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Le défi du samedi
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29 juin 2008

Défi #17

Quatorze participations reçues cette semaine. C'est chouette!

Cette nouvelle consigne est une consigne de MAP. La voici: 

Inventaire de votre boîte à petits bonheurs avec tous les souvenirs qui s'y rapportent.

Et toujours une adresse pour vos envois:

samedidefi@hotmail.fr


Bonne semaine à tous

Val, votre administratrice préférée (ben quoi?)

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28 juin 2008

La vie quotidienne (Tiphaine)

Six heures trente, le réveil sonne.

Six heures trente, ma main s’abat sur lui.

Six heures trente-sept, le réveil sonne.

Six heures trente-sept, ma main lourde s’abat sur lui.

Six heures quarante-quatre, le réveil sonne.

Six heures quarante-quatre, ma main lourde s’abat rageusement sur lui.

Six heures cinquante et une, le réveil sonne.

Six heures cinquante et une, il est mort.

Trois coups auront suffi.

Plus personne ne m’empêchera désormais de rêver en paix.

Six heures cinquante-deux, j’éteins l’alarme du réveil.

Six heures cinquante-trois, je dors.

Seule.

28 juin 2008

Allez (Joye)

Allez, bonjour.

Vous allez bien ?  Moi, ça va aller.

J’allais sortir mes plus beaux mots pour confectionner une ribambelle de répétions, mais il me manquait le mot qui tue, qui s’insère doucement dans une kyrielle, qui se glisse et se love dans des vers sans qu’on s’en aperçoive, une sorte d’assassin verbal, discret, allant de victime en victime, suave, sûr de lui, un mot de la fine…

Je me disais, allez, va, tu peux ! Même si c’est juste un pis-aller.

Et allez hop ! comme ça, j’ai eu mon idée, j’y allais de tout cœur

Allez, viens, laisse-toi aller, ça ira, ça ira…

Déjà les gants de soie assoiffée de mon assassin, mon tueur à gages, mon guet-à-penser,

allant de victime en victime, suave, sûr de lui, de la suite dans ses idées, s’approchent de vous, jamais vous n’aurez pensé qu’il allait jusque là…halant de l’avant, beau, discret, ubiquiste, orbicole mais discret, sûr de lui, hâlé, à l’heure, et fin…

Vous allez bien ? Moi, ça va aller.

Allez, au revoir.

28 juin 2008

Départ (Fabeli)

Je suis venue te dire que je m’en vais.

Pour les chaussettes sales que tu laisses traîner ?

Pour le balai que tu n’as jamais voulu passer ?

Pour les mégots en vrac dans les cendriers ?

Non.

Je suis venue te dire que je m’en vais

Pour bousculer les habitudes et brouiller les années

Pour les 2 sucres dans le café et les géraniums sur la même fenêtre

Pour l’amour du samedi soir et le poulet du dimanche midi

Pour toutes ces vacances à l’île de Ré et tous ces repas de quartier

Je suis venue te dire que je m’en vais

Pour donner à mon cœur de nouvelles lois

Je suis venue te dire que je m’en vais

Pour ouvrir les yeux sur d’autres premières fois.

28 juin 2008

Retour à domicile (Pandora)

Elle pose son gros sac sur le paillasson et y fouille pour y trouver les clés de la porte d’entrée. Elle cherche du bout des doigts la consistance molle de l’animal en peluche qui fait office de porte clé et finit enfin par trouver ce qu’elle cherche. Elle sort le gros trousseau, récompense de sa pêche miraculeuse, et met la clé dans la serrure pour entrer dans son intérieur douillet. Elle balance ses chaussures du bout des pieds en les envoyant voler à l’autre bout de l’entrée et pose un peu brutalement son sac et son ordinateur portable. Le calme et le silence de la pièce la reposent déjà. Elle se dirige vers le répondeur pour regarder si la petite lumière rouge des messages clignote, lui signalant que quelqu’un a pensé à elle aujourd’hui…

[Elle pose … ce qu’elle cherche.] Elle sort le gros trousseau récompense de sa pêche miraculeuse et met la clé dans la serrure et se dépêche d’entrer chez elle en posant brutalement ses affaires. Il lui reste à peine une heure avant qu’il n’arrive et elle ne veut pas le décevoir, elle veut l’étonner. Elle a acheté des petites choses épicées et exotiques à manger et les sacs regorgent de surgelés tout prêts pour l’épater. Il faut juste qu’elle n’oublie pas de jeter les emballages …

[Elle pose … ce qu’elle cherche.]Elle sort le gros trousseau récompense de sa pêche miraculeuse et met la clé dans la serrure et pose ses affaires dans l’entrée. Une douce musique baigne l’appartement et elle sent les effluves de ce qui sera le repas de ce soir. Il sort de la cuisine, un tablier blanc serré autour de ses hanches étroites, déguisé en chef cuisinier …

[Elle pose … ce qu’elle cherche.]Elle sort le gros trousseau récompense de sa pêche miraculeuse et met la clé dans la serrure et se précipite en courant vers la salle de bains la main sur la bouche, il était moins une. Elle va acheter un sac plus petit, elle en a marre de perdre à chaque fois tellement de temps pour chercher ses clés… Vivement que ce fichu premier trimestre se termine, on l’avait prévenue, mais elle espérait vraiment que son début de grossesse serait moins pénible…

[Elle pose … ce qu’elle cherche.]Elle sort le gros trousseau récompense de sa pêche miraculeuse et met la clé dans la serrure dans le petit cosy le petit bébé s’agite et gazouille. Elle le regarde et lui sourit : ça y est bébé, on est arrivé à la maison et tourne la clé en poussant la porte. Elle rentre avec son petit trésor qu’elle dépose dans le salon avant d’aller rechercher le reste des affaires. « Voilà mon amour, maman va s’occuper de toi»….

[Elle pose … ce qu’elle cherche.]Elle sort le gros trousseau récompense de sa pêche miraculeuse et met la clé dans la serrure mais elle n’a pas le temps de tourner la clé que la porte s’ouvre déjà : « Maman, on est rentrés, regarde ce que papa nous a acheté au zoo ». Des jouets jonchent le sol et elle entend crier le petit dernier depuis le salon, des enfants excités qui annoncent une soirée agitée…

[Elle pose … ce qu’elle cherche.]Elle sort le gros trousseau récompense de sa pêche miraculeuse et met la clé dans la serrure mais elle sait que personne ne l’attend ce soir, les enfants sont chez leur père ce week-end. Garde alternée. Elle est restée le plus longtemps possible au bureau mais il faut bien rentrer et affronter le silence et la solitude. Elle qui il n’y a pas si longtemps rêvait tellement de ces moments de calme ne sait pas quoi en faire ce soir. Ce qui a été son nid douillet n’a plus rien d’apaisant…

[Elle pose … ce qu’elle cherche.]Elle sort le gros trousseau récompense de sa pêche miraculeuse et met la clé dans la serrure pour rentrer ce soir, un soir comme les autres, un nouveau soir. Une nouvelle page blanche à remplir pleine de possibilités, de promesses et d’espoir. Pour qui le veut. Et elle le veut…

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28 juin 2008

En plein dans le mille (Papistache)

Sept heures trente. Monsieur Lanoir ouvre les contrevents fatigués de sa maison dont le crépi lépreux s’effrite en larges squames hideux. 


Sept heures trente et une. Le long bonhomme voûté pousse la porte d’entrée ; le carillon chinois lance dans le matin clair ses cinq notes aigrelettes.

Sept heures trente et une et vingt secondes. La porte se referme doucement. Monsieur Lanoir mesure tous ses gestes.

Sept heures trente-deux. Trois galets de la terrasse, épris de liberté, sont replacés dans leur alvéole respective ; un coup de talon les enfonce jusqu’au prochain  désir d’émancipation.

Sept heures trente-trois. Le méticuleux propriétaire des lieux fait face à son portail. Une allée de vingt-deux mètres et trente-huit centimètres. Sa main droite plonge dans la poche de son caban râpé ; elle en tire un lourd trousseau de clés disparates.

Sept heures trente-trois et neuf secondes. Monsieur Lanoir inspire profondément l'air humide du petit matin. Il se concentre, se repasse mentalement le film des instants qui l'attendent.

Sept heures trente-quatre. Bras légèrement fléchi mais fermement pointé vers le portail, le sexagénaire amorce le premier des trente-sept pas qui vont le conduire au seuil du portail clos. Clos, comme les yeux de Monsieur Lanoir.

Un, deux, trois, quatre... mentalement, Monsieur Lanoir compte, comme chaque matin, les pas qui le rapprochent de la serrure, ...trente-trois, trente-quatre, trente-cinq, trente-six, trente-sept. La clé vient s’emboîter exactement dans la fente du cylindre de laiton huilé à la perfection. Exactement ! Pas un centimètre trop haut ou trop bas, exactement dans la fente !

Le 25 févier 1996, il avait neigé. Le comptable débonnaire avait mal apprécié la hauteur de la couche de neige et la clé était venue heurter le barillet un demi-centimètre trop haut. Il avait dû recommencer une seconde fois. La journée n’avait apporté que des désagréments.

Sept heures trente-cinq. Monsieur Lanoir s’en retourne vers l’entrée de sa demeure, dissimulant un sourire de satisfaction derrière son épaisse moustache blanche.

— Épouse-Jamais-Lasse, j’ai ouvert le portail !
— J’arrive, lui répond une douce voix au timbre égal, j’éteins la lumière de la cuisine. Douze, onze, dix, neuf...

28 juin 2008

A premiere vue - Janeczka

Je n'arrive pas a mettre la main dessus ce matin.
Pourtant, je le mets toujours pres du lavabo, la veille au soir. Ce n'est pas mon genre de perdre quelque chose!
'Mon oeil!' me dites-vous.
C'est pourtant bien de cela qu'il s'agit!!

Je l'avais pose la, pret a le rincer (comme un dentier, cela s'entretient), mais il a disparu!
Un de mes yeux preferes, en plus! le droit!
C'est que je ne l'ai pas eu a l'oeil, mon oeil! j'ai du debourser pas mal! c'est mon ami Wang qui m'a propose d'en racheter un.
'Ca te dirait, un oeil neuf?' A vue de nez, pourquoi pas? mais avec son accent, j'ai compris 'nouilles 'n' oeufs'! j'ai cru qu'il me parlait d'une recette cantonaise 'rock 'n' rock'!
'Mon oeil!' me dites-vous encore. Croyez-moi si vous voulez. Je fais fi de la loi du Talion.

Et maintenant, cet oeil, je l'ai perdu! c'est que j'y tiens! comme a la prunelle de mes yeux! et je n'ai aucune idee d'ou il peut etre. C'est que, malheureusement, je n'ai pas le don de double-vue!!

*    *    *

Mon oeil! mais que fait-il la?

oeil

28 juin 2008

Tout est r’latif (Teb)

Attirée dehors par le bruit des nombreuses voitures qui passent devant chez moi en cette heure de départ au boulot (enfin, tout est relatif, en moyenne une toutes les 3 mn, aux heures de pointe ;-)), bref… je ne peux que constater la formation d’un gigantesque embouteillage sur le CD 42… (Enfin, tout est relatif, l y a au moins 7 voitures ;-))...

Gyrophares, gilets fluo, gens à leurs fenêtres (enfin, tout est relatif… Teb au bout de sa terrasse ;-))

Mais... keskispass ????

À 300 m, là haut, au dessus de la petite côte, dans le carrefour… branle bas de combat…

Ça s’agite et gesticule… Pendant ce temps, les voitures s’empilent (enfin, tout est relatif, se rangent sagement les unes derrière les autres)

Un camion semble en difficulté dans le carrefour…

Un accident ??

Une panne ??

Un convoi exceptionnel … noooonnnnn… du jamais vu !!!

Mais non, il manœuvre… Il descend de « la p’tite rue derrière chez moi » et veut passer devant chez moi…

C’est toujours un petit événement, une épingle à cheveux dans une côte

;-))

Que du bonheur pour les chauffeurs … et les badauds….

Monsieur Teb, regarde, un convoi exceptionnel !!!

Regard goguenard du Monsieur en question… c’est le camion de poubelles qui manœuvre… comme tous les mercredis matins…

Pfff, Teb, réveille tes neurones ;-))

28 juin 2008

La vie sourit à Val

C’était pourtant pas mon anniversaire, aujourd’hui ! Et pourtant, depuis ce matin, tout le monde me traite comme une reine. Je n’en crois pas ni mes yeux ni mes oreilles.

Tout a commencé, dés l’aube, par un coup de téléphone. A l’autre bout du fil, un gentil employé, poli et aimable, me demande si je suis satisfaite de mon abonnement au satellite. C’est plein de bonnes attentions, je trouve. Quelle prévenance de sa part ! Evidement, je le remercie aimablement d’avoir pensé à me poser la question, et le rassure immédiatement. L’homme, pour me récompenser de ma gentillesse sans doute, m’offre illico trois mois d’abonnement gratuit à toutes les chaines. Et ce n’est pas tout ! Figurez-vous que pour me faciliter la tâche, il va lui-même pré-remplir le contrat pour cela. « Quel garçon serviable et délicieux. Ce n’est pourtant pas mon anniversaire », me suis-je dit.

Déjà ravie par cet échange téléphonique, j’allume mon ordinateur pour consulter ma boite mail. Ce n’est pourtant pas mon anniversaire, mais on aurait pu en douter, ce matin, à la lecture des courriels reçus pendant la nuit. Je veux bien vous en délivrer le contenu, mais j’ai peur que vous pensiez que j’affabule, tellement c’est gros. Allez, j’vous le dis, vous me croirez si vous voudrez !

Dans la nuit, j’ai été contactée (tenez-vous bien !) par un casino. Incroyable, non ? Ce n’est pas mon anniversaire, et pourtant, le directeur du casino, qui m’appelle par mon prénom, m’offre deux cent euros ! Si, si ! Je n’ai qu’à m’inscrire sur leur site et à les miser au poker ou à la roulette ! Ils sont à moi, et j’en dispose à ma guise dans leur établissement. Et même que si je gagne de l’argent avec, je pourrais le toucher ! Ce n’est pas tout ! Le comble, c’est que même une fois mes deux cent euros dépensés, je resterai inscrite au casino définitivement et je pourrai miser mon propre argent. J’ai cru rêver tellement cette société s’est montrée avenante et généreuse à mon égard. « Il y a encore des gens bien, en ce monde, ai-je pensé, même les jours ou l’on ne fête pas son anniversaire. »

Ce n’était pourtant pas mon anniversaire, aujourd’hui, et pourtant, à midi, en ouvrant mon courrier, je me suis crue quelqu’un d’exceptionnel. Tenez-vous bien ! Et si ce n’est pas déjà fait, mieux vaut vous asseoir ! Je vous aurais prévenus…

J’ouvre une enveloppe, qui m’est exclusivement destinée, et j’y trouve une multitude de présent magnifiques à l’intérieur. Le courrier, libellé à mon nom (et prénom !) m’affirme qu’un catalogue de vente par correspondance m’offre un cheque (sous forme de bon d’achat) de vingt euros. C’est déjà un beau geste, non ? Je commande pour soixante euros et je n’en paye que quarante. « Comme ils sont à l’écoute, et comme ils me connaissent bien »… J’en ai eu les larmes aux yeux. Et encore ! Je n’avais pas lu la suite ! Si je commande pour cent euros, les frais de port me sont offerts (carrément !) et si je commande pour deux cent euros, ils m’enverront un cadeau surprise ! C’était trop beau… Et ce n’est même pas mon anniversaire, aujourd’hui, pourtant!

L’émerveillement suprême est arrivé plus tard dans la journée, à l’heure des courses. Tous ces produits gratuits, tous ces bons d’achat, tous ces achats 100% remboursés… Mon magasin habituel s’était transformé en un temple bienfaiteur… Quel apaisement, de faire ses courses dans un hyper qui gâte autant ses clients… et puis ses clients privilégiés, encore plus ! A la caisse, l’adorable caissière me sourit et m’informe que mes achats du jour m’ont permis d’économiser un euro trente sur ma carte du magasin. Un vrai bonheur… Que feront-ils donc, le jour de mon anniversaire ?

Ce n’était pas mon anniversaire, aujourd’hui, et pourtant, en fin de journée, une très élégante jeune femme est venue spontanément sonner à mon portillon. Elle était souriante et agréable. Elle venait m’annoncer une TRES BONNE nouvelle ! Si je le désire, un camion pourra venir jusqu’à chez moi me livrer mes produits surgelés. Si, si ! Chez moi ! Plus la peine pour moi de courir avec mes sacs isothermes ! Le monsieur m’apportera dorénavant mes produits jusqu’à mon congélateur. Et pas seulement le jour de mon anniversaire ! Non, non ! Toute l’année ! Vraiment, que les gens sont prévenants…

Et, pour terminer cette magnifique journée remplie de belles émotions et de délicates initiatives à mon égard, je reçois, à l’heure du dîner, un SMS de mon futur mari.

« Ben.. ce n’est pas mon anniversaire, il me semble » ai-je pensé en ouvrant le message. Mon cajoleur de fiancé m’avait rédigé cette douce missive : «  Bouchons. M’attendez pas pour manger. Bon ap ‘. Bisous ».

Vous ne pouvez pas imaginer l’euphorie qui fut mienne à la lecture de ce billet doux ! Mon homme, très prévoyant, pense à notre confort même lorsqu’il est coincé dans les embouteillages. Vous vous rendez compte de son dévouement extrême? Non seulement il choisit de sacrifier son seul repas en famille de la journée, mais en plus il souhaite très sincèrement que notre appétit n’en sois pas altéré…Quelle abnégation véritable et désintéressé… Comme il se sacrifie pour sa famille… Et le comble, c’est qu’il nous embrasse, de surcroit. Quel message tendre et bouleversant…

Quel beau poème me fera-t-il parvenir, le jour de mon anniversaire ?

28 juin 2008

Coa, coa !!! (MAP)

- Coa, coa !

- Quoi ?

- Coa, coa, j’te dis !

- Et ça veut dire quoi « coa » ?

- Ben j’sais pas trop, c’est l’habitude …

- Alors tu ne sais pas ce que tu dis ?

- Je « coa » que j’ai oublié !

- Attention, le quotidien t’endors !

- Tu « coa » ?

- J’en suis même sûr !

- Dis-moi « coa » faire, si t’es si malin !

- Eh bien il faut poser un regard nouveau sur ta vie quotidienne pour te désenliser de ton train-train habituel !

- Ah bon, t’es sûr ?

- Oui j’en suis sûr, c’est TEB qui l’a dit alors !!!

- Ah bon, j’en reste « coa » !

Grenouille_2_

Grou_1_

28 juin 2008

Quotidiennement magique (Adi)

Réveil.

Douche – ballon d’eau chaude.

Cafetière en fonction.

Grille-pain.

Ascenseur.

Métro.

Ascenseur.

Ordinateur.

Téléphone.

Internet.

Ascenseur.

Métro.

Ascenseur.

Four.

Douche – ballon d’eau chaude.

Télé.

Magie de l’électricité.

Magie de l’électricité.

Magie de l’électricité.

Magie de l’électricité.

Magie de l’électricité.

Magie de l’électricité.

Magie de l’électricité.

Magie de l’électricité.

Magie de l’électricité.

Magie de l’électricité.

Magie de l’électricité.

Magie de l’électricité.

Magie de l’électricité.

Magie de l’électricité.

Magie de l’électricité.

Magie de l’électricité.

28 juin 2008

Difficile à croire n’est-ce pas ? (Tilu)

6h45, je saute du lit en parachute. J’affronte les chutes du Niagara de la douche. J’enfile une petite robe de chez Lacroix. Difficile à croire n’est-ce pas ? Je saute dans mon petit bolide et j’entame une course de côte qui va me mener jusqu’à l’école. J’arrive en tête, bien avant l’ouverture du portail. J’entre dans ce temple du savoir. Là, j’enfile un costume de dompteur sur ma petite tenue légère. Difficile à croire n’est-ce pas ? J’affronte une troupe de jeunes fauves en folie pendant trois heures, sans relâche.

Puis je fais une pause. Je rentre chez moi et déjeune dans la cuisine personnelle de Paul Bocuse.

Suit un moment très sensuel où je danse le slow avec mon aspirateur, et la valse sous mon fil à linge. Difficile à croire, n’est-ce pas ?

Je reprends ma voiture et retourne dans l’arène pour encore trois heures d’arbitrage de combats de gladiateurs.  Sur le chemin du retour, la montagne d’en face qui sort du décor, toute découpée d’ombres et d’éclats de soleil blancs me force à m’arrêter sur le bord de la route pour la contempler. Une brume de chaleur floue baigne son pied, le bleu du ciel tout autour est pur et profond… Mais le temps qui court m’arrache à ma rêverie et me tire jusqu’à la maison où j’attrape ma lance de pompier (difficile à croire n’est-ce pas ?) pour éteindre le feu de la soif de mon jardin d’Eden.

Mon prince charmant  de retour du travail, m’enlève et m’emmène remplir un chariot doré au supermarché du coin.

Une fois les denrées rangées, j’attrape mes partitions et me voilà partie vers la mégapole phocéenne pour retrouver ma troupe de stars pour la répétition hebdomadaire qui nous prépare à notre passage à l’Olympia fin juillet. Difficile à croire n’est-ce pas ?

Lorsque minuit sonne, telle Cendrillon quittant le bal, je retrouve mon carrosse qui me ramène en mon domaine. Là, je trouve ma descendance affalée sur le canapé mais encore éveillée, avec qui je philosophe pendant un moment sur l’épreuve du bac passée dans la journée. Une heure plus tard, j’escalade la face sud de mon lit et m’endors du sommeil du juste sans avoir oublier de replier soigneusement mon parachute pour qu’il soit prêt le lendemain à l’ouverture de mon premier œil…

Difficile à croire n’est-ce pas ? C’est pourtant mon quotidien !

Mais vu avec un  regard neuf …

28 juin 2008

Comme à chaque fois (Aude)

Comme à chaque fois, j’ai laissé les volets entr’ouverts. Il aime se réveiller avec le soleil qui se lève. Comme à chaque fois, c’est moi que ça réveille en premier. Je crois que c’est le frémissement de ma paupière qui se soulève qui le réveille, alors comme à chaque fois, il se resserre et m’enserre. Comme à chaque fois, le souffle de sa bouche dans mon cou me laisse croire que la vie est douce. Comme à chaque fois, l’heure qui avance me laisse croire que la vie est rêche. Comme à chaque fois, je m’émerveille de le trouver là à mes côtés.

28 juin 2008

Rush hour (Caro_ Carito)

Mais où ai-je pu le fourrer ? Je m’en veux, je m’en veux, je m’en veux.

Bon quel jour sommes-nous ? Samedi. Donc, jour de marché. CQFD. Un papier, un crayon, une liste. Où l’ai-je mis, je l’ai fourré quelque part, je ne vais jamais m’en sortir sans lui.

Et les enfants, les enfants, nonnnnnn ! Je suis sûre que je suis en train d’oublier un truc. Allons cocotte un effort, cette dame, la maman de bidule. Elle t’a appelée. Mais pourquoi ? un anniversaire, une piscine, aller le chercher à l’école… Mais qu’est-ce que j’ai entre mes oreilles, le vide intersidéral, je n’arrive à me souvenir de rien. Si seulement je pouvais remettre la main dessus. Mais où diantre ai-je pu le fourrer ?

Quoi chéri ? Si je sais où tu as rangé le dernier avis d’imposition ? Mais c’est contagieux, ma parole, c’est toi qui m’a refilé le virus ! Non, n’insiste pas ; je suis déjà assez énervée comme ça. Quoi je pète un câble depuis une heure ? Comment, tout le monde est sur les nerfs à cause de moi ? Oui je sais le petit déjeuner n’est même pas prêt, mais tu sais où se trouve chocolat et brioches non ? Tu ne veux pas que je tienne la main non plus ? Quoi, quoi ? Oui c’est mieux faîtes comme vous voulez, manger sans moi. Ahhhh, je suis en train de devenir folle. Quoi ta déclaration, j’en sais rien, je te l’ai dit. Je ne l’ai pas vue. Oui. Non.  Ok, si je la vois, je te l’envoie fissa. Ouais par chronopost tant qu’on y est. Quoi c’est le dernier jour sinon  on paye une amende. Mais que veux-tu que j’y fasse, Tu vois bien que j’ai d’autres chats à fouetter… Quoi ? Non, je ne l’ai  toujours pas trouvé. Oui, j’ai regardé dans mon bureau et je me demande où j’ai bien pu le ranger.

Allez respire, réfléchis ma fille, du calme. Une gorgée de café. On se concentre sur ses neurones. Bien sûr, tu es en train d’oublier plein de trucs. Tiens, note vite fait, il faut que tu appelles la boutique de Déco des Lys, ils m’ont laissé un message. Aïe, le cadeau de la fête des pères pour mon paps et zut l’anniversaire d’Ode. Ce n’est pas possible, comment vais-je faire sans lui ? Il faut que je le retrouve, j’ai toute ma vie dessus. Calme toi trace pas à pas ta journée. Où a-t-il pu se glisser ? Dans la voiture. J’ai déjà regardé trois fois. Bureau. J’ai même retrouvé un vieux chèque égaré. Non, je ne vois toujours pas où j’ai bien pu le mettre.

J’en ai marre, ils n’auraient jamais dû me l’offrir. L’autre, la version préhistorique, acheté chez Quo Vadis, sans bip ni rien, je le retrouvais toujours et ça ne me demandait pour l’ouvrir qu’un effort manuel.

Il y a un truc que j’oublie, un truc important. Oui, samedi. Qu’est-ce que je fais le samedi. La messe, non d’ailleurs, même pas le dimanche. La kermesse c’était la semaine passée ; Le gâteau pour la fête de l’école de musique, il faut que je le fasse demain. Mais oui, c’est le défi du samedi et non, horreur enfer et damnation ! Mon texte je ne l’ai pas envoyé, je l’avais tapé sur mon i-phone et je l’ai paumé ! Que je m’en souvienne. Un truc du style…

Je regarde l’heure, mon pote l’i-phone me dit qu’il est temps de sortir le linge parce qu’il fait beau. Et il me dit pendant que je jette un coup d’œil à son écran lumineux. Right in time, il me faut démarrer le roastbeef…

C’est raté… J’ai tout raté. J’ai paumé mon bébé et j’ai oublié d’envoyer mon texte…

28 juin 2008

Il n’y a qu’au mois de juin…(Joe Krapov)

Voici le mois de juin !

C’est le mois où tout change.

Le soleil vient enfin

Et l’on sourit aux anges.

Il n’y a qu’au mois de juin

Que l’on vit bien

Dans ce putain de patelin !

Au festival de Robinson

Des théâtreux et des fanfares

S’en viennent charmer les pinsons

Et les badauds de Saint-Grégoire.

Il n’y a qu’au mois de juin

Que l’on vit bien

Dans ce putain de patelin !

A la Fête du jeu, place du Parlement,

Le jeu d’échecs à l’infini

Vient déposer sur le tapis

Sa dramaturgie noir et blanc.

Il n’y a qu’au mois de juin

Que l’on vit bien

Dans ce putain de patelin !

Les clowns ont envahi la Maison de quartier :

Villejean a donné un « Renc’art » aux acteurs.

Chacun présente ici ses travaux d’atelier

Et j’ai passé ailleurs de plus mauvais quarts d’heure !

Il n’y a qu’au mois de juin

Que l’on vit bien

Dans ce putain de patelin !

Qui ne va pas fêter ce mois-ci une union,

Un mariage de sœur, de nièce ou de voisin ?

La voiture emballée dans le tulle à foison

On klaxonne et le roi n’est pas notre cousin !

Il n’y a qu’au mois de juin

Que l’on vit bien

Dans ce putain de patelin !

Puis c’est le 21 et l’on sort sa guitare

Les résidents du centre adorent cette liesse :

Ils rient de voir ces décibels en ce miroir

De la variété des sons… et des ivresses !

Il n’y a qu’au mois de juin

Que l’on vit bien

Dans ce putain de patelin !

Il y aura aussi d’autres festivités,

Quelques pots de départ, un repas d’inventaire,

Des parts de kouign-amann plus ou moins feuilleté

Pour célébrer l’été et des anniversaires

Il n’y a qu’au mois de juin

Que l’on vit bien

Dans ce putain de patelin !

Et si aigri, ronchon, jouant le misanthrope,

Tu préfères marcher loin des fêtes humaines

Seul parmi des senteurs de sève ou d’héliotrope,

Les roses du Thabor alors seront tes reines.

C’est qu’on vit vraiment bien

Au mois de juin

A Rennes !

Quant aux onze autres mois

Merci, ça va.

C’était pas mal non plus

Et j’ai bien survécu !

23 juin 2008

Déjà (Déjà???) dans la boite...

Teb, Val, MAP, Adi, Tilu, Aude, Caro, Joe Krapov, Joye, Fabeli, Pandora, Papistache

22 juin 2008

Défi #16

Les participations de cette semaine semblent avoir été particulièrement appréciées. Tant mieux!

Il nous est agréable que les auteurs lisent et commentent les textes des autres participants. Cela renforce la convivialité et le côté chaleureux des lieux.

Voilà donc la nouvelle consigne. Celle-ci nous a été soufflée par Teb :

La vie quotidienne s'enlise dans de petites habitudes.

Un œil neuf (lequel ?) ne nous permettrait-il pas d'y voir comme autant d'événements exceptionnels.

Serez-vous capables (c'est un défi, rappelons-le) de truffer votre texte de la répétition (choisissez la périodicité) d'une même phrase ?

Bonne semaine à tous!

Val, votre aimable administratrice (Ben quoi?) .

Et toujours : samedidefi@hotmail.fr

21 juin 2008

Mais qui a volé mon crayon ? (Cartoonita)

-          Papa, papa, je retrouve plus mon crayon vert pistache !

-          Allons blondinette, il doit être sur la table, avec les autres, regarde mieux, il doit pas être bien loin ce verdasseux… Tu l’aurais pas mis dans ton œil violet ?

-          Ben non einh, n’importe quoi, tu sais bien qu’ya déjà une poutre môrron.

-          Ah oui, c’est vrai, et aussi ton âne le rougeaud

-          C’est vrai, mon n’âne rouuuge ?? Il est là, je le cherchais partout, même au fond de mes paupières vert de terre !!

-          Bon retournons à nos crayons, nom d’un petit bonhomme et sa pipe ébène, allons voir s’il n’est pas dans le tableau

-          On peut rentrer dans un tablooooo ? dit la petite en écarquillant comme une huitre ses deux yeux violet et rouge coquelicot des champs

-          Oui, ma puce, c’est facile, il suffit de se tenir par le cadre et puis on entre tout simplement en commençant par la tête, et tes boucles blondes, allez donne moi ta mimine.

Tous deux sont alors entrés dans le tableau, abandonnant la pièce bleu feutré et les onze crayons.

-          Allons demander aux chevaux roux s’ils ont pas vu ton crayon

-          Ben, non ils sont trop loin, z’ont rien pu voir, pôpa, en plus ça parle pas les cheuvals et pis t’as vu comment qu’i nous rega’dent avec leurs grands z’yeux jaunes fou, i’ z’ont l’air michants !!

-          T’as raison, ’tite puce, allons plutôt voir la dame en gris, lui dit il en serrant plus fort la petite main qui s’agrippait à lui.

C’était une femme très vieille, tout habillée de gris, qui se balançait dans un rocking-chair marron peau de chèvre. Lorsqu’elle les vit s’approcher, elle toucha son pendentif en topaze bleu océan et leur dit :

-          Je sais tout, tout, tout, mais si tu veux que je parle, touche à la perle bleu chaton de mes mocassins.

Aussitôt demandé, aussitôt fait par la petite demoiselle aux bouclettes blé doré. Le visage fané de la vieille femme s’illumine alors de lueurs de toutes les nuances de bleu possibles et imaginables, du bleu aurore au bleu marine et même le très rare bleu nuage de petite pluie, et elle commence à raconter :

-          La coupable est une licorne qui venue ici la nuit dernière, elle a pris ton crayon entre ses dents ivoire et est partie comme elle est venue dans un nuage brillant comme le soleil de midi.

-          Une licooooorne, le cheval blanc avec une grande corne ???

-          Oui, c’est cela même ma petite, et va savoir pourquoi : peut-être voulait-elle d’un coup de crayon pastel réparer sa corne abimée ou souligner ses yeux de coquette…

-          Diantre, quelles voleuses ces licornes, elles ne sont pas blanches comme neige finalement ! dit le papa

-          Mais je veux mon crayon, dit la petite fille, qu’est-ce que je dois faire Madame Grisette ?

-          Ce soir, avant de te coucher, place sur la table une de tes dents de lait dans une petite assiette orange. D’ailleurs, je vois une de tes petites quenottes bigarrées qui gigote dans ta mignonne petite bouche, elle ne devrait pas tarder à tomber et elle est parfaite : elle est de la même couleur que ton crayon disparu !

-          Mais la petite souris verte….

-          Oui, il ne faut pas qu’elle s’en mêle celle-là, alors écoute bien ce que je vais te dire : tu vas dessiner un chat rouge colère et tu mettras ton dessin juste à côté de ta quenotte pour faire peur à la petite croque-quenotte gris tapis gris. Et maintenant partez, je suis fatiguée, je vais retourner à mes rêves bleus comme la mer apaisée.

Et ils partirent sur la pointe des pieds laissant Dame Gris-Bleu qui commençait à doucement s’assoupir. Aussitôt sortis du tableau, aussitôt à pied d’œuvre, pas de répit pour cette famille d’amateurs de crayons de toutes les couleurs ! Et zouh, un petit fil miel doré pour hâter la chute de la quenotte nécessitée. Et une feuille blanc crème fouettée fournie par le Papa pour le dessin de son petit Ange. La petite miss choisit le crayon noir foncé foncé parmi ses onze crayons de couleur rescapés puis s’attèle à sa tâche. En tirant sa petite langue rose fraise tagada, elle fait apparaître sur la feuille un gros matou avec de vilaines dents pointues à souhait.

-          Miaooooou, t’as vu ses grosses dents noirues papa ? (parce que c’est comme ça qu’on dit noir foncé foncé dans cette famille)

-          Ah oui ma chérie, cette nuit la petite souris, elle va rester dans son trou sombre à trembler sans oser sortir ! lui répondit son papa, en lui caressant la tête, comme moi je te caresse les cheveux maintenant. Il prit dans ses bras la fillette tellement fatiguée par sa journée pleine d’aventures qu’elle baillait comme un hippopotame fluo de la jungle d’Abbicypotamie et il l’amena dans son lit. Il remonta la couverture à carreaux jaunes spaghettis et jaune frites, lui fit un petit bisou tout doux, comme celui que je viens de déposer dans ton cou… Et le lendemain matin ? Et bien, les douze crayons de couleurs étaient là, sagement alignés dans leur étui jaune poussin !! Ah non, sauf un, un peu en biais, avec… regardons de plus près, mais oui, c’est bien ça, une trace de salive blanchâtre ! …la licorne ?!

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21 juin 2008

Somni médium (Pandora)

Encore une nuit presque blanche à m’agiter dans un demi-sommeil perturbé par une visite dont je ne garde qu’un vague souvenir. Je me rappelle simplement m’être promenée sur un beau tapis persan, les coussinets rosés de mes pattes effleurant délicatement la douceur des brins de laine, une promenade agréable mais fatigante. J’ai vraiment hâte que cette commande pour Miss Paddington, charmante Lady de 82 ans aux cheveux lilas, se termine… mais au rythme où j’avance cela augure encore quelques heures de dette de sommeil. Il faut bien payer les factures, et je dois absolument faire quelques réparations sur Caramel, ma vieille voiture. Je regarde sur la table de nuit et me lève rassurée, il manque le bleu dans son emplacement, le numéro six…. Sur la feuille de transcription, un papier recyclé un peu jauni mais on peut travailler avec les morts et se préoccuper de son avenir, je rajoute de mon écriture malhabile du matin le F de cette nuit aux lettres déjà inscrites…

Je suis médium et les esprits viennent me visiter dans mon sommeil puisqu’ils me font une vraie peur bleue et que je défaille si je les vois en journée. Je rentre dans leur corps spectral dans mes rêves en noir et blanc pendant qu’ils occupent le mien pour prendre un feutre (ou plusieurs) et délivrer leur message : somnambulisme spirito-guidé. Ils communiquent avec moi par l’intermédiaire d’une pochette de gros crayons de couleur aux capuchons dorés, rangés dans des emplacements doublement numérotés de 1 à 13 et de 14 à 26. Numéros correspondants aux lettres de l’alphabet qui vont ainsi former les mots du message en réponse à la personne qui me paye. Ça a l’air compliqué mais c’est tout simple (même les morts aux neurones pour le moins défraichis y arrivent, alors c’est pour dire), le noir dans son emplacement 1 correspond au A et s’il y a juste le capuchon d’enlevé, c’est le 14 donc le N…. vous commencez à comprendre ? J’utilise en général plusieurs pochettes de crayons de couleurs pour obtenir plusieurs lettres et ne pas y passer trop de nuits, selon l’intelligence de l’esprit mais aussi selon l’intensité du violet de mes cernes, elle-même proportionnelle à mon état de fatigue. Disons que je fonctionne entre 10 et 20 pochettes ce qui fait 10 à 20 lettres et donc quelques mots par nuit que je couche sur mon papier jauni, un message de l’au-delà pour ceux qui ont les moyens de se payer mes onéreux services, mais vous aurez noté combien je donne de ma personne. Vous vous demandez peut-être pourquoi l’esprit n’écrit pas directement sur le papier tant qu’il est dans mon corps, mais cette « occupation » provoque des transformations physiques qui me rendent incapables d’écrire lisiblement si j’en juge les feuilles noircies par des hiéroglyphes incompréhensibles que je trouvais au matin sur le bois acajou de ma table de nuit. Je passe d’ailleurs sur les autres découvertes que je peux faire à mon réveil, les esprits temporairement ré-incarnés en moi devenant parfois particulièrement facétieux et agités, ils ont ainsi tellement terrifié mon chat que ses poils sont devenus complètement blancs à mon premier contrat (il dort désormais chez ma voisine quand je me livre à mes activités de somni-médium).

 

Mais là, une lettre à la fois me semblait bien suffisante pour la faible intelligence du caniche abricot de la vieille Lady, et le message qui se profile me laisse craindre le pire sur ses capacités d’élaborer un discours un minimum construit.  Avec le F bleu de cette nuit, le message tient pour le moment en un mot : OUAF. C’est la dernière fois qu’on me prend à essayer de communiquer avec l’esprit d’un animal aussi stupide, même pour un aussi bon paquet de billets verts.

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21 juin 2008

Les crayons (Fabeli)

12 crayons sagement alignés dans une pochette bleue. Il est 23 heures, dans la pénombre grise, la maison est endormie. Toute la maison ? Non, dans le tiroir du bureau en chêne clair….

Il sera bien difficile, plus tard, de dénouer le fil de cette histoire, mais tout porte à croire que c’est le blanc qui a commencé. D’après le rose, qui tardait à s’endormir, quelqu’un aurait éternué. Les différents témoignages, recueillis par l’inspecteur Lapalette, s’accordent pour dire qu’il s’agissait du orange. Un instant, les soupçons se sont portés sur le bleu glacier, mais il fût prouvé que, en habitué de la haute montagne, le bleu glacier ne s’enrhumait jamais. Le marron confirma alors le témoignage du rose, bien qu’il se montrât très attaché à l’orange et qu’il lui répugnât de le dénoncer. Le orange, soutenu par le magenta, finit donc par avouer que, oui, c’était bien lui qui avait éternué. C’est à ce moment là que le blanc, réveillé par le orange, avait bousculé le violet, très susceptible comme chacun sait. Le violet entra dans une colère noire, criant et gesticulant en tout sens. Il bouscula le gris et l’ocre et leur en fit voir de toutes les couleurs. Il s’agita tant et si bien qu’il finit par réveiller toute la pochette et la bagarre fut générale, jusqu’au jaune, pourtant peu disposé à la mauvaise humeur, qui s’en mêla. Il se planta devant le noir, le regarda dans le blanc des yeux et lui déclara tout net : « Tout ça c’est de ta faute, tu sèmes la discorde partout où tu passes, barre toi vite fait ! »

Le noir, bien sûr, tomba des nues devant cette accusation, et il finit par voir rouge devant tant d’injustice. Il remit le blanc à sa place d’un  bon coup de mine mais fut alors pris à partie par l’ensemble du groupe. Seul contre tous, écœuré par la méchanceté du blanc, il commença à réunir ses maigres affaires dans un baluchon gris, souleva le rabat de la pochette, et s’enfonça dans la nuit, sans que personne ne fasse un geste pour le retenir.

Voilà pourquoi, ce matin, à six heures, Anaïs ne trouva que onze crayons dans la pochette bleue.

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Le défi du samedi
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