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Le défi du samedi
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24 mai 2008

La Môm' Confitur' (Papistache)

Han ! I’ fait déjà jour ? J’ai l’impression d’avoir dormi sur un’ planche. Où c'que j'’ai passé la nuit ?  J’étais si fatiguée, si fatiguée, hier. J’me souviens plus comment j’suis arrivée là. J’ai faim ! J’AI FAIM !
J’entends du bruit... des voix...

“Bon, ma petite Ginette, tu sers Madame Brouet, tu t’occupes de Madame Verdon et après tu fais la chambre numéro 6.
Oui, Madame Serge !”

Hum ! Ça sent bon  ! La Ginette aussi è’ sent bon... un' odeur d' lavande ! J’aim’ bien la lavande. Ell' dépose un plateau  devant  un' vioque qui roupille encore. La mère Brouet, sûr ! pis un autre à côté du grand corps maigre, ça qui doit être la Verdon.  Et moi ? J’ai pas d' plateau r’pas ? Hey ! Vous m’oubliez Ginette ! GINETTE ! Ell' est sourde. Eh ben, GINETTE, vous oubliez Madame... Nom d’un' marguerite ! j’me rappelle plus mon nom. V’là bien ! Oh ! Ginette ! J’ai la dalle ! GINETTE ! Tiens ! Parl' à mon Jules ! Ça f’rait l’mêm' effet !

Quelle nuit !  J’étais p’êt’ soûle hier ! Mais... c’est pas une raison pour m’priver de bectance ! La vioque Verdon, a pas cor’ remué un cil. J’y piqu’rai bien sa confiot’ ! Purée qu’è sent bon, sa confiote ! Quand j’aurai bouffé un' tartin’ ou deux, ça ira mieux ! J’m’ tir’rai d’ici et basta, mais enfin, j’aim’rais bien savoir pourquoi qu’on m’sert pas d’plateau r’pas, à moi. Faut-y que j’déclin’ mon identité ? Ma faut’ à moi, si j’ai oublié mon blase ? J’étais si fatiguée, hier ! J’sais pas c’que j’ai fait. J’ai les paluches dégueulasses, j’ai dû m’traîner jusqu’ici et finir au pieu à côté des vieilles grabataires de l’hospice. Purée, y z’auraient pu m’passer à la douche !

Bon, la Ginette a s’est tirée passer la wassingu' à côté ! Moi, la vioqu' Verdon, j’y bouff’ son casse-dall'. On verra bien si la mémoire m’revient. Hummm ! Hummm ! J’ador' trop la confiote aux z’abricots, si ça c’est pas du bonheur ! Ça m'frétill' dans l'abdomen ! Tant pis, j’y vais avec les paluches, c’est trop bon.  Si Bezzito m’voyait, y’s’rait chocolat. Bezzito ? C’est’y qu’ la mémoir’ è’ m’reviendrait. C’est l’sucre à la confiote à la mère Verdon. J’lai toujours dit, l’sucr’, c’est bon pour la souvenance. Cor’ un peu avant de m’tirer. J’vais bien finir par m’rapp’ler qui j’suis ! J’me fais vieille ! Ça m’s’rait pas arrivé cor’ la s’maine dernière, c’tt’ affaire !

“Eh bien Ginette ! Tu as encore laissé  Madame Verdon toute seule. Tu sais bien qu’il faut la faire manger à la cuillère ! Et regarde, il y a une guêpe dans sa coupelle de confiture. Ma fille, je vais en parler à Monsieur le directeur !”

Une guêp’ ? Une guêp’ ? Non mais, est-ce que j’ai un’ taill’ de guêp’ ? Ah ! Ça m’revient ! J’suis un’ abeill’,  eh, gourdasse ! Purée, j’ai les ailes qui poissent, j’peux p’u m’envoler, tu vas voir qu’la Gin...

Schriiiccchhht !  Oh ! Tout ce cirque pour une mouche à miel ! Voilà, c’est réglé ! De toutes façons, la mère Verdon, elle aime PAS la confiture aux abricots !

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17 mai 2008

Presque rien... (Papistache)

C'est que... voyez-vous... je n'ai que moi à offrir... c'est pas grand-chose... et même... ce pas grand-chose... Mamoune y tient encore... un peu... alors... ben alors... je vous offre... une parcelle de mon temps... un morceau d'infini arraché au cours des jours ... rien quoi... le souvenir d'avoir croisé ici... de belles idées... de belles personnes... que pensiez-vous que je puisse vous offrir d'autre... un morceau de mon existence... ça l'fait ? comme on dit sur les trottoirs des villes où je ne vais guère... c'est pas grand chose... mieux que rien...*



Pour les points de suspension c'est que Tilu m'en a livrés trop pour ma petite sacoche

10 mai 2008

Saint Benoît patron du foie gras (Papistache)



Il était une fois, une fille qui parlait aux oies.
Mais les oies ne répondaient pas. C’est bête ma foi !

Lassée de s’adresser à ses oies, en vain, de
gros mots sortirent de ses lèvres : “Sales grosses dindes !”

Elle entreprit de murmurer à l’oreille des poules
Lesquelles, en caquetant, se foutaient de sa goule.

La fille aurait pu faire le tour de la basse-cour,
Mais au couvent, son père l’enferma à double tour

Depuis, elle adresse ses prières à Benoît,
Qui ne répond pas, le patron de la Sainte-Croix.

Du coup, la gamine console sa crise de foi
En tartinant son pain béni de foie gras d’oie.

Moralité
       
Si, futée, la fille avait parlé au  Jeannot
Plutôt qu’aux sottes volailles de son troupiau
Dans ses jamb’s gambaderaient de jolis marmots.

Moralité seconde

Si Benoît prenait l’temps de répondre aux prières,
Du Sud-Ouest, l’industrie s’écroul’rait toute entière
Tais-toi Benoît, du foie gras, protèg' la filière.

3 mai 2008

Matez l'homme - Papistache

Si j’étais invisible, je me cognerais, imparablement, à tous les murs environnants. Ma rétine, invisible, ne recevant aucune image, je serais aveugle. Aveugle pendant une heure, et invisible ! Les distractions seraient rares.

Mais Kloëlle, la fée, remédierait à ce problème. On dirait que...


Miracle. Je vois et on ne me voit pas. Tiens, c’est curieux, j’ai l’impression d’être redevenu adolescent.

En une heure, brave-t-on soixante années d’interdits sociaux ?
Pas moi !

Je profite — dis, tu permets la fée ?— de mon invisibilité précaire pour tenter d’exorciser ma plus grande peur. Une ! Une de mes plus grandes peurs. Les serpents ! Oui, j’ai une peur tout à fait occidentale des reptiles, mais de là à vouloir caresser une vipère du Gabon sans qu’elle me voit ! En plus elle risque de déceler ma chaleur  et... couic ! Mourir invisible. Belle affaire !

Non ! Trouver ce qui m’effraie le plus en ce moment !

Euréka !

Un photomaton, vite, j’ai le temps, en courant...

Je m’installe sur le tabouret pivotant, face au miroir. Je vide mon porte-monnaie. Cinquante photographies. J’ai  vaincu ma phobie du photomaton !

Enfin, j’envoie une photographie dédicacée à toutes les internautes qui partagèrent mon thé matutinal en 2007  !
J’en connais qui vont exulter !

26 avril 2008

La boite aux lettres bleu mistral - Papistache

Le soleil donne déjà dans le jardinet où courent des papillons zébrés.
 “Ding-dong !” La factrice signale toujours son passage d’un index facétieux.

L’homme, en pantoufles, de la démarche lente des vieillards au souffle court, remonte l’allée au bout de laquelle se tient la boîte aux lettres, jadis rutilante. Son pantalon de velours côtelé arrache aux lavandes des essences qu’il perçoit encore. Les odeurs plus subtiles lui sont désormais imperceptibles.

Excellente moisson ! Trois lettres. Impossible pour lui de discerner si l’une d’elles se pare de délicats parfums, mais sa vue — fort améliorée par des auxiliaires branchues — retient celle qu’il ouvrira en dernier. Une enveloppe bleu mistral ! Voici longtemps qu’il n’en a pas reçue.

Le petit banc de pierre s’offre à lui, mais il hésite à s’y asseoir.

“ Cher Monsieur Papistache, ne guettez plus l’arrivée de ma gourmette. Figurez-vous que la femme de ménage l’a retrouvée sous le lavabo du cabinet. Je suis navré de vous avoir créé ces angoisses — votre visage les trahissait — et je vous renouvelle mes excuses.
Pour les résultats de votre examen, nous avons toujours rendez-vous jeudi prochain à 15 heures.

Docteur Leroidec
Ancien interne des hôpitaux de Paris
Médecine du sport et proctologie

 
Le visage du vieil homme irradie, un tournesol oriente sa grosse tête crépue vers son sourire ; il s’assied. La première fois depuis trois jours.

La lettre du centre des Impôts est vite déchirée. Il l’attendait depuis plusieurs semaines, celle-ci.

“Cher Monsieur, bla-bla-bla...,

bla-bla-bla... nous avons réalisé que l’erreur venait de nos services. Mademoiselle bla-bla-bla... une erreur de débutante ( elle débute) bla-bla-bla... numéro de sécurité social de votre épouse bla-bla-bla... noté à la place du montant de vos revenus, bla-bla-bla... enverrons un rectificatif bla-bla-bla... veuillez agréer bla-bla-bla...

Bla-bla-bla...

trésor public bla-bla-bla...”

 

Libérée d’un poids colossal, la colonne vertébrale du bonhomme se redresse comme un arc. Il retrouve sa taille de jeune homme. Une merlette, affriolante, traverse l’air en sifflant hardiment.

La lettre bleue ! Le canif, à la lame effilée, quitte la poche du pantalon. Une écriture de femme ! On ne déchire pas une telle enveloppe. On l’ouvre avec précaution. Il ne reconnaît pas la patte des membres de sa tribu : filles, petites-filles ou amies des petits-gars.

“Cher Monsieur Papistache,

Vous m’avez oubliée, pas moi ! J’avais gravé, dans ma mémoire, votre nom et votre adresse si joliment calligraphiés sur le devant de votre boîte à lettres bleu mistral.

J’avais dix ans et je suivais Maman dans ses campagnes de prédication pour annoncer l'instauration prochaine du paradis sur la terre. C’est moi qui avais essayé de vous proclamer la bonne nouvelle du Royaume de Dieu. Maman était fière de me voir développer ses arguments. Je gagnais ma place auprès du Seigneur.

Vous nous aviez reçu si gentiment, si poliment, alors que souvent je recevais insultes ou mépris. D’emblée, vous nous aviez dit votre athéisme et à moi vous aviez déclaré : “Tu as l’air d’être une petite fille très intelligente. J’admire ton courage. Aujourd’hui tu défends la foi de ta maman, je te souhaite, une fois adulte, de pouvoir affirmer tes propres idées avec la même conviction. Bonne chance !”
Je sais que c’est à partir de ce jour que j’ai commencé à m’interroger sur les principes qu’on m’enseignait. J’ai continué longtemps à aller frapper aux portes. Devant chaque sonnette, en surimpression, je voyais votre belle écriture.

Vous imaginez que cela n’a pas été facile. Maman n’accepte pas encore ma décision, mais je suis patiente. Je crois que j’arriverai à lui montrer qu’une autre voie est possible.

Mon futur mari est doué de mille talents, je lui ai demandé de me fabriquer une jolie boîte aux lettres qu’il a peinte en bleu mistral ; nous l’installerons au bout de l’allée de notre maisonnette. Vous êtes le bienvenu. J’aimerais tant que ce soit vous qui écriviez nos deux prénoms sur la petite porte de bois...

Érika...

 
Il ne discerne pas si cette chaleur qui l’envahit, émane de l’intérieur de sa poitrine ou si c’est le soleil qui lui chauffe les omoplates. Il échafaude déjà un plan pour tenir en haleine sa doulce amie le plus longtemps possible.

— Épouse-Sautillante, viens donc t’asseoir sur le petit banc de pierre. Tu aimes toujours les belles histoires ?
 

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19 avril 2008

Liste de courses poètique de Papistache

Je marchais dans la rue, sans but précis, juste histoire de dérouiller mes muscles jugés trop oisifs par Épouse-Sautillante quand une jeune femme, téléphone portable visé à l’oreille, me double — autrefois, personne ne parvenait à me dépasser, c’est terminé — en parlant haut.
J’allonge ma foulée et me mêle — voyeur-cavaleur-indiscret — à la conversation. Un don du ciel, Val & Janeczka accepteront-elles d'en publier la transcription, pour leur défi du samedi ?

“ Ah ! Alexandrin, mon barde chéri ! Je te rappelle que ce soir nous recevons à dîner tes amis de l‘harmonie municipale, je veux bien être votre muse et  préparer le repas, mais tu te charges des commissions. Ne me sors pas ton éternelle chansonnette, j’en ai ras la strophe du sempiternel refrain. Pour une fois, tu ne vas pas nous pondre une tragédie, sonnet quand même pas la mer à boire de faire les courses, épigramme de merde alors !

En rentrant de ta ballade, pour l’apéro, achète des vers, un litre d’oxymore, poète aussi un autre de pastorale pour les fans d‘anisette.
Je crois qu’il reste des hémistiches au frigo, tartinées sur des tranches de quatrains grillés, cela suffira, au pire on poêlera un hexamètre de boudin, coupé en rondeau et cuit à point, je te dis pas le cantique.

Pense également à commander des ritournelles fraîches au poissonnier, on fera des sushi au haïku, avec les sourates au roquefort ce sera suffisant.

On pourrait faire une fondue, j‘adore voir filer les métaphores, césure que ça va plaire. Il ne reste plus de vin blanc, prends-en une anaphore à la cave viticole.

Pour le dessert, je verrais bien une allitération au chocolat au lai ou une fable aux amandes. Surtout pas d’anacoluthe au rhum,  l’épopée de la dernière fois m’a suffi quand tes amis trouvères bon de vider la bouteille jusqu‘à la lied.

Ne dépense pas trop quand même, tu sais que satire un peu en ce moment au niveau des comptines.

Permets que je te stance un peu, ne psaume pas la moitié des courses en route, je connais la rengaine.

A ce soir, mon Alexandrin d’amour, je donne cet après-midi une aubade avec mes copines Ode Élégie mais je serai là, fraîche et prose, pour la réception.”

La jeune femme a raccroché puis elle a accéléré l‘allure ; si j’avais eu un portable, j’aurais appelé Épouse-Je-Suis-Pas-Les-Pompiers pour qu’elle vienne me chercher. Je suis rentré en claudiquant.

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