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Le défi du samedi
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23 novembre 2013

Ont suivi René dans l'empire des lumières

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23 novembre 2013

Zlatan m'a tuer (Vegas sur sarthe)

J'entends marcher dehors. Tout est clos. Il est tard.
Cet aquavit-anis m'a mis dans le coaltar
ma lampe seule veille, Husvik & Duracell
ça doit être Viktor, Fredrik ou bien Marcel.
 
Il y a bien longtemps que tu t'es fait la malle
tu n'aimais pas le boeuf, le trouvais trop cheval
'Hongrois' que tout est clean, confiant en l'étiquette
je bouffais mes lasagnes, bien droit dans mes baskets.
 
Quand j'ai eu mes boutons, tu as fait ta valise
pourtant on était prêts tous les deux pour le Njut
les boulettes Ikéa, le Jättebra, le Bjrüt.
 
Aujourd'hui c'est radios, antibio et dialyse
qui aurait pu penser qu'en bouffant du suédois
j'allais m'intoxiquer et m'en mordre les doigts...


 
23 novembre 2013

La maison violée (tiniak)

La maison les yeux clos, la bouche entrebaillée
figée dans la stupeur, m'a fait lever le nez
sous la flamme accôtée à mon bras de fauteuil.
D'abord, je n'ai rien su, que la nuit qui s'effeuille
que j'étais dans l'idée - ayant fini mon deuil,
de me jeter au fond, d'aller lui déflorer
tous les bruissants recoins qu'elle m'aurait offert
comme on se connaissaît - pas tout-à-fait d'hier,
et qu'il ne pleuvait plus.

J'avançais mollement dans la gorge nouée
de la maison glacée qui ne respirait pas
ni l'air dans les cheveux défaits de la voisine
(la forêt de Perseigne avec son vin mauvais
depuis qu'on lui a tué son loup, sans grand corbeau
et le petit mulot qui lui fisait les pieds)
ni la chair de poussière aux rampes d'escalier.
Je n'étais pas inquiet, j'enfilai un manteau
une écharpe et des gants.

Quand j'entendis, soudain, qu'on marchait, là dehors
- et d'un pas sans effort dans cette obscurité ?!
Ça filait droit devant, sur la maison livide
et je distinguais bien comme ça soufflait fort.
C'est entré, sans mot dire et m'évitant de peu
J'ai entrevu ces yeux; ils étaient comme vides !
C'est allé en cuisine en grognant, tel un fauve,
un vilain sanglier fuyant devant la courre
et puis, ça disparut.

Le mur l'aurait mangé ? Avais-je eu la berlue ?
Mais non ! Dans les fourrés, ça massacrait des branches
après avoir foulé le potager couvert,
au dos de la maison qui pleurait en silence.
En emportant plus loin son étonnant vacarme,
ça ravageait l'hiver avec obstination
Je restai interdit, un moment, sans raison
caressant la maison, apaisant sa souffrance
et son cœur en alarme.

23 novembre 2013

"j'entends marcher" (titisoorts)

J'entends marcher dehors.Tout est clos.Ma lampe seule veille, sur moi.
Serait ce le pas du vent qui souffle sur nos peurs. La nuit les ranime.
Serait ce le pas de ma peur nėe, qui m'empêche de vivre ma vie, la confondre dans une timiditė asservie.
Serait ce le pas de la révolte, bonne enfant, ou les hommes s'inquiètent du temps, on s'aime là où d'autres récoltent.

Serait ce le pavillon qui bourdonnent, qui me lance. Un bruit qui m'abandonne dans mon silence.
Serait ce le pas de seuil pour ne plus les entendre de nos cercueils. Plus préoccupé par celui de nos maisons barricadées que par celui de pauvreté.
Serait ce le pas de la modernité, bien plus affolé du manque de réseau SFR que du réseau social humanitaire.
Serait ce le pas de la vieillesse, sur le chemin de la vie haletant, pour ne pas avoir semé de cailloux blancs, détermination de nos âmes de jeunesse.
Serait ce le pas de l'homme loi qui d'un grand pas pour l'humanité,  nous fait travailler d'arrache pied,  se fout pas mal des faims de moi.
Serait ce le pas du facteur de nuit qui vous livre des rêves,  bien sûr si vous êtes au lit avant minuit,  à moins qu'il ne soit en grève.
Serait ce le pas des monstres nourrissant ma peur, pour mieux retrouver mes rêves d'avant,  caché derrière mes lâchetés en contre vents, recroquevillé comme un enfant.
Serait ce le pas de la solitude,  celle qui nous tient compagnie.  Lorsque l'amour s'est enfuit, le corps s'habitue mais l'âme à lui une autre attitude.
Serait ce le pas de la libération,  emprisonnée au milieu de nos rêves,  des attentes de tout ce qu' on aurait pu faire,  allons,  avant que la mort ne nous fasse une trêve.
Serait ce le pas du temps qui me rattrape sûrement,  ouvrons la porte sans se presser, prenons le temps.
Serait ce le pas des enfants, déguisés pour des bonbons,  j'en sors de ma poche que je leur tends, seul moment où je ne risque plus la prison.
Serait ce le pas de la mort qui me fait ressurgir remords, tout petit devant cette entité,  fort, je t'ouvre ma porte et que le diable l'emporte.
Serait ce le pas de l'amour, qui s'ème au grès du jour, dans un halo de velours, me transpercer pour toujours.
Serait ce le pas de la justice,  un jour rendre des comptes,  plus d'histoires plus de contes, la dame est là pour toi pleines de vices.
Serait ce le pas du savoir, pour nous sortir de notre soi, l'évolution du toi, tant de façons de vivre que je ne pourrais entrevoir.
23 novembre 2013

Velours (trainmusical)

Je suis seul dans cette maison perché sur une colline, loin de tout. Seul un long chemin non bitumé me relie au village. La nature est belle, le silence est paradisiaque.

Cependant si un bruit se fait entendre, notamment la nuit tombée, je m’inquiète.

 Justement, cela fait des semaines que tard le soir, j’entends un bruit de pas, comme si quelqu’un marchait tout doucement, avec parfois quelques petits crépitements légers. J’aurais préféré un timbre plus net, plus décidé, car si doucement, ça amplifie mon angoisse. Au village, une rumeur court, que des habitations ont été cambriolées. Ce qui n’est pas fait pour me rassurer.

 Cette nuit, je panique, car ces sonorités sont plus fréquentes que d’habitude. Que faire, aviser la police? Et s’il en était rien, j’aurais l’air stupide. Sortir de la maison pour regarder? Nenni, je n’ai pas le courage, ne sait-on jamais.

 Subitement, ça grésille sur le pas de ma porte. C’est sérieux. Mon adrénaline monte, ce qui implique que je dois ouvrir à cet inconnu, tant pis, je n’ai plus rien à perdre, je tire la porte avec violence.

 Oh stupéfaction! Je découvre un petit être avançant tout doucement à quatre pattes. Il s’agit d’un petit chat, tout maigre, qui semble n’avoir pas mangé depuis des lustres. On devine même ses os à travers la fourrure. Je constate rapidement qu’il est presque aveugle, toutefois il rentre en étant guidé par la chaleur. Je le nourris avec ce que je trouve, il boit.

 Depuis ce jour-là, j’ai un nouveau compagnon, il s’appelle Velours, il ne me quitte plus d’une semelle, enfin d’une patte, je ne suis plus seul.

 Je t’aime fort Velours!

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23 novembre 2013

DÉFIANT D'OMBRE DANS LA NUIT (par joye)

 DÉFIANT D’OMBRE DANS LA NUIT

J’entends marcher dehors, tout est clos. Il est tard ;
Sieur Walrus seul, il veille,
Pas de vent. Nul texte ne passe dans le noir
À pattes de retard ?

C'est un Défiant d'autrefois parti pour Lodelas
Comme on va à la chasse
Et qui revient parfois vérifier s’il a
Toujours ici sa place.

En silence il m'appelle, en l'ombre il résonne
Avec ses textes d’Ailleurs,
Puis je l’entends écrire sur son clavier de garde,
J' entends battre des coeurs.

Il tape doucement pour n'éveiller personne
Sauf Walrus aux portées du Défi du samedi
Qui le salue des poèmes qui sonnent
En l' air pur de minuit.

Ces commentaires dont l'absence nous blesse,
Est-ce toi ? est-ce toi ?
Boiras-tu cette nuit l'encre fraiche qu’on verse
Sur cette page si loin là-bas ?

Personne ne me répond. Le rond de la cuisse
Réintègre les noix.
Est-ce mon texte aussi qui tire sur la chasse,
Ô Défiant de Lodelas ?

23 novembre 2013

Participation de Venise

Ve1

Ve2

Ve3

23 novembre 2013

Boum ! (Walrus)

J'entends marcher dehors. Tout est clos. Il est tard. Ma lampe seule veille. Elle éclaire faiblement le tableau de Magritte. C'est certainement à lui qu'en veulent mes visiteurs. Quelle idée aussi de l'avoir fait voler...  Sur sa cimaise, au musée, je l'avais trouvé sympa. Mais à force de l'avoir sous les yeux... Oh, la fascination demeure ! C'est cette ambiance... Elle me déprime de plus en plus. Au début, je n'y avais vu que la clarté du ciel. Un éblouissement ! Juste souligné par le contraste avec l'ombre. Mais aujourd'hui ! Mon regard tente de s'accrocher  encore à la lueur vacillante du réverbère. En pure perte... Mon esprit est irrémédiablement attiré vers la part la plus sombre du tableau. Là où plus rien ne se distingue. Mais où se devine l'insondable néant. Et je m'y plonge de plus en plus. Cette croûte m'aura tout pris : ma fortune, ma situation, mes amours... Et aujourd'hui, ma vie. Car ils en seront pour leur peine. J'ai entaillé en croix la tête du projectile. Mon Colt Python va transformer tout ça en lambeaux de toile, d'os, de sang et de cervelle.

 

Python

 

23 novembre 2013

Dans la brume de la nuit (MAP)

J’entends marcher dehors, tout est clos, il est tard.
Ma lampe seule veille ...

Seul moi aussi et pas très rassuré dans la maison de mon grand-père chez qui je viens passer le week-end

doucement, tout doucement je m'approche de la fenêtre

j'écarte imperceptiblement le lourd rideau

dans la brume de la nuit une forme étrange m'apparaît

un être à la tête curieusement pointue

enveloppé d'un long manteau

tenant en sa main un bâton en forme de colimaçon !!!

Il s'approche, son bâton frappant le pavé !

Il murmure des mots mais je n'en perçois pas le sens ...

Il arrive, il arrive,  droit vers la maison

Il sort une clé et ... entre !!!

Je crie ma PEUR sans pouvoir bouger !!!

...................................................

- "Allons Fiston !!! Tu ne me reconnais pas !!!"

L'homme retire son chapeau, enlève sa barbe,

pose sa crosse dorée, se défait de son long manteau  ..."

- Papy !!! Tu m'as fait une de ces peurs !!!"

- Oh j'aurais dû te prévenir que j'allais à une répétition pour le défilé de Saint Nicolas mais je pensais rentrer de bonne heure avant ton arrivée, c'est pourquoi je n'ai pas pris le temps de me changer ! Figure-toi que ma voiture est tombée en panne et que j'ai dû faire tout le chemin à pied pour rentrer !!!!

 

Grand Saint Nicolas

 

 

 

23 novembre 2013

J’entends marcher dehors ! (Sergio)

J’entends marcher dehors. Tout est clos. Il est tard.ma lampe seule veille.

Je l’éteins par prudence car marcher n’est pas l’expression exacte.

Ce qui vient vers cette porte dérobée  de ce vieux cimetière anglican ou j’attends caché, avance plutôt en claudiquant, en trainant les pieds. Cette démarche asymétrique et lourde s’accompagne d’un crissement métallique alternatif qui dans le calme crépusculaire de cette vallée oubliée, dans ces brumes sinistres à peine transpercées par une lune blafarde écorcherait le flegme du plus calme des observateurs.

Je n’aurais pas dû venir. Mon vieil ami le professeur Howard-P-L m’avait mis en garde. Il m’avait fait jurer de ne pas m’y intéresser. Des évolutions cauchemardesques m’ont forcé à un parjure.

Quelques décennies auparavant il avait essayé de comprendre. Il n’en était pas revenu indemne. Il en était revenu fragile, ne sortait plus la nuit et évitait soigneusement les vieux quartiers de la ville basse où s’étaient  retranchés tous ces êtres bizarres, secrets, toujours chaudement couverts comme s’ils étaient transis de froid. Ils étaient arrivés, petit à petit, débarquant dans le secret par le port de cargo apatride. Peu de gens avaient vu leurs visages mais ce petit nombre décrivaient, horrifiés leurs faces simiesques couvertes d’une peau de batracien gluante. Ils s’étaient installés près des eaux noires et huileuses de l’ancien port désaffecté, dans les vieux entrepôts qui avaient vu  tant de commerce avec des colonies oubliées depuis.

Ma curiosité malsaine m’avait mené dans cette nécropole et ce que je vis apparaitre par la lourde porte grinçante me fit quasiment perdre connaissance. Je me recroquevillais derrière la grille rongée par la rouille  du vieux caveau dans lequel je m’étais caché. La, terrorisé, me mordant le poing jusqu’en saigner pour ne pas hurler, je vis passer devant moi un défilé démoniaque de créatures mi-humaines, mi-animales , leurs yeux globuleux, exorbités tournés vers la lune et psalmodiant dans une langue inconnue, assemblage de cliquetis insectoïde  et de raclements de gorge glaireux. Je m’aperçus alors que ce que j’avais pris pour le bruit métallique de godillots ferrés était en fait le raclement cauchemardesque de griffes acérées pointant de leurs trois orteils nus. Le sautillement trainé, leur démarche proprement amphibienne, la bizarre mélopée et les effluves envoutantes qui s’élevaient de leurs encensoirs réalisés dans ce qu’il me sembla être un crâne humain, eurent raison de moi.

A peine la dantesque parade évanouie dans la partie la plus ancienne, la plus dégradée où seules de très vieilles stèles de basalte revêtues d’inscriptions cunéiformes à demi-effacées, s’élèvent tordues et brisées , je m’enfuyais comme poursuivi par une légion  de démons. Je fuyais vers la montagne, suivant des sentes dans des landes rases aux rares arbustes distordus. Je fuyais ce cimetière et ces créatures sorties des enfers mais surtout je fuyais mes semblables.

La vision de ces hybrides mi-humains, mi-sauriens m’avait confirmé une chose terrible, inavouable.

La même mutation était en marche sur moi. Mes pieds avaient commencé à se transformer. Je n’avais comme eux, plus que trois orteils au bout de pieds squameux et palmés. Mes ongles devenaient  des griffes, de terribles griffes. Je me voûtais et la lumière du jour m’était devenue insupportable. J’étais irrésistiblement attiré vers l’eau, une attirance atavique.

Il fallait que je m’éloigne de la ville, de ses miasmes fétides qui véhiculent  l’infection. Pendant que ma conscience me  le permettait je devais me perdre dans les bois noirs du versant sombre de la montagne,  il fallait que je m’y oublie définitivement.

Mais il est déjà trop tard. Je les sens. Ils me suivent. Je suis déjà un des leurs.

J’entends marcher derrière. Le monde est clos et il est tard.

Ma lampe seule veille sur la lande.

 

ser01

 

23 novembre 2013

Obscure-moi (Stella No.)

J'entends marcher dehors. Tout est clos. Il est tard.Ma lampe seule veille le temps qui s’écoule inexorablement. La nuit est mon domaine. Tout y est perceptible. Les canalisations du voisin, le chien errant, l’adolescente babillant dans l’appartement du dessus. Je suis seule et j’ai conscience de tout ce qui m’entoure. Chaque murmure me parvient avec clarté.  Chaque battement de mon cœur martèle mes pensées. Des pensées sombres. Sombres comme la nuit. Sombres comme ma vie.

Un verre de JD à la main, plantée devant la fenêtre ouverte, le regard fixé sur la rue. J’observe le monde à ma manière. J’exhale un soupir de bien-être. L’invisible devient discernable. Je deviens le monde qui m’entoure. J’existe sans crainte et sans fureur. Je m’accomplis parmi les ténèbres. Les stimuli de la nuit m’emplissent et me rassérènent. Là où la lumière me détruit, l’obscurité me nourrit.

Pas besoin de se concentrer pour discriminer les sons. Tout est pur. Je peux isoler et définir chaque élément du monde. Je fais enfin partie de ce monde qui m’est hostile le jour.Pas besoin de se contraindre afin d’éviter des obstacles. Mon monde est solitaire. Je peux marcher dans la rue, je peux courir sans risquer de percuter un être humain trop égoïste pour s’écarter. Je suis le monde, je suis la plénitude.

 Et demain… demain m’effraie encore plus que la lumière. On me propose de quitter les ténèbres. Un médecin aurait la solution. Demain, il souhaite m’opérer. Demain, il a prévu de rendre la vue à l’aveugle que je suis. L’obscurité m’a accompagnée depuis tant d’années. On me demande de la trahir. Au nom de la famille, au nom de l’amitié, au nom de l’amour. Ils disent que ce sera mieux pour moi. Ils disent que je serai plus libre. Qu’en savent-ils, ceux du monde de la lumière ? Je ne sais pas ce que je suis, mais ce dont je suis sûre, c’est que je suis connectée à la nuit.  Alors demain… demain, je verrai bien.

 Ste

*Photo de Arif Ali (AFP/Getty Images) que j’ai légèrement retravaillée.

23 novembre 2013

Au temps jadis (MCL)

MCL

J’entends marcher dehors. Tout est clos. Il est tard. Ma lampe seule veille. Une vieille lampe à pétrole qui jusque là trônait sur le buffet de la salle à manger parmi d'autres bibelots. Quand la tornade a tout dévasté et que l’électricité a été coupée, j’ai bien apprécié de l’avoir gardée pendant tout ce temps. Dehors, tout est chaos et désolation. Chacun se terre chez soi, avec le secret espoir qu’après une bonne nuit de sommeil toute cette histoire n’aura été qu’un cauchemar. Demain, tout sera rentré dans l’ordre. Moi aussi je me suis laissé aller à espérer. Tous les soirs. Et tous les matins, je découvre que rien n’a changé. J’entrouvre les volets et je passe la tête furtivement, juste le temps de réaliser qu’il fait toujours nuit noire, ou presque. L’air est chargé de particules de poussière, une poussière épaisse qui empêche les rayons du soleil d’atteindre le sol. Depuis plus de quinze jours, c'est comme si nous subissions les effets d’une éclipse permanente. En bas, dans le jardin, tout est gris. Impossible de distinguer le vert tendre du gazon. Quoiqu’il en soit, personne ne se risque à aller dehors. L’air est devenu irrespirable. D’ailleurs, je doute qu’une tornade ait pu provoquer un tel désastre, même si ce sont les derniers mots que j’ai entendus à la radio, quand elle émettait encore. A présent, elle s’est définitivement tue, après les dernières recommandations à la population : « Restez chez vous. Calfeutrez portes et fenêtres et attendez que l’on vienne vous secourir ». Tu parles, je n’ai pas vu âme qui vive, pas le moindre animal, même pas un insecte. Pourtant, je jurerais entendre des pas à l’extérieur.

N’y tenant plus, je monte à l’étage et ouvre le volet de la chambre, juste ce qu’il faut. Des ombres semblent flotter dans la rue, mais dans cette purée de pois je ne distingue rien. Je suis trop loin. Tant pis, au point où j’en suis, je dois m’armer de courage. Je redescends les escaliers en trombe et m’approche de la porte d’entrée. Avec mille précautions, je l’entrouvre. Le moindre bruit pourrait les alerter. Mais qui sont-ils ? Un groupe d’hommes vêtus de combinaisons noires, cagoulés, déposent un paquet devant chaque maison. Il est impossible de distinguer leur visage, caché par une sorte de masque à gaz. En baissant les yeux, j’aperçois un carton à mes pieds. Les hommes en noir sont déjà loin. Je saisis le paquet et referme vite la porte. L’air vicié brûle mes poumons et je tousse violemment pour essayer de l’expulser. Le carton. Mes mains arrachent le ruban adhésif avec frénésie. C’est de la nourriture. Je ne comprends pas. S’il y a de la nourriture ailleurs, pourquoi nous laisse-t-on ici ? Pourquoi nous maintenir en vie plutôt que nous sortir de ce guêpier ? Les idées se bousculent dans ma tête quand, soudain, un son strident me vrille les tympans. Trois coups brefs.

— Franchement, pourquoi vous vous acharnez avec cette machine ?

La jeune femme me regarde avec dédain, tout en soulevant le casque qui recouvre ma tête. Je m’assoie, un peu hébété.

— L’heure est écoulée. Alors, pourquoi vous obstinez-vous à vouloir démarrer la séance au début du XXème siècle ? Visiblement, ce n’est pas ce qui vous convient, puisqu'à chaque fois, vous vous arrangez pour vous retrouver dans le futur.

C’est un comble ! Je paie pour utiliser la machine à idées et voilà que je me fais engueuler par cette pimbêche. Pourtant le prospectus annonçait des résultats époustouflants. La machine à idées avait été inventée par Imagina Corp pour les écrivains en panne d’inspiration. Ce n’est pas ma faute si je ne parviens pas à entrer dans une scène historique, si je détourne le scenario pour revenir systématiquement dans le présent ou le futur proche.

— La prochaine fois, on oublie la lampe à pétrole. Essayez de me dégoter dans votre base de données une scène qui se passe à l’extérieur. Tiens, pourquoi pas à Chicago, à l'époque de la prohibition ?

— Très bien, c’est comme vous voulez. C’est vous le client.

Je n’ai pas plutôt le dos tourné qu’elle chuchote avec sa collègue.

— De toute façon, quand on est un écrivain raté, on le reste.

J’ai très bien entendu, mais je préfère me taire. Je lui prouverai qu’elle se trompe.

23 novembre 2013

Les âges de la vie (Célestine)

Cé

 

Baby sitter

Allez, dodo, petit gouzi gouzi , papa et maman vont bientôt rentrer, enfin, s’ils se souviennent qu’ils m’ont payée pour supporter tes vagissements, changer tes couches dégoûtantes, et éponger ton vomi sur la lampe de chevet…parce que là, quand même, ils exagèrent,  je vais leur faire le tarif de nuit, non mais qu’est-ce qu’ils foutent ? Ah enfin, j’entends marcher, ça doit être eux !

***

Terreurs nocturnes

 

Maman !!! laisse la lumière allumée, j’ai peur. Maman, pourquoi t’es pas là ? Maman ? C’est toi qui marche dehors ? Maman, t’es sûre que t’as bien fermé la porte ? J'entends des bruits bizarres! Reviens maman, s’il te plaît…Mamaaaaan ! J’ai peuuuurrr !!

-(Bon sang, ce gosse regarde trop la télé)...Tais toi et dors!!!

***

Lendemain de teuf

 

Wow !!Chuis déchiré, grave ! Chais pas pourquoi j’ai bu  hier soir, oh la la j’ai un mal de crâne…Il est pas tard !à peine quatorze heures trente du mat ! J’vais dormir encore une heure ou deux…J’entends marcher dehors, ça c’est ma daronne, elle va encore me dire que j’ai le bac à la fin du mois, et que chuis un feignant…Grounf ! J’ai mal à la tête et cette lampe qui m’explose les yeux, il est où l’interrupteur , VDM !

***

Agence immobilière

Vous allez vous plaire, dans cette maison, monsieur, madame, c'est moi qui vous le dis !

-Oh, regarde chéri, ici, là, nous ferons le salon, nous mettrons le canapé, la petite lampe rose, on va être bien…-Oui, l’endroit est très calme, remarquablement bien placé! Vous n’entendrez pas un chat marcher dehors à partir de huit heures du soir. Il vous suffira de bien fermer les doubles vitrages !

 ***

Cinq à sept

-Alors, heureuse ?

-Oh oui, bien sûr, mais tu dois partir maintenant, mon amour. Il est tard…

-Attends, encore un peu, laisse-moi te regarder, tu es si belle à la lueur de la lampe…

-Ciel, tu n’entends rien ? Oh mon dieu, des pas dans le jardin…Vite, sauve-toi, c’est lui, j’aperçois son Audi derrière les volets clos, il a un revolver, méfie-toi !

 

***

Absence

J'entends marcher dehors. Tout est clos. Il est tard. Ma lampe seule veille... je ne sais pas si j’aurai la force de tendre le bras pour éteindre la lampe…de toutes façons, personne ne vient jamais  me voir…Tiens la porte s’ouvre. Bonjour Madame !

-Mais papa, c’est moi, Madeleine, ta fille…

23 novembre 2013

J'entends (Rose)

J'entends marcher dehors, Tout est clos. Il est tard. 

Ma lampe seule veille. Le silence dissone d'avec les battements de mon coeur. Les ombres s'effacent et la neige fond. Je le serre tout contre mon coeur. 

J'entends pleurer dehors. Tout est clos. Il est encore plus tard.

Mon chagrin seul veille. Le silence me transperce le coeur. Les souvenirs s'effacent et les larmes sèchent. Je le serre tout contre mon corps.

J'entends gémir dehors. Tout est clos. Il est bientôt l'heure de l'aurore.

Mon désespoir me tient en veille. Le silence est mon quotidien. Les cris ne résonnent plus. La douleur a eu raison de mes hurlements. Je ne le serre plus tout contre mon coeur, ni mon corps.  

J'entends hurler dehors. Tout est ouvert. Il est tôt.

Mon souvenir seul veille. Le silence a fait taire mon coeur. Les ombres s'affairent autour de nous. Je te serrais tout contre mon coeur, je te tenais au creux de mon ventre. 

Je n'entends plus. On m'ouvre le corps. Elle est là. 

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23 novembre 2013

Mais où est la lumière ?? (KatyL)

 

J’entends marcher dehors, tout est clos. Il est tard ; Ma lampe seule veille, je dormais, je rêvais que j’étais dans un jardin magique couchée dans l’herbe fraîche.

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Tout à coup je suis réveillée par un bruit qui me fait sortir de ma torpeur.
Je me lève, je ne vais pas paniquer, je suis seule, toute ma petite famille est partie ce soir à un anniversaire, et comme j’étais mal en point je suis restée ici au chaud.

Je vérifie que tout est bien fermé, volets et portes, j’entends des pas rqui se rapprochent je vais chercher mes téléphones, le portable et le fixe sans fil.

J’allume partout pour me donner une contenance, et j’appelle mon voisin d’en face, il est presque 1h de matin ! Mais j’ai peur, autour de chez moi dans le jardin il y a des graviers et c’est ce bruit de pas sur les graviers qui est repérable.

Le téléphone sonne chez le voisin mais personne ne répond ! Zut ! Ils sont partis aussi en week-end, je vais tenter de téléphoner à une amie policière qui fait des arts martiaux et qui demeure à quelques kilomètres.

Au moment où la sonnerie retentit chez elle, la lumière s’éteint partout chez moi, mon téléphone fixe aussi reste muet, me reste la veilleuse à piles et le portable.

Je vais donc dans mon tiroir chercher une bougie que j’allume aussitôt car j’ai peur du noir, on ne sait jamais si ma veilleuse s’éteignait aussi.

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 Je pense,  ça y est je suis prise au piège ! Des rôdeurs vont essayer de rentrer chez moi, je suis seule, ils le savent ils ont dû guetter le va–et–vient chez nous, et ils ne voient aucune voiture, et pour cause, mon fils aîné a pris la sienne et mon deuxième fils a pris la mienne ! Que faire ? Ne pas paniquer, mon amie ne répond pas non plus, c’est une noctambule  elle doit être en train de danser et les bruits couvrent la sonnerie, je tente autre chose la police, cette fois j’appelle la police tant pis si je les dérange pour rien, je branche le portable sur la recharge pour ne pas qu’il s’arrête, surtout qu’il ne s’arrête pas, pour que je reste en relation.
Cette fois quelqu’un me répond, j’explique que des gens sont dans mon jardin que les pas sont précis et que maintenant j’entends des voix et du bruit, je m’affole, le flic demande mon identité et mon adresse, il reste avec moi pour me parler et me faire demander ce qui se passe… et en même temps il lance l’alerte :

 -«  nous serons chez vous dans 10 mn, ça va aller ? Ok! En attendant parlez-moi, dites-moi votre grille est-elle ouverte que les policiers puissent entrer ?»

-« oui car mes enfants sont à un anniversaire et ils rentreront dans la nuit, d’ailleurs les personnes qui se sont introduites s’en sont aperçues car d’habitude il y a deux voitures dans le jardin et la grille est fermée à double tour »

Au moment où je finissais ma phrase un grand bruit se fît entendre la porte du garage en dessous venait de s’ouvrir à grands fracas ! Mon sang se glace, je lui explique qu’ils ont coupé la lumière et par le fait le téléphone fixe.

Il est en relation avec l’équipe d’intervention et leur explique la situation, ils me demandent de décrire la maison et l’accès au jardin, ce que je fais péniblement car les bruits redoublent au rez-de-chaussée.

-«  j’ai peur j’ai peur dis-je ! »

-« surtout ne bougez pas ne faites aucun bruit ne montrez pas que vous êtes là, ils doivent  ignorer votre présence »

-« oui mais pourquoi ont-ils coupé la lumière ? »

-« pour couper toute alarme sans doute et agir dans le noir avec des lampes de poche être moins visibles de l’extérieur »

Je ne suis pas rassurée du tout, j’entends comme des meubles qui seraient traînés, une chaise qui tombe, des bruits, je décris tout au policier qui lui, transmet toujours aux autres qui sont en route…

k3

 -« je vous en supplie faites vite j’ai peur qu’ils montent à mon étage, je tremble, je pleure presque, je suis en nage, je me mets derrière mon lit, cachette bien inutile si ces personnes décident de monter ici »

-« non c’est bien dit le policier qui me parle restez là, mes collègues arrivent chez vous, ça y est ils sont devant votre porte, ne bougez pas restez avec moi en relation »

-« oui, oui »

Les policiers ont fait des bruits dehors je perçois des pas qui courent sur le gravier une porte qui claque, et une sommation :

-« police ne bougez pas restez tranquilles, avancez doucement les mains en l’air !! »

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Je respire à nouveau j’entends tout et j’attends sans bouger le dénouement.

Puis j’entends des voix se rapprocher et j’en reconnais une parmi toutes, celle de mon fils ainé

Mince alors il est de retour, je sors de ma cachette et je vais à la fenêtre, je vois mon fils mains en l’air mis en joue par la police, mon téléphone portable à la main je dis :

-« stop arrêtez tout c’est mon fils !  Mais que s’est-il passé ? »

Tout le monde rentre chez moi, les policiers, mon fils aussi accompagné d’un copain à lui que je connais bien, ils ont l’air un peu éméchés, j’attends des explications.

En fait, au cours de la soirée anniversaire alors que la soirée se passait bien , mon fils était en plein repas , au dessert , lorsque son portable a sonné, le copain en question qui est avec lui en bas de chez moi, est tombé en panne sur la route il a téléphoné à mon fils pour lui dire où il était et qu’il fallait le remorquer jusque chez lui, sachant que mon aîné est mécanicien, cela lui a paru naturel malgré l’heure tardive.

Mon fils y est allé, a pris son copain en voiture mais n’a pas pu remorquer celui-ci car non seulement il n’avait pas ce qu’il fallait sur lui, mais il était en costume, et surtout il avait un peu bu 2 verres de champagne et du vin en mangeant, il est donc revenu ici pour charger sa voiture du matériel en vue de  dépanner le copain le lendemain matin.

Ils sont donc entrés par le garage , et sont tombés sur une caisse à outils mal rangée, le copain est tombé sur la caisse, en tombant il a heurté avec sa main le compteur électrique et se sont donc retrouvés dans le noir en bas, ils sont donc allés à tâtons pour trouver la porte d’accès à son appartement où il demeure (au rez-de-chaussée de ma maison) en cherchant la porte il est tombé sur un petit meuble entreposé là, qu’il a fait tomber.

Sachant que j’étais là et que j’allais avoir peur, et être réveillée,  il a donc essayé de me m'appeler sur mes deux téléphones, le fixe ne fonctionnait pas et le portable était occupé, très occupé.

 Il a enfin trouvé la porte, et s’apprêtait à m’avertir lorsque la police est arrivée.

Il a pu rétablir la lumière, montrer ses papiers, j’ai confirmé l’identité, je les ai plutôt sermonnés, et la police est repartie en ayant fait un procès-verbal de ce qui s’est passé ! J’ai eu la peur de ma vie !

 

Le copain de mon fils s’est confondu en excuses et nous a offert le restaurant la semaine suivante, surtout pour remercier Frédéric du dépannage et de la peur qu’il nous avait involontairement occasionnée.

 

23 novembre 2013

Trop tard ? (Prudence Petitpas)


J’entends marcher dehors. Tout est clos, il est tard.
Ma lampe seule veille.
Je tends l’oreille, j’imagine, je m’étire
Seul le tic tac de mon réveil me soupire…
Qu’il est peut-être trop tard…
J’entends marcher dehors. Tout est clos
Je guète les pas d’un au-revoir
Je guète celui que je voudrais revoir…
Ma lampe seule veille.
Le marchand de rêves, bras ballants
Me nargue de son nuage
Tout est clos, il est trop tard…
Il ne lui reste que le sommeil
Pour éviter que tout se balaie…
J’entends marcher dehors,
J’espère encore, encore…
Tout est clos, est-il trop tard
Pour seulement un dernier soir ?
Ma lampe seule veille
J’ai si peur d’être trop vieille
Quand j’entendrais marcher dehors
Et que tu seras mon réveil…
Pas de vent. Nul oiseau qui passe dans le noir
A pattes de soleil ?
Qui réjouira mon cœur s’il est vraiment trop tard ?
J’entends marcher dehors…

23 novembre 2013

L'officine (chapitre deux) (Électre)

***

Le voleur, ou le bibliophile comme il préférait se désigner, était rentré dans son appartement, au soir déjà tombé, après une énième discussion avec un étranger rencontré dans un café, dans un train, ou simplement dans la rue - les gens prenaient encore parfois le temps de se saluer et de parler avec des inconnus. Il fut content de déposer son sac à la lueur de sa lampe, car il était un peu lourd. Les coutures avaient souffert à cause de l'étagère de la dernière fois, et le poids des livres commençait à se ressentir aussi dans les épaules. Il aurait aimé pouvoir dire qu'il était bibliothécaire, et c'était un peu ce qu'il était, gardien de livres ; il avait essayé, lors de sa dernière conversation de l'après-midi, mais la femme lui avait demandé dans quelle bibliothèque il travaillait, et il avait dû inventer quelque chose pour s'en sortir... cela ne l'embêtait pas tellement d'inventer des histoires, mais il sentait dans ces cas-là qu'elles sonnaient faux. C'était une femme jeune, qui faisait des études de lettres : il avait donc bon espoir pour le contenu. Il mit son sac sur la table, et sortit les livres un à un. Le sac était rempli d'essais, d'actes de colloque, de livres scientifiques concernant l'histoire de Rome, de la Grèce, de la linguistique et de la philosophie. Une mine ! Il était intrigué par les dates des livres : certaines étaient assez récentes, parfois un an, parfois de l'année même. C'était étrange pour une étudiante, qui à sa mine n'avait pas l'air tellement riche. Peut-être avait-elle des parents qui lui offraient régulièrement des livres de ce genre ? Mais même en version électronique, cela devait coûter une fortune. En tout cas, avec cela il allait enfin pouvoir faire décoller son commerce. S'il les vendait à des prix raisonnables il devrait pouvoir trouver des acheteurs.

En feuilletant les livres, il s'aperçut que l'un d'entre eux avait à toutes les pages de grosses traces de doigts. Il essaya de les frotter mais cela ne partait pas, et semblait incrusté dans le papier. Le papier lui-même comportait des ombres, et les lignes n'étaient pas bien droites. Il rapprocha le livre de sa lampe, et commença à l'examiner. C'était comme si... c'était comme si on avait pris des photographies, en tenant les pages avec les doigts pour qu'elles soient à peu près droites. Étrange. Il n'avait encore jamais pêché ça. Il continua son examen.

Dans un autre quartier de la ville, une étudiante alluma sa tablette, et se rendit compte que sa bibliothèque était vide. Plus rien. Tous les livres qu'elle avait photographiés, téléchargés, qu'elle avait pourchassés aux quatre coins du net, avaient disparu du système. Évidemment ses pdf n'étaient pas synchronisés, car il aurait fallu acheter de l'espace virtuel (et même virtuel, il coûte quand même...). Elle avait fait une sauvegarde il y a quelques temps, mais certains livres étaient du jour même. Avec un peu de chance il lui resterait les images dans son appareil photo. Elle sortit l'appareil de son sac - il ne la quittait guère, car elle s'était aperçue que dès que c'était le cas, il y avait une photographie intéressante à faire - et commença à faire défiler les images, mais la carte semblait avoir été vidée. Pas complètement cependant : il restait les photos de clochers, de ciels, de rues... mais tous les livres avaient disparu. La dernière photo était celle d'une rue faiblement éclairée, un peu avant la tombée du jour. C'est là qu'elle avait laissé l'homme âgé avec qui elle avait discuté livres pendant un moment. Que s'était-il passé ? Elle n'avait pas pu effacer accidentellement seulement les photos de livres. L'homme lui avait dit qu'il était bibliothécaire, mais elle ne savait pas où - d'abord il n'avait pas pu répondre, puis il était parti dans des explications alambiquées. Elle n'avait rien de prévu ce soir, et elle n'allait pas non plus pouvoir travailler. Il ne lui restait qu'à aller faire un tour pour se changer les idées, en attendant de trouver un moyen de récupérer ses livres.

À la lueur de la lampe, l'homme était en train de faire des piles de livres en les classant par sujet. Le sac paraissait ne pas pouvoir se vider, et il regrettait amèrement de n'avoir pas réussi à monter son étagère. Son plan avait fonctionné presque jusqu'au bout, mais en finissant de monter l'étagère il s'était aperçu qu'il lui manquait deux vis. Enfin, il ne savait pas trop, car le mode d'emploi n'était pas venu avec. Il aurait fallu qu'il aille chez quelqu'un pour le consulter sur le catalogue en ligne, mais à part son frère, il n'avait personne. Sa belle-sœur, de toute façon, lui interdisait d'approcher l'ordinateur de leur maison... et il n'avait pas eu le temps d'aller à la bibliothèque municipale. Il avait donc monté l'étagère tout seul. Pourtant, ce n'était pas la première fois qu'il montait des meubles en kit. D'habitude, il y avait toujours des vis en plus, mais pas moyen de mettre la main sur son stock. Et c'était étrange qu'il y en ait en moins, il avait dû se tromper quelque part. D'ailleurs l'étagère n'était pas très droite.

Les livres semblaient s'épuiser au fond du sac. Il plongea encore la main dedans et en ressortit des feuilles de papier agrafées. Des liasses et des liasses de feuilles. En y regardant de plus près il s'aperçut qu'il s'agissait d'articles de revues, toujours dans les mêmes domaines. Que faire de tout cela ? Il n'avait même pas assez de pochettes pour tout classer, et qui aurait voulu lui acheter ça ? Mais le sac n'aimait pas rester plein, ensuite il fonctionnait mal, donc il devait d'abord le vider. Il décida de faire une pause avant de se remettre au travail. Il regarda par la fenêtre : seule sa lampe veillait. Tout était clos dehors. Il commençait à se faire tard. Les derniers nuages avaient été absorbés par la nuit ; les lampadaires éclairaient faiblement le macadam, donnant aux feuilles des teintes électriques de vert, brun et orangé. Il aimait cette rue de petites maisons, qui lui laissait la vue du ciel libre, même s'il habitait un deuxième étage. Les immeubles étaient un peu plus haut de son côté, mais pas trop. Aucun n'avait d'ascenseur. C'était d'ailleurs un problème pour les rares acheteurs qui venaient se fournir directement chez lui. Il laissait peu de gens entrer dans son officine, car il avait besoin d'établir d'abord un rapport de confiance avec ses acheteurs. Quand ils venaient, il sortait ses registres thématiques et les parcourait avec le client, qui faisait son choix, et repartait avec une valise pleine, ou plusieurs quand il avait de la chance. Il avait mis au point un système de poulie qui lui permettait de faire descendre directement les valises par la fenêtre.

Il jeta encore un coup d’œil au contenu du sac, et décida de commencer le catalogage avant de sortir les feuillets. Il sortit les registres intitulés "philosophie", "histoire" et "linguistique". Parfois ses acheteurs lui demandaient pourquoi il n'utilisait pas d'ordinateur pour le catalogage, et il feignait de ne pas savoir s'en servir. Ce n'était pas complètement faux, d'ailleurs. Mais la raison principale était qu'il ne savait pas ce qui pourrait arriver s'il introduisait des appareils électroniques dans la pièce. Il n'avait pas de smartphone pour la même raison : il avait trop peur que les livres ne reviennent à leur état électronique initial. Un ordinateur serait sans doute systématiquement vidé par le sac, et même en prenant soin de ranger le sac uniquement dans la petite cuisine qui constituait la seconde pièce de son officine-appartement, un accident pouvait toujours arriver. Il était donc en quelque manière condamné au papier. Mais il aimait aussi cela, lister les ouvrages sur son registre à l'encre, et ensuite feuilleter les gros volumes. Quand un livre était vendu il le rayait et reportait dans la colonne de droite le nom de l'acheteur et la date de l'achat. Il avait trouvé ces registres dans une brocante, intacts, le papier jauni juste à son goût. Il n'aimait pas trop le papier trop neuf, trop blanc des cahiers neufs d'écolier. Heureusement on en trouvait maintenant en papier recyclé, mais l'encre y bavait un peu. Sur ceux-là il préférait écrire au crayon de papier.

On entendait des pas dans la rue. Le silence les faisait résonner de manière étrange, et celle qui les faisait était elle-même un peu troublée de ce bruit involontaire. Il regarda par la fenêtre et vit une jeune fille, de dos, qui marchait avec un appareil photo à la main. Il était un peu tard pour faire des photos. Mais elle semblait plutôt en promenade, et marchait du pas décidé de ceux qui ont envie d'oublier quelque chose. Il s'approcha de la fenêtre pour mieux voir. De son côté la jeune fille se retourna, et fut un peu surprise de voir à la seule fenêtre éclairée l'homme avec qui elle avait bavardé une bonne partie de l'après-midi. Il la reconnut et la salua. Il allait y avoir des complications.

23 novembre 2013

Il est tard (EVP)


J’entends marcher dehors, tout est clos, il est tard.
Ma lampe seule veille, cercle d’or sur cette page.
De quoi aurais-je peur ? De quel désordre blafard ?
De ce ciel trop bleu, de ces nuages bien trop sages ?

Pourtant les choses basculent de l’autre côté du temps.
Sur la nuit qui dort, on a posé un drap plat
Et le lampadaire allume un sombre soir qui ment.
Quelques lumières attendent des gens qui ne sont pas là.

Qui marche là-dehors ? Un homme ou une absence ?
Qui me parle de lui ? Sa pipe ou bien sa pomme ?
Ma lampe est fatiguée, le jour déjà s’avance,
J’ai vu l’homme : Manteau noir, chapeau d’étrange forme.

Je tire les rideaux, le monde reprend sa place.
Le ciel est gris, le voisin prend son journal,
Un instant la vieille peur : Mais c’est moi dans la glace,
Le café est trop fort, c’est une journée  normale.

23 novembre 2013

Réécrire "L'Automne" (Joe Krapov)


J’entends marcher dehors.
Tout est clos. Il est tard.
Ma lampe seule veille.

J’entends gueuler dehors.
Sans doute est-ce un fêtard
A la trogne vermeille,

Arsouillé au Cahors
Pour noyer son cafard,
Ayant bu deux bouteilles ?

Ou bien, jouant Milord
Allé au bobinard
Où son or appareille,

Jean-François à tribord
Hurle un hymne paillard
Aux charmes de Mireille ?

A Nantes, mill’ sabords,
Pourquoi tant de gueulards
Nous cassent les oreilles ?

Puis tout se tait dehors,
S’éloigne le braillard,
La ville s’ensommeille.

Moi je choisis mes ors,
Les dispose avec art
Sur ces musiques vieilles.

Tous ces oripeaux morts
Le soleil, ce roublard,
En fait lande à merveille.

Vivaldi en ressort,
Allume le brouillard
Prend saveur de groseille.

Puis je couche mon corps
Au lit, un peu plus tard,
Et Morphée appareille.

L’âme en paix on s’endort,
Exempt des traquenards,
Vers la nuit sans pareille.

 

16 novembre 2013

Défi #273

"J'entends marcher dehors. Tout est clos. Il est tard.

Ma lampe seule veille...."

-extrait d'un poème de Marc Alyn-

 

Magritte 1

 

A vous d'imaginer la situation !

Envoyez vos participations à

samedidefi@gmail.com

A tout bientôt !

 

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