Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Le défi du samedi
Visiteurs
Depuis la création 1 050 402
Derniers commentaires
Archives
21 novembre 2020

De Caïn à ... (Vegas sur sarthe)


Caïn avait un nombril vieux de cinq ans quand son petit frère Abel fut venu.
Alors Adam se plia de mauvaise grâce au cérémonial du nœud d'ombilic en jurant sur la Bible que ça serait bien la dernière fois.
Mais Eve ne l'entendait pas ainsi et, s'armant de patience elle remit le couvert cent trente ans plus tard pour accoucher de Seth, un sacré numéro conçu pour compenser la disparition d'Abel, sauvagement taquiné par son aîné !
« Pourquoi Sept ? Pourquoi lui avoir donné un numéro au lieu d'un prénom ? » se demandait Adam qui n'avait pas eu droit au chapitre.
On dit que les voix du Seigneur sont impénétrables mais cette manière de compter nous permet de savoir que nous sommes près de sept milliards à nous regarder le nombril.
Bien avant que nous soyons sept milliards, le Tout Puissant avait eu la bonne idée de créer la pléthore pour abréger les comptes.

N'y avait-il que des petits couillus et pas une seule pisseuse dans cette pléthore ? Que nenni puisque Seth eut des filles après avoir épousé Azura, la première fille d'Eve donc sa sœur.
Ainsi naquit l'inceste pour faciliter la « chose » et  assurer la tranquillité d'Eve.
« Eve lève-toi tes enfants ont grandi » braillerait bien plus tard sa descendante Julie Pietri.

Depuis son septième fils Mathusalem, Eve en avait marre d'enfanter dans la douleur – le Créateur étant toujours réfractaire à la péridurale – sans compter que son onzième fils Noé lui avait donné bien du souci.
Il faut dire que Noé était né humide et qu'il trempa ses couches très longtemps jusqu'à provoquer le déluge; il dut son salut et celui de sa famille à cette grande boîte en bois goudronné qu'on lui avait offert pour Noël alors qu'il atteignait l'âge de six cent ans …
Le Tout Puissant avait créé Noël pour juguler un trop plein de rennes qui chiaient partout et de sapins qui lui bouchaient la vue... mais ceci est une autre histoire

Publicité
14 novembre 2020

Caïn (Vegas sur sarthe)


Ils en étaient encore à se chamailler au sujet du prénom – elle exigeait Caïn alors que lui voulait Caha – quand elle ressentit une douleur atroce, bien plus atroce que lorsqu'elle s'était cassé un ongle en feuilletant son Genèse Magazine …
Eve comprit alors le sens des paroles du Tout Puissant peu soucieux de créer la péridurale : »Tu enfanteras dans la douleur ».
« Tu vas morfler » lui souffla Adam pour la rassurer « tu devrais ôter tes loups-bouquetins » , ce qu'Eve fit de mauvaise grâce en se tordant sur la couche.
A quoi bon relater ici l'horreur et la panique des heures qui suivirent et combien Adam souffrit des beuglements d'Eve au point qu'il dut s'équiper de boules de houx, ancêtres des célèbres boules « Qui est-ce ? »
C'était leur toute première fois, toute toute première fois comme le braillerait bien plus tard une extraterrestre nommée Jeanne Mas...

C'est en braillant lui aussi que Caïn débarqua sur Terre au bout d'un moment et d'un tuyau, une sorte de boyau qu'Adam eut bien du mal à sectionner entre deux cailloux.
Comme Eve trouvait ce bout disgracieux, Adam n'eut pas d'autre idée que d'y faire un nœud qu'il dissimula sous une petite feuille de vigne en déclarant d'un air satisfait: »Tiens mon p'tit Caïn, mon p'tit pouchin, y'a plus qu'à attendre que ça sèche »
Eve fulminait. Ce gamin démarrait mal dans la vie avec un tire-bouchon sur son bidou !
Soucieuse, Eve palpa son ventre encore gonflé et n'y trouva pas ce bout de machin.
Adam non plus ne possédait pas le bout de machin, elle s'en serait rendue compte.
« Comment on va l'appeler ? » demanda Eve.
« Tu ne vas pas recommencer ! » hurla Adam «c'est Caïn. T'es pas satisfaite ? »
« Non » rétorqua Eve «  j'te parle du machin, pas du gosse... comment on va l'appeler c'machin ? »
« Euh... j'en sais foutre rien » dit Adam « on s'attendait pas à c'que le gosse ait un bout... enfin, deux bouts puisque c'est un mâle »
« Si on l'appelait un nombrilic ? » suggéra Eve.
« D'où tu sors ça ? Encore une connerie de ton Genèse Magazine» ronchonna Adam.
« J'trouve ça mignon, nombrilic » répondit Eve, évasive «Môssieur a surement une meilleure idée ? »
« Euh... je trouve que Hic c'est en trop, on dira plus tard qu'y a un Hic chez Caïn » fit remarquer Adam.
Eve soupira : »Alors disons nombril. C'est sympa nombril... et ça fait quand même dix points au scrabeule ».
« C'est quoi un scrabeule ? » s'enquit Adam.
« Laisse tomber » dit Eve «c'est un nouveau jeu dans Genèse Mag ».

Adam réfléchissait : »Sympa ce nombril ? Me dis pas que je vais devoir faire un nœud à chaque fois qu'on aura un moutard ? »
« Bien sûr que si Monsieur ! » s'emporta Eve «  et n'oublie pas que c'est d'abord un bout de moi ».
« Ouais, ben c'est pas le meilleur bout » lança Adam sans mesurer la portée de ses dires.
L'instant d'après il prenait les loups-bouquetins en pleine tête comme on recevrait une paire d'enclumes si les paires d'enclume existaient.
Quelle idée avait-il eue de lui confectionner ces lourds escarpins qui puaient le bouc ?
Dans sa nacelle en feuilles de bananier, Caïn ronflait comme un opossum, pendu à la mamelle de Ino, la nourrice mytho... logique .

Dans son coin Adam ruminait : »Pour le prochain, c'est moi qui choisis le prénom... ça sera Abel, Abel-de-Cadix et il aura des yeux de velours, na ! »

7 novembre 2020

The Gregorian Voice (Vegas sur sarthe)


Interrompant le choeur des moines de l'Abbaye de Solesmes la voix de stentor de Dom Prosper s'éleva sous la sainte voûte : «Qui m'a salopé mon Dies iræ ? »
Et chacun de rentrer la tête sous sa capuche, priant pour que l'orage passe vite... mais ici rien ne passe vite, le temps est suspendu.
« Qui a bousillé mon chant grégorien ? » hurle t-il, le visage exsangue.
Un moinillon inconscient ose une question : «Que se passe t-il Dom Prosper ? »
Dom Prosper le fusille du regard : «Quelqu'un a tagué des pattes de mouche sur la portée de mon Dies iræ, des graffitis sacrilèges, d'immondes virgules ! »
« Peut-on voir ? » insiste le moinillon toujours aussi inconscient en s'approchant du saint livre.
« Vois cette imposture, ce sacrilège » s'égosille Dom Prosper « entre Jour de colère... Que ce jour-là... Qui verra les siècles réduits en cendres... sais-tu qui s'est permis de saloper ma portée ? »

Le choeur reste muet et s'écarte pour laisser passer celui qu'on surnomme Dom Obispo depuis sa récente participation au jury de The Gregorian Voice.
« C'est encore toi! » éructe Dom Prosper « j'aurais dû m'en douter »
« Mais je... » tente Dom Obispo, aussitôt interrompu par son supérieur.
« Quelle mouche t'a encore piqué ? » tonne Dom Prosper surnommé Youp La Boum dans le secret des alcôves.
Le visage de Dom Obispo s'éclaire : «Il s'agit d'une nouvelle notation que j'ai mise au point Dom Prosper, une manière de décomposer la mélodie et d'y mettre un peu de rythme, que diable !»

A ce blasphème Dom Prosper explose : «Je m'en vais te décomposer et te mettre du rythme moi ! Tu devrais avoir honte de dénaturer des œuvres ancestrales. Imagines-tu la portée de ton acte ? »
« Euh... il y a portée et portée Dom Prosper. D'ailleurs je me suis permis d'y rajouter une ligne. Il faut vivre avec son temps » rétorque l'insolent « ces pattes de mouche sont des neumes voyez-vous, des punctum, des apostrophes, des podatus ou des torculus, ainsi que des... »
Dom Prosper n'en peut plus : «Je t'en foutrai des torculus ! Non content de m'avoir embrouillé la semaine passée avec ta clef de dos que j'en ai encore mal aux lombaires, tu salopes mes livres de messe, je... je... »
Tétanisé, Dom Prosper s'écroule les bras en croix sur le dallage, secoué de terribles spasmes.
Déçu, Dom Obispo lève les bras en signe d'impuissance, dévoilant deux superbes tatouages de style gothique : «C'est toujours la même chose avec les passéistes »
Et il s'en retourne à sa cellule en soupirant : «Dommage, il y a quelque chose de magique dans sa voix... je sens qu'il aurait pu faire de belles choses dans mon équipe... Il aurait pu chanter Lucie, Sainte Lucie dépêche toi, on vit, On ne meurt qu'une fois... »

31 octobre 2020

Mégalowomanes  (Vegas sur sathe)


« Dis-moi mon bichon, c'est quoi un mégalomane ? »
Germaine a toujours eu l'art de poser des questions élémentaires.
J'hésite un peu malgré tout : « Euh... c'est un type qui a un gros … comment dire ... »
« Je vois » me coupe t-elle avec un rire gras.
« Non tu vois pas Germaine, c'est un type qui a un gros ego »
« Un gros zégo ? C'est comme Rocco Siffredi»
« Pas du tout, c'est un type qui a un gros amour-propre si tu préfères »
« En effet, si c'est de l'amour propre ça peut pas être Rocco »
Chacun soupire mais pas pour la même raison.
« Non Germaine, ça ne peut pas être Rocco, un mégalomane c'est quelqu'un qui a un désir de puissance et de gloire »
« Comme Herbert Léonard dans Châteauvallon... qu'est-ce que j'ai aimé... Puissance et gloire Dans l'eau trouble d'un regard L'aventure et la passion, Nananère»
« Oui mais c'est pas ça non plus, c'est quelqu'un qui aurait... comment t'expliquer … la folie des grandeurs, voilà »
« D'accord, donc on peut dire que De Funès était mégalomane ? »
« Pas exactement Germaine, les mégalomanes notoires ça serait plutôt Louis XIV, Napoléon Bonaparte ou Hitler »
« Ouais … encore une fois y'a que des mecs... donc pas de mégalowomanes ? »
« Mais non, voyons ! Mégalomane ça s'adresse aux femmes comme aux hommes, d'ailleurs mégalomanie c'est un mot féminin»
«Je m'en serais doutée... tout ce qui finit par manie c'est pour les femmes !  Tu sais quoi ?  Donne moi un exemple et je te croirai ! »
J'adore quand Germaine s'emporte mais j'ai intérêt à lui dégoter un bon exemple.
« Et bien... Marylin est un bon exemple »
« Maryline... celle du dessous ? »
Je tombe des nues : « Hein ? La voisine du dessous s'appelle Marylin ? »
« Mais non ! Quand j'parle du dessous c'est de son jupon qui s'envole sur la bouche de métro ! »
« Alors c'est Marylin Monroe, son nom c'est Monroe»
« Et donc la Monroe elle avait un gros... ego ? »
« C'est du moins ce qu'on dit depuis qu'elle est morte»
« On peut en mourir ? Ça ne se voyait pourtant pas »
« Tu sais Germaine, l'ego ça ne fait pas partie des mensurations des starlettes »
« Et t'en connais d'autres des mégalowomanes ? »
« Euh... Lady Gaga et puis Madonna, Calamity Jane, Bécassine, la Reine des Neiges... »
Germaine fronce les sourcils.
« T'es sûr de ça ? »
« Euh... pas pour la Reine des Neiges. Au fait, pourquoi veux-tu savoir à tout prix ce qu'est un mégalomane ? »
J'aime bien quand Germaine suçote le bout de son crayon, ce crayon qu'elle plante rageusement dans sa choucroute façon Bardot.
« Je cale sur une définition pour un mot de dix lettres commençant par mega »
« C'est quoi la définition ? »
« Unité de puissance d'une charge nucléaire »
« J'aurais tendance à dire que c'est Megatonnes mais s'agissant d'une bombe sexuelle ça fait aussi penser à Marylin »
Germaine fronce à nouveau les sourcils.
« Là t'es en train d'penser à la voisine du dessous ! »
Je prends l'air stupéfait : »Me dis pas qu'elle s'appelle Monroe ! J'peux pas y croire. On a une Monroe dans l'immeuble !»
Germaine arrête de suçoter le bout de son crayon : »Je sais même pas son nom. Toi non plus parce que vous vous appelez par vos prénoms, hein ? »
Ça ne va pas être facile de sortir de cette ornière.
Je tente : »Tu sais bibiche, elle ne s'appelle pas plus Monroe que je ne m'appelle Rocco... alors t'as rien à craindre »
Germaine soupire ou plutôt elle finit son apnée : »T'as raison bichon. Elle s'appelle sûrement Bécassine »
Je respire aussi.
Je hais ses mots croisés.

24 octobre 2020

Juliette et rodéo (Vegas sur sarthe)


Tu rêvais de l'Asie, enfin de grands espaces
de contrées inconnues et du bush australien
Tu parlais du lasso des gauchos brésiliens
je n'ai pas vu venir tes tours de passe-passe

Tu as voulu jouer Juliette et rodéo
Je t'avais prévenue qu'au début on s'enlace
et qu'aux jours ennuyeux, assombris on s'en lasse
blasés, désabusés, loin de nos idéaux

A trop vouloir gagner, tirant sur la ficelle
la boucle coulissante a tué mes ardeurs
j'avais de ton blabla perdu le décodeur

Tu peux bien remballer tous ces mètres de corde
sur les hommes en troupeau répandre la discorde
je caracole en paix vers d'autres jouvencelles

Publicité
17 octobre 2020

Le collier de Vénus (Vegas sur sarthe)


Il y a bien longtemps pour Noël j'avais offert à Germaine un superbe kimono en viscose de La Redoute et j'avais hâte de découvrir mon cadeau en retour.
« On a fait tous les deux dans l'exotisme » me dit-elle ravie en poussant devant moi une brouette !
« C'est exotique une brouette ? » demandai-je « on n'a même pas de jardin »
« C'est une brouette que j'ai fait venir de Gang Bangkok »
« Gang Bangkok ? Ça existe, ça ? »
«C'est en Thaïlande, pardi … c'est une authentique brouette thaïlandaise. C'est très tendance »
Je n'ai pas voulu contrarier sa tendance, la brouette est toujours à la cave depuis ce jour.
Donc pour le Noël suivant je lui ai offert un nouveau kimono – en quelque sorte une seconde chance – puis à  chaque année qui a suivi et à chaque fois elle m'offrait ces fameux cadeaux tendance auxquels je ne comprenais rien.
Fort heureusement la plupart étaient plus discrets que la brouette comme une cravate de notaire couleur vieux rose, un nœud coulant sans doute pour me pendre, un collier de Vénus ayant appartenu à Vénus en personne,
 un gaufrier « pour des instants complices » comme le stipulait la notice, un lotus à cultiver « en tailleur » ?? ou encore un palanquin pour les sportifs.
Puis il y eut un ventilateur, une balançoire et même un petit pont qualifié d'acrobatique !
Il y eut aussi un flipper et un moulin à vent, puis un  marteau piqueur qu'elle eut bien du mal à monter dans notre cinquième étage et qui ne piqua jamais rien.
J'offrais toujours mes kimonos, ainsi vint un poirier qu'on baptisa tout bonnement Williams puis une tortue que Germaine appela tout bonnement Rocco et qui s'échappa dans l'année en sautant du cinquième !
Enfin je reçus en cadeau une chaise magique dont la magie m'échappe encore puisqu'elle ne me sert qu'à y poser mon pyjama.
Après une bonne vingtaine de kimonos de tailles différentes car Germaine avait pris du poids avec l'âge, je cherchais toujours le lien qui la guidait dans ses choix hétéroclites quand elle m'offrit un clebs, un clébard du genre lévrier.
Furieux j'explosai : »Tu crois pas que j'vais descendre faire pisser ce lévrier tous les soirs ? »
« C'est pas un lévrier » rétorqua Germaine et elle ajouta d'un air malicieux pour ne pas dire lubrique « c'est une levrette »
Je réalisais que si j'avais été plus perspicace, j'aurais compris son message et j'aurais évité la corvée de pipi du corniaud.
Finalement la levrette a trouvé sa place, on l'a appelée Vénus – rapport au fameux collier – et elle dort sur notre lit.
Plus curieux que furieux, je me suis renseigné sur ce fameux collier de Vénus qui est en fait une position sexuelle acrobatique.
Il eut été si simple qu'elle m'affranchisse dès le départ.
Je vous résume l'affaire brièvement car c'est déjà assez compliqué comme ça sans devoir entrer dans le vif du sujet : Germaine essaie de se tenir sur une main au bord du lit, le dos parallèle au sol et ses jambes contre mon buste ; je prends ses chevilles pour les enrouler autour de mon cou.
Voilà, c'est tout … à moins qu'il manque une page à l'article.
Ça me tient chaud l'hiver et ça fait bien marrer la chienne ...

10 octobre 2020

Quand j'serai grand, j'ferai Jacquemart (Vegas sur sarthe)

 

Quand Oncle Hubert déclara que demain vendredi nous irions en ville, l'annonce nous fit l'effet d'une bombe car le petit train des pêcheurs ne circulant plus que le dimanche entre cheu nous et Dijon on irait forcément “à la ville” avec la vieille Juvaquatre du grand-père.
Je vous passe les détails du voyage, vous n'aviez qu'à les lire sur mon blog !

Dédaignant le lac Kir sur notre droite (qui ne contiendra jamais que de l'eau) et une fois passé le pont du chemin de fer, on entra dans Dijon sous une rabasse soudaine qui vida les trottoirs de ses piétons.
La vieille rue des forges nous plongea subitement dans une atmosphère toute médiévale où Charles le Téméraire risquait d'apparaître d'un instant à l'autre à quelque borgnotte.
Nous n'écoutions plus Oncle Hubert, son orfèvrerie, ses forges, ses toits de tuiles plates vernissées aux losanges multicolores...
Déjà les trois étages de la façade gothique de l'église Notre-Dame nous écrasaient de toute leur hauteur d'où grimaçaient cinquante gargouilles inquiétantes jusqu'à ce qu'Oncle Hubert nous rassure quant à leur caractère purement décoratif.
Quiconque n'a jamais vu un jacquemart en action ne peut imaginer la magie d'un tel spectacle.

Un jacquemart est un automate de bois ou de métal qui s'anime pour sonner les heures sur la cloche d'un campanile.
On raconte qu'un jour que notre jacquemart dijonnais s'ennuyait, il oublia de sonner. On eut alors l'idée de lui offrir une femme, Jacquotte - courte jupe et chapeau en galette - pour l'aider à sonner les heures puis vinrent plus tard les enfants Jacquelinet qui sonne les demies et Jacquelinette les quarts d'heure.
Les présentations étant faites, il était dix heures pétantes et Jacquemart et son épouse s'animèrent pour notre plus grande joie.
Voir et entendre sonner dix coups était loin de nous satisfaire et Oncle Hubert comprit qu'il allait devoir patienter un quart d'heure afin d'assister au ballet des enfants.
Il nous abreuva de nouveaux détails, expliquant comment Philippe le Hardi rapporta “notre” jacquemart après sa victoire sur les Flamands en 1382...

Nos trépignements d'impatience encouragèrent Oncle Hubert à continuer en nous récitant par coeur ces vers du chanoine-maire Kir qui donna son nom au fameux blanc-cassis:

Je suis en haut toujours de garde
Humant le bon vin, la moutarde
Et de minuit jusqu'à midi,
Tout en fumant une bouffarde,
Je sonne hardi-petit, hardi”

Autour de nous les curieux applaudissaient, certains même l'ayant pris pour un guide touristique mettaient la main à la poche.
On s'est payé une bonne tranche de rigolade et quelques unes de pain d'épice aussi quand Jacquelinet et Jacquelinette sont enfin entrés en action.
La sonnerie du quart d'heure n'est qu'une formalité mais on eut le temps d'apercevoir le p'tiot et la p'tiote dans leurs oeuvres.

Quand j'serai grand, j'ferai Jacqu'mart” déclara le petit cousin.
Vindieu, une vocation était née !

Parait qu'ceux d'la place saint Marc à Venise sont plus grands” osa un touriste.
Les cousins et moi, on a un regard spécial pour ça, celui qu'on réserve aux cul-terreux, à ceux qui sont pas d'cheu nous.
Oncle Hubert quitta alors son costume de guide touristique, remercia les badauds et nous annonça la prochaine réjouissance:

On va miger (manger) au buffet de la Gare!”
On a jarté d'là, d'autant qu'une nouvelle rabasse se précisait.

Dis nononque, comment qu'y font les Jacquemarts pour pas rouiller?” demanda le petit cousin.
Heureusement la pluie qui redoublait nous évita un cours magistral de l'influence des oxydes hydratés sur le chapeau d'la Jacquotte.
On allait finir gaugés en arrivant au buffet.

Pour la suite, veuillez vous reporter à mon blog … Article « Cancoillotte et Trou du Cru » .

 

26 septembre 2020

Un gros cierge (Vegas sur sarthe)


Elle rêvait d'un gros bien dur et turgescent
De ceux qu'on dresse aux cieux le lundi des Rameaux
J'osai lui suggérer le mien à demi mots
Mais il était ce jour aux abonnés absents

Je la croyais gaillarde et elle était dévote
Elle avait revêtu sa belle robe blanche
Me força d'endosser mes habits du dimanche
Alors que je rêvais d'investir sa culotte

À Saint Vincent de Paul je me vis entraîné
Germaine avait besoin d'un cierge en toute hâte
Je glissai à regret quelques sous dans la boîte

Au pied d'une statue je dus m'agenouiller
J'ai lu dans son regard qu'elle allait m'embrouiller
Il me fallut alors prier Saint Hyménée

 

5 septembre 2020

Labourage et déchaumage (Vegas sur sarthe)


« Dis-donc Marcel, ça s'rait pas toi qu'a passé la moiss-batt dans l'champ d'la Fernande ce tantôt ? »
« On peut dire ça comme ça »
« Déconne pas. J'te parle du boulot, pas de la gaudriole »
« Ouais c'est moi, pourquoi ? »
« T'aurais t'y pas oublié de régler la hauteur de la barre de coupe ? »
« Euh … j'ai fait comme d'hab et ça avait l'air de lui plaire»
« Tu rigoles ou quoi ? Joue moins à la courte paille avec la Fernande et occupe toi sérieusement d'la mécanique ! »
«Qu'est-ce que tu lui reproches à mon réglage de barre de coupe ? »
« Va voir la hauteur de l'éteule dans son champ, tu vas comprendre »
« Moi j'aime quand c'est bien ras »
« Marcel, tu veux bien être sérieux cinq minutes ? »
« Qu'est-ce que ça peut foutre que l'éteule soit haute ou basse ? C'est que d'l'éteule. Ça sert à rien l'éteule»
« Dis-donc Marcel, qui c'est qui va s'faire chier demain pour le déchaumage ? »
« J'vais te dire c'que j'en pense du déchaumage … le déchaumage c'est fait pour les technocrates de l'agriculture, c'est pas pour nous »
« Technocrates ou pas, c'est moi qui déchaume demain, alors si l'éteule est trop haute comment je vais faire avec les advantices ? »
« Avec les quoi ? »
« Les advantices Marcel, les mauvaises herbes »
« Tu peux pas parler français ? On gagnerait du temps»
« En attendant on va s'payer une minéralisation excessive de l'azote »
« Hein ? »
« Laisse tomber Marcel … heureusement qu'y a la pédofaune »
« Euh … c'est quoi un pédophone ? Un téléphone pour lopette ? »
« La pédofaune c'est la faune du sol...  les acariens, les tardigrades, les rotifères »
« Hein ? Y'a tous ces trucs étrangers sous nos sabots ? »
« Ouais, y'a pas qu'les vers de terre, Marcel »
«Vain diou! Ça a bien changé. De mon temps on labourait par dessus l'éteule sans s'occuper si y'avait du monde en dessous. Et d'où ça vient tout ça ?  Ça doit venir des migrants»
« Laisse les migrants tranquilles, Marcel. Regarde la Fernande, tu sais d'où qu'elle vient ? »
« Euh … on s'en fout du moment qu'je sais où elle va, non ? »
«Fais quand même gaffe Marcel. Sors couvert ! »
« T'inquiète. Je respecte les consignes, je mets mon masque »
« Et les gestes barrière, Marcel ? »
« Tu sais, moi la barrière, j'la saute aussi !! »

29 août 2020

Qui a croqué le marmot ? (Vegas sur sarthe)


Comme je ne trouvais ni bobinette ni chevillette, je me décidai à frapper le heurtoir qu'on avait mis fâcheusement à hauteur d'homme, sans doute pour dissuader les gamins facétieux tireurs de sonnettes.
C'était un effrayant heurtoir à gueule de lion et cornes de bouc mais courageusement je me hissai sur la pointe des pieds pour heurter un grand coup puis je collai mon oreille à l'huis.
Derrière la porte ça heurtait comme en écho, ça heurtait même beaucoup ; je dirais même que ça bûcheronnait sec.
Comme je heurtais une seconde fois, le tapage s'arrêta et j'entendis une voix éraillée :« Faut toujours qu'on nous fasse chier au meilleur moment ! »
J'allais repartir d'où je venais - c'est à dire de chez mère-grand - quand la porte s'ouvrit sur une grosse femme un peu dénudée, très échevelée et au yeux exorbités : »C'est toi qui croque le marmot ? » me lança t-elle.
« Euh … Je ne croque rien du tout »  bredouillai-je sur la défensive.
Elle éclata de rire en se tapant sur les cuisses.
« Tu entends ça, Raymond ? » lança t-elle à l'adresse d'un homme qui avait surgi derrière elle dans cette carrée mal éclairée.
J'ignorais tout de cet ogre croqueur de marmots dont elle parlait et j'apprendrais plus tard que le marmot est un heurtoir et que croquer signifie frapper.
« Qu'est-ce qui t'amène, marmouset ? » s'impatienta la furie callipyge.
Je marmonnai sans trop réfléchir : »J'ai ici un pot de beurre pour ... ».
La furie faillit s'étouffer de rire : »Tu entends ça Raymond ? Le môme nous apporte du beurre. Est-ce qu'on a besoin de beurre à cette heure ? »
« Non point » hurla le Raymond en frappant par mimétisme ses cuisses de ses grosses mains.
J'avais dit ça machinalement mais comme les deux se retournaient j'insistai : »C'est par rapport au loup ... »
Ils firent face et la furie au bord de la syncope me lâcha dans un énorme rire: »Y'a longtemps que j'ai plus peur du loup, gamin, pas vrai Raymond ? »
« Pour sûr » acquiesça Raymond qui avait cessé de rire et il ajouta : »Viens t'en par là… j'aimerais bien finir mon affaire »
La furie toujours secouée d'un rire nerveux le suivit en disant : »Entre ou sors, gamin mais ferme la porte … y'a ici un courant d'air à choper une angine de poitrine ! »
Je faillis faire remarquer qu'on n'attrape pas d'angine de poitrine avec un courant d'air mais je n'étais pas médecin et la furie pas en état de m'écouter puisqu'elle s'affala sur l'homme avachi sur une banquette.
« C'est quoi ton blaze ? » demanda t-elle.
Je répondis en détournant la tête : »Perrot … euh … Charles Perrot »
L'homme s'était mis à l'amignoter avec ses grosses mains et grommela : »Dis lui de se tirer … on n'a pas besoin de chaperon »
La furie s'esclaffa : »Charles Perrault ? C'est ça ! Et moi j'suis la belle au bois dormant !»
Je ne voyais pas ce qu'il y avait de singulier à s'appeler Charles Perrot.
Et pourquoi avait-il parlé de chaperon ?
Visiblement agacé l'homme se dégagea vivement de la furie pour se saisir d'une étrange paire de bottes qu'il me semblait avoir vues quelque part.
Si mon intuition était bonne il ne me restait plus qu'à déguerpir au plus vite, ce que je fis sans prendre le temps de refermer la porte.

Sur la route une citrouille vrombissante semblait m'attendre. J'y montai machinalement tandis que le bruit des bottes s'amplifiait.
« C'est où qu'on va ? » me demanda le chauffeur à tête de musaraigne et qui répondait au nom de Uber.
« Chez mère-grand » répondis-je sans hésiter.
« Celle qui a de grands bras, de grandes esgourdes et de grandes ratiches? » répondit celui qui semblait connaître le conte.
Les bottes résonnaient furieusement sur le trottoir.
Heureusement la citrouille prit le large ; à son volant la musaraigne se mit à ricaner « : »Alors, vous l'avez trouvée comment l'ogresse ? »
Visiblement, il connaissait l'adresse.

25 juillet 2020

Coâ ? (Vegas sur sarthe)


« Coâ »
« Quoi Coâ ? »
« Ben, Coâ quoi ! »
« Oui mais pourquoi on fait tous Coâ ? »
« J'en sais rien, on a toujours fait Coâ dans la famille »
« Tu crois pas que trop de Coâ tuent le Coâ ? T'as jamais essayé de faire Meuh ? »
« Pour Coâ faire ? »
« Ben ça nous changerait un peu »
« T'as de drôles d'idées toi … où t'a pêché ça ? »
« J'ai lu ça dans Batraciens Magazine, c'est un certain La Fontaine qui propose le Meuh … parait que ça fait un effet boeuf »
« Tu nous vois faire Meuh toute la nuit dans l'étang ? »
« Ben pour Coâ pas ? Essaie un peu pour voir»
« Meuhoâ … Meuhoâ »
« C'est pas vraiment ça. Tu devrais te gonfler un peu plus »
« J'voudrais t'y voir. Essaie un peu toi aussi »
« Hum … Hum »
« Ouais, ben c'est pas mieux »
« Je crois qu'on devrait enlever nos masques »
« Certainement pas, pour qu'on nous traite de pangolins et qu'on nous accuse de tous les maux de la terre »
« Je suis sûr que sans nos masques on y arriverait mieux »
« Enlève le si tu veux, moi je le garde, et puis j'en ai rien à foutre de tes Meuh »
« Ah tu vois ! T'a réussi à dire Meuh »
« Toi aussi»
« Tu Croâ ? »
« Non, là tu exagères »
« Pour Croâ ? »
« Ben là, t'es plus corbac que grenouille »
« Et ton La Fontaine, il en dit quoi des corbacs ? »
« Il en fait tout un fromage pour pas grand chose ... »
« Finalement je vais garder mon Coâ, c'est plus simple »
« T'as raison … quand j'pense que le paon fait Léon Léon alors que Léon le chasseur fait Pan Pan ! »
« Coâ ? »
« Oublie. Laisse tomber ... »

4 juillet 2020

Celui qui attendait le 618 (Vegas sur sarthe)


« Qu'est-ce qu'il attend ce gars avec ses chiens ? »
« Y doit attendre le passage de la Zinneke Parade »
« Euh … c'est râpé vu que la parade est passée au mois de mai et qu'elle repassera pas avant deux ans ! »
« Ah bon. Alors y doit attendre le passage du tour de France »
«Ça m'étonnerait vu qu'il est passé l'an dernier le 6 juillet en hommage au cinquantenaire de la première victoire d'Eddy Merckx »
« En hommmage à qui ? »
« A Eddy Merckx »
«Merck … le type des laboratoires qu'a inventé le Levothyrox ?»
« Non ! Celui avec un X comme Merckx »
«C'est bien c'que j'dis … avec un X comme Levothyrox »
« Laisse tomber ! De toute façon le tour de France ne repassera pas de sitôt »
«Alors y doit attendre le passage du groupe folklorique de Lauterbach»
« C'est loin ça … Lauterbach ? »
« C'est en Allemagne dans l'arrondissement de Rottweil »
« Ah ! Rottweil ! C'est pour ça qu'il attend avec des chiens »
« Euh … j'crois pas. J'y connais rien en chiens »
« Ben, on pourrait p't'être lui demander c'qu'il attend ? »
« Vas-y toi … moi je me méfie des chiens que je ne connais pas »
« Mais le gars, on l'connait pas non plus »
« Non, pas plus que ses chiens »
« Parle plus bas . Y nous regardent »
« C'est pas passe qu'y nous regardent qu'y nous entendent ! »
« Tu sais c'qu'on dit chez nous en Belgique … Qui cause sème et qui écoute récolte »
« Je sais pas s'il récolte mais en tout cas il nous a parlé »
« Ah ? Et qu'est-ce qu'il a dit ? »
«Il a dit qu'il attendait le 618 »
« Tu savais qu'un 618 passait par ici ? »
« Non … ça existe pas le 618. P't-être qu'y voulait dire septante-huit ?»
« S'il a dit septante-huit, y peut attendre la saint Gudule passe que le septante-huit, y va Gare du Midi »
« On devrait p't'être lui dire qu'y s'est gouré !»
« Attends … y dit autre chose »
« Qu'est-ce qu'y dit ? »
« Y dit que le 618 c'est un défi »
« Ah pour sûr, c'est un vrai défi ! Attendre ici qu'un 618 veuille bien passer !'
« T'as raison … c'est un sacré défi d'autant qu'y prendront pas les clebs à bord »
« Parle plus bas. Les chiens aiment pas qu'on les appelle comme ça»
« On ferait p't'être mieux d'se barrer»
« T'as raison »
«Euh, bon courage M'sieur pour vot' défi ! »

27 juin 2020

Ali Baba (Vegas sur sarthe)

veg

 

Au village il y avait une famille de droguistes qui tenait une sorte de caverne d'Ali Baba même si le père s'appelait Ali Ben Youssef.
C'était le seul endroit que je connaisse où vous entriez pour acheter une serpillière et d'où vous ressortiez avec des tringles à rideaux et des tapettes à souris !
Dans la famille Ben Youssef j'ai souvent pioché la mère, une femme acariâtre attachée à son tiroir-caisse comme un kebbab à sa broche.
Je n'ai jamais compris comment on pouvait avoir autant de poils sous les bras quand on vend des lames de rasoir par paquets de cent !
Dans la famille Ben Youssef j'aurais préféré – façon de parler – piocher la fille Aïcha mais le père Ali veillait comme un cerbère sur sa marmaille et se méfiait des piocheurs ...
Le benjamin qui se prénommait pourtant Djamel tenait la partie mercerie et vendait des boutons, lui qui en exposait de nombreux échantillons sur sa figure.

J'y allais surtout chercher des asticots pour la pêche et des wassingues pour la mère et quand je réclamais une ristourne, Ali hurlait « Des clous ! » même s'il ne m'en donnât jamais la moindre poignée …
La plupart des gens boudaient la caverne, préférant les grandes enseignes où « il y a tout ce qu'il faut » et où « les envies prennent vie ».
Et puis le jour vint – il fallait bien que ça arrive – où la vieille Simca 1000 du maire explosa sa tête de delco au milieu de la grand'rue.
On chercha partout dans le canton de quoi faire redémarrer l'antique carrosse de notre édile … mais que dalle, nib comme ils disent au bled !
Persuasif, je réussis à traîner le premier adjoint – celui qui porte trois stylos à la poche de son costume – jusqu'à la droguerie.
Le brave Ali Baba ayant fouillé une heure dans son souk en extirpa du fin fond une tête d'allumeur des années 60 de chez Ducellier qu'il eut tôt fait d'adapter à grands coups de lime et de tournevis.
La Simca repartit sur trois pattes sous les Hourra des villageois et quelques pétarades qui laissèrent sur la chaussée un bon morceau de pot d'échappement rouillé mais Ali venait de gagner ses lettres de noblesse.

Le jeune garagiste du village – féru d'électronique, d'ABS et de GPS et ignorant tout des tronches de Delco – rentra chez lui en haussant les épaules.
Madame Ben Youssef empocha les 18,71 euros avec un rictus non feint tandis qu'Aïcha m'envoyait le plus beau sourire du monde.

20 juin 2020

Déconfiture (Vegas sur sarthe)

 
Une grande cuillère pour un p'tit déj ça peut paraître exagéré mais c'est comme ça: depuis que j'ai une grande gueule je déjeune avec une grande cuillère, c'est logique.
Alors comme chaque matin je farfouille dans le tiroir des couverts à la recherche de ma grande cuillère.
J'en ressort un objet improbable : “D'où ça sort ce truc?”
Germaine relève la tête :”C'est du bruit dans la cuisine
Je prête l'oreille mais à une condition … qu'on me la rende.
On me la rend. Vide, aucun bruit ; j'apprendrai plus tard que le Bruit dans la Cuisine c'est le nom d'un magasin d'art culinaire.
Mais c'est quoi ce machin ?”
Germaine soupire, c'est fou ce qu'elle peut soupirer à l'heure du petit dej :”C'est une cuillère connectée”
Jamais entendu parler d'ça :”Laisse moi rire. C'est connecté à quoi ?
Germaine ouvre la bouche mais rien n'en sort comme à chaque fois qu'une de mes questions la déconcerte.
J'insiste :”Si elle était connectée, y'aurait une connexion, un fil avec une prise, bref quelque chose qui connecte”
Germaine reprend ses esprits.
J'ai toujours eu du mal avec cette expression, comment peut-on reprendre ses esprits ? C'est donc qu'on les aurait confiés à quelqu'un d'autre ou abandonnés sur la table entre le beurre demi-sel et la confiture ?
Au fait, y'a pas d'confiture ce matin ?
Germaine a bien repris ses esprits :”Ça me revient, ça s'connecte au smartphone pour indiquer la fréquence et l'intensité des tremblements”
Je m'inquiète :“Des tremblements? Quels tremblements?”
Germaine baisse la tête, penaude :”C'est une cuillère à l'usage des gens atteints de Parkinson”
Le machin connecté a failli m'échapper des mains :”Mais y'a pas plus d'Parkinson que de smartphone, ici !!”
Germaine, boudeuse :”C'était une promotion et j'me suis dit qu'ça pourrait nous servir un jour”

Voilà qui me rassure : Le jour où j'aurai chopé Parkinson, ça m'fera une belle jambe d'avoir une cuillère ! En attendant ça marche comment?”
Germaine, toute ragaillardie :”Avec des piles mais j'en ai pas”.
Mon bol de chocolat va refroidir mais je fonce au tiroir des OGNI, celui des Objets Gardés Non Identifiables :”Ça mange quelle sorte de pile ta cuillère vibrante ?”
Germaine ignore tout de la norme 60086, elle ignore que sur notre bonne vieille terre il existe des piles bouton, des piles bâton, des carrées, des rectangulaires, des lithium, des alcalines, des zinc-argent, une source d'énergie vitale pour notre bien-être - on peut même dire nickel-chrome - et surtout une plaie pour l'environnement.
Bien sûr je ne trouve pas de piles dans le tiroir aux OGNI mais j'en ai souvent en réserve dans la dépendance.

La dépendance c'est comme qui dirait un immense tiroir OGNI de 90 mètres carrés à l'autre bout du terrain soit 100 mètres de jardin truffés de taupinières, un endroit dont nous dépendons totalement puisqu'il contient tout ce dont on a besoin impérativement sans l'avoir sous la main.
J'ai toujours eu horreur d'enfiler mes sabots en plein hiver avant d'avoir pris mon petit déj mais là, il y a urgence... une urgence impérieuse et technologique, l'avenir d'une cuillère connectée spéciale Parkinson !
Avant même d'avoir allumé la lumière je suis accueilli par Muse et Mimine, deux de nos fauves dont la gamelle à croquettes ne peut qu'être vide.
Je parlemente - c'est à dire j'enjambe les chats - pour faire le constat.
La gamelle est vide et moi je me plains comme disait quelqu'un... le sac de croquettes est très vide lui aussi, un sac de 7.5 kilos qui suffit normalement pour la semaine, mais pas cette fois.
Heureusement j'en ai toujours un sac d'avance dans le coffre de l'AX.

Chez nous l'AX c'est comme qui dirait l'annexe de la dépendance, une réserve roulante et capricieuse qui cale souvent à l'entrée du chemin et qui recèle ce qui manque dans la dépendance c'est à dire ce qui manque dans la maison.
Une fine couche de neige poudreuse s'incruste dans mes sabots.
D'habitude le coffre de l'AX s'ouvre au bout de deux coups de pied mais le givre a eu raison de la serrure.
Quand j'étais scout il y a de ça dix lustres - je préfère dire lustres car ça parait moins que les années - on faisait pipi sur tout ce qui nous emmerdait, les serrures, les vieux gonds, les carnets de notes et plein d'autres trucs inavouables.
Sans hésitation j'entrouvre ma robe de chambre à l'instant même où un grondement enfle au bout du chemin - avec ce froid c'est bien la seule chose qui soit en mesure d'enfler - c'est le tracteur du père Vincenot qui déboule sur nous, l'AX et moi.
Je remballe mon kit de dégrippage :”Hum... Salut père Vincn'ot! Fait pas chaud c'matin”
Le père Vincenot tourne la tête vers la maison comme si je n'existais pas.
Sur le seuil - échevelée telle une gorgone - Germaine lui fait un grand signe de la main, dévoilant un bout de sein laiteux qu'auraient envié Rembrandt et Picasso réunis.
Bien l'bonjour M'ame Vegas!” lance en bavant le vieux Vincenot aux yeux exorbités et moi, je me sens las, si las avec cette cuillère déconnectée à la main.
Germaine rajuste son peignoir tandis que le vieux Vincenot - la tête à l'envers - évite notre AX d'une embardée hasardeuse.
La voix de Germaine réchauffe l'air glacé du matin : »Bichon ! Au passage, ramène un pot de confitures de coings ! »
Au passage ? De quel passage parle t-elle  ?
Je lui demanderais bien de préciser de quel coin il s'agit mais c'est au dessus de mes forces, sans compter que pour l'humour Germaine n'est pas du matin ...

 

13 juin 2020

Les bésicles pour les Nuls (Vegas sur sarthe)


L'anagramme du mot bésicles est cessible, ce qui peut expliquer les nombreuses donations et les échanges de bésicles au cours des siècles mais c'est une question de point de vue : certains donneraient tout sauf leurs bésicles, d'autres en offrent trois pour le prix d'une … allez comprendre.

La bésicle a été inventée par un certain Aff dit Le Loup ; c'était une sorte de monocle de telle sorte qu'il a fallu la conjuguer au pluriel pour qu'elle s'apparente à une paire de lunettes ; il devint alors plus facile de les pincer sur le nez d'autant qu'on les portait comme un manche puisqu'elles n'avaient pas de branches.

Les premières bésicles apparaissent à la fin du XIIIème (siècle, pas l'arrondissement) à Venise.
Elles comportaient des lentilles en verre de Murano et permettaient ainsi de voir Venise d'où l'expression bien connue « Voir Venise et sourire ».
Si la lentille est concave pour les myopes et convexe pour les presbytes, celle du Puy est réservée aux petits salés.

Bien avant cela Léonard de Vinci imaginait des lentilles de contact au moyen d'immersions oculaires dans de grosses coupes remplies d'eau mais le procédé se révéla peu pratique à porter sur soi et signa la mort du métier de porteur d'eau.
Les bésicles étaient généralement grosses, rondes et lourdes comme Germaine - je veux dire comme celles de Germaine - mais en écailles de tortue, en cuir ou en fanon de baleine.

Autrefois on « chaussait ses bésicles » afin de soigner quelque oeil-de-perdrix mais aujourd'hui on préfère le podologue à l'ophtalmo.

Le nom bésicles a été remplacé avantageusement par le mot binocles qui n'est rien d'autre qu'une double nocle.
L'expression « femme à bésicles, femme à tricycle » a été modernisée avec l'apparition du plastique et du mot lunettes.

Voilà de quoi éduquer les Nuls, pour le reste … faut voir ailleurs.

6 juin 2020

L'absolue relative (Vegas sur sarthe)


« C'est quoi l'absolu, mon bichon ? »
Je sais qui est bichon .. c'est moi, mais absolu, c'est quoi ? alors je questionne Larousse  – niché entre les deux petits Robert de notre bibliothèque – tandis que Germaine – la blonde – piaffe d'impatience.
Non, vous ne pouvez pas imaginer Germaine en train de piaffer.
Qu'est-ce que ça peut bien lui foutre de savoir ce qu'est l'Absolu?

Je décide de botter en touche :« Voila ce que j'ai trouvé … l'absolu c'est ce qui est absolument contraire au relatif »
« Euh... t'aurais pas une définition relativement moins relou ? »
Elle est comme ça Germaine, elle ne lâche jamais le morceau.
 «Voilà une définition qui va te plaire, l'absolu c'est ce qui ne tolère pas la critique, qui est autoritaire, têtu, si tu vois ce que je veux dire »
Germaine sourit : »C'est tout moi ça, alors je suis absolue. J'ai toujours  su que j'étais absolue»
« Euh … oui, enfin c'est relatif »
« Faudrait savoir ! Je suis absolue ou relative ? »
Je sens que ça va se corser : »Tu es relativement absolue, ma biche »
A voir sa moue dubitative, la biche mi-absolue mi-relative goûte moyennement ma réponse.
Il serait temps que je trouve une définition de l'absolu qui tienne la route.

Je pourrais évoquer un silence absolu, mais c'est quelque chose d'inimaginable chez nous.
Une idée me vient, peut-être pas si lumineuse que ça.
« Tiens ma biche, le bonheur absolu … ça te parle ? »
«Ça me parle de loin, je dirais même que ça chuchote, c'est ce que tu m'avais promis et que j'attends encore ! »
Je tente une esquive : »Tu sais ma biche, finalement le bonheur c'est très relatif »
« Ah ouais ? Relatif à quoi ? »
« Tu remarqueras qu'on envie le bonheur des autres et qu'ils envient le nôtre »
Germaine n'a pas l'air convaincue … et moi guère plus.
« Tu sais bichette, il n'y a pas de bonheur sans nuage »
Germaine de plus en plus sceptique : »Qu'est-ce que la météo vient foutre là-dedans ? Il est où le bonheur, il est où ? »

Je soupire tandis qu'elle chantonne. Germaine et moi on a des goûts musicaux relativement différents pour ne pas dire absolument différents.
Elle est très Christophe Maé alors que je suis plutôt Nougaro.

« Ecoute ma biche, tu as déjà entendu parler du nirvana quand même ?»
A voir sa tête, je réalise que l'exemple est mal choisi.
Germaine me jette son regard noir : »M'embrouille pas avec tes groupes grunge, ça ne vaudra jamais Christophe Maé »
Tout est dit.
Je viens d'échouer dans ma quête de l'absolu.
Je ne suis pas prêt de laisser Germaine lire le sujet du Défi du Samedi ; elle m'avait déjà gonflé la semaine dernière avec ses questions sur les corniauds belges et la visite forcée au pas de course de tous les chenils du département !!

30 mai 2020

« et je me retiens » (Vegas sur sarthe)


C'est connu comme le houblon :  l'effet de la bière – qu'elle soit belge ou autre – sur la vessie a des conséquences désastreuses.
Jean-Philippe Smet l'a si justement chanté à travers son tube « je vais et je viens entre tes reins … et je me retiens, etc»
C'est pourquoi on ne s'étonnera pas de rencontrer à Bruxelles au coin des rues de l'Etuve et du Chêne un Manneken Pis intarissable, une sorte de fontaine de Trévise mais en plus membrée, une sorte de Bareuzai bourguignon qui pissait autrefois du vin rouge lors des fêtes de la vigne Place François Rude à Dijon.

Le droit fondamental d'égalité des genres a fait que la femme n'est pas en reste côté bibine aussi trouve t-on une Jeanneke Pis dans l'impasse de la Fidélité de la même Bruxelles, une sorte de fontaine de Trévise mais en moins membrée que le Manneken Pis.

Ce qui est plus étonnant – peut-être au nom de l'égalité des bâtards – c'est de découvrir qu'à Bruxelles les chiens aussi boivent de la bière !
Aussi trouve t-on un Zinneke Pis à l'angle de la rue des Chartreux et de la rue du Vieux-Marché-Aux-Grains, un corniaud qui lève la patte sur une borne quand d'autres coulent un bronze dans le caniveau … c'est ce que j'appelle dépasser les bornes !

Ainsi donc les trois genres se trouvent réunis, unis dans le même besoin, la même envie pressante de se soulager sous le regard complaisant des bruxellois.
Ainsi sur cette dernière lettre de l'alphabet, Walrus auras su nous entraîner sur ses terres … c'est très malin.

23 mai 2020

Yallah quoi ? (Vegas sur sarthe)


Je suis immergé dans la lecture de 'Une vie avec les pauvres' de Sœur Emmanuelle quand Germaine déboule dans le salon, trempée jusqu'aux genoux : » Y'a la machine à laver qui fuit ! »
Je redescends doucement sur Terre : « Yallah quoi ? »
» Y'a la machine à laver qui fuit ! »
Encore sous l'emprise de la célèbre chiffonnière et tout imprégné d'humanité et de générosité, je réponds : »Allons-y … en avant »
Etonnée de tant de diligence Germaine me suit comme on suivrait le Sauveur jusqu 'à la buanderie transformée en pédiluve.
« Y'a la bassine dans le placard à balais » aboie t-elle.
Je me surprends à répondre : »En avant … allons-y»
Je cherche une wassingue, ce qui reste d'un mémorable Défi du Samedi.
Pour une fois Germaine a deviné ma pensée : « Y'a la serpillière dans l'autre placard»
Va pour une serpillière, j'acquiesce : »Allons-y … en avant »

Germaine m'observe d'un œil circonspect.
À genoux j'adresse une prière à saint Eloi patron des plombiers et une à la mère Denis, ça ne mange pas de pain ...
Puis je plonge courageusement derrière la machine, heureusement j'ai encore pied.
« Y'a la clef anglaise à côté du lavabo, si ça peut t'aider» me précise Germaine.
« Ça peut m'aider, allons-y … en avant » dis-je en saisissant cette clé qui n'a rien d'anglaise sinon qu'elle serre à gauche et pas à droite.
Les mains sur les hanches, Germaine m'évalue : »C'est quoi tes Allons-y … en avant ? A quoi tu joues ?»

Et soudain c'est la révélation ! Je découvre que la crosse de vidange est sortie de son logement, aussi suis-je fier de pontifier : »Y'a la crosse qui s'est barrée ! »
Germaine semble ahurie : »Y'a une crosse d'évêque dans une machine à laver ? »
Fier de mon érudition, je confirme : »Oui … Y'a !! »
Perspicace, Germaine conclut : »Y'a qu'à la r'mettre »
C'est ce que je vais faire …  Allons-y … Yallah !
De là-haut la petite sœur des pauvres doit être fière de moi.

Germaine me regarde, déconfite : »Y'a la quoi ? »

16 mai 2020

Espadon, dondaine, dondon (Vegas sur sarthe)


J'ai un rostre d'espadon, dondaine, dondon
bien au chaud sous l'édredon
viens danser le rigodon
je te ferai un lardon

Me prends pas pour un(e) dindon(ne)
y'a que dalle sous ton bidon
à peine un tire-comédon
t'as la tête dans le guidon

J'ai un rostre d'espadon dondaine, dondon
c'est la flèche de Cupidon
l'aiguillon du faux-bourdon
le glaive d'Armageddon

Ton p'tit bout de mirmidon
a bien besoin d'amidon
tant il est à l'abandon
et puis j'ai à faire … pardon

9 mai 2020

Micmac en Gaspésie (Vegas sur sarthe)

 

veg

 
On avait craqué pour l'offre alléchante d'un tour opérateur consacrée au Québec et qui vantait l'une des plus belles baies du monde, la Baie des Chaleurs où l'on pouvait à coup sûr observer les baleines et les pygargues à tête blanche.
Germaine voulait surtout faire de l'apnée avec les saumons et moi je voulais seulement découvrir ce fameux été indien qui avait fait le succès de Joe Dassin en 75.

Pour l'heure nous randonnons sous le soleil depuis deux plombes – moi devant et Germaine vingt mètres derrière avec nos deux sacs à dos –  quand j'aperçois une sorte de grand tipi penché mais tout droit sorti de la Chevauchée fantastique.
J'avise un autochtone assis devant l'entrée occupé à fumer une Marlboro, dommage collatéral des pubs télévisées.
« Hugh ! » éructe t-il entre deux signaux de fumée.
O.K. il s'appelle Hugues …
Comme Germaine vient enfin de me rejoindre je nous présente : « Elle, Germaine. Moi, Vegas ».
« Vegas pas bon … pas Micmac » me répond l'autochtone à la suite de quoi je lui demande d'étayer son jugement un peu hâtif puisqu'on ne se connaît pas.
« Las Vegas … Navajos. Nous … Micmacs » dit-il et il ajoute « Pas mélanger Navajos et Micmacs sinon » et d'un coup de pied il écrase sa Marlboro comme on enterrerait un calumet de la paix ; je perçois une pointe d'animosité dans son regard d'aigle.
« Germaine entrer dans wigwam » ordonne t-il en découvrant l'entrée du tipi.

Déjà Germaine feuillette fébrilement le guide de la Baie des Chaleurs à la recherche d'une sortie de secours ou au mieux d'une formule de politesse.
Elle tente de me rassurer en m'apprenant que Micmac signifie Amis ou Frères.
Mais il se trouve qu'on est en Septembre – le mois du rut de l'orignal – et je les sens tous un peu galvanisés là-dedans au spectacle d'une Germaine échevelée portant nos deux sacs.
J'entre à mon tour.
C'est toute une smala qui se présente individuellement – j'ose dire en file indienne – « Hugh ! ». Donc ils s'appellent tous Hugues et ont tous les cheveux longs, comme les femmes.
Ça ne va pas être facile.

« Germaine porter gros sacs. Bon pour pagayage … charger traîneau … travaux des champs » déclare celui qui ressemble au chef du clan car il porte des saumons en pendants d'oreilles.
J'apprendrai plus tard que le saumon est leur emblème ; leur chef doit les fumer avant de se les carrer sur l'oreille car ça renifle grave !
Je m'insurge : « C'est quoi ces micmacs ?» en saisissant Germaine par le bras.
Une vieille femme édentée prend Germaine par l'autre bras, lui fourre deux doigts dans la bouche : »Bonnes dents, Germaine … toi plus Germaine  … toi Saumon Agile ».
Germaine est servie, elle qui voulait nager avec eux la voilà saumonée.
On lui offre un « cocktail » de bienvenue, on lui enfile des mocassins qui puent l'orignal comme tout le reste.
Armés de javelots et de frondes les hommes commencent à danser autour d'elle et entonnent un chant surréaliste moitié Micmac moitié Joe Dassin « On ira où tu voudras, Hugh quand tu voudras, Hugh ».
C'est d'un ridicule alors qu'autour de nous des marmots turbulents jouent aux cow-boys !
Le chef aux saumons fumés me tend une paire de bourses en porc-épic, genre cadeaux empoisonnés remplis d'os de caribou et de verroterie sans valeur. Si c'est ça le prix pour Germaine alias Saumon Agile, j'ai pas l'goût comme on dit au Québec.
«Allez Germaine, on salue et on se tire »
Germaine est dans un état second : »Appelle moi Saumon Agile, biquet »

Une femme plus jeune – elle porte sa poitrine au dessus de son ventre – me désigne au chef d'un doigt volontaire : »Vegas Navajo … lui Castor Malingre, maintenant. Chasser castor pour moi ».
Castor Malingre ? Non mais ça va pas ?
Je me rapproche de la sortie mais elle est barrée par un type moustachu qui a l'air et l'accent de Marcel Bèliveau : « Surprise sur prise ! » hurle t-il en s'esclaffant.
Les Micmacs s'esclaffent aussi : « Surprise sur prise, Hugh».
Je crois que je vais m'évanouir.
Je trouve la force de protester : »Moi pas Hugues ni Castor Malingre … moi Vegas … Vegas sur sarthe »


A l'hôpital Hugues Capet tout le monde est gentil avec moi et les infirmières m'ont même offert une toque de trappeur en souvenir.
Ah ils sont forts les types de ce tour opérateur !

Publicité
<< < 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 20 30 > >>
Newsletter
Publicité
Le défi du samedi
Publicité