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20 mars 2010

Terminus (Old_Papistache)

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13 mars 2010

Faut bien gagner sa croute (papistache)

Le remboursement des frais de déplacement  n’étant plus ce qu’il était, désormais, il est courant qu’un journaliste honore plusieurs médias de sa prose lors de la couverture d’évènements internationaux.
Moyennant une légère adaptation du style au lectorat de l’employeur la supercherie passe généralement inaperçue.
Inaperçue... pour le commun des mortels dont vous n’êtes pas, lecteurs des défis.
Chut... ne dites rien à personne, que cela reste entre nous...

Grouille
(France-Culture)


Y‘a pas longtemps, loin, chez les cowboys, un jouet, oublié au bas d‘un immeuble, a fichu la trouille : les péquenots  du coin ont chié dans leurs bottes.

Vers 11h 30/ midi, les  gueux se sont décroché la mâchoire : un nounours s’était avachi devant l’entrée de leur taf.
Des branleurs du F.B.I ont bu un café salé et ont rappliqué. Ils ont botté le derrière à toutes ces feignasses et riblonné les bagnoles à deux kilomètres à la ronde ; une fois le doudou éviscéré, les barbouzes n’ont trouvé que du kapok.



Télex
(France Info(s))

QUI ? Des flics
QUOI ? Paranoïa collective
COMMENT ? Bonne question, mon gars, je te remercie de me l’avoir posée.
OU ? Oregon, US
QUAND ? Fin 2009
POURQUOI ? Va savoir !


Chroniques du présent
(T-ÈF-1.fr)


A trois jours des grandioses festivités de fin d‘année, dans la douillette petite ville de Portland (Oregon), patrie de Matt Groening le “célébrissime” créateur de l’inénarrable série d’animation “Les Simpson”, un amour de petite peluche, mascotte à l’image de l’ours noir des Rocheuses, malicieusement adossée à la majestueuse porte vitrée à ouverture et fermeture automatiques (on est au pays où la technologie est reine) de l‘hôtel municipal des forces locales de l’ordre, a provoqué quelque émoi au sein de la communauté  policière : sensibilisée par de récents évènements fort médiatisés (trop, peut-être ?) celle-ci, bien qu’attendrie par cette nativité inopinée a cru déceler la marque du terrorisme international.


De bon matin, rasés de frais et fleurant bon l‘aftershave Crevlon, les représentants de la loi ont été raisonnablement interloqués par la présence, inattendue et insolite, d’un nounours, en tout point semblable à ceux qui, la semaine précédente, avaient fait la joie de milliers de bons petits Américains au pied du sapin (arbre de Noël dont la tradition reste vive en cet état de l‘ouest des Etats-Unis, c’est d'ailleurs l’entreprise Arbres Joyaux de Sainte-Brigou de Beauce (Québec) qui a hérité de l’important contrat de 45 000 sapins Fraser dont les rues de la ville sont parées), assis sagement, les attendant, le soleil matinal se reflétant dans ses cabochons de verre comme un clin d’œil malicieux pour souhaiter à qui voulait un joyeux début de semaine.


Nul ne saura jamais qui composa le numéro du F.B.I., (peut-être un émule de Matt Groening) néanmoins, alors que les dignes serviteurs de  la police  s’émouvaient encore du charmant spectacle et hésitaient sur les suites à donner à cette impressionnante mise en scène, une unité d’élite gouvernementale se figea face au bâtiment, coquettement illuminé de mille diodes clignotantes, dans un impressionnant crissement de pneumatiques “Bonne Année”.


Le petite troupe qui s’était massée face à l’entrée de son lieu de travail fut invitée poliment à aller déguster un café long  vanille/chantilly/sirop d'érable/beurre de cacahuètes au drugstore officiel de la police. Il y eut bien quelques mécontents qui auraient préféré s’y rendre en voiture mais le parking, pour les besoins de la suite de l’intervention, avait été réquisitionné. Le petit groupe traversa néanmoins la rue sans encombre et les unités spéciales purent convoyer en hélicoptère Bouing-Bouing (d’où la réquisition du parking) le petit jouet frigorifié aux ateliers du Père Noël où il fut établi qu’il ne souffrait d’aucune pathologie grave sinon, peut-être, une légère otite. On administra force antibiotiques Beurk & Co à l'ourson qui fit dire, lors d’un flash spécial d’information,  à toute la population, qu’il était très content, qu’il avait plein de nouveaux amis et qu’il comptait bien viser la bonne cheminée lors du prochain passage du traîneau du rubicond bonhomme à la barbe blanche.

Le maire de la ville, rapidement informé du choc émotionnel qui venait d'ébranler  sa brigade de police, accorda un arrêt de travail collectif de trois jours et promit une assistance psychologique à qui en ferait la demande*.

* Offre soumise à conditions.

6 mars 2010

Et si c'était vrai... (Papistache)

— Docteur Zigmund ? Docteur Zigmund... docteur Zigmund !
La vieille chaîne Hi-Fi du bar souffle. Serge Reggiani ressasse le temps qui s’en va. Piano, violon, voix grave. Le docteur Zigmund Delescal frotte ses lèvres contre le bord de son verre. Mauvais whisky, bouche pâteuse, tête lourde. De l’épaule droite à l’oreille, la crampe qu’il a senti monter depuis la fin de la matinée, comme autant de petites mains brûlantes, lui vrille les nerfs. Verre contre les lèvres, cœur en-dessous, le docteur en ophtalmologie lève une paupière. La douleur lui cisaille la nuque. A l’autre bout du zinc, un plus soul que lui l’apostrophe :
— Docteur Zigmund ?
Il comprend, le docteur,  encore un quidam qui ambitionne une consultation gratuite. Il sait. Est-ce qu’à Louis Ferdinand Auguste Destouches les poivrots noctambules demandaient qu’il leur touchât  les écrouelles ?
—Docteur... doc... je peux vous appeler Zig, doc  ?
Serge Reggiani s’est tu. Un type à voix aigüe le remplace ; il pleure sa Marilou. Le whisky est tiède, la douleur tentacule et la langue colle au palais.

C’est un grand type, propre sur lui, fossette au menton. Deux heures du matin, des joues lisses comme un bébé. Le docteur lève une paupière ; le miroir au-dessus du bar lui renvoie l’image de son père. Tu es fatigué, Papa... Maman va s’inquiéter... Le tramway est... non ! c’est fini à cette heure... on va rentrer à pied... on suit l’Erdre... la fraîcheur nous fera du bien...
—Alors, tu vois, Doc... le soir, dans mon lit, je me cale avec un oreiller... tous les soirs, tu vois, depuis... pfff... je prends un bouquin... j’ai lu le tien... Marc Lévy puissance trois, ils ont écrit à Télérama... mais c’est pas ça... au mur, j’ai un grand miroir... c’est un meublé... j’ai touché à rien... un grand miroir... marocain, m’a dit la femme de ménage... elle est de Carquefou... alors, voilà...

Le docteur-écrivain frotte le bord de son verre contre sa lèvre. Ses poils crissent. Son père l‘imite. Concerto pour deux barbes dures et whisky tiède. Le grand type au visage poupin  poursuit son discours.
— Alors ? T’en dis quoi ? Hein ? Zig ?
— Suis pas... pas en con... sultation...  sais pas.
Dans le miroir, l'image du vieil homme grimace. Il lève un doigt :
— La même chose, patron... trois...
— Alors ?  T’en dis quoi ? Moi dans mon lit... je me vois dans le miroir... j’ai les yeux fermés... t’imagines... je me vois, je bouge un bras, mon reflet bouge un bras... je me vois... mais je vois que mes yeux sont fermés... je me lève, je m’approche du miroir... mes yeux sont ouverts... je retourne au lit... je te jure, mes yeux sont fermés et je me vois... comment t’expliques ça, Zig ? Zig ? Comment je peux me voir avec les yeux fermés ?

« Avec mon âme qui n’a plus la moindre chance de salut pour éviter le purgatoire...» C’est pas du Reggiani ! Comment il s’appelle, le pâtre Grec ? «Toute une éternité d’amour... » Milord ? Ferrat ? Mouloudji ? Papa, tu sais, toi ? Moustaki  ! Mais oui, Georges Moustaki ! Quel con ! Allez, on rentre ! Tu pars de ton côté, Papa ? C’est comme tu veux. Sois prudent, j’y vais !
— Alors, Zig ? T’es fier comme toubib, toi. Moi, ton bouquin, je l’ai lu. « Tape à l’œil » Marc Lévy puissance trois qu'ils ont écrit à Télérama. Eh bien, tu sais, doc, ton bouquin... eh bien, il est écrit flou... mais je l’ai lu quand même, ton bouquin.

27 février 2010

En rentrant de l’école (Papistache)

Tic-tac, tic-tac, tic-tac !
La pendule égrenait les secondes et les minutes.
Et Tonton,
Il avait
Déjà fait
Par deux fois
Le grand tour
Du cadran.

La maman d’Olivier lui avait répété (facile aussi pour la femme d’un porte-manteau perroquet) :
« Quand tu rentreras de l’école,
Olivier, lave-toi les mains !
et regarde Tonton —  ton Tonton, le tonton... Tic-Tac.
Tic-tac, tic-tac !
Tonton Tic-Tac aura la tête en haut,
Tête nue,
Tête en haut,
T’es tenu
T’es en haut.
Il fera bien,
Ses deux tours
Et encore
Un demi...
Quand ses pieds,
Tout en haut,
I’seront, 
Tu mettras ...»

Olivier avait oublié. Tonton tournait sur son axe : Tête en haut, tête en bas, et bing !  i’ savate un galure et bang ! i’ shoote dans un m’lon.

Tonton Tic-Tac
Sur son axe
I’ tournait.
Olivier
Se rongeait
Les ongles... Tic !
Toc ! Tic ! Toc...
Elle avait
dit, Maman :
« Quand Tonton
Aura la
Tête en bas
Tu mettras... »
Quoi, quoi, quoi ?
La pizza
dans le four ?
Tu mettras
ou tu f’ras ?

« Maman, Maman, ma Maman ! »
La tête d’Olivier tournait.
Son papa, porte-manteaux,
— Perroquet, son petit nom —
Donnait des cours, de diction,
En  Sorbonne, à de bonnes poires
Qui avaient l’espoir d’y voir,
Aux déboires, un’ échappatoire.
I’ se couche pas tôt, i’ rent’ tard
Tic-tac, tic-tac...

Sa maman y’a dit
Quand Tonton l’aura
— s’app’lait pas Laura,
I s’app’lait Tic-Tac—
l’aura fait trois tours
tu mettras au four
ta petite sœur...

Ah, ça y est ,
L’a trouvé
Olivier
C’est sa sœur
Qui sent l’beurre
Mais à c’t’heure
Où qu’elle est
La gamine
A croquer ?
Tic-tac, tic-tac...

     Olivier
     Commençait
     A trouver
     Le temps long.

Tic-tac, Tic-tac...
Tonton tournait
Sur son axe
Et maman
Dans la rue
Discutait et
Disséquait
Les galures
Les chapeaux
Les foulards
Les turbans
Les képis
Couvre-chefs
Et bonnets...

Et sa sœur
Au Moulin
de Paname
Panamé
Panamé
Pa-na-mé-
mé-ri-cain
Tchou-tchou i’
Va s’noyer
Le gamin
Dans l’ennui
Y’a sa mèr’
Qu’est pas là
Et son père
En retard
Et Tonton
Qui se traîn’
Tout autour
De son axe
Tic-tac, tic-
Tac, tic-tac.

Toc-toc ! Toc ?
Oui, entrez !
C’est papa
L’perroquet
Qu’est rentré.
Qu’est rentré
L’perroquet
C’est papa
Oui, entrez !
Toc ? Toc-toc !

Saluez,
C’est fini !
N. I. Ni !

Et Maman ?
Y’en a plus !
Elle a pris
La tangente
Arc-en-ciel !
Ah ! Non ! Ni !
N. I. Ni !
C’est fini !

20 février 2010

Lie-de-vin ; prune/aubergine ; canari ; chamois ; anthracite , miel ; champagne

Camarades !
La révolution est en marche.
Apprenez à décrypter les codes vestimentaires du patronat et autres suppôts du capitalisme international.

Leçon 94.1.1

Du port de la cravate (1/100)

Ivre de rage :  cravate lie-de-vin.
Mi-figue mi-raisin : cravate prune et aubergine.
Serein :  cravate canari.
Il devient chèvre  :  cravate chamois.
Sur des charbons ardents :  anthracite, sa cravate.
Rayonnant :   cravate miel.
Pétillant :  champagne et de bonne coupe.

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13 février 2010

L’amour est un suave buisson de roses (Papistache)

Le feu de la Saint-Jean avait été annulé à cause des fortes pluies ; ça m’était égal, j’avais dix-sept ans et j’étais amoureux.
— « Tu attends qu’il soit minuit ; tu entres dans le jardin par le portillon ; l’échelle est  accrochée sous la gouttière du cabanon ; ma  chambre est à gauche de la marquise ; je m’allumerai pas ma lampe, mes parents dorment la fenêtre ouverte, mon père est si soupçonneux ; je t’aime, mon Roméo.»
Ah, Giulietta  ! J’aurais pu porter l’échelle sans les mains tant je te désirais.

J’ai décroché mon ascenseur pour le septième ciel ; j’ai traversé le jardin ; je crois bien que j’ai écrasé quelques salades ; il faisait noir comme dans un four et il flottait comme vache qui pisse ; j’ai perdu une espadrille dans la terre détrempée, ça a fait  « plop » ; j’ai pataugé dans les semis et j’ai atteint la terrasse ; j’ai appuyé l’échelle contre le mur ; mon cœur battait la chamade et ma queue la mesure.

Putain, ces vieilles baraques avec des plafonds de cathédrale : l’échelle était trop courte. La pluie tambourinait sur mes épaules ; j’ai risqué : « Giulietta , Giulietta ...» ;  elle s’est penchée par-dessus le garde-corps ; une bouffée de citron vert s’est échappée de son corsage ; elle avait changé de parfum pour me surprendre ; j’ai lancé ma main...

La foudre m’est tombée dessus ; j’ai sursauté ; l’échelle s’est cassé la gueule par terre : ce n’était pas la douce menotte de Giulietta  — nous avions déjà eu l’occasion d’oser quelques explorations réciproques, sa main était chaude, certes, mais menue —  une forte paluche me broyait les os et je pendais, tel un pantin de chiffon, au-dessus du massif de rosiers dont la pluie d’été exacerbait les suaves fragrances entêtantes. Ma flamberge avait fondu, maigre virgule inanimée, mes pauvres boules s’étaient rétractées jusqu’au se nicher au creux de mon estomac. Ma mère n’avait jamais réussi à m’apprendre à distinguer ma droite de ma gauche : « Ça te jouera des tours, tu verras, Roméo !”  Je ne voyais rien, la nuit était opaque.

—  « A qui ai-je l’honneur ? a lancé le propriétaire de la poigne d’acier.
—  R...  Ro... Roméo... Mon... Mon... Montecchi, m’sieur !
— Enchanté d’avoir fait votre connaissance, jeune homme, je ne vous raccompagne pas, vous connaissez le chemin.»
Le doux papa de ma dulcinée a desserré les doigts. Il paraît qu’il existe des rosiers sans épines ; hélas, le père Capuleti en ignorait la culture.
— « Le pauvre pitchoun ! a larmoyé une voix de femme, il faut le dégager de là. »

Madame Capuleti s’est montrée patiente. Moi, nu comme un ver, allongé sur la table de la cuisine, j’ai mordu mon poing pour ne pas crier. A l’étage, Giulietta  virait Madeleine. La pluie continuait à noyer le jardin. A la pince à épiler, une à une, toutes les épines que ma chair tendre avaient soustraites aux branches agressives ont été ôtées. Quand Madame Capuleti a eu fini et après qu’elle m’a eu badigeonné de mercurochrome — à l’époque on affectionnait les désinfectants colorés — elle m’a donné une claque sonore sur la fesse droite (ou gauche, j’ai oublié) et m’a souri :
— « Va te reposer et reviens donc vers 13 heures, Roméo... Je ferai des bécasses farcies ; nous devons avoir une petite conversation à quatre.»

Le jour se levait ; la terre exhalait ses notes forestières ; le grand chef d’orchestre de l’univers avait repris son concert et mon étendard battait de nouveau la mesure.

6 février 2010

Les compagnons de l'Arbre-Amiral (Papistache)

mondefi92album

30 janvier 2010

Vue imprenable sur le cimetière de la pensée confuse du sieur P (apistache)

Samedi 23 janvier 2010

P. était né dans un cimetière. Enfin, pas tout à fait, mais de violentes contractions avaient jeté sa mère au sol pendant une cérémonie funèbre. Un parent que famille et amis conduisaient à ce que, par euphémisme, on nomme sa dernière demeure...
P. posa sa plume... malade, il se savait condamné ; il se demanda s’il fallait vraiment consacrer le peu d’énergie qu’il lui restait (ou qui lui restait : les deux se disent) à raconter ce qui tenait entre deux parenthèses :  (il était né dans un cimetière, il y retournait... les contractions de sa mère, les douleurs du crabe...)

Arrête, tu vas faire pleurer,
va plutôt laver la voiture, elle en a bien besoin...


Dimanche 24 janvier 2010

Cimetière
  Sim t’y erres.
   Cimt’ hier.
      Scie meuti Hyères.

                             six m’tiers
                             6 m’tiers
                             merci m’tiers
                             6 m’/tiers

                                                  Simplifions.
                                                                6 par trois, deux
                                                                3 par 3, un
                                                                6 m’/tiers = 3 m’
                                                                3 m minute = 3 m/min
                                                                3 x 60= 180 3m/min = 180 m/h

Pi-toi-iable !


Lundi 25 janvier 2010


Chanson :
«J'suis l'fossoyeur des Lilas
Le gars qui creuse et qu'on n' regarde pas
Y a pas d'soleil sous la terre
Drôle de croisière...»

A cet instant, P. se dit qu’un cimetière qui porterait le nom d’une fleur lui serait agréable  qu'il lui serait doux de creuser son emplacement de louer sa dernière demeure au

  • Cimetière des Ancolies edelweiss  edelweiss 
  • Cimetière Magnolia for ever
  • Cimetière des Chrysanthèmes, non, trop téléphoné, plutôt  :
  • Cimetière de la Dame de Onze Heures***


De nouvelles idées lui vinrent : établir un annuaire des meilleurs cimetières avec un système de notation inspiré des guides touristiques, organiser des excursions de reconnaissance pour

Creux !


Mardi 26 janvier 2010

La lourde porte du cimetière s’ouvrit.
La porte du cimetière, lourde, s’ouvrit.
Lourde, la porte du cimetière s’ouvrit.
Le vent ouvrit la porte du cimetière.
Le vent ouvrit la lourde porte du cimetière de Lourdes.
Le cimetière n’avait pas de porte. On y entrait comme dans un moulin, sauf qu’il n’y avait pas d’ailes, c’est pourquoi une porte suffisait, parce que dans un moulin on trouve deux portes et pas parce qu’il y en une pour entrer et l’autre pour sortir.
Le cimetière avait poussé sur la colline, personne n’avait eu le temps  de bâtir un enclos ; les morts, de toutes façons, ne risquaient pas de s’échapper. Pour mener ses vaches à la pâture communale, la Mère Françoise allait au plus court. Le plus court nécessitait de traverser le cimetière. Les remontrances du maire n’y changeaient rien ; la Françoise allait aux communaux.
Le conseil débattit. Nos morts ne supporteront pas d’être enfermés...


Pppppp ! Je ne vais pas refaire Clochemerle....


Mercredi 27 janvier 2010


Jane ouvrit démesurément les yeux. Le spectacle était grandiose : au bas de la falaise, une forêt d’ossements et d’ivoire, dans la lueur du soleil couchant, dessinait des ombres inquiétantes.
Tarzan pas tressaillir. Tarzan pas avoir appris montrer émotions. Lui reconnaître odeur vieille éléphante  avoir enseigné lui barrir. Pluie couler des yeux de Jane. Tarzan aimer goût du sel. Sel bon pour faire pousser longues défenses. Tarzan lécher sel.

à biffer


Jeudi 28 janvier 2010


Mesdames, messieurs et les petits enfants,
approchez, approchez, venez découvrir, pour la modique somme de quinze euros, l’unique, l’extraordinaire, l’excellente, la pharaonique, que dis-je la pharaonique, la sarkonique reconstitution du plus grand cimetière de nains de jardin jamais découvert sur les hauts plateaux javanais. La précision est fabuleuse, l’émotion palpable...

Demi-tarif pour les militaires et les bonnes d’enfants, entrez, entrez... en avant-première mondiale dans  la salle des fêtes de votre commune,  entrez et emportez le souv

N'importe quoi !


Vendredi 29 janvier 2010

—  Aaaaah !
Épouse-Arrachée-Au-Sommeil pose une main sur sa poitrine :
— Amour-Benêt-De-Ma-Vie, que t‘arrive-t-il ?
Le vieux P., en sueur, peine à reprendre sa respiration. Il pantèle :
— Mowgli, notre Mowgli, mon Mowgli, notre petit-fils entre les petits-fils, l’enfant blond aux boucles  torsadées, Mowgli venait d’achever de graver mon épit
aphe sur une pierre molle au-dessus de ma sépulture...
Épouse-Rassérénée embrasse le front  — qu’il a large et bien dégagé — de son époux transpirant :
— Eh, quoi, c’est le destin, tu ne voudrais pas qu’il disparaisse avant  nous. Rendors-toi !
Le docile vieillard repose la tête sur l’oreiller. Il ferme les yeux ; l’enfant blond s’éloigne, marteau dans une main et burin dans l’autre :

Içi J-P.
1 maniac
2 l’orthographe

Qu’il repôse en P

Tant pis, je fais l'impasse...
je leur dirai que j'ai essayé...
ils comprendront...
ou pas...

16 janvier 2010

Dis, Dieu, tu crois pas qu't'en fais un peu trop, là ? (Papistache)

Réprimander (v.)

admonester,
arranger,
assaisonner,
attraper,
avertir,
blâmer,
catéchiser,
censurer,
chanter pouilles,
chapitrer,
chicaner,
condamner,
corriger,
crier,
désavouer,
dire son fait,
disputer,
donner un avertissement,
emballer,
engueuler,
enguirlander,
enlever,
faire la guerre,
faire une remontrance,
flageller,
flétrir,
fustiger,
gourmander,
gourmer,
improuver,
incriminer,
laver la tête,
mercurialiser,
mettre au pas,
moraliser,
morigéner,
moucher,
quereller,
ramoner,
redresser,
relever,
remettre à sa place,
reprendre,
reprocher,
réprouver,
sabouler,
savonner,
secouer,
secouer les puces,
semoncer,
semondre,
sermonner,
sonner les cloches,
stigmatiser,
tancer,
tirer les oreilles,
trouver à redire,
vitupérer,
critiquer  (V+qqn, figuré),
désapprouver  (V+comp),
donner une avoine  (V+à+qqn, familier),
donner une danse  (V, familier),
donner un galop  (V, familier),
donner un savon  (V+à+comp, familier),
faire la critique  (V+de+comp),
faire une réprimande  (V+à+comp),
gloser  (vieux, V+comp),
gronder  (V+qqn),
houspiller  (V+qqn),
infliger une réprimande  (V+à+comp),
passer une danse  (V+à+qqn, familier),
passer un galop  (V+à+qqn, familier),
passer un savon  (V+à+comp, figuré)

Dis, Vieux, ça n'aurait pas été plus simple ?
gifle1

Et on n'en parlerait plus !

Merci à Marcel Gotlib pour sa participation iconographique.

9 janvier 2010

Diners d'enfance (Papistache)

Maman n’entrait pas dans la cuisine : elle vivait dans la cuisine. Son tablier écossais noué dans le dos, elle présidait à la composition des repas. Certains soirs, elle sortait la poêle du placard sous l’évier.

Culottée, la poêle, comme chaudron du diable ! Une poêle en fer, pas en inox, en fer noirci à la flamme. Maman y laissait tomber, de son couteau, un fort copeau de margarine. La margarine Astra, conditionnée en cubes de 10 cm sur 10 cm. La flamme bleue du gaz sautait ; la margarine grésillait. Maman jetait les restes du repas de midi dans la graisse liquide ; parfois c’étaient des pâtes, des pommes de terre ou des carottes,  mais aussi, parfois, c’étaient des haricots. Ces haricots mis en conserve ou en saumure qui revenaient régulièrement sur la table.

Les haricots rissolaient. Sûrement Papa devait aimer les haricots saisis, ou Maman, ou mes sœurs, enfin quelqu’un, certainement. Cinq enfants ! Maman devait avoir vingt bras ! Il ne devait manquer que le vingt-et-unième pour touiller les haricots ou alors la poêle était-elle en cause. La tambouille attachait. Autant le petit Papistache se régalait des haricots cuits à l’eau et servis au déjeuner, autant sa langue et son palais se contractaient au contact des légumes desséchés, les bons soirs, charbonneux plus souvent.

Assez vite, il envisagea de terminer le plat à midi pour éviter qu’il en restât pour le dîner :
— Ils sont bien bons, tes haricots, Maman, je peux en avoir encore un peu ?
Regard dans la casserole :
— Non, mon grand, il en reste juste assez pour ce soir. Mange donc un morceau de pain si tu as encore faim.

De même qu’il était inconcevable de quitter la table en laissant un morceau de pain à côté de son assiette, chez nous, il était inenvisageable de vider le contenu de son assiette ailleurs que dans son estomac.

26 décembre 2009

La blogobulle est immense et pleine de surprises (Papistache)

En 2007, l’année de ma naissance, j’ai commis, chez Canalblog, 365 chroniques ridées autour d’un bol de thé amer. Une visite, une autre, un commentaire, une réponse, de fil en aiguille quelques internautes me firent l’honneur de s’asseoir, avec moi, à ma table matutinale et quotidienne. De la tisane, pas de quoi être pompette, mais il a semblé que le breuvage ait plu à d’aucunes.

Plusieurs des amatrices  — un amateur s’est glissé dans le cortège, saurez-vous l’identifier ? — me suivirent dans mes papistacheries, d’autres allèrent, en catimini, boire ailleurs si j’y étais. Parmi ces dernières, une jeune Toulousaine, après deux années de sevrage, — deux ans ! fallait-il malgré tout que la tisane l’eût enivrée qu’il lui faille tant de mois pour dégriser ? — s’est souvenue de nos échanges au moment de boucler un défi lancé à ses lectrices.

Ambassadrice d’une marque de laine à tricoter sentant bon la renoncule sauvage, Casa — c’est son pseudo — me fit la surprise de m’inviter à concourir. Vous me connaissez, je ne sais pas résister aux appels des jeunes femmes — surtout depuis que, décrépitude aidant, nulle équivoque n’est plus possible. J’ai participé.

Il s‘agissait, au moyen d’un simple commentaire déposé sous un certain billet de la dame, de confier son attachement à la laine printanière et de se proposer d’en mêler les fibres, au moyen d’aiguilles, au cas où notre prose aurait su émouvoir et l’ambassadrice et sa présidente : à peu de chose près, il se gagne, ai-je compris, son poids en pelotes diverses et accessoires variés.

S’il s’avérait que j’emportasse le premier lot, c’est à l’agile Mamoune que reviendraient le plaisir et l’honneur de tricoter une pelisse à son époux. Soixante-quinze kilogrammes de laine, pas sûr que ma moitié boive du petit lait à la tâche ! Mais, baste, son arrêt de travail ne se prolonge-t-il pas jusqu’en février et, comme elle est née une paire d’aiguilles à la main,  je gage qu’elle saura épuiser le stock dans les délais. Au pire, n’envisage-t-elle pas de ne se remettre à la tâche qu’à mi-temps ?

Présentement, je guette le résultat du concours et quand Mamoune m’interroge sur ma soudaine curiosité à visiter dix fois par jour un blog consacré aux travaux d’aiguilles, je ris sous cape — laquelle cape risquant fort d’être remplacée par un manteau Victoire qualité : BOHEME: Tanin 1069, CENTURION Crépuscule 155.

12 décembre 2009

Paquet cadeau ? (papistache)

CISEAUX

5 décembre 2009

PNP21SPE N° 637 (Papistache)

Monsieur Papistache Joseph                                                     Mercredi 2 décembre 2009

3 rue de la Trinité
***** MAISON-JAUNE


à Monsieur Van Rompuy
Président du Conseil européen
BRUXELLES


Objet : Demande d’emploi


Monsieur le Président du Conseil européen,


Le n° 637 de la liste des 1001 Professions Nouvelles pour un XXIe siècle du Plein Emploi (PNP21SPE) correspond en tous points à la plus ancienne de mes aspirations. Je me réjouis de la convergence entre votre conception de l’avenir et l’élan qui me pousse à postuler à cette noble fonction.

Charpentier de formation, j’ai assisté mon épouse pour chacun de ses sept accouchements. J’ai partagé ses contractions et calqué ma respiration sur la sienne : Wou-wou, wou-wou !

J’ai appris à sectionner le cordon ombilical de tous mes enfants, et ma main posée sur le front de mon épouse a toujours eu l’heur de lui procurer calme et sérénité, les regards confiants droit dans les yeux de la future accouchée  n’ont plus de secrets pour moi.

En outre, ma discrétion et ma bienveillance me permettront de communier instantanément avec les parturientes quel que soit leur âge. Ma courtoisie  leur sera des plus agréable pour leur offrir le meilleur souvenir possible de leur séjour à la maternité.

Si votre épouse où l’une de vos propres filles se trouvait dans la situation requise au paragraphe 3 du descriptif de l’offre n° 637, et que votre emploi du temps vous retienne dans quelque chambre parlementaire, je serais honoré, qu’à titre d’essai, vous me choisissiez plutôt que nul autre.

Dans l’espoir de vous rencontrer pour la Saint-Nicolas, chez Monsieur et Madame Sam Didéfi, je vous prie d’agréer, Monsieur le Président du Conseil européen, mes salutations les plus ardentes.


Joseph Papistache

28 novembre 2009

L.U. (Papistache)

Lue ?

Lulu ?
Lulu lut :  « Lu... Lu... Lu... »
« Lu » lu : « Lu »

L’« U » ? Lulu l’eût lu ?
L’« U » ? Lulu l’eut !
L’« U » ? Lulu l’hue !
L’ulule, Lulu, l’« U » ? Lulu l’hulule l’« U » !

Lulu l’eût lu l’ « U » !
Lu, lu, lu !

Lu !

21 novembre 2009

Quatre à cinq bris de verre (Papistache)

Les quatre mousquetaires n’étaient-ils pas cinq ?

Quatre à cinq bris de verre

Souvenez-vous, Janeczka riait de sa petite taille. Dans les loges des défis du samedi, pour apercevoir sa frimousse dans le miroir  vénitien au-dessus du lavabo en marbre de Carrare, elle devait grimper sur la poubelle ; et même juchée ainsi, seuls son front et son chignon bouffant apparaissaient.

Quand il en eut assez que la maréchaussée le verbalise, à titre d’avertissement, pour “photographie non ressemblante” le toujours jeune Walrus  imagina coller un fin miroir de 3 cm sur 4 cm en lieu et place de sa sympathique bouille sur son permis de conduire. A la suite de cette opération, qui contrevenait indubitablement et intentionnellement avec les lois de son royaume, les pandores qui contrôlèrent ses papiers s’excusèrent régulièrement en déclarant : « Oh, vous êtes de la maison, mes respects, collègue ! » Ils le saluaient à chaque occasion et parfois lui ouvraient même la route. Il advint également qu’un 27 septembre, fête de la Communauté française de Belgique, un aspirant l’invite à goûter le velouté de chicons à la mimolette de son épouse ; notre ami allait refuser quand un argument à 9° fit fondre ses dernières réserves : la Chimay bleue serait servie directement au sortir de la cave de l’officier soit précisément à 10,5° C !

Dans ces conditions, pour enduire ses cils de mascara (voir récit concernant l’autre co-fondatrice du blog) elle se voyait contrainte de sauter, ce qui constituait au quotidien : 1° une gymnastique éprouvante ; 2° un maquillage approximatif (nous passerons sous silence les séances d’auto-coiffure dans ces conditions acrobatiques) ;et ce qui constitua, et ce sera notre dernier point : 3° la raison qui la tient — momentanément — éloignée de son bébé (les défis du samedi).

Au sein de la famille de la petite Maguelotte-Adeline-Pulchérie, c’était péché d’orgueil que tenter de voir son reflet dans une glace. Le père de l’enfant, seul, s’autorisait à extraire d’une petite boîte de carton rouge et noir un éclat de miroir brisé — qui tenait dans le creux de sa main — dont il se servait, le dimanche matin ou pour les grandes occasions, pour ordonner les larges sillons que le coupe-chou, hérité de son aïeul qui fut maréchal des logis au septième régiment de hussards de la Grande Armée de l’Empereur, traçait sur ses joues hérissées de poils durs et préalablement enduites de savon mousseux. La jeune fille conçut de ce rapport à l’image une si grande humilité qu’à l’aube de sa retraite professionnelle, elle refusait toutes les supplications de ses amis l’encourageant à sacrifier à la mode de son siècle. Elle promettait mais ne se résolvait pas à ouvrir son propre blog.

En effet, tout laisse penser qu’un soir où elle œuvrait seule aux commandes, un saut moins adroit que les autres provoqua l’ouverture du couvercle de la poubelle. Son Croûton se souvient avoir déposé les sacs de l’association (il faisait gracieusement et dans l’ombre les basses besognes dans les coulisses) au point de collecte du secteur.

Un soir, très tard, alors qu’elle interrogeait de nouveau son miroir magique : « Miroir, miroir, vilain miroir, dis-moi que je suis la plus méchante des méchantes de toutes les prairies du Far-West » et que la réponse de celui-ci eut le don de l’agacer à la puissance dix :   « Valérie, tu es méchante autant que moi je suis l’inventeur du Rimmel waterproof » —ce qui était une manière ironique de dire qu’elle n’était pas méchante parce que le Rimmel waterproof fut inventé  par Eugène Rimmel (1820-1887) parfumeur et  homme d'affaires français responsable de la fabrication et du marketing de produits de beauté ; associé à son propre  père, à Londres, en 1834, il commença à commercialiser ses premiers cosmétiques. Très vite, les deux hommes présentèrent le premier produit non-toxique : le mascara. Il est devenu si populaire que le Rimmel est à ce jour le mot pour le mascara dans plusieurs langues notamment en français et italien — la jeune administratrice des défis du samedi, plutôt que d’entrer dans une colère noire et de jeter son miroir magique dans le fleuve qui roulait des eaux sales sous sa fenêtre, mue par un instinct surgi de son cerveau reptilien, projeta violemment, d’un mouvement des épaules, son front contre la paroi de verre et, stupeur, alors que son mari s’attendait à voir s’étoiler l’objet sous l’impact irréfléchi, il vit son épouse disparaître toute entière de l’autre côté du miroir. En dépit des litres et des litres de café que l’époux, inconsolable, dépose avec obstination et cérémonie devant le miroir choyé comme nul autel païen ne le sera jamais, à ce jour, la jeune femme n’a pas consenti (ou réussi) à effectuer le chemin inverse.

Avec l’accord du mari, nous avons laissé courir le bruit de l’installation du couple en Arizona pour éviter de paniquer le lectorat de notre sautillant Aramis et nous écumons inlassablement les centres de traitement et de valorisation des déchets urbains du Royaume-Uni — notre connaissance en rudologie, croyez-le, s’est accrue considérablement.

Né le 31 13 1881 à 16 h 61, le Papistache* fut porté sur les fonts baptismaux, le jour de la Saint Hannah, en la belle ville de Senones (Vosges 88) par sa marraine Eve  Sées et son parrain Léon-Noël Lebel. Les fées facétieuses qui s’étaient penchées sur son berceau avaient scellé son destin. Sa joie fut grande quand Zigmund donna son défi — MIROIR — à la communauté, il allait versifier en se jouant de la symétrie inversée, trop de palindromes avaient veillé sur ses premières respirations. Il déchanta vite : la tâche dépassait ses forces.

Il pondit bien (enfin, bien ! disons qu’il excréta dans la douleur) :

Son miroir à Rio, rimons

mais une erreur fatale entachait le vers, il eût fallu écrire “rimnos” : l’exercice était difficile.
Obstiné pourtant, il osa :

Un rêveur à la rue, ver nu

mais se vit incapable d’enchaîner. 
Léon-Noël Lebel, son parrain ne l’inspirait guère :

Rime grave Var gémir...
Rêver reflet, tel fer rêver
...

C’était maigrelet et dépourvu de sens. Il se découragea. Comme l’envie de piller ses aînés ne lui vint pas, il jeta au panier ses scories et renonça au Panthéon.  Lui auriez-vous tendu cette perche : gros_émir@rimes.org afin qu’il y puise inspiration et joie d’écrire, il n’aurait pu assurer.

L’ami servile livre si mal.

* Ne lui souhaitez pas son anniversaire, bien qu’affublé du doux patronyme de Narcisse à l’état-civil officiel de Senones (88), il a horreur des commémorations égotistes.


Nous ne désespérons pas ; si personne ne l’a encore vue, il est impossible que nul ne l’ait entendue.

14 novembre 2009

Suite de Brigou (Papistache)

La sieste (Brigou)


Tout est calme. C’est l’heure de la sieste. Papa et Maman se sont assoupis à l’ombre sous les arbres.
Couchés sur le dos, Rémi et Margot, badigeonnés de crème solaire, n’ont aucune envie de fermer les yeux. Le bob sur la tête, les lunettes de soleil sur le bout du nez, la limonade citronnée dans leur verre, le soleil les chatouille.
Ils ont joué à deviner des formes dans les nuages, ont compté le nombre de trainées blanches laissées par les avions, ont écouté les oiseaux chanter au loin…

—    Dis Rémi, tu penses à quoi ?
—   J’aimerais être un petit papillon… tiens, comme celui-ci ! Il vole, tourne, danse. Il se pose sur les fleurs, hume leur parfum. Il est le Roi dans ce champ.
— Ah oui !
—  Je deviendrais ton papillon de compagnie. Je te suivrais dans chacun de tes pas, toujours à côté de toi. Qu’en dis-tu ?
—  Ben, que ce n’est juste qu’un rêve !

***

Margot se trompe. Cachée dans la ramure d’un pommier, la fée Cédille tend son index grêle vers les petits.
— Schprot !
Dans l’air saturé de turbulences de chaleur deux papillons virevoltent.

Maman ouvre un œil. Le vol compliqué des deux insectes captive son regard. Du coude, elle aiguillonne le flanc de son époux. Papa émerge de sa sieste. Il bâille.
— Chéri, regarde.
Papa se redresse. La texture des ailes des deux papillons lui paraît singulière. Malgré la chaleur étouffante de cet août brûlant, il se dirige vers la voiture garée à l’ombre de la haie. Il extirpe du coffre un sac de polyéthylène dont un logo bleu et rouge signe l’appartenance à la grande distribution. Pardon, c’est l’été, il fait chaud, il ne faut pas écrire des phrases aussi compliquées. Il sort un sac plastique Pas-Si-Clerc du coffre. A la troisième tentative, il capture les petites créatures. Il noue le sac.
— Ce soir, je les estourbirai au formol.
— C‘est bien, Chéri. Les enfants ont déjà une jolie collection.
— C’est vrai. A propos, où sont-ils encore passés ? Réééémi ? Maaaaargot ?

Blottie entre deux brindilles, la fée Cédille s’émoustille.
— Hi, hi, hi !

Préoccupé par la disparition de Margot et Rémi, Papa songera-t-il quand même à euthanasier les deux lépidoptères ? Le rire que la fée Cédille n’a pu retenir fournira-t-il un indice suffisant à Maman ? Vous saurez patienter une semaine de plus avant de lire le chapitre 68 des « Aventures de deux enfants au pays des fées C… & compagnie ».

7 novembre 2009

Tir’ eul’ bobinett’ eul’ ch’villett’ cherra (Papistache)

M’l’avait dit la mèr’, faut pas, faut pas, jamais, i’faut pas jamais s’mêler d's affair’s aux z’aut’. C’que l’pèr’ toujours i’y’répétait, eul’père,

Sous sa belle gueule d'apôtre
Et dans son cadre en bois

du temps qu’i suçait pas  ’cor’ eul’ pissenlits par la racin’.

Eul soir, les gens i’disaient comm’ ça, qu’derrièr” la port’ à Mathurin, à des fois, comm’ ça, b’en, paraît — moi j’chais pas, jamais j’y suis-t-allé toquer à la port’ à Mathurin — paraît, à des fois, qu’y’avait des cris qu’on les z’entendait si qu’on collait s’n’oreill’ à la serrur’ à la port’ à Mathurin. Jamais r’en entendu. B’en trop peur qu’la mèr’ é’m’file un’ roust’ avec eul nerf eud‘ bœu’. Mathurin l’était pas l’genr’ qu’on fréquentait, nous autres, à c’tt’époqu’. Mathurin,

Qui fait rien de ses dix doigts
Mais lui qui n'en peut plus
Lui qui est complètement cuit
Et qui se prend pour le roi
Qui se saoule toutes les nuits
Avec du mauvais vin
Mais qu'on retrouve matin
Dans l'église qui roupille
Raide comme une saillie
Blanc comme un cierge de Pâques

Un’ fois, un’ fois seul’ment, j’lai poussée la porte à Mathurin. La mèr’ l’était ret’nue à la m’son rapport à sa phlébit’  qu’avait tourné façon manièr’ à des ulcèr’s. J’y’a collé mon nœil à c’tt’ foutue bon sang d’tabernac’ ed’serrur‘.


C’te porte è’ m’a chu
‘acristi’ bordel d’ hasard
Tout drêt su’ la goul’


B’en les voisins, l’en ont eu des cris, c’tt’ fois, c’taient les miens. I’m’aiment pas les voisins.  I’disent

Que je suis tout juste bon
A égorger les chats
J'ai jamais tué de chats
Ou alors y a longtemps
Ou bien j'ai oublié

B’en m’croyez pas ou b’en m’croyez pas, y’en a pas un qu’est v’nu m’aider à m’rel’ver, j’m’en su’s traîné tout seul jusqu’au gourbi où qu’là mèr’ è’ braillait rapport à sa phlébit’ qu’avait tourné manièr’ d’ulcèr’s... et p’is l’lend’main, b’en... la port’, l’était r’mise tout’ drête comm’ si que r’en n’eud’ r’en s’avait passé.
Comm’ j’vous dis, c’t un mystèr qu’est mystérieux, c’tt’ affair’. J’en sais pas p’us que c’qu’j’en dis et pourtant j’y ai tout dit ce qu’j’en savais.

Le commentaire de Valérie me fait songer que j'ai oublié de citer la source à laquelle j'ai puisé les paroles. Je suis allé écouter la version de Noir Désir, je l'ai aimée. Moi, bien sûr, vu mon âge, c'est Jacques Brel qui m'avait touché le premier. Je ne résiste pas à l'envie d'insérer une vidéo.


31 octobre 2009

Sandaraque girodyne (papistache)


Pièce d’amour en un acte


Acte I, scène 1
(Elle et lui... mais c'est lui qui commence)


Lui — As-tu bien dormi, mon amour ?

(Il se tourne sur son côté gauche et pose sa main droite sur le ventre de son épouse.)
Elle — J’ai eu très chaud cette nuit. Je me suis réveillée, je bouillais. Tu dormais, ton corps était frais.
Lui — Tu es fraîche, ce matin.

(Sa main s’est glissée entre peau et étoffe, il caresse doucement le flanc gauche de sa compagne.)
ElleJe me demande si ce ne sont pas ces bouffées de chaleur qui accompagnent la ménopause*.
Lui — Non, je n’ai rien senti de cela vers la cinquantaine.

(Son genou droit s’est posé sur la cuisse de sa partenaire, il se love contre elle.)
Elle  Tu veux parler d’andropause** ?
Lui — Non, quand j’étais de sexe féminin, avant, du temps où c’était moi qui laissait incuber nos embryons dans mes sacs vocaux. J’aimais bien... Tu te souviens  qu’il fallait que je tousse pour les expulser et que je craignais toujours d’en avaler un ou deux.

(Il a logé son visage dans le creux de l’épaule de celle qu’il étreint avec amour.)
Elle Tu faisais incuber les petits dans tes sacs vocaux ?
(Il lui mordille le lobe*** de l’oreille. Elle tourne la tête.)
LuiLe médecin m’avait interdit de les loger dans mes pores fémoraux, trop de risques de ne donner naissance qu’à des mâles avait-il dit. J’aspirais les œufs et je gonflais les joues. Je salivais comme un malade à cette époque. « Une » malade. C’est quand je t’ai connue que j’ai changé de sexe. Au début, on permutait nos organes à chaque rapport sexuel. C’est devenu de plus en plus difficile. On a cessé en... 1985. L’année où il a plu des entrecôtes.
Elle —Arrête, tu me chatouilles ! En 85, c’était pas plutôt du bourguignon ?
(Ses plumes se hérissent, il n’aime pas qu’elle lui demande d’arrêter**** ni qu‘on le contrarie. Il se lève, ouvre la fenêtre et, détendant ses pattes postérieures, d’un bond surprenant pour son âge, plonge dans la mare.)
Lui Ce soir, je rentre tard... pense à faire du beurre, j’invite les Épinards.
Elle — Si tu coasses Monique, rappelle-lui qu...

(Les paroles de son épouse ricochent à la surface de l’eau. Il s’éloigne en soignant sa brasse. Elle allume la radio. Au flash de 8 h 15, le journaliste annonce, en direct, que l‘auteur de cette pièce ne porte que des pantalons de taille 40. Une bouffée de chaleur l’envahit.  Elle se lève. Dehors, une pluie de petites pâtes commence à tomber. La  mare se vide en faisant un bruit de siphon. Elle pousse un soupir***** de soulagement : elle n’avait plus de crème fraiche et n‘avait jamais aimé la compagnie des Épinards.)

* relig. Calendrier martyrologue de l’Église grecque.
** mammifère domestique plus petit que le cheval.
*** sextuple champion du monde de rallye
**** « Arrête de me dire arrête ! »
***** Ouf !

24 octobre 2009

1,50 € la carte postale, 6,00 € le lot de six (Papistache)

17 octobre 2009

Un bon bol d'air (Papistache)

François gare son coupé sport, gris fumée, le long d’un charmant bosquet. Il en descend, une cigarette extra-longue mentholée aux lèvres, contourne son engin et glisse sa clé dans la serrure du coffre.
Oh, la Sophie... elle est contente, la Sophie à Papa... elle est contente, mais oui... elle est jolie la Sophie, susurre-t-il.
Une adorable petite teckel, à peine âgée d’un an, montre le bout de son museau. D'une main tendre, François soulève le jeune animal et le pose délicatement au sol.

Les fourrés fourmillent d’odeurs ; le petit être bondit dans les broussailles. La chienne follette  flaire une piste. Comme elle est excitée ! Sa queue frétille. Tous les parfums que le lieu exhale enivrent Sophie. Elle court d’un arbre à un boqueteau, recommence...

François, d’une gracieuse pichenette envoie le mégot de sa cigarette dans les hautes herbes que le soleil de cette fin de juillet blondit comme blés mûrs. Il s’installe au volant de son bolide et fait crisser les pneumatiques flambant neufs.

Les six cylindres du moteur italien rugissent dans la campagne, François sort son téléphone portable de la poche de sa chemisette  et compose le numéro de son domicile.
— Ça y est, Chérie, c’est fait, prépare les valises ; on part ce soir !

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Le défi du samedi
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