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Le défi du samedi
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4 octobre 2014

Balade culturelle (Fairywen)

 

Balade culturelle.

 

« Journées du Patrimoine culturel »… Mmmm, intéressant programme… j’aime beaucoup visiter des lieux anciens, imaginer ce qui a pu s’y passer… Et durant ces journées-ci, des lieux fermés au public sont ouverts ? De quoi satisfaire ma curiosité !

Sauf que… Tout le monde a la même idée, et c’est des heures et des heures d’attente… Et je n’aime pas attendre ! Alors je me suis rappelé que ce sont aussi les journées du Patrimoine Naturel…

 

Donc j’ai sellé mon cheval, et je suis partie en balade… Au bord de la rivière, pour y voir les canards et les poules d’eau, et passer sous les saules pas encore complètement défeuillés, et voir les roseaux se balancer doucement dans le vent léger… Voir aussi les colchiques dans les prés, puisque c’est l’automne. Puis nous avons longé la forêt parée des couleurs de l’automne, vu les écureuils courir sur le tronc des arbres, croisé des chevreuils en vadrouille. Entendu le geai qui criaillait, vu les hirondelles rassemblées pour partir vers d’autres cieux, en Afrique, où elles verront peut-être mon amie Isabelle.

Et enfin nous sommes rentrés, sans hâte. Nous n’avons croisé personne. Ils étaient tous au Patrimoine culturel, et nous ont laissé le plus beau : le Patrimoine naturel.

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27 septembre 2014

les promeneurs (Fairywen)

 

 

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Les promeneurs.

 

Ils marchent dans les allées du parc, main dans la main. Ils ne vont pas bien vite, mais leurs pas s’accordent comme seuls peuvent s’accorder des pas qui se connaissent depuis longtemps. Sans se concerter, ils s’assoient sur le banc situé en face de la rivière où s’ébattent cygnes et canards. Elle sourit en voyant les canetons nager comiquement derrière leur mère, et il sourit à son tour. Malgré les années écoulées, elle s’émerveille toujours comme une enfant des petites choses de la vie, et lui éprouve toujours autant de bonheur à la voir rire.

Ils se remettent en route au bout de quelques instants et reprennent leur promenade quotidienne, toujours main dans la main. Ils n’ont pas besoin de parler pour se comprendre, ils s’aiment depuis si longtemps, maintenant. Il la trouve aussi belle que lorsqu’il l’a rencontrée, près d’un demi-siècle plus tôt, elle voit toujours le fringuant jeune homme venu lui faire la cour tant de décennies auparavant. Ils ne voient ni les rides, ni les corps qui se voûtent, se fatiguent plus vite et s’usent lentement.

 Car dans la fontaine de jouvence de leurs yeux dansent toujours un garçon et une fille de vingt ans, éternels amoureux qui tourbillonnent sur la musique de l’amour…

 

20 septembre 2014

Tom (Fairywen)

 

 

Tom.

 

J’ai le sang froid. Enfin, en principe. Si on ne vient pas me chauffer les oreilles, j’ai le sang froid. Ce n’est pas si désagréable que ça. S’énerver et courir dans tous les sens n’est pas recommandé pour jouir d’une longue vie et d’une santé florissante. Donc j’ai de la chance. Enfin, en général, parce que parfois mon manque de réaction me joue des tours et me vaut d’être croqué tout cru par plus vif que moi.

Mais parfois aussi, c’est moi qui croque tout cru moins vif que moi. Car si j’ai le sang froid, comme je l’ai déjà dit, il m’arrive de le perdre. Quand ça chauffe autour de moi, par exemple. Là, je sens mon sang bouillir dans mes veines, je me mets à courir dans tous les sens, et gare à qui croise mon chemin !

Mais pour ça, bien sûr, il faut qu’il fasse beau. Aujourd’hui, il fait gris et frais, le soleil a décidé de partir sous d’autres cieux, alors je vais rester tranquillement sur mon coin de rocher et bouger un minimum.

 

Oh pardon, je ne me suis pas présenté : je suis Tom le lézard…

13 septembre 2014

une histoire d’autrefois (Fairywen)

 

Une histoire d’autrefois.

 

Cette histoire s’est passée il y a longtemps, dans un temps ancien où les hommes ne vivaient pas dans des cités de verre et de béton et connaissaient encore les rythmes de la nature. Pourtant, même pour cette époque pétrie de croyances et de superstitions, même dans ce village perdu au cœur de la montagne, la petite fille avait un comportement étrange. Personne ne savait qui elle était, ni d’où elle venait. Un soir, alors qu’une nuit d’été s’apprêtait à recouvrir les chaumières et que tous songeaient à aller se coucher après un agréable moment passé à discuter sous le vieux chêne de la place principale,  elle était apparue. Comme ça, toute seule, venue de nulle part. Et elle avait souri, un sourire joyeux, lumineux, un sourire qui donnait l’impression que les étoiles du ciel étaient descendues dans ses yeux.

Depuis ce jour elle était restée, dormant chez les uns et les autres, sans jamais parler, toujours souriante. Souvent, elle disparaissait dans les bois munies de menus offrandes qu’elle disposait ça et là, selon un plan qu’elle était seule à connaître. Les animaux l’adoraient, et il y en avait toujours qui tournoyaient autour d’elle.

Au fil des années, elle avait grandi et était devenue une jolie jeune femme. Son comportement, lui, était resté le même : elle s’invitait dans une maison au gré des envies, restait un peu, puis repartait pour mieux revenir un jour. Elle ne faisait de mal à personne et tout le monde l’aimait malgré ses coutumes étranges. Ou peut-être bien à cause d’elles, qui sait…

D’autres années s’écoulèrent encore et elle devint une vieille femme, qui se déplaçait plus difficilement, mais qui continuait à parcourir les bois et à investir une demeure ou une autre selon sa fantaisie. On lui réservait toujours la meilleure place, celle où ses vieux os pouvaient le mieux se réchauffer en hiver et se rafraîchir en été, et à table, on lui servait les morceaux les plus tendres. Car malgré son âge avancé, elle apportait toujours la joie avec elle lorsqu’elle arrivait quelque part, et pour ça, tous lui en étaient reconnaissants.

Mais ce soir-là la tristesse serrait le cœur des habitants du village. Celle qu’ils avaient connue petite fille, puis jeune fille, jeune femme et enfin vieille dame arrivait au crépuscule de sa vie. Voilà déjà deux jours qu’elle ne s’était pas levée, et ce soir, tout le village, inquiet, était réuni autour d’elle. Lorsqu’elle les vit tous se presser dans la pièce, elle sourit, d’un sourire très doux, très tendre, et pour la première fois, elle parla, d’une voix qui tintinnabulait comme un carillon enchanteur :

« Ne soyez pas tristes, mes amis. Vous tous qui avez accueilli et choyé l’enfant perdu arrivée il y a de si nombreuses années, vous qui ne m’avez jamais rejetée malgré mes habitudes étranges, ne soyez pas tristes. Si ma forme actuelle va disparaître, je ne vous quitterai pas pour autant. Je suis née de l’amour des fées, j’ai trouvé refuge ici lorsque ma famille a été tuée par des hommes qui n’acceptaient pas la différence. Je n’y ai trouvé que de l’amour et de la compréhension, et à présent que ma vie terrestre arrive à son terme, il est temps pour moi de rendre ce que j’ai reçu. Je vais rejoindre mes petits amis des bois, ceux que j’allais nourrir tous les jours, avec l’aide complice des enfants et parfois des plus âgés. Nous tous, nous vous protégerons des maladies, des attaques et des accidents. »

Les villageois n’étaient pas encore remis de leur surprise que la vieille femme disparut dans une pluie d’étoiles, qui s’éparpillèrent dans la pièce pour se poser sur le cœur de chacun des habitants. Sans doute naturellement plus disposés que les adultes à croire au merveilleux, les enfants jurèrent avoir vu une petite fée aux ailes scintillantes disparaître par la fenêtre avec un rire argentin.

 

La fée tint sa promesse, et depuis ce jour, le village est sous la protection des petits êtres de la forêt. Aux voyageurs de passage qui s’étonnent de voir des offrandes de nourriture et de petits vêtements disposés ça et là dans les bois, les villageois prétendent qu’il s’agit d’une coutume locale qui amuse les enfants. Et lorsque ces voyageurs arrivés par hasard s’en vont, au bout de quelques kilomètres à peine, ils oublient l’existence de cet endroit hors du temps, où les créatures magiques cohabitent paisiblement avec les humains.

 

Ne le cherchez pas, il n’est sur aucune carte. L’enfant des fées tient sa promesse et veille sur lui. Il n’en reste que des légendes qui se murmurent dans la montagne et voyagent au gré des vents…

6 septembre 2014

maladie d’amour (Fairywen)

 

 

Maladie d’été.

 

On ramène toujours un tas de choses, des vacances… Des babioles achetées dans des boutiques de souvenirs, sur des coups de cœur qu’on a parfois du mal à comprendre quelques mois plus tard. Des coquillages, des tonnes et des tonnes de coquillages –bon, ça, c’est ma grande marotte, j’avoue…- du bord de mer. Des maladies, aussi parfois.

Moi, un jour, il y a longtemps, j’ai ramené un drôle de souvenir… Une maladie dont je n’ai jamais guéri, et dont je n’ai aucune envie de guérir.

 

Ça s’appelle la maladie d’amour. Je l’ai attrapée sur une plage, un soir d’été torride en Espagne. Elle ne m’a jamais quittée depuis, et je n’ai aucune envie qu’elle le fasse.

 

Cet été-là, dans mes bagages, j’ai ramené l’homme de ma vie, et depuis, on ne s’est plus jamais quitté.

 

Défi 314 du samedi 30 août 2014

 

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30 août 2014

la fin de la nuit (Fairywen)

La fin de la nuit…

 

Sous l’œil complice du château endormi,

Deux couples dans un pré,

Deux frères enfin réunis

Ont rebâti le pont de l’amitié.

 

Hier ils se sont mariés,

Dans le château ensoleillé,

Mettant fin à la nuit

Qui avait terni leur vie.

 

Et aujourd’hui,

Leurs belles à leurs côtés,

Ils peuvent oublier

Le sang sur les pavés,

La Rue de la Pierre Hardie

Sous la lanterne au coin qui luit…

 

Défi 313 du samedi 23 août 2014

23 août 2014

une rue dans la nuit (Fairywen)

 

Une rue dans la nuit.

 

Il va mourir au coin de la rue,

Il le sait, il a vécu.
Son seul regret ?
L’amour qu’il n’a point trouvé.
La belle de son frère il a désirée

Mais jamais ne l’a aimée.
Jalousie,

Envie,

Furent les mots-clés.

 

Mais ce soir tout est fini.
Seul contre trois, le requiem est dit.

Jusqu’au bout il se battra,

Seul il ne partira pas.
Dans sa chair s’enfonce l’acier,

Il s’effondre blessé,

Prêt à s’en aller.

 

Mais tout à coup un éclair dans la nuit,

Une épée qui surgit

Des cris,

La peur qui change de camp,

Une silhouette campée devant lui

Qui le défend.

 

Et puis trois corps sur les pavés,

Et soudain près de lui,

Son frère qui lui sourit :

« Nous t’avons cherché

Depuis que tu es parti. »

 

Sa belle est toujours à ses côtés,

Toujours aussi jolie,

Mais il ne la voit plus,

Car avec eux un ange est venu,

Un ange penché sur lui,

Qui lui sourit,

Panse ses blessures

Et son cœur capture

 

Dans une rue de la Pierre Hardie,

Sous une lanterne au coin qui luit…

 

(à suivre…)

 

Défi 312 du samedi 16 août 2014

16 août 2014

la lettre (Fairywen)

 

La lettre.

 

Une dernière fois la main a hésité,

Puis la lettre est tombée

Dans la boîte au coin de la rue

Et s’en est allé vers l’inconnu.

 

Est-ce une lettre d’amour

Toute de mots de velours ?

Une lettre de tristesse

Qui provoquera la détresse ?

Une lettre d’amitié qui va des liens resserrer ?

Ou une lettre de souvenirs

Qui va faire naître des rires ?

 

Non, c’est une lettre d’adieu,

La lettre d’un frère blessé

Qui s’en va vers d’autres cieux

Pour oublier

Cette nuit

Rue de la Pierre Hardie

Où sous la lanterne qui luit

Il a perdu le duel

Pour les beaux yeux d’une belle.

 

Il part refaire sa vie,

Trouver son coin de paradis,

Oublier la belle

Que son frère lui a ravi,

Oublier le duel

Qui a fait basculer sa vie.

 

Un jour il rencontrera sa mie,

Oubliera celle qui n’était pas pour lui,

Et reviendra,

Sa belle à son bras,

Pour se réconcilier

Avec le complice de ses jeunes années.

 

Défi 311 du samedi 9 août 2014

9 août 2014

Duel (Fairywen)

 

Duel.

 

Rue de la Pierre Hardie

Lanterne au coin qui luit

Epées qui virevoltent dans le vent

Qui va verser le premier sang ?

 

Rue de la Pierre Hardie

Lanterne au coin qui luit

Duel

Pour les beaux yeux d’une belle.

 

Rue de la Pierre Hardie

Lanterne au coin qui luit

L’un d’eux le genou a plié,

Son arme a lâché

Et son sang a coulé

Sur les pavés.

 

Rue de la Pierre Hardie

Lanterne au coin qui luit

Avec la belle le vainqueur est parti

Laissant le vaincu derrière lui

Se relever lentement

La main sur le flanc.

 

Rue de la Pierre Hardie

Lanterne au coin qui luit

Dans la chaleur de la nuit

Et l’ivresse de l’alcool englouti

Deux frères, devenues ennemis

Rue de la Pierre Hardie

Sous une lanterne au coin qui luit.

 

Défi 310 du samedi 2 août 2014

2 août 2014

le fauteuil (Fairywen)

 

Le fauteuil.

 

Il n’y avait encore personne lorsque je suis entré dans la salle du bal. Tant mieux. J’allais pouvoir choisir tranquillement ma place, et celui qui chercherait à m’en déloger n’était pas encore né, c’est moi qui vous le dis…

Un petit tour rapide des lieux, pour commencer… Du plancher en chêne brillant sur le sol… Quel luxe… C’est chaud, vivant… J’apprécie. Oui, bon, d’accord, j’habite dans cette maison –enfin, ce château-, je connais bien les lieux, mais qui me dit que rien n’a changé depuis ma dernière visite ? Hein, qui ? Moi, je ne crois que ce que je vois…

Va pour le plancher, donc. Ensuite, les sièges… Très jolis, il n’y a pas à dire. Blancs, avec un dossier ouvert parsemé de délicates torsades de bois, parfaites pour moi. Pas un grain de poussière dessus, un joli coussin moelleux pour l’assise… Oui, ça aurait été parfait, n’était-ce la couleur du coussin… Ce fuchsia ne va pas du tout, du tout à mon teint délicat… Enfin, s’il le faut, on s’en contentera… Mais ça ne m’empêchera pas de protester en bonne et due forme auprès des maîtres de maison ! Ils vont m’entendre, c’est moi qui vous le dis !

Enfin, mon exploration n’est pas finie, laissons-leur encore une petite chance d’échapper à ma juste colère… Tiens, justement, que vois-je là-bas, en bonne place près de la cheminée… ? Un fauteuil… Un merveilleux fauteuil, situé juste à bonne distance du feu, un fauteuil tout bleu, tout doux… Ah, ils ont pensé à moi, finalement !! Aussitôt, je me précipite et accapare cette merveille. Frissonnant d’aise, je m’installe et ferme les yeux. Oui, c’est exactement ce qu’il me fallait, ce fauteuil bleu…

 

Les premiers invités arrivent, et c’est un festival de robes de bals et d’habits de soirée dans la grande salle. Moi, je suis un peu à l’écart, tranquille, réchauffé par les douces flammes du feu. C’est que j’aime la chaleur, vous savez… Je ne pense à rien de particulier, je profite de l’instant présent lorsque soudain je sens une présence devant moi. J’ouvre à demi les yeux, et là, je le vois. Il est grand, bien plus grand que moi, bien plus costaud, très beau garçon, mais il en faut plus que ça pour m’impressionner. Je le toise calmement, sans ciller, sans bouger, de mes yeux verts au pouvoir hypnotique. C’est MON fauteuil, et personne ne m’en délogera. Il me regarde un instant, interdit, puis il sourit, s’incline en une révérence admirative et fait demi-tour. Satisfait, je bâille, tourne sur moi-même, me réinstalle et reprend ma sieste. Tout grand costaud qu’il soit, il a compris qui est le maître.

 

Je suis le chat, et tout le monde le sait, on ne dérange pas un chat qui dort…

 

A Mystic, mon chaton qui aimait tant mon fauteuil bleu.

 

Défi 309 du samedi 26 juillet 2014

26 juillet 2014

Vélo (Fairywen)

 

 

Vélo.

 

Moi, quand on dit “vélo”, je ne pense pas au truc instable à deux roues, qui crève, déraille et fait mal aux genoux, mais au chien de mon beau-père.

Vélo, c’était un braque hongrois, un chien de chasse. 80 kg de muscles, d’enthousiasme –oh, les chutes quand il me sautait dessus pour me dire bonjour…-, de tendresse et de bêtises. Vélo, il méritait bien son nom, car il était un peu dingue, mais on ne pouvait que l’aimer car il avait de si bons yeux, tellement plein de douceur et de tendresse, des yeux qui appelaient les caresses, et on ne lui en voulait même pas de nous baver dessus à cause de sa mâchoire déformée.

Vélo, c’est le seul chien qui a su se faire accepter à l’intérieur de la maison, là-bas, dans la Drôme. Je ne l’ai pas connu petit, mais mon mari m’a raconté qu’il pleurait tellement quand il a été séparé de sa maman que mon beau-père avait craqué et l’a fait rentrer. Bon, évidemment, il a fait à peu près toutes les bêtises possibles et imaginables, mais ça, c’était Vélo…

Vélo, c’était aussi le chien qui, en rentrant de la chasse, se jetait sur la gamelle et mangeait en deux bouchées sa ration de deux jours, pour ensuite s’effondrer à côté, le ventre rond comme un ballon et même plus capable de se traîner…

Vélo, on l’emmenait en montagne, même s’il n’écoutait personne d’autre que mon beau-père, pour jouer à son jeu préféré : jeter des branches ou des pommes de pin dans les trous d’eau. Il adorait y plonger pour aller les chercher, mais il n’a jamais compris qu’il ne fallait pas respirer sous l’eau… Mais bon, ça, c’était Vélo…

Vélo, c’était le gros chien qui faisait le méchant et se cachait derrière les jambes dès que l’autre en face se mettait à aboyer, même si l’autre en question n’était pas plus grand qu’un chihuahua… Vélo, c’est un des rares chiens que j’ai côtoyé sans jamais avoir peur de me faire mordre, car s’il était un peu brutal en raison de son poids et de sa joie de vivre, il ne montrait jamais les dents.

Vélo, il est au paradis des chiens depuis de nombreuses années, maintenant, de très nombreuses années, et je gage qu’il continue à y faire le fou avec son maître, qui l’a retrouvé il y a 10 ans déjà. Mais s’il y a bien une chose dont je suis sûre, c’est que je ne l’oublierai jamais.

 

Défi 308 du samedi 19 juillet 2014 : Vélo en balade dans la montagne drômoise

19 juillet 2014

Variations en trois majeur (Fairywen)

 

 

Variations en trois majeur.

 

Dès que je vis la barrière du ranch, cela me frappa : trois fers à cheval…

 

Pourquoi trois ? Bon, d’accord, c’est une question qui ne casse pas trois pattes à un canard, et les trois quarts du temps, je garde ce genre de question existentielle pour moi, mais là, les trois hémisphères de mon cerveau se sont mis à turbiner à toute vapeur…

 

Quoi, un verre, ça va, trois bonjour les dégâts ? Je suis sobre, je vous signale ! Comment ça, le cerveau n’a que deux hémisphères ? Jamais deux sans trois, vous connaissez ? Et vous ne savez pas non plus qu’un plus un égal trois ? J’ai pourtant une fille qui le prouve !

 

Bon, revenons à nos canards… euh… nos moutons … non, nos fers à cheval. Pourquoi trois ? Même en étant haut comme trois pommes, vêtu d’un costume trois pièces, en trois coups de cuillère à pot, on voit que ce n’est pas possible, trois fers à cheval ! Pas possible du tout, un tel ménage à trois !! Même dans un espace à trois dimensions, même en faisant une règle de trois, les trois fers ne peuvent pas faire trois petits tours et s’en aller. Non, non, et trois fois non !

 

Oui, je sais, vous allez me dire que c’est trois fois rien, qu’il suffit de passer son chemin, qu’il n’y a pas de quoi frapper les trois coups pour un ranch devant lequel ne passent que trois pelés et un tondu, qu’en deux temps, trois mouvements, on sera parti, qu’ici, les fers à cheval, on les a pour trois fois rien, sans avoir besoin de faire les trois-huit, mais quand même, trois fers à cheval, ça ne va pas du tout…

 

Car ne vous en déplaise, un cheval, ça a quatre pattes !

 

Défi 307 du samedi 12 juillet 2014

12 juillet 2014

La brouette sur le toit. (Fairywen)

 

 

La brouette sur le toit.

 

« Gaspard ! Regarde, mais regarde … !

-Quoi ENCORE, Fred ?

-Là, en bas, sur le toit des voisins… Mais regaaaaaaaaaaaaaaaarde, quoi !

-Fred, tu m’ennuies.

-Mais enfin regarde, je te dis… !

-Fred, tu sais bien que tant que je n’ai pas pris mon petit déjeuner, je n’aime pas qu’on me casse les serres…

-Mais Gaspard, ils ont mis une brouette sur le toit !

-Et tu crois que c’est ça qui va révolutionner les courants ascendants ?

-Mais Gaspard…

-Fred, tu commences à me courir sur les rémiges…

-Mais enfin, Gaspard, une brouette sur le toit… !

-Tu sais où tu peux te la mettre, ta brouette, Fred ?

-Enfin, quoi, il faut être dingue, pour mettre une brouette sur le toit !

-Fred…

-Bon, d’accord, moi j’dis ça, j’dis rien, mais quand même…

-Fred…

-Tu ne peux pas nier qu’ils sont bizarres, quand même, les voisins… Une brouette sur le toit… Non mais je te demande un peu… »

 

Fred ne vit rien venir lorsque Gaspard, exaspéré, plongea sur lui à près de 400 km/heure et le heurta brutalement. Assommé, il s’étala sur la brouette, allergique aux bavards (d’ailleurs, c’était pour ça qu’elle était montée sur le toit durant la nuit : pour échapper aux bavards), et qui se chargea de l’achever. Enfin débarrassé de l’insupportable péroreur, Gaspard s’éleva paresseusement par le premier courant ascendant qu’il croisa, plus haut, toujours plus haut, son œil de faucon à la recherche de ce petit déjeuner qu’il allait pouvoir déguster dans la tranquillité retrouvée de ce samedi de juillet.

 

Quelques jours plus tard, en repassant au-dessus de la brouette, il y aperçut un Fred empaillé, avec un air féroce que cet ahuri de faucon n’avait jamais eu de son vivant, surtout, surtout, silencieux malgré son bec grand ouvert…

 

Défi 306 du samedi 5 juillet 2014

 

 

5 juillet 2014

La fin de l’histoire… … …… …… …… …… …… …… …… …… …… …… …… …… … … ou pas ! (Fairywen)

 

Le point, qu’il soit d’exclamation, de suspension, d’interrogation ou simple point, marque en général la fin de quelque chose : une phrase, un paragraphe, un chapitre, une histoire… Passons sur la fin de la phrase, du paragraphe ou du chapitre, car on sait qu’il y aura forcément une suite, et intéressons-nous à la fin de l’histoire.

 

Car, chers amis Défiants, il y a fin et fin.

 

Il y a le point final, sec comme un coup de trique, parfois en coup de poing, qui dit “stop, c’est fini, y a plus rien à dire !”. Bon, admettons… Je ne l’aime pas trop, celui-là. Après tout, les héros, on s’y attache (en général), et on a souvent moyennement envie de les quitter. On aimerait savoir ce qu’ils deviennent, après le point final. Bon, peut-être pas tout le monde, c’est vrai, mais moi je fais partie de ceux qui aimeraient savoir. Ça doit être pour ça que j’aime autant les sagas et que ce livre que j’aimerais tant publier cet été est prévu pour être le premier tome d’une série…

 

Il y a aussi la fin en points de suspension, qui laisse la porte ouverte à une suite. Celle-là, elle énerve, car on comprend bien que l’auteur a caché des choses, histoire de harponner le lecteur. Mais d’un autre côté, elle est satisfaisante, car elle laisse présager une suite.

Ce qui n’empêche pas mes deux bêtas-lectrices de choc de m’enguirlander comme du poisson pourri quand je leur fais ce coup-là…

 

Il y a la fin en point d’exclamation, qui est un peu la porte ouverte à tout et à rien. Le point d’exclamation peut être l’équivalent d’un point final vigoureux, genre “c’est comme ça et pas autrement !”. Il peut être aussi le prélude à une suite, c’est selon. Dans tous les cas, ne pas en abuser, car le point d’exclamation, c’est comme un cri, et à force, ça fait mal aux yeux. Je me souviens d’avoir abandonné un livre car il y avait des points d’exclamation toutes les deux phrases, ça m’a agacé de me faire crier dessus sans arrêt.

 

Et puis il y a le pire, le point d’interrogation, celui qui dit qu’en fait l’histoire n’est pas finie du tout, qu’on ne sait pas tout, que l’auteur a caché des choses, bref, celui qui laisse à la fois frustré et content, frustré car le livre s’arrête, content car c’est la porte ouverte à une suite qu’on espère voir arriver très vite.

N’empêche que quand je fais ça, mes bêtas-lectrices se déchaînent, et c’est là que je me dis “ouf, je suis derrière l’écran de l’ordinateur, elles ne peuvent pas m’assommer !”. Elles en seraient bien capables…

 

Ceci dit, pour ceux qui aiment ma fée, son loubard et leurs chatons-fées, un petit mot pour dire que leur histoire n’est pas finie, et qu’ils reviendront, de même que l’Ombre et le Chasseur. Et si vous trouvez des défauts dans leurs histoires, n’hésitez pas à me le dire, les critiques constructives sont toujours les bienvenues.

 

Ce texte est spécialement dédié à mes bêtas-lectrices, Aurore Aylin et MAGVAN, sans qui mon rêve serait resté un rêve.

 

Défi 305 du samedi 28 juin 2014

28 juin 2014

Orage de printemps (Fairywen)

 

Orage de printemps.

 

Un éclair blanc et violet zébra soudain le ciel tandis que le roulement du tonnerre faisait taire les chants des oiseaux. Une pluie drue commença à tomber, trempant les deux pique-niqueurs assis au bord du lac. Les deux chatons qui les accompagnaient, un noir et un blanc, poussèrent de concert un “miaou !” indigné et sautèrent dans le panier en osier, dont elle rabattit le couvercle pour les protéger, tandis qu’il saisissait vivement son blouson pour le lui poser sur la tête.

« Viens, cria-t-elle en se relevant, il y a un abri, là-bas ! »

Il attrapa le panier tandis qu’elle lui prenait la main et l’entraînait en courant vers ce qui se révéla être une grotte ouvrant sur le lac. Ils s’y engouffrèrent en riant et se laissèrent tomber sur le sol, haletants. Elle ouvrit le couvercle du panier, et les chatons pointèrent le bout de leur nez. Constatant qu’ils étaient à l’abri de la pluie, ils daignèrent sortir, s’installèrent sur le blouson qu’elle avait posé par terre, se roulèrent en boule et s’endormirent l’un contre l’autre.

« En voilà deux qui ne s’en font pas beaucoup ! rit-il en enlevant son tee-shirt trempé et en le tordant avant de le poser sur un rocher.

-Pourquoi s’en feraient-ils ? Ils sont à l’abri et en sécurité.

-Nous sommes près de Loch Ness ; qui sait si Nessie n’est pas friand de petits chats pour son déjeuner… ? »

A ces mots, le chaton noir ouvrit un œil pour lui jeter un regard peu amène avant de lui tourner le dos avec ostentation et de se rendormir, le nez dans les pattes.

« Regarde ça ! s’esclaffa-t-il, on dirait que ce petit démon m’a compris…

-C’est peut-être le cas…

-Mais ce n’est qu’un chat…

-Un chat qui est avec nous depuis des mois et qui n’a pas grandi. Ne me dis pas que tu ne l’as pas remarqué… »

Il ne répondit pas, se contentant de caresser d’une main affectueuse les deux petites boules de poils. Bien sûr qu’il l’avait remarqué, mais il avait tenté de se convaincre que c’est parce qu’il s’agissait d’une race de chats de petite taille, et qu’ils gardaient les yeux bleus parce que ça arrive. Pourtant depuis le jour où il avait franchi le seuil de la boutique de magie, il avait assisté à bon nombre de phénomènes étranges, auxquels il avait à chaque fois cherché une explication rationnelle qu’il s’était efforcé de croire.

Mais tout au fond de lui-même, il savait bien qu’il ne faisait que nier l’évidence…

« Ça m’est égal qu’ils ne grandissent pas, fit-il en continuant à les caresser, je les aime comme ça. Et si Nessie s’avise de vouloir les croquer, je lui ferai son affaire. »

Elle éclata de ce rire cristallin qu’il aimait tant et se dirigea vers l’entrée de la grotte avant de se tourner vers lui, les joues roses d’excitation et le regard brillant :

« Tu veux le voir ?

-Voir qui ?

-Nessie, voyons !

-Mais…

-Regarde… »

D’un geste gracieux, elle désigna le lac, et soudain il aperçut le dos rond et le long cou le plus célèbre du monde. Abasourdi, il se leva d’un bond et se précipita au bord de l’eau, insoucieux de la pluie qui continuait à tomber. Un long moment, il observa la fantastique apparition, puis lorsqu’elle disparut sous les eaux sombres du lac, revint dans la grotte à pas lents :

« Alors il existe vraiment… ?

-Qui, Nessie ? Bien sûr qu’il existe. Enfin, si une fée est là pour le faire exister…

-Une… fée ?

-Regarde… »

Elle bougea légèrement les doigts, et des filaments de lumière allèrent frapper les parois de la grotte, qui s’illuminèrent de mille couleurs chatoyantes. Un autre geste, et des étoiles scintillantes se mirent à briller sur le plafond de saphir, tandis qu’une douce chaleur les enveloppait et séchait leurs vêtements trempés.

« Tu vois, murmura-t-elle en souriant, j’ai vraiment un sortilège pour les habits mouillés… »

Il tressaillit lorsqu’elle s’approcha et posa les mains sur son torse nu :

« Et maintenant, tu crois à la magie… ? »

Il regarda autour de lui, dans l’abri de lumière qu’était devenue la modeste grotte au bord du lac, regarda les deux chatons assis sur son blouson et qui… oui, qui lui souriaient, puis la regarda, elle, vit les étoiles dans ses yeux violets, et lui sourit tendrement :

« Oui, oui, j’y crois, et je crois aussi que si tu le veux bien, j’aimerais beaucoup, beaucoup épouser une fée, si elle peut se contenter d’un simple mortel comme moi.

-Oh, mais tu es loin d’être un simple mortel, puisque je t’aime…

-Alors c’est oui ?

-C’est oui.

-Enfin ! miaulèrent deux petites voix, il était temps que tu t’aperçoives que la magie existe ! Tu as été drôlement dur à convaincre, tu sais !

-Ah parce qu’en plus vous parlez, tous les deux ?

-Nous sommes des chatons-fées…

-Des… Après tout, au point où j’en suis… 

-Il ne pleut plus ! On va jouer dehors ! »

Désarçonné par le changement de conversation, il les suivit du regard tandis qu’elle riait doucement :

« Ce sont aussi des chatons tout court…

-Qu’ils prennent leur temps, alors… »

Se retournant, il la prit dans ses bras et posa ses lèvres impatientes sur les siennes, chaudes et accueillantes. Ses mains fines se refermèrent sur son torse puissant tandis qu’il l’emprisonnait entre ses bras, bien décidé à ne jamais laisser s’envoler sa petite fée. Il eut le temps de penser que décidément, il adorait les orages, puis la passion l’emporta et il ne pensa plus qu’à la dévorer de ses baisers.

 

Lorsque les chatons revinrent, ils les trouvèrent endormis sur leurs vêtements, au milieu des lumières à présent tamisées de la grotte magique. D’un geste, ils tissèrent une chaude couverture de lune et d’étoiles pour les recouvrir et se blottirent entre eux en ronronnant, petites boules de tendresse au milieu d’un océan d’amour.

 

Où retrouver une année d'orage.

 

Défi 304 du samedi 21 juin 2014

 

21 juin 2014

Orage d’hiver (Fairywen)

 

Orage d’hiver.

 

La tempête avait fait sauter toutes les lignes électriques. Dehors, la neige tourbillonnait et le vent hurlait dans la nuit tombée trop tôt. A l’intérieur, un feu brûlait dans la cheminée, et des bougies parfumées se consumaient lentement, imprégnant la pièce de leur fragile lueur et de leur douce fragrance. Malgré le déchaînement des éléments, le petit chalet perdu dans la forêt était un havre de paix.

 

Assis sur les couvertures étalées devant la cheminée, il s’étira voluptueusement. La lumière des flammes jouait sur les muscles puissants de son torse nu, et elle sourit en le regardant. Il était d’une beauté sauvage et dangereuse, ainsi qu’en témoignaient les cicatrices sur son corps, témoins muets mais éloquents des bagarres auxquelles il avait été mêlées. Mais il était à elle, et elle l’aimait ainsi.  Il sourit en se tournant vers elle, et sa main effleura tendrement la longue chevelure noire qui s’étalait dans son dos :

« Je vais aller chercher du bois, sinon, nous ne finirons pas la nuit.

-La tempête est partie pour durer plus d’une nuit.

-Peu importe. Du moment que je suis avec toi, elle peut bien durer éternellement. »

Il se leva d’un mouvement souple  et enfila un pull et un blouson, tandis qu’elle s’enveloppait dans une couverture et commençait à rassembler les pièces du jeu de petits chevaux auxquels ils jouaient peu de temps auparavant. Absorbée par sa tâche, elle ne se rendit pas compte qu’il mettait un peu plus de temps que nécessaire à revenir, et lorsqu’enfin il poussa à nouveau la porte, il ne portait aucune bûche dans ses bras.

« Que se passe-t-il ? s’enquit-elle, surprise.

-Regarde ce que j’ai trouvé dans le bois. Je ne comprends pas d’où ils sortent, je suis sûr et certain qu’ils n’étaient pas là hier ! »

Ecartant sa chemise, il lui montra deux minuscules boules de poils blotties contre lui, une noire et une blanche, deux douces petites boules avec de grands yeux bleus, des oreilles triangulaires et de longues moustaches.

« Ils sont gelés, fit-il en les posant doucement sur les couvertures.

-On ne dirait pas, rit-elle en voyant les chatons inventer un jeu inédit avec les petits chevaux de bois. »

De fait, les pièces joliment sculptées servaient de balles aux petits, qui s’étaient aussitôt mis à les chasser, les faire rouler et les envoyer un peu partout.

« Je crains que notre partie ne soit finie, sourit-il en regardant les deux petits diables s’approprier leur jeu.

-Je le crains aussi. »

Il se pencha pour l’embrasser, puis retourna affronter le blizzard pour ramener du bois. Dès qu’il fut sorti, les chatons cessèrent leur jeu et vinrent s’asseoir devant elle, l’air grave et sérieux. Un sourire illumina son visage et des étoiles se mirent à naître du bout de ses doigts et à tourner autour des chatons. Les moustaches du noir frémirent et une lune chatoyante rejoignit les étoiles. Le blanc fronça son petit nez, et une traînée de poussière scintillante enveloppa la lune et les étoiles.

« Je le savais, murmura-t-elle, vous êtes des chatons-fées.

-Il nous a vus, transmit le noir dans son esprit.

-Il a été gentil, ajouta le blanc.

-Nous serons bien avec vous, conclurent-ils en chœur.

-Et quand il verra que vous ne grandissez pas ? demanda-t-elle en les caressant.

-Peut-être qu’alors il croira enfin en la magie. »

Bien plus tard, alors que l’orage d’hiver frappait toujours autour du chalet et qu’ils s’étaient tous endormis devant le feu, elle dans ses bras et les chatons roulés en boule entre eux au creux des couvertures, une étrange sensation lui fit ouvrir un œil ensommeillé. Il vit alors le jeu de petits chevaux soigneusement posé sur la table, les pièces bien rangées à leur place. De chaque côté se trouvait un petit chat. L’un d’eux était assis, l’air indubitablement narquois. L’autre, une patte posée devant sa gueule comme s’il réfléchissait, semblait froncer les sourcils. Soudain l’une des pièces du jeu bougea de quelques cases en hennissant doucement, comme ça, sans que personne ne la touche. Le chat reposa la patte. Son adversaire se pencha, fit rouler le dé, et un autre petit cheval de bois trotta sur le plateau de jeu.

« C’est bizarre, quand même, les rêves, songea-t-il en refermant les yeux, mais celui-ci est bien joli ! »

Il ne vit pas les chatons se tourner vers lui, tandis qu’une poussière scintillante dans laquelle voguait une lune chatoyante se posait sur le couple endormi, chassant tout cauchemar qui voudrait troubler la paix du petit chalet...

Où lire l'épisode 1 et l'épisode 2 de l'histoire.

 

Défi 303 du samedi 14 juin 2014

 

14 juin 2014

Orage d’automne (Fairywen)

 

 

Orage d’automne.

 

Il y avait près d’une année à présent qu’il avait franchi le seuil de la boutique de magie pour n’en plus ressortir. Un an qu’il vivait aux côtés de la jolie jeune femme qui l’avait abrité ce jour d’orage. Il ne croyait toujours pas à la magie, si ce n’était à celle de l’amour, mais il l’acceptait telle qu’elle était, avec ses rires cristallins, sa joie de vivre, sa fantaisie et ses absences mystérieuses, tout comme elle l’acceptait tel qu’il était, lui le voyou de la nuit au passé sombre et tourmenté. Auprès d’elle, il avait trouvé l’apaisement. Auprès de lui, elle avait trouvé le frisson du danger.

Et en ce jour où la tempête menaçait, il s’inquiétait, car elle n’était toujours pas rentrée de l’une de ces promenades dans les bois auxquelles il n’avait jamais voulu l’accompagner, riant quand elle lui disait qu’elle allait voir les fées. N’y tenant plus, il saisit son blouson et sortit sous la pluie qui redoublait. En quelques mètres il fut trempé, mais il s’en moquait. Il n’y avait qu’elle qui comptait, elle pour qui son cœur se serrait d’inquiétude. Il emprunta un sentier au hasard et s’enfonça dans les bois. Du coin de l’œil, il crut voir une petite lueur dorée qui se déplaçait devant lui, une lueur qui sautait de feuille en feuille et d’où perlait un rire joyeux, mais il se persuada qu’il était victime d’une hallucination, que ce n’était sans doute qu’une illusion causée par la foudre et le tonnerre. Pourtant, inconsciemment, il suivit la petite boule de lumière, jusqu’à une trouée au milieu de la forêt.

Il s’immobilisa à la lisière des arbres, stupéfait. Elle était là, au milieu de la clairière épargnée par la tempête, comme si une bulle de calme avait éclos au milieu du chaos environnant. Debout au centre de la bulle, elle tournoyait sur elle-même, les bras écartés, créant des étoiles de lumière dans le sillage de ses doigts.

« Je rêve…, songea-t-il, oui, c’est ça, je rêve… Ou alors j’ai trop bu et j’hallucine… Oui, ça doit être ça, j’ai pris une cuite, je me suis écroulé dans une rue quelque part et j’hallucine sous l’orage… »

Et puis soudain, avertie par le lien qui les unissait, elle se tourna vers lui. L’amour brillait dans ses yeux violets tandis qu’elle lui souriait en s’immobilisant :

« Ne reste pas sous la pluie, viens. J’ai un charme pour sécher les cheveux mouillés et un sortilège pour les vêtements trempés. »

Décidant que puisqu’il hallucinait il ne risquait rien, il entra dans le cercle et alla à sa rencontre. Elle passa les bras autour de son cou et se hissa sur la pointe des pieds pour l’embrasser :

« Alors, tu y crois, maintenant ?

-A quoi ?

-A la magie.

-Je ne suis pas en train de rêver, là ? 

-Oublie la raison, écoute ton cœur. 

-Mon cœur me dit qu’il aime la plus jolie des fées. Mais il ne sait pas s’il est réveillé ou pas.

-Bien sûr que si, il le sait. C’est toi qui refuse d’entendre ce qu’il te dit, mais ça ne m’empêche pas de t’aimer. »

Elle l’embrassa à nouveau, et il s’abandonna à ses caresses. S’il ne s’aperçut pas que ses vêtements avaient miraculeusement séché, ce fut parce qu’il l’allongea sur les feuilles pour l’aimer et que dans ces cas-là, les vêtements n’ont que peu d’importance.

 

Lorsqu’il s’éveilla, bien des heures plus tard, il était seul dans la clairière. La tempête n’était plus qu’un lointain souvenir, ou plutôt, il ne savait plus exactement s’il y avait réellement eu une tempête, s’il était vraiment sorti sous la pluie chercher sa compagne, s’il l’avait vraiment vue créer des étoiles de ses doigts et s’il l’avait vraiment aimée dans une bulle de calme au milieu des éléments déchaînés, ou s’il avait tout simplement pris la cuite de sa vie et avait fini les dieux seuls savaient comment dans les bois.

Pensif, il retourna à pas lents à la boutique. Elle était là, derrière le comptoir, toujours souriante, ses grands yeux violets à l’éclat mystérieux illuminant son visage aux traits fins. Il voulut lui demander si tout cela avait été un rêve ou si elle savait vraiment fabriquer des étoiles, mais sa raison le retint, et il se contenta de la rejoindre pour poser un baiser sur ses lèvres, jetant au passage un regard peu amène à un client qui la regardait avec un peu trop d’insistance à son goût. Elle répondit à son étreinte avant d’aller encaisser le client soudain pressé de partir après avoir évalué le gabarit du nouveau venu. Ses cheveux volèrent sur ses épaules, et quelque chose en tomba en tourbillonnant. Il se pencha pour le ramasser et se figea subitement.

 

Dans sa main reposait une feuille de chêne dorée par l’automne, une feuille semblable à celles qui leur avaient servi de lit dans la forêt…

 

Où lire le début de l'histoire.

 

 

Défi 302 du samedi 7 juin 2014

 

 

 

 

7 juin 2014

Orage d’été (Fairywen)

 

 

 

L’orage avait éclaté d’un coup, comme ça, sans prévenir, et en à peine quelques secondes, il avait été trempé de la tête aux pieds, irrémédiablement trempé, jusqu’au slip, comme il le constata avec un certain désespoir. La pluie redoublant, il se jeta dans la première boutique venue, refermant avec soulagement la porte sur les éléments déchaînés. Seulement alors il regarda autour de lui… et ferma les yeux d’accablement en constatant qu’il était entré dans une boutique de magie. Il ne manquait plus que ça… En plus de ce temps détestable, voilà qu’il se retrouvait dans une de ces boutiques pour cinglés tenues par d’autres cinglés qui croyaient aux vertus de plantes, de pierres, de potions magiques et dieu sait quoi encore ! Une douce odeur de miel et de lavande régnait dans le petit magasin amoureusement agencé, aux étagères bien rangées, sur lesquelles on pouvait voir des cristaux, des sachets de plantes, des bijoux, des bibelots… Complètement abattu, il hésitait entre se résigner à son sort ou retourner affronter la pluie, le vent et les éclairs lorsque brusquement il s’aperçut qu’une silhouette l’observait avec amusement de derrière le comptoir, la silhouette d’une jeune femme aux longs cheveux noirs et aux yeux violets, vêtue d’un jean délavé et d’un T-shirt rose pâle. Elle le regardait sans rien dire, mais un rire moqueur pétillait dans ses yeux, et sans savoir pourquoi, il se retint de lui lancer les réparties cinglantes qu’il réservait d’ordinaire aux irrationnels dans son genre.

« La pluie…, fit-il sans trop savoir quoi ajouter.

-Je vois ça. »

Elle détaillait ironiquement son jean trempé et son T-shirt qui ressemblait à une serpillère avant essorage et lui collait à la peau. Elle avait tout de suite compris que ce grand costaud n’aurait en temps ordinaire jamais franchi le seuil de sa boutique, et elle trouvait vraiment amusant de le voir s’égoutter pitoyablement devant elle. Provocante, elle reprit :

« J’ai un charme contre les cheveux mouillés. »

Elle le vit nettement se hérisser, préparer une riposte bien sentie… et ouvrir de grands yeux ronds lorsqu’elle lui tendit une serviette éponge.

« Euh…, merci, bafouilla-t-il en la prenant, gêné.

-J’ai aussi un sortilège pour sécher les vêtements trempés, et une potion magique pour réchauffer les personnes gelées. »

Tout en parlant, elle lui avait fait signe de le suivre dans l’arrière-boutique. Déstabilisé, il la suivit, et se retrouva bientôt assis dans un fauteuil, vêtu d’un vieux survêtement appartenant au frère de la jeune femme, une tasse de café brûlante à la main, tandis que ses vêtements tournaient dans le sèche-linge. Il la détailla plus attentivement tandis qu’elle se servait à son tour. Elle respirait la joie de vivre, souriait tout le temps, et visiblement, son look de voyou ne l’impressionnait pas le moins du monde.

« Tu y crois vraiment ? lança-t-il brusquement.

-A quoi ?

-A… tout ça. Ce que tu vends. La magie.

-Toi, tu n’y crois pas.

-Pas une seconde !

-C’est important ?

-Quoi ?

-Que j’y crois ou pas. »

Il ne sut quoi répondre. Le silence retomba entre eux. Elle ne s’occupait plus de lui, triant en chantonnant des cartons de fourniture. Lorsque ses habits furent secs et la pluie calmée, il partit sans un mot.

 

Mais le lendemain, il revint :

« Je ne t’ai pas remerciée, hier. 

-Je n’attendais pas de remerciements. Mais tu tombes bien; j’ai reçu des gros colis. Tu m’aides à les déplacer ? »

Il s’exécuta bien volontiers, et resta le temps d’un autre café, se disant que ce n’était qu’une façon de lui rendre la pareille, et qu’ensuite il oublierait toute cette histoire.

Mais le jour suivant le vit à nouveau dans la boutique, et le suivant aussi, et un beau jour, il n’en repartit plus. Il n’est toujours pas complètement convaincu que la magie existe vraiment, ce qui la fait rire, pourtant il a répondu “oui” à la question qu’elle lui a posée le jour où il lui a dit “je t’aime” :

« Tu ne crois pas que l’amour est la plus belle des magies… ? »

 

Défi 301 du samedi 31 mai 2014

31 mai 2014

la force d’une rose (Fairywen)

 

 

La force d’une rose.

 

Ce récit est la conclusion de deux autres histoires, à lire ici et ici pour les curieux.

 

Le chat noir sauta dans les bras de la jeune fille et se lova contre elle. Là-bas, devant eux, la scène avait changé. Le ciel paisible s’était chargé de noirs et lourds nuages, des êtres de cauchemar avaient surgi du néant et attaquaient la troupe princière, qui reculait vers le château pour s’y enfermer. Les gouttes de sang qui tombaient de la gargouille de pierre étaient devenues filet, puis rigole, puis ruisseau, et tachaient de rouge l’herbe verte. Les assaillants étaient de plus en plus nombreux, leurs crocs acérés déchiraient les chairs, et malgré leur courage, le Prince et ses hommes reculaient, jusqu’à se retrouver acculés tout en haut de la tour, ferraillant désespérément, sachant leur dernière heure venue mais refusant de se rendre sans combattre.

 

La jeune fille serrait le chat contre elle, des larmes coulaient de ses yeux clairs, mais que pouvait-elle faire, seule contre ces êtres, elle qui venait d’un autre monde et qui ne savait rien de celui où elle avait atterri en suivant le chat dans cette étroite ruelle ?

Elle sursauta lorsque le chat sauta de ses bras et se dirigea nonchalamment vers la tour, insoucieux du combat qui y faisait rage, et qui n’épargnerait certainement pas un petit chat.

« Non ! s’écria la jeune fille en s’élançant derrière lui, toi au moins je peux te sauver ! »

Assis au pied de la tour, près d’un buisson de roses, le chat se léchait tranquillement une patte. La jeune fille s’agenouilla et tendit les bras vers lui, mais se faisant, elle se piqua le doigt au rosier, et son sang se mêla à celui qui cascadait toujours de la gargouille de pierre. Etrangement, les vers d’un poème appris longtemps auparavant lui revinrent en tête, et elle les récita à mi-voix :

“Une rose a percé la pierre de la neige

Une rose a percé la pierre de l’hiver

Galopez dans le ciel, chevaux blancs des cortèges

Une rose a percé le pierre de la neige”

Le chat s’étira d’un air satisfait et… sourit. Oui, il sourit, comme un chat sait sourire, et le rosier se mit à grandir, grandir, encerclant la tour, tandis que la neige se mettait à tomber, recouvrant le sang de son linceul immaculé.

 

Au sommet de la tour, les derniers défenseurs étaient tout prêts de succomber. Au premier rang des combats, le Prince défendait les siens, décidé à résister jusqu’à son dernier souffle. Il savait maintenant que son rêve lui avait montré sa fin, et qu’il tomberait comme les autres, sous les crocs et les griffes des monstres qui avaient un jour été des humains.

Mais soudain retentit un hurlement, et l’une des créatures bascula par-dessus les créneaux, puis une autre, et une autre encore, tandis que les branches du rosier les enserraient, enfonçant dans la fourrure rêche leurs épines acérées, entraînant les créatures dans les nuages de neige où ils disparaissaient à la vitesse d’un cheval au galop.

Peu à peu, le Prince et les derniers de ses hommes baissèrent leurs armes. Occupées à lutter contre leurs agresseurs végétaux, les créatures ne leur prêtaient plus attention, et bientôt, ils furent seuls au sommet de la tour, tandis qu’un grand silence suivait le fracas des combats. Son épée à la main, le Prince se pencha par-dessus les remparts.

Il ne vit rien, rien d’autre qu’une petite silhouette près d’un buisson de roses, une petite silhouette qui ramassait une silhouette plus petite encore pour la serrer sur son cœur. Rengainant son arme, il dévala quatre à quatre les escaliers glissant de sang alors que s’évanouissait la neige, emportant avec elle les derniers vestiges de l’horreur. Le Prince ne pensait déjà plus à eux. La jeune fille s’était relevée et ses yeux et son sourire avaient capturé son cœur.

« Tu nous as sauvés, murmura-t-il.

-Je n’ai fait que réciter un poème.

-Tu l’as fait avec ton âme, et tu as libéré la magie qui dormait dans ses pierres. D’où viens-tu ?

-D’un autre monde.

-Y repartiras-tu ? »

Elle plongea son regard dans le sien, et des étoiles se mirent à briller dans ses yeux :

« Souhaiterais-tu que je reste ?

-Plus que tout au monde. 

-Et lui ? fit-elle en désignant le chat.

-Il est le bienvenu.

-C’est lui qui m’a amenée ici.

-Alors il est doublement le bienvenu. »

Le Prince caressa doucement la joue de la jeune femme pour effacer les sillons laissés par les larmes et l’enveloppa du cocon protecteur de ses bras :

« Tu ne pleureras plus jamais, je te le promets, ma jolie princesse d’un autre monde… »

 

Défi 300 du samedi 24 mai 2014

24 mai 2014

Passe la vie. (Fairywen)

 

Lignes de la main,

Lignes du destin ?

 

Ligne de cœur

Qui dit les malheurs

Et surtout les bonheurs.

 

Ligne de tête,

Ligne de conquêtes

De notre esprit,

Ligne d’énergie,

Ligne de talents,

Ligne de nos comportements.

 

Ligne de vie

Qui dit les moments de pluie,

Les moments de folie,

Les moments où l’on rit.

 

Lignes de la main

Qui s’entrecroisent au gré de la vie,

Qui changent comme change notre chemin

Lorsque glissent les années

Depuis le jour où nous sommes nés.

 

Défi 299 du samedi 17 mai 2014

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Le défi du samedi
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