Offrir un mot tôt ou bien un mot tard c'est inopportun mais c'est bien meilleur qu'un vieux gribouillis ou qu'un avatar un petit mot doux? d'ici ou d'ailleurs.
Non pas des mots tus, en bouches cousues ni des mots mâchés, souvent rabâchés mais des mots-cadeaux qu'on peut s'échanger de ces mots tout bleus comme on n'en fait plus.
Je veux partager tous ces mots gourmands: secret du mot tel, galbe du mot lait souffle du mot râle, chaleur du mot ment avec ma jolie, celle qui me plait.
Et pour un
mot d'elle sous son air mot coeur tous nos mots d'amour seront mots croisés...
Ce matin, monsieur et madame Mot devaient se presser afin de faire leurs dernières emplettes pour le réveillon de ce soir. En effet, une surprise était arrivée à leur réveil et ils avaient donné naissance à leur dernier petit mot qu’ils avaient affectueusement nommé Désamoureux.
Ils prirent alors leur motomobile afin d’arriver au plus vite au grand magasin des mots qui était déjà assailli par les acheteurs effrénés de dernière minute. Ils n’hésitèrent pas longtemps devant les rayons et choisirent celui des mots doux. Là, les mots scintillaient de toute part, il y avait des mots qui roulaient, d’autres qui coulaient, encore qui riaient et même qui embrassaient.
Il y avait aussi les mots composés, madame Mot hésita d’ailleurs longtemps entre pomme d’amour et pain d’épice, mais monsieur Mot préférait arc-en-ciel. Avançant toujours dans le rayon, ils découvrirent les derniers mots à la mode dont tous les jeunes raffolaient et qui regorgeaient de j’te kiffe par ci, j’te kiffe par là. Mais pour un nouveau né, cela ne leur convenait pas.
Le choix devenait cornélien tellement il y avait de mots, ce qui étonna madame Mot qui ne se souvenait plus de cette période heureuse où elle et son époux se caressaient de mots tendres tels que bonheur, douceur, joie, plaisir, bonne humeur, adoration, gentillesse, délicatesse, amabilité, générosité, ravissement, beauté, etc. Monsieur et madame Mot commençaient à se sentir tout chose, leurs cœurs fondaient devant la féerie de tous ces mots et lorsqu’ils trouvèrent enfin le mot qu’ils recherchaient tant, l’émerveillement pouvait se lire dans leurs yeux. Heureux, monsieur et madame Mot, bras dessus - bras dessous, retournèrent bien vite à leur doux logis afin de préparer la fête de Noël. Ils disposèrent tous leurs mots-cadeaux au pied du sapin et réveillèrent leur progéniture aux douze coups de minuit.
Tous les petits mots de monsieur et madame Mot, bien qu’encore endormis, se précipitèrent devant le grand sapin qui brillait de tous feux. Chacun attrapa son paquet, excité maintenant comme une puce, et s’empressa de l'ouvrir. Monsieur et madame Mot se délectaient de ce spectacle. Madame Mot saisit alors le dernier cadeau qu’ils avaient acheté quelques heures plus tôt et l’offrit à son petit dernier qui n’osait s’approcher. Le petit Désamoureux déchira le papier. Son visage s’illumina d'un grand sourire lorsqu’il découvrit le mot Amour.
alors en moi cela s’apaise et j’offre le mot : sourire
Qui dit cadeau dit : méchanceté !
« Je l’ai pris, mais c’était un cadeau empoisonné »
Oups je me cache, honteuse d’avouer ce coté obscure.
Qui dit cadeau dit : espoir !
« et si je lui offrais un cadeau » ?
oui j’aime mieux ça et j’offre le mot : conciliation
-« Bon sylvie c’est bien beau de réfléchir tout haut,
mais pour qui ces mots-cadeaux » ?
-« pour tout te dire, je n’en ai aucune idée
Par contre, je sais une chose,
à personne je ne souhaiterai de méchanceté ou
de connaître l’injustice et tant d’autres vilains mots » !
-« allé arrêtes tes chichis et dis nous à qui tu offres tous les autres mots » ?
-« tu l’es bien curieux toi.. bon j’avoue ne pas faire dans l’originalité.
Tous ces mots douceurs je les offre à ceux qui me sont chers et que j’aime par dessus tout, mes enfants et mon épousé,,,, bien sur, ensuite vient tout’la clique des parents, amis etccccc
tu
vois en fait, je suis ni plus ni moins comme tout l’monde..... juste
une femme, qui le temps de déposer une trace sur la feuille blanche, se
prend à rêver que demain,
A
ma mère : VIVACITE, car il contient la Vie et toute l’énergie dont elle a
toujours fait preuve, quels que fussent les moments à passer, joyeux ou
effroyables.
A mon père : MAJESTE, puisqu’il en a
fait preuve jusqu’au bout, jusqu’à la Mort, et bien avant déjà.
A
ma grand-mère paternelle : LIONNE, elle l’était : douce et sauvage à
la fois.
Aux
femmes : SENSUALITE, c’est ce qu’elles m’ont appris et ce qui est troublant
pour moi en elles.
A
mes amours perdues : TORTURE. Et si, et si…
A
mes amis : SURPRISE, étant donné que la roue de l’amitié a souvent tourné,
dans le bon ou le mauvais sens…
A
mes félins : FIDELITE, car personne au monde ne l’est plus qu’eux, et que
leur amour indéfectible me bouleverse toujours autant.
A
la littérature : MERCI de m’avoir sauvée, de n’avoir pas fait de moi une
simple passante dans l’existence, même si je souffre souvent de tant de
mots.
Aux
peintres : FRISSONS de peur, de plaisir, d’émotion…
Aux
professeurs qui m’ont donné FOI en ce métier : AMEN ! Ainsi soit
Je.
A
mes élèves : PATIENCE, la grande vertu dont je fais preuve avec eux, et
qu’ils doivent apprendre face aux efforts fournis…
A
mon corps : PARDON de te faire subir ce que je ne sais gérer, et je te
DETESTE de ne pas t’aimer.
Et
à l’écriture : CATHARSIS, puisque c’est cette fonction qu’elle a toujours
eu pour moi, avec tout le mystère antique qui
l’entoure.
Dans ma jeunesse, jusqu’à dix-huit ans à peu près,
j’allais à la messe. J’avais beau être timbrée, j’allais à la messe. C’est difficile
à croire, mais c’est comme ça. Même que je faisais partie d’un groupe de
gentils chrétiens assez informel dont la vocation était d’animer les messes.
Avec guitare, tambourins et tout le toutim. Et chansons de Graeme Allwright.
Jolie bouteille, sacrée bouteille. Non. Pas celle-là. D’autres. J’ai oublié les
titres. Et les paroles. Et les mélodies. Pas la peine que j’en cause, alors.
Ce n’est pas le fait d’aller à la messe qui
m’empêchait d’être défoncée. J’allais à la messe défoncée. Ou à moitié bourrée.
Ou les deux. Dieu merci (si je puis dire) je savais donner le change. De toute
façon tout le monde s’en foutait. Personne ne voyait rien. Je vivais dans un
monde bien gentil où on ne regardait pas autrui. C’était assez effroyable, à y
repenser.
On m’avait collé une étiquette de timbrée. Joli colis.
On aurait pu rajouter sur moi fragile, urgent, haut, bas, tout un tas d’autres
inepties. Il n’aurait plus manqué qu’on m’emballe et qu’on fasse un joli nœud
doré, j’aurais été un super cadeau.
Je me souviens d’un jour où j’étais allée à la messe
particulièrement défoncée et bourrée. Ce n’est pas qu’on m’avait virée pour autant,
non. Personne ne s’était avisé de rien. Il n’empêche que je ne chantais pas
avec les autres. J’étais défoncée, bourrée et hostile. Ça faisait beaucoup et
ce n’était pas tellement chrétien. Je n’en avais rien à battre. Ce n’était pas
pour ça que je ne chantais pas leurs mièvreries. C’est parce que j’avais mal
aux dents et qu’à cause de ça j’avais dévalisé l’armoire à pharmacie de mon
père. Et j’avais fait couler les médocs avec un doigt de suze. Vertical, le
doigt. Et pas un doigt de bébé. Du coup j’étais assise sur un banc du fond.
J’avais des sensations étranges. Je voyais les couleurs du vitrail qui
foutaient le camp dans les limbes. J’entendais mon cœur battre la chamade. Tout
ça bourdonnait dans ma tête et je ne savais plus trop où j’étais. J’avais
conscience du bois dont était fait le banc, et j’avais l’impression d’être de
bois moi-même, que mon cul allait bientôt se greffer au banc, et que j’allais
prendre racine là, dans le dallage de l’église. Lorsque j’en ai eu ras le bol,
je suis sortie de là comme j’ai pu, j’ai fait le tour du parallélépipède en
béton qui nous servait d’église, histoire de vérifier si dehors aussi les
couleurs du vitrail s’échappaient vers le ciel, j’en ai profité pour engueuler
quelques copains qui jouaient à la pelote basque contre le mur (et parfois contre
le vitrail, c’est ça qui me donnait l’impression d’entendre résonner
anarchiquement les battements de mon cœur), et je suis partie m’asseoir sur les
marches du parvis. Entre parenthèses, je me fichais pas mal qu’ils fassent du
bruit. C’était juste un petit plaisir que je m’offrais. Les engueuler.
J’ai tout faux. Ce n’était pas vraiment la sortie de
la messe. Je m’étais sauvée bien avant la fin.
Sur les marches, je n’étais pas seule.
Il y avait une autre fille que je ne connaissais pas.
Méchamment belle, la fille. De longs cheveux noirs (qui me donnait envie de
haïr ma propre blondeur). Un visage de madone. Un sourire… mon dieu. Un jean
tout déchiqueté d’un côté. Ça, c’était marrant.
D’une ex-boîte de pastilles pour la gorge que j’avais
dans mon sac, j’ai sorti une cigarette d’herbe toute prête et j’en ai proposé
une à la fille. Elle a préféré prendre une gauloise dans un paquet tout
chiffonné qu’elle a extirpé de sa poche de chemise.
Nos fumées se sont mêlées tandis que nos regards
convergeaient vers un néant confus. Puis, sans nous concerter nous nous sommes
levées et, tandis que le jour déclinait, nous nous sommes enfoncées dans le
sous-bois. Nous avons marché pendant plus de deux heures, accordant nos pas au
rythme lent de notre conversation. Nous devisions avec enthousiasme, de tout,
de rien. De lecture, essentiellement, et de musique.
Elle ne connaissait pas Caravan.
Elle a dit, j’aimerais que nous soyons amies, je
m’appelle Livia. Elle ajouta, afin de justifier ce prénom peu banal alors même
que je ne demandais aucune explication, nous venons d’Italie.
C’est amusant, j’avais soudain oublié que j’étais
défoncée. Je n’étais plus hostile du tout. Je ne sais pas si ça existe, un coup
de foudre d’amitié. Peu importe. On pourrait dire que c’était ça qui nous
arrivait. Du coup, en m’adoptant, c’était comme si elle avait gagné le gros
lot. Un super cadeau.
Ceci est
un extrait d’un texte beaucoup plus long sur lequel je travaille en ce moment. C’est
pourquoi ça peut paraître un peu tiré par les cheveux par rapport à la
consigne.
Offrir des mots, quelle idée séduisante...
Comment choisir?
Quel terme retenir?
Par jeu, je pourrais, pour être de saison,
Articuler clairement le mot CLAIRON,
Emboitant ainsi le pas à Villon:
"Tant crie-t-on Noël qu'il vient"
Chantait-il, si je me souviens...
Un bouquet à la main, hésitant,
Le soupir un peu mièvre, balbutiant,
On pourrait bégayer, tel le soupirant transi,
Le mot AMOUR pour l'offrir à sa mie...
Je pourrais, en ces temps troublés,
- Qui me le contesterait? -
Prononcer le mot PAIX...
Mais aurait-il une chance d'être écouté?
Ne serait-il pas de bon ton
En ces temps de grande inquiétude
Du mot PLANETE vouloir faire don?
Afin de montrer à la terre notre sollicitude?
Mais ici, point d'offrande désintéressée!
Crier, chuchoter, déblatérer,
Parler, discourir,
Gueuler, demander, interpeller,
Grogner, gémir,
Hurler, marmonner, parlementer,
Celui qui reçoit, de répondre, est bien obligé:
Je ne peux pas soliloquer!
Je voudrais un mot qui soit vraiment un cadeau,
Juste un son, qui n'appelle pas de réplique en écho.
Un son doux que je ferais froufouter,
Murmurer, ronronner, susurrer...
Un son furtif qu'on entendrait bruisser,
Bourdonner, cliqueter, trémuler...
Me voilà bien hésitante!
Quel mot pourrais-je donc offrir?
Je ne sais décidément pas que choisir!
L’immeuble
craque. Le vent de décembre vient de l’ouest. Il est
glacial.
Un
immeuble ou plutôt une maison flanquée de plusieurs étages, fin XIXème. Hier,
ancien hôtel de passe, il soupirait alors ; le bois à peine ciré des escaliers
gémissait sans cesse. De jour. De nuit. A peine quelques mots effleuraient les
murs recouverts de papier peint. L’immeuble était jeune alors, vain bien
entendu et assuréméent inattentif aux murmures qui
l’effleuraient
Le
vent fait bruisser les branches des platanes qui ceinture le lycée ; il
s’enfuit déjà vers la Seine. L’immeuble se tait. Au premier, une main relève la
couette légère. Deux fronts se touchent, une berceuse fredonnée transmise du
bout des lèvres par une autre, mère, tante, aïeule. La porte se ferme sur la
veilleuse assoupie Les murs chuchotent à l’enfant, les mêmes paroles : l’était une tite poule
brune….
La
maison se penche. « Amorino,
Amorino ! ». La jeune fille porte doucement la carte postale à sa
joue. Elle croit respirer l’odeur salée de Chiogga. Et Andrea, ses lèvres minces
murmurent dans un souvenir fugace : « Amorino, te scrivero tutti le
settimane. ». Elle repose la carte postale où sourit un gondolier et
attrape une feuille dactylographié, elle a coché une case en haut à gauche. Elle
fera de l’italien l’an prochain. C’est décidé.
La
maison s’étonne. La porte de la cave 5 est entrouverte. Une lampe électrique
balaie les étagères. « La bougresse, la bougresse ! C’est là
qu’elle avait caché ma prune ! » Une larme s’écrase sur la terre
battue. « Ma bougresse… »
La
maison retient son souffle. Un cri, un seul « A table. » Galop et chaises qui
raclent le plancher. Ce quart de silence juste avant que les mots fusent. La
maison suspend son souffle.
La
vieille bâtisse a entendu le train de 20h. Elle devine qu’il va rentrer, allumer
la lampe, jeter sa mallette sur le clic clac. Il va se diriger près de la
fenêtre et s’agenouiller devant elle. Soigneusement essuyer une à une ses
feuilles vernissées à peine poussiéreuses. « Petit Schefflera, Mabelle, Ma
toutebelle. Tu es à couper le souffler. » Il se lèvera et attrapera
une télécommande noire ; la
télé ronronnera toute la soirée.
La
maison dort quand le dernier arrivant monte les escaliers, quatre
à quatre. Un voyant vert clignote dans la pénombre. Il enclenche le répondeur,
les murs assombris sursauteront. Une voix de femme tremblante : « Même à Limoges, je t’aime. » Une
pause. « Pour effacer ce message, veuillez appuyer sur le bouton
rouge. »
Le
silence s'établira patiemment entre les fenêtres qui crissent et les
craquements, le vieil immeuble qui endormira . Après avoir longtemps veillé
un petit point vert. Lumineux. Qui bat
encore.
A mon amoureuse d’Egypte Puis je offrir le mot «mie» Sans qu’elle s’en offusque Dessous ses bandelettes ?
La chèvre de Monsieur Seguin - Et les entêtées de tout poil – Cela mettra-t-il un terme à son ire Si je lui offfre le mot «hair» ?
(J’ai déjà donné le mot «tif» Au chauve qui peut général Qui avait besoin d’un Pour me coller au gnouf)
A Charles Baudelaire Faisons cadeau des mots «lusque», «clame»,«volupté», «mot d’ordre», «Chat botté» : Il en tirera bien quelques vers s’il ne s’est pas Piqué le nez ou autre chose hier au soir
Peut-on donner le mot "anneau" à Edith Piaf ?
Peut-on encore gratifier le nègre Banania des mots «y’en a jeu» dès lors que tout le monde est Dakar pour entendre des timoniers à talonnettes décréter que «l’homme africain n’est pas assez entré dans l’histoire» ?
Tristesse de Chopin !
A l’irascible du château J’offre ce conseil et les mots «des rateaux quand ta bile est» : Il faut marcher sur les dents Et prendre le manche dans le nez. Ah oui, bien sûr, cela fait mal ! Ca peut provoquer même un malaise vagal Et blesser l’amour propre Mais à nous, ça nous fait des vacances !
Offrons le mot «rose» à ceux qui sont gais Et à l’espion qui rit trop envoyons le mot «sad».
Donnons le mot «l’os» au gros chien Et «bone» au beau qui fait le singe.
Et aux défiants du samedi Faisons cadeau de nos mots «d’où», Des mots sertis d’ailleurs ou qui n’existent même pas : D’où tu es toi ? Du mot «Zambic», des mots «cratère», des mots «critère», des mots «Steenvoorde», Des mots «graphiques» pour MAP bien sur, Des mots «Le Mans» pour ce dur-à-cuire de Végas, Des mots «Ris ? Tu ris ? Té ! Salut, tante» pour l’oncle Dan, Du mot «Scooter» pour Virgibri Oussov, Des mots «tôt cycliste» à Sébarjo.
Offrons le mot «reine» à Poupoune qui n’a rien à voir avec la glace si ce n’est qu’elle crèche rue Lepic, Le mot «cœur» au merle doux qui fait temps des cerises en Iowa, Le mot «quête» à Tiniak pour qu’il tape du pied sans gêner les voisins quand il joue le ragtime du Graal dans son sous-marin sous les combles, Le mot «ka» à Valérie, le mot «zarella» à Martine27, Rsylvie et toutes les dames et demoiselles qui viennent ici , qui me semblent être de bien aimables gourmandines ! Et pour Walrus et Papistache laissons les se disputer la possession du mot « nacal » et du mot « narque » !
Pour moi, ne m’offrez rien, surtout pas de mots, j’en ai trop ! Le vocable « péter un » suffira à me remettre d’aplomb si je dois changer mon fusible des pôles. A la rigueur, le mot « i can ». Le dernier des derniers, s’il n’en reste qu’un seul, je serai celui-là !
JP fit glisser doucement un petit écrin
de son assiette, évitant chandelier et flutes de champagne jusqu'à
la douce main de son épouse qui tapotait la table d'impatience.
-Oh merci mon JP! Tu l'as bien choisie
gris métallisé hein?
Elle entreprit de dénouer le ruban de
la mystérieuse boîte.
-Tu es un amour, fit-elle.
Elle souleva le petit couvercle et
trouva délicatement déposée sur un fonds de velours une
carte manuscrite.
-Ben elles sont où les clés?
-En fait, j'ai abandonné l'idée de la
Jaguar. Je voulais t'offrir un cadeau vraiment spécial.
-Il y a écrit s...snourf? Euuh.. mais
la jaguar elle est où?
-Chérie écoutes moi. C'est ton
cadeau, je t'ai offert un...
-Snourf?
-Précisément! Je t'ai offert un mot!
Tu sais que j'ai mes entrées dans le monde littéraire.
-Snourf, murmura-t-elle, les yeux
perdus dans un néant d'incompréhension.
-C'est ton mot. Tu es libre de lui
donner la signification qui te conviendra. J'ai tout arrangé. Il
paraîtra dans tous les dictionnaires l'année prochaine. Il sera
même reconnu par l'Académie Française. Ce sera un fait unique dans
l'histoire : le mot précède le concept, tu te rends compte? Alors?
Quelle signification souhaites-tu lui donner?
Elle avait ses yeux des mauvais jours.
Mal à l'aise, JP ne fut pas dupe de la petite voix, presque
enfantine, qu'elle prit alors:
-Mmm... Jaguar ou canapé?
JP balbutia :
-Canapé? Mais que veux-tu dire?
Elle hurla :
-Dormir sur le canapé jusqu'à la fin
de tes jours! Là tu comprends?
Stupéfait, JP ne trouva rien pour
réponse que ce mot étrange : SNOURF!
Après l'avalanche de candidatures que tu as reçue cette nuit, ma missive te paraîtra sans doute bien reposante.
Comme je suis certain de dominer le lot de ces quémandeurs de la tête et des épaules, je n'ai pas voulu t'embarrasser en t'obligeant à choisir un Belge, ce qui n'aurait pas manqué de te faire traiter de "national-népotiste" par ces Français aussi prompts au néologisme qu'au chauvinisme.