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24 septembre 2016

Participation de Vegas sur sarthe

 

Cette immense fortune d'être deux (Edith Piaf)

 

Charles avait longtemps hésité entre Saint-Romain-de-Surieu et Cheyssieu mais c'est une ravissante Assieutoise qui – lui ayant tourneboulé la tête – l'attira en son fief.

Il ne connaissait de l'Isère que le peu qu'on lui en avait parlé à l'école de la Croisée des Champs de son village de Mirabel au Québec où il avait toujours vécu.

La France l'accueillait de la plus belle manière qui soit et, penché avec sa belle sur la Varèze tumultueuse, Lafortune sourit aux eaux d'Assieu...

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17 septembre 2016

Le tire-bouchon pour les Nuls (Vegas sur sarthe)


Signe de ponctuation fabriqué à partir d'un tire-bouchon, le point interrogatif est généralement entortillé à la fin d'une phrase et signifie que tout ce qui précède était une question adressée au lecteur de ladite phrase.
Le point interrogatif appelle donc une réponse dans la mesure où le lecteur a compris que ce qu'il venait de lire était une question et qu'il peut y apporter une réponse.
Prenons l'exemple de la phrase tirebouchonnée : Where is Brian?
La question suppose que le lecteur sait lire a little of english, connaisse Brian de près ou de loin et sache où il se trouve à cet instant de la lecture de la question.
On notera que le  point interrogatif anglais a la forme d'un corkscrew contrairement au point interrogatif français qui a la forme d'un tire-bouchon (d'où la réputation des français).
On pourrait se poser la question (That is the question) de savoir pourquoi l'auteur a tant besoin de savoir où se trouve Brian mais la question n'est pas là... (points de suspension)

D'après le manuel Speak English Classe de 6ème, on sait que dans les années 80, Brian se trouvait dans la kitchen c'est à dire la cuisine.
On peut supposer qu'aujourd'hui il n'y est plus – c'est une question de bon sens – à moins qu'il y ait été séquestré par sa soeur Jenny qui se cachait à l'époque dans la bathroom c'est à dire la salle de bains.
Dans les années 80 on ignorait le GPS, ce formidable outil qui permet aujourd'hui de répondre précisément à ce genre de questions par quelque chose d'imbuvable comme: Latitude 48.109717 Longitude 0.08172799999999825.
Je précise que ceci n'est qu'un exemple de réponse et que Brian ne se trouve pas là puisque ce sont les coordonnées de ma propre kitchen.
Je n'aurai pas l'impudeur de donner les coordonnées de ma bathroom que cette petite conne de Jenny aurait pu squatter dans les années 80.

Et si c'était plutôt les voisins David et Helen Gray qui le séquestraient?
Non! Ne répondez pas, c'est juste une question, un exemple parmi des milliers de questions que peut provoquer le tire-bouchon.
La vraie question est de savoir si ce tire-bouchon est là pour tirer les vers du nez au lecteur... à toi, lecteur.
Non! Ne répond pas, c'est juste une question pour essayer d'aider à comprendre.
Oublions les Miller et les Gray et faisons comme si le tire-bouchon n'avait jamais été inventé.
D'ailleurs un auteur oublie rapidement sa question, trop occupé à écrire la phrase suivante.
De toute façon le lecteur est roi, un point c'est tout.

16 juillet 2016

La belle de Souzix (Vegas sur sarthe)

 

Concepcion naquit un beau matin de printemps parce que dans les contes on nait souvent un beau matin de printemps; il fallait bien qu'elle naquit à cause de son prénom et aussi parce que sa mère Anunciacion était enceinte jusqu'aux dents d'un bel inconnu car les inconnus sont toujours beaux en fin de conte et au début aussi.
Qu'elle était jolie avec ses yeux doux comme du velours, ses sabots noirs et luisants comme des sabots et ses très longs cheveux noirs qui s'arrêtaient au bout d'un moment, si jolie qu'on aurait dit Marylin mais en brune, bref elle était si jolie - comme dans les contes et dans la chanson d'Alain Barrière - que dans tout le royaume d'Espagne on l'appelait la belle de Souzix à cause de son père inconnu, de ses yeux de velours et de son Tchica-tchica-tchic-aïe-aïe-aïe.


Elle questionnait souvent son journal intime car il fallait bien qu'elle le questionnasse ou qu'elle le questionnât, enfin bref... comme dans tous les contes: "Diaro intimo, mon beau diario intimo, dis-moi que je suis la plus belle et qu'un jour(nalintime) mon prince charmant viendront ou bien viendra... il sera beau comme moi, enfin pas trop moche quand même, bref... il sera un amant très magnifique qui me fera jouir et tout et tout".

A ces mots le journal qui était pourtant intime ne se sentait plus de joie mais ne répondait jamais rien, tout comme les miroirs qui n'ont pas droit à la parole non plus; elle lui remplissait ses pages car il en avait plusieurs, des prénoms les plus charmants... il y avait là Rocco, Bernardo et Zorro, non... pas Zorro, et puis aussi Rudolf et Valentino et la liste des courses de chez Aldi mais en fin de conte on s'en fiche.

Alors que le conte faisait déjà pas loin de trente lignes, Anunciacion décida qu'il était grand temps de la marier avant que le conte ne déborde et aussi parce que Concepcion griffonnait son diaro intimo à en perdre l'appétito.
Anunciacion lui trouva un beau parti au rayon des princes charmants; on dit parti alors qu'il venait tout juste d'arriver mais c'est comme ça dans les contes; il s'appelait Ramon ou un truc comme ça, bref il eut fallu qu'elle le susse ou bien qu'elle le sut, enfin bref... chaque chose en son temps comme répétait sa mère qui aimait bien répéter; Ramon portait bien son nom et elle en fut ravie dès qu'elle le vit et ravie au lit aussi mais dans les contes on ne le dit jamais de cette façon; de toute manière Concepcion était ravie partout.

Qu'il était beau Ramon avec ses yeux doux, sa barbiche de sous-officier et ses sabots noirs et luisants qui lui rappelaient quelque chose, enfin bref.
Il plut très fort à Concepcion, vraiment très fort pourtant c'était un beau matin de printemps - la météo était bonne sur Madrid comme on l'avait annoncé sur Telecinco - un beau jour pour se marier et c'est ce qu'ils fissent ou bien ce qu'ils firent aussitôt, enfin bref... ce fut un beau mariage et Concepcion n'en finissait pas de lire et relire la lettre du Registro Civil de la Casa de Correos de la Puerta del Sol présidence de la communauté de Madrid, enfin bref... on y lisait que Conception Souzix dite la belle de Souzix avait épousé ce beau matin de printemps confirmé par Telecinco, le beau Ramon y Ramon Delgado, tennisman, cinquante-deuxième mondial au classement ATP, enfin bref... un sacré joueur de pennis comme disait Anunciacion qui avait du mal à prononcer les 't'.
Elle avait mis son éternelle robe bleue à poids car les robes à poids sont éternelles dans les contes mais elle en avait retiré quelques uns pour que la robe soit plus légère.


L'heureux élu, on dit souvent heureux au début, portait sa belle veste marron de serveur; il avait toujours été excellent au service et aussi à la volée, mais ça Concepcion allait l'apprendre plus tard...
Comme le conte faisait largement les cinquante lignes, le jeune couple s'empressa de disparaître, c'est parfois comme ça dans les contes et puis ils en avaient plus qu'assez de ces papillons, mosquitos et autres insectes qui volaient autour d'eux à cause du beau matin de printemps et que Ramon essayait de chasser du revers de la main à grands coups de castanuelas et de tamborin, enfin bref... il était moins bon au revers.

Al final on répète qu'ils eurent heureux et furent beaucoup d'enfants ou bien le contraire, enfin bref... on le dit et c'est bueno.

9 juillet 2016

Le cirque pour les Nuls (Vegas sur sarthe)



Avaleur de sabre:   Mangeur de cimeterres muet comme une tombe

Clown blanc:  Drôle de numéro qui nous roule dans sa farine

Contorsionniste: Petit bonhomme en mousse capable d'autofellation sans orgasme

Dompteur: Magicien qui fait passer des moustiques-tigre pour de dangereux félins

Ecuyer: La plus belle conquête du canasson
Ecuyère:  Enfourcheuse de cheval en deux coups d'écuyère à pot (méthode peu cavalière)

Funambule:  Casse-cou filoguidé qui déambule sans préambule

Jongleur: Enfant de la balle qui a bien grandi

Monsieur Loyal: Monsieur Royal qui cache son air sous son aile

Pole Dance: Pole emploi pour artiste victime d'un coup de barre

Trapéziste: Voltigeur accroché à la droite joignant le point d'intersection des côtés non parallèles au point d'intersection des diagonales et qui passe par les milieux des côtés parallèles... ou bien accroché où il peut
 
Ventriloque: Bouchiloque qui joue avec ses tripes

2 juillet 2016

Du sable entre les orteils (Vegas sur sarthe)


Le sable est partout, un sable fin, pernicieux, insupportable supplice sur ma serviette de plage et dans mon intimité... entre mes orteils. J'ai toujours eu horreur du sable entre les orteils et des dangers que ça représente: irritations, mycoses, voire Pityriasis versicolor.
Je sais, le Pityriasis versicolor ça prête à sourire la première fois mais je ne vous souhaîte pas de l'attraper!
Et les mômes qui quémandent qui sa pelle, qui sa bouée canard, qui une glace banane-malabar-tiramisu, qui... combien en a-t-on amené déjà?
Kevin, Maxence, Charlène, Priscilla... où est passée Priscilla?
Sur une bonne moitié de ma serviette Germaine – ma moitié – en est à sa troisième fausse couche après deux vraies couches d'huile ultra bronzante aux actifs anti-âge appliquées sur sa peau d'un superbe rouge tomate.
Trois jours qu'on est là et il est grand temps que j'échappe à cet enfer.
Alors sans réfléchir aux conséquences j'extirpe du sac de plage le premier bouquin venu: ça s'appelle Cinquante nuances de Grey – Tome IV.

Comme j'ignorais qu'il y a déjà eu trois tomes, j'ai l'impression de m'installer dans un fauteuil de cinéma en plein milieu de la séance.
Je m'attendais à des préliminaires, à une introduction mais pas comme ça. Je lis :”Je vais te faire jouir comme un train de marchandises, bébé”.
C'est pas facile de s'imaginer un train de marchandises en train de jouir... d'ailleurs l'expression “en train de jouir” est plutôt amusante pour un train.
Par contre “comme un train de marchandises bébé” ça ne veut rien dire; l'auteur a dû vouloir écrire “comme un train de marchandises BB” comme la fameuse BB9004, une locomotive à deux bogies de deux essieux moteurs... sacré matos!
Record de vitesse en 1955 à 330km/heure... c'est vrai que c'est jouissif quand j'y repense, j'avais 8 ans à l'époque, l'âge où on commence à aimer les trains.
J'ai toujours aimé les trains comme j'ai toujours eu horreur du sable entre les orteil; cette histoire commence à me plaire alors sans crier gare – encore une expression marrante – j'enchaîne les pages à un train d'enfer – décidément, encore une expression marrante – Germaine, le sable, mes orteils et même les gosses ont disparu :”Elle a un très, très beau cul. Et je vais le rendre rose comme du champagne."
Quand on pense au prix d'une huile ultra bronzante aux actifs anti-âge, alors qu'il suffirait d'être un jeune PDG séduisant pour rendre un cul rose...

Je ne sais pas comment j'ai fait mon compte mais j'ai dû sauter un chapitre, je lis :"Ses brusques inspirations sont une musique pour mon pénis."
Anastasia alias Germaine est penchée sur moi, dégoulinante d'huile solaire et me crie des choses que j'ai du mal à entendre :”Ca va pas? T'es tout pâle. Va pas dégueuler sur ma serviette”.
Germaine a l'art de s'approprier les choses, les serviettes de plage comme le reste.
J'ai mal dans le bas-ventre mais c'est pas le pénis, plutôt ces merguez de Mammouth (l'hypermarché, pas l'animal) qui ont refusé de cuire ce midi au barbecue.
Je me sens défaillir et je m'accroche à Anastasia alias Germaine, à son corps huileux, j'ai comme un flash, la vision sado-maso d'une tomate insaisissable...

Combien de temps ai-je couru jusqu'aux toilettes dans cet enfer brûlant qui m'échauffe les oreilles et les orteils?
Je voudrais tant être loin d'ici. A Seattle par exemple, au 1920 Fourth Avenue, au 31ème étage d'un immeuble de luxe, sans sable ni risque de mycose.
L'endroit est frais, tout noir mais frais avec une odeur comme il en existe dans les toilettes de plage; pourtant je me souviens il y a un instant encore :"Elle portait un parfum très frais qui me rappelait le verger de pommiers de mon grand-père."
Ici ça sent pas la pomme ou alors le très vieux trognon de pomme.
J'aurais dû apporter mon bouquin.
Au bout d'un long moment je me sens apaisé, léger jusqu'à cet autre moment où je tente de rouvrir la porte.
N'importe qui viendrait à bout du mécanisme, même un jeune PDG séduisant mais pas moi.
Faut dire que l'huile ultra bronzante que j'ai sur les mains n'arrange rien, bien au contraire.
Je tambourine comme un malade pour qu'on vienne me délivrer et je me souviens encore des paroles de Christian Grey:  “Accroche-toi bébé, ça risque de secouer”.
Pourqui l'appelle-t-il bébé?
Quand on veut s'évader, croyez-moi il vaut mieux lire MacGyver.
Au secours !!

 

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25 juin 2016

Un cadeau du ciel (Vegas sur sarthe)


J'étais bien peinard sous l'arbre de la Connaissance – occupé à mater tous ces trucs qui voletaient dans les nuages, ces machins qui barbotaient dans l'eau et ces bidules qui rampaient sur la terre – quand c'est arrivé sans crier gare dans un nuage de poussière ocre (ça ne pouvait pas crier gare puisqu'IL n'avait pas encore créé la gare).
IL a déposé le cadeau devant moi en disant: “Soyez féconds. Croissez et multipliez-vous”.
Comme IL ne me vouvoyait pas, j'ai compris qu'IL nous parlait à tous les deux, mon cadeau et moi.
J'en suis tombé de mon hamac, un hamac en kit de lianes et de feuillage que j'avais trouvé chez Amazone.
C'était un cadeau pas comme les autres, pas comme tous ces machins qu'IL inventait chaque jour que Dieu fait mais j'ai aussitôt flairé un truc pas très catholique... ce cadeau me ressemblait trop pour être honnête.
Pour l'emballage IL ne s'était pas foulé – IL a jamais été doué pour les emballages –  c'était le même que moi... à poil!
Mon cadeau me ressemblait autant que je pouvais me voir puisqu'IL n'avait pas encore inventé la psyché mais en même temps il était différent... moins anguleux, moins massif, moins musclé, plus en courbes, plus galbé, plus... oh et puis merde! Oui là! Plus harmonieux que moi.
Et alors? J'avais bien le droit de l'apprécier puisque c'était mon cadeau à moi, même s'il avait parait-il une côte en moins!
Pour qui d'autre aurait-il été puisque j'étais seul avant mon cadeau.
J'ai compris que je n'étais plus seul quand mon cadeau a commencé à parler comme moi, mais pas vraiment comme moi; ça parlait beaucoup et longtemps, presque sans respirer.
Pourtant ça respirait, je m'en rendais compte à ses... à ses poumons qui se gonflaient et se dégonflaient comme... comme les miens mais en plus galbés, plus proéminents... oh et puis merde! Oui là! Plus harmonieux que mes pectoraux.

De quoi parlait mon cadeau? Pas facile à dire, c'était un peu comme une musique, une douce musique comme celle d'un slow si le slow avait existé, bref je me comprends.
Alors j'ai écouté mon cadeau à musique jusqu'à ce que ça se mette à parler plus fort, plus distinctement, en articulant bien comme si j'étais un abruti ou un demeuré: ça disait :”C'est toi mon cadeau”.
J'hallucinais.
IL m'avait offert un cadeau qui me prenait pour son cadeau!
J'ai failli lui renvoyer son cadeau en recommandé même si on ne refuse pas un cadeau du Créateur mais je n'ai pas eu le temps de l'emballer... ce fut tout le contraire.
Mon cadeau s'est approché très près de moi, un peu comme le serpent tentateur – vous savez, celui qui descend de l'arbre pour vous refiler une figue ou un fruit à pépins que vous allez mâchouiller toute votre vie – et ça m'a touché avec ses mains... pas des mains rèches et noueuses et pleines de doigts comme les miennes, non... des mains expertes, plus fines, plus douces, plus... oh et puis merde! Oui là! Plus caressantes que les miennes.

Alors j'ai gardé mon cadeau ou plutôt mon cadeau m'a gardé... avec ses petits plats mitonnés tout feu tout flamme, ses galettes de maïs et ses fruits frais, et puis ma feuille de vigne lavée et repassée chaque matin et aussi notre hamac retapé chaque soir; faut dire qu'on a des matins et des soirs et c'est vachement pratique pour aller se coucher... parce que aller se coucher, c'est un vrai cadeau du ciel.

4 juin 2016

Devoir de mémoire (Vegas sur sarthe)


Hier j'ai paumé un truc mais j'suis pas foutu d'me rappeler quoi, pourtant j'ai fouillé dans ma trousse mais comme je n'savais pas c'que je cherchais....
J'crois qu'si c'était important j'm'en souviendrais ou j'me l'rappellerais; j'ai jamais su comment qu'on disait ni combien qu'on met de 'p' et de 'l' à rappeler. Faudra que j'demande à Monsieur... euh... à la maîtresse.
C'est un truc qu'a pas l'air de me manquer, ça devait être tara ou biscotté, zarbi, limite inutile alors c'est pas une grosse perte.
J'crois qu'on s'farcit trop la tronche à se souvenir de choses sans importance qui nous polluent l'cerveau – comme la date de la bataille de Marignane ou la couleur du cheval blanc du 4ième Henri – alors comme j'accorde peu d'importance aux choses, j'ai l'cerveau qui devrait avoir débordé depuis un bail.
Pourtant y déborde pas ce qui m'fait dire que plus on a d'souvenirs qui s'bousculent et moins on a d'mémoire pour s'en souvenir ou bien c'est les souvenirs qui bouffent la mémoire comme des enzymes gloutons.
Parait qu'on a un hippocampe dans la tête, une sorte de cheval marin qui gère tout ça, qui trie et qui fait l'ménage comme ma reum dans ma chambre.
J'me demande comment font mes vieux pour se souvenir de tout c'qu'y z'ont vécu depuis l'temps qu'y z'ont vécu... Y doit y avoir un d'ces bordels dans leur tête. J'voudrais pas voir la tronche de leur hippocampe ! Les souvenirs en conserve, très peu pour moi.

C'est comment qu'on fait un collier de nouilles, déjà?
J'crois bien en avoir fait un l'année dernière mais avec tous mes trous d'mémoire  j'sais plus pourquoi j'avais fait ça ni c'qu'il est devenu.
Demain la maîtresse nous a promis un devoir de mémoire... une histoire de poilus à laquelle j'ai rien entravé.
Faudra que j'me rancarde et qu'j'arrête un peu mes conneries si j'veux passer en sixième l'année prochaine avant d'avoir trop de poils au menton.
Mon vieux dit qu'à quatorze ans c'est pas normal et que j'devrais arrêter d'bouffer mes gommes...
Tiens! J'me demande si c'est pas ma gomme que je cherchais hier... j'ai dû la bouffer, ou pas.

28 mai 2016

Thrombose coulissante (Vegas sur sarthe)


“Qu'est-ce qui vous amène, ma p'tite dame?”
“Le 38, Docteur”
“38? Pas de grosse fièvre donc rien de bien grave”
“Euh... le Bus 38, Docteur”
“Je vois... celui qui passe avenue Bichat... ça tombe bien, c'est là où j'exerce...mais dites-moi tout quand même”
“Et bien Docteur, j'ai des palpitations”
“Je vois. Détendez vous et ne me dites rien”

(Silence)

“Et ensuite ma p'tite dame?”
“Vous croyez que c'est ça la fracture du myocadre, Docteur?”
“Difficile à dire en ces termes. J'ai besoin d'en savoir plus”
“Et bien j'ai eu mes premières palpitations quand Stent m'a laissée tomber”
“Vous avez perdu un stent? Mais quand est-ce qu'on vous l'avait monté?”
“Euh... il était monté tout seul, Docteur... pourtant j'habite au cinquième sans ascenseur. C'était un officier de justice anglais, je crois qu'on dit un coroner”
“Vous tombez bien! Les coronaires c'est ma spécialité ma p'tite dame... je suis coronaropathe et je peux vous dire l'âge de vos artères au jour près”
“Je demande à voir”
“J'aurai d'abord besoin de votre carte Vitale, c'est fondamental... et ensuite?”

“Après Stent je suis sortie avec un bookmaker que j'avais trouvé par internet”
“C'était quelle marque?”
“Je vous demande pardon?”
“Ce pacemaker, c'était quelle marque?”
“Euh... je vous jure que c'était un bookmaker... il s'occupait de paris comme un bookmaker quoi”
“Qu'est-ce qu'il faisait à  Paris?”
“Des courses pour le PMU”
“Je vois. Coursier pour une Unité de Médecine Préventive... vous étiez en de bonnes mains ma p'tite dame, et ensuite?”

“En bonnes mains si on veut puisqu'il m'a quittée alors j'ai cherché à me consoler avec un percussionniste”
“Pardon mais on dit perfusionniste, excusez-moi de vous reprendre”
“Oui, peut-être en tout cas je n'avais pas décroché la timbale avec celui-ci non plus”
“C'est çà... et ensuite?”
“Le suivant était obsédé par son instrument, un trombone ou quelque chose comme ça, enfin un machin qui coulissait à tout bout de champ”
“Je vois... une thrombose coulissante, un thrombus en formation...”
“Non Docteur, pas en formation, un grand orchestre symphonique, celui là-même d'où venait mon percussionniste ou plutôt comme vous disiez”
“Savez-vous que le risque de thrombose est multiplié par six si vous prenez la pilule?”
“Ah ça! Pour la prendre, je l'ai prise Docteur... alors par désespoir j'ai pris un chien mais il avait trop de poux”
“Je comprends votre désarroi. Surveiller un seul pouls c'est déjà compliqué pour nous spécialistes alors pour un patient avec plusieurs... et ensuite?”
“Je ne pouvais plus le sentir alors mes voisins me l'ont pris”
“C'est bien d'avoir des voisins serviables de nos jours et surtout équipés d'un oxymètre”
“Euh... non Docteur, ils avaient juste de l'insecticide et puis ils ont gardé le chien”
“Je vois. Avez-vous déjà essayé les bêta-bloquants?”
“Oh vous savez Docteur, des bêtas j'en ai essayé mais c'est bien ça qui me bloquait”
“Je vois. Et bien je crois pouvoir vous annoncer qu'il s'agit d'un souffle au coeur”
“Bon et bien Docteur, je vais prendre ça”
“Vous avez de la veine ma p'tite dame, je fais une promotion en ce moment sur le souffle au coeur”
“Pour une fois que j'ai de la veine, Docteur”
“Je vais donc vous prescrire du Metoprolol, de l'Aténolol, du Bisoprolol, du Céliprolol et pour être efficace j'ajoute de l'Acébutolol”
“Et vous ne craignez pas que ça fasse trop de lol?”
“Ma p'tite dame, je dis toujours à mes patients: plus il y a de lol et plus on rigole... et la blagounette est gratuite! Hi Hi”
“Euh... la... blagounette, je la prends en même temps que tous ces machins en lol?”
“Non, vous la partagerez avec votre ami, ma p'tite dame”
“C'est que... je n'ai plus de petit ami, Docteur”

(Soupir)
“Vous n'êtes pas facile à soigner ma p'tite dame. Il faudra que vous y mettiez un peu du vôtre”
“Que j'y mette un peu de mon quoi?”
“Du coeur ma p'tite dame, du coeur!”

21 mai 2016

Balade printanière (Vegas sur sarthe)

 

On avait parait-il passé les saints de glace

du moins la météo nous l'avait garanti

alors j'avais calé la fiasque de chianti

entre les pan-bagnats et un royal Epoisses

 

Après s'être embourbés dans un chemin crotté

on s'est paumés direct au milieu d'un bocage

elle traînait des pieds, j'étais au remorquage

quand on s'est affalés, moulus, au débotté.

 

Avec mes gants fourrés et mon passe-montagne

j'étais bien empoté pour ouvrir sa parka

elle avait deux tricots, l'écharpe et la chapka.

 

Tout cet harnachement n'avait rien d'incendiaire

j'avais la goutte au nez mais j'en étais peu fier

je ne retournerai jamais à la campagne

 

 

14 mai 2016

L'éblouissante histoire de la lampe à filament (Vegas sur sarthe)


A l'heure où les belles laides – LED pour faire plus petit –  nous éclairent on a tendance à oublier que pendant des lustres (le lustre équivaut à un gâteau de 5 bougies) on a utilisé l'huile, le gaz et le pétrole avant d'imaginer l'ampoule à filament.

Quand Ernestine Labre née de Gaston Labre et Marie Loupiote vécut sa première expérience cousue de fil blanc – une fibre de coton carbonisée que son amant empressé avait arrachée de sa robe trop près d'une bougie – ce fut le début d'une longue série d'amants et d'échecs.
A l'époque il y avait le camp des Labre et le camp des sceptiques, celui de celle qui filait un mauvais coton et celui de ceux qui filaient sans demander leur reste.
Ernestine donna à son fil d'éclairage le joli nom de filament.
Pourquoi filament ? Les mauvaises langues disent qu'elle aurait crié à chaque fois qu'un ex jaloux s'approchait de son atelier : »File amant !»

Lulu, le dernier amant répertorié – souffleur de verre de son métier – a alors l'idée d'enfermer le précieux filament dans une ampoule pleine de vide, ce qui est à la fois un pléonasme et un exploit pour l'époque.
Au début Ernestine n'obtient qu'un Lu mignon qu'elle baptise Petit Lu et qui n'éclaire que  le temps du goûter qu'on appelle donc quatre heures.
Elle espère faire mieux mais deux Petit Lu ne font toujours qu'un quatre heures.
Ernestine a l'idée ( ne pas confondre avec Ernestine Halliday) de remplacer le vide par du gaz mais en 1870 le gaz est rare et à cause d'un trop plein d'eau dans le gaz, Lulu fuit et s'enfuit.

Ernestine fait le vide autour d'elle pour mieux se concentrer; dans l'azote son filament de coton éclaire pendant quatorze heures, ce qui correspond à la durée d'une journée de travail de l'époque.
Ernestine veut faire plus pour gagner plus.
Elle essaie diverses fibres végétales: pousses de bambou-au-poivre-de-Sichuan, Jonc de mer-qu'on-voit-danser-le-long-des-golfes-clairs, Coco-à-la-noix, lin puis l'autre mais sans succès.
Déprimée elle expérimente un double filament de Canna qu'elle nomme Cannabis.

Il faudra qu'un beau matin – car les plus belles inventions surviennent un beau matin –  Eddy sonne à sa porte pour qu'ils imaginent ensemble la «lampe à un camp d'essence».
Eddy sonne mais s'appelle en fait Thomas Jerry Can... appelons-le Eddy.
Eddy !
Eddy arrive du nouveau Jersey, là où on tricote le fil de coton plus vite qu'Ernestine ne le brûle.

Ensemble ils expérimenteront des gaz nobles: Argon, krypton, xénon, néon, des noms en 'on' beaucoup plus distingués que l'octofluorocyclobutane ou l'hydrogène sulfuré qui chlingue trop l'oeuf pourri et emboucane le voisinage...
Elle a du culot Ernestine et imagine bientôt un système de vis à une époque où sévit la baïonnette.

Le suédois Celsius – inventeur de l'échelle qui porte son nom – estimera la température du filament d'Ernestine à 2550°, ce qui fera dire à Ernestine “Voilà pourquoi ça brûle”.
Bien plus tard Eddy inventera le téléphone et le fameux “Allô, Gênes?” qui laissera sur le cul les gênois et les gênoises et permettra l'essor de la lampe moderne et écologique.

La célèbre lampe d'Ernestine est aujourd'hui interdite dans l'Union Européenne, remplacée par la lampe halogène qui sera prochainement interdite dans l'Union Européenne et remplacée par un machin qui sera sans doute interdit dans l'Union Européenne à moins que l'Union Européenne ne soit interdite un beau matin, car les plus belles interdictions surviennent aussi un beau matin...

7 mai 2016

Amphitrite (Vegas sur sarthe)


L'océan était d'huile ainsi que la peinture
la toile bien tendue par Emile Friant
quand d'un coup de poignet que je crus malveillant
elle vira de bord et brisa la voilure.

Nous étions naufragés à trois mètres des côtes
pourtant elle riait à gorge déployée
je nous comptais déjà au nombre des noyés
des marins, des corsaires ou bien des Argonautes.

De ses amples jupons elle fit la grand'voile,
un petit diablotin de sa robe arrachée
on eut dit Amphitrite, que dis-je... Psyché.

Elle m'avait c'est sûr bien mené en bateau
la barcasse tanguait sous d'ardents vibratos
ma mante, mon amante allait tisser sa toile.

30 avril 2016

Délivrance (Vegas sur sarthe)


Un bruit plus fort que les autres sortit Iggi de son interminable nuit.
On lui avait bien dit que le voyage serait long et éprouvant.
Depuis combien de temps était-il balloté dans cette caisse longue et étroite où il était parvenu à élargir de son couteau les maigres fentes qui lui assuraient un souffle de vie ?
Ils n'avaient pas compris grand chose aux explications du passeur, juste quelques mots auxquels accrocher leurs espoirs... boîte... frontières... cimetière... liberté... LIBERTE mais c'est le hochement de tête de sa compagne Aatifa qui l'avait définitivement convaincu.
Résigné, Iggi avait caressé encore une fois le ventre dilaté où poussait leur bébé avant de s'enfuir très vite.
Il trouverait un travail et quand il aurait assez d'argent il les ferait venir, Aatifa et le bébé.

Il doit faire grand jour à en croire la myriade de petits points qui dansent la sarabande dans les rais de lumière; ça doit être ça la vraie liberté... de la poussière de vie en suspension dans cet air qu'il aspire goulûment, le nez collé aux planches moisies.
Combien d'érythréens comme lui ont fait le choix de se laisser enfermer pour mieux s'évader ?
Car un érythréen, ça s'évade... ça ne migre pas... il faut être né syrien pour ça.
La caisse tangue, semble descendre sans fin, ballotée dans des bras trop pressés.
On chuchote, on ahane, on gémit même... il lui semble entendre un sanglot.
Pourquoi quelqu'un sangloterait-il alors qu'on va ouvrir sa caisse, l'extirper de sa prison pour lui montrer le chemin, la voie grande ouverte vers un monde meilleur ?

Il fait sombre à nouveau... sans doute un nuage espiègle qui joue avec le soleil.
Machinalement, Iggi se protège la tête; comme une pluie sourde s'est abattue sur le couvercle de sa boîte... on dirait... une pelletée de terre.

23 avril 2016

Trésor Publio (Vegas sur sarthe)

 

— T'en fais une tronche ce matin, ma chérie!

— Ça y est... elle est revenue

— Qu'est-ce qui est revenu, Germaine?

— La lettre de Trésor Publio!

— Vin Diou! On avait pourtant dit qu'on en voulait plus d'sa réclame... et qu'est-ce qu'y propose aujourd'hui?

— J'ai pas ouvert l'enveloppe... la concierge dit qu'ça peut être piégé

— Ah? Elle en a déjà eu des piégées?

— Ouais... l'an dernier Trésor Publio lui a collé un numéro de télédéclarant alors qu'elle a jamais eu la télé!!

— Alors nous on va l'avoir le numéro de télédéclarant... vu qu'on vient d'changer la téloche à cause de leur foutu passage à la ténetteté

— Tant pis Albert, je l'ouvre, il en saura rien qu'on l'a ouverte. Dis donc, c'est vach'ment plus épais qu'avant... y a p't'être un cadeau

— Un cadeau? T'as déjà reçu un cadeau dans ta vie à part moi?

(Soupir)

— Y'a écrit Prérempli... c'est pour ça que j'la trouve plus épaisse que l'an dernier

— Alors? Y raconte quoi?

— Tu vas pas l'croire! Y dit comme ça qu'ça va devenir payant de renvoyer cette paperasse... deux euros. Tu t'rends compte? Deux euros!

— Ouais mais comme on le renvoie jamais, on s'en fout

— C'est l'principe, Albert! C'est l'principe!

— Et comment qu'y feront ceux qui veulent renvoyer mais qui veulent pas payer deux euros pour renvoyer?

— Attends... y parle d'une déclaration en ligne pour ceux qu'ont internet

— Ouais mais comme on n'a pas internet, on s'en fout

— Arrête de t'répéter. Tu sais pas, on va faire comme d'habitude. On fout tout ça dans la cheminée

— Tu sais bien qu'cette paperasse ça brûle pas bien et ça nous encrasse les chenêts!

— Ah passeque tu t'inquiètes de la propreté des chenêts, maint'nant?

— Oh ça va, Germaine... c'est tout c'qu'y dit ton Trésor?

— Les trucs habituels... si on a déménagé, si on est toujours mariés ou si on est isolés, si on a des enfants attachés au foyer. J'te jure!

— Et si on lui répondait pour une fois, histoire de s'fendre la poire? Si qu'on lui dirait qu'on est hébergés gratuitement chez la concierge, qu'on attache nos enfants au foyer d'la chaudière, que t'es handicapée d'la tête, que tu...

— Non mais ça va pas? Handicapée d'la tête? Et pourquoi ça s'rait pas toi?

— J'ai une autre idée. On met des croix dans toutes les cases! Qu'est-ce que t'en dis?

— La concierge l'a déjà fait l'an dernier. Elle croyait gagner quelque chose au tirage du mois de juin mais y'a jamais eu d'tirage!

— Ça fout les boules

— Puisque j'te dis qu'y'a jamais eu d'tirage

— Pourtant quand tu coches toutes les cases, tatiquement...

— On dit pas tatiquement mais tastistiquement

— Me prends pas la tête et mets-moi tout ça à la poubelle!

— Tu rigoles... je récupère l'enveloppe. C'est écrit qu'y'a pas besoin d'timbre. On aura juste à rajouter l'adresse de tante Ernestine pour les voeux!

— Mais ça va pas l'inquiéter Ernestine de recevoir une lettre marquée Trésor Publio à la fin de l'année?

— T'as raison. J'vais y rajouter des p'tits coeurs pour la rassurer

— Ouais... des p'tits coeurs, c'est bien ça

 

16 avril 2016

L'Ernest a mis les voiles (Vegas sur sarthe)


“T'as vu? L'Ernest a mis les voiles”
“Tu déconnes. J'l'ai encore vu hier soir, même que j'ai failli pas l'reconnaître, il avait changé de cape”
“Changé de cap? Il a  toujours pointé la proue vers l'Ouest”
“J'dis juste qu'il avait changé de paletot”
“En tout cas je t'assure qu'il a remis les voiles, le gênois et même le foc”
“Il a un phoque? J'en avais jamais entendu parler. Ca m'étonne que la concierge tolère un phoque dans l'immeuble”
“Depuis qu'il lui a mis le grappin dessus, elle peut rien lui refuser et pis y'a pas d'danger. C'est attaché solidement”
“Bof... parfois on croit qu'c'est bien attaché et pis ça s'barre avec le premier venu”.
“Sauf que l'Ernest y sait faire les noeuds de chaise, c'est du costaud”
“Comment j'rigolerais de voir un phoque attaché à une chaise!”
“C'est pas l'foc qu'il a attaché, c'est la concierge”
“Mais j'le croyais déjà en couple avec... comment qu'elle s'appelait déjà? Lézamar”
“Non, il a largué Lézamar pour prendre la concierge”
“Ben dis donc! Il est au taquet l'Ernest!”
“Ouais. Il dit toujours: Faut veiller au grain pour éviter les écuelles”
“Y dit pas plutôt qu'il faut éviter les écueils?”
“Non lui, y dit les écuelles, rapport aux chats de la concierge”
“C'est pas plutôt des lapins?”
“Malheureux! Dis jamais ça à un marin! Tu veux lui porter la poisse?”
“Moi j'dis ça, vu que quand une concierge donne des carottes à des bestioles à poil, c'est forcément des lapins et pas des chats”
“Ou alors c'est des nangoras”
“Môssieur on dit nangora quand y'a qu'un nangora, sinon on dit des zangoras”
“Si tu veux... des zangoras”
(Soupir)
“Tiens, il a remis les voiles l'Ernest”
“Tu l'as déjà dit”
“Non, là il a vraiment remis les voiles... y vient d'fermer les stores. On voit plus l'bateau sur la fenêtre”
“Tu crois qu'il s'en va avec la concierge?”
“J'espère que non... j'ai pas l'intention d'aller donner des carottes aux zangoras!”
“Moi non plus. Allez, on lève l'encre”
“Euh... j'ai pas pris l'encrier”
“Hein?”
“Oublie... c'est une vanne”
“Ah?”
 

9 avril 2016

Le moulin à vent pour les Nuls (Vegas sur sarthe)


Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur les moulins avant, pendant et après.
Les Nuls veulent du grain à moudre... en voilà.

Les “moulins avant” ont existé bien avant le XXème siècle, c'est à dire avant les “moulins après” appelés éoliennes.
Les “moulins avant” sont apparus 700 ans avant JC en même temps que le vent sans lequel ils n'auraient servi à rien.
Ils ont été fabriqués à grande échelle: l'échelle de Meunier tandis que le vent monte et descend sur l'échelle de Beaufort.
De nos jours le “moulin après” a balayé notre patrimoine et définitivement endormi le meunier Tudor immortalisé par la comptine.
Le meunier Tudor était connu aussi pour cette réplique: “Pas d'ailes, pas de miches”.

Construction française de couleur rouge et d'appellation d'origine contrôlée – Moulin Rouge –  le moulin à vent était élevé à cheval sur les départements du Rhône et de la Saône-et-Loire dans la région du Beaujolais.  
On pouvait y entrer facilement comme dans un moulin c'est à dire par la porte ou en force par la méthode Don Quichotte. Par contre si on entrait au four on n'entrait pas au moulin.

Comme les oiseaux le moulin à vent possédait des ailes et une queue et plein d'autres machins aux noms très techniques comme le sommier, le couillard, la chèvre, les meules ou encore la came qui fournissait une poudre blanche: la farine.
En hiver le meunier se caillait les meules; en les resserrant il obtenait une mouture plus fine ou même de l'huile.

Un moulin à vent sans ailes s'appelait une tour génoise; la génoise était un biscuit à pâte battue contrairement au moulin de la galette qui ne fabriquait que de la farine, héritage des invasions des sarrasins.
Les ailes étaient habillées de toile blanche pour inspirer les peintres tels que Van Gogh, Matisse ou Monet.
Depuis que les moulins à vent ont disparu il reste les toiles mais les peintres aussi ont disparu.
Les toiles peintes à l'huile pouvaient représenter des moulins à farine alors que les moulins à huile n'ont jamais été peints avec de la farine, mais parfois au jaune d'oeuf.

Le moulin à vent pour l'huile d'olive vierge nécessitait une meunière courant plus vite que le meunier; dans le cas contraire on parlait d'huile d'olive brute...
De nos jours le “moulin après” ou éolienne ne produit que du jus.
L'unité de mesure du jus est la mégaouate. Une mégaouate vaut un million d'ouate, c'est dire si c'est coton.

Nous terminerons par une remarque pertinente: Les ailes tournaient dans le sens inverse des aiguilles d'une montre bien avant l'invention de la montre, c'est pourquoi on doit dire que les aiguilles d'une montre tournent dans le sens inverse des ailes des “moulins avant” et c'est encore vrai aujourd'hui.

2 avril 2016

Beurk (Vegas sur sarthe)


Au palais de Beurk-Igname, la nouvelle s'était répandue comme une traînée de gélatine à la menthe sur un camembert chaud et bien vite les 800 employés de la royale demeure furent rancardés que la Kwin allait avoir un nouveau galure.
Le cireur de pompes du majordome en chef le tenait de la seconde camériste chargée de faire couler le Roger & Gallet  dans les bains royaux: sur la royale coiffeuse elle avait découvert la recette de ce qui s'avérait être un nouveau galure fruité.
Soixante années que la Kwin portait le chapeau comme autant de couronnes et ça n'avait pas suffi à rassasier son appétit de coiffures; ce dessert portatif serait la 5 000ème Windsor touch à couvrir la Chef.
Il est vrai que soixante ans sur le trône ça vous dessèche le fondement mais ça ne protège pas la tête pour autant, surtout dans un pays où il pleut des chats et des chiens !
Et puis comment ne pas aimer les chapeaux quand on raffole du Dubonnet ?

Pourtant tatillonne pour ne pas dire chiante ou “pain in the ass” à propos des produits de saisons, elle avait convoqué son royal cuistot en plein hiver pour lui commander un galure comestible façon fraisier, un Strawberry Hat version gariguette avec English cream et Chantilly qui s'accorderait avec son tailleur “Crushed strawberry” ou fraise écrasée.
“Cut the mustard” lui lança t-elle, non pas pour qu'il aille couper de la moutarde mais pour qu'il réponde prestement à ses attentes.
Ainsi la Kwin avait décidé de bouffer son chapeau, de se réserver pour les cérémonies à rallonge un petit en-cas sur le crâne qu'elle attaquerait discrètement avec cette petite cuillère “diamond jubilee 1952-2012” qui ne quittait jamais son sac à main.
Quand on règne entre autres sur les îles Tuvalu et la Papouasie Nouvelle Guinée on ne peut pas être tout à fait comme tout le monde.
 
Dans un communiqué Lord Philip Montagne-Fermée – ou Mounbatten pour les anglais –  dit Fifi d'Edimbourg pour les copines avait fait le commentaire laconique “Yuk” c'est à dire “Beurk” en français pour qualifier la dernière lubie de Lilibet ou “ma petite saucisse” comme il l'appelait familièrement... si tant est qu'on puisse être familier avec une Kwin, même quand c'est votre nana.

Toujours est-il que lorsqu'en janvier et par 31 degrés les papous virent débarquer la Kwin de son avion avec un bitos dégoulinant de Chantilly, ils ne purent que s'écrier ce qui est devenu aujourd'hui leur devise: “God save and cover the Kwin”.


* Misses Kwin veut dire Queen en Papouasie-Nouvelle-Guinée

26 mars 2016

Don Mézigue et la voie lactée (Vegas sur sarthe)


[...]
Nous partîmes à vingt; la troupe était balourde,
Nous n'étions plus que dix en franchissant la lourde,
A nous voir hésiter, nos grands seaux à la main
Les plus terrorisés m'ont crié “A demain!”
J'en pousse les deux tiers, c'est fastoche on est dix,
parmi eux Marcellin, Joseph et puis Candice;
Le reste, dont le nombre fondait à toute heure,
Brûlant de se tirer, montre son postérieur,
Se couche dans la bouse, ou sous quelque ballot
Me laissant seul debout comme un con, les salauds!
Par mon commandement plus aucun d'eux ne bouge,
on ne respire plus... c'est un truc de peau-rouge.
Cette obscure clarté qui tombe des borgnottes*
me cache l'ennemi et ça fout les chocottes.
Ça piétine devant, c'est l'ennui du bétail
Les vaches et leurs veaux avancent au portail.
On les laisse passer ; qu'aurait-on fait de mieux:
Leurs cornes sont pointues et je suis chatouilleux.
Notre profond silence est juste perturbé,
par un pet de Matthieu, une odeur à gerber ;
Les ruminants surpris agitaient leurs clarines,
on a posé nos seaux pour boucher nos narines.
Nous nous levons alors, au bord de l'asphyxie
A part le gros Matthieu honteux qui reste assis.
Les nôtres, empuantis, cherchent un air meilleur
traitant de tous les noms l'impudent mitrailleur.
L'épouvante les prend à demi suffoqués
Avant que de combattre ils ont déjà craqué.
Ils couraient à la traite, et battent en retraite ;
Les gaz suffocants, toxiques nous arrêtent,
Et nos yeux larmoyants voient s'enfuir nos bestioles,
Quand notre pétomane en rajoute et rigole.
La honte de mourir sans avoir trait nos vaches
Nous pousse dans la rue, furieux mais bravaches.
Contre nous de pied ferme alors elles font face
Les nerveuses devant, derrière les feignasses.
Qui de son botte-cul et qui du tabouret
Matraque les cornues à la tête, aux jarrets.
Ô combien d'actions, combien d'exploits célèbres
Sont restés superflus de ce combat funèbre
Où chacun, seul témoin des grands coups qu'il portait,
Comprenait maintenant que la traite avortait.
Les pis étaient ventrus, les mamelles gonflées
On allait en rentrant se prendre une muflée
Mais voilà il faudrait bien qu'un jour on les traie
que Matthieu et ses vents se fassent plus discrets.
Cette histoire a vécu, l'Europe nous épie
et notre voie lactée roule de mal en pis.


* borgnotte: lucarne, petite fenêtre

19 mars 2016

À la bonne franquette (Vegas sur sarthe)

 

Quelqu'un avait inscrit “A la bonne franquette”

de peur que le client ne fasse demi-tour

car souvent l'addition est un choc en retour

le coin était désert et l'auberge discrète.

 

On avait la fringale et du feu dans les yeux

nos ventres gargouillaient de multiples envies

on s'était rencontrés, touchés, sans préavis

il fallait consommer, besoin impérieux.

 

Ici point de menu “A la fortun' du pot”

nous lança le patron affublé d'oripeaux

qui lorgnait sur Ninon et je le comprends bien.

 

Un pichet de vinasse, une part de gâteau

puis au lit on compta les péchés capitaux

et on les recompta... de peur qu'il en manque un.

 

12 mars 2016

Monsieur Rococo (Vegas sur sarthe)


C'est l'histoire saugrenue d'une pince à sucre crabe tombée amoureuse d'un buvard; elle en pince pour lui qui boit ses paroles.
L'histoire pourrait paraître démodée, sotte et futile mais elle est juste kitsch.
Qui se soucie d'une pince en métal argenté, intemporelle, increvable à part Guy Degrenne, le cancre qui n'aurait jamais dû réussir?
Et qui se soucie d'un rectangle de buvard à l'enseigne de La Vache Qui Rit  à part les papyrencausbibéphiles  ?
Pourtant ces deux-là se sont trouvés au hasard d'un vide-grenier qui les a réunis chez Monsieur Rococo sous le regard intrigué d'une boule à neige “Apparition dorée” de la grotte de Lourdes made in China...

Personne n'a jamais vraiment su comment il s'appelait, alors ses fautes de goût lui ont valu le surnom de Rococo dans tout le quartier.
Même le judas de la porte de Monsieur Rococo est en trompe-l'oeil, c'est dire s'il est kitsch mais il s'en moque ou il n'en a pas conscience; d'ailleurs il n'y a jamais eu personne devant son judas.
Il est heureux alors même qu'il n'a ni encre à sécher, ni sucre à pincer ni prière à adresser à la Soubirous enneigée; c'est ainsi, son bonheur c'est d'avoir permis de réunir cette pince à sucre crabe et ce buvard à l'enseigne de La Vache Qui Rit au mépris du qu'en dira t'on et du regard intrigué de la boule de neige.

Et puis un matin – il devait être neuf heures à en croire le coucou de la pendule à coucou  – quelqu'un s'est présenté au judas en trompe-l'oeil, un homme en uniforme de spahi algérien ou de cavalier berbère, enfin un militaire en burnous avec une moustache en guidon de vélo et une tête de vache qui ne rit pas...
Monsieur Rococo a ouvert à l'aveugle à cet homme en burnous qui se disait pessaccarophile et qui en pinçait pour son crabe argenté.
La boule à neige en était toute retournée et la pince à sucre crabe eut beau striduler, les adieux furent déchirants pour le buvard éploré, gorgé des larmes amères de Monsieur Rococo.
L'homme au burnous fut intraitable malgré les pleurs de la Vache Qui Riait,  l'avalanche de la boule à neige et les suppliques de sainte Bernadette... le miracle n'eut pas lieu.

Depuis ce jour Monsieur Rococo est à ramasser à la petite cuillère, une de ces petites cuillères en argent avec une croix basque en écusson et sur laquelle sainte Bernadette veille jalousement sur son tapis neigeux...

5 mars 2016

Remettons les pendules à l'heure au sujet du métronome (Vegas sur sarthe)


Surnommé la boussole du temps le métronome est un ustensile qui sert à battre la mesure qui ne lui a pourtant rien fait.

Problème: La régularité mathématique du métronome est-elle démontrée ?
Essayez de répondre aux questions suivantes

Question 1:
Soit un métronome qui bat à 60 coups à la minute soit un coup par seconde et une couturière qui suit le tempo sur sa machine à coudre.
Sachant qu'elle coudra une petite veste espagnole – un boléro pour Ravel – en 1020 secondes soit 17 minutes, peut-on dire qu'elle l'a cousu
a: lento ?
b: adagio ?

Question 2:
Soit un violoniste né en sol mineur et revêtu du susdit boléro de Ravel, sachant qu'il interprètera l'adagio d'Albinoni à plus de 80 coups à la minute, peut-on dire s'il l'a joué
a: adagio ?
b: petit bras ?
c: al dente (al dente valant 3 minutes pour la cuisson des pâtes) ?

Précision: l'adagio d'Albinoni est une imposture puisqu'il a été composé à Milan par un certain Remo Giazotto – on dit souvent pas de Milan sans Remo – en 1945 alors qu'Albinoni est mort en 1751.

Question 2 bis:
Si Albinoni avait joué plus vite, aurait-il eu le temps de composer lui-même cet adagio avant de mourir en 1751 ?

Question 3:
Soit le même métronome réglé à 40 coups par minute, soit un artificier sur l'île de Ré majeur et nommé Pachelbel qui suit le tempo sur son canon – dans ce cas on dit qu'il tire largo ou tire-larigot – combien de temps mettra le fût du canon de Pachelbel pour se refroidir après 2 minutes
a: d'un tir nourri ?
b: d'un tir à blanc ?
c: d'un tir à misù ?

Question 4:
m étant la masse de la sphère, k la constante de raideur du ressort et l la longueur de la tige, si cette question est de votre ressort démontrez que l’équation différentielle du mouvement du métronome est bien : ml2 θ′θ”-mglθ'sin(θ)+kθθ” = 0
sinon ne démontrez rien.

Question 5:
Si le métronome est un pendule oscillant, dire comment il peut être aussi lent adagio que allegro ou presto ou même prestissimo ?
En d'autres termes, à quoi sert-il que Winkel et Mälzel se décarcassent ?

Exercice pratique destiné à départager les ex-aequo:
Si mettre aux normes un métronome est plus facile à faire qu'à prononcer, réalisez la mise aux normes d'un métronome tirant à l'extrême gauche afin qu'il tire également à l'extrême droite sans pour autant fusiller le centre.

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