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Le défi du samedi
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2 juillet 2016

Du sable entre les orteils (Vegas sur sarthe)


Le sable est partout, un sable fin, pernicieux, insupportable supplice sur ma serviette de plage et dans mon intimité... entre mes orteils. J'ai toujours eu horreur du sable entre les orteils et des dangers que ça représente: irritations, mycoses, voire Pityriasis versicolor.
Je sais, le Pityriasis versicolor ça prête à sourire la première fois mais je ne vous souhaîte pas de l'attraper!
Et les mômes qui quémandent qui sa pelle, qui sa bouée canard, qui une glace banane-malabar-tiramisu, qui... combien en a-t-on amené déjà?
Kevin, Maxence, Charlène, Priscilla... où est passée Priscilla?
Sur une bonne moitié de ma serviette Germaine – ma moitié – en est à sa troisième fausse couche après deux vraies couches d'huile ultra bronzante aux actifs anti-âge appliquées sur sa peau d'un superbe rouge tomate.
Trois jours qu'on est là et il est grand temps que j'échappe à cet enfer.
Alors sans réfléchir aux conséquences j'extirpe du sac de plage le premier bouquin venu: ça s'appelle Cinquante nuances de Grey – Tome IV.

Comme j'ignorais qu'il y a déjà eu trois tomes, j'ai l'impression de m'installer dans un fauteuil de cinéma en plein milieu de la séance.
Je m'attendais à des préliminaires, à une introduction mais pas comme ça. Je lis :”Je vais te faire jouir comme un train de marchandises, bébé”.
C'est pas facile de s'imaginer un train de marchandises en train de jouir... d'ailleurs l'expression “en train de jouir” est plutôt amusante pour un train.
Par contre “comme un train de marchandises bébé” ça ne veut rien dire; l'auteur a dû vouloir écrire “comme un train de marchandises BB” comme la fameuse BB9004, une locomotive à deux bogies de deux essieux moteurs... sacré matos!
Record de vitesse en 1955 à 330km/heure... c'est vrai que c'est jouissif quand j'y repense, j'avais 8 ans à l'époque, l'âge où on commence à aimer les trains.
J'ai toujours aimé les trains comme j'ai toujours eu horreur du sable entre les orteil; cette histoire commence à me plaire alors sans crier gare – encore une expression marrante – j'enchaîne les pages à un train d'enfer – décidément, encore une expression marrante – Germaine, le sable, mes orteils et même les gosses ont disparu :”Elle a un très, très beau cul. Et je vais le rendre rose comme du champagne."
Quand on pense au prix d'une huile ultra bronzante aux actifs anti-âge, alors qu'il suffirait d'être un jeune PDG séduisant pour rendre un cul rose...

Je ne sais pas comment j'ai fait mon compte mais j'ai dû sauter un chapitre, je lis :"Ses brusques inspirations sont une musique pour mon pénis."
Anastasia alias Germaine est penchée sur moi, dégoulinante d'huile solaire et me crie des choses que j'ai du mal à entendre :”Ca va pas? T'es tout pâle. Va pas dégueuler sur ma serviette”.
Germaine a l'art de s'approprier les choses, les serviettes de plage comme le reste.
J'ai mal dans le bas-ventre mais c'est pas le pénis, plutôt ces merguez de Mammouth (l'hypermarché, pas l'animal) qui ont refusé de cuire ce midi au barbecue.
Je me sens défaillir et je m'accroche à Anastasia alias Germaine, à son corps huileux, j'ai comme un flash, la vision sado-maso d'une tomate insaisissable...

Combien de temps ai-je couru jusqu'aux toilettes dans cet enfer brûlant qui m'échauffe les oreilles et les orteils?
Je voudrais tant être loin d'ici. A Seattle par exemple, au 1920 Fourth Avenue, au 31ème étage d'un immeuble de luxe, sans sable ni risque de mycose.
L'endroit est frais, tout noir mais frais avec une odeur comme il en existe dans les toilettes de plage; pourtant je me souviens il y a un instant encore :"Elle portait un parfum très frais qui me rappelait le verger de pommiers de mon grand-père."
Ici ça sent pas la pomme ou alors le très vieux trognon de pomme.
J'aurais dû apporter mon bouquin.
Au bout d'un long moment je me sens apaisé, léger jusqu'à cet autre moment où je tente de rouvrir la porte.
N'importe qui viendrait à bout du mécanisme, même un jeune PDG séduisant mais pas moi.
Faut dire que l'huile ultra bronzante que j'ai sur les mains n'arrange rien, bien au contraire.
Je tambourine comme un malade pour qu'on vienne me délivrer et je me souviens encore des paroles de Christian Grey:  “Accroche-toi bébé, ça risque de secouer”.
Pourqui l'appelle-t-il bébé?
Quand on veut s'évader, croyez-moi il vaut mieux lire MacGyver.
Au secours !!

 

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Commentaires
B
Moi non plus je n'aime pas le sable entre les orteils par contre j'ai adoré ton texte encore du grand Vegas sur Sarthe <br /> <br /> Merci et Bravo <br /> <br /> bonne semaine
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W
Premier commandement du vacancier prévoyant : ne jamais lâcher son couteau suisse, même les mains dégoulinantes d'huile ultrabronzante...
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A
Mamouth! Ça existe encore ces magasins? Je les ai bien connus autrefois, et Coluche qui disait:<br /> <br /> MAMOUTH écrase les prix, ça donne: Mamie écrase les...<br /> <br /> bah, nous somme de la même génération ( moi, c'est 46, l'année pas la pointure) <br /> <br /> la BB j'ai connu aussi.<br /> <br /> Mais curieusement on ne dit jamais:Je suis en avion de jouir...Même si c'est quelqu'un qui est "Dubitatif ( référence à Pierre Desproges)"<br /> <br /> Bon week end.
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J
Si nos contemporains prêtent à rire, rendons-le leur au centuple !<br /> <br /> <br /> <br /> Mission bien accomplie, soldat Vegas !
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J
Oui, Vegas, un homme comme ton narrateur ne devrait pas lire la "mommy-porn". :-)<br /> <br /> <br /> <br /> Ni mangez les mergez mammouthiens. <br /> <br /> <br /> <br /> Tant pis, c'est super, comme d'habitude ! Bravo !
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