Difficile à croire n’est-ce pas ? (Tilu)
6h45, je saute du lit en parachute. J’affronte les chutes du Niagara de la douche. J’enfile une petite robe de chez Lacroix. Difficile à croire n’est-ce pas ? Je saute dans mon petit bolide et j’entame une course de côte qui va me mener jusqu’à l’école. J’arrive en tête, bien avant l’ouverture du portail. J’entre dans ce temple du savoir. Là, j’enfile un costume de dompteur sur ma petite tenue légère. Difficile à croire n’est-ce pas ? J’affronte une troupe de jeunes fauves en folie pendant trois heures, sans relâche.
Puis je fais une pause. Je rentre chez moi et déjeune dans la cuisine personnelle de Paul Bocuse.
Suit un moment très sensuel où je danse le slow avec mon aspirateur, et la valse sous mon fil à linge. Difficile à croire, n’est-ce pas ?
Je reprends ma voiture et retourne dans l’arène pour encore trois heures d’arbitrage de combats de gladiateurs. Sur le chemin du retour, la montagne d’en face qui sort du décor, toute découpée d’ombres et d’éclats de soleil blancs me force à m’arrêter sur le bord de la route pour la contempler. Une brume de chaleur floue baigne son pied, le bleu du ciel tout autour est pur et profond… Mais le temps qui court m’arrache à ma rêverie et me tire jusqu’à la maison où j’attrape ma lance de pompier (difficile à croire n’est-ce pas ?) pour éteindre le feu de la soif de mon jardin d’Eden.
Mon prince charmant de retour du travail, m’enlève et m’emmène remplir un chariot doré au supermarché du coin.
Une fois les denrées rangées, j’attrape mes partitions et me voilà partie vers la mégapole phocéenne pour retrouver ma troupe de stars pour la répétition hebdomadaire qui nous prépare à notre passage à l’Olympia fin juillet. Difficile à croire n’est-ce pas ?
Lorsque minuit sonne, telle Cendrillon quittant le bal, je retrouve mon carrosse qui me ramène en mon domaine. Là, je trouve ma descendance affalée sur le canapé mais encore éveillée, avec qui je philosophe pendant un moment sur l’épreuve du bac passée dans la journée. Une heure plus tard, j’escalade la face sud de mon lit et m’endors du sommeil du juste sans avoir oublier de replier soigneusement mon parachute pour qu’il soit prêt le lendemain à l’ouverture de mon premier œil…
Difficile à croire n’est-ce pas ? C’est pourtant mon quotidien !
Mais vu avec un regard neuf …