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Le défi du samedi
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23 août 2008

Véronique (Val)

Ce samedi, grande brocante au village. Et en plus, il fait beau.

Véronique s’y rend, réjouie et bien décidée à y trouver…un siège bébé pour vélo et un aspirateur !

Elle en voudrait un sans sac, très beau et très léger, et surtout pas bruyant pour un sou.

Un jeu d’enfant à trouver, non ?

En vrai, Véronique, malgré le sourire qu’elle affiche, est contrariée. Son ancien aspirateur, elle l’aimait bien. Non seulement il était assorti à son carrelage de salle de bain, mais en plus il était ultra léger et plutôt puissant.

Malheureusement, sa belle-sœur (un personnage !) l’a utilisé pendant ses vacances à la maison et a omis de mettre un sac, à moins qu’elle ait cru qu’il s’agissait d’un aspirateur sans sac… allez savoir ?

Toujours est-il que le verdict est tombé ce matin : mort, l’aspiro ! Le mari de Véronique, médecin de petit et gros électroménager amateur (mais pratiquant !) a rendu son verdict peu avant midi . Paix à son âme !

Véronique est irritée. Non seulement elle a perdu un fidèle compagnon, mais en plus elle a du dire adieu à ses projets du samedi matin, autopsie de l’aspirateur oblige.

Elle avait prévu d’aller au magasin de sport pour acheter un siège vélo à sa petite fille, voire de passer aussi au magasin de jouets pour voir les cuisines pour son anniversaire prochain.

Point !

Véronique sait bien qu’elle ne trouvera pas l’aspiro de ses rêves dans un vide grenier. D’ailleurs, par chez elle, y’a même pas de vide grenier le samedi.

C’est à confo qu’elle ira cet après midi.

Elle aurait préféré faire une ballade à vélo en famille… mais le siège n’est toujours pas acheté.

Pourtant, Véronique sourit. Elle a même affirmé à son mari chéri qu’elle n’était pas mécontente, car elle voulait le changer, finalement, cet aspiro.

Des plaintes, ou même une moue de dépit n’auraient fait qu’attiser la petite animosité qu’éprouve déjà le chéri en ce moment envers sa sœurette.

A quoi bon ?

Je sais, je sais, c’est facile et c’est de la triche, mais je n’ai rien trouvé de mieux, et puis c’est bien connus, la réalité est souvent bien moins coquette que la fiction.

Pour me faire pardonner, une autre fois je vous raconterai la fois ou j’ai visité un village viking reconstitué dans une ville du nord de l’Angleterre.

Bon samedi à tous.

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23 août 2008

Brocante, sponsor et vieilles flanelles - MAP

23 août 2008

A la brocante - Fabeli

A la brocante,
Toujours partante
Je me ballade
En promenade

Trois vieux rideaux pour mon bateau
Six verres à vin pour le cousin

A la brocante,
Toujours contente
Je fais des tours
Et des détours
Un lampadaire pour ma grand-mère
Trois grands torchons lins et coton 

A la brocante,
Bien hésitante
Je réfléchis
C’est non, c’est oui

 Ce tapis vert ou ces couverts ?
Le grand panier ou le damier ?

 A la brocante
Toujours patiente
Dans les allées
Je viens, je vais

Un tel achat c’est du tracas
Drakkar Viking ou vase Ming ?

De la brocante
Jamais perdante
Je pars ravie
De mes acquis

Les bras chargés de beaux objets
A mon grenier vais les poser

A la brocante
Pour la revente
Dans quelques mois
J’irai, ma foi
Les bras chargés de beaux objets
Que du grenier j’ai retiré !

23 août 2008

Houpert-Brone - Martine27

Demain, c'est brocante au village.

Je vais encore me laisser aller, c'est sûr.

Il faut dire que ça fait tellement de temps que je cherche un Houpert-brone qu'il va bien falloir un jour où l'autre que je le trouve.

Pardon, qu'est-ce qu'un Houpert-brone ?

Si je le savais je me ferais un plaisir de vous le dire.

Là gît le problème.

Je suis tombée un jour sur ce nom dans un livre et il était dit que cet objet extraordinaire pouvait exaucer un vœu.

L'ennui c'est que dès que j'ai vu ce mot, j'ai été comme ensorcelée.

IL FALLAIT que je trouve un Houpert-brone et ça fait maintenant 20 ans que j'écume les brocantes et foires à tout, la galère je vous le dis, et le gouffre financier.

Au début, j'ai pensé qu'il s'agissait d'un récipient. Vous savez qu'on trouve beaucoup de génie dans les bouteilles.

J'ai donc commencé à acheter des bols, des bouteilles, des lampes à huile ou à pétrole, des vases, des théières et vas-y que je te les frotte, encore que le mode d'emploi n'était pas donné dans le livre.

Bref, il y a chez moi une sacrée collection de contenants en tous genres et super astiqués je vous le dit. J'ai même, c'est vous dire, un crâne dans lequel les vikings buvaient leur boisson sacrée (je me demande si je ne me suis pas fait avoir quand même, il m'a semblé voir gravé en dessous Made in quelque chose, pas sûre que ce soit du viking ça).

Bon, bref.

Ensuite j'ai enchaîné sur l'achat de toutes les choses qui me paraissaient de bonnes candidates pour être un Houpert-brone. Des livres, des porte-clés, des assiettes, des miroirs, des casseroles, des réveils, des vieilles fringues, des godasses déglinguées, des pots de chambre, des miniatures, des poupées et même, même un raton laveur empaillé. Rien à faire j'ai beau multiplier les achats, essayer un tas de rituels aussi bizarres que variés du style danser à poil sous la lune avec le dernier objet en date, ou me rouler dans la rosée avec lui. Rien à faire, si ce n'est me taper des crèves mémorables quand on est en plein hiver.

Je commence à me décourager et il serait bien que je le trouve ce fichu bidule, parce que si au début je n'avais pas trop d'idées sur le vœu à formuler, voyez le genre être riche, être célèbre, vivre longtemps en bonne santé, maintenant je n'ai plus qu'un seul vœu en tête, vous voulez savoir lequel ?

Simple, si je mets la main sur un Houpert-brone je lui demande de me débarrasser de tout le bric-à-brac qui encombre ma maison, faut dire que c'est tout juste si je peux encore y entrer sans me faire écraser par tout ce qui y est empilé !

PS – Au fait Houpert-brone, vous avez deviné le mot qui se cache derrière ?

 

23 août 2008

L’esprit de l’escalier - Joe Krapov

- Eh Petitprince, tu dis comment, toi ? Rag-nar le Viking ou Raniar le Viking ?

- Je note : un dictionnaire de suédois en kit, Lemouton.

- En kit ? Un dictionnaire ? Un dictionnaire en kit, Petitprince ?

- Les dictionnaires de suédois, c’est comme les meubles, c’est en kit, Lemouton. Tout ce qui vient de Suède est en kit.

- Même les Suédoises ?

- Mêmes les Suédoises. Il faut que tu les montes toi-même sinon c’est un autre qui en profitera.

- Oh moi, les Suédoises, de toute façon… Je préfère les Suédois !

- Tu peux en avoir des tout assemblés, mais c’est plus cher.

- Des Suédois ?

- Non, des dictionnaires.

- Et tu es sûr que ça va nous donner la prononciation exacte de Ragnar le Viking ? D’ailleurs, Viking, est-ce que ça ne serait pas plutôt Norvégien ?

- Dans ce cas, je note : « Norwegian wood » sur l’album « Rubber soul » des Beatles paru en 1965.

- Pourquoi, tu ne l’as pas ?

- Non. Moi j’ai tout ce qu’ils ont fait depuis « Revolver » qui date de 1966. Avant je les connais moins.

- Mais cet album-là, il ne va pas nous dire quelle est la pronociation exacte de Ragnar le Viking ?

- Pourquoi c’est si important pour toi de savoir ça ?

- Parce que je ne veux plus avoir l’air con !

- Houla ! Mais y’a du boulot alors ! Je note : « Bon pour une chirurgie esthétique du visage ». Je ne sais pas si je vais trouver ça. Je me demande si de te faire refaire le nez ça ne va pas te coûter les yeux de la tête !

- Tant que c’est pas la peau du cul ! Parce que le chirurgien esthétique est Suédois ? Norvégien ? Scandinave, même peut-être ?

- Pourquoi tu veux pas avoir l’air con ?

- Parce que je l’ai déjà été suffisammeent comme ça avec Uriah Heep. Je veux dire avec Iouraïa Heep.

- Uriah Heep ?

- J’ai toujours dit Uriah Heep parce que je ne parle pas l’anglais mais en fait en anglais on dit Iouraïa Heep.

- Ah oui ! Iouraïa Heep ! Je note : David Copperfield de Charles Dickens. C’est de là qu’il vient le nom de ce groupe de rock. Tu le savais, j’espère ?

- Parce que toi, Petitprince, tu as toujours dit « Iouraïa Heep » ?

- Mais moi je connais l’anglais, Lemouton ! Et puis il faut évoluer ! Comment tu appelles un courrier électronique ? Un email ou un émail ?

- J’appelle ça un courriel, pourquoi ?

- Si nous revenions à nos moutons, Lemouton, hein ? C’est quoi ton problème avec Ragnar ? (Il prononce Rag-nar)

- Moi je dis Raniar, mais tu fais comme tu veux. Eh bien voilà : si j’en crois la liste que m’a donnée Camille dans les n°s 1143 et 1178 du journal « Vaillant » il y a deux aventures complètes de Ragnar qu’il n’a pas. Et si je lui trouve le n° 1211 ça lui permet de compléter l’histoire du chaudron d’or.

- Alors ça, des numéros du journal « Vaillant », ça m’étonnerait que j’en trouve ! Ou alors ce sera encore plus cher que la chirurgie esthétique. C’est marrant que Camille ait conservé çà. Plus personne ne lit les aventures de ces héros-là aujourd’hui. Nasdine Hodja, Les Pionniers de l’Espérance, Teddy Ted. Ca relève de la nostalgie, voire de l’Ostalgie, c’est politiquement très incorrect !

- Glénat en a ressorti dans sa collection « Patrimoine BD ». Dos toilé, présentation luxueuse mais j’ai peur qu’il s’agisse des mêmes épisodes que ceux édités jadis par les Editions du Fromage.

- Tu ferais mieux de lui offrir le « Live in Europe 1979 » d’Iouraïa Heep. Je sais qu’il ne l’a pas.

- Mais je ne vais jamais trouver ça non plus !

- Mais si ! Dimanche c’est la braderie du canal Saint-Martin à Rennes. La deuxième plus grande braderie de France après celle de Lille. A chaque fois que j’y suis allé en quête de quelque chose de précis, je l’ai trouvé ! C’est dingue, non ? « Hôtel du Nord » d’Eugène Dabit, les musiques des films de Jacques Tati, « Le premier de la classe » de Font et Val.

- Alors, tout ce que tu as noté sur ton papier, c’est pour ça ? Tu vas trouver tout ça là-bas ?

- Mouaipe, Lemouton !

- Quel bol tu as ! Bon, ben si c’est comme ça, je viendrai avec toi alors ! Tu peux noter ce que je souhaite trouver pour moi ?

- OK. De quoi as-tu besoin ?

- D’un parapluie arc-en-ciel. A cause de Camille !

- Ah oui, à toi aussi, il te fait la réflexion !

- « Sortez couverts, mes bichons » ! Il nous dit ça même quand il fait beau, et tout le monde éclate de rire dans son bistrot. Il y a des jours, je ne comprends rien à son humour !

- Moi je sais pourquoi. C’est à cause de ce proverbe idiot : « En Bretagne il ne pleut que sur les cons » !

- Ah c’est pour ça ? Quel enfoiré alors ! Bon ben tu peux les rayer sur ta liste, ses numéros de Vaillant et son dictionnaire de Suédois et le Uriah Heep…

- Iouraïa Heep !

- Je le garderai pour moi, si on le trouve ! Je ne l’ai pas non plus, celui-là.

- Je laisse quand même la chirurgie esthétique. On ne sait jamais. Avec un peu de bol on en trouvera une à pas cher ! 

 

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23 août 2008

Mystere... - Janeczka

Je reviens de mon trekking au Bhoutan (fort depaysant mais incroyablement ereintant) et decouvre qu'une brocante a lieu ce samedi.
Amatrice de bric-a-brac et de bonnes affaires, je decide de m'y rendre.
La place du marche est recouverte d'etals divers et colores. Les petites rues pavees ont ete fermees pour l'occasion. C'est une belle journee - une raison de plus pour me lever tot.

Apres avoir achete quelques babioles (mugs et cartes postales anciennes, surtout), je tombe sur une reproduction miniature d'un bateau de Vikings.
Elle est extremement detaillee et vraiment plaisante a regarder. Il me la faut. Je m'enquiers du prix. La vendeuse me regarde d'un air morne et me repond d'un ton monocorde que cet objet ne lui appartient pas. Mais alors a qui...? haussement d'epaules. Je peux le prendre alors? vague geste de la main qui veut dire oui (je suppose).
Bon, c'est decide, je l'emmene. Et hop! sous le bras. Quelle bonne affaire! une beaute pareille, gratuite! il faudrait etre fou... la vendeuse n'a pas su en voir le potentiel. Tant pis pour elle!

Arrivee chez moi, je prend mon temps pour etudier cette quasi-oeuvre d'art. Un travail d'orfevre a ete effectue. Moi qui suis passionnee par tout ce qui est d'origine Celtique, Nordique de surcroit, je reste sans voix.
Je n'ai aucun mal a imaginer l'equipage de ce drakkar, affrontant mille dangers, sur une mer incertaine, pour finalement atteindre la cote, avant de repartir pour d'autres aventures.
Il me semble que je peux meme les entendre: ho hisse! souquez ferme! Les clameurs se melent au chant du vent et au langage des vagues. Le bateau entre les mains, je ferme les yeux et me laisse aller a revasser.

Lorsque je me reveille, le drakkar a disparu. Je regarde mes mains vides, interloquee. Je cherche partout dans l'appartement; aucune trace. Mes autres achats sont bien la, eux. Aucune trace d'effraction... Aurais-je tout invente?
Peut-etre ce mysterieux objet reapparaitra-t-il de la meme facon dont il s'est evanoui...?

23 août 2008

Brocante (Joye)

Samedi, à la brocante, j’achetai une belle tocante. Dimanche, encore, je revins, pour trouver un magot aux confins. Lundi, dans le grand parking, j’acquis un bateau de Viking. Mardi, je continuai, et trouvai un beau porte-balai. Mercredi, pas de brocante, je fis donc un tour chez ma tante. Jeudi, fauchée comme du blé, je filoutai une bague en doublé. Vendredi, le temps de m’éprendre, c’était donc encore mieux pour me rendre samedi, à la brocante…

23 août 2008

A deux, c'est mieux (Papistache)

— "Petit-Époux-Au-Corps-Chaud, j’ai froid sous la couette, viens me réchauffer."
N’obtenant pas de réponse, Épouse-
Frileuse-Quand-Ça-L’arrange se leva, enfila son peignoir mirabelle et s’approcha de son vieux mari dont les yeux rougis fixaient l’écran blafard de l‘obsolète ordinateur familial.
Un court dialogue s’ensuivit duquel il  ressortit que l’inspiration fuyait les sombres méninges lasses de l’écrivaillon voûté.
— "Veux-tu que je t’aide ? lança l’épouse en dégageant, sans attendre, les paperasses éparses qui encombraient le tabouret voisin de l’ergonomique siège du patriarche amoindri.
— MAP nous a pondu une consigne d’écriture, pour nos défis du samedi, qui me paralyse :

Samedi : grande Brocante au village.
Qu'allez vous acheter ?
Pourquoi ce  (ou ces choix) ?
Glissez obligatoirement le mot "viking" dans votre participation.

— Diable, toi dans un vide-greniers ? MAP n’épargne pas ta santé ! Allez, commence, je vais t’aider."

Jean-Daniel avait accepté de suivre son épouse au vide-greniers de Saint Germain Des Petites Bosses. Il avait trop esquivé pendant ces vacances ; il avait senti, que cette fois, il devait se plier à l’invitation. Pourtant, Stéphanie ne pouvait ignorer combien ces expositions misérables le plongeaient dans une noire déprime. Il rangea sa voiture près du mur de l’ancienne fromagerie et surjoua l’enthousiasme. Son épouse frétillait.

— "C’est pas mal. Un peu trop autobiographique, mais pas mal. Là, tu pourrais placer le mot viking.
— Comment cela ?
— Tu écrirais : “surjoua l’enthousiasme, le sang viking de ses ancêtres roulait dans ses veines gonflées d’excitation...”
— Trop tôt et trop téléphoné. J’ai peut-être une autre idée.
— Vas-y ! Est-ce que ça t’embête si je passe ma main sous ton tee-shirt ?"
Sans attendre de réponse, son épouse s’exécuta,  Jean-Daniel se redressa, la main était glacée.

Toutes ces vieilleries, chargées de sombres histoires familiales avaient le don de l’agresser mentalement. Il recevait, comme autant de coups, les durs épisodes que révélaient là, une marque sur le bois d’une table basse quand un enfant de deux ans s’était ouvert  le front après que son père bourru l’eut repoussé violemment, ici, le dernier verre d’une série de douze, rescapé d’une longue succession de querelles ivrognesses  au sein d’une cuisine crasseuse et  nauséabonde.

— "Mon chéri, tu t’égares. C’est vraiment ce que tu ressens quand tu me suis aux brocantes  du coin ?
Frissonnant, le vieil homme biaisa :
— Non, tu as raison, je reprends.
— D’autant que je te vois mal parvenir à placer “viking” dans cet univers à la  Zola."

Toutes ces vieilleries, chargées de sombres histoires familiales, le déprimaient au-delà du possible. Toutefois, pour complaire à sa compagne, Jean-Daniel s’engagea, d’un pas de chineur dans l’allée cernée par les étals approximatifs. Était-il possible que quiconque ait envie d’acheter ces assiettes ébréchées, ces clous rouillés ou ces godillots hors d’âge et suppliant de toutes leurs béances un ensevelissement décent et urgentissime ?

— "Ouais ! Guère plus engageant, mais là tu places “viking” ! Humm ! Des godillots qui semblaient avoir appartenu à Rollon, le fier Viking. Non ?
— Je ne crois pas. J’attends encore un peu.
— C’est toi l’auteur. Je peux... l’autre main ?"
Heureusement, elle n’en avait que deux !

Jean-Daniel eut un haut-le-cœur. Un relent âcre de barbecue alimenté à la graisse de porc lui sauta aux narines. Une musique qui sentait les frites accompagnait le nuage agressif : “Et, viva España !”
Sept à huit adultes braillaient le refrain dans une cacophonie insupportable.

— "Là, là, place viking. Tu sais, les banquets pantagruéliques après les batailles.
— Ce n’étaient pas plutôt les Gaulois ?
— On n’est pas à l’école ! C’est toi l’auteur !"
Les yeux du pauvre homme lentement réfrigéré par sa moitié faillirent lui sortir des orbites. Comment pouvait-elle réussir ce coup-là ? Tout en se collant à lui, elle avait glissé son pied droit dans la jambe de son pantalon et en appuyait la plante sur son mollet glabre. Sa température chuta comme sous l’effet d’un anticyclone brutal. Néanmoins, il reprit son écriture.

Étourdi par la vison cauchemardesque qui venait de s’imposer à lui, Jean-Daniel allait passer le stand horrifique quand il aperçut, à peine plus haute que la planche chargée d’hétéroclites ordures en sursis, une magnifique tête auréolée de blondes tresses vikings. Une petite fille, de huit ans  pas plus. De grands yeux bleus tristes, comme s’excusant d’appartenir à la lignée brutale qui se trémoussait en arrière plan, tout en s’arrosant les lèvres de graisse porcine, le fixaient. Le choc le cloua sur place. Il ne pouvait se détacher du regard de la fillette. Un ange. Un ange, né au sein d’un tribu primitive du nord ouest de la France. La souffrance de devoir partager l’existence de ces braillards avinés se lisait  dans la pupille de l’apparition. Jean-Daniel plongea la main dans  la poche  de son pantalon. Qu’importe ce qu’il achèterait, il fallait qu’un sourire naisse au coin de ces yeux. Il tendait son billet de vingt euros vers la  petite marchande quand son épouse le tira par le coude :
— "Oh ! Des rideaux en filet. Viens avec moi !"
Entraîné par le bras ferme de Stéphanie, Jean-Daniel se sentit arraché à sa contemplation. Tournant la tête, il vit une dernière fois les tresses dorées et les yeux clairs de l’enfant avant qu’une matrone en robe à fleurs ne les lui cachent. Son billet était tombé sur un cendrier publicitaire  recollé, avec force bavures, à l’Araldilte jaune. Vingt euros ! Vingt euros l’apparition d’un ange. Ce n’était vraiment pas cher payé !

— "Eh, tu vois, à deux, c’est mieux !"
L’écrivaillon fatigué éteignit son ordinateur, déplia sa carcasse et  comme aux jours fastes de leur vie commune prit son épouse dans ses bras et la porta vers le lit. Cinq mètres... c’était encore du domaine du possible. Les yeux aigue-marine de l’amour de sa vie ne luisaient-ils pas d’une promesse familière ?

23 août 2008

Le couffin (Brigou)

 C’est aujourd’hui le premier samedi du mois…. Jour de grande brocante au village. La « chine » est devenue l’un de mes loisirs favoris.

J’aime ce déballage de menus objets qui après de bons et loyaux services finissent sur le trottoir en espérant une nouvelle vie. Je ne suis pas attachée à la valeur pécuniaire de l’objet. C’est plutôt un coup de cœur qui va m’attirer. Même si je ne l’utilise pas, je lui trouve un petit coin dans mon intérieur et je le garde précieusement pour le plaisir.

J’hésite toujours un peu entre laisser les objets raconter leur histoire avec leur patine, leurs fissures, leurs couleurs ou bien les rénover pour leur donner une nouvelle identité.
Cet après-midi au coin d’une rue, j’ai déniché un stand où un charmant monsieur au regard d’un bleu azur et une barbe de viking vendait des articles pour bébé. Un petit couffin ancien m’a attiré. Il est bleu-grisé avec des petites roues métalliques, je le trouve très joli même avec ses craquelures et son osier un peu abîmé.

A mon retour, je me suis interrogée sur cet achat, pourquoi un couffin ? Serait-ce le désir de devenir grand-mère, de grimper dans l’arbre généalogique de la famille ? Je suis sûre que l’arrivée de petits-enfants donne un souffle nouveau et j’ai très envie de recevoir ce cadeau de la vie. Patience…

23 août 2008

Trois francs six sous (Tilu)

<p><p><p>Une montre sans aiguille</p></p></p>

A la brocante du quartier

Où je traîne de temps en temps,

Entre casque viking,

Petites passoires à thé,

Nécessaire de camping

Et autres antiquités,

J’ai dégoté quelques objets :

 

Une montre sans aiguille

pour oublier le temps

Un bocal à grenouille

pour prédire le temps

Un jeu du solitaire

Pour faire passer le temps

Un almanach Vermot

Pour rire de temps en temps

Un vieil ours en peluche

Pour remonter le temps

Un vieux vynil de Brel

Pour valser à trois temps

Mais je n’ai pas trouvé,

J’aurais aimé pourtant,

Un couteau à trois dents

ou une scie rouillée

Pour raccourcir le temps

Qui me sépare de toi….

10 août 2008

Défi #23 le 23 !

Chers jouteurs du samedi,

cette semaine, Janezcka organise un trekking au Bhoutan pour la reine d'Angleterre,
Val initie Jean-Jacques Goldman au macramé sur une ile où pousse le raphia sauvage
et Papistache arrache des pommes de terre à un sol ingrat qui refuse de les lâcher sans une taxe de vingt litres de sueur à l'hectare.

Aussi, l'échéance du défi #23 est-elle fixée au samedi 23 août.

Défi #23 le 23 !

Cette fois-ci, c'est MAP qui nous lance son défi !


Samedi : grande Brocante au village.
Qu'allez vous acheter ?
Pourquoi ce  (ou ces choix) ?
Obligatoirement glissez le mot "viking"
dans votre participation.

samedidefi@hotmail.fr


Deja dans le panier: MAP ; Fabeli ; Martine27 ; Joe Krapov ; Janeczka ; Joye ; Papistache ; Brigou, Tilu...

9 août 2008

Cours Lola cours… à la plage (Cartoonita)

Le soleil darde ses rayons. La plage de West Strand est noire de monde.
Je tartine tendrement de crème solaire le dos de mon Manni. Soudain, HORREUR ...
Je sens la peau de Manni se désagréger sous mes doigts. Des trous verdâtres qui m’hypnotisent. Tandis que j’entends se rapprocher de moi des voix d’outre-tombe. Ne pas se retourner. Ne pas se retourner. Ne pas se retourner. On me tape sur l’épaule…
« Eh Madame, votre chapeau. Eh, je vous cause. » Mon sombrero qui s’était envolé. Un petit minet avec des lunettes Gucci qui me le ramène. C’était ça. Ouf, ça va pas mieux moi, j’arrête pas de psychoter. Pas de plaies purulentes, ni de zombies grouillants d’asticots et ce qui est entortillé autour de mes poignets, c’est les bracelets que Manni m’a offerts. Un clodo lui avait refilés dans le métro, tu parles d’un cadeau.

 

Je chope le tube de crème solaire et commence vraiment cette fois-ci à tartiner Manni. En chantonnant s’il vous plait. Et là, l’horreur. Mes doigts restent collés. Manni ! Il fond !!! Je crie.
Manni se retourne. « Qu’est-ce t’as Lola ? Pourquoi tu tripotes le Zwiebelkuchen ? T’as de drôles de façons de manger Lola, ma louloutte… ». Je me reprends, encore un trip, je devrais arrêter ces cochonneries, ça me réussit pas.

 

Je retourne à mon tartinage d’anti-UVA et UVB. Indice 30. Avec ça, il risque pas se transformer en écrevisse… Je souris en faisant naviguer mes mains sur son dos. Des grognements m’arrêtent. Manni se retourne brusquement. Son visage est déformé par la haine. Il me lance à la gueule des mots durs, crachés. Avec violence me jette à terre, sur le ventre. Je sens son souffle chaud contre mon cou, prêt à me mordre au sang. Il me murmure quelque chose.
« Eh Lola relève toi. C’est qu’un sale gosse déguisé en loup garou qui t’a bousculé. Ça va ?! »

 

 

Je me remets difficilement à la lourde tâche que ma confiée mon chéri : lui protéger le dos des coups de soleil. C’est alors que j’entends quelque chose siffler. On aurait dit un rapace. Bizarre. Mais ? Manni ? Sa tête roule sur le sable. Tranchée nette. Je tremble.

 

Non c’est un ballon. Des gosses qui jouent au volley. Et Manni qui s’était penché pour prendre quelque chose dans le sac. Je me secoue et respire lentement pour faire passer l’hallucination.

 

 

Le tube de crème à la main, j’essaie de rester calme. Mais ma vision se trouble. On m’attrape par les bras. Des hommes. Je les entends parler. Ils sont énervés « Putain, elle fait chier la vioque, encore dans le couloir en train de caresser le poster de Moritz Bleibtreu. » « Allez, Madame Färberböck, vous allez gentiment retourner avec les autres. Ils regardent le film. Ce soir c’est Swing Heil, il est très bien vous verrez. » « De toute façon, y’a que ça. » J’ai l’impression qu’on m’emmène quelque part. Tout est trouble.

 

« Oui, c’est une insolation. Il faut la réhydrater d’urgence. Appelez le 110. J’essaie de la réanimer. »

plage

9 août 2008

Abbey road. 10, Humour noir (Joe Krapov)


(Merci de lire auparavant : « Abbey road. 9, L’Horreur » contribution dont ce texte-ci est la suite et la fin)

Le maître-nageur l’avait fait poireauter un quart d’heure, sans rien lui dire, sans rien faire d’autre que donner un coup de fil, enfin un coup de téléphone sans fil, à la gendarmerie de Lannion. Et maintenant, après avoir franchi la clôture élevée qui entourait celle-ci – la gendarmerie de Lannion avait subi, il y a quelques années, le siège très agressif d’une bande d’alcooliques venus libérer un des leurs et elle s’était pour ainsi dire barricadée depuis derrière un haut grillage -, il était assis face à un type à tête de bon père de famille qui ne prenait même pas soin d’engager des feuilles dans sa machine à écrire pour prendre sa déposition. Pire, il regardait l’écran d’une télé tout en lui causant et en tapotant sur un clavier plat, ce qui avait le don d’exaspérer Camille.

- Comprenez-moi, monsieur Cinq-Sens. Nous sommes en 2008, pas en 1966. Je ne peux pas vous expliquer comment cela marche matériellement mais on vous a extirpé de votre époque et de votre univers en raison d’ordres venus de plus haut. Vous n’êtes pas le seul à être concerné. Tous les personnages de fiction sont dans votre cas. Nous allons opérer un tri parmi vous : on ne lit plus de romans de nos jours. Les gens ont besoin de réalité : des magazines sur la vie des stars, les hommes politiques, les sportifs. Il leur faut de la télé, de la réalité, de la télé-réalité, du pain et des jeux uniquement. Du coup certains personnages de fiction sont rappelés pour… Appelons ça une mise à l’écart si vous voulez. Quelques uns de vos soi-disant héros sont de très mauvais exemple pour la jeunesse de notre pays.

- Je ne suis pas un héros ! s’emporta Camille. Mes faux pas me collent à la peau ! Et puis qu’est-ce que c’est que cette histoire de personnage de fiction et de moralité. Je suis un honnête vendeur de limonade, moi. Je suis aussi vivant que vous. Tenez, touchez ici. C’est pas du réel, ça ?

Camille lui avait tendu le bras et le brigadier lui avait appliqué une grande claque sur le dessus.

- Eh ! Oh ! Ca va pas ? Mes coups de soleil, tout de même !

- C’est pour que vous compreniez bien laquelle, des deux réalités, est plus forte que l’autre. Votre bistrot de la rue de Dinan à Rennes, c’est vrai, je vous le concède, il existe. Mais en 2008, vous n’en êtes plus le propriétaire. Vous n’en avez jamais été le propriétaire d’ailleurs. Vous n’appartenez pas au genre biographie. D’après les premiers renseignements que nous avons recueillis, vous seriez même plutôt du genre littérature de série Z. Ou de quatrième zone. Vous ne voulez toujours pas nous livrer le nom de votre créateur ?

- Puisque je vous dis que je n’ai aucune religion !

- Il n’y a pas de majuscule à « créateur ».

- Je n’ai aucune religion là-dessus. C’est une histoire de fous !

- Ne vous énervez pas. Nous allons forcément trouver. Vous êtes obligatoirement fiché quelque part. Notre système ne peut pas commettre d’erreur. Pourqu’on soit aller vous repêcher dans la spirale du temps, c’est qu’il y a bien une raison. Voyons, un patron de bistrot à Rennes en 1966. C’est donc trop tôt pour avoir fait mai 68. C’est la première fois que j’ai un personnage dans votre genre. Vous faisiez du trafic de quelque chose ? C’était un bar louche ?

- Dites, brigadier, faudrait voir à pas exagérer quand même ! Je viens signaler une disparition et non seulement vous me racontez des histoires à dormir debout mais ensuite vous me cuisinez comme un vulgaire truand. Je n’ai rien fait moi, je suis venu en vacances chez vous, je me suis juste baladé dans vos paysages, c’est un crime ? 

- Ah voilà l’agent Loreille qui revient. Nous allons enfin savoir.

L’agent Loreille était un petit maigrichon au visage mince et aux oreille décollées. C’était là son vrai nom !

- J’ai trouvé, chef ! J’ai mis du temps parce que ses aventures ne sont pas publiées sur papier. L’auteur est un dénommé Joe Krapov. Il y a deux pièces de théâtre au catalogue de la Bibliothèque Nationale de France mais elles n’ont apparemment pas été jouées. Et puis monsieur Cinq-Sens ne vient pas de là. Il y a aussi sur Amazon.fr deux brochures satiriques dont une s’intitule « Joe Krapov écrit aux z’élus de Sablé et à plein d’autres gens ». Ca date de 1996. Ca ne vous dit rien Sablé, chef ?

- C’est la ville de l’ancien premier ministre ? Quel rapport ?

- Par Saint-Brice, vous êtes incollable, brigadier ! Pour le rapport, aucun. Celui-ci…

L’agent Loreille fixa Camille et eut la même grimace dégoûtée que tous ceux qui l’avaient considéré jusqu’à présent.

- Cette sueur orange qui leur coule sur le front et ces yeux vides, franchement, je trouve ça vraiment affreux !

- C’est le passage par les volutes du temps, agent Loreille. Un phénomène physiologique auquel nous ne pouvons rien mais qui nous permet de les repérer lors de leur rematérialisation. Continuez, mon vieux.

- Alors voilà. Camille Cinq-Sens. Une incursion dans un roman de San Antonio.

- On s’est déjà débarrassés de l’affreux Bérurier.

- Et surtout… Vous ne devinez pas où je l’ai retrouvé ?

- Non.

- Sur des sites Internet censurés : Les Impromptus littéraires, le Défi du samedi et surtout Kaléidoplumes. C’est sur ce dernier qu’on l’a repêché. Une histoire d’île déserte en plusieurs épisodes.

- Okkkaaaayyye ! Je comprends mieux !

Il fit venir Loreille près de lui et lui dit à voix basse :

- Appelle-moi ton compère Lardu. Vous allez l’embarquer. Je téléphone pour savoir où il y a de la place. »

Loreille sortit puis revint escorté d’ un gros gendarme à l’air bourru.

- Vous allez patienter en cellule, monsieur Cinq-Sens. J’ai un coup de téléphone ou deux à donner et ensuite votre affaire sera réglée rapidement, je vous le promets. »

Bien évidemment Camille opposa ce qui lui restait de résistance physique à cette incarcération arbitraire. Mais que vouliez vous qu’il fît contre deux gendarmes et leurs renforts ?

***

Il ne restait plus de place au centre de rétention de Saint-Jack-de-la-Lande près de Rennes. C’est pour cette raison que Camille Cinq-Sens fut envoyé dans celui de Sablé-sur-Sarthe. Tout comme les prisons, les mouroirs, et les logements des pauvres qu’on appelait des ghettos, ce centre avait été construit à l’écart de la ville, plus précisément même dans la commune voisine. Il n’avait du reste pas été bâti puisqu’on s’était contenté de réaménager un grand bâtiment haut et sinistre situé dans le centre du bourg, comprenant des cellules avec d’étroites fenêtres donnant sur la rivière. C’est ainsi qu’on perdit toute trace de Camille Cinq-Sens le jour il entra comme « retenu »… à l’abbaye de Solesmes.

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9 août 2008

Ca jette un froid! - Janeczka

Il fait chaud. Le soleil tape. La plage est noire de monde.

Elle, blonde, yeux bleus, poitrine et levres pulpeuses, bikini jaune et rouge a petits pois, se prepare a appliquer de la creme solaire sur le dos de son compagnon.

Lui, brun, elance, est allonge sur le ventre et porte un maillot bleu fort seyant.

La jeune femme sort un tube de creme de son sac et commencer a en etaler sur le dos de son partenaire. Celui-ci se met quasiment immediatement a hurler. Sa peau emet un gresillement et une odeur de bacon s'eleve dans l'air. Les bambins lachent leurs cones et se mettent a brailler. A cette vue, les autres vacanciers se mettent eux aussi a hurler et prennent leurs jambes a leur cou, y compris la jeune preposee a la creme solaire qui s'essuye frenetiquement les mains a sa serviette de bain.

Arret sur image.
Une voix off annonce:
'Cet ete, si vous voulez proteger votre peau du soleil, choisissez Soleil Exquis, indice 15.'

Fondu enchaine sur le couple, grand sourire Ultra-Brite sur le visage, en pleine seance d'application de la dite creme solaire.

9 août 2008

Strangulation (Val)

Mélanie était étendue sur son drap de bain, sur le ventre, la tête posée sur ses bras croisés. Le soleil lui chauffait le haut du dos et le derrière des cuisses. Elle était bien. Elle fermait les yeux, pour oublier la foule et s’imaginer qu’ils étaient seuls sur une plage déserte.

Paul était assis sur elle ou presque. Bien sur, ses genoux posés sur le sable, de chaque coté des hanches de sa compagne empêchaient que les reins de Mél supportent le poids de son corps. Il était dans la position idéale pour lui masser le dos et l’enduire de crème solaire. Et elle aimait ça. Les mouvements lents et circulaires de son amant sur sa nuque et ses épaules la plongeaient dans une langueur plus qu’agréable.

Elle était sur le point de s’endormir quand soudain le massage devint bien moins agréable. Paul s’attardait de plus en plus sur sa nuque, et ses mains se faisaient lourdes. Les pressions qu’elles exerçaient sur son cou, puis sur sa trachée devinrent vite insupportables. Elle n’eut pas le temps d’ouvrir la bouche pour lui demander d’arrêter, qu’un bâillon lui enserra les lèvres, puis toute la partie inférieure de son visage.

Interdite, elle tenta de se tourner mais les mains de son fiancé lui maintenaient les épaules fermement. Elle se débattait du mieux qu’elle pouvait, mais bientôt il se posa sur elle de tout son poids. Elle gémissait tant bien que mal, pensant que sur cette plage noire de monde quelqu’un finirait par être alerté. De même, elle scrutait des yeux ses voisins de serviette. Rien n’y faisait. Personne ne semblait avoir remarqué ni entendu quoi que ce soit d’anormal.

Elle était affolée. La panique, le bâillon, le poids du corps de son compagnon sur ses côtes rendaient sa respiration de plus en plus difficile. Elle ne put plus respirer du tout quand les mains de Paul vinrent lui enserrer le cou violemment.

Quand il lui susurra à l’oreille un petit : « Adieu, chérie » suivi d’un rire étrange, elle sut qu’elle allait mourir là, sur cette plage noire de monde, sans que personne ne le remarque, et des mêmes mains qui l’avaient milles fois caressée, et qu’elle aimait sentir se balader sur elle.

Elle pensait que tout était fini pour elle, quand soudain  plus aucune pression ne retint sa respiration. Elle prit une grande inspiration et trouva la force de se retourner, faisant basculer Paul sur un coté. Déséquilibré,  il tenta de se rattraper à son bras pour éviter la chute. Elle le frappa violemment pour qu’il lâche prise et s’enfuit en courant sans qu’il ait le temps de réagir.

Interloqué, il prononça, comme pour lui-même :

« Si j’avais su que ça la contrarierait à ce point, je ne l’aurais pas laissée dormir. Mais son sommeil semblait si serein … ». 

9 août 2008

Horreur sur la plage (MAP)

Projet_Plage

9 août 2008

L'amour à la plage (Papistache)



“Jessica rejeta ses longs cheveux blonds en arrière d’un élégant mouvement de la main. Elle aimait le soleil et il le lui rendait bien. Cette petite plage à l’écart de la cohue des grandes cités balnéaires de la côte atlantique les avait séduits. Une journée à lézarder, sans se prendre le chou, comme aimait à répéter le bel éphèbe qui paressait à ses côtés, allongé sur une serviette d’un rose fuchsia assorti au vernis à ongles de la superbe femme dont la cinquantaine radieuse aimantait tous les regards masculins  en cette matinée resplendissante.

Une voix chaude et caverneuse émergea des bras croisés sur lesquels reposait la tête brune et bouclée de David.
— Darling ! Tu me passes de la crème ; tu fais ça si bien !
Jessica sourit. Elle aimait qu’il l’appelle Darling. Elle dévissa le capuchon du tube, acheté la veille au drugstore, et déposa de petites meringues de pâte odorante sur le dos bronzé de son amant.
Le jeune homme gémit :
— Hummmm !
Jessica s’appliqua à faire pénétrer le produit dans l’épiderme souple. Ses ongles traçaient de nombreuses volutes compliquées qu’elle imaginait comme autant d’arabesques de plaisir. David jouissait du moment en forçant un peu ses feulements. Sa compagne irradiait. Elle ferma les yeux et poursuivit son lent massage. Sa main droite descendit vers les reins du garçon quand, soudain, la colonne vertébrale  fléchit sous la caresse. Déséquilibrée, la pulpeuse quinquagénaire tenta de se redresser en appuyant son coude droit sur les fesses musclées qu’enserrait un maillot de bain de couturier. Son bras s’enfonça sans rencontrer plus de résistance que s’il avait plongé dans un  flan aux œufs. Elle ouvrit les yeux et lança sa main gauche vers les omoplates du garçon pour enrayer sa chute. Sa main disparut dans le corps couleur miel de châtaignier. Elle tomba le buste en avant. Affolée, elle battit des bras, cherchant vainement une prise ferme à laquelle se retenir. Elle pataugeait dans une mélasse chaude. Ses épaules, sa tête s’enfouirent dans le magma. Elle retint sa respiration. Il lui semblait qu’un marécage putride l’engloutissait sans qu’elle ne puisse rien faire pour arrêter l’aspiration. Deux mains rugueuses se posèrent brutalement sur ses fesses, contractant ses abdominaux elle essaya de se redresser. L’inconnu qui l’avait saisie aux hanches la maintenait dans son humiliante prosternation. Elle imagina sa croupe rebondie offerte à tous les regards. Ses bras continuaient à brasser dans le corps de son amant. D’un coup sec, les mains étrangères lui arrachèrent son maillot. Jessica hurla. Sa bouche, sa gorge et sa trachée s’emplirent d‘une bouillie infecte et grouillante, une vive douleur lui ...”

— Mais qu’est-ce que c’est que ce bouquin que tu m’as pris ? C’est répugnant !

Sébastien se redressa sur les coudes. Bien qu’il ne soit encore que dix heures du matin, il transpirait abondamment sous le parasol prêté par Belle-Maman. La petite boutique au bord de la plage n’offrait pas un grand choix littéraire, il avait pensé que Monique aimerait ce livre à la couverture noire et rose. Un titre prometteur “ L'amour à la plage” dans la collection Frissons et Gargouillis.

Monique, d’un geste exaspéré, jeta le livre de poche qui acheva sa course entre un os de seiche et une pelote de posidonies. Sa mère avait acheté un petit appartement sur la Côte d’Azur et le partageait avec eux chaque été. Sébastien et elle venaient s’allonger sur la plage étroite, tous les jours, du 14 juillet au 15 août. Au moins, au retour des vacances, le bronzage de la standardiste lui permettait-il de soutenir la comparaison avec celui de Déborah, la secrétaire de direction : “Ah ! les Seychelles, Monique, c’est divin !”

La jeune femme se retourna sur le ventre. Sébastien, lui, détestait le soleil qui le lui rendait bien. “Mais, Chéri, tu peux faire un effort, un mois l’été, pour Maman !” Chéri consentait à tout, aux allergies au soleil, aux brûlures, aux mycoses, aux moqueries des collègues sur son nez rutilant, ses oreilles pelées, tout ...

— Moune, je cuis, tu me passerais de l’écran total ?
— ...
— S’il te plaît, Monique !

Monique détestait qu’il l’appelle Moune, elle se redressa et entreprit de tartiner le dos luisant et flasque de son mari. Il avait beaucoup grossi à l’approche de la quarantaine. Par malignité, elle évita soigneusement de protéger le bas des reins du  malheureux. “La brûlure calmera ses ardeurs. Avec cette chaleur, je ne supporte plus le contact de sa peau !”  Fugitive, l’image d’un morse albinos échoué sur une plage de sable fin lui provoqua un rictus de dégoût quand, soudain, au bout de la plage se profila une silhouette de rêve. Déborah ? Déborah, ici, à la Potinière ? Elle se dirigeait vers eux. Vite, il fallait trouver une solution. A l’agence, Monique s’était toujours présentée comme célibataire. Déborah ne devait pas rencontrer Sébastien. Trop tard pour l’enterrer ou l’envoyer se baigner. D’ailleurs, il ne savait même pas nager ! Une idée ! Une idée !
— Sébastien, viens sur moi !
— ... ?
— Si tu ne fais pas ce que je te dis, tu ne me toucheras plus jamais. Jamais !

Sébastien avait reconnu les intonations de son épouse, celles qui indiquaient qu’il devait se plier immédiatement et sans réfléchir au moindre désir. La dernière fois, elle avait dit : “Six mois sans me toucher !” et elle avait tenu six mois ! Alors, aujourd’hui ...

En soufflant, le garçon s’allongea sur le corps de son épouse.
— C’est Déborah ! Elle ne doit pas me reconnaître. Enlace-moi ! Ne bouge pas tant qu’elle est sur la plage.


Déborah, au bras d’un homme d’âge mûr à la peau cuivrée et aux cheveux argentés lança :
— Darling ! Regarde ces deux-là ! C’est d’un drôle ! Attends je vais les photographier.

Sous la masse de son époux, Monique frissonna. Ses cheveux ! Pourvu qu’elle ne reconnaisse pas sa couleur. Elle pensa qu’elle aurait dû en faire une nouvelle pour les vacances. Sébastien pesait une tonne.
— Appuie-toi sur tes coudes ! lui souffla-t-elle, tu m’écrases !
— Chutt ! chuinta-t-il.

Déborah déroula sa natte de plage à dix mètres du couple enlacé. La cata !
— Cache-moi, expira la standardiste avec difficulté.
Sébastien était ravi. Il avait toujours rêvé de faire l’amour sur la plage. Bon, là, c’était un simulacre mais...
— Arrête ... Obsédé ... Pense à autre chose ... haleta la prisonnière des cent-deux kilogrammes.
Penser à autre chose, elle avait de bonnes, elle. Sébastien essaya de visualiser ses collègues de travail l’accueillant avec les habituelles moqueries de rentrée mais, difficile d’oublier qu’il tenait sous lui le corps souple et chaud de son épouse. Son bassin esquissa une lente rotation. Monique lui tordit le gras du ventre. Il hurla. Déborah et son ami pouffèrent.
— Séb ... tu me...  le... paie... ras !
Penser à autre chose. Penser à autre chose. Penser au travail. Au travail, il parvenait sans peine à s’endormir. Son corps se fit plus lourd. Monique respirait mal. Elle tenta :
— Séb... soulèv... Séb... je ...

Sébastien dormait depuis deux heures quand Belle-Maman vint les rejoindre avec Moumoune, son caniche blanc et arthritique.  Le dos du garçon était écarlate. La vieille dame lui toucha l’épaule du bout d’un  livre de poche qu’elle venait de ramasser entre un os de seiche et une pelote de posidonies :
— Sébastien ? Où est ma fille ? Elle se baigne ?

9 août 2008

C'est extra (Martine27)

Le soleil dardait ses rayons.
La plage était noire de monde.
J’étais en train d’oindre de crème solaire mon ami étalé là telle une amibe géante.
Quand soudain, une ombre immense recouvrit la plage.
Une voix synthétique s’éleva :

« Terriens ? si vous ne bougez pas aucun mal ne vous sera fait »

Bien sûr, ce qu’il ne fallait pas dire. Vous avez remarqué n’est-ce pas ? Les extra-terrestres ne savent jamais dire ce qu’il faut pour que les indigènes bornés de la planète envahie se tiennent tranquilles.

Bref, ce fut la débandade sur la plage.
Hurlant, la plupart des touristes en train de se faire frire la couenne se levèrent et filèrent ventre à terre, mon ami y compris me laissant seule les mains dégoulinantes de cette saleté de crème solaire, moi qui reste toujours prudemment à l’ombre du parasol.

Bon d’accord, je ne faisais pas vraiment preuve de courage, j’étais juste tétanisée.

Evidemment, ils (les étrangers) n’attendaient que ça, et zip, un rayon de la mort par ici, un rayon de la mort par là et la plage était nettement moins noire de monde je vous le dis. En plus, drôlement propre le rayon de la mort, écologique et tout, un coup de zip et plus rien qu’un peu de vapeur, non vraiment très propre.

Après, qu’ont-ils fait des survivants dont j’étais une des bien involontaires représentants (encore que je préférais nettement faire partie des survivants que des zappés, comme on dit mieux vaut un lâche vivant qu’un héros mort). Eh bien, mollement étalée sur la serviette laissée par mon défunt ami (il a d’ailleurs fait un très beau zap) je me laisse oindre avec délectation de crème solaire par quelques unes des 8 tentacules de mon nouvel ami.

Voulez-vous que je vous dise, rien ne vaut les tentacules pour étaler la crème, ça vous enveloppe, ça vous caresse, ça vous masse, hmmmm, un vrai plaisir, j’en redemande.

Pardon ? Pourquoi je pactise avec les envahisseurs plutôt que de lutter jusqu’à la mort pour les renvoyer dans leur galaxie ? Je ne vois vraiment pas pourquoi je renverrais chez eux ces charmants touristes (bien qu’un peu bizarres physiquement, je veux bien le reconnaître) ils demandaient simplement qu’on leur laisse un peu de place sur la plage (bien sûr la formulation de leur demande laissait un peu à désirer, nous sommes d’accord).

Est-ce ma faute à moi si sur notre planète leur rayon transporteur se transforme en rayon de la mort ? Non, n’est-ce pas ? Alors laissez-moi déguster tranquillement ce divin moment d’entente intergalactique !

9 août 2008

Fais-moi peur (Joye)

Le soleil dardait ses rayons. La plage était noire de monde. Delphine oignit tendrement de crème solaire le corps de son tendre partenaire, Rufus.

-- Dis, Rufus, tu pèses combien ?

-- Ah non, tu ne vas pas recommencer !

-- S’il te plaît, mon nounours, dis-le-moi, combien de kilos ?

-- 110, je pense.

-- Kilos ?

-- Bah oui !

-- Et tu fais combien de mètres ?

-- 1,70.

Rufus fit un petit gémissement d’ennui. Depuis qu’il connut cette fille, elle ne faisait que lui poser ces deux questions, encore et encore et encore. Mais bon, les mains que lui massaient les deltoïdes lui firent oublier sa petite colère. Cette femme était une trouvaille ! Elle cuisinait comme un rêve, elle ne se plaignait jamais de son ventre qui, chaque jour, débordait de en plus le haut de son jean. Qui plus est, elle ne demandait jamais qu’il bouge trop, elle lui apportait ses repas, elle cherchait la télécommande, elle aimait bien qu’il s’endorme devant la télé après deux ou trois bières…ah oui, se dit-il, juste avant de rendormir, cette Delphine était une perle !

Delphine sentit que Rufus se rendormait, mais elle sourit. Elle reprit de la crème solaire, afin de pouvoir continuer son massage voluptueux.

-- Ouais, lui murmura-t-elle. Tu es parfait, tu as juste la proportion parfaite, mon amour !

Car en massant, elle le voyait déjà, sa chair marbrée et tendre, le jus qui ferait une sauce impeccable, les rôtis, les steaks et les escalopes, les deux jambons énormes, et tout le bacon qu’on ferait de sa grosse bedaine – la partie la plus demandée au marché noir – une fois de retour sur sa planète natale.

9 août 2008

Abbey road. 9, L’horreur (Joe Krapov)


C’est si bon de se réconcilier ! De se réconcilier sur l’oreiller. De se réconcilier sur la plage de l’île Renote à Trégastel. Le soleil y darde ses rayons en ce jour béni du 13 juillet 1966, le temps est superbe et la plage est noire de monde. Un immense rocher en forme de dé à jouer est posé sur une pointe à gauche et y défie la mer comme un phare à l’entrée d’un port.

Ce n’est pas que Camille Cinq-Sens et son épouse Agathe étaient fâchés, du reste, mais au début de ces vacances, « l’oncle » Camille était en crise, saisi d’une envie soudaine d’envoyer paître tout et tout le monde, de changer de vie, de passer de son statut de patron du bistrot « Le Vieux saint-Etienne » situé dans une rue populaire de Rennes à celui de moine bénédictin à l’abbaye de Solesmes dans la Sarthe. Drôle d’idée !

Dans ce monde où tout est possible et où tout est réalisable évoluer professionnellement a toujours été très bien vu mais les engagements sentimentaux et surtout maritaux ne peuvent être balayés d’un revers de la main. Agathe avait fait tout ce qu’elle avait pu pour s’opposer au départ de son mari. C’est qu’elle l’aimait, son gros Camille, la jolie Colombienne !

Elle lui avait donc offert ces deux semaines de vacances en solitaire dans la maison de son amie Anita, absente, afin qu’il s’habituât à la vie monastique et se rendit compte effectivement de ce qu’était un séjour dans une île déserte. Bien sûr, avant même la fin des quinze jours, il l’avait appelée en catastrophe pour qu’elle revienne le chercher. Cette fine mouche d’Agata qu’on appelait « tante Agathe » en référence à une chanson de Rika Zaraï avait encore su y faire – les jolies femems ont toujours raison ! – et avait gagné le retour de l’enfant prodigue au bercail.

Avant de s’en retourner sur Rennes ils s’étaient offert une dernière sieste crapuleuse dans la masion d’Anita puis, après avoir tout fermé, ils avaient décidé de prendre un dernier bain de mer. Ils avaient choisi pour cela l’île Renote qui n’est en fait qu’une presqu’île bordée de rochers roses et de plages de sable fin.

- Camille, tu veux bien me passer de la crème solaire sur le dos ? »

- Bien sûr, mon amour ! »

Il pressa sur le tube de la main gauche et le petit bruit « ploutch » expulsa par un minuscule trou dans le couvercle orange une petite crotte de pommade blanche sur le bout de son index et de son majeur droits. Il appliqua l’écran total et songea à tout le cinéma qu’on se faisait autour de ça autrefois. C’était alors quasiment un prétexte à préliminaires amoureux et le jeune Jean-Paul Binoclard était tout émoustillé quand Simone Lecastor le sollicitait pour qu’il l’enduisît ainsi. Il ne manquait plus qu’une danse accordée au jeune bigleux – Binoclard portait bien son nom ! – le soir du bal aux lampions du 14 juillet pour qu’il sorte de son huis clos de limbes et se mette à regarder la vie d’un autre œil que celui d’un migraineux à nausées.

Puis passent les années, arrive l’âge de raison et alors les jeux sont faits : ce même petit geste, Camille en était bien conscient tout en massant le dos parfait de son Agathe, ne vous laissait plus que la sensation d’avoir les mains sales. Mais bon, sans doute les femmes étaient-elles ainsi faites qu’elles étaient moins « triste animal» après le « coïtum » et que ce petit geste postfacier semblait, elles, les emplir d’aise, comme si elles se rappelaient avec bonheur de ces préliminaires anciens.

C’est alors que l’horreur absolue se produisit. Sous le contact de la main droite de Camille qui tartinait largement et mollement la chair tout en se laissant aller à ses pensées existentialistes à deux balles, il n’y eut soudain plus rien. En un éclair de flash, le corps d’Agata avait disparu.

Mais ce n’était pas tout. Dans le moment du basculement, à part la mer et les rochers qui n’avaient pas changé, leurs plus proches voisins et tous les occupants de la plage s’étaient métamorphosés. Dans son champ de vision immédiat, la famille Duraton qui jouait à la pétanque avec des boules en bois avait été remplacée par deux jeunes filles aux seins nus qui se lançaient à tour de rôle un rond de plastique rose fluorescent. A sa droite un quadragénaire à cheveux frisés et lunettes d’écailles parlait dans un rectangle de plastique noir doté d’un écran de télé lumineux et minuscule.

- Allô ? Ici Schmutz ! T’es où là ? Oui, il faut vendre, mon vieux ! »

Un téléphone ? Sans fil ? Sur la plage ? Et à sa gauche, ce journal sur le visage de la dame allongée, ce n’était ni France-Soir, ni Paris-Jour, ni Ouest-France. C’était, d’après ce qu’il lisait, Direct Soir. Un titre dont il n’avait jamais entendu parler.

Il se leva, secoua sa serviette. Celle d’Agathe avait disparu en même temps que le corps superbe de la jolie Colombienne, ses vêtements et son sac itou. Avait-il eu un étourdissement ? S’était-il endormi ? Il lui semblait bien que non. Sa main n’avait plus rencontré soudain que le vide et il avait même failli en perdre l’équilibre.

Il commença à paniquer puis il se dit que ce n’était pas possible. Elle était forcément retournée se baigner ou avait dû aller chercher quelque chose dans la voiture. Il se rhabilla, ramassa le sac à dos auquel il devait ce fabuleux bronzage de randonneur – deux bandes verticales blanches de chaque côté de son poitrail rouge -, et, gardant ses sandales à la main à cause du sable, il parcourut toute la plage. Aucun transistor ne hurlait et personne ne semblait s’intéresser à l’arrivée de l’étape du jour du tour de France. Pourquoi se fichaient-ils tous du duel Aimar-Poulidor dans cette édition qui avait d’abord été marquée par la domination de Rudi Altig ? Et pourquoi tout le monde en le voyant avait-il un mouvement de saisissement, un geste de recul, une lueur d’effroi dans le regard ?

En retournant au parking il fut abordé par trois jeunes gens qui lui proposèrent des tongs de l’U.M.P. mais avant qu’il n’ait pu leur demander ce que signifiait ce sigle, ils avaient pris la fuite, visiblement effrayés.

Leur Deux chevaux Citroën n’était plus à sa place. D’autres véhicules inconnus de lui, plus ronds, plus massifs, avaient pris la place des Simca 1000, des P60, des 203 et même de la superbe DS 19 à côté de laquelle ils s’étaient garés. Ils portaient des noms ou des numéros étranges : Peugeot 206, Toyota, Renault Twingo, Espace et il fut étonné de lire le nom de Picasso sur l’une d’entre elles.

- Il y a un poste de secours sur l’autre plage » songea-t-il et, malgré le caractère incommode de ses sandales pour ce genre de sport, il se mit à courir le long du sentier sableux en surplomb de la plage. Il laissa bientôt sur sa gauche une suite de cafés, de restaurants et de boutiques de souvenirs bretons qu’il appelait « biniouseries », il contourna la grande terrasse du Forum de la mer et longea les cabines pour arriver sous le drapeau vert du poste du surveillant de baignade.

Un jeune C.R.S. en slip de bain rouge fronça les sourcils et eut une grimace dégoûtée en le voyant débouler. Camille reprit sa respiration et lui dit d’un jet :

- Je voudrais vous signaler deux disparitions : celle de mon épouse Agathe et celle de Titine, notre voiture. C’est une Deudeuche. Et puis je voudrais bien comprendre…

ddde

Si vous aussi désirez comprendre pourquoi Camille Cinq Sens ressemble à cela désormais, rendez-vous sur « Abbey road 10, Humour noir »  pour lire la fin de cette histoire.

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Le défi du samedi
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