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Le défi du samedi
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26 mars 2016

Don Mézigue et la voie lactée (Vegas sur sarthe)


[...]
Nous partîmes à vingt; la troupe était balourde,
Nous n'étions plus que dix en franchissant la lourde,
A nous voir hésiter, nos grands seaux à la main
Les plus terrorisés m'ont crié “A demain!”
J'en pousse les deux tiers, c'est fastoche on est dix,
parmi eux Marcellin, Joseph et puis Candice;
Le reste, dont le nombre fondait à toute heure,
Brûlant de se tirer, montre son postérieur,
Se couche dans la bouse, ou sous quelque ballot
Me laissant seul debout comme un con, les salauds!
Par mon commandement plus aucun d'eux ne bouge,
on ne respire plus... c'est un truc de peau-rouge.
Cette obscure clarté qui tombe des borgnottes*
me cache l'ennemi et ça fout les chocottes.
Ça piétine devant, c'est l'ennui du bétail
Les vaches et leurs veaux avancent au portail.
On les laisse passer ; qu'aurait-on fait de mieux:
Leurs cornes sont pointues et je suis chatouilleux.
Notre profond silence est juste perturbé,
par un pet de Matthieu, une odeur à gerber ;
Les ruminants surpris agitaient leurs clarines,
on a posé nos seaux pour boucher nos narines.
Nous nous levons alors, au bord de l'asphyxie
A part le gros Matthieu honteux qui reste assis.
Les nôtres, empuantis, cherchent un air meilleur
traitant de tous les noms l'impudent mitrailleur.
L'épouvante les prend à demi suffoqués
Avant que de combattre ils ont déjà craqué.
Ils couraient à la traite, et battent en retraite ;
Les gaz suffocants, toxiques nous arrêtent,
Et nos yeux larmoyants voient s'enfuir nos bestioles,
Quand notre pétomane en rajoute et rigole.
La honte de mourir sans avoir trait nos vaches
Nous pousse dans la rue, furieux mais bravaches.
Contre nous de pied ferme alors elles font face
Les nerveuses devant, derrière les feignasses.
Qui de son botte-cul et qui du tabouret
Matraque les cornues à la tête, aux jarrets.
Ô combien d'actions, combien d'exploits célèbres
Sont restés superflus de ce combat funèbre
Où chacun, seul témoin des grands coups qu'il portait,
Comprenait maintenant que la traite avortait.
Les pis étaient ventrus, les mamelles gonflées
On allait en rentrant se prendre une muflée
Mais voilà il faudrait bien qu'un jour on les traie
que Matthieu et ses vents se fassent plus discrets.
Cette histoire a vécu, l'Europe nous épie
et notre voie lactée roule de mal en pis.


* borgnotte: lucarne, petite fenêtre

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Commentaires
B
c'est truculent Vegas sur Sarthe encore un super moment de lecture on en apprend de bien belles <br /> <br /> Bravo et merci belle réussite
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V
Merci à tous pour vos sympathiques commentaires !
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C
Un fameux texte que l'l'on peut lire à divers degrés! Et je trouve que c'est la classe pour ces bestioles! Pardi ! Une bien belle porte cochère !<br /> <br /> <br /> <br /> Tu m'épates avec tous les styles que tu maîtrises!
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M
D'une verve incroyable et suave !
Répondre
C
A lait, mauvaise troupe !<br /> <br /> <br /> <br /> "il faudrait bien qu'un jour on les traie",<br /> <br /> oui tout est dit d'un trait,<br /> <br /> <br /> <br /> enfin presque,<br /> <br /> <br /> <br /> y'avait pas un ventempoupe en Bd, à vent ? dans le temps ?<br /> <br /> <br /> <br /> on se marre c'est l'essentiel
Répondre
K
ben vl'a le Matthieu et ses vents à lui seul vaut un troupeau de vaches !!<br /> <br /> ne rien dire aux écolos ....chut !!<br /> <br /> tu me fais bien rire et tes expressions imagées qui sont très recherchées!
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J
Nos voies (lactées ou alcoolisées ?) sont complémentaires ce jour ! Je fabrique de la petite histoire avec la grande et toi de la grande avec la petite.<br /> <br /> Mais on a toujours ça en commun que notre lorgnette bien cultivée vise à faire rigoler !<br /> <br /> <br /> <br /> C'est réussi de ton côté !<br /> <br /> <br /> <br /> Vegas-sur-Sarthe, le meilleur des cafardiCIDes !
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W
Avec des trayeurs pareils, on s'étonne qu'il y ait surproduction laitière ;-)
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E
Quelle virtuosité ! Quel talent ! <br /> <br /> Tu m'as arraché un sourire<br /> <br /> C'est dire le compliment.<br /> <br /> Je m'attendais au pire<br /> <br /> j'ai terminé en riant.
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M
Eh bien voilà une participation très au lait, au lait cher ami Vegas !!! :-D<br /> <br /> En tout cas une interprétation d'un célèbre classique vachement réussie !!!<br /> <br /> Rires assurés !!! J'aime beaucoup : "Cette obscure clarté qui tombe des borgnottes*<br /> <br /> me cache l'ennemi et ça fout les chocottes." Hi,hi,hi !!! Epatant !!! :-D
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J
Cela me rappelle un conte de Chaucer, mais beaucoup plus facile à capter ! ;-) Bravo vegas !
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