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Le défi du samedi
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1 août 2020

Respirer une fleur...(maryline18)

 

Sur un chemin, respirer une fleur c'est faire une pause.

Avez-vous remarqué comme tout ce qui entoure celle-ci n'a plus alors aucune importance ? Le vent peut souffler, la pluie peut tomber, les gens peuvent parler, non, plus rien n'a d'importance.

Ce matin j'ai respiré cette rose, elle avait l'odeur des petites savonnettes que ma mère m'avait offertes en même temps que ma petite soeur ! Je les avais collées sur mon nez avant d'aller laver ma poupée.

Dans mon coeur, les roses sont fanées, le vent a cessé, les gens se sont tus, seule la pluie coule en continu...

Le bonheur nous balance ses bémols sans en avoir l'air et toujours, des soupirs accompagnent ses pauses...

Ce matin, j'ai respiré cette rose et maintenant plus rien n'a d'importance, non, plus rien.

Avez-vous remarqué comme l'air, si lourd hier, devient si léger quand vous n'attendez plus rien ? Enfin, tout est égal : le ciel, la mer, les nuits, les jours, les rides...Tout.

 

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25 juillet 2020

Les grenouilles. ( maryline18 )

 

_"Quand je serai vieille, je mangerai des grenouilles !

J'attends d'être vieille, il faut avoir des projets...

J'irai en Afrique, elles sont grosses comme des citrouilles !"

_"Qu'est-ce que tu trafiques Mémé ! Allez viens manger !"

 

_"J'écris à mon chéri ! Je n'veux pas que tu fouilles !

Il est tellement gentil... Il lit toutes mes lettres !

_"Il lit tes lettres... ! En v'là bien des carabistouilles !?"

_"Il me l'a dit tu sais, on ira voir le prêtre !

 

 

_"On va se marier et je lui f'rai la tambouille !"

_"Oh ! Si tu continues, on ira plus au parc !"

_"Je ne sais plus quoi mettre dans la ratatouille...

Dimanche, il m'emmènera faire un tour en barque !"

 

_"Allez, viens manger, arrête de faire l'andouille !"

_"T'es jalouse, c'est ça, il te plait hein, mon Eugène !"

_"Arrête de dire n'importe quoi, tu m'fous les ch'touilles !"

_"Pourquoi tu m'crois jamais ? Tu m'fais d'la peine..."

 

_"Dit, si tu vas aux courses, ramène moi du rhum !"

_"Du rhum, pourquoi ? Tu veux nous faire des crêpes Mémé ?"

_"Tiens, regarde comme j'étais belle dans mon album !

Et ta maman, là, comme elle était bien coiffée !

 

Le rhum c'est pour lui, c'est pour lui faire une bistouille.

_"Oui Mémé, c'est promis, je t'en achèterai."

Ah, t'es gentille toi ! Et en en plus t'as une bonne bouille !

Viens me faire un baiser et on ira manger...!

 

18 juillet 2020

Venise (maryline18)

m18


Venise où es-tu...?

Je passe devant la statue et je continue. C'était notre point de repère, au cas où nous nous perdrions pendant la visite du château. Mais ne nous sommes nous pas déjà perdus depuis si longtemps...Je ne réclamais pourtant pas l'abondance, non, juste... que tu me fasses l'amour dans un grenier...

Venise ce n'est pas faire n'importe quoi avec n'importe qui, non, mais c'est n'importe quand... alors pourquoi pas maintenant !Venise est bien en Italie...?

Je pars rêver le long de la baie "Des contes de fées", écouter les secrets des mers bleues où naviguent des bateaux sans retour, où pleurent des marins sans repos, un coquillage posé sur mon oreille. Les cheveux défaits par le vent frais du large, sur le "Vaporeto", j'irai caresser le soleil de Burano. Parée de ses filets d'or, guirlande scintillante, je me balancerai au gré de la brise tiède qui effleure les dentelles légères, suspendues aux façades colorées de l'île enchanteresse.

Mais à l'aube finissante, tel un rai de lumière cherchant son reflet sur l'onde berçante, je me laisserai tomber dans les eaux troubles de ma mémoire. Lentement, de regret en regret, de palier en palier, de bar en bar, viendra le fond. Bientôt, le clapotis de l'eau sur les barques amarrées, ne sera plus qu'un mouvement sourd faisant danser les algues . Deviendrai-je alors sirène, ou juste un corps, toujours et encore...

Mon amour, tenteras-tu de me repêcher, pour m'aimer enfin ou me laisseras tu me remplir de cette eau viciée et nauséabonde ? Me laisseras-tu me gonffler de cette mer grise, fatiguée de charrier autant d'amertume... Attendras-tu que les étoiles s'éteignent et noient le chemin du retour ? 

La tâche ne sera pas aisée, je sais...et puis quel appât utiliser pour un presque macchabée, un baiser peut-être, enveloppé dans du papier doré ? Je marche à contre courants, au milieu de ces touristes sans tête. J'accélère le pas et je m'entête, je m'éloigne de ta mauvaise foi. Il ne faut pas que je dérape, que la raison me rattrappe. Cette fois je passe le cap... La liberté est au bout de la rue, je l'entends qui m'appelle :

_" Viens ma jouvancelle ! Viens !"

Rêveuse, je m'imprègne des promesses de ce tableau idylique...Capricieuse, je provoque les démons de ce paradis fictif. Je cours et je revois cette photo où j'exultais, sur la plage, petite...Réussirai-je à retrouver ce bonheur enfantin, cette insousciance perdue ? Réussirai-je à laisser là, tous ces malentendus ? Retrouverai-je la puretée, la beauté...?  Non ! tu me rattrapes, c'est foutu !

J'ai la tête en feu, je suis ivre de tous ces désirs innassouvis, de toute cette tendresse mise au rebut. Au Diable les mots ! Avec comme seuls bagages, mes défauts, je m'enfuis. J'abandonne ma chrysalide et déploie mes ailes à nouveau. Vois comme je suis belle ! Regarde une dernière fois ces couleurs pastelles qui déchirent leur voile, vois comme le carmin me sied alors que mon coeur propulse son sang rageur jusqu'à mon front perlé de sueur.

Un camionneur s'arrête à ma hauteur :

_"Ciao dove stai andando cosi ? Dovrei prenderti ? Vado a Venezia ! Monte !"

...Venise n'est pas en Italie...c'est où tu vas, c'est où tu veux, c'est l'endroit où tu es heureux...! La, la, la...La, la, la...!

Adieu !

( Merci à Serge Reggiani...)

11 juillet 2020

La Mer Morte (maryline18)

 

m18

 

 
C'est une fois ma mère morte, que je me décidai à voyager. Ma connaissance de la Géographie était on ne peut plus vague, aussi, après avoir consulté quelques pages électroniques, je m'envolai, un peu au hasard, pour Israël. Paris / Tel-Aviv, en vol direct, je me laissai séduire... C'était parti pour un dépaysement assuré.

J'étais à deux doigts de pardonner à ma "chère" mère mon expulsion de la maison familiale, trente-huit ans plus tôt ! Ma part d'héritage en poche, j'allais enfin pouvoir prendre le large, sortir la tête de l'eau, bref, troquer mes rames contre une paire d'ailes ! Eh oui, j'allais m'offrir les plus chouettes vacances de toute ma vie !

Un taxi m'emmenait à l'aéroport, comme dans les films... Dans l'avion, je sympathisai avec Cléo, euh...Chloé, une belle trentenaire, une jambe dans le plâtre, que je surnommai d'emblée : Cléopâtre. Esthéticienne et laborantine occasionnelle pour les produits " Tambouille et Compagnie": Les cosmétiques comestibles. C'est un tout nouveau concept, m'expliqua-t-elle, enthousiaste : toutes nos crèmes, toutes nos émulsions doivent impérativement pouvoir être consommées et ne présenter aucun danger pour l'organisme et donc pour la peau ! De fil en aiguille, une complicité se créa et elle me raconta sa vie et ses déboires avec Marc Antoine. C'est alors que sa voix dérailla et monta d'un octave...

_" Je veux mourir ! Je vais me noyer dans la Mer Morte !

_"Avec un plâtre ? qu'elle idée !" Répondis-je quelque peu affolée...(C'était bien ma veine : tomber sur une suicidaire !) La bouche tremblante et l'oeil humide, elle poursuivit :

_"Accompagne moi pour mon tout dernier voyage ! " J'ai menti à mon Patron, je lui ai promis que je prélèverais des échantillons de boues dans cette saleté de Mer pour qu'il me paie le voyage !

Un peu décontenancée, j'improvisai : "Ecoute, fait moi confiance, laisse moi une chance de te faire changer d'avis, de te convaincre que la vie peut être belle, s'il te plait... Je ne vais pas te laisser seule à ruminer une tristesse pareille ! Je ne te quitte plus ! Si au bout de nôtre séjour, tu ne changes pas d'avis, je t'aiderai, je te le promets mais je vais tout tenter pour trouver une meilleure issue à nos vacances si... particulières !"

Je ne sais pas si elle a accepté à cause de la sincérité que contenait le timbre de ma voix ou pour que le curieux à sa droite cesse de tendre son oreille velue, ou encore, pour que j'accepte de pousser son fauteuil roulant, mais elle acquiesca avec un beau sourire, qui me donna envie de chanter sur le champ, "La Reine des Neiges" ! (Allez savoir pourquoi !)

_" Libérééééééééée ! Délivrééééééééée ! "

l'indiscret Monsieur écrasa promptement et tout hurlant, ses deux feuilles de choux de ses deux mains ! Il faillit avoir les tympans perforés ! J'explosai alors dans un fou rire communicatif. Chloé essuya des larmes de joie et de chagrin mêlées. De nouveau sur le sol, nous nous installâmes dans la suite de l'hôtel, réservée par son patron, plus que confortable. Le lendemain, je n'eus pas envie de comparer le taux en sel de ses larmes avec celui de cette Mer Morte, qui dit en passant avait tout d'un lac sans vie, d'après mes recherches : ni faune, ni flore...Je n'avais encore jamais imaginé une mer si immobile et si vide. Je me disais que sa minéralisation exceptionnelle rendrait difficile la concrétisation du funeste désir de ma collocataire...Je pourrais toujours lui expliquer la poussée d'Archimède, en dernier secours, si elle veut bien l'entendre...!

Donc, le lendemain, toutes deux, sublimement vêtues, telles des "Esméralda" mais en plus magnifiques encore, nous passâmes sous " La porte des fleurs" de Jérusalem, au creux de la vieille ville. Les yeux agrandis d'émerveillement, comme elle était belle "ma douce Cléopâtre" ! Il n'était plus question de vilain garçon ni de lamentations. Toutefois, par sécurité, je déposai en cachette, un peu plus tard, une requête griffonnée sur un vieux bout de papier dans une des fentes de ce fameux mur...Pour lui changer les idées, j'oubliai volontairement la visite du cimetière du Mont des Oliviers, mais aussi la "Via Dolorosa" et le temple où repose la Vierge Marie...

Jérusalem, si on veut éviter de parler de la mort, c'est compliqué ! Nous sommes donc parties, elle, protestant contre mon obstination à emprunter des chemins plein de rebondissements pavés, et moi, pestant en poussant son fauteuil récalcitrant, se perdre dans le dédale des ruelles du vieux Souk. On s'acheta toutes deux des babouches et c'est devant l'échoppe des bijoux qu'on fit la connaissance du beau Youcef...J'aperçus une éteincelle dans le regard de ma protégée qui me laissa présager le meilleur comme le pire...

 

6 juin 2020

La tempête... (maryline 18)

m18

 


Pour une fois l'harmonie était parfaite.

Ce que je voyais, ce que j'entendais, ce que je ressentais, tout se mêlait et semblait vouloir m'offrir un moment de félicité, de bien être...Je n'avais rien décidé, je n'avais rien prémédité et pourtant, la magie s'invitait. L'habitacle de la voiture s'effaçait. 

Des tourbillons de notes m'emportaient vers des pensées exaltées.

Bien que je voyais aussi ces matins qui n'existeront jamais et ces mots auxquels je ne prêterai pas ma voix, des coups de vent faisaient s'agiter les coquelicots par dizaines le long de la route sinueuse.

La beauté de l'instant, mettait en exergue cette douleur soudainement si belle au creux de mon être, cette impatience si turbulente. J'aurais presque pu me garer devant le champ de blé et en respirer les épis dans un besoin, comme animal. Pourquoi cette nature redevenait-elle bouleversante, enivrante ?

J'aurais presque pu m'assoir près des coquelicots et écrire que la campagne était belle pour m'en souvenir demain encore...

Mais je savais que je n'avais que le temps de prendre conscience de toutes ces envies qui m'assaillaient en écoutant ces notes qui me tordaient les entrailles et m'emportaient à toute allure vers la ville.

J'aurais voulu me tromper de route pour allonger mon trajet, repasser devant les fleurs, revoir les vagues ocres dans la mer de paille, aimer les éoliennes et ma vie... Aimer mes désirs violents et même le goût de ton absence.

Mais le temps me manquait pour prendre un autre chemin. Les pétales rouges s'envolaient et des voitures, s'imposaient dans mon beau tableau au ciel azur.

J'attendais la fin de la tempête pour respirer plus doucement. Il fallait continuer la journée le plus normalement possible, calmer cette vie intérieure qui avait dansé avec le vent et m'avait fait grâce d'une allégresse absolue...le temps d'un morceau de musique.

 

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11 avril 2020

La mer (maryline18)

 

Comment va la mer les jours gris,

Quand tu ne donnerais pas cher

De ta vie, fait-elle plus de bruit

En dansant sa marche lunaire ?

 

Quand sur le sofa, renfrogné,

Tu attends les beaux jours, encore...

Si loin de ses embruns salés,

Froid, comme un alligator...

 

Comment va la mer qui s'ennuie ?

Cherche t-elle tes pas sur le sable ?

Jalouse, elle a enseveli

Mon dessin... infatigable.

 

Elle garde en elle tous mes secrets,

Dispersés en gouttelettes

Et tout est à recommencer

Avec l'arrivée des mouettes !

 

Bientôt, on ira la voir dis ?

J'ai encore des choses à lui dire...

Main dans la main, comme deux amis,

On lui offrira nos sourires.

 

 

4 avril 2020

"Vous n'avez pas de nouveau message..." (maryline18)


Déjà tout petit, il cherchait à monopoliser toute l'attention de la maîtresse d'école !

-" Madame Farfallé, vôtre garçon est devenu gaucher !"

-"Ah bon, et pourquoi, cela vous dérangeait qu'il ne le soit pas ?"

-"Mais pas le moins du monde Madame, mais demandez lui donc ! De plus, toute la classe l'a imité et je n'ai plus que des droitiers contrariés aux mains pleines d'encre !"

La maman de Josélito s'abaissa jusqu'à rencontrer le regard de son rejeton rouge de confusion.

-"Ce que dit Madame Rose est vrai ? Attention, ne mens pas ou tu seras privé de dessert !"

-"C'est juste que je voulais dessiner aussi bien que Paul, qui est le seul vrai gaucher de la classe..."

La Maîtresse : -"Vous voyez !"

Madame Farfallé :-" Je vois...je vois que vous le perturbez à lui crier dessus, si vous le félicitiez plus souvent, il serait content d'être droitier ! Hein  mon bilou ?"

-"Oui maman !"

...
Fallait-il contrarier sa nature pour être intéressant, remarqué, aimé à la hauteur de ses espérances ? Depuis toujours cette question restait en suspens et il luttait chaque jour contre sa timidité pour se démarquer, pour étonner, pour briller...Il en était devenu un réservé contrarié, une imposture, une caricature grotesque dont il observait sous cape, le reflet dans les vitrines.

Excellent élève, il était entré au conservatoire et avait étudié le violon pour épater la fille du boucher qui était devenu le modèle de Paul, le premier en dessin. Sa dégaine d'artiste mal réveillé, la faisait rêver...

Premier violon, il se produisait dans le monde avec brio et rapportait des cadeaux sublimes à Ophélie qui les acceptait en lui rendant à chaque fois un petit sourire narquois qui le faisait souffrir. Bon sang qu'il l'aimait...

Il dînait dans les plus grands restaurants, déclenchait des scènes proches de l'hystérie quand il laissait ses fans l'interpeler après les concerts. Il était beau, cultivé, élégant, riche d'une fortune qu'il dilapidait au fil de ses voyages pour rester à la une des magazines à la mode. Son emploi du temps débordait de soirées mondaines où il jouait son propre personnage en s'évertuant tant bien que mal à cacher son ennui...

Ce soir là, il avait joué à Paris devant Ophélie. Son coeur battait la chamade mais à peine le concert terminé, elle s'était enfuie. Il aurait voulu la retenir jusqu'à l'aube, la voir manger et l'entendre rire sans effort...Il aurait trouvé les mots pour lui parler de tout cet amour qui le brûlait mais hélas, une fois encore, il rentra seul, comme un zombie, se cognant parfois dans des promeneurs distraits. 

A l'hôtel, il desserra son noeud papillon et écouta une dernière fois la voix blanche de son répondeur avec un espoir aussi mince que fou :

-"Vous n'avez pas de nouveau message !"

Il s'allongea, tout habillé sur le lit, après avoir avalé  les nombreux comprimés préparés. Il ne pouvait plus faire croire à tous que l'argent et la notoriété rendent heureux. Il se sentait si las de mentir, de se mentir...

N'est pas Rastaquouère qui veut !
 

28 mars 2020

Quidditch (maryline18)

 

La nuit était aussi claire,

Qu'un superbe matin d'hiver.

Cachés aux creux des chaumières,

Dormaient, à l'endroit, à l'envers,

Bercés d'étreintes au souffle court,

Des corps tout étourdis d'amour

A la peau blanche des beaux jours...

Sans bruit, j'espérais ton bonjour ;

Je scrutais le ciel, allanguie,

Quand sur ton manche tu me pris

Pour m'asseoir...un poil dépoli,

Et tendrement je t'ai souri.

Tu as ri...ignorant les règles.

Magestueux comme l'aigle,

Laissant aux autres la partie

De quidditch mon Harry !

 

 

21 mars 2020

Un ange, sorti de mes entrailles... (maryline18)


Je n'étais encore qu'une simple parturiente en proie à la douleur quand d'un cri, tu as fait de moi une mère !

J'ignorais alors que ma force pouvait flancher, que ma patience pouvait avoir des limites, que mon courage ne serait pas surhumain. Tu allais tout m'apprendre des maladies infantiles, des angoisses de ce qu'il aurait pu t'arriver mais aussi des joies de te caliner, de te nourrir, de te laver, de te promener, de t'éduquer...

J'ignorais la douceur et je l'inventais pour te l'offrir.

J'aimais quand la chambre se vidait et que je te chuchotais tout mon amour. la pudeur ne m'empêchait pas de te livrer chaque soir les déclarations que j'avais mises de côté depuis presque neuf mois. Même si tu fermais tes beaux yeux en amandes, tu m'écoutais, et pour me le prouver tu serrais un peu plus mon index dans ta menotte. Parfois le bout de tes doigts blanchîssait .

Tu avais vite trouvé comment te rassasier ! je prolongeais les têtées au risque de voir arriver les crevasses et les recommandation des puéricultrices. C'était tellement bon de sentir ta petite bouche tout contre mon sein et de devenir utile... utile à ton épanouissement.

C'était si facile d'être ta maman, alors...Je savais les berceuses, les postures à adopter pour aider ta digestion, les massages sur ton petit ventre rond pour éloigner les douleurs. Je réussissais à te parler et à faire toutes ces choses comme si tout mon être savait depuis toujours.

Le monde pouvais bien aller tout de travers, tu ne manquerais de rien, j'en faisais le serment ! Tes brassières, toutes lavées au savon de marseille pour t'éviter les allergies étaient bien pliées dans la petite valise et les caches- brassières, offerts par belle maman attendaient, bien repassés, que tu y vomisse le trop plein de laid... vraiment, tout allait pour le mieux .

Tu avais transformé mon monde en paradis, bel ange que tu étais.
 

14 mars 2020

Un pavé rôti, s'il vous plaît ! (maryline18)

 

m18


L'orchestre était prêt. Des instruments accordés, plus une note ne venait troubler le silence qui s'insinuait jusque dans les plis du lourd rideau. Oh, ce n'était pas un silence ennuyeux ou gênant, non... ce n'était qu'une simple pause auditive qui décuplait notre impatience.

On prenait des avances de respirations pour mieux retenir encore notre souffle aux premiers coups d'archets. Certains se raclaient la gorge tandis que des yeux réprobateurs les fixaient déjà. On avait attendu longtemps cette soirée, on avait économisé, on avait rêvé de longs mois et on était assis, cranant un peu, sur les sièges de velour. On se retournait, s'observait du coin de l'oeil...Parfois un petit sourire bref de satisfaction, rempli de connivence s'échangeait avec un voisin de fauteuil. On reconnaissait, tacitement, avoir la même vaine.

J'avais arborer mon tailleur bon chic, bon genre ; celui que j'avais mis au mariage de ta soeur, qui vieillit de dix ans, (le tailleur...et ta soeur aussi). Déjà dix ans...Il faisait trop chaud et on était trop serré, enfin trop proche les uns des autres. Je me sentais un soupçon dérangée dans ma bulle de protection, mon espace vital, ça me rendait nerveuse. J'essayais de ne pas me frotter les yeux ; je les avais maquillés pour l'occasion...peut-être trop d'ailleurs mais peu importait puisque la salle allait bientôt être plongée dans une semi-obscurité. Je remarquai une silhouette qui ne m'était pas inconnue trois rangées devant. Mais oui, c'était la pharmacienne ! Elle semblait aussi à l'aise que d'habitude, bien coiffée, maquillée juste comme il faut...J'ai toujours admiré ces beautés classiques, à l'aise dans toutes situations, partout...J'avais hâte que ça commence. Je savais alors que tous ces détails deviendraient insinifiants, que la musique les balayerait et qu'un sourire béat me mangerait bientôt le visage.

Soudain, des éclats de voix brisèrent l'ambiance feutrée de la salle. Une rumeur de mécontentement s'éleva aussitôt. Que se passait-il ? Nous attendions depuis trois heures maintenant ce lever de rideau...

Luciano ne voulait pas chanter.

Etait-il malade ? Avait-il des exigences difficiles à satisfaire ? Avait-il réclamer un sol de verre ? des murs de pierres ? Une fontaine au milieu de l'estrade pour se rafraîchir si une extinction de voix venait à le menacer ? Tous ses caprices, nous les lui pardonnions tous, par avance, de toutes façons.

Deux jours d'attente...déjà deux jours ! La pharmacienne avait le teint barbouillé et le bas filé (à la jambe gauche, je l'avais remarqué en allant aux toilettes). Elle accusait la fatigue mais tenait bon, moi aussi. On avait payé et on ne lacherait rien. Les hommes jouaient encore un peu les protecteurs. Mon voisin m'avait apporté un gobelet d'eau. Il était charmant. Sa femme l'avait fusillé du regard. Je jubilais.

Troisième jour, des figurines pieuses avaient été jetées dans la salle. La garde rapprochée du grand ténor tentait de le convaincre de chanter mais il s'y refusait et répétait toujours les même mots, gesticulant, levant les bras au ciel et s'essuyant le visage de son mouchoir, le front  rouge de colère sans parvenir à se faire comprendre.

Quatrième jour : Nous avions tous très faim . Seul Luciano Vaparotti avait pu se restaurer mais aucun son mélodieux ne remplissait encore le théâtre. On était tous à bout ! On se serait mis à genoux si cette prosternation burlesque aurait pu le faire chanter. Certains s'étaient déchaussés pour dormir plus à leur aise, ça sentait les pieds et la transpiration de partout. Tu m'avais lâchement abandonnée pour un pavé rôti, sauce au poivre à la brasserie des trois pigeons. Rempant dans les allées, pour passer inaperçue, des femmes se partageaient des bonbons retrouvés au fond des sacs à main avec des mines de conspiratrices. L'heure n'était plus au paraître mais à la débrouillardise . Un petit homme nous surprenant, voulu rallier notre camp et secoua alors le cabas de sa femme, du balcon. Un vaporisateur fut projeté sur la scène.

Aussitôt, un rire explosa, suivi de la voix chantante tant attendue du maestro :" Ah, Alléluia ! magnifica ! d-é-o-d--o-r-a-n-t-e ! d-é-o-d-orante !

Eh oui le chanteur ne supportait pas d'avoir les aisselles moites !

Pour se faire pardonner il fit livrer des plateaux repas à tous et chanta, chanta, chanta..." Ave, ave Mariiaaa !..."Il était capricieux et exigent mais avait un grand coeur !

(Toute ressemblance avec une personne existante ou ayant existée ne peut-être qu'involontaire).

Bon allez...Je n'y résiste pas...



7 mars 2020

Le jeu des non-sens : On joue ? (maryline18)

 

Crêpes sans enfants.

Oiseaux sans Pierre Perret.

Carreaux sans buée.

Escalier sans rampe, ( descente trop risquée).

Lit sans calins.

Jeu sans rires.

Amour sans baisers.

Conte sans fée.

Ecrivain sans histoires.

Femme sans larmes.

Rêves sans espoir.

Journées sans sourires.

Vacances sans soleil.

Horizon sans arc-en-ciel.

Grand-père sans blagues.

Grand-mère sans gâteaux.

Expérience sans entraînement.

Recommencement sans renoncement.

Adultes sans bêtises.

Ivresse sans lâcher-prise.

Nuit sans sommeil.

Travail sans fatigue.

Samedi sans défi.

...à vous !

 

 

29 février 2020

Mimosa (maryline18)


- M'man, à quel âge on est vieux ? Pourquoi on meurt ? pourquoi le ciel est bleu ? Pourquoi ...je suis une fille ?

- Oh ça suffit Mimosa ! Va ! Je t'appellerai quand ce sera l'heure de manger, va jouer dehors !

Quand M'man m'appelait Mimosa, il fallait déguerpir...Mes questions sans fin lui donnaient mal à la tête, comme l'odeur du mimosa. Je ne sais pas si l'osmophobie est toujours héréditaire mais je sais qu'elle vous vole le plaisir de respirer certains parfums pour vous flanquer une migraine des plus effroyables.

...Alors j'allais jouer dehors. Je ramassais des marrons, je grignotais des mûres, je cueillais des herbes folles pour nourrir mes poupées et quand j'étais fatiguée par tout mon "travail" je m'asseyais sur une souche d'arbre et je rêvais. Il me restait toujours assez de force pour rêver...

Je suivais le vol d'un papillon, et alors que le bruissement des feuilles m'invitait au voyage, comme la musique d'un manège enchanté. Je planais dans un monde où les méchants n'étaient là que pour sublimer la gentillesse des autres personnes.


Non, je n'étais pas malheureuse puisque je mangeais à ma faim, maman me le disait quand je devais manger des endives ou du saindoux : "y'en a qui n'en n'ont pas tant ! arrête de faire la difficile !" Je retenais mes larmes et je pensais tout bas qu'ils avaient bien de la chance mais je me gardais bien de répondre...

Autrefois, de savoir que d'autres enfants avaient faim ne me réconfortait pas spécialement mais peut-être que la "méthode" du : "Il y a toujours plus malheureux" marche mieux avec l'âge...

Dans la position du foetus, j'ai remplacé le liquide amniotique par ma couette remontée jusqu'au cou. Je me concentre sur sa chaleur et j'écoute le vent...D'autres ont froid et moi je suis bien au chaud. Quand la faim me tenaillera j'irai remplir un grand bol de lait tiède et je le boirai en ne pensant à rien d'autre qu'à sa douceur dans ma gorge, qui coulera et remplira mon estomac. D'autres auront faim et moi je serai rassasiée...

...J'écouterai de la musique et j'essayerai de m'envoler, encore...J'irai rejoindre mes amis, Jean-Sébatien, Gabriel, Wolfgang Amadeus...Ils me raconteront toutes les histoires que je voudrai...Au son du clavecin je me transformerai en élégante et après, tout en mangeant des fruits, on se lira des poèsies. On soufflera de toutes nos forces sur les mauvais jours pour les transformer en poussières d'étoiles.

-"Les chagrins éclairent le chemin des anciens comme ...comme les lampadaires usés d'une voie sans issue." ( C'est un proverbe d'indien qui n'a plus de calumet...)

1 février 2020

Les désillusions... (maryline18)

 

m18

Tout le monde dormait encore quand je suis descendue. J'essayais de raisonner mon coeur qui s'emballait mais c'était peine perdue. Et si mon rêve se réalisait, et si les autres se trompaient, et s'il suffisait d'y croire...

J'avais laissé les illuminations du sapin branchées, hier, exprès, pour lui montrer le chemin. J'ai le coeur gros et les yeux plein de larmes. Il n'y a toujours rien à son pied. Maman avait raison. Seuls des épines comblent le sol terne.

J'ai dix ans, j'ai cent ans...Il faut oublier toutes mes histoires à dormir debout, ne plus croire au Père Noël ni aux princesses ni aux princes charmants. Tout-à-l'heure je rejoindrai la cours des grands et je leur dirai... Oh et puis non, s'ils se moquaient je ne réussirais plus à contenir mon désespoir...

J'ai dix ans, j'ai cent ans...Comment continuer sans la magie qui me portait ? Je n'ai plus rien, ma chambre est vide. J'ai jeté mes jouets cassés, fait de la place dans mes armoires, mes tiroirs, pour tous recommencer, pour réinventer de nouvelles histoires. J'ai grandis, j'ai vieillis, j'aime plus mes jeux, ma vie, ma maman...

 

25 janvier 2020

Sous la terre comme au ciel...(maryline18)

 

m18

N'y a t-il d'autre alternative

Que le paradis ou l'enfer ?

Tangue mon âme à la dérive,

Naufragée entre ciel et terre.

Entre deux sublimes éclaircies

Rapplique toujours Lucifer.

Mon Dieu faut-il que je vous prie ?

Répondez-moi dans un éclair !

Que votre volonté soit faite.

La peur de l'orage envolée,

Hop là, je me hisserai au faîte

Du marronnier pour vous parler.

Enfermée dans ma pénitence,

Je peux tout supporter : le mal

Les moqueries, l'indifférence,

Jusqu'à la peine capitale.

Je voudrais juste un peu de paix

Un jour, un mois ou une année.

Ne plus penser, rêver jamais

Ne plus souffrir, ne plus aimer.



18 janvier 2020

Le gateau d'anniversaire, (maryline18)

m18

Si comme moi vous êtes "formidable", n'attendez pas que tout le monde soit servi pour vous mettre à table. Poussez les convives malotrus qui prennent un peu trop leurs aises et prenez place au banquet de la vie. Humez, dévorez des yeux les mets bien présentés, attisez votre appétit puisqu'il y a encore tant à manger !

Si comme moi vous êtes "formidable", alors je vous invite à ma table. Prenez une chaise et racontez moi des histoires du temps passé, quand la gabelle tombait dans l'escarcelle du gabelou. Ne soyez pas avare de détails surtout et rions en levant nos verres à la vie. J'aime voir vos yeux rieurs et plein d'envies. Trinquons au printemps si proche et au retour des hirondelles.

Si comme moi vous êtes "formidable", je vous réserve pour le dessert, une part de gateau, celui de l'anniversaire de la future première année du temps qu'il nous reste. Dans un an nous rirons de nos peurs passées et des hésitations qui nous encourageaient au grignotage, qui pouvait parfois prendre des allures d'anorexie. Nous mordrons à pleines dents dans la pâte fondante du bonheur de vivre et la crème débordera sur nos lèvres.

Si comme moi vous êtes formidable, n'attendez pas que la paresse des uns révèle votre courage, ni que l'esprit calculateur des autres ne mette au grand jour votre générosité. Vous qui êtes libres de toute aliénation, ne laissez aucun manipulateur vous resservir un plat froid dépourvu de goût. Un repas forcé ne peut que se révéler indigeste, aussi frugal soit-il.

Vous qui êtes formidable, vivez, riez, chantez, parce que voyez vous le temps qu'il nous reste ne peut avoir que des saveurs encore inconnues et j'ai hâte de les découvrir, pas vous ?

S'il vous plait, ne cessez jamais de vous trouver formidable !

 

11 janvier 2020

La Demoiselle du phare (maryline18)

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la légende n'émet aucun doute sur l'endroit où se joua le destin de la demoiselle Nénuphar. Curieux prénom, me direz-vous et moins breton que Nolwenn ou que Naêlle, mais vous allez comprendre...

Le phare du Petit Minois, construit sur une base militaire et donc interdit au public, surplombe la côte du Goulet de Brest et garde ainsi intact tout son mystère. C'est au pied de la tour blanche, ancien sémaphore, se trouvant à l'avant de celui-ci, que débuta l'histoire...

Il y a bien longtemps, alors que des vagues puissantes, gonflées de toute la houle ramassée au large, venaient s'écraser au pied du phare, alors que la fatigue se lisait sur les visages des hommes chargés de surveiller la venue d'improbables ennemis, un évènement étrange se produisit. 

La mer semblait si mauvaise qu'elle aurait découragé toute embarcation de prendre le large. La brume remplissait l'espace délaissé par les eaux furieuses, après chacun de ses assauts. L'atmosphère n'était plus faite que d'une gélatine aqueuse et collante.

Soudain, tous les visages se tournèrent, incrédules, vers le ciel qui s'ouvrit. Il en jaillit, comme le feu sortant de la bouche d'un dragon, une petite boule. Celle-ci, propulsée par une force ne pouvant venir que de la colère des dieux de l'univers tout entier, (enfin, c'est ce qu'ils se dirent alors qu'ils se signèrent tous, croyants ou pas ), bondit au dessus des vagues comme une planche de surf posée sur une puce géante.  Rien ne semblait pouvoir la stopper jamais, pourtant, devant leurs yeux exorbités,  au lieu de s'écraser sur l'une des baies vitrées du sémaphore, elle remonta sur le dos d'une autre vague plus hargneuse qu' une femme délaissée et fonça se blottir dans un espace qui l'attendait, entre deux rochers. Au poste de garde, tous se bousculaient devant les jumelles ! Personne ne voudra les croire quand ils raconteront la déchirure du ciel, les vagues immenses, la boule... Pourtant, quand la relève arriva...

Au pied du sémaphore, la boule d'éponge attira leur regard. Ce n'est que lorsqu'ils furent tout près qu'ils entendirent les bruits aigus ; il pensèrent qu'un oiseau s'y était mis pour se protéger de la tempête, mais leur surprise fut grande quand ils y découvrirent un bébé !

Ils l'emmenèrent pour la réchauffer ( et oui c'était une fille ), dans les cuisines de la base militaire. Chacun redoublait d'ingéniosité pour l'habiller : une manche coupée ferait une couche ; un beau mouchoir, un bavoir; un col roulé, une brassière...Tous voulaient sacrifier un vêtement pour la petite venue, tombée du ciel et de la mer !

Il fallait la nourrir, ses cris ne laissaient aucun doute quand à la faim qui lui creusait l'estomac. Alors que le cuisinier s'affairait à la préparation d'un far, il lui réserva une louche de lait tiède qu'elle têta goulûment au bout de sa poche à crème patissière.

Il fallait la déclarer à la mairie, ils n'allaient certainement pas les croire, dans les bureaux, et pourtant ! Mais comment l'appeler ?

- Naëlle ! Dit l'un .

- Nolwenn ! Dit un autre.

- Nous l'appellerons Nénuphar ! ( trancha le gradé).

- N'est-elle pas arrivée, tout juste née, nue, au pied du phare ?

Sa peau sentait bon la vanille et ses joues étaient ronde comme deux pruneaux.  

La légende prétend qu'elle serait née de l'amour d'une sirène et d'un marin et que les dieux de la mer et du ciel auraient préféré la confier aux humains. Son âme impure était condamnée à essayer de se faire aimer. ce n'est qu'après avoir trouver l'Amour avec un grand "A" qu'elle pourrait replonger dans les eaux profondes pour se refaire une queue de poisson et vivre heureuse au milieu des siens.

Hélas, à part des promesses en l'air de marins de passage, jamais elle ne trouva l'Amour qui aurait pu lui permettre de retrouver sa mère. Une nuit de pleine lune, on raconte qu'elle plongea du pont d'un bateau et se noya.

Certain soir, la complainte d'une sirène se fait entendre des heures durant. Elle pleure son enfant et son bien aimé.  Ces nuits là, tous entendent la sirène à brume qui l'accompagne tristement et certains même, aperçoivent une jeune femme drapée d'un voile clair virevolter au dessus des flots.

 

28 décembre 2019

Trois notes de musique, (maryline18)

m18

- Que peut-il naître de trois notes de musique ?

Le début d'une valse, un matin d'exaltation,  quand l'espoir offre un instant de grâce à la résignation. Mes mains maladroites s'appliquent si bien que ces trois notes en deviennent belles et entraînent de douces pensées qui viennent s'enrouler et tourner, tourner, tourner jusqu'à former une mélodie. 

- Que peut-il naître de trois notes de musique ?

Un toubillon d'amour dans ma tête toute chamboulée, une explosion d'envies tellement réprimées... , tout, sauf un appel sourd qui rebondirait en ondes douloureuses sur les parois de mon coeur.

- Que faire de ce doux moment de félicité ? Ecrire les notes pour retenir la beauté du rêve ? Non surtout pas, la beauté est toujours éphémère, comme un rayon de soleil qui s'invite un jour de grisaille. La grâce est si fragile. Surtout ne rien tenter, ne rien prévoir, ne rien présumer, ne rien espérer.

La réalité se chargera bien assez vite de me faire redescendre sur terre. C'est bien dommage, je suis si bien, en lévitation, au dessus de toutes les évidences... La réalité, le bâton de dynamite dont chacun allume sa propre mèche, et pour être sûr que d'autres n'échappent pas à sa condamnation, il arrive qu'on se charge d'allumer celle d'un proche. Combien de fois n' a-t-on pas entendu ce : -"Retombe sur terre !"ou ce : " Sois raisonnable, c'est la vie !"  La réalité fait voler en éclats tous les plus beaux rêves, pour ne laisser  retomber qu'une myriade de manques à comptabiliser.

 

7 décembre 2019

Je serais... (maryline18)

 
N'avez-vous pas comme moi, eu parfois l'impression de vivre un instant de vie avec un air de déjà vu ou seulement... entendu ?

Un proche vous parle et votre pensée devance ses propos, vous savez exactement ce qu'il allait dire...Peut-être que des situations, des faits se produisent plusieurs fois au cours de nos vies successives ou peut-être qu'on vit plusieurs vies sous d'autres enveloppes, pourquoi est-ce que l'âme ne s'envolerait pas pour vivre d'autres aventures que celle d'être enfermée dans un seul corps, après tout, pourquoi pas...

Cette éventualité expliquerait que l'on s'attache spontanément à certaines pesonnes. Celles-ci nous étaient peut-être très proches, il y a très longtemps, ailleurs ! Si je pouvais choisir et si tout ce qui né, pousse, grandit, tout ce qui joue un rôle dans ce monde, pouvait-être considéré comme "vivant" et bien j'aimerais beaucoup avoir des sensations multiples, des expériences différentes :

Je serais une rose au jardin d'un été sans souvenir... Il me cueillerait dans un élan passionné. Il se piquerait le doigt avec l'une de mes épines mais ne m'en voudrait pas. Il m'aimerait assez. Je lui appartiendrais l'espace d'une journée, peut-être deux...J'incarnerais la beauté, et puis bien sûr je fanerais et il ne penserait bientôt plus à moi, mais peu importe puisque je serais déjà autre.

je serais un souffle d'air froid tourbillonnant. Il se dissimulerait sous un pull, des gants, un bonnet, mais je réussirais à me faufiler entre les mailles tricotées pour éclater de rire en lui filant la chair de poule. Je ferais claquer une porte pour le faire râler puis lui tiendrais discrètement compagnie, caché dans la cheminée. Avec les beaux jours, je mourrais pour renaître autre...encore.

Je serais un oiseau. Je chanterais pour le réveiller tous les matins. Il essayerait mille ruses pour m'approcher. Je le laisserais faire, amusé et quand il penserait pouvoir poser son doigt sur mon doux plumage, floupp ! je m'envolerais et il recommencerait, espérant à chaque fois pouvoir m'apprivoiser. Un jour je tomberais du nid ou d'ennui, enfin peu importe, je serais autre...encore.

Je serais un poil de nez disgracieux. Je le chatouillerais sans relache, jour et nuit pour lui faire payer son désir de m'exterminer sous prétexte que je suis trop voyant, trop long, trop noir...Je l'enquiquinerais jusqu'à ce qu'il trouve l'arme fatale, dans le tiroir de gauche de l'armoire de toilette, la pince à épiler. Mais une vie qui se termine, une de retrouvée...

Je serais son envie de boire un apéro. je débarquerais à l'improviste dans son salon et je m'installerais, comme chez moi. Oh, il ferait semblant de ne pas voir ma présence, il ignorerait mon bonjour, mais je ne lacherais rien ! Je ferais de la résistance jusqu'à ce que la sienne abandonne. En cinq minutes, dix pensées contradictoires viendraient l'assaillir :

-" C'est week-end, un p'tit verre, ç'a me détendra !"

-" Non, pas d'alcool sans un ami pour trinquer, ça file le bourdon...et je sais comment ça va se terminer !"

-"Ou alors... juste un et je le fais durer, durer, durer..."

-"Oh et puis merde, j'me prends une cuite, la dernière !"

"-C'est pas une envie qui va faire sa loi, non c'est non !"

"Et pourquoi pas inviter les voisins...ben non, j'les aime pas."

...

Je vous épargne les quatre autres qui sont du même cru.

Comme toute envie assouvie, je m'évanouirais, (et oui, il aurait craqué ! ) !

Mais peu importe je serais déjà autre...

 

30 novembre 2019

Zombie, au féminin. (maryline18)

 

Avait-t-il seulement vu qu'elle était déjà morte ?

Non, bien sûr, occupé comme il l'était à se remémorer les meilleurs moments de sa vie, il ne pouvait s'en rendre compte.  Ses pensées remontaient le temps constamment, jusqu'au grenier de ses années perdues. Entre regrets et illusions, bonheurs poussiéreux et déceptions, il voyageait en solitaire.

Parfois, entre deux visages retrouvés, deux émotions ressuscitées, il faisait une pause. Il reprenait sa place parmi les vivants. Ces moments ne duraient pas, très vite il repartait, laissant Amélie à sa réalité. Il ne remarquait pas son habileté à servir les clients, son parfum fleuri, sa robe dessinant ses hanches, son regard gourmand...

Il fouillait inlassablement ses vieux cartons comme un enfant qui s'ennuierait, à la recherche d'un trésor. Les heures s'écoulaient lentement mais, malgré ce calme apparent, des courants contraires lui faisaient pourtant boire régulièrement la tasse. Il avait beau s'accrocher aux berges de cette rivière faussement paisible, vider ses poches pleines de billes, avaler les sucreries qu'il y avait cachées jadis, le poids des remords, dont il ne pouvait se délester, l'immergeait dans des profondeurs glacées.  il finissait ses journées souvent désabusé, comme un pêcheur qui rentrerait bredouille d'une pêche qu'il avait imaginé miraculeuse.

Toujours à la recherche d'une nouvelle idée, son esprit errait, se forçant un chemin au milieu du brouhaha régnant dans le café. Amélie virevoletait autour de sa bulle sans qu'il ne la remarque jamais. Il lui semblait qu'elle se trouvait à sa gauche alors qu'elle essuyait une table à sa droite, il la croyait proche alors qu'il ne voyait déjà plus que son reflet dans le miroir, derrière le comptoir. Il ne savait rien de la froideur de sa peau, de la faim qui grognait au creu de son être, qui l'implorait, juste au dessus de son ventre vide. 

Comment aurait-il donc pu prévoir l'imprévisible et deviner toute la brutalité cachée dans son désir de le goûter, de poser sa bouche sur sa tête douce et lisse comme une pomme d'amour !? Comment aurait-il pu deviner de quelle façon elle lui volerait tout ce qu'il lui refusait : la clé de ses songes, le berceau de ses sentiments, la totalité de ses rêves cachés, enfin toute son intimité, la plus belle, et qui représentait l'objet de tous ses fantasmes...Savait-il seulement qu'une partie molle de son être allait bientôt se révéler comestible et qu'elle s'en délecterait avec une avidité sans nom ?  

Non tout ceci ne figurait pas dans ses représentations mentales tellement sages et prévisibles, à la veille de l'irréparable. Elle allait bientôt savoir le goût de son brillant cerveau, allait en aspirer les recoins, en lécher les lacunes, se servant de sa salive comme d'un révélateur au service de sa curiosité exacerbée.    

Personne ne pu lui venir en aide, le matin du drame. Un rayon de lumière étrange éclaira le visage de la jeune femme et elle se jeta sur lui comme une lionne sur une gazelle. La matière grise et blanche sanguinolente dégoulina de ses commissures jusque dans son cou trop blanc. Des râles inhumains rendaient la scène encore plus insupportable. En quelques secondes, ses joies, ses peines, ses envies, ses amours, tous ces souvenirs qui le retenaient loin, trop loin d'elle, tout volait en éclats, tout s'émiettait sous ses dents destructrices.

Les clients restèrent pétrifiés devant autant de cruauté. Personne ne semblait capable d'arrêter ce carnage, personne, sauf l'illusionniste, le magicien en ces lieux, l'écrivain lui même.

 

Amélie lui apporta un deuxième café et... inspiré,  il remarqua que ses lèvres étaient rouges...

-"Quelle histoire écrivez-vous en ce moment Monsieur Cervelet ?"

-"Une histoire d'amour qui finit mal... J'aime bien votre nouveau rouge à lèvres !"

 

16 novembre 2019

Un reflet dans les vagues, (maryline18)

m18

 

L'espoir, l'étoile fragile d'un bonheur incertain

Ce matin s'est dissout, me laissant sans voix.

Dans la brume opaque, s'efface le chemin,

Qui aurait pu lentement m'amener à toi.

Les rimes flatteuses perdent pieds, brutalement se noient,

Se diluent, se taisent, emportés par les vagues d'un chagrin,

Où l'azur se disloque, disparaît, aspiré, par l'abîme du désarroi,

Bouche béante dont aucun mets, jamais ne calmera la faim...

Aucune musique aussi douce soit-elle,

Ne m'apportera le réconfort rêvé de tes bras.

Prostrée, j'écoute pleurer le violoncelle ;

Sur mon paradis perdu, je trace une croix.

Toi mon amour, mon "x", mon délicieux inconnu

Restons unis par nos âmes, ignorons le temps ;

Formons ce bel oiseau double , jamais aperçu,

Ce reflet parfait, dans nos chimères... soyons amants.

 

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Le défi du samedi
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