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18 octobre 2008

Madame la Comtesse (Martine 27)

Messire le Comte s'est longuement entraîné dans sa chambre. Le troubadour le lui a affirmé, pour obtenir monts et merveilles de la Comtesse, que Messire le Comte vient juste de retrouver après 10 ans à guerroyer de-ci de-là, il lui faut la flatter.

Il faut dire que Madame la Comtesse, depuis si longtemps délaissée, est un peu de mauvaise humeur et pas trop portée sur la bagatelle, il faut bien le reconnaître.

Bref, avant de rejoindre sa douce moitié dans sa chambre, il a répété encore et encore le texte que le troubadour a écrit pour lui (et donc pour elle).

Ma chère votre beauté m'éblouit (tu parles avec 10 ans de plus ma chère épouse vous n'êtes plus guère une galinette de l'année, mais bon si pour en arriver à mes fils, il me faut en passer par là, courage allons-y).

Bon donc, ma chère votre beauté m'éblouit, elle resplendit telle la cassette du joaillier (dans laquelle vous fîtes disparaître une partie de ma fortune pendant la courte absence).

Vos cheveux d'oryx, palsembleu non, d'onyx (quoi que soit ce truc, et encore le troubadour proposait obsidienne encore plus difficile ça) ruissellent sur vos épaules de nacre (l'une d'ailleurs un tantinet plus haute que l'autre).

Vos yeux d'ambre rehaussent votre teint d'ivoire (jauni l'ivoire, mais passons).

Vos lèvres tels des rubis mettent le feu à mon cœur (bon très franchement un peu plus bas, mais le troubadour affirme que ces compliments de soudard s'ils conviennent aux filles d'auberge ne sont pas pour les dames bien nées).

Vos doux seins (qui commencent hélas ma mie à pendouiller) sont deux merveilleuses perles (baroques quant à la forme pas de doute) embellis par deux délicats tétons de… de… (pas rubis déjà utilisé, il a dit quoi ce maraud de troubadour) de… de…, ah oui, semblables à des grenats (que je vais arracher à coups de dents je le sens bien si ça dure trop longtemps cette ineptie).

Votre taille d'albâtre ondoie comme un roseau (ah ben oui, le troubadour n'a pas trouvé de pierre précieuse qui ondoie).

Bon, allez, que diantre j'y vais, je verrais bien sur place pour la suite.

Et voilà Messire le Comte qui, tout sourire et idées libidineuses, se rend chez Madame la Comtesse pas plus heureuse que ça de récupérer un époux quelque peu défraîchi il faut bien le dire.

Or donc, Messire le Comte, très concentré, régurgite le laïus du troubadour tout en se demandant in petto si celui-ci n'en saurait pas un peu trop sur son épouse.

Il risque quelques caresses, fait glisser strate après strate les étoffes qui couvrent son épouse.

Et enfin, il touche au but (si je puis m'exprimer ainsi). Le dernier jupon tombe et Madame la Comtesse, un sourire narquois sur les lèvres de rubis (voir plus haut) se laisse contempler par son époux proche de la syncope.

Un gémissement monte aux lèvres de celui-ci. Il se revoit faire du tri dans son escarcelle et jeter une clé dont il ne voyait plus l'usage.

Horreur, il s'agissait de celle qui ouvrait la splendide ceinture de chasteté ruisselante d'émeraudes, de rubis, de saphirs, de diamants, qui ceint et protège la délicate intimité de sa Dame.

Hélas pour lui, il ne pourra poursuivre ses comparaisons bijoutières plus loin, tout au moins pas avant d'avoir fait venir un forgeron !

 

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Commentaires
M
C'est en forgeant qu'on devient ....<br /> Quel humour ! Super !
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L
Très bien la chute! moi non plus, je ne l'ai pas vue venir!
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A
J'ai adoré!
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S
Très comicoquin ce texte... j'ai adoré.
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C
Bon évidemment j'étais induite en erreur par le titre et mes anciennes lectures du canard du mercredi.<br /> Le comte donc "Allo Jean Pierre, hier au h tu as fait un reportage sur le dernier forgeron, tu peux me filer son mail; Oui c'est un cas d'urgence..."<br /> <br /> D'ailleurs qu'elle était la vraie pensée de Jules en débitant ces vers brillantissimes. Hum. Je me le demande...
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J
On dirait du Voltaire, c'est superbement ironique !<br /> <br /> B-r-a-v-o !<br /> <br /> Mais quand on aime, on ne comte pas... ;-)
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T
Quel plaisir de lire ce texte ! Amusant et savoureux à la fois ! Bravo!
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J
Comme quoi faire écrire ses discours par les autres ne mène pas forcément au Nirvana ! Très bien, d'arriver à faire rire sur une telle thématique ! Ce qui est encore plus drôle c'est le hasard qui a mis à la suite le texte écrit par Aude qui semble illustrer celui de Martine !
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V
Mouarf! Quelle chute! J'aime l'humour de ce texte, bravo!
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A
J'aime beaucoup l'humour de ce texte.
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J
Tres drole, ce monologue interieur, et la ceinture de chastete, un delice!!
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P
Quelle chute, je ne m'y attendais pas du tout et mon sourire doit être à la mesure de la déception de ce goujat de comte ;-))
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R
quelle aventure ! et triste fin pour ce brave homme qui a fait plus qu'effort... mais quand cela ne vient pas du coeur !!<br /> preuve en est la chute !<br /> "est puni qui croyait prendre "...dans tous les sens du terme !<br /> <br /> j'aime bien le lapsus, comme le relève papistache, "le fils en fin"
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P
Sait-on si le comte connut pareille débandade aux croisades ?<br /> <br /> Est-ce qu'il songeait à sa progéniture à venir qu'il fit ce lapsus : arriver à ses fils plutôt qu'à ses fins. Personnellement je laisserais ainsi, mais vous me dites... <br /> <br /> C'est drôlement mené, bravo !
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B
Bien fait.
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T
Super! J'aime l'humour... et le rappel pour Messire le Comte que lui aussi a vieilli... Bien fait!
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P
Eh eh! Délicieuse vengeance!!
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T
On ne sait pour qui la situation est la pire....<br /> :-D
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W
Bof, ça ira vite, les forgerons n'étaient pas si bêtes, ils gardaient un double (pour les longues nuits d'hiver).
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