis.  Comme tant d’autres détails sourds et incolores, assombris par le temps et l’oubli, certains souvenirs attendent silencieusement qu’on les rappelle, lorsque d’autres détails méritent d’être changés, poétisés, brodés avec les couleurs qu’il faut pour reconstituer une tapisserie originale. 

Alors,  parce que j’aime ce prénom, disons qu’il s’appelait Mathieu.

Et maintenant, j’attends, comme tant de fois il y a longtemps, ses pas dans l’escalier.

2 juillet 2022

tourisme, quand tu nous tiens... (joye)

manifester les vacances

(cliquer sur l'image pour l'agrandir)

NDLR:  Je travaille maintenant pour la maison de tourisme locale chez moi et j'ai passé cette semaine à rédiger des pubs pour beaucoup de publications, m'occuper du site web, Instagram et Facebook, préparer un char pour le défilé du 4 juillet lundi, et planifier une visite guidée pour le 5 août, alors, vous comprendrez un peu que je suis encore en mode Syndicat d'iniative...la semaine dernière, j'étais à la radio, et cette semaine, le journal local m'a interviewée pour un article...

À propos, si vous voudriez booker une visite chez moi, n'hésite pas à me contacter, je connais une nénette qui s'occupera bien de vous !

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25 juin 2022

Je veux danser la Polska (joye)

polska jpeg

Lubię lody.

🍦🍦🍦

Lubię francuski.

💙🤍❤️

Lubię podróżować.

🚗✈️🚅

Lubię czytać.

✍️✍️✍️

Lubię muzykę

🎶🎶🎶

Lubię logikę

🤔🤔🤔

Lubię magię

🪄🪄🪄

Lubię lubię.

❤️❤️❤️

 (par pure lubie, oeuf corse)

18 juin 2022

K.O., c'est quand les mots s'envolent (joye)

bird signed joye

11 juin 2022

Le terme jachère pose un problème particulier (joye)

Le terme jachère pose un problème particulier : il a complètement changé de sens depuis deux siècles. Changement qui, lorsqu’il n’est pas pris explicitement en compte, entraîne les malentendus les plus graves. - Pierre Morlon et François Sigaut, Les Mots de l’Agronomie

Ah, ces maux de l’agronomie ! Ah ces mots de langue !

Ah, ces mauvaises langues !

Dans le langage courant aujourd’hui, « en jachère » est l’état d’une terre qui pourrait produire mais qu’on laisse temporairement à l’abandon. - Idem.

Alors, il a bien labouré le terrain, il a semé sa jactance partout, il a sarclé le tout manuellement et à l’aide des outils. Autrement dit, il a bossé dur. 

Mais, pendant plus de 1000 ans et jusqu'en plein XXe siècle, les cultivateurs ont appelé jachère l'ensemble des façons culturales de printemps et d'été qui préparaient les semis d'automne, ainsi que les terres qui recevaient ces façons, et la période de temps qui leur était consacrée.- Idem.

Il fait alors son deuil, arrosant ces champs de ses larmes de dépit. 
Car ceux qui se croient les propriétaires fonciers foncent,
et jalousent soigneusement leur othentique,
ils manient vicieusement leurs pioches. 
Leurs charrues voraces ameublissent la confiance
et retournent la joie de se cultiver.  

Mèfi donc au pissenlit.

C’est le barbare à la porte.

Mais il mourra bien, tôt ou tard,
surtout si l’on l’asperge bien
de poison.

border

4 juin 2022

illusoire (joye)

illusoire

28 mai 2022

hyperbole, le film (joye)

21 mai 2022

Harpagonie (joye)

fends-toi d'un compliment

jamais

je ne comprendrai

ceux et celles et ceusses

qui ne savent pas

se fendre

d'un compliment

d'un vrai

d'un qui parle

du contenu

de l'effort

d'une pensée

et non pas

d'eux-mêmes

grigous debout

gardant la gentillesse

dans leurs lourdes besaces

couillasses

14 mai 2022

paf ! la participation (joye)

Avant de vous en aller, permettez-moi de vous raconter la jeune boxeuse dont vous voyez la photo dans la vidéo.

Elle s'appelle Ava Knight. Elle est née en Californie en 1988. 

Elle est connue comme "La Dame de la Boxe" parce qu'elle ne dit jamais des gros mots et elle est toujours polie.

Sur 26 matchs, elle a eu 5 KO, 14 décisions, et 5 matchs nuls.

Dans toute sa carrière, elle n'a perdu que 2 matchs.

Son record comprend un titre international.

D'autres détails ici et ici (mais en anglais, désolée).

🥊🥊🥊

 

7 mai 2022

arouuuuuuuuuuuuuuu (joye)

arouuuuuuuuu

30 avril 2022

aimer à l'envers (joye)

aimer à l'envers

c'est donner le la

au diapason

c'est revenir de loin

vers l'horizon

c'est danser à genou

c'est prier sur la pointe des pieds

c'est bénir son pain

avant de le remettre

au four et attendre

que le pétrin sortira

tout cru

aimer à l'envers

c'est défaire

le noeud coulant

avant d'appeler

le bourreau

23 avril 2022

Jeune aise (joye)

1 Au commencement, Joye étudia l’anglais et le français à l'université.

2 Son savoir était informe et vide: il y avait des ténèbres à la surface de l'abîme, mais l'intellect de Joye se mouvait aux cours.

3 Joye dit: Qu’une coloc soit! Et la coloc fut.

4 Joye vit que Mary était bonne mais elle aimait fumer du shit dans la chambre, qui était illégal. Alors, elles séparèrent l’amitié d'avec la cohabitation.

5 Joye appela sa deuxième coloc Nancy. Ainsi, il y eut des soirs, et il y eut des matins: ce fut la deuxième année et Nancy mangeait toute la nourriture qu’avait Joye, fumait ses clopes et prit ses vêtements et son vernis d'ongles.

6 Joye dit: Qu'il y ait une étendue entre moi et cette égoïste, et ce fut.

7 Et Joye eut une troisième colocataire, dont elle oublie le nom. Elle aimait Jésus. C’était une bonne soeur manquée. Et cela fut ainsi.

8 Joye vécut un été avec Pam qu’elle aimait bien. Mais c’était l’été de Shakespeare, et les Maths des Finances, et l’histoire moderne obligatoire, tout en travaillant comme assistante d'un prof de chimie. Donc, l’été passa vite et flou.

9 Joye dit: Que je loue une maison avec cinq autres filles en un seul lieu, pas loin du campus. Et cela fut ainsi.

10 Joye les appela Pam, Kathy, Lisa, Jane et la cinquième, une tête de linotte. Joye vit quand même que cela était bon (à part la dernière).

11-12 Puis Joye fit son stage, et il n’y avait jamais plus que deux filles qui y vivaient vraiment. Lisa vivait vraiment avec Jack. Joye vit que cela était bon, à part le dimanche matin où arrivaient les parents de Lisa et Joye devait mentir et leur dire que les deux étaient allés chercher le journal du dimanche.

13 Ainsi, il y eut un diplôme, et il y eut une année en France : ce fut la joie totale. Et un apart' à elle toute seule.

14 Joye dit: Ya basta, plus besoin de colocataires. Que ce ne soit que moi qui mange mes vivres et qui fume mes clopes, sauf quand il y a des invités, plus de bonnes soeurs ni des têtes de linotte, jusqu’au jour qu’il y avait des luminaires dans l'étendue du ciel, qui signalaient l’arrivée d’Iowaboy.

15 Et qu'ils se servirent des luminaires dans l'étendue de l'Iowa pour éclairer la terre avec leur amour. Et cela fut ainsi.

iowagirl et boy

 40 ans de mariage le 10 avril 2022

16 avril 2022

Eia kaʻu ʻōlelo (joye)

Ua hoʻi au, akā ʻaʻohe oʻu manawa a i ʻole ikaika e kākau i kekahi mea. E ʻoluʻolu e hauʻoli i ke kiʻiʻoniʻoni aʻu i hana ai.

9 avril 2022

Maths-moi ça ! (joye)

Quand vous lirez ceci,

Je serai pas ici,

Je serai à Symptote !

Nan, je mens, mais pas pire,

Je m'approche à une ligne de mire,

C'est à dire

Que

Je serai ~ wowee ! ~

À Maui !

Et je n'ai même

Pas

Honte.

MAUI-main

2 avril 2022

j'aurais pas pu Meuse dire (joye)

26 mars 2022

Tais-toi et rame (joye)

Après avoir vu cette vidéou, Aou - Aou1  mit son boubou pour aller faire coucou à son doudou un peu foufou nommé Gougou, et son perroquet MouMou et son chat SouSou. Elle se retrouva vite devant sa porteou grâce à un Uberou.

- Hoo-Hoo !  cria Aou-Aou.

- Eh, mon joujou !  répondit Gougou.

- Hallo Loulou! fit Moumou.

- Hein, cher nounou ?” demanda Aou-Aou.

- Hein et Ouh ! Ouh ! rit donc Gougou

- Pouh ! Pouh ! grommela Aou-Aou.

- Rou rou ! fit la SouSou (car ne fut pas toutou).

- Mais où êtes-vous, vous ? cria Aou-Aou.

- Dans le wouwou !2 ricana Gougou.

- Ah, ça xouxou ! 3 ! Je m’en vais dans ton youyou !

Et zouzou !  Aou-Aou prit la poudre d'escampettou.

 _____

1 Prénom ramelandais. C'est à peu près l'équivalent de "Florence" et se prononce "Tifani".

2  C'est le WC en Ramelande où vit Aou-Aou, Gougou, le perroquet et le chat.

3 C'est du ramelandais pour « Ça schlingue ! »

19 mars 2022

Scandale au Met (joye)

madame-x-repainting-244

Deux arrivistes

Finirent tristes.

Ce portrait

À souhait,

Le nez pointu

Et tout ce nu

Coulèrent pic

Au grand public.

La peau

De  Gautreau

Fit tellement scandale 

Cette Virginie point virginale 

Que

Sargent dut

Renommer sa renommée.

Elle devint madame X,

Et l’artiste

Lui remonta

Les bretelles.

 

Pour la version moins poétique de cette histoire, voir ici.

 

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