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Le défi du samedi
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14 décembre 2019

Tout pour le drome (Vegas sur sarthe)


« Bienvenue chez Tout pour le drome, Monsieur ! Que cherchez-vous ? »
« Je suis à la recherche d'un ballodrome belge»
« Vous tombez à pic. Nous sommes spécialisés depuis 1920 dans tout ce qui concerne le drome »
« Mais avant toute chose, auriez-vous... euh... des toilettes ? »
« Non mais nous avons un pissodrome au bout du couloir à ... »
« Tant pis. J'aurais préféré des toilettes »
« Donc vous cherchez un boulodrome »
« Pas du tout, j'ai besoin d'un ballodrome belge»
« Dommage. Nous avons un magnifique boulodrome d'origine phocéenne, celui-là même qui a vu Fanny se faire tant de fois embrasser le cul... au point que certains l'appellent baisodrome et ... »
« Non merci. C'est un ballodrome pour faire du sport dont j'ai besoin»
« Voyons ça ensemble dans notre catalogue...  je suppose qu'un Aérodrome ne vous intéresse pas plus qu'un Autodrome »
« En effet »
« Bon … Voyons plus loin. Est-ce que vous faites du vélo ? »
« Non, pas plus que ma grand-mère»
« Dommage, il nous restait des pans de bois du premier Vel d'Hiv datant de 1903 et … bon, je n'insiste pas »
« A la lettre B comme Ballodrome, vous auriez quelque chose ?»
 « Hum … Nous avons une caserne, genre sac »
« Une caserne, genre sac ? C'est comme un ballodrome belge ? »
« Non. Excusez-moi... c'est un palindrome – un truc qui marche dans les deux sens – mais on a du mal à le refourguer alors je le propose systématiquement aux clients»
« Non merci, pas besoin d'une caserne mais juste d'un ballodrome belge »
« Ah oui... un ballodrome … c'est ballot ce ballodrome, je n'en trouve pas, par contre si vous goûtez au tiercé je peux vous ... »
« Je vous vois venir avec votre hippodrome! Mais vous avez vraiment des hippodromes à vendre ? »
« Oui Monsieur, tout ce qui se fait en Drôme ou ailleurs »
« Et mon ballodrome belge ? »
« Hum … belge … belge … ah si ! J'ai un superbe cynodrome en Liège ! »
« Vous avez un cynodrome en liège ? On fait vraiment courir des lévriers sur du liège ?»
« Oui ou plutôt non mais dans la province de Liège, celui-ci est en Awans»
« Comment ça en avance ? »
« Non Monsieur, pas en avance mais à Awans … c'est du wallon. Bref, avec quelques adaptations vous devriez pouvoir en faire un ballodrome sinon ça sera quand même belge, voyez-vous »
« Quelques aménagements dites-vous ? »
« Oh, peu de choses car le cynodrome a déjà l'arrosage automatique »
« Merci mais j'ai déjà acheté une buvette, alors votre arrosage ... »
« Savez-vous Môssieur que celui-ci est de renommée internationale puisqu'on y a fait courir des afghans et des persans ! »
« Oh vous savez, ce qui m'importe c'est qu'on puisse y mettre des chasses »
«Pour la chasse je vous conseillerai plutôt le braque allemand ou l'espagnol breton »
« L'espagnol breton sur un ballodrome belge, vous ne craignez pas que ça fasse un peut trop international ? »
« C'est vous qui tirez votre plan, Monsieur »
« Et bien je vais réfléchir … mais dans l'urgence j'essaierais bien votre pissodrome»
« C'est au bout du couloir à droite … la porte en liège»
« Décidément ... »

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7 décembre 2019

Peut mieux faire (Vegas sur sarthe)


Je me suis décidé à faire mon anamnèse :
pur produit de terroir, la côte dijonnaise
mâtiné d'exotisme, ancêtre javanaise
abus de pâtes et nouilles, cuisine japonaise
d'escalopes de veau parmesan-milanaise
et bien trop inhalé de fumée havanaise.

Trois bons repas par jour garnis de mayonnaise
mais manger et pisser... façon pakistanaise !
Boudin noir, paillassons, jarret à la lyonnaise
ventre dessous la table et cul à la fournaise.

Le docteur est pantois, d'origine albanaise
émigré Kosovo ou bien de Macédoine
il n'a pas l'air d'aimer mon dodu patrimoine
sur sa chaise il s'agite... un clou ? une punaise ?

Je suis au CMU, ici pas de bakchich
de pantois l'arnaqueur est passé abattu
il en appelle au Code, aux lois, à l'Institut
Je m'en vais adipeux, demain je fais mieux... chiche !

30 novembre 2019

La sorcière (Vegas sur sarthe)


Elle est aussi frisée que mon vieux crâne est glabre
et je ne sais répondre à sa nymphomanie
de ses gémissements je n'entends que nenni
et mes déhanchements sont des danses macabres

Que peut-elle trouver à mes yeux larmoyants
à ma frêle carcasse, à mes inondations
je boite d'une jambe empêchée d'érection
je risque à chaque assaut l'AVC foudroyant

Dans ses bras je me sens partir les pieds devant
je pousse un dernier râle à l'entrée de sa grotte
mon cerveau est tari d'idées qui ravigotent

Car elle a gaspillé mon ultime liqueur
me voilà desséché, vidé bien avant l'heure
à quoi bon tâtonner, je suis un mort-vivant

23 novembre 2019

Encore raté (Vegas sur sarthe)

v


Il est passé tout droit, fier, hautain, imprévisible mais bien fermenté... tout comme Germaine sa lanceuse.
Germaine avait très vite été douée au lancer d'objets en tous genres et le message «Yaourt ou yogourt... prends-ça dans ta tronche !» m'est parvenu bien après le crash du produit concerné dans la soupière rose en porcelaine de Gien, cadeau de mariage de tante Anastasia qui trône sur le buffet depuis... depuis ce lointain événement.
En vingt ans de mariage j'étais devenu expert en balistique et en dépit de la masse du projectile, de ses frottements dans l'air et de l'arthrose du poignet de Germaine, je peux affirmer que la trajectoire de cette voie lactée était rectiligne et qu'elle allait manquer sa cible.

Autrefois on n'était pas riches alors on le dégustait à deux, les yeux dans les yeux et cette petite cuillère qui allait et venait alternativement dans nos bouches gourmandes était un merveilleux excitant.
On terminait alors notre délicieux dessert en s'en tartinant sous la couette avec... non, vous n'en saurez pas plus.
Et le temps a passé, on est devenus moins pauvres – chacun sa petite cuillère – et on est passés aux fruités sauf qu'on n'était déjà plus d'accord sur le fruit ni sur la nature ni sur le nom lui-même.
Il faut dire que Germaine s'était mise à parler le yaourt, des phrases floues ponctuées d'onomatopées, un jargon incompréhensible qui n'arrangeait pas cette situation conflictuelle.
De biquet, je suis devenu vieille carne alors elle est passée de chaton à grosse vache car même en terme d'affections on n'était plus d'accord ; mon cholestérol et son ostéoporose faisaient mauvais ménage.

C'est alors que le sujet sur l'orthographe du yaourt est venu sur le tapis si j'ose dire, tout comme le projectile qui – dégoûtant de la soupière rose de notre beau mariage – s'était répandu piteusement à mes pieds en une petite flaque laiteuse.
« Raté ! » ai-je crié, triomphant et sûr de mon fait « Va t'en donc voir Erdogan chez les turcs et demande lui s'il y a un 'h' à yogurt ! »
« Et toi chez les grecs ! » m'a t-elle rétorqué en référence à un séjour au pays hédoniste qui ne m'enchantait pas plus que ça .
« Le grec c'est du brebis, Madame... pas d'la vache » ai-je rectifié savamment.
« D'abord on dit Erdoan... pas Erdogan ! » m'a t-elle asséné, forte de tant de soirées passées à regarder BFM TV.

Voilà qu'on en était arrivés à s'écharper sur l'alphabet, mon 'h' contre son 'g'.
« Après on s'étonnera que les pays se fassent la guerre » ai-je voulu conclure en élevant le débat.
« Va plutôt chercher la wassingue pour nettoyer ce gâchis» a t-elle lancé, à bout d'arguments pour ramener le débat au ras du sol.
Depuis huit jours qu'elle avait découvert ce mot, elle me le servait à chaque occasion c'est à dire deux fois par jour et je maudissais le type qui avait lancé ce défi un samedi matin, à l'heure où les gens normaux font la grasse mat ou leur tiercé !
Alors je suis allé chercher une serpillière – sans commentaire – pour nettoyer le gâchis d'un yogourt nature qui n'avait rien demandé à personne.

Pour l'heure Germaine s'était privée de dessert et comme il ne lui restait qu'une banane ou des kumquats – par prudence et par respect pour le 'k' et le 'q' – je lui ai suggéré la banane, fruit de forme ambiguë certes et qu'un farfelu nommé Rocco Polo ou Marco Polo avait osé baptiser « pomme du Paradis »... tu parles !

En la regardant engloutir sa banane aux multiples bienfaits, j'imaginais tous les combats qu'elle menait : dépression, stress, gueule de bois, nausées matinales ; Ah ça ! elle m'en servait des nausées matinales, bref... non, vous n'en saurez pas plus.

16 novembre 2019

La belle de Souzix (Vegas sur sarthe)


Concepcion naquit un beau matin de printemps parce que dans les contes on naît souvent un beau matin de printemps; il fallait bien qu'elle naquit à cause de son prénom et aussi parce que sa mère Anunciacion était enceinte jusqu'aux dents d'un bel inconnu puisque les inconnus sont toujours beaux en fin de conte et au début aussi.
Qu'elle était jolie avec ses yeux doux comme du velours, ses sabots noirs et luisants comme des sabots et ses très longs cheveux noirs qui s'arrêtaient au bout d'un moment, si belle qu'on aurait dit Marylin mais en brune, bref elle était si jolie - comme dans les contes et dans la chanson d'Alain Barrière - que dans tout le royaume d'Espagne on l'appelait la belle de Souzix à cause de son père inconnu, de ses yeux de velours et de son Tchica-tchica-tchic-aïe-aïe-aïe.


Elle questionnait souvent son journal intime car il fallait bien qu'elle le questionnasse ou qu'elle le questionnât, enfin bref... comme dans tous les contes: "Diaro intimo, mon beau diario intimo, dis-moi que je suis la plus belle et qu'un jour mon prince charmant viendront ou bien viendra... il sera beau comme moi, enfin pas trop moche quand même, bref... il sera un amant très magnifique qui me fera jouir et tout et tout".

A ces mots le journal qui était pourtant intime ne se sentait plus de joie mais ne répondait rien, tout comme les miroirs qui n'ont pas droit à la parole non plus; elle lui remplissait ses pages car il en avait plusieurs, avec des prénoms les plus charmants... il y avait là Rocco, Bernardo et Zorro et puis aussi Rudolf et Valentino et la liste des courses de chez Lidl mais dans les contes ça compte pour du beurre.
Comme le conte faisait déjà pas loin de trente lignes, Anunciacion décida qu'il était grand temps de la marier avant que le conte ne déborde et aussi parce que Concepcion remplissait son diaro intimo à en perdre l'appétito.


Anunciacion lui trouva un beau parti au rayon des princes charmants; on dit parti alors qu'il venait tout juste d'arriver mais c'est comme ça dans les contes; il s'appelait Ramon ou un truc comme ça, bref il eut fallu qu'elle le susse ou bien qu'elle le sut, enfin... chaque chose en son temps comme répétait sa mère qui aimait bien répéter.

Ramon portait bien son nom, il lui fit crier Ramona et elle en fut ravie dès qu'elle le vit et ravie au lit aussi mais dans les contes on ne le dit jamais de cette façon; de toute manière Concepcion était ravie partout.

 

Qu'il était beau Ramon avec ses yeux doux, sa barbiche de sous-officier et ses sabots noirs et luisants qui lui rappelaient quelque chose, enfin bref.
Il plut très fort à Concepcion, vraiment très fort pourtant c'était un beau matin de printemps - la météo était bonne sur Madrid comme l'avait annoncé Telecinco - un beau jour pour se marier et c'est ce qu'ils fissent ou bien ce qu'ils firent aussitôt, enfin bref... ce fut un beau mariage et Concepcion n'en finissait pas de lire et relire la lettre du Registro Civil de la Casa de Correos de la Puerta del Sol présidence de la communauté de Madrid où on lisait que Conception Souzix dite la belle de Souzix avait épousé ce beau matin de printemps confirmé par Telecinco, le beau Ramon y Ramon Delgado, tennisman, cinquante-deuxième mondial au classement ATP, enfin bref... un sacré joueur de pennis comme disait Anunciacion qui avait du mal à prononcer les 't'.

L'heureux élu, on dit toujours heureux au début, portait sa belle veste marron de serveur; il avait toujours été excellent au service et aussi à la volée, mais ça Concepcion allait l'apprendre plus tard...
Comme le conte faisait largement les cinquante lignes, le jeune couple s'empressa de disparaître, c'est parfois comme ça dans les contes et puis ils en avaient plus qu'assez de ces papillons, mosquitos et autres insectes qui volaient autour d'eux à cause du beau matin de printemps et que Ramon essayait de chasser du revers de la main à grands coups de castanuelas et de tamborin, enfin bref... il était moins bon au revers.

Al final on répète qu'ils eurent heureux et furent beaucoup d'enfants ou bien le contraire, enfin bref... on le dit et c'est bueno.

 

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9 novembre 2019

Scène de « ménage » (Vegas sur sarthe)

vg


« Cesse de vadrouiller ici, bon sang ! J'viens d'passer la serpillière !«
Les jours de grand ménage, on est priés de ne pas déconcentrer Germaine, mais c'est plus fort que moi, j'aime bien la taquiner : »Si t'as passé la serpe hier, pourquoi j'y passerais pas aujourd'hui ? »
« Qu'est-ce que tu dis ? »
« Je dis Pourquoi tu as passé une serpe sur le carrelage ? »
«Quelle serpe ? J'ai passé la gueille, c'est tout ! »
« C'est quoi une gueille ? »
« Chez moi à Bordeaux c'est l'nom pour les torchons »
« Ah ? Chez nous en Champagne un torchon c'est une bâche »
« J'sais c'que c'est qu'une bâche, Môssieur et ça c'est une serpillière »
« En tout cas c'est les Québécois qui disent une vadrouille »
« J't'ai jamais parlé d'vadrouille !! »
«Si Madame... tu m'as dit d'éviter de vadrouiller «
« Cherche pas à m'embrouiller, Chouchou tu vas finir par y arriver et j'ai encore du pain sur la planche»
« Je ne t'embrouille pas mais avoue que ce bout de torchon qui pue le rat crevé n'avait pas besoin d'autant de noms... »
«Ca pourrait bien s'appeler une toile que j'm'en foutrais pas mal pourvu qu'ça lave les sols; mais ça, c'est l'dernier de tes soucis »
« Justement certains appellent ça une toile »
« Et ben tant mieux ! Alors je te redis : Cesse de vadrouiller ici, je viens de passer la toile!«
« Tu devrais plutôt dire : Je viens de passer la toilière »
« Pourquoi la toile hier ? »
« T'avais bien passé la serpe hier, non ? »
« Ah ça suffit maintenant ! Dégage le plancher à la fin »
« En tout cas si c'était hier, ça doit être sec maintenant et en conséquence je peux y marcher»
«Mouillé ou sec,  tu vas sortir d'ici ! »
« En tout cas c'est nickel depuis que tu as passé la serpe »
« Mais quelle serpe ? »
« Laisse tomber, Germaine. Je ne comprendrai jamais rien à ta façon de faire le ménage... mais je reconnais que tu t'en sors pas mal» 
« J'm'en sors pas mal ? Depuis vingt ans que j'fais ça, Môssieur juge que j'm'en sors pas mal ? T'es gonflé»
« Cool Germaine, je me demandais juste si ça ne serait pas plus efficace avec une wassingue »
« C'est quoi encore ce truc? »
« Je ne sais pas au juste. C'est un mot qu'on m'a suggéré au Défi Du Samedi »
« T'as vraiment rien d'autre à foutre le samedi ? »

2 novembre 2019

Curiosité (Vegas sur sarthe)

vg


Trouvé ce curieux billet dans la poche de la blouse de Germaine

V ider la caisse du chat avec le chat dans la poubelle verte
A spirer les tapis dessous, dessus et sur la tranche
D émonter le machin en forme de truc sous le lavabo (en dernier recours)
E changer vignettes Auchan contre vignettes Mammouth (le 30 de mois)
M ariner la serpillière dans cinq litres de vinaigre blanc (pas trop chaud)
E pousseter le lustre de tante Irma mais pas sur la chaise qui branle
C ouper le courant avec un couteau pointu (petit trou du compteur Linky)
U pdater le minitel tous les mois (appeler SAV PTT après 15 heures)
M astiquer le joint de la baignoire (chewing-gum blanc dans angle droit)


26 octobre 2019

Ma vie sur Utopia (Vegas sur sarthe)

 

J'avais dévoré l'histoire de Thomas More et de son île Utopie en forme de croissant mais quand j'y posai le pied je trouvai qu'elle ressemblait à une banale île flottante.
Je ne fus pas autrement surpris qu'on brûlât sur le champ mes chéquiers et mes cartes de crédit puisqu'il n'y avait aucune notion de monnaie sur l'île et que l'utopien se servait au marché en fonction de ses besoins.
J'allais devenir un utopien parmi les cent mille utopiens qui peuplaient l'île : cinquante quatre villes magnifiques, une seule langue, les mêmes lois, la même retraite à 76 ans et les mêmes institutions; j'aurais dû m'intégrer facilement car nous possédions tout en commun, enfin … tout sauf les femmes.
En venant ici j'avais rêvé de bâtir un château en Espagne mais toutes les maisons en location étaient identiques et pour éviter l'enracinement les utopiens étaient obligés de changer de maison tous les dix ans.
Je me demandais s'il en allait de même pour les utopiennes, sinon les utopiens devaient s'ennuyer à mourir.
Dans mes rêves elle était grande et accueillante; pourtant celle que je tirai (au sort) bien que fraîchement ravalée était petite et sombre avec un jardinet broussailleux, je parle de la maison bien sûr.

Je songeai que dans dix ans j'aurais droit à une nouvelle demeure et que le sort me sourirait mais qu'en serait-il des utopiennes ?
Mon guide m'apprit que les maisons des utopiens n'ont pas de serrure pas plus que les femmes mais en cas d'adultère l'utopien perd sa liberté et devient esclave voire mort si récidive.

Celle qu'on m'offrit n'était ni blonde ni plantureuse comme dans mon rêve et j'allais devoir me satisfaire de ses petits seins pointus et de ses grands yeux étonnés tandis qu'elle me tendait en plus de ses lèvres le certificat attestant un examen prénuptial approfondi, la chasteté étant de rigueur avant le mariage.
J'imaginais aisément qu'après le mariage l'utopien perdait sa liberté et qu'il devenait donc un esclave comme en cas d'adultère, ce qui ne changeait rien au final.

J'avais lu que l'oisiveté y était interdite bien que la journée de travail soit limitée à six heures, ce qui me convenait amplement.
Il me restait à patienter jusqu'à 76 ans pour profiter de la retraite au côté de mon épouse aux petits seins et aux grands yeux étonnés.

Les soirées et les nuits étaient longues d'autant plus qu'il n'y avait pas de monnaie, ni espèces ni chéquier ni carte de crédit, que les jeux de hasard étaient interdits et l'adultère sévèrement réprimé.
J'allais devoir remiser ma mallette de poker et me retenir de loucher sur les autres femmes au demeurant fort attirantes.
Notre mariage fut vite expédié, mon utopienne se révéla si experte dès nos premiers ébats que je doutai de l'authenticité du certificat de virginité mais en venant ici j'étais décidé à ne m'étonner de rien.

Les utopiens qui renonçaient au mariage étaient appelés végète-à-rien; ils n'avaient pas de femme mais s'adonnaient aux délices de cinq fruits et carottes non râpées par jour, ce qui est mieux que rien.
Moi qui avais rêvé d'être un végète-à-tout – foin de leurs cinq fruits et légumes – et de profiter de la vie, des plaisirs et des femmes débauchées, je comprenais que la vie sur Utopie était irrespirable mais ne dit-on pas aussi qu'une vie sans utopie est irrespirable ?

J'avais lu également que les utopiens ne sont pas superstitieux, pourtant ceux que je fréquentais évitaient de poser leurs chaussures sur la table, de croiser les couteaux et de se couper les ongles après 18 heures.
Mon utopienne n'était pas superstitieuse non plus bien qu'elle évitât de tuer les araignées du pied gauche et d'écraser les crottes de chien du même pied ce qui m'exaspérait de plus en plus.
Et puis ses petits seins devinrent plus flasques, ses grands yeux moins étonnés et mes 6 heures de travail hebdomadaire plus ennuyeuses devant la machine à café; aussi pris-je la décision d'en finir avec tout ça et de m'éveiller pour de bon.

Au prix d'un effort surhumain je parvins à ouvrir grand les yeux ; contre mon flanc Robert ronflait, je crois même qu'il me souriait bien qu'il ait encore vomi sur la couette.
Robert c'est le chat.
Dans l'escalier de l'immeuble une radio braillait du Jeanne Mas « Toute première fois, Toute toute première fois ... »
Enfin j'étais bien.
Ne rêvez jamais d'île déserte, ne lisez pas Thomas More, c'est un leurre.

 

19 octobre 2019

Trou-du-cul (Vegas sur sarthe)


« Dis mon biquet, un saltimbanque qui commence par trou... Ça serait pas un trou-du-cul ?»
Germaine a le don pour commencer un mot croisé à l'heure de ma sieste.
«J'ouvre Wikipédia histoire de sortir MA science : C'est pas trou-du-cul, bichette ; c'est un poète médiéval qui écrivait des poèmes en chansons en langue d'oc »
Le visage de Germaine s'éclaire.
« D'accord. Finalement c'est comme Grand Corps Malade, c'est juste un chansonnier qui griffonnait du slam gothique à Montpellier ? »

« Si tu veux Germaine mais le troubadour chantait ce qu'on appelait l'amour courtois »
« ça existe l'amour courtois ? »
Par bonheur il y a une partition en annexe.
« Ecoute ça, bichette :
C'est le troubaba, c'est le troubadour
Qui baise la nuit, et qui baise le jour
C'est le troubaba, c'est le troubadour
Qui baise la nuit, le jour, le troubadour »
« Ouais... pour être courtois, c'est courtois... Et des chansonnières gothiques, y en avait aussi ? »
« Oui Madame. Je lis : La première troubadouresse s'appelait Azalaïs de Porcairagues »
« Tu parles d'un blaze. Alors elle aussi, elle chantait C'est la troubaba, c'est la troubadouresse qui montre ses fesses ? »

« Non. Je crois que c'était plus soft. Elle chantait la pluie et le beau temps d'après ce que je lis :
Ar em al freg temps vengut,
Que ‘l gèls e’l nèus e la fanha,
E l’aucelet estàn mut,
Qu’us de chantar non s’afranha »

« On y comprends que dalle. Finalement j'préfère l'amour courtois du mec qui baise la nuit, le jour »
« Normal qu'on comprenne pas, bichette. C'est de l'occitan »
« De l'excitant ? Excuse moi mais il en faut plus pour m'exciter»
« Non ! C'est de l'occitan et ça veut dire :
Nous voici venus au temps froid,
Avec le gel, la neige, la boue.
Les oiseaux se sont tus,
Ils ne veulent plus chanter. »

Contrairement à tout à l'heure le visage de Germaine s'assombrit : »Pas drôle ton Azalaïs de Porcelaine ! »
Elle griffonne son mot croisé, rature puis s'énerve : »Troubadour, ça rentre pas dans les cases, Môssieur ! »
En soupirant je bascule fissa sur mon dictionnaire de synonymes : » Il fait combien de lettres ton saltimbanque, bichette ? »
« 1,2,3,4,5,6,7,8... Y fait huit lettres »
Je triomphe : »C'est trouvère, bichette... Trouvère ! »
Le visage de Germaine s'assombrit encore plus : «Trou vert, c'est en deux mots, Môssieur ! Ou alors y'a un trait d'union»

Je referme mon dictionnaire des synonymes.
Pas envie de discuter de la couleur des trous du Languedoc à l'époque médiévale.
Juste envie de faire la sieste.

12 octobre 2019

Ça fait vroom ou plutôt braoum ? (Vegas sur sarthe)


Ce matin-là je peaufinais mon tiercé dominical quand Germaine est rentrée du Mammouth et m'a jeté à la tête les clés de la Simca 1000 en déclarant : »Elle se traîne ta caisse... ça doit être la soupape »
« Comment ça elle se traîne ? T'as desserré le frein à main au moins ? »
Germaine fronça les sourcils en grattant son chignon choucroute – sa façon à elle de se concentrer – pour confirmer : « C'est un veau, j'te dis. Sabrina affirme que c'est la soupape »
« Qu'est-ce qu'elle y connaît en bagnoles ta copine Sabrina ? »
« Elle en connaît un rayon justement. Elle a déjà dézingué 3 bagnoles à son mec »
Je me concerte pour choisir une explication parmi les 15 qui se bousculent dans mon esprit bricoleur : « T'aurais pas mis du gazole par hasard ? »
Germaine s'empourpre : » Je fais gaffe aux prix mais pas à ce point là. Tu m'prends pour qui ?»
« J'te prends pour une qui l'a fait le mois dernier et qui m'a coûté une purge de réservoir à cinquante balles ! »
Germaine s'entête : »Si Sabrina dit que c'est la soupape, c'est que c'est la soupape … passe que moi, je sais même pas à quoi ça ressemble une soupape de Simca 1000 »
Pas facile mais je vais devoir faire un peu de pédagogie tout en ménageant sa susceptibilité : «Une soupape c'est … comme ta bouche, Germaine ; ça s'ouvre et ça se ferme environ 2500 fois par minute»
Elle acquiesce : »Je comprends pourquoi elle fait autant de bruit »
Le Tiercé Magazine m'en tombe des mains : « Du bruit ? Quel bruit fait ma Simca 1000 ? »
« Ben … du barouf, quoi »
J'ai besoin de précisions pour affiner mon diagnostic : »Ca fait plutôt vroom ou plutôt braoum ? »
« Je sais pas moi, p't'être que ça fait les deux »
« J'ai besoin de savoir, Germaine. Si ça fait vroom c'est une soupape d'admission mais si ça fait braoum c'est une soupape d'échappement »
Germaine ouvre de grands yeux : » Passe qu'y a plusieurs soupapes ? »
« Oui Madame ! Il y a 2 soupapes par cylindre et 4 cylindres … je te laisse le soin de faire le calcul »
Germaine calcule : »Ca fait un joli tas de soupapes. Tu crois qu'elles sont toutes mortes ? »

J'essaie de minimiser l'hécatombe : »A moins que ça soit l'arbre à came »
Germaine en tombe sur le cul : »Y a un arbre à came aussi ? J'comprends maintenant pourquoi y a une odeur zarbi et que ta caisse marche de travers qu'on dirait Sabrina en fin de soirée »
Je préfère ne pas répondre à ça ; j'enchaîne : « T'as regardé si ça faisait de la mayonnaise dans le liquide de refroidissement ? »
Germaine farfouille dans son cabas, extirpe sa liste de courses : »Merde ! J'ai oublié la mayo ... »
(Soupir)
Je ne sais plus qui a dit « Le divorce est la soupape de sûreté de la chaudière conjugale » mais je trouve ça très approprié à la situation du moment.
 
Je vais en être quitte pour faire vérifier les bougies, sans doute les culbuteurs, peut-être même le joint de culasse !
J'explose : »Bordel ! Germaine … une Simca 1000 de 1975 … notre année de mariage … ça ne peut pas se terminer comme ça ! »
Avec la veine qu'on a en ce moment, sûr qu'il va falloir déculasser.
Je conclus: »T'es fière de toi ? On n'a plus qu'à déculasser ! »
Au bord des larmes, Germaine me lance un regard de chien battu : «Déculasser ? Bichon, tu peux m'engueuler mais t'as pas l'droit d'être impoli comme ça»
Je bouillonne : »Déculasser, c'est pas gros mot. S'agit juste de retirer le cache culbuteur et de … »
Je sens du vague à l'âme dans son regard, Germaine minaude : »C'est vrai que tu m'y as culbutée pour la première fois en 75 mon bichon »
Elle ne ferait pas de l'auto-allumage ? Je parle de la bagnole, pas de Germaine.

Pas envie qu'elle m'appelle bichon.
Pas envie de culbute.
Pas envie des conseils avisés de Sabrina.
Juste besoin d'un devis, rapidement ...

5 octobre 2019

Le chien qui ricanait (Vegas sur sarthe)


D'un geste d'agacement Arsène Rupin releva son col de zibeline en frissonnant.
Le magasin Versace de la rue du faubourg Saint Honoré où sa rupine de femme l'avait copieusement supplié de se rendre n'était plus qu'à une vingtaine de mètres.
Dans sa précipitation il bouscula deux pauvres bougres qui se disputaient la laisse d'un maigre chien sur le trottoir ; il se fendit  d'un vague grognement d'excuses.
De son petit appartement de Bagneux à leur hôtel cossu du XVI – du XVIème arrondissement ou du XVIème siècle, la différence importait peu  – il y avait eu ce ticket gagnant du loto puis sa rencontre avec Germaine Richard.
Il sourit … Richard, ce nom lui allait comme un gant, bien que Rupin sonnât mieux.

Sur la luxueuse porte du 62, un grand écriteau calligraphié en lettres d'or « Fermeture exceptionnelle » lui tira un juron.
« Connards ! Z'auriez pu prévenir vos clients»
Derrière lui, les deux types se marraient ; il lui sembla même que le clébard en faisait autant.
Il y avait bien ce Prada mais il allait devoir remonter jusqu'au numéro 6 sans être certain que sa rupine de femme apprécie la dernière collection … et puis Prada était déjà le nom de son yorkshire !
A quoi bon risquer un incident diplomatique ?
Il tambourina à la porte, faisant trembler l'épaisse vitre dans un vacarme qui effraya les deux types et leur chien.
Derrière l'écriteau une ombre finit par apparaître, il y eut un cliquetis de serrure puis la lourde porte s'entrouvrit : « Z'avez pas vu ? C'est fermé » dit une grosse voix à l'accent italien.
« J'espère que vous avez une bonne raison d'être fermés» aboya t-il.
Le chien en fit de même.
Il y eut un soupir puis la voix souffla : « Gianni est mort »

Arsène Rupin vacilla. Germaine ne supporterait jamais cette fâcheuse contrariété.
« C'est pas possible. Comment ça a pu arriver ? » demanda t-il.
« Z'avez pas lu les journeaux ce matin ? » et la voix précisa  « Deux balles dans la tête »
C'en était trop. L'entrée du 62 lui paraissait soudain fadasse, dégradante.
Voilà qu'il échouait lamentablement dans sa mission devant cette gargote et devant ces deux types avec ce chien qui ricanait, et puis il avait déréglé sa Rolex en frappant sur la vitre – 17 Juillet 1997, peut-être 16 ou 18 ? – et puis …

 
Nous sommes bien le 17 Juillet 1997
2 jours après le meurtre inexpliqué de Gianni Versace, un homme se suicide devant l'enseigne de la rue du faubourg Saint Honoré à Paris.
Une enquête est en cours
On recherche deux témoins présents sur les lieux, accompagnés d'un chien ricaneur

28 septembre 2019

La famille Quidam (Vegas sur sarthe)


On a oublié qui l'avait baptisé ainsi au village mais On avait pris l'habitude de l'appeler le quidam car on ne savait rien de lui et que personne n'avait jamais cherché à savoir.
En tous cas il n'était pas de chez nous puisqu'On ignorait son nom et ça nous semblait normal de l'appeler ainsi comme nous l'avait précisé l'institutrice qui possédait deux gros Robert dans sa bibliothèque et deux autres aussi.
Quand le lait des vaches du père Moinard eut tourné, On désigna naturellement le quidam tout comme quand la grange des Hauts Bois eut brûlé …
Ca fit de la fumée à des kilomètres et quand elle fut enfin dissipée, les gendarmes avaient déjà bouclé l'enquête puisqu'On était tacitement tous d'accord sur le nom du coupable.
Quand On n'est pas de chez nous, On a forcément des choses à se reprocher, alors pourquoi se casser la tête à chercher un coupable quand On en a un qui s'empiffre ouvertement de notre patrimoine.
La seule personne qui s'intéressa à lui au point de lui porter des oranges à la prison centrale fut la Germaine, une traînée qui avait filé la chaude pisse à tout le canton alors tout le monde trouva ça logique qu'il y passe comme les autres.
Quand il eut purgé sa peine et sa bléno, il mit la Germaine dans son lit et l'installa chez lui ; ainsi, de traînée elle devint la quidam tout comme la boulangère était la femme du boulanger et la garde-barrière la femme du garde-barrière …

Chaque année il lui faisait un petit Quidam qu'elle pondait ponctuellement pour le ban des vendanges, ce qui fait qu'au jour où j'en parle le village compte plus de Quidams que de bonnes gens d'ici.
Si On avait su qu'On pouvait mettre un 's' à Quidam On l'aurait viré hélico presto!
Les petits Quidam auront bientôt du poil aux pattes et des envies dans la culotte aussi les mères chaperonnent-elles leurs filles au point de s'être regroupées en association ; la loi 1901 ça date pas d'hier mais c'est pas fait pour les chiens, nom de Diou !
Le maire qui n'en perd pas une n'a t-il pas songé à rebaptiser notre village en Quidam-le-Haut mais – ayant été menacé de sanglantes représailles – il s'est contenté de nous jumeler à un certain Quidam, un trou perdu de Hollande où le fromage est rouge et où les marins d'Amsterdam bouffent des haubans !
Bref, il est grand temps que nos vieux s'exilent à la maison de retraite du canton d'autant plus qu'On nous annonce un arrivage de migrants érythréens … On ne sait pas trop ce qu'est l'Erythrée.
Parait que chez eux c'est pas le fromage qui est rouge mais la mer !
Alors il est grand temps d'aller compulser une seconde fois les Roberts de l'institutrice.

Tiens, voilà le Quidam qui passe dans une Audi … même pas foutu d'acheter Renault.


24 août 2019

Confesse (Vegas sur sarthe)


Si j'aurais su j'aurais pas v'nu
je ne serais pas monté là
échelle et tout le tralala
au risque de déconvenues

On m'avait promis du spectacle
du spirituel et du mystique
au prix d'efforts acrobatiques
pour entrevoir le tabernacle

Au lieu de ça, pauvre de moi !
je vois la bonne du curé
agenouillée, transfigurée
son arrière-train en émoi

On croirait qu'elle est à confesse
rien que ce mot me fait rougir
de mon perchoir j'entends rugir
le jeune vicaire qui professe

De génuflexions en courbettes
la pénitence s'éternise
Faut-il avouer des bêtises
pour être châtiée en levrette

Elle clame sa repentance
implore ses saints, ses grands dieux
son tourmenteur a l'air radieux
d'avoir appliqué la sentence

Sur mon perchoir j'ai trébuché
je suis dénoncé, découvert
chacun remballe l'éventaire
et je me vois sur le bûcher

J'ai déguerpi … mea-culpa
ça m'a coûté deux malabars
mais le spectacle était jobard
même si on ne me croit pas

13 juillet 2019

Pierre Quiroule est malade (Vegas sur sarthe)


Ce samedi matin au jardin il fallut bien se rendre à l'évidence : Pierre Quiroule – connu plus familièrement sous le nom de père Quiroule – s'était mis à cracher vert !
Tout le monde se rendit donc à l'Evidence – joli nom pour un jardinet – pour apercevoir le phénomène.
C'étaient des sortes d'algues, comme de longues herbes ligneuses, des pieuvres qui dégueulaient de sa bouche exsangue pour se répandre sur les galets des allées d'ordinaire bien proprettes.
Le vieux jardinier – surnommé Namassepamousse – nota scrupuleusement l'incident sur son calendrier lunaire avant de courir prévenir Quidedroit, la maîtresse du jardin.  
Devant la pâleur cadavérique du père Quiroule, Mademoiselle Quidedroit s'empressa de mander l'équipe du docteur Ecoutesilpleut que ses travaux sur les maladies du  cresson de fontaine avaient élevé au rang de Grand Maître es Gardinium.
Après une auscultation au coût exorbitant et une visio conférence avec le Centre de Recherche Toutpourlebio, le verdict tomba : Le père Quiroule dégueulait du vert...

Namassepamousse le jardinier attendit que l'impressionnant aréopage ait quitté les lieux pour s'approcher du grabataire.
Il s'apprêtait à user de sa recette miracle – une vieille sulfateuse à bouillie bordelaise des années 30 qui était venue à bout de tant de saloperies  – lorsqu'il entendit le père Quiroule murmurer entre deux crachats d'algues nauséabondes : » Laisse tomber … c'est encore un coup de Défidusamedi »
Namassepamousse remit sa sulfateuse à l'épaule en maugréant : »Morbleu ! ça sert à quoi que je me décarcasse ? ».

Ce Défidusamedi commençait à lui courir sur le haricot, au propre comme au figuré !


6 juillet 2019

Brèves de comptoir (Vegas sur sarthe)

 

« C'est marrant. Donald Trump a sanctionné l'ayatollah Khomeini … sauf que le bougre est mort en 1989 »
« Morbleu ! »
« Et à Paris, des drônes de la police ont été attaqués par des goélands »
« Morbleu ! »
« Arrête de dire Morbleu à la fin !»
«  … «
« Et ça ? Alexandre Benalla est consultant sécurité de la Foire du Trône pour Marcel Campion... s'il croit qu'on n'a pas compris son petit manège »
« Morbleu ! »
« En Virginie, une femme décède et - selon ses dernières volontés - fait euthanasier son chien en bonne santé pour qu'il repose avec elle »
« Morbleu ! »
« T'as pas bientôt fini avec tes Morbleu ? »
«  … «
« A propos de N.D. de Paris, le gouvernement veut former des tailleurs de Pierre »
« Morbleu ! ça nous changera des tailleurs de Brigitte »
« T'es pas drôle … au fait, tu connais le thème du prochain défi du samedi ? »
« Euh … non »
« Morbleu ! »
« C'est toi qu'es pas drôle »

 

 

29 juin 2019

La jarretière (Vegas sur sarthe)

 

Mais qu'est-ce qui m'a pris d'accepter la clope de ce gros endimanché?

Suite à une sérieuse baisse de mes revenus j'avais depuis trente ans tiré un trait et un dernier cigarillo sur vingt ans de cotisation assidue à la Seita.


Je viens de rendre avec ma bile toute cette bouffe qui a dû leur coûter un bras, un vrai gâchis sur cette plage de sable immaculée ; ça doit se voir du ciel pour un oeil exercé et surtout pour les mouettes!

Oui sur les îles désertes les mouettes ricanent et voient clair, sur les îles désertes le sable est toujours immaculé, les cocotiers toujours penchés du même côté sous le vent  et parfois même sur l'horizon un paquebot vient droit vers toi au cas où t'en aurais marre de jouer les Robinson.

Ici y'a rien que moi, du sable souillé et un seul cocotier raide et dur comme du métal qu'on croirait un lampadaire.

Y a que moi pour tomber sur une île déserte avec un lampadaire !
Qu'est-ce qui m'a pris de fumer cette daube ?

A ma place, un vrai Robinson aurait déjà fait l'inventaire de ses poches, fait douze fois le tour de l'île à cloche-pied et construit un casino avec hammam et tout le toutim.
Dans une de mes poches j'ai la note du loueur de costume, enfin ... du déguisement de pingouin, un pingouin sur une île déserte c'est plausible.
Dans l'autre poche il y a une sorte de dentelle élastique que je tripatouille depuis un moment – ça y est, ça me revient – c'est la jarretière que cette vicelarde avait remontée en haut de sa cuisse.
Ah ça la faisait marrer que je la pelote sous le fatras de ses jupons et lui aussi ricanait, son gros endimanché de mari qui savait bien qu'elle avait été ma meuf et que c'était la toute toute dernière fois que je la tripotais.

J'ai l'estomac – du moins ce qu'il en reste – qui refait des siennes rien que d'y repenser; on devrait obliger les mariées à porter une culotte.
Les mouettes reviennent comme au self. Allez-y les filles, c'est gratos, c'est l'endimanché qui régale.
D'abord qu'est-ce qu'il a de mieux que moi ce bâtard? Une très grosse 'situation' comme disent ses vieux? Comme si on mesurait les sentiments à la taille de son job! (Voilà que je zozote maintenant)

Mais qu'est-ce qui m'avait pris de la tirer? On vous l'offre sournoisement avec un petit sourire complice, qu'elle soit brune ou blonde – on n'est jamais vraiment sûr de la teinte sous l'emballage – en vous affirmant qu'une petite ça compte pour du beurre, alors vous la tétez, vous la cramez jusqu'au bout entre deux choux à la crème, dans la moiteur d'un costume de pingouin, les tristes bulles d'un mousseux pas frais et les canards de 'Riquita' que l'oncle Alfred fait jaillir de son piano à bretelles... et pour finir en apothéose vous voilà à cracher vos tripes sur une île déserte.
Avec le pot que j'ai toujours eu, cette île est foutue d'abriter un Vendredi; j'imagine qu'il sera collant et du genre phoque mais je n'ose imaginer le fruit d'un croisement avec un pingouin!
J'avais rêvé ça autrement... j'me dis que j'aurais pu avoir le dessus sur le gros endimanché, j'aurais esquivé sa méchante droite à la Cassius Clay, j'aurais récupéré ma Fiat Panda qui aurait peut-être tenu le coup jusqu'à mon mobile-home, j'aurai enlevé la mariée vicelarde et on aurait fini le mousseux pas frais, elle et moi tranquilos loin des convives.
Des convives... Mort aux cons et aux convives!!

Le lampadaire a perdu de sa raideur, celui-là a comme deux bras musclés qui me remettent sur mes guiboles et il me dit en langage lampadaire :"ça va mieux?"
Des réverbères qui parlent, j'en avais pas vu depuis ma mémorable cuite de France-Brésil en 98 et c'est marrant parce que cette nuit-là on s'était juré de plus s'quitter elle et moi.

Y'a bien longtemps que j'm'étais pas entendu rigoler comme ça, j'entends plus les vagues ni les mouettes, juste mon estomac.
Le lampadaire insiste : "Vous avez pas l'air dans votre assiette. Y'a un hosto pas très loin"
Il aurait jamais dû parler d'assiette avec des chaussures de location à ce prix-là! C'est fou c'que ça peut contenir un estomac.
Dégoûté, mon lampadaire s'est tiré et je reste comme un con de pingouin qui aurait trouvé une jarretière et qui ne sait pas d'où ça vient ni à quoi ça peut servir.
Maintenant que j'y pense, à quoi ça sert une jarretière à part foutre la merde ?
Un hosto sur une île déserte? Y s'est bien foutu d'ma gueule, ce lampadaire.
 

22 juin 2019

Kit (Vegas sur sarthe)

 

Procrastiner je crois que c'est remettre à deux mains ce qu'on peut faire avec une seule

J'en étais là de ma masturbation intellectuelle quand Germaine a déboulé sous l'appentis où je poursuivais le montage de ma tondeuse à gazon en kit.
Tu sortiras les poubelles, chou” m'a t-elle susurré de cette voix de crécelle dont raffolent les voisins à l'heure de la sieste alors que je cherchais bêtement la mèche de la bougie.
Je n'ai jamais compris pourquoi la délicate opération de transport des poubelles est le propre de l'homme alors que la vue de mains féminines cramponnant les anses et celle d'une croupe vacillante au bord du trottoir sont un ravissement pour les yeux... bref je venais d'écoper de cette corvée rébarbative et dégradante pour un mâle normalement constitué.

Tu sortiras les poubelles, mon petit chou” répéta t-elle en écho tandis que l'homme au sommet de son art s'essuyait le front d'un ample revers de main crasseuse, soulignant ses rides viriles d'un sillon de cambouis qu'aurait envié Jean Gabin dans la Bête humaine.
J'eus alors droit à un baiser fougueux doublé d'un balayage de cheveux embroussaillés aux fragrances head&shoulder Air fresh car ma Germaine le vaut bien.
Je compris que pour elle la coupe était pleine et sans doute aussi les poubelles.

J'ai marmonné un “J'le f'rai demain” auquel a répondu un “Demain, ça s'ra trop tard” et j'ai repris mon autopsie: chant stérile, clés à haleine, compresses ou plutôt sparadrap, Chatterton ; Germaine m'observait, admirative mais surtout impatiente.
Depuis le premier jour j'avais aimé cette ténacité chez Germaine, cette manière de camper sur sa ligne de front avec ses yeux revolver prêts à défourailler, sa choucroute blonde à la Pamela Anderson et ce tremblement de la lèvre inférieure qui ôte toute envie de quémander un baiser.
C'est ainsi que je l'aime... rebelle, belle et rebelle – c'est marrant, ça rime avec poubelle – indomptable!
C'est le mot qu'elle emploierait mais je préfère têtue.
Têtue c'est moins blessant qu'incurable et je n'ai pas envie de la blesser à cet instant crucial où je sens que cette foutue tondeuse à gazon va finir au fond du garage avec l'aspirateur en kit, le banc de musculation en kit et tous ces objets qui se ressemblent mais ne s'assemblent pas.
Rien ne ressemble plus à un kit qu'un autre kit, un ensemble de pièces détachées destinées à être attachées au moyen d'une notice alambiquée, bref c'est l'instant que Germaine choisit pour entamer les négociations à coups d'arguments crescendo:
et que les éboueurs passent demain matin à cinq heures pétantes
et que si on manque l'heure pétante il faudra se farcir dix bornes jusqu'à la déchetterie qui sera fermée
et que tous nos voisins eux ont déjà sorti leurs poubelles
et que si la tondeuse finit par démarrer il y aura de l'herbe coupée à jeter dans une poubelle pleine

et pour finir, l'argument qui tue: sa mère arrive ce soir et elle ne supportera pas une odeur de rat crevé!

J'évacue son sarcasme sur mes capacités à monter un kit car j'ai une bonne raison de m'étrangler: “Ta mère débarque ce soir?”
Les yeux revolver crachent le feu façon Kalachnikov :”Ma mère ne débarque pas... elle nous rend visite”
Je ne me risquerai pas à faire une comparaison entre un débarquement et l'arrivage de trois grosses valises et deux labradors séniles.

La prochaine fois, si j'ai le choix je choisirai une auto-portée”
Germaine explose :”En vingt ans t'avais jamais parlé comme ça d'ma mère!”
Le tournevis m'échappe des mains :”Euh... j'parlais d'la tondeuse, poussin”
Poussin ravale un sanglot, remet de l'ordre dans sa choucroute et resussure :”Alors tu vas me les sortir ces poubelles, hein chou?”

Le marteau est parti tout seul. Je le jure

 

15 juin 2019

La bride sur le cou (Vegas sur sarthe)


Découvrant son vocabulaire
je sus qu'elle était bipolaire
je vivais un mauvais thriller
elle parlait de travellers

Juchée en perpendiculaire
balançant ses aréolaires
elle brandit un formulaire
parlant d'anneau et d'annulaire !

Mes rhumatismes articulaires
et mes ennuis testiculaires
auraient pourtant dû lui déplaire
je grelottais sous ma polaire

Elle fit le funiculaire
et la brouette pendulaire
la galoche mandibulaire
et le ciseau grand-angulaire

Elle s'appelait Marie-Claire
et était gendarme auxiliaire
quand j'ai crié « la belle affaire »
elle a serré la jugulaire ...

 

8 juin 2019

Une sombre histoire de bambou carbonisé (Vegas sur sarthe)


Pour une fois qu'on partait en camping avec Germaine et qu'on venait juste de trouver un camp décent pour y planter notre canadienne, voilà t-y pas qu'Eddy sonne !
Je décroche tandis que Germaine raccroche le dernier tendeur … (« Love me tendeur » fredonne t-elle pour se donner du cœur à l'ouvrage. C'est dans ces moments là que le bonheur est dans l'attente)
Eddy qui se prénomme en fait Thomas m'annonce qu'il vient de damer le pion à Volta – celui sans qui on serait dans le noir pour monter la tente – et il me raconte une histoire à dormir debout, l'histoire d'une lampe à filament de bambou japonais carbonisé qui éclairerait soit disant pendant quarante heures.
J'y connais rien en filaments alors je lui demande d'éclairer ma lanterne, ce qu'il fait de bonne grâce sinon le sujet serait clos.
En 1879 il en faut du culot pour déposer un brevet sur de la vannerie asiatique !
Je ne sais pas s'il se rend bien compte qu'il va foutre au chômage les fabricants de chandelles de suif et les marchands de cierges de cire sans compter les industriels de l'éclairage au gaz ou au pétrole.

Sur ces entrefaites, Germaine vient pleurnicher au prétexte qu'elle vient de se faire une ampoule !
Ça fait marrer Eddy.
J'explique à Eddy qui se prénomme Thomas qu'une durée de vie de quarante heures, ça pue l'obsolescence programmée et que ça ne va pas plaire au consommateur éclairé.
Il me répond que c'est quand même la moins chère du marché et que le client aura deux heures pour se faire rembourser s'il n'est pas satisfait, d'autant plus que sa lampe produit bien plus de chaleur que de lumière.
Je lui suggère de faire breveter sa loupiote dans la catégorie Chauffage électrique.
Il me répond que c'est prévu mais pas avant qu'on ait inventé la seconde guerre mondiale.
Germaine demande ce que c'est qu'une seconde guerre mondiale ce à quoi je lui réponds gentiment qu'elle me gonfle et qu'elle ferait mieux d'aller le faire à notre matelas pneumatique.
Eddy finit par prendre congé car son filament de bambou japonais est presque complètement carbonisé.
Germaine a fini de gonfler tout le monde et notre camp décent commence à s'endormir ; il est temps pour nous d'en faire autant mais ça sonne de nouveau... c'est fou ce que ça peut sonner depuis que Graham Bell a pondu son bigophone !
On n'aurait jamais dû réserver un emplacement connecté, enfin bref.
« Allo... Gênes ? »
Encore une erreur.
Je réponds : « Non... ici on est à Chilleurs-aux-Bois dans le Loiret »
Le gonze insiste... halogène... il parle d'un truc révolutionnaire qui va mettre au chômage les planteurs de bambou japonais !
Je lui propose d'aller se faire voir et de rappeler dans 80 ans quand ça sera au point et je débranche le « télégraphe parlant ». Pas envie d'être emmerdé toute la nuit par les démarcheurs de tout poil !
Germaine m'attend, impatiente sous notre couette en duvet d'oie. Elle vient de finir son livre de chevet... « Cinquante nuances de noir ».
J'éteins la lampe de Volta, un truc qui parait-il ne s'use qu'à Sancerre ou à Pouilly, enfin bref.
« Chéri...  c'est quoi une seconde guerre mondiale ? »
Je sens qu'on ne va pas dormir beaucoup.

1 juin 2019

Parlons chiffons (Vegas sur sarthe)


Au début j'avais mis ce coup de foudre sur le compte d'une belle osmose épidermique mais au fil des jours j'ai constaté qu'elle s'intéressait de trop près à mon derme et à ces follicules pileux qui nourrissaient ma barbe et mon torse …
J'allais comprendre plus tard qu'elle kiffait moins mes attributs pileux que mes glandes et ce microscope qu'elle m'avait offert pour Noël soi-disant pour booster mon matériel de philatélie lui était en fait destiné !

S'il est vrai qu'elle avait un passé de chercheuse en sécrétion glandulaire chez les abeilles, elle travaillait aujourd'hui à l'observation des cellules en culture mais de là à faire de moi son cobaye, sa souris …
Moi qui imaginais que l'observation des cellules n'était qu'un job de maton à Fleury-Mérogis, je tombais de haut.
J'étais devenu sa souris - son souris sot - un banal sujet d'expérience et quand dans nos moments d'intimité je lui parlais extase et transpiration elle trouvait mes glandes exocrines « un peu pelotonnées » et son regard sévère d'observatrice de cellules en culture me coupait tous mes moyens.

C'est quand elle me proposa un frottis urétral que le vase déborda …
Je la revois encore le coton tige en main et cette image me poursuivra longtemps.
Au prochain speed dating, je me méfierai.
Je veux bien parler chiffons mais pas tissus !
 

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Le défi du samedi
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