m. césar marivaux un soir
mme viviane marivaux
un, rue sonneur aux âmes neuves
roncevaux (navarre)
à m. romain camus
un, rue véronèse
mons (var)
monsieur camus
avec mon amie viviane, nous avons vu, sur une revue, une annonce :
monsieur camus monnaie ses rosiers rose saumoné “reine sissi” à six euros.
six euros un rosier ancien ! immense sourire, en ces années où une économie, sans communisme aucun, use sou à sou nos économies.
six euros un rosier à racines nues !
nous vous écrivons, car nous rêvons à ce rosier saumoné, ainsi nous vous versons une somme nécessaire à ce commerce.
césar marivaux avec viviane
***
m. romain camus un soir aussi
un, rue véronèse
mons (var)
à m. césar marivaux
mme viviane marivaux
un, rue sonneur aux âmes neuves
roncevaux (navarre)
m. marivaux, mme,
mon annonce vous a ravis, ainsi vous comme moi serions ravis.
néanmoins, nous n’avons aucun rosier ancien “reine sissi” à commercer,
nous en avions ! oui, nous en avions !
un nouveau virus, mauvaise virose carcassonnaise ou saxonne, a massacré, en un soir, nos roseraies.
aucun semis n’a survécu ! aucun rosier, même écussonné, n’a conservé sa vie sous nos ennemis.
voir ainsi mourir ses semis, nos œuvres, nous a menés comme vers un mur.
nous sommes ruinés, mieux, nous renonçons à vivre, nous mourons, monsieur.
nous mourrons avec nos roses carminées ou saumonées, roses sans sève !
une vie à semer mes roses !
ô mauvaise vie !
ô misère noire !
ô inouïs virus assassins !
nous nous excusons encore
monsieur camus
***
m. césar marivaux un soir encore
mme viviane marivaux
un, rue sonneur aux âmes neuves
roncevaux (navarre)
à m. romain camus
un, rue véronèse
mons (var)
monsieur camus, ami ruiné,
si nous osions, mon amie viviane avec moi, ce courrier-ci vous sera un secours :
voici six mois, nous avions mis en réserve, en mai, en nos serres, ici, sous nos marines, nos roses mauves anciennes “mme carina”. nous avons creusé, nous-mêmes, avec nos mains, six creux où masser nos rosiers.
rosiers sains si suaves aussi.
monsieur, avec ces rosiers, sains, sans cancer, créons une union sans scoumoune.
nous vous en assurons une vraie sinécure.
avec vos œuvres, une croissance sera assurée à nos roses mauves.
nous vous réservons ces rosiers.
en avion, nous vous servirons.
césar, viviane, amis à vie
***
m. romain camus un soir sans cesse
un, rue véronèse
mons (var)
à m. césar marivaux
mme viviane marivaux
un, rue sonneur aux âmes neuves
roncevaux (navarre)
viviane, césar,
ma maison vous envoie ses mercis en avance, vrai, six rosiers “mme carina”, ma vie à nouveau s’anime ! ivresse vraie ! rires en essaims !
nous recevrons ces six rosiers, nous creuserons nous-mêmes six creux (un à un ) nous saurons aimer ces roses !
mon commerce à nouveau vivra, ce sera un immense succès !
amis nouveaux, ma vie, consacrée aux roses, vous concerne comme si nous vivions unis sans concurrence aucune.
césar merci, merci, merci.
mon souvenir à mme viviane
un ami à vie :
romain camus à mons (var)
***
m. romain camus un soir à nouveau
un, rue véronèse
mons (var)
à m. césar marivaux
mme viviane marivaux
un, rue sonneur aux âmes neuves
roncevaux (navarre)
césar, viviane,
ma roseraie recommence son ascension.
nous avons reçu vos rosiers, accourci racines, écorcés ces rameaux, mis en nourrice ces six “mme carina” mauves.
nous avons mis sur vos rosiers une essence américaine : aucune virose ne massacrera ceux-ci, ni ne s’immiscera en nos serres. vaccinés vos rosiers !
en un an (voire moins) nous aurons vaincu ce marasme.
vous, moi, avons rassis mon commerce.
nous vous murmurons encore nos mercis amicaux à vous, viviane, à vous, césar, mes amis.
romain
m. césar marivaux en soirée
mme viviane marivaux
un, rue sonneur aux âmes neuves
roncevaux (navarre)
à m. romain camus
un, rue véronèse
mons (var)
ami varois,
nous sommes, sans nuances ni mi-mesure, émus comme nourrissons au sein.
nous couinons, sans ironie, à voir vos ennuis comme essorés.
nous irons à mons (var), nous verrons nos (vos) roses orner vos serres.
nous nous remémorerons ces mauvais souvenirs, vivrons aussi, avec vous, une romance non commune.
ami, nous venons vous voir, nous sucerons, au verre, vos vieux vins rosés si sucrés mûris en cuves immenses.
viviane, césar