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Le défi du samedi
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22 décembre 2012

Le Baiser de L'Amour (Célestine)

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Le baiser de l'Amour d'Antonio Canova

 

 

http://www.deezer.com/track/13404862

 

Pour connaître la douceur du baiser de l’Amour, et l’enivrement de ses caresses, il  lui avait fallu  en accepter les morsures. La passion coulait en son sang comme une lave bouillante, et le mezcal et la tequila brûlaient ses artères,  plus fort  qu’un poison violent. Mais qu’importaient les précipices devant le  vertige des hauteurs !

Pour connaître les délices et les orgues des grandes amours au souffle lyrique, elle avait suivi toute sa vie des chemins tortueux ou rectilignes, sans jamais renoncer à ce frisson suprême et le frémissement de ses sens, et cet indéfectible sourire qui illuminait ses traits de l’insolence d’une jeunesse éternelle  lui indiquaient qu’elle ne s’était pas trompée. Jamais.

Elle contemplait la statue et effleurait du bout des doigts le marbre de Carrare, semblant vivant et palpitant comme la gorge d’un pigeon. Et pour elle, en cet instant de toute éternité, où l’amour tapait  dans son cœur comme un balancier aux veines de ses tempes, cependant que résonnait à ses oreilles le credo de la Missa Brevis de Mozart, la parfaite concordance des sons et des formes lui procura une sorte d’orgasmique soupir de bonheur esthétique.

L’alliance de l’humain et du divin lui apparut, dans sa plus impérieuse pureté, réalisée à tout jamais dans cet instant de grâce. Elle devint elle-même œuvre d’art.

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22 décembre 2012

Quoi ? (Walrus)

Drôle de question, pourriez-vous préciser de quel Art vous parlez ?

Moi, j'ai : Blakey, Duke, Garfunkel, Kane, Mengo, Meson, Shaw, Spiegelman, Sullivan, Tatum, Zoyd et je dois en passer de bien meilleurs sans aucun doute...

Merci de votre réponse !

22 décembre 2012

Participation de KatyL

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22 décembre 2012

Mona, j'te kiffe (Vegas sur sarthe)

Si j'aurais su qu'y suffirait d'agiter ses pinceaux dans l'huile et s'appeler Léonardo pour faire apparaître sur un panneau un peu plié - ou en peuplier - le demi-sourire énigmatique qui déchire grave dans le monde, reluqué chaque jour par vingt mille mateurs, convoité par des gros mythos et aujourd'hui si inaccessible derrière son carreau blindé, une putain de croute clonée, détournée, parodiée, charriée et même chantée... ben, j'aurais tété peintre au lieu d'être enquilleur.
 
On aura beau Paul&Mickey sur le blaze de la ragazza qu'a posé, bonimenter sur la techno à Leonardo, analyser la risette au microscope, débiner sur ses émotions - 83% joice, 9% salope, 6% pétocharde et 2% soupe au lait, à ce qu'on dit - calculer le timbre de sa voix, la gaffer enceinte, se berlurer qu'elle était paralysée de la tronche, Ma'ame Lisa del Giocondo, la Monna, ma Madonna, ma Joconde a pas fini d'allumer le populo.
 
Avec le temps elle est plutôt mal barrée ma Mona et son ciel est moins blue, les couleurs moins girondes, le vernis a bruni – et Carla aussi - mais elle est encore là, icône à perpète, captivante, emberlificoteuse et incontournable (en un seul mot).
 
Ma Mona, j'la kiffe grave!
22 décembre 2012

Toute une vie... (Val)

Tant d'œuvres d'art méritent d'être citées...
Il a fallu en choisir une. Parmi d'autres. J'ai tranché.

Je vais vous parler du journal d'Anais Nin, que j'affectionne particulièrement (le journal!).
Il est l'œuvre de toute une vie.
Le fond et la forme, le contenu et le contenant sont œuvre d'art.

Je pourrais expliquer avec quelle assiduité elle a tenu son journal, de l'enfance à sa mort, car ça, déjà, c'est singulier. Une vie entière. Mais d'autres l'ont fait.
Je pourrais vanter son style, ou mettre en avant son impudeur sincère, authentique. Mais c'est un journal, alors évidement...le contraire serait etonnant.

J'aime, bien entendu, les journaux d'Anais Nin pour tout cela.
Mais surtout, les journaux de sa vie sont pour moi une belle œuvre d'art parce que la vie, une vie, chaque vie, est une œuvre d'art. Sa plus grande œuvre est son journal, parce que sa plus grande œuvre, c'est elle.

Quoi d'autre -pour moi- qu'une vie entière couchée sur des milliers de pages, mérite plus d'être appelé œuvre d'art?

 

 

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22 décembre 2012

Lettre à Monsieur le Directeur du Musée du Louvre à Lens (Joe Krapov)

Cher Monsieur

 

DDS 225 Bertin par Ingres

Mon épouse et moi-même avons été très déçus par la visite de votre institution. Nous avons trouvé que « le portrait de Monsieur Bertin, mineur silicosé » par Jean-Dominique Ingres manquait un peu trop de vraisemblance. On voit là un bourgeois quelque peu enveloppé, à la limite de l’apoplexie d’avoir trop mangé de carbonade flamande, et c’est peint avec un style très réaliste sauf que ce monsieur a plus une tête de professeur en retraite que de prolétaire à l’article de la mort. Mais bon, je vous l’accorde, Germinal est loin derrière nous, tous les puits de mine ont fermé et des anciennes "gueules noires" ne restent que les veuves. Mettons aussi à part le fait que monsieur Ingres était tellement miraud que toute sa vie il a cru qu’il jouait du violon alors qu’il faisait de la peinture. Comme Beethoven mais dans l’autre sens.

Ce qui nous a vraiment déçus, c’est ce qui n’était pas là, et donc, essentiellement, la Vénus de Milo à qui nous vouons une passion sans bornes, un amour superbe et généreux. Voyez-vous, nous avions beaucoup à offrir à cette brave dame. Elle s’est élevée jusqu’à la célébrité à la force du poignet, elle n’a jamais ménagé ses efforts pour satisfaire tout le monde bien qu’elle n’eût pas quatre bras et elle a fait tant et si bien des pieds et des mains qu’elle est devenue l’attraction n°1, avec Madame la Joconde, bien sûr, de votre antenne parisienne.

 

DDS 225 Venus_de_Milo_Louvre_Ma399

Mon épouse et moi sommes de fervents admirateurs de cette top-model des temps antiques et pas en toc. Nous avions eu l’idée, en remerciement de votre implantation dans notre région, en plus des dix euros que je joins à ce courrier pour vos oeuvres, d’essayer de réparer les outrages des ans. En effet, en tant qu’anciens commerçants de la place d’Hénin-Liétard, nous tenions le magasin de vêtements « Au mineur-campeur ». A la retraite bien sûr, nous avons fermé boutique mais nous avons conservé une partie de notre stock et notamment les mannequins que nous exposions dans la vitrine. Je pense que dans toute cette équipe de bras cassés nous aurions pu trouver quelques membres encore actifs pour rendre à la Vénus son intégrité corporelle. La pauvre a bien mérité elle aussi une petite séance de chirurgie esthétique et ici, dans le Nord, comme on a dans le cœur le soleil qu’on n’a pas dehors, on était prêts à vous céder gratuitement ces rallonges.

Si notre proposition vous intéresse, vous pouvez passer chez nous à l’heure du café dimanche prochain. On passera la wassingue exprès, on vous offrira la bistouille pour discuter de cela et aussi des œuvres picturales d’Isidore Ducasse que notre voisin, M. Pivoine, ancien tenancier de manèges, pense avoir dé(mar)gottées à la dernière braderie de Lille.

 Nous habitons toujours au-dessus de notre magasin, place Fernand Darchicourt (comme les bras de la Vénus !) au n° 3 à Hénin-Beaumont. Dans l’attente de votre visite, nous vous souhaitons, cher Monsieur le Directeur, bonne installation en pays minier et bienvenue chez les Ch’tis.

                                     Louis et Marie-Anne Grosquinquin

N.B. Si ce type de courrier vous plaît, chères et chers Défiant(e)s, je vous recommande la lecture de « Moi et la reine d’Angleterre » de Patrice Minet qui a consacré tout un livre à sa correspondance rigolote avec des personnalités diverses et variées.

22 décembre 2012

Participation de Rose

Carre-blanc-sur-fond-blanc

Je n'aime pas les observateurs qui s'accordent sur la beauté des couleurs

Je n'aime pas les amateurs qui s'extasient sur la perfection des formes

Je n'aime pas les musées dénaturés par la foule humaine

Je n'aime pas qu'un artiste m'influence par son choix de représentation

Je n'aime pas qu'on me coupe l'imagination 

 

Le carré blanc sur fond blanc

C'est comme mes pas sur une page blanche

Peu importe ce que j'y fais, comment je le fais, on ne verra presque rien

Je me mets face à cette toile 

J'éclate des billes de couleurs selon mes humeurs

C'est fabuleux, tous les jours je peux la reprendre

Tous les soirs à minuit elle redevient blanche

 

Peur de la page blanche ?

Mais elle n'est pas blanche, regardez !

Un petit carré blanc qui nous rassure

Nous, humain, qui aimons le confort intérieur

Nous, humain, qui aimons transgresser les limites

Faites-y ce que vous voulez dans ce carré blanc

Renfermez-vous, aventurez-vous

 

Malevitch ne vous dira rien

Lui-même en le peignant, de sa fonction, il n'en savait rien

 

 

22 décembre 2012

Participation de Porphyre

.

Œuvre d'art en filigrane ou massacre d'une œuvre  d'art, désolé Monsieur Verlaine.

 

Aujourd'hui le ciel est gris, les mésanges volent par dessus le  toit. Le corps si bleu elles viennent picorer les graines de  tournesol. Le temps est si calme que le silence est tombé sur la ville.  Les boules de graisses sont accrochées à un arbre centenaire.

Par dessus le toit elles virevoltent. Le  palmier n'est pas à la fête le vent berce sa palme.

Il est midi la cloche sonne au loin dans  le ciel. Les mésanges qu'on voit nous font oublier la cloche qui doucement tinte. Puis un oiseau dont j'ignore le nom se pose sur l'arbre qu'on voit. C'est alors que mon chat chante sa  plainte.

Mon Dieu, Mon Dieu quel bon casse croute  que cet oiseau, mais la vie est là plus forte et mon chat n'arrivera pas  à attraper l'oiseau.

Mon matou est simple et tranquille,cette envie est paisible, les chats qui mangent les oiseaux n'est  qu'une rumeur. il n'a pas bougé, il faut dire qu'il vient de  la ville. Mais soudain il se précipite, croque l'oiseau, je le sermonne : « qu'as tu fait ô toi que voilà » Je suis parti pleurantsans cesse pensant à ce petit moineau sans défense. Dis petit  oiseau qu'as tu fait pour être ainsi croqué, toi que voilà dans la  gueule de mon chat. N'aurais tu pas pu profité de ta jeunesse ?

 

Porphyre.

15 décembre 2012

Défi #225

Quelle est l'oeuvre d'art

qui vous tient particulièrement à coeur ?

 

L'oeuvre d'art

 

Nous attendons avec grand plaisir

vos réponses

à samedidefi@hotmail.fr

 

15 décembre 2012

Ont pris la consigne au pied de la lettre

15 décembre 2012

Participation de Teb

fuite

15 décembre 2012

Participation de Mamido

Alphabet perdu. (Mamido)

Mamido

J’ai perdu le A de l’Amour, le B du Bonheur et le C de la Chaleur.
Ils s’en sont allés avec le D de la Douceur, le E de l’Entrain et le F de la Ferveur.

Mais pas pour toujours, non pas pour toujours. J’attends leur retour…

J’ai perdu le G de la Gentillesse, le H de l’Honneur et le I de l’Ivresse.
Ils s’en sont allés avec le J de la Joie, - Je vous avoue que, sur le coup, ça m’a laissé Ko- … et aussi, j’allais oublier, avec le L de la Liberté.

Mais pas pour toujours, non pas pour toujours.  J’attends leur retour…

J’ai perdu le M de la Magie, le N de la Nouveauté et le O de l’Originalité.
Ils s’en sont allés avec le P de la Passion, le Q du Questionnement sans limites et le R des Rêveries éternelles.

Mais pas pour toujours,  non pas pour toujours. J’attends leur retour…

J’ai perdu le S des Souvenirs, le T de la Tendresse et le U de l’Union.
Ils s’en sont allés pour le V d’un long Voyage, dans le W d’un confortable Wagon-lit, avec, à la main,  un verre du X d’un bon et vieux Xeres.

Mais pas pour toujours,  non pas pour toujours. J’attends leur retour…

Finalement ne sont restés que le Y de mes Yeux pour pleurer avec, tout de même le Z d’une Zeste d’espoir….
… Puisque je sais que ce n’est pas pour toujours et que je guette leur retour.

15 décembre 2012

Participation de KatyL

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15 décembre 2012

Participation de Venise

venise1

venise2

15 décembre 2012

Une lettre qui n'est plus (Porphyre)

Dur dur, d'écrire et de n'utiliser que quelques lettres, une n'est plus présente, quelle personne pour nous donner cet ordre d'écriture ? C'est difficile, impossible j'écris tout de même pour prouver que c'est possible. Pour cet exercice je ne peux plus continuer. C'est court j'en suis conscient. Qui nous donne ces ordres d'écriture impossibles, je me répète, pour une fois je ne puis obéir. Bientôt je publie mon texte sur le défi du week-end.

15 décembre 2012

Les lettres vont en balade (Lorraine)

Les enfants, nous allons en promenade. Cessez de crier.  En rang. Trois par trois.  K viens ici, arrête de pincer Y , j’ai déjà dit: “On ne fait pas mal aux filles” .Ni à personne d’ailleurs, c’est clair? Bon. Je t’ai à l’oeil..

G, c’est bien, mets ton bonnet; pas comme ça, le pompom devant. Oui. Tu viens, Q? Je vous défends de rire, c’est son nom, on n’y  peut rien. Q , non, pas à côté de K, je vous connais. Approche, Z et toi aussi,J.  Là..là... Attendez que je compte:

K , Z et J au premier rang; c’est bien. G près de Q (Silence!..) et tiens, viens toi, la petite H. Voilà, vous êtes trois. Les autres maintenant.

R et S, je sais, vous êtes inséparables, d’accord. S donne bien la main à V; mais non, V, il ne serre pas trop fort. Ca va? Bon.

Les trois suivants: X (cessez de rire, personne n’a dit qu’il était personne!...) attache ton écharpe, mets tes gants, T, tu te mets à côté de lui et tu ne bouscules pas U, on n’est pas à la récréation, on va en promenade.

Regardez, mes enfants, comme W est gentil! Il met son doigt sur ses lèvres pour dire à A et B qu’on ne bavarde pas. Comme c’est bien! Quoi? Qui a dit que c’est un frotte-manche?.. C’est toi, C?... Viens ici, mon ami, et D ne rit pas bêtement tout bas! C’est une classe ou une crèche,  ici?...

Tais-toi, D,  tu n’as pas la parole, mets-toi en rang avec E  et I. Où est-elle encore passée, celle-là?

 Qu’est-ce que vous avez, les jumeaux? Vous rigolez dans mon dos? Vous osez? Vous... Quoi! Pas tous les deux ensemble, un à la fois,  parle, F. Pas toi, H. ..Comment ça, I est partie? Vous voulez me rendre folle! Partie? Où? Quand? Comment?...

Monsieur le Directeur, s’il vous plaît..oui, oui, un peu d’eau...I est partie par la porte du  jardin qui était restée ouverte...Toute seule?  Je ne sais pas... Avec un monsieur?  Qui a dit ça?...X l’a vue...Monsieur le directeur.....je crois que...que je m’évanouis...

 

15 décembre 2012

Ne vous en donnez pas de grands ! (EVP)

Aaghh…Sans lui on étouffe.
Béat est celui qui l’a satisfait.
Compassé, quelquefois…
Dilaté dans une manche.
Epoustouflant, celui qui n’en manque pas.
Filet sous le seuil ou à l’espagnolette.
Gelé, glaçant : C’est la bise.
Haletant est celui qui en manque.
Insolent, celui qui s’en donne.
Joyeux, quand il est petit.
Kalk avec lui il faut qu’on l’enlève.
Lancinant : Une musique continuelle.
Malin : Quand l’œil pétille.
Nonchalant : Quand on fait mine qu’on n'en a pas.
Obtus : Quand on l’a buté.
Pistouille s’il est mutin.
Quiet : si tout est calme.
Suspect : Si vous l’avez louche.
Taquin quand on fait le malin.
Ubuesque quand Ionesco le double.
Vif s’il pique les joues.
Waouh ! Quand il vous épate.
Xénon le disait élément.
Yatagan, il l’a coupant.
Zatopek n’en manquait pas !


Vous avez deviné ?
Ah non ?!
Et bien j’ai l’R fin moi, maintenant !!

15 décembre 2012

Branlebas de combat (Anémone)

Que se passe-t-il? Voilà que
B bat en retraite.
C se carapate.
D disparaît, discrète.
E s'évanouit.
F fiche le camp.
G gagne sa grotte.
H se hâte vers sa hutte.
I s'isole dans son igloo.
J se jette à l'eau.
K est K.O.(mais a averti au klaxon).
L largue les amarres,
M met les voiles.
N nage sous la nappe des vagues.
O s'occulte obstinément.
P part, prudente.
Q quitte le quartier, très peu quiète.
R se ratatine dans sa retraite.
S se sauve.
T se taille.
U use de ruse et l'accompagne.
V va, ventre à terre.
W double vélocement cette dernière
X n'existe plus.
Y n'y est pour nobody.
Z zigzague vers la sortie.

La vie était belle,
mais on la dit de retour.
Comme un seul homme,
l'alphabet se barre et se casse
quand s'avance, arrogante,
A qui menace.

15 décembre 2012

L'alphabet du père Noël (Vegas sur sarthe)

A l'heure où les quinquets devraient être fermés,
B ien des bambins fourbus se forcent à veiller;
C 'est l'instant merveilleux où l'on croit distinguer
D ans l'âtre refroidi, des bruits de cheminée.
E st-ce le Père Noël encombré de paquets?
F aut-il fermer les yeux de peur de l'effrayer?
G lisser dessous la table, ne plus respirer,
H aïr l'espiègle chat qui joue sur les chenets
I l va briser le rêve et tout faire rater...
J urer fort dans sa tête qu'on a été très sage,
K yrielles de promesses qu'on jure de tenir,
L es efforts semblent vains, rien n'a l'air de venir
M algré les yeux rivés, attendant l'équipage.
N i rennes bondissants, ni hotte débordante,
O h! Ne nous dîtes pas "le meilleur, c'est l'attente";
P ère Noël, un effort... on baille à qui mieux mieux
Q ui peut te retarder ? un bouchon dans les cieux ?
R epus d'un bon festin, les parents endormis
S 'imaginent qu'on est bien au chaud dans nos lits.
T oi, gentil père Noël, exauce nos prières,
U n merveilleux cadeau, pour moi et pour mes frères,
V oir enfin à mes pieds un grand chemin de fer,
W agonnets et locos menant un train d'enfer,
Y a des nuits comme ça, bien belles sur la Terre,
Z en peux plus, Z'ai sommeil... Ze verrai ça demain.

15 décembre 2012

Végétarien(ne)s s'abstenir (Joe Krapov)

Végétariens, végétariennes, s’abstenir ! A midi, il y aura du cadavre d’animal dans les assiettes ! Mais avant cela il me faut attendre dans la queue, parmi des mamies à caddies (et pas des mamies d’Acadie chères à Michel Fugain) et des retraités heureux : il leur est resté des dents.

DDS 224 120716 027

Heureusement le bestiau crevé ne sent rien ! Sa viande est suspendue aux esses. L’usage de ce substantif ne vise pas à faire la preuve que l’auteur a des lettres mais qu’il a pratiqué jadis le cruciverbisme, le scrabble et l’anagramme ! Le quartier entier vient ici acheter l’élément central du repas de midi, ces quartiers d’animaux que l’artisan divise en suivant les desiderata que ses clients émettent. Derrière chaque demande il y a ce cri ancestral : « Pas de quartier !». Une devise de sauvage qui traverse le temps ! La vie est ainsi faite qu’elle est cruelle aux faibles. Ici, de la queue du taureau aux entrailles de la génisse, la chair de l’animal abattu est charcutée, parée, débitée dans une ambiance finalement assez gaie : les mecs en tablier et chemise bleu gris sifflent des airs de « La Vie parisienne » tandis qu’un peu de sang s’épand de ci de là cahin caha sur le marbre et le carrelage. Mais la sciure, c’est bien là qu’elle a de l’utilité !

Déjà, dans la vitrine du magasin, celle sur laquelle les passants zyeutent depuis la rue, un pauvre veau au regard éteint fait la tête, dans une indifférence généralisée, parce qu’il lui a été inséré dans chacune de ses narines un paquet bien vert de branches de persil. Quelle idée, franchement ! Il y a un chant ancien qui parle de cela, qui fait rire plus d’un pékin en disant l’absurdité de cette pratique, en la ramenant à l’humain.

Pendant l’attente dans la file, j’ai une pensée émue à l’égard du sieur J.-C. Averty en apercevant l’équivalent de ses bébés trucidés. Leur chair hachée pend tristement à la grille de la machine à décerveler. Celle-là eût plu à Ubu, le déjanté Sire né à Rennes. Ah la la qu’est-ce que Jarry, mais en silence quand même, des cheminements de ma culture qui va du télévisuel au théâtral en passant par le musical ! Qu’est-ce que je trimballe, décidément !

Au frais, derrière les vitres réfrigérées, des tas de victuailles attirent les regards des clients. Le cervelas ne se lasse pas de pulluler, l’araignée rêve de s’appeler Gipsy, la bavette demande à être taillée, l’aiguillette perd le fil de ce que jaspine la crépine, la macreuse aguiche la cliente à belles miches. Le faux-filet sait bien qu’il est destiné à finir emmené dans un vrai. La langue rêve-t-elle déjà de persillade ? Le veau a-t-il idée qu’une certaine Paulette sera décrétée par l'assemblée rassasiée reine des paupiettes ?

Vu que le maître de céans fait aussi charcutier-traiteur, il y a des chapelets de saucisses, des pâtés divers, des plats préparés à réchauffer, du hachis Parmentier, du museau vinaigrette, des pieds panés… D’aucuns, d’aucunes, par avance, se lèchent les babines. Simplement, ainsi que je le disais au début, végétariens s’abstenir !

Je n’ai qu’une autre certitude en ce lieu c’est que la brave dame assise dans sa caisse dégage une sensualité intense. Elle aussi est bien en chair et elle dégage autant de sex-appeal que la caissière du grand café chère à Fernandel. Le travail fini, le rideau de fer baissé, les carcasses rangées, à l’abri des regards mais si près de la rue, il s’en passe certainement de belles dans ce ménage ! J’aime à imaginer les étreintes enivrantes auxquelles les a menés leur désir exacerbé par l’inactivité, l’attente, le bruit du maniement des tranchelards, des lames et des instruments de métal qui s’abattent sur les carcasses, les pénètrent, les lacèrent, en extirpent le meilleur, les agitent, les emballent, et bibi, lui aussi, dans la file d’attente des tapas s’emballe : se peut-il que le charcutier manie avec la même vigueur sa mie que sa galantine ? Que la vue permanente sur ces cylindres durs, ces messieurs musclés qui s’agitent, à elle, lui fasse un effet… stimulant ? Qu’ils ahanent pendant le déduit, ici-même, sur l'étal, les pieds dans la sciure... ?

Mais il faut que je cesse de décrire ce lieu et d’énumérer mes fantasmes d’égrillard quasi Strauss-Kahnien, bien allumé, bien grillé, qui, bien avant que les Chrétiens ne célèbrent la naissance du Christ et que le vieux barbu qui passe par la cheminée n’entasse au pied du sapin les cadeaux des bambins, se farcirait bien la dinde aperçue là, qui ressemble un peu à Pétula Clark. Mrs, please, clarkez lui le beignet à l’Augustin !

- Qu’est-ce que ce sera ? demande le mari de la belle aguicheuse.

- 200 grammes de steack haché.
- Il y en a un peu plus. Je le laisse ? Et avec ça ?
- Une demi-épaule d’agneau.

DDS 224 peggy

Je lui permets de me suggérer d’en faire un navarin - pas la peine de lui parler de cuisine indienne, à lui, byriani, il ne sait certainement pas ce que c'est ! - puis je vais à la caisse régler mes achats à Peggy. C’est ainsi que j’ai baptisé la femme du butcher, du blase de la peluche à grand cils des Muppets.

Je lui tends un billet de vingt, elle m’en rend un de cinq et des petites pièces et, je ne rêve pas, me glisse un petit papier manuscrit plié en quatre dans la main.

Je quitte l’établissement en saluant ces braves gens, je fais quelques pas dans la rue et m’arrête devant la pharmacie. Là je déplie le truc et je lis :

Cher Augustin
J’ai bien reçu ta lettre. Je ne savais pas que tu m’aimais autant. C’est d’autant plus curieux que tu ne m’as jamais fait d’aveux ni laissé paraître aucun signe de cela auparavant. Cependant – ne jette pas la pierre à la femme adultère ! - l’idée d’une aventure ensemble m’intéresse bien. En vue de se divertir Maxime va passer quelque temps, chaque mardi après le travail au club de bridge de l’avenue Trudaine. Le quartier est ainsi libre, si je puis dire. Viens vers 21 heures. Tape sur le rideau de fer, je serai derrière et te ferai entrer dans le magasin et peut-être dans ses dépendances si affinités. Je t’assure que tu ne seras pas déçu de la visite. Tendrement. Emmeline Sanzeau.

La lettre que j’avais perdue ! C’était ici, l’autre matin en achetant du lapin ! C’est elle qui l’a ramassée ! Une lettre destinée à Irma, l’assistante de la cantatrice. Dans quel pétrin me suis-je fichu ? En même temps, quand le rêve d’un instant devient réalité, faut-il cracher fâché sur le lama argenté ?

***

Pendant ce temps, au château, un énième appel mal aiguillé retentit, dérangeant le capitaine dans sa sieste.

DDS 224 boucherie sanzot


P.S. Les plus perspicaces des lecteurs et lectrices du Défi du samedi l'avaient deviné, bien entendu. Maintenant les autres savent quelle lettre a disparu dans ce texte qui aurait peut-être pu aussi s'appeler "une aventure inédite de Tintin" mais je ne veux pas d'ennuis avec Casterman !

 

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