Ceinture (Poupoune)
Si l’on va plus loin dans l’intimité, les descriptions de femme ressemblent à des arrière-boutiques de bijoutier. On y découvre la froideur du métal et la lourdeur des portes de l’inviolable coffre dans lequel sont jalousement gardés les joyaux les plus rares. Qu’est-ce, si l’on en a la clef ?
Madame la Comtesse (Martine 27)
Messire le Comte s'est longuement entraîné dans sa chambre. Le troubadour le lui a affirmé, pour obtenir monts et merveilles de la Comtesse, que Messire le Comte vient juste de retrouver après 10 ans à guerroyer de-ci de-là, il lui faut la flatter.
Il faut dire que Madame la Comtesse, depuis si longtemps délaissée, est un peu de mauvaise humeur et pas trop portée sur la bagatelle, il faut bien le reconnaître.
Bref, avant de rejoindre sa douce moitié dans sa chambre, il a répété encore et encore le texte que le troubadour a écrit pour lui (et donc pour elle).
Ma chère votre beauté m'éblouit (tu parles avec 10 ans de plus ma chère épouse vous n'êtes plus guère une galinette de l'année, mais bon si pour en arriver à mes fils, il me faut en passer par là, courage allons-y).
Bon donc, ma chère votre beauté m'éblouit, elle resplendit telle la cassette du joaillier (dans laquelle vous fîtes disparaître une partie de ma fortune pendant la courte absence).
Vos cheveux d'oryx, palsembleu non, d'onyx (quoi que soit ce truc, et encore le troubadour proposait obsidienne encore plus difficile ça) ruissellent sur vos épaules de nacre (l'une d'ailleurs un tantinet plus haute que l'autre).
Vos yeux d'ambre rehaussent votre teint d'ivoire (jauni l'ivoire, mais passons).
Vos lèvres tels des rubis mettent le feu à mon cœur (bon très franchement un peu plus bas, mais le troubadour affirme que ces compliments de soudard s'ils conviennent aux filles d'auberge ne sont pas pour les dames bien nées).
Vos doux seins (qui commencent hélas ma mie à pendouiller) sont deux merveilleuses perles (baroques quant à la forme pas de doute) embellis par deux délicats tétons de… de… (pas rubis déjà utilisé, il a dit quoi ce maraud de troubadour) de… de…, ah oui, semblables à des grenats (que je vais arracher à coups de dents je le sens bien si ça dure trop longtemps cette ineptie).
Votre taille d'albâtre ondoie comme un roseau (ah ben oui, le troubadour n'a pas trouvé de pierre précieuse qui ondoie).
Bon, allez, que diantre j'y vais, je verrais bien sur place pour la suite.
Et voilà Messire le Comte qui, tout sourire et idées libidineuses, se rend chez Madame la Comtesse pas plus heureuse que ça de récupérer un époux quelque peu défraîchi il faut bien le dire.
Or donc, Messire le Comte, très concentré, régurgite le laïus du troubadour tout en se demandant in petto si celui-ci n'en saurait pas un peu trop sur son épouse.
Il risque quelques caresses, fait glisser strate après strate les étoffes qui couvrent son épouse.
Et enfin, il touche au but (si je puis m'exprimer ainsi). Le dernier jupon tombe et Madame la Comtesse, un sourire narquois sur les lèvres de rubis (voir plus haut) se laisse contempler par son époux proche de la syncope.
Un gémissement monte aux lèvres de celui-ci. Il se revoit faire du tri dans son escarcelle et jeter une clé dont il ne voyait plus l'usage.
Horreur, il s'agissait de celle qui ouvrait la splendide ceinture de chasteté ruisselante d'émeraudes, de rubis, de saphirs, de diamants, qui ceint et protège la délicate intimité de sa Dame.
Hélas pour lui, il ne pourra poursuivre ses comparaisons bijoutières plus loin, tout au moins pas avant d'avoir fait venir un forgeron !
"Sensualité perlée" (Rsylvie)
A travers les âges, se répètent inlassablement les mêmes gestes,
lentement, méthodiquement, avec une infinie patience.
Poser perles après perles sur le velours de la peau.
Et se parer de jolies couleurs, pour plaire.
Des cheveux finement tressés sous un voile,
se faufilent en
ruisseau vers une nuque fragile, au port de reine.
Incliner délicatement
la tête, vers l’horizon qui flamboie.
Le regard s’évade, par
de là les mers.
L’imagination voyage, par de là les montagnes.
La beauté respire par tous les pores de la peau. Telle une statue d’albâtre,
que l’on regarde de face ou à la dérobée, ce n’est
qu’émerveillement.
Une silhouette gracieuse à la démarche chaloupée, vous
conduit vers les méandres du plaisir.
Un déhanché subtilement travaillé, pour n’être ni
provocateur, ni vulgaire,,,,
juste suffisamment rythmé vous invite à la danse.
Des bras protecteurs… S’y laisser prendre,
dans une chorégraphie endiablée, où s'entremêlent deux
souffles ardents.
Des yeux de braise, attisent la flamme d’une quête à jamais consommée
Il est beau et le
sait. Tel un gladiateur des temps modernes, il bombe le torse et s’offre
Elle est
désirable, et le sait. Tel une déesse des temps nouveaux, elle cambre le buste
et s’offre
à la lumière du jour. Sa chevelure d’or flotte librement au
vent. Diffusant négligemment un
à la
lumière du jour. Tel un champ de blé, sa chevelure flotte librement au vent.
Diffusant
parfum suave et envoutant. La chaleur matinale, fait perler
des larmes de sueur sur ses épaules
négligemment
un parfum épicé et enivrant. La chaleur matinale fait briller des larmes de
robustes. Il n’est plus ravissant spectacle que celui
d’une cascade de muscles qui s’écoule
sueur sur
ses épaules accueillantes. Il n’est plus beau spectacle que deux mamelons à
fleur
négligemment de deux collines à fleurs de peau, jusqu’à
l’embouchure d’une chute de reins.
de
peau, fièrement dressés afin de dominer, l’étroit passage conduisant à une
chute de
Malhabile, le regard suit le chemin de broussailles jusqu’à
se lover, au creux d’un nid de
reins aux
cambrures cavalières. Maladroitement, le regard suit le chemin de mousse,
bruyères, bercé par le tintement discret des clochettes du
bonheur.
jusqu’à se lover au creux d’un nid de bruyères, dominant le mont de vénus.
De tout temps, ils ont
reproduit les mêmes gestes.
Des épaules
charpentées, jour après jour..
Des cuisses
façonnées, inlassablement.
Des mains anoblies,
par le labeur.
des visages ornés
d’anneaux argentés…
De tout temps, elles ont reproduit les mêmes
gestes.
Des yeux de biches, de khôl finement ourlés.
Des lèvres sensuelles, habillées de
velours.
Des mains maquillées, de fioritures.
Des oreilles, couvertes de parures…
un teint de porcelaine, une chevelure
mordorée
« sensualité perlée »
Elle (Tilu)
Dans sa tête, un flou
artistique, des idées qui toujours s’agitent, des tas de rêves insolites, bien
loin de sa vie tracée.
Mais qui pourrait le soupçonner ?
On entrevoit parfois, par
bribe, par la fenêtre de ses yeux, l’eau qui traduit l’émotion vive qui la fait
vibrer tout le temps mais qu’elle prend soin de contenir pour ne pas froisser
l’entourage.
Au-dessous de son enveloppe,
il n’y a rien de très palpable.
Une tête pleine d’air, me direz-vous ?
Oui, mais de cet air dont on
fait des chansons, de celui qui souffle sur les collines un air de liberté et
nettoie les poumons, de celui qui pousse à faire et à partager avec qui arrive
à comprendre et à être touché.
Ont déjà osé:
Walrus, Tilleul, MAP, Poupoune, Adi, Aude, Martine 27, Rsylvie, Tilu, Kloelle, Papistache, Joe Krapov, Pandora, Val, Janeczka, Joye, Tiphaine, Alice, Thétis, Caro_carito,
Défi # 31
Coucou!
Le défi double est bouclé. Je l'ai trouvé particulièrement intéressant.
Je tenais à vous rappeler combien vos commentaires font vivre le blog. Ce qui fait, me semble-t-il, la convivialité des lieux, c'est les commentaires déposés sous chacune des participations. Aussi, prendre le temps de lire et de laisser un petit mot sous chaque texte permet de conserver cet esprit convivial.
Pensez-y!
Les autres participants prennent la peine de s'arrêter sur votre texte? Faites le en retour...
Je trouvais important de le préciser une fois encore.
Bon! Bon! La consigne! J'y viens!
Cette consigne est une idée de Véron. Elle lui a été soufflée par Jules Renard.
La voici:
"Les descriptions de femme ressemblent à des vitrines de bijoutier. On
y voit des cheveux d'or, des yeux émeraude, des dents de perles, des
lèvres de corail. Qu'est-ce, si l'on va plus loin dans l'intimité ! "
Citation (de Jules Renard) trop... osée pour en faire le défi d'un samedi ?
Trop osée?
Non, moi je dis: délicieusement osée.
Qui osera?
Bonne semaine à tous.
V.
Clin d'œil
Avant de me mettre à commenter nos participations, je voudrais adresser à Val un grand bravo pour tout le temps qu'elle a passé à mettre en page ces défis.
C'est elle qui y a consacré le plus de temps et sa tâche n'a pas toujours été facile. Certains textes se rebellent et n'admettent pas qu'on les plie à notre volonté. La faute à diverses versions de Word, à des logiciels de traitement de textes variés, ou à des perturbations informatiques de l'ordre de l'irrationnel.
Il faut dire qu'on s'est également compliqué la tâche en voulant colorer de gris les défis initiaux.
Je me demande si pour les prochaines consignes on ne devrait pas tenter de mettre nos textes dans le corps du courriel et non en pièce jointe afin de simplifier les manipulations. Reste le souci d'insérer des images. Aligner à gauche, à droite, centrer, détourer, habiller... c'est amusant à faire chez soi, mais pas toujours aisé à exécuter sur un texte dont on n'est pas l'auteur. Et ça prend du temps !
Si l'un de nous avait une solution pour rendre cette mise en page plus rapide et moins stressante...
Fin du défi de Poupoune (Martine27)
C’est forcément la pire gueule de bois de toute ma vie. Je ne me souviens pas avoir bu, mais je ne vois pas bien ce que ça pourrait être d’autre...
Déjà, je ne sais pas du tout où je suis. C’est pas chez moi, ça au moins, c’est sûr : c’est grand, très grand, c’est luxueux, c’est tellement propre que c’en est presque flippant… Bref : pas chez moi.
Et puis je ne connais pas cette femme. Tout à fait mon genre, superbe : rousse, sculpturale, poitrine généreuse… splendide. Exactement le genre de femme que j’aurais pu draguer dans un bar et essayer de ramener chez moi… Sauf que je ne suis pas chez moi. Et qu’une femme comme ça ne m’aurait jamais suivi. Et qu’elle est morte.
Enfin : je ne suis pas médecin, mais pour ce que j’en vois, elle n’a pas l’air bien vaillante. Tellement pas que j’ai vomi copieusement à l’instant ou mon regard s’est posé sur elle… ce qui m’a donné une idée de ce que j’ai mangé hier - chinois apparemment - mais pour ce que ça m’avance…
Je suis… quelque part, menotté – oui, menotté à une splendeur rousse et apparemment morte, couvert de ce qui ne peut être que son sang et je n’ose pas bouger. Si je bouge, je la déplace et, dans les films, ils disent toujours de ne pas déplacer le corps avant… avant quoi ? L’arrivée de la police ? Faudrait déjà que je l’appelle… or, donc, je ne suis pas chez moi, je ne sais pas où est le téléphone et, franchement, je ne me vois pas traîner ma… la… enfin : je ne me vois pas fouiller l’endroit en quête d’un téléphone avec un cadavre attaché au poignet…
Mais dans quelle merde est-ce que je me suis encore fourré ? Si seulement j’arrivais à me rappeler… quelque chose. N’importe quoi.
La dernière chose dont je me souviens, c’est que je me suis retrouvé en galère après une arnaque foireuse... alors j’ai tiré un portefeuille à un touriste et puis je suis allé chez Gégé : il prolonge un peu l’happy hour pour moi quand il sait que je suis pas en fonds… Après… ben je voulais juste une soirée classique : boire des coups et finir comme un con bourré en boite, à me faire éconduire par des nanas même pas jolies qui, elles, par contre, auraient dû boire un peu plus… Sauf que je ne me souviens plus de rien après mon dernier verre chez Gégé… Je me revois sortir de son rade, tout seul, ça, j’en suis presque sûr, et… plus rien. Ce salon immense, cette femme, tout ce sang…
Oh la la, mais quelle merde !
Bon. Rester calme. Respirer. Réfléchir.
Si ça se trouve je la connais cette fille. C’est peut-être pas une vraie rousse, peut-être une copine qui s’est teint les cheveux, peut-être… Faut que je la regarde mieux.
Respirer… Allez !
Non. Définitivement, je ne connais pas cette créature. Dommage. J’espère au moins que je me la suis tapée avant… avant quoi ? Oh merde ! J’espère que je ne l’ai pas tuée ! Non... Non non non. C’est pas mon genre, ça. Moi je vole, j’arnaque, je mens, mais je ne tue pas… Tiens : elle a un tatouage, c’est joli… c’est quoi ? C’est… oh merde : je connais ce dessin ! Où est-ce que j’ai déjà vu ça ? Une marque de bière ? L’enseigne d’un troquet ? Un soleil, un couteau… ah merde, ça va pas me revenir…
Bon. De toute façon je peux pas rester là comme ça sans rien faire… Je vérifierais bien si c’est une vraie rousse… Non : vu le sang sur le bout de drap qui la recouvre, ça doit pas être joli dessous… Appeler. Merde, ça va ressembler à quoi si quelqu’un me trouve comme ça ? Plein de sang, menotté à un cadavre et… et ça c’est bizarre : qu’est-ce que je fous en guêpière léopard et porte-jarretelles ?
Mais quel merdier… Faudrait au moins que j’arrive à me détacher, pour pouvoir téléphoner, m’habiller ou… ou me casser d’ici, en fait ! Tout simplement. J’ai assez d’emmerdes comme ça… J’ai rien à voir avec tout ça moi ! Et puis… oh merde ! On vient… oh non… la police, bien sûr… oh quelle merde…
Ne rien dire, ne rien dire, ne rien dire, tout ce que je dirai sera retenu… ah, tiens, ben au moins je vais voir si c’était une vraie rousse… oh merde, c’est pas vrai : c’est un roux !
Réfléchis, réfléchis !!!
Mais comment réfléchir alors que j'entends ces pieds-plats de flics qui s'agitent devant la porte !
En prime, il doit y avoir des voisins hystériques, ça braille un max dans le couloir.
Bon, respirer et réfléchir !
Un roux et moi transformé en gonzesse, c'est pas croyable quand même ?
Qui a bien pu me faire un coup pareil ?
Et on a forcément mis quelque chose dans mon gin pour que je sois dans un pareil état, parce qu'il faut être honnête je tiens la distance question descente de liquides.
On se calme, à panique comme ça, les flics vont vraiment croire que je suis une minette !
Bon alors une saloperie style GHB dans mon verre ?
Y avait qui à côté de moi ?
Par la rousse, enfin le roux, enfin, burp, le rouge là, je m'en serais souvenu non ? Non !
Et ça continue à s'agiter dehors, pas un qu'à l'idée de défoncer la porte, je pourrais crever tiens ! Encore qu'il vaut mieux que j'ai encore un peu de temps devant moi, histoire de me secouer les méninges.
Bon, le roux-se me dit que dalle.
La guépière ? C'est pas à moi, mais à bien la regarder elle me rappelle vaguement quelque chose.
Respirer, réfléchir !
Le tatouage, le tatouage ?
Ah, bon dieu, j'ai le citrouille qui carillonne, je ne sais pas à quoi il m'a assaisonné le loufdingue qui m'a fichu dans cette mélasse, mais m'a pas loupé, c'est sûr. Le murs font la danse du ventre.
Et la bouffe chinoise, où je l'ai avalée ? Toujours eu horreur de ce truc ? Les baguettes, des trucs à s'éborgner ça et puis l mousmée, enfin le mec à côté il a pas été poignardé à coups de baguette hein. Tiens j'aimerais bien savoir ce qu'il disait mon biscuit horoscope !
Rester calme !
C'est quoi encore ce truc ?
Ouais là, il y a un machin qui clignote juste en face du lit.
J'y crois pas, c'est une caméra !
Le malade qui m'a menotté au macchab est en train de se rincer l'œil en prime !!!
Respire imbécile tu vas tourner de l'œil si ça continue.
Le tatouage, je boucle là-dessus. Ca y est l'illumination ! Et la guêpière, bon dieu, mais c'est bien sûr !
Le tatouage c'est un cœur, mais là il est à l'envers. C'est le cœur que ma régulière s'est fait tatouer sur la fesse et la guêpière c'est la sienne, ah là là ces parties qu'on a faites avec ce truc là mais bon bref !
C'est ma Poupoune qui m'a foute dans cette galère !
Bon faut dire que j'ai pas toujours été réglo question fidélité avec elle, mais quand même me faire un coup comme ça, je l'aurais pas cru capable d'être aussi rancunière !
Poupoune, viens Poupoune qu'on s'explique. Promis, juré, craché, je trouerai jamais le contrat !
Poupoune, ma Poupoune, pardon, je me mets à hululer !
Bon dieu, ça y est la maison Royco débarque.
La porte s'ouvre !
Le macchab à côté se redresse en rigolant, bon sang, mais c'est Gégé arrosé de ketchup !
Et juste avant de tourner de l'œil, je vois mes dingues de potes précédés de ma Poupoune qui débarquent en braillant "Bon anniversaire".
On respire, on se ca…..
Fin du défi de Val (Pandora)
Tout a commencé le jour ou j’ai promis à Sophie d’arrêter de boire et de
fumer. Je m’en souviens très bien. Ce n’était pas une résolution du nouvel an.
Là, c’était plutôt une réponse à sa mise en demeure. « T’arrêtes, ou je me tire
! ». En fait, je n’ai même pas vraiment promis. Je lui ai répondu « Ne pars pas
». Elle a pris ça pour une promesse. Toujours est-il que je savais ce qui
m’attendais si je ne m’exécutais pas. J’aurais tout fait pour ne pas qu’elle
parte…
.
Bien sûr, je n’ai pas réussi à arrêter de boire, et encore moins de fumer.
Comme il n’y avait ni alcool ni cigarettes à la maison, j’ai dû ruser. Un
mensonge de rien du tout, ça mange pas de pain. Chaque soir, après le travail,
j’allais au bar du coin. J’achetais un paquet de clopes et je commandais une
dizaine de demis. Et, chaque soir, je l’appelais, prétextant une réunion de
dernière minute au travail. Et, pour les sous, j’avais ma combine. J’ai
commencé à lui dire à quel point ma boite allait mal financièrement, et les
difficultés que j’avais à me faire rembourser mes notes de frais. Au début,
c’est passé comme une lettre à la poste, avec Sophie !
.
Et puis j’ai pris peur, le jour ou Sophie, en colère, a eu l’idée saugrenue
d’appeler mon patron. Elle voulait lui réclamer toutes ces heures sup’ non
rémunérées et aussi le remboursement des notes de frais. Alors, j’ai avoué à
Sophie que j’avais menti…
.
Je lui ai expliqué que j’avais retrouvé un ancien copain devenu SDF, et
que, chaque soir, je passais un moment avec lui sur son banc, que je lui
achetais des vêtements, des cigarettes, de la bouffe, et que parfois je lui
payais l’hôtel. Je lui ai dit que je n’avais pas osé le lui avouer, pensant
qu’elle me gronderait.
Sophie ne m’a pas grondé. Et, pendant quelques jours, j’ai encore pu
faire illusion et vivre ma double vie avec ma clope et mon verre de bière.
.
Seulement voilà, tout s’est compliqué lorsque Sophie m’a carrément dit
d’emmener mon ami ici, qu’on pourrait le nourrir et le loger le temps qu’il
retrouve un travail. J’étais dans l’impasse !
.
Alors, j’ai pleuré. Un soir, je me suis couché à ses pieds en sanglotant.
J’ai imploré son pardon. Je lui ai tout raconté : que j’avais une maîtresse,
que chaque soir je la retrouvais dans un hôtel miteux, que je lui offrais des
bijoux, que je l’invitais au restaurant… J’étais prêt à tout pour éviter
qu’elle découvre que je fumais et buvais encore en cachette et qu’à cause de
cela elle ne me quitte.
.
Ça n’a pas fonctionné. Ce soir là, Sophie m’a dit, d’un ton sec et les yeux
plein de haine : « Je serai partie demain matin ».
.
J’étais dans l’impasse la plus totale. Il n’aurait servi à rien de rétablir
la vérité. Elle me l’avait dit : « T’arrêtes ou j’me tire ! ». Tout lui avouer
n’aurait rien changé.
***********************************************************
Il ne fallait surtout pas, pourtant, que Sophie s’envole. Et je parle au
sens propre et non au sens figuré car ma Sophie est une magnifique perruche du
Gabon. Enfin une perruche du Gabon transgénique. D’où ses pieds et ses mains. Et
le fait qu’elle parle. D’où le fait qu’elle mesure un mètre 50. Mais par contre
elle vole et mange des graines comme toutes les perruches.
Non je n’ai encore bu aucune goutte d’alcool ce soir !
Comme je vois que vous ne me croyez pas, je vais vous confier certaines
choses mais sous le sceau du secret. Je suis docteur en biologie et je fais des
recherches sur le clonage dans un laboratoire de génétique moléculaire qui
dépend de la « boite » (le ministère de la défense dans notre
jargon). Sophie n’est pas une simple perruche du Gabon mais une créature
exceptionnelle qui n’a plus rien à voir avec l’animal d’origine. Après de
nombreux essais, nous avons réussi à la cloner à partir certes d’ADN de
perruche mais modifié par celui d’Albert Einstein pour son intelligence, de
celui de feue mon épouse Sophie (d’où son nom, que voulez-vous, je suis un
grand romantique) parce qu’elle était l’amour de ma vie (mais, hum, certainement
pas pour son intelligence !) ; et de Houdini parce que nous nous
sommes emmêlés les pinceaux sur la paillasse. En fait, nous voulions ajouter
l’ADN de Gandhi mais l’autre équipe du labo clonait en même temps un macaque
agent secret. Nous avons malencontreusement interverti les tubes. Le macaque
est devenu incontrôlable au point de réussir à mettre le boxon dans
l’animalerie (il a convaincu toutes les créatures de faire un sit-in en
refusant de sortir de leur cage) ; et Sophie a fait fugue sur fugue pour
venir me retrouver à la maison sans que les systèmes de sécurité, pourtant très
performants, de notre laboratoire n’arrivent à la retenir.
Le colonel a fini par accepter qu’elle vienne vivre à la maison avec moi à
la condition expresse qu’elle ne sorte pas pour ne pas qu’on puisse la voir.
Vous imaginez bien l’effet que ferait une perruche parlante de 1m50 dans les
rues de notre ville, tous les journaux en feraient leurs gros titres et ça en
serait fini de nos recherches top secrètes. Heureusement que personne ne
l’avait vu lors de ses fugues. Enfin pour être tout à fait honnête presque personne… Les services secrets
ont dû s’occuper des rares spectateurs qui étaient au mauvais endroit au
mauvais moment en les envoyant en hôpital psychiatrique pour un séjour
prolongé. La raison d’état justifie parfois quelques faux fous parmi les vrais.
Mais moi, cette raison d’état et nos expériences ont fini par me peser et
me poser des problèmes de conscience. Ces pauvres gens internés en raison du
secret-défense. Ces créatures que j’ai créées : le dauphin amphibie (avec des
nageoires et une queue mais aussi des pattes), le ver de terre géant
explorateur et le chien démineur au cou de girafe. Et surtout Sophie qui me
répugne désormais autant que je l’adore. L’amour de ma vie devenu cette chose. Comment
ai-je pu l’intégrer à cette créature ? Comment ai-je pu faire cela ?
Les cauchemars m’ont poussé à boire et à fumer. Pour oublier.
Comment Sophie pourrait-elle le comprendre ?
Je vais la laisser se tirer puisqu’elle le souhaite. Voler de ses propres
ailes. Même si elle n’ira pas bien loin puisqu’une équipe de surveillance campe
au coin de la rue. Et même si je vais avoir de gros problèmes, puisque c’était
mon idée d’apporter une touche féminine à notre créature en d’en profiter pour
faire revivre ma Sophie…. Une bien mauvaise idée à la réflexion.
Epilogue
Il est 9 heures du matin et Sophie est partie dans la nuit. Comme elle
l’avait dit. Je dois vous avouer, avant que l’on ne vienne me chercher, que mes
mails sont surveillés et qu’alors que vous lisez ce message, des hommes en
blancs musclés sont probablement en route vers votre domicile. Ne m’en veuillez
pas, c’est à cause de la raison d’état. D’ailleurs, comme je suis devenu
incontrôlable et dangereux pour la boite, on se retrouvera probablement là-bas.
Ca m’est égal après tout ce que j’ai fait.
Ca m’est égal puisque Sophie est partie…
Et là-bas au moins, peut-être que j’arriverai enfin à oublier.
Fin du défi de Martine 27 (Jaqlin)
Ce samedi avait mal commencé. Il s'était disputé avec sa femme, au début pour un motif futile dont il ne se souvenait même plus. Puis cela avait dégénéré. Elle souhaitait aller faire des courses, lui assister à une rétrospective qu'il attendait depuis longtemps au cinéma. Bien sûr, elle l'avait accusé de vouloir en fait rejoindre "sa poule", non mais franchement ce terme ringard. Il avait beau lui dire qu'il n'avait pas de "poule" rien à faire, elle s'y accrochait. Il avait donc pris son manteau et avait filé direct au cinéma. Cela faisait déjà un bon moment qu'il s'étalait voluptueusement dans son fauteuil, la salle est quasiment pleine. Il restait encore une place près de lui. Après s'être délecté de Dumbo, voilà Bambi qui commençait. Une rétrospective Disney, c'était trop bon, ben oui même et surtout à 50 balais. Bref, il s'apprêtait à fixer toute son attention sur l'écran, quand il y eut un peu de remue-ménage à côté de lui, il entendit le doux froissement du nylon quand la femme vint s'asseoir près de lui. Et puis, et puis … Au moment où la maman de Bambi se fait tuer, comme d'habitude il ne put retenir une petite larme et il sentit dans le même temps la femme près de lui basculer doucement contre son épaule et un liquide chaud imprégner sa chemise. La pauvre, pensa-t-il, comme elle est sensible. A la fois gêné et flatté il la laissa s'alanguir contre lui. Puis le film se termina, la suite de la rétrospective était prévue pour l'après-midi. La femme était toujours appuyée contre son épaule, là il commença à se sentir un peu mal à l'aise quand même. Et quand, la lumière se ralluma, les gens autour de lui se mirent à hurler. Il jeta un coup d'œil à sa compagne, ce qu'il avait pris pour des larmes était en fait du sang. Du sang qui maculait le visage de l'inconnue qui fixait l'écran d'un œil maintenant vide. Plus tard, assis dans la salle d'interrogatoire du commissariat, il cherchait à reprendre pied. Bien sûr, personne n'avait voulu croire qu'il n'y était pour rien. Personne ne s'était levé, ni n'était parti précipitamment pendant la projection de Bambi. Les voisins avaient dit à la police qu'il n'arrêtait pas de se disputer avec sa femme et que celle-ci était sûre qu'il la trompait, peut-être avec cette inconnue allez savoir. Et le pire, on avait retrouvé l'épingle à chapeau acérée qui avait servi à percer le cerveau de la femme (en passant par l'oreille) coincée sur son fauteuil à lui, près de sa cuisse. Avec tout ça, comment voulez-vous que le flic de base le croit innocent, c'est humain ! Par qui et comment le meurtre avait-il été perpétré, et surtout pourquoi l'avoir désigné comme bouc émissaire ? C'était le noir le plus complet pour lui.
****************
Après
un temps de pause de quelques minutes, l’interrogatoire avait repris. Le
commissaire Eric Raffin, réputé pour ses méthodes étranges mais efficaces,
avait sa tête des mauvais jours.
«
Depuis quand aviez –vous une liaison avec Madame Bausatin ?
- Mais, je m’évertue à vous
dire que je ne la connais pas, cette femme. Elle s’est assise à côté de moi
alors que la séance était déjà commencée,
j’étais captivé par ce qui se
passait sur l’écran et je n’ai pas fait
attention !
- Arrête de nous raconter des
sornettes ! Ta femme nous a dit que tu collectionnais les aventures, et
les voisins ont entendu une violente dispute avant que tu quittes le domicile
conjugal.
- Oui, ben, on s’engueule
d’aut’ fois avec ma femme ; elle est maladivement jalouse ; elle
m’invente tous les trois- quat’ matins des maîtresses que je n’ai pas,
hélas !
Et puis, pourquoi j’l’aurais tuée cette femme que j’connais même
pas ?
- Pourquoi, pourquoi ?
Parce que t ‘es un pauv’ malade qui s’nourrit d ‘sensations fortes et
qu’une rétrospective Disney ne peut, en aucun cas, suffire à assouvir !
- Ben, vous racontez n’importe
quoi, commissaire, j’ai jamais fait d’mal à une femme, j’les aime, moi, les
femmes, même que celle-là, elle sentait drôlement bon. Ça m’a un peu surpris
quand elle s’est approchée de moi, mais comme c’était au moment où Bambi était
tué, j’ai cru que c’était l’émotion !
- Et puis, en plus, tu t’fous
d’moi ! C’qu’ j’vois, moi, c’est qu’ l’épingle à chapeau qui t’a servi à
lui perforer le crâne était malencontreusement restée fichée dans ton fauteuil.
- Ben, justement, commissaire,
vous croyez qu’j’aurais été assez bête pour laisser l’arme du crime sur
place ? J’ vous répète que c’est pas moi.
C’est tout ce qu’il peut
dire ; désarmé par les circonstances qui ont l’air d’être contre lui.
Le commissaire est bien obligé d’admettre qu’il n’y a pas l’ombre
d’une preuve contre lui. Il faudra attendre les résultats des tests ADN pour
clore l’enquête et ça, c’est une autre histoire !
Moi, j’ai bien une idée, mais je ne suis ni commissaire, ni même
inspecteur de police.
Fin du défi de Pandora (Aude)
Faites des gosses (Pandora)
John a été très laconique au téléphone mais son ton était on ne peut
plus clair : ça chauffe. Après plus de dix ans à bosser ensemble, John et moi
formons presque un petit couple, nous comprenant à demi-mots. Attention hein,
en tout bien tout honneur, j’ai une femme et trois gosses. Enfin j’étais marié,
Gloria est partie depuis un paquet d’années, jalouse de mon boulot, et je l’ai
remplacée progressivement par la bouteille. Bref, il semble que ça bouge dans
l’enquête que nous menons suite au meurtre du professeur Atkinson. Une sale
affaire : il a été retrouvé mort par sa femme de ménage, à moitié nu et l’autre
moitié, celle du haut, emballée dans des vêtements de latex plutôt moulants qui
ne ressemblent pas à la tenue que l’on attend d’un professeur de physique
pressenti comme l’un des futurs prix Nobel. Aucune idée si ça se donne à titre
posthume ce genre de chose, mais sinon c’est râpé pour lui. Et outre son
habillage, le respectable professeur a été émasculé et personne n’a réussi à
remettre la main sur ses bijoux de famille. Une affaire pour laquelle on nous
attend au tournant, le téléphone n’arrêtant pas de sonner dans le bureau du
commissaire. Nous marchons sur des œufs.
Nous nous sommes partagés le travail et pendant que j’épluche
les factures de téléphone, les relevés bancaires et tous les documents qui
pourraient nous mettre sur une piste éventuelle, John furète du côté des bars à
putes où il se pourrait que le professeur bien sous tous rapports, mais amateur
de latex, aille défouler ses instincts particuliers de mâle insatisfait par sa
bourgeoise et amateur de plaisirs très particuliers. Et pour avoir interrogé sa
bourgeoise toute la matinée d’hier, je le comprends un peu d’aller voir
ailleurs (par contre je suis allergique au latex, ça me donne des boutons). Et
il semble donc que John soit tombé sur quelque chose d’intéressant.
Me voilà parti à toute blinde vers la gare heureusement proche où se
croisent dans une ambiance interlope les voyageurs, les toxicos et les
pervers de notre chouette ville. Notre fond de commerce. Nous y trainons
régulièrement et je connais donc le coin comme ma poche. John m’a dit de le
rejoindre au « pink flamand », un bar plutôt mal famé situé à la frontière
entre le quartier de la gare et celui du port. Je me gare au plus près comme je
pouvais, sans me soucier des panneaux d’interdiction. Y a pas trop de
satisfaction dans ce boulot à fréquenter les macchabées et les criminels, alors
autant profiter des rares avantages. Je vérifie que mon pétard est fonctionnel,
j’enfile par-dessus ma veste de complet râpé et j’entre dans le bar, roulant
des mécaniques comme le cow boy que je ne suis pas mais auquel je veux donner
l’impression de ressembler. Dans ce job, c’est 90% d’intox contre 10% de réels
problèmes, la première permettant d’éviter les seconds. Je montre ma plaque au
videur et m’avance dans le bar où des filles en petite tenue servent des
boissons à des hommes qui pourraient pour la plupart être leur père. Des types
qui n’ont absolument pas soif mais qui doivent exhiber leurs dollars avant de
pouvoir sortir leur engin. L’une d’elle s’approche mais n’insiste pas quand
elle me reconnait. Ces nanas sont un vrai radar à flics. La barmaid, que j’ai
fait coffrer la semaine dernière, me fait un clin d’œil ironique et le
directeur assis au bar m’apostrophe (La venue de la police n’est jamais bonne
pour les affaires).
« J’espère que vous n’en avez plus pour longtemps avec Cindy, ça
fait une plombe que votre collègue discute avec elle. Je vous signale qu’elle
est sensée bosser et ramener un peu de fric pour justifier son salaire
exorbitant ».
Je passe en faisant semblant de ne rien avoir entendu, ayant repéré
John assis dans un des boxes privés du fond. Il parle à une pute d’un âge
certain que l’épaisse couche de maquillage qui la recouvre rend incertain,
Cindy probablement.
- Michael, te voilà
enfin. Je te présente Cindy. Sais-tu que Cindy connaissait bien le professeur ?
- Ah bon ?
- Ouaip, c’était même
un sacré numéro paraît-il, pas vrai Cindy ?
Je m’assois en face d’eux et regarde Cindy qui me fixe à son tour
d’un regard bovin en mâchant son chewing gum.
- Un sacré cinglé
plutôt, dans le genre bon à enfermer. J’vous dis pas c’qui m’demandait de lui
faire. D’ailleurs souvent on faisait ça à deux, avec Jessica. Et vendredi soir,
comme je n’étais pas dispo, c’est elle qui y est allée toute seule.
John me fait un clin d’œil de connivence, vendredi soir est le soir
du meurtre. C’est effectivement du chaud brûlant qu’on tient là avec une
première piste très sérieuse et peut-être même notre suspect. Suspecte en
l’occurrence.
- D’ailleurs elle est
là-bas. Jessica ramène toi voir par là…
Nous nous retournons de concert vers Jessica une jolie blonde au
sourire qui se fige en me voyant, en même temps que je sens ce qui me reste de
cheveux, c’est à dire vraiment pas grand-chose, se hérisser sur ma tête. John,
qui a reconnu lui aussi ma fille se lève pour rattraper Emily qui essaie de
s’enfuir en se précipitant vers la sortie tandis que je reste les fesses
scotchées au fauteuil.
Ma fille Emily se prostitue dans un bar à pute et est le suspect
numéro un dans cette sale affaire de meurtre. Je ne pense pas m’être jamais
senti aussi seul qu’à cet instant. Faites des gosses qu’ils disaient.
Moi en tout cas je boirais bien un scotch. Double au
moins.
…………………………………………………………………………………………………..
Le temps que
John me ramène ma fille, j’ai déjà éclusé deux verres. Elle est pas fiérote la
môme. Ça me rappelle quand elle ramenait un mauvais bulletin de l’école. Elle
faisait cette tête là aussi la fois où elle avait filé rencard au fils du
quincaillier en douce et que cet abruti avait jeté un caillou à la fenêtre de
notre chambre plutôt qu’à la sienne.
- Alors Emily,
ou plutôt Jessica, t’as des trucs à nous raconter ?
- Non Papa ou
plutôt Inspecteur.
- Monsieur
l’Inspecteur, je préfère.
Je la
regarde ma môme, une sacrée belle môme, tout le portrait de sa mère, plus jolie
même. Elle a toujours eu le don pour se fourrer dans des sales galères et faire
les mauvaises rencontres au mauvais moment. C’est vrai aussi que je ne m’en
suis pas beaucoup occupé après qu’elle soit partie vivre avec sa mère. Je
pensais que ça serait mieux. Pas sur. Je me ressers un verre. Je vois son
regard implorant se poser sur mon scotch. Ah c’est bien ma fille. Je lui tends
le verre. Cul sec qu’elle se l’enfile la petiote. Ailleurs, j’aurais pu en être
fier.
Je secoue la
tête. Ça va pas. Emily, elle ne supportait pas qu’on touche à une mouche, alors
tuer un mec. J’y crois pas. Je demande à rester seul avec elle. John comprend,
il est chouette John. On nous emmène dans une chambre vide Emily, la bouteille
et moi. C’est que l’atmosphère n’est plus trop à la bagatelle ici !
Elle se
tient crânement devant moi, la tête bien droite comme quand elle allait à ses
cours de danse. Elle était mignonne avec son tutu. Dur de se dire qu’elle a
remplacé le tutu par la turlutte à la chaine !
- Tu me crois
coupable hein ?
- Non.
Regard
surpris. Qu’elle a de beaux yeux ma fille.
- Pourtant je
le suis.
- Arrête
Emily, t’as toujours menti. Comment veux tu que je te croie.
- Pourquoi je
m’accuserai à tort ?
- T’as
toujours fait des trucs comme ça. Tu planquais des boulettes de terre pour
effrayer ta mère. Elle pensait que c’était du cannabis. J’vais pas te laisser
t’accuser. Allez tu veux couvrir qui ? ton protecteur ?
- Mêle pas
Dylan à tout ça. Il est blanc depuis qu’il est sorti de taule.
- Dylan, c’est
pour lui que tu tapines ? Ce petit crétin boutonneux fils de ce voleur de
quincaillier ?
Elle ne
répond pas, baisse la tête. J’ai jamais pu l’encadrer le Dylan pas seulement
parce qu’il m’avait réveillé au milieu de la nuit en se trompant de fenêtre. Je
sentais la raclure en ce type.
- Ce ne serait
pas la première fois que tu le couvrirais. Quand il avait esquinté le vélo de
la voisine, t’avais dit que c’était toi pour pas qu’il se fasse engueuler. Tu
crois qu’on n’avait pas deviné.
Et là elle
craque ma petiote.
- Il m’avait
forcé à mentir. Il disait qu’il crèverait les yeux du chat sinon.
J’ai jamais
pu la voir pleurer.
- Et là, il
t’a menacé de quoi pour que tu le couvres ?
- De crever
les yeux d’Arthur ?
- Arthur ?
- Ton
petit-fils.
Je le bois
au goulot le scotch pour le coup. Elle s’effondre, déballe tout.
- Je voulais
qu’il m’offre une bague parce qu’il m’avait forcé à vendre celle de grand-mère.
Alors il a tué ce type, lui a coupé les couilles en me disant : « Ah
tu regrettes tes bijoux de famille, et bien en voilà et ils sont chauds même
s’ils ne sont plus de première fraicheur. ».
Je savais
bien qu’elle ne tuerait pas une mouche ma fille.
Fin du défi de Tilleul (Caro Carito)
Rififi au parc Igrec (Tilleul)
C'est l'été... Le soleil généreux
darde ses rayons caniculaires...
Monsieur Pol Hisse, nouvellement
élevé au grade d'adjudant, arrive, toutes sirènes hurlantes, sur les lieux de
l'incident au volant de sa Peugeot de service. L'appel était clair :
"grabuge naissant au parc Igrec, s'y rendre immédiatement!"
Garer sa voiture, ne sera pas un
problème, pense-t-il... Avec le gyrophare, il peut s'arrêter au milieu de la
chaussée... mais, plus il approche, moins il progresse... Une foule immense lui
barre le passage... Il sort du véhicule. La marche n'est pas son sport favori,
et avec cette chaleur ! La sueur perle déjà à son front.
A coups de sifflet stridents, il
tente de se frayer un passage au milieu des badauds.
"Poussez-vous ! Police, laissez
passer !" Rien n'y fait ! Il transpire à grosses gouttes...
Sa chemise fraichement repassée du
matin, n'a plus aucune forme, elle lui colle à la peau.
"Laissez-moi passer ou je vous
colle une amende !"
Entrainé par cette marée humaine, il
recule plus qu'il n'avance...
"Savez-vous qui je suis? Je
vais vous coller une châtaigne, moi si vous ne bougez pas !"
Bon sang ! Il faut qu'il arrive à se
frayer un passage ! Si ça se trouve, l'adjudant-chef est déjà sur place...
******
Ouille,
il sent un talon aiguille qui lui transperce le pied gauche. Et il doit être en
acier trempé car ses godillots sont épais. Aïe ! Un coup de coude dans les
côtes. Oups, il protège juste à temps ses parties sensibles d’une attaque
félonne et esquive un coup de pied jeté des plus gracieux. Mais qu’est-ce c’est
que ce bazar ? Il sent que sa tête tourne de plus en plus. Un parfum… Entêtant.
Ecœurant. Affreux. Un truc à vous coller mal au crâne pour vingt-quatre heures.
Identique à celui que l’on respire dans les bars à putes de la ville basse ou
dans les soirées de gala au théâtre de la municipalité les jours de
surveillance officielle.
Il
réalise alors que la foule, qu’il avait prise pour un rassemblement d’inoffensifs
badauds, était une manif en bonne et due forme, munie de pancartes, banderoles
et autres éléments sonores du parfait trublion de l’ordre public. Sur ce coup,
il avait été irréfléchi. Qui aurait pu imaginer le parc Y Grec en lieu de rassemblements ?
Avec son dédale de chemins qui reliaient des terrasses exigus et des bassins
bétonnés toujours à sec, il était d’ordinaire désert.
Un
parfum, mais bien sûr ! Il est environné de nanas. Il ouvre un œil puis
l’autre. Des ongles s’incrustent dans sa chair. Le pincent. Le malmènent. Rester
stoïque malgré leurs hurlements de louves. Elles vont lui crever les tympans,
ces hystériques ! « Arrêtez ! Mais je suis un représentant de
l’état. Je dois passer ». Son cri se perd au milieu du brouhaha ambiant et
d’une claque qui lui ravit son képi.
Et
l’adjudant-chef ? Qu’a-t-il bien pu lui arriver ? Ces folles l’ont
peut-être attaqué. Et lui qui ne se pressait pas de venir aider son supérieur,
savourant, avec une tasse de nescafé fumante, sa promotion toute neuve. Il lui
faut trouver coûte que coûte le moyen de sortir de ce guêpier.
Et dire
qu’il n’a pas cru bon de noter autre chose que l’endroit où il devait se
rendre. Il n’est même pas sûr que l’adjudant-chef lui ait fourni cette
précision. Il faut dire qu’il a appris, après une année dans ce coin perdu des Landes,
que la seule chose à craindre est de ne pas se conformer exactement aux
desiderata de ce supérieur irrascible. C’est autre chose que son ancienne affectation :
un coin repus de misère… Il y avait gagné plus souvent des plaies et des bosses
qu’une tomate bien mûre ou des œufs pourris à se frotter à des salariés très
remontés.
Maintenant
il faut qu’il se sorte de cet embrouillamini où la désinvolture de son
commandement l’avait envoyé. Des femmes, que faire ? Il n’a jamais été
préparé à une telle éventualité. Il se décide à réutiliser son sifflet. Damned,
lui-aussi a disparu Il s’égosille : « Mesdames, laissez-moi passer,
je dois.. » Mais ces paroles se noient dans les invectives et autres chansons
de campagne. Que peuvent bien vouloir ces nanas ?
Au fur et
à mesure qu’il se sent happée par les poussées des manifestantes, la panique le
gagne. Des images délirantes déferlent. Un homme qui se fait dépecer par des
femmes en furie. Les trois jours d’incapacité de Jojo quand trois forcenées l’ont
agressé à coup de sac et de parapluie parce qu’il s’était laissé allé à une ou
deux remarques, un peu grivoises il faut l’admettre. Il se sent glacé soudain,
malgré le soleil qui semble vouloir griller tout ce qui ressemble à un
centimètre carré de peau. Il a peur. La pétoche. Plus question de penser à l’adjugeant-chef
ou à la bagnole, il lui faut sauver sa peau. Et il sent que plus il flanche,
plus la foule se fait menaçante, semblant se nourrir de sa peur. Enfer !
Il se rappelle avec effroi cette histoire que lui avait lue sa grand-mère,
inconditionnelle du Reader Digest. Ce requin qui n’attaquait que lorsqu’il
sentait la peur chez sa victime. « Pitié « » lâche-t-il dans un
souffle. Il sent l’étau de poitrines, de côtes, de fesses qui se resserrent sur
lui. Il va mourir, étouffé dans une manif de gonzesses. Bonjour les gros
titres ! Il deviendra la risée du corps de la Gendarmerie, la honte de sa
famille, de ses maies. Les louves le regardent et il voit dans leur regard la
colère et aussi… Il sursaute. De la peur. Elles le craigne lui ou son uniforme ou
ce qu’il représente.
Il tente
alors une dernière sortie, rassemble toutes ses forces, gonfle ses poumons à
bloc et s’écrie : « Mesdames, n’ayez pas peur de moi. Ma femme
dit toujours, pour rigoler ; pour ne pas avoir peur d’un homme en
uniforme, il faut le mettre dans son lit et se marier avec. » La foule
surprise, interrompt sa marche en avant. Les mains, qui le malmenaient quelques
minutes auparavant, se font plus douces et lui arrachent. Un bouton. Deux
boutons. Jusqu’à ce que sa veste tombe à terre. Puis c’est le tour de sa
chemise. Il sent son pantalon au pli d’ordinaire impeccable glisser sur ses
hanches harmonieuses. Un index dessine avec précision la ligne de ses pectoraux,
modelés par des séances quotidiennes d’abdominaux et la pratique assidue d’un
jogging matinal. Sa cuisse droite sent une caresse circulaire de ce, non, elles n’oseraient pas ! doux
renflement. Un deuxième mont de Vénus se colle à sa cuisse gauche et décrit le
même cercle avec un rythme parfaitement synchrone - et complètement excitant, gémit
le gendarme embarrassé. La pression des corps qui l’entoure se fait de plus en
plus douce et enveloppante. Le mouvement de la foule, un instant interrompu,
reprend, rebroussant chemin. Le lent cortège finit par disparaître après avoir
gravi tous les étages jusqu’au sommet du parc Y grec, entraînant en son sein un
Paul Hisse, dépouillé de tout et passablement sous tension.
Un peu
plus tard, à la surprise de l’adjugeant-chef et des renforts enfin arrivés sur
place, il ne reste des incidents qu’un léger nuage de poussières et un uniforme
essaimé un peu partout mais, somme toute, au complet.
A LA UNE
UNE EMEUTE ET DE TAILLE !
Depuis la
venue de Brigitte Bardot en 1967, la Croisette n’avait pas connu une journée
aussi torride ! C’est une véritable émeute qui a accompagné la montée des
marches par le jeune premier Paul Hisse. Seul, car il porte sur ses solides
épaules, avec un talent indéniable, le dernier Opus du réalisateur Charles
Cabrol. Après avoir marqué une pause juste avant de pénétrer dans le palais,
l’acteur s’est retourné vers la foule qui scandait son nom. Il a alors arraché
son uniforme, apparaissant alors dans la tenue qui a fait de lui la star des
vidéos X : pantalon noir moulé sur un débardeur anthracite en lycra.
Provocant au passage quelques évanouissements dans le public. Car force nous
est de constater que la série des Le
Gendarme se déshabille dont il est le héros a peu à peu remplacé dans la
mémoire collective un autre gendarme, il faut l’avouer nettement moins sexy
mais néanmoins lui-aussi très populaire. Pour exemple, l’opus n°6 Le Gendarme et les Sextraterrestres est
en cours de réédition pour la neuvième fois consécutive !
C’est pourtant
un acteur de tout premier ordre qui a reçu la palme pour son interprétation
d’un héritier névrosé qui déterre avec patience tous les secrets tapies dans le
sombre manoir familial. Monsieur Rocco Siffredi, vraisemblablement très ému, a
salué celui qui accomplit le rêve que lui-même a un temps caressé. Elisabeth
Hébert, au bord des larmes, a souligné qu’il accomplissait le destin dont rêve
chaque acteur.
Impossible
pourtant de percer à jour le mystère de ce jeune homme, entré dans l’industrie
pornographique après avoir disparu une semaine lors d’une émeute. C’était en
août 2008. Il a alors tourné ce film qui le fit connaître instantanément :
Pour ne pas avoir peur d’un homme en
uniforme, il faut le mettre dans son lit. Il enchaîna ensuite les succès
jusqu’à ce qu’un réalisateur totalement inconnu Lionel Ahn le remarque. Le film
est une réussite. Ce premier succès lui permettra de mettre un pied dans le
cinéma d’auteur. Son deuxième film, toujours réalisé par Lionel Ahn marque à
nouveau les esprits et il reçoit le césar du meilleur acteur. Le succès ne se démentira
plus.
Cet homme
qui provoque une émeute à chacune de ses apparitions a pourtant toujours refusé
de parler de celle qui déclencha ce revirement de carrière. A ce jour, le
mystère reste entier.
Fin du défi de Caro Carito (Tibo)
De la taille d’un œuf de
pigeon (Caro Carito)
J’ouvre les yeux. A nouveau cette pénombre suffocante. Il me faut
quelques minutes avant de distinguer un rai de lumière aussi mince qu’un fil.
Je palpe le sol humide, une terre friable et collante. Des morceaux d’images se
succèdent tandis que des douleurs lancinantes attaquent mon corps par vagues.
Il me faut essayer de faire le vide. Fermer les yeux.
Ai-je dormi ? Je n’en sais rien. Je passe ma langue sur mes lèvres
craquelées. Plus que la faim et la soif, un curieux sentiment de désespoir
s’est emparé de moi. Des écorchures et une cheville attachée. Pas la moindre
d’idée de l’endroit où je me trouve. Les questions se succèdent sans réponse.
Je fais le tour de mes possessions, un vieux treillis, une chemise déchirée.
D’épais souliers. Une barbe déjà bien fournie. Bon Dieu mais qu’est-ce que je
fous ici ? Et pourquoi ?
Le temps passe et personne ne vient. Si seulement ma tête ne me faisait
pas autant souffrir, j’arriverai peut-être à mettre bout à bout deux idées. Je
prends ma tête dans mes mains. Elle est si lourde. Aïe ! Je sens sous mes
doigts écorchés une bosse de la taille d’un œuf de pigeon.
Alors que mes forces diminuent, cette expression stupide se colle à mes
pensées. Rester les yeux ouverts, ne pas sombrer dans le noir absolu. Je revois
un groupe qui parcourt des forêts et gravit des montagnes. Le rire d’une femme.
Le bruit des balles et une cellule, une autre à peine moins sombre. Une course
à travers la jungle et… Comment vais-je m’en sortir ? Là, je n’en peux plus. Je
sens des larmes amères sur mes lèvres et mon corps qui s’affaisse. Me laisser
aller, c’est ça. Oublier.
J’ouvre une derrière fois les yeux et je la vois. Cette fleur, cette
orchidée, de la taille d’un œuf de pigeon, rouge sang… Elle…
****
.
Elle semble me regarder, me fixer… je fonds en larme. Je pleure, pleure,
pleure… de longues minutes je pleure, sans doute des heures je pleure. Puis
soudain, un bruit. Un bruit sourd, brutal. J’ouvre les yeux, cette lueur qui
filtrait tout à l’heure semble soudain plus vive.
.
Je me lève, vacille, titube, j’ai mal. Mal aux jambes, aux pieds, à la
tête. Mon corps n’est que douleur, mais il tient debout, tant bien que
mal. Je m’approche de la lumière.
J’entends des voix fortes, des voix d’hommes, espagnols probablement mais un
espagnol que je ne parviens pas à comprendre. Ils semblent nerveux, presque affolés.
.
Machinalement, je commence à tambouriner à la paroi de ma prison. Les
voix s’éteignent instantanément. Je tambourine de plus belle. Mes poings serrés
me font mal, mais je tape de plus en plus fort. Les échangent reprennent, je
distingue une voix de femme. J’imagine qu’elle représente une certaine autorité ;
quand elle parle, les hommes se taisent. Ils doivent être une demi-douzaine, à une cloison de moi. Je les
entends sans les comprendre.
.
Brusquement ma prison s’ouvre, je suis saoulée de lumière, mais n’y vois
finalement pas mieux que dans l’obscurité de mon cachot. Je suis violemment
empoignée par les bras, brutalement traînée sur des centaines de mètres. Mes genoux
s’éraflent sur le sol et se mettent à saigner. J’aperçois au loin une palissade
en bois. En s’approchant je devine que
ce sont des bambous liés. Soudain, un doute, qui devient vite une crainte… à
quelques mètres de cette palissade, un arbre immense, avec un tronc énorme
autour duquel est consciencieusement posée une dizaine de fusils… Non loin, un groupe d’hommes, jeunes, vêtus tels
des guérilléros, fument et semblent s’amuser.
.
Je recommence à pleurer. Je suis traînée avec d’autant plus de violence
que mes sanglots se renforcent. Enfin
ils me lâchent et je m’effondre, brutalement,
sur le sol poussiéreux. L’un des hommes qui m’a trimbalé jusqu’ici se dirige
vers le groupe de jeunes hommes postés à quelques pas et semble leur donner des
ordres. Le second reste debout, à côté de moi, sans jamais me regarder. Je
tourne la tête, je regarde ce décor autour de moi. Deux cabanes de bois, cette
palissade de bambou, des restes d’un feu de camp, des caisses au sigle d’une
ONG, quelques seaux en fer rouillés, remplis d’eau trouble et surtout la
jungle, la jungle à perte de vue. Je lève les yeux vers un ciel que je peux à
peine deviner au travers la densité du feuillage.
.
Mon regard se pose à nouveau sur le groupe d’hommes. Ils s’avancent vers
moi,. Malgré mes larmes qui ne cessent de se déverser sur le sol formant des
grumeaux de poussière, je les distingue parfaitement. Deux d’entre eux ont de
nombreuses cicatrices au visage, un autre boite et je remarque qu’il lui manque
un pied, probablement perdu sur une mine. Un quatrième me semble particulièrement effrayant. Il est grand, immense
même, un carrure de boxeur poids lourd,
chauve, la peau oxydée par le soleil. Contrairement aux autres, son treillis
est gris. Il me fixe sans me regarder, un sourire au coin des lèvres.
.
En passant près du grand arbre que j’avais repéré en arrivant, ils
prennent chacun une arme. Je les vois faire, mais ne comprends pas. L’homme
resté à coté de moi me relève violemment et me plaque contre les bambous. Je
sens le relief inégal de la palissade dans mon dos endolori, je baisse les
yeux, vois mes genoux toujours sanguinolents et je me rends compte que j’ai
perdu une de mes chaussures. Je réalise soudain que je suis attachée par les
poignets à cette palissade. Tout semble allez si vite mais se vit pourtant au
ralenti. Je relève la tête. Les hommes sont alignés à quelques mètres de moi. Le
grand chauve, toujours avec son sourire au coin des lèvres crie une première
fois, et tous les fusils se pointent dans ma direction. Un deuxième hurlement
de sa part, et des détonations. Curieusement, j’ai l’impression de distinguer
chacun des 10 tirs, puis de sentir chacun des impacts sur mon corps qui déjà
m’échappe.
.
Leurs armes se baissent, ma tête aussi. Je m’effondre, retenu par les liens de mes poignets. J’ouvre la bouche, mais ne parviens pas à en extraire le moindre son. Mes larmes translucides laissent place à des larmes rouge sang, ma tête devient cotonneuse, une à une mes douleurs disparaissent, je ferme les yeux…
.
Fin du défi de MAP (Tiphaine)
- Calme-toi Nina, ils finiront bien par nous le rendre !
- Que veulent-ils en échange ?
- Des sous …. beaucoup de sous !
- Oh René, paie-les … je ne veux pas qu’on me le tue !!!!!
***
René et Nina Lacaille n’en menaient pas large. Vraiment pas large…
Il était huit heures, la traite des vaches était achevée enfin et René buvait le petit café matinal que sa Nina lui avait préparé avec amour. Le facteur était passé et avait déposé sur la toile cirée de la table une enveloppe marron. Nina avait frémi en découvrant les affreuses lettres découpées dans un journal.
René avait voulu rassurer sa petite femme, il avait pris un air dégagé mais ses mains avaient tremblé en déchirant le papier. Le pire était à venir… Célestin… Leur Célestin… L’enfant qu’ils n’avaient pas pu avoir, le bonheur de leurs vieux jours, l’âme de la ferme, la joie de leur vie !
Nina lui demanda une nouvelle fois de relire l’horrible missive qui accompagnait la photo de leur bébé.
- « Dernier avertissement avant exécution, si vous ne nous livrez pas avant samedi midi une tonne de choux, vous pouvez dire adieu à votre boule de laine qui n’aime même pas les carottes ! ».
Nina se gratta la tête… Ce message était bien énigmatique, quelque chose la chiffonnait. Elle arracha vivement la feuille des mains de son mari et elle lut. Dix secondes plus tard, elle explosait :
- René ! Pourquoi m’as-tu dit que c’était des sous qu’ils voulaient ?! C’est des choux !
- Voyons ma petite série, répondit René, J’ai dit des sous pas des sous, tu serses la petite bête !
Nina ne répondit pas. C’était la seconde fois que son homme était pris de ce soudain défaut d’élocution. La première fois, c’était dix ans auparavant, lors d’un terrible accident de chasse… René ne s’en était jamais vraiment remis… Il avait ce jour là fort malencontreusement, et par un pur hasard, tué un lapin, lui qui ratait toujours son coup. René aimait les bêtes, il chassait pour le plaisir de se promener dans la nature avec ses amis, jamais au grand jamais il n’avait visé le moindre animal, il tirait toujours en l’air et jouait les idiots pour se donner une contenance. Son doigt avait hélas dérapé sur la gâchette de son fusil, un lapin s’était retrouvé sur la trajectoire de la cartouche… Il était rentré à la maison dans un état pitoyable, Nina avait eu peine à le reconnaître, sa belle veste en cuir de mouton était recouverte de sang et sa casquette, qu’il mordait furieusement par pudeur pour ne pas qu’elle entende ses cris de douleur, sa casquette dont il était si fier était trempée de ses larmes. Il était inconsolable. Pendant une semaine, il ne parla plus. Puis, petit à petit, à force d’amour et de soins patients, Nina l’aida à retrouver la parole mais durant tout un mois, il fut incapable de prononcer le son « ch ». Le pire était qu’il ne s’en rendait même pas compte…
Oh ! Ils ont fait fort ces ravisseurs, voilà qu’ils me commotionnent mon René, pensait Nina. Mais elle n’en dit pas un mot. Elle savait par expérience que dans ces situations tragiques, il fallait garder la tête froide.
Un aboiement déchirant la détourna de ses souvenirs déchirants. Ils sont déjà au courant, se dit-elle immédiatement.
En effet, une foule dense d’animaux à poils et à plumes semblait s’être donné rendez-vous devant la porte des Lacaille pour manifester son soutien. Même le chien de la ferme, ce pauvre Rex, paraissait demander avec ardeur le retour du fils prodigue.
René se perdait dans la contemplation de son café, remuant de noires pensées, Nina quant à elle contemplait mélancoliquement le cortège de ses chères bêtes…
Ce fut pourtant elle qui finit par briser le silence.
- René ! On va faire venir la brigade Promoutons, je suis sûre qu’ils vont nous aider à retrouver notre Célestin !
Une lueur d’espoir s’alluma dans le regard du pauvre homme et il décrocha immédiatement le combiné du téléphone.
Vingt minutes plus tard, un homme en blanc sonnait à leur porte. Devant l’attitude farouche du couple, il montra son insigne :
- Inspecteur Klopchtok, de la brigade spéciale Promoutons !
Les Lacaille soupirèrent de soulagement. Ils étaient enfin entre de bonnes mains, ce Klopchtok n’était pas un rigolo, il avait déjà résolu des cas bien plus ardus, d’après la gazette du roundballeur, c’était même le meilleur des détectives fermiers.
Klopchtok relut la lettre avec attention. Son front se plissa sous l’effort tandis qu’il était observé par deux paire d’yeux fébriles.
Enfin, un sourire effleura ses lèvres.
- J’ai trouvé ! Affaire résolue ! dit-il simplement.
Nina et René n’en revenaient pas. Ce Kopchtock était-il devin ? Où donc était sa poule de cristal ? Ils l’assaillirent de questions : Est-ce que notre Célestin est toujours vivant ? Lui a-t-on fait du mal ? Qui pourrait bien en vouloir à cet animal si adorable ? Allons nous le retrouver ?
L’inspecteur eut un vague sourire de suffisance.
- Je vais tout vous expliquer, mais avant cela, il me faut une soupe, avec des lettres…
Nina ne discuta pas un seul instant et se précipita vers la cuisine.
Quelques minutes plus tard, elle en revenait avec un bol fumant.
- Parfait ! dit Klopchtok, nous allons commencer par répondre à votre première question.
Et l’inspecteur, sous le regard ébahi des Lacaille, se mit à remuer sa soupe d’un air concentré. Nina et René pouvaient voir la sueur perler de son front sous l’effet de son effort intense. A la grande surprise du couple de fermiers, 17 lettres apparurent soudain à la surface de la soupe. Elles composaient le message suivant :
Nina s’agenouilla aussitôt et fit un signe de croix.
René, qui tenait à préserver sa dignité mais n’avait pas non plus envie de passer pour un mécréant, il s’était marié à l’église, queue diable !, se contenta d’un simple : « Jésus Marie Joseph ! ».
L’inspecteur Klopchtok jubilait à présent. Il eut la grâce de bien vouloir leur signifier les conclusions de son enquête :
- Je le reconnais, mes méthodes sont non conventionnelles, je suis en communion directe avec Sainte Moutonreviens, c’est elle qui guide mes pas, à chaque instant. Voici ce qu’elle vient de me révéler : votre Mouton Célestin va bien. Il a été enlevé par une famille de lapins vengeurs qui vous vouent une haine ancestrale terrible depuis que vous avez assassiné leur arrière-arrière-arrière grand père lors d’une chasse cruelle. Ils ont juré depuis ce jour de détruire ce qui vous tiendrait le plus à cœur : votre cher mouton. Ils se fichent pas mal de la tonne de choux, ce n’est qu’un prétexte grotesque pour donner du poids à leur enlèvement. Mais il n’est pas trop tard pour sauver votre animal, vous le trouverez enfermé dans la 4L verte qui est dans votre garage.
Les Lacaille soupirèrent de soulagement et se précipitèrent pour délivrer leur fils adoptif. La scène fut touchante mais la pudeur m’oblige hélas à la passer sous silence.
L’inspecteur Klopchtok finit tranquillement sa soupe, puis, avec la satisfaction du devoir accompli, il reprit sa route vers de nouvelles aventures.
Quant aux Lacaille et à leur petit Célestin, si vous n’entendez plus parler d’eux, ce n’est pas parce que le bonheur est muet, non, non, mais si vous voulez vraiment savoir ce qu’ils sont devenus, c’est à elle désormais qu’il faudra vous adresser :
Fin du défi de Tibo (Papistache)
L'humeur de Tania était à l'image du temps ce matin, mélancolique. Une mélancolie douce. Une mélancolie qui vous réexpédie dans ces moments tristes que vous avez traversés.
Elle se remémorait, à cet instant, devant sa tasse translucide la dernière discussion qu'elle avait eue avec Barney et Julien.
- Non franchement, vous n'y pensez pas. Le faire disparaitre... Quelqu'un le découvrira, forcément !
- Eh bien sans doute, mais s'il doit être découvert, qu'il le soit loin d'ici, le plus loin possible et surtout pas par lui.
- Non, de toute façon, nous ne pouvons rien y faire maintenant, mais le déplacer, franchement, ça ne changera rien à sa réaction !
- Parce que le laisser là, dans cet état, c'est la solution selon toi ???!!! Franchement, Tania, arrête de dire n'importe quoi, va t'occuper de ton fils, il ne va surement pas tarder à se réveiller, on s'occupe du reste !
Le souvenir de cette discussion, ce n'était pas la première fois qu'il remontait en elle... Et chaque fois c'était la même chose, elle se débattait avec ces images. Une larme, puis deux se mettaient à couler le long de ses joues blanches. Ce matin, l'une d'elle tomba dans la tasse. Cette tasse qu'elle serrait fort de la paume de ses deux mains. Pour se réchauffer ? A cause de la contrariété ? Elle ne le savait pas elle même. Elle serrait.
A la pendule, il était quasiment 7h00. C'était à cette heure que tout était arrivé. Devant cette même tasse, avec ce même thé fumant, cette même odeur d'agrumes. Cette odeur qui, tous les jours d'octobre à mars, lorsque les petits matins sont frais, parfumait la cuisine de Tania.
Puis, soudain, sans savoir pourquoi, elle portait la tasse à ses lèvres, elle avalait une gorgé de ce liquide brulant. Elle se sentait vivante, cette sensation de chaleur, de brulure... elle se sentait vivre. C'est souvent ce moment que choisissait Damien, son fils, pour faire craquer les marches de l'escalier. Ce matin encore, il lui poserait des questions, ce matin encore, elle n'y répondrait pas, inventant une fois de plus une histoire. Combien de fois l'avait-elle fait depuis ce maudit matin ? Ça ne faisait pas encore 10 jours que tout était arrivé, il lui semblait qu'elle se débattait depuis des mois avec ce secret... Plusieurs fois, elle avait failli lui dire... Plusieurs fois, elle avait été sur le point de lui révéler la vérité. Mais son regard croisait le sien, et non, décidément non, elle ne trouvait pas la force de lui éteindre l'étincelle d'espoir qu'elle voyait au fond de ses yeux. Des yeux bleus, des yeux pétillants, des yeux d'espoir, des yeux d'enfant. Alors, ce matin encore, elle ferait comme si, comme s'il y avait une explication, comme si une fin heureuse était possible, comme s'il finirait par revenir.
***
— Maman ?
— Non, mon grand ! Non... mais...
Tania posa sa tasse sur la table encombrée de la cuisine, en repoussant, du dos de la main, le désordre. Elle devrait songer à ranger. Elle y pensait. Elle le ferait. Demain ! Oui, demain, elle rangerait. D’ailleurs, c’était à cause de ce désordre. Elle remettait toujours tout à plus tard, comme pour annoncer à son fils la...
L’éducateur de la DASS, si on le laissait entrer, écrirait sur son rapport que l’hygiène laissait plus qu’à désirer chez elle. “... des emballages de gâteaux jonchent la table, des bols vides et auréolés de chocolat s’empilent sur l’évier et des raviolis verdissent au fond d’une boîte sans couvercle...”
Elle savait. Ça ne datait pas d’aujourd’hui, ni de ce maudit matin, non...
— Maman ?
— Viens sur mes genoux, mon chéri.
Les cheveux de l’enfant étaient collés, par la transpiration, sur son front bombé. Des cheveux d’ange... Le sommeil lui avait laissé les yeux gonflés. Elle devrait passer chez le pharmacien qu’il lui donne ces gouttes pour empêcher que les paupières de l’enfant ne se collent. Elle irait... cet après-midi, ou après-demain en revenant des “Restos”.
Les “Restos” ! Ses yeux se mouillèrent. C’était bien à cause des “Restos” que c’était arrivé. Tous les jeudis matins, Barney et Julien venaient chercher la marmite norvégienne qu’ils avaient déposé la veille. Tania ne pouvait guère participer mais, pour rien au monde, elle n’aurait loupé son jeudi matin. D’autres qu’elle auraient pu préparer les vingt litres de thé qu’on servait aux bénéficiaires. Certaines avaient essayé. On lui avait vite demandé de reprendre son rôle. Un petit secret tout bête, quelques épices bien dosés, juste le temps nécessaire... pas plus, un secret, hérité du père du petit, qu’il avait rapporté de ses errances, là-bas, dans les îles, avant de repartir en emportant son baluchon, comme ça, sans prévenir et en laissant son petit chien.
En évoquant le petit chien jaune à la queue coupée, Tania sentit un flux de larmes lui couler sur les joues.
— Maman ? ! interrogea le gamin en posant ses petites mains sales sur le visage de sa mère. Tu pleures...
Tania s’essuya, renifla et souffla :
— C’est le thé, je me suis brulée le palais.
Le petit lança la main vers un paquet de Boudoirs roses ramollis, en saisit un et le porta à sa bouche. Le sucre lui ourla les lèvres. Il semblait avoir renoncé à poser plus de questions. Il allait finir par oublier.
Pendant que le gamin pressait sa tête contre son sein, Tania revit la scène.
Barney et Julien étaient venus chercher la lourde marmite et l’avait ôtée de la gazinière. Le chien tournait entre leurs jambes. Les deux hommes avaient voulu poser l’énorme faitout sur la table pour visser le couvercle, Barney avait dégagé une main pour libérer un espace suffisant, Julien s’était trouvé déséquilibré, la marmite était tombée. Le chien était mort sur le coup, assommé et ébouillanté. les deux hommes avaient bondi sur le côté, ils n’avaient rien eu. Ils avaient épongé.
Tania sentait que le petit se rendormait. Tant pis, il serait en retard à l’école. Une fois de plus, une fois de moins, il était intelligent, il rattraperait. Mais, non, il ne dormait pas. Sans lever sa tête, il s’adressa à sa mère :
— Tu sais maman, il ne reviendra pas.
— Mais si, mais si, mon...
— Non, maman, j’ai bien vu que ça te faisait de la peine... alors, je t’ai rien dit... mais... tu sais.... Kévin, mon copain... son papa i’ ramasse les poubelles, eh ben, son papa, à Kévin... i’y a dit qu’il l’avait trouvé sur le trottoir derrière le hangar aux “Restos”... i’reviendra pas maman... sûrement un camion l’a écrasé... tu sais, i’courait toujours derrière les camions...
Une bouffée de chaleur inonda le visage de Tania, elle se sentir ramollir, le petit releva la tête :
— Maman, au supermarché, i’vendent des animaux, samedi. C’est écrit sur le mur devant l’école. Kévin, son père, i’va y’acheter une gerbille. Tu crois que si j’casse ma tir’lire, j’pourrais aussi m’en ach’ter une, de gerbille, maman ? Barney, i’m’a dit que j’pourrais avoir la cage du cochon d’Inde à Lisa. Il est mort son cochon d’Inde à Lisa. Elle est grande maintenant, elle en veut plus des animaux, mais moi... maman... une gerbille, hein dis, t’en penses quoi ?
Fin du défi de Rsylvie (Joye)
La partition inachevée (Rsylvie)
Emberlificotons, le héros de notre aventure n’en était pourtant pas à sa première !
Et
malgré cela, il s’était fait prendre comme un jeune débutant. Il était
retombé une fois de plus dans ses filets. Mais quelle mouche l’avait
piqué aussi, de répondre à cette fanfaronnade, lui qui a déjà bien du
mal à se lever le matin. Alors un défi ! Vous parlez d’une histoire.
D’autant plus qu’Emberlificotons
devait commencer une partition
qui serait finie
par un autre… seulement voilà,
après avait donné vie, accepter que ce soit un autre
qui finisse une si belle romance ?
C’était impossible…. Il connaissait la musique,
croches et doubles noires.
Tout cela sur une même portée
en ayant bien fait attention aux nombreux dièses
ou bémols en début de clé de sol. Mais peut-être était ce une clé de fa ?
Quoique les mélodies des frères Scot
des années sixties soient aussi mélodieuses à pianoter !
Pianoter vous savez, jouer avec les doigts
d’une blanche vers une ronde, sauter d’une branche à l’autre,
en visitant une noire ou deux au passage. Le tout sur un rythme soutenu,
pour ne pas tomber de l’arbre. Un accident est si vite arrivé.
On ne s’imagine pas combien cela peut glisser la mousse.
Surtout le matin, quand la rosée est encore fraîche et les feuilles
inondées de gouttelettes d’eau de rose.
Emberlificotons aime écouter la pluie le matin.
Seulement voilà il n’est pas du matin. Alors relever un défi un dimanche matin… quel dilemme ?
Que même un orchestre au grand complet ne pourrait débrouiller. Et cela,
Miss Marple l’avait compris aussitôt la première mesure jouée.
C’est pourquoi déclara-t-elle, aussitôt après avoir pénétré dans la chambre du major, qui pendant l’hiver 1828 ou en 29 au moment de l’expédition du grand nord s’était pris les pieds dans une partition laissées traîner malencontreusement par Félix, un jeune journaliste amateur de petits rats….
-« Ce ne peut être lui » !
Et tous, de se regarder en murmurant,
-« mais alors, qui avait massacré la partition » ?
♫Allez, cette affaire sera réglée comme du papier à musique, se
pensa Miss Marple.
-- Emberlificotons, lui fredonna-t-elle…
Leurs regards se rencontrèrent
au
milieu de la salle…
-- Yes, Miss Marple ? lui gazouilla-t-il, son basso profondo faisant écho
comme de
l’eau
qui bruit
et qui chante…
--
Emberlificotons, aimez-vous Brahms ?
Le jeune compositeur, ne sachant
plus que faire de ses dix doigts
se précipita, ma pianissimo,
vers le clavier.
Miss
Marple, désaccordée par son impromptu,
ma non
troppo,
comprit ce
qu’orchestrait l’habile Emberlificotons,
et d’un coup, cria :
« NON !
NE TIREZ PAS SUR LE PIANISTE ! »
puis
s’évanouit…
Quand elle reprit enfin conscience,
on lui apprit qu’Emberlificotons,
eut décidé,
alla
toccata,
de faire une fugue,
ayant échoué, honteusement,
à son Bach.