Autres rivages, partie trois (joye)
Francesca est mon amie. Elle naquit en Italie, mais à une jeune âge, elle connut un jeune Iowanien venu en visite avec un des ses copains de Des Moines. C’était le coup de foudre entre lui tout grand et blond et italianophile et elle petite et basanée et américanophile. Ils se marièrent très jeunes et on connaìt la suite !
Enfin, non, voyons, vous ne connaissez pas la suite.
Revenons alors à Francesca. Je la connus à la fac en Iowa où j’enseignais. Elle était assistante en sciences. Elle était haute comme trois pommes si l’on en avait mangé une.
C’était remarquable de la voir avec de grands gars costauds en train de leur expliquer les mystères de la chimie, cette gamine qui avait l’air d’une ado, un peu comme un petit lapin qui expliquait la forêt à des ours, quoi.
Toutefois, Francesca n’étudiait pas les sciences, elle se spécialisait en espagnol.Elle gagnait tous les prix et sa maîtrise était tellement bonne qu’elle put se disputer avec quelques policiers corrompus à la ville de Mexico et elle gagna. Au lieu d’un pot de vin, ils eurent une seau d’eau plein dans la tronche. Cela me rappelait la fois où je me disputais longuement au guichet du SNCF à Montparnasse, et gagna ! Moins impressionnant, sans doute. Je ne risquais pas que le monsieur me jette en prison. Quoique...
Personne ne nie le fait que Francesca est surtout impressionnante. À part sa gymnastique mentale et linguistique, elle est athlète, coureuse à longue distance. Elle est mère de deux filles superbes, maintenant à l’université, et Francesca elle-même est directrice d’un département à une petite université non loin de Des Moines. Elle et son mari sont aussi ce qu’on appelle des “foodies” (non, l’expression “gourmets gourmands” ne fait pas l’affaire) et tout le monde rêve des parfums exotiques des repas préparés par la piccola ragazza mía.
Cela dit, la chose la plus impressionnante serait le fait que Francesca est bien plus américaine que moi. Elle n’a pas exactement l’accent du Mid-West, mais personne ne croirait pas qu’elle naquit à l’étranger, cette belle citoyenne - et fière de l’être - de mon pays..