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Le défi du samedi
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25 juin 2016

99 dragons : exercices de style. 35, Centon Audiardesque (Joe Krapov)

- Je vous préviens, Lenglumé ! Si Dragonneau n’est pas enchristé dans les 48 heures, va y avoir du grabuge !
- Ah parce qu’il est vraiment revenu ? C’est pas un charre ? Mais faudrait d’abord qu’on puisse l’agrafer, M’sieu l’divisionnaire. Il ira pas de lui-même, au ballon !
- Alors à vous de l’y mettre, au violon. Je veux que vous fourriez ses miches en carluche au plus tôt ! Si vous charriez pas la cadence, j’avertis : faudra doubler les équipes ou marner de nuit, inspecteur !

En sortant du bureau, Lenglumé alpague Legeay-Nidéze.
- Dans une situation tendue, quand tu parles fermement avec un calibre en pogne, personne ne conteste. Y’a des statistiques là-dessus. Convoque moi Saint- Georges.
- Aux grands maux les grands remèdes, alors ?
- Tout à fait, Thierry ! Il faut que l’affaire soit emballée samedi soir dernier carat ! Mets-y le prix !

***

 

160410 Nikon 076

A la Taverne d’Attilio, en haut de la butte Montmartre, ça rouscaille aussi un max.

- C’est la Bérézina, l’apocalypse, la chute de la maison Usher depuis que Dragonneau a décidé de faire son turbin par ici ! Alors là Messieurs, c’est le fatum, l’impondérable, la sorcière aux dents vertes !
- Avec ça l’économie est tombée en rideau. Nos financiers sont repasseman et le ministre du budget aussi !
- C’est comme du rataga sur la Beauce ! Des tas de malheurs dans la population !
- Et pas un cador dans le coin pour aller lui dire « Calte ! », « Décarre ! », « Rippe ! », « Trisse ! ». Le pire demi-sel, le plus tocard des malabars se prend pour Scarface. Rouler des mécaniques, c’est la maladie des hommes. Mais dès qu’il y a du schproum il n’y a plus que des traîne-lattes !

Effectivement, on peut se demander si le grossium est à la hauteur. Celui qui a l’air du taulier a le genre homme du monde mais en vérité ce n’est qu’un sycophante glaireux. Qui c’est qui tient le guignol, hein ? Qui c’est ? Un gros nase ! Fredo-le-Pyromane !

- Je ne voudrais pas me rendre malade mais il est en train de me rendre louf, pense le parrain. J’ai des bourdonnements, je le vois partout ! Quelle ordure, ce Dragonneau ! Mais avec le coup que je goupille ça pourrait changer. J’vais décrocher mon bigophone et appeler Saint-Georges. Il va te le dégager de la carrée en cinq secs !

***

- Qu’est-ce que tu veux que fasse de cinq cents briques, Fredo ? Surtout de nos jours ! Le SMIC est en plein chanstique, la TVA nous suce le sang et la bourse se fait la malle. C’est le clandé de la rue Chabanais ou rien, parrain ! J’adore les blondes comaques avec des roberts choucards et des belles châsses.
- Mais c’est les éconocroques du monarque que tu me demandes, Saint-Georges !
- On n’a rien sans rien ! Puisque t’es installé à Capoue, le pyromane, il faut bien que quelqu’un aille se le farcir tout seul ! Mais pour dessouder un mastar pareil, faut y mettre le prix ! Tu veux qu’il clamse ou pas ? Et avant dimanche en plus !

Saint-Georges repose l’appareil, content de pouvoir bouffer à nouveau à deux rateliers voire plus si affinités. Il songe :

- C’est toujours la même histoire ! Un mec qui veut devenir matador pour épater sa gonzesse, il se prend un coup de corne dans le derche, il chiale ! Mais bon, ça fait deux occasions de se remplir les fouilles à peu de frais. Quand le pognon est là, y’a plus qu’à l’engourdir. Me reste plus qu’à foncer chez Dragonneau et à l’emplâtrer. J’vais lui balancer du Fly-Tox dans les naseaux, tu vas voir comme ! Je lui mets la tête en bas, lui fais vomir ses friandises et j’envoie sa nana se faire bronzer à Dakar !

***

Dragonneau n’en revient pas.

 

DDS 408 Audiard

- Quand on est cintré comme toi, on porte un écriteau, on prévient, Saint-Georges ! Quand on a cravaté Jo les grands pieds t’as fait un beau rapport, t’as toujours été fort en rédac. Si j’ai repris l’affaire, c’est pas pour décaniller six mois après !
- Je vais te donner les fafs de ton nouveau pedigree : « Langue morte », ça sera, désormais ton blase. Ils sont tous après toi, les gangs comme l’antigang. Taille-toi, diamant, avant que tes feux ne s’éteignent à jamais !
- T’es bath, toi ! Bien aimable à toi mais ça ne fait pas mon affaire ! Tu crois au Barbu, ou quoi ? On n’est pas chez les Balubas, ici, faut bien que je croûte moi !
- Tant que tu turbines dans le secteur, c’est du rif garanti. Mais fais gaffe, j’suis un mec dans le genre de Laetitia Castagne ! Je m’accroche ! Faut que tu quittes le quartier, Dragonneau !
- Si t’es venu pour me donner des ordres, je vais te virer à coups de pompes dans le train ! T’es que mon lieutenant, j’te rappelle !
- Tu vas avaler ton extrait de naissance, Dragonneau. Prendre ton ticson pour l’au-delà !

Dragonneau est saisi d’un doute soudain : « Il aurait quand même pas envie de me casquer à coup de flingue, cézigue ? ».

Eh ben, si ! Saint-Georges sort son Lüger et défouraille. L’autre roule des yeux ébahis et pose sa paluche velue sur son palpitant. Le résiné jaillit de partout.

- Je me suis fait bananer comme un collégien ! » a encore la force de dire Dragonneau en s’affalant avec trois bastos dans le buffet. Un cadeau vraiment inattendu.

Il aurait dû se défier du samedi !

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18 juin 2016

Problème de coordination (Joe Krapov)

DDS 407 Ornicar 1

Est-il allé chasser l’ornithorynque et le caribou en Laponie ?

Est-il parti prononcer l’oraison funèbre de Nicéphore Niepce à Caracas ?

Manger des oranges en Californie et y vider des carafons de vin local ?

Jouer les orpailleurs en Virginie du Nord sans fusil ni cartouches ?

Ramasser des oronges pour en garnir ses nids d’hirondelles qu’il carbonisera comme à son habitude ?

Forniquer à Carvin (Pas de Calais) ?

DDS 407 Ornicar 5

Vérifier si les orangs outangs de Tanzanie sont aussi caractériels qu’on le dit ?

Offrir une orchidée à la Mélanie de Brassens qui est devenue sœur carmélite ?

Orchestrer une symphonie pour 33 ukulélés dont un rose à Carquefou (Loire-Atlantique) ?

Chanter « Les trois orfèvres », « Nini peau d’chien » et « Dominique nique nique » au karaoké du 3e régiment de bistouquetterie paillarde du Touquet (Pas-de-Calais aussi) ?

Pousser des cris d’orfraie devant les nichons de Mariah Carey (il est un peu Tartuffe, cézigue !) ?

Essayer une robe d’organdi pour parader à Nice au prochain carnaval ?

DDS 407 Ornicar 2

Organiser le pique-nique annuel de l’Association des cardiologues végétariens ?

Planter l’oriflamme du nihilisme sur le plus haut sommet des Carpates ?

Jeter aux orties les nippes démodées de Donald Cardwell ou de Pauline Carton ?

Faire entrer à l’orphelinat la nièce du cardinal avant qu’elle ne parle à la presse des orgies au cours desquelles ce pied nickelé l’a caressée plutôt plus que moins ?

Réparer l’ordinateur du Manitoba qui semble tombé en carafe (aux dires des R.G. il ne répond plus) ?

Accompagner un ornithologue en caroline du Sud pour vérifier la thèse selon laquelle l’ortolan local niche plus longtemps dans les carrières de fonctionnaires que dans les carrières de gypse ?

DDS 407 Ornicar 3

Donner des cours de fraise des bois à un orthodontiste pour remettre à niveau ses connaissances en caries ?

Suivre un stage d’oracle à Delphes pour y apprendre, à partir de la dissection des animaux à carapace, à déterminer si elles peuvent avoir des orgasmes, les saintes-nitouches, à la mi-carême ou si pratiquer l’oratorio pour atteindre le nirvana est suffisant comme carburant.


Voilà j’arrête là mes hypothèses. Moi non plus je ne sais pas répondre à la question posée « Mais où est donc Ornicar ? »

Peut-être est-il à Orange ? Nijni Novgorod ? Carcassonne ?
En Orient ? Au Nicaragua ?
A Orléans ? A Nicosie ? Sur le Karaboudjan ?

Cette ordure, indéniablement, s’est carapatée !

4 juin 2016

Souvenirs, souvenirs (Joe Krapov)

 

J’ai la mémoire qui flanche, j’me souviens plus très bien…
Où sont passées mes pantoufles ?
Qu'est-ce que j'ai fait de mes clés, mes lunettes et mes papiers, mon veston, mon lorgnon, mon étui d'accordéon ?
Oui je sais, je perds tout mais c'que j'veux pas c'est qu'on se moque de moi !
Oh ! Hé ! Hein ! Bon !

Et d’abord
Qu'est-ce qu'il fait, qu'est-ce qu'il a, qui c'est celui-là ?
Qui a eu cette idée folle un jour d’inventer l’école ?
Que reste-t-il de nos amours ?
Où sont les femmes ?
Z’avez pas vu Mirza ?
Où sont tous mes amants ?
Qui suis-je ?
Est-ce ainsi que les hommes vivent ?
Mais qu’est-ce que t’as mis dans le café ?
Où vas-tu, Basile ?
Dis, quand reviendras-tu ?

Et d’abord
C’est quand qu’on va où ?
Où c’est que j’ai mis mon flingue ?
Qui a tué Devy Moore ?
Qui a le droit ?
As-tu vu la casquette, la casquette, la casquette du père Bugeaud ?
Qu’est-ce qui fait pleurer les blondes ?
Qu’est-ce qu’on attend pour être heureux ?
Quoi, ma gueule ? Qu’est-ce qu’elle a ma gueule ?
Comment te dire adieu ?

***

Mémoire, que serais-je sans toi ? Heureusement que tu es là ! Je me souviens encore, fort heureusement, d’un tas de choses fort utiles :

"Vercingétorix, né sous Louis-Philippe, battit les Chinois un soir à Roncevaux. C’est lui qui lança la mode des slips et pour ça mourut sur un échafaud. Il faisait "Zip" quand il roulait, "Bap" quand il tournait, "Brrr" quand il marchait. Je ne sais pas ce que c'était et je crois que je ne le saurai jamais. Il n’y a plus d’après à Saint-Germain des Prés !"

Et je m’en fous ! Parce qu’à part ces interrogations non-existentielles, tout va très bien madame la Marquise ! Je me rappelle très bien que le prénom d’Alzheimer était Marcel et que mon oncle Walrus n’aime pas les œuvres d’Alois Proust !
 

28 mai 2016

Moi aussi j'ai connu des pépins amoureux et cardiaques (Joe Krapov)

Le fait que je sois noir de peau n’a jamais été gênant, en quoi que ce soit, dans ma vie affective. Au contraire. J’étais grand, baraqué, jovial et surtout protecteur. Je plaisais énormément aux filles… et aux gars !

Il fallait juste, pour mes partenaires, accepter que je sorte beaucoup, que je passe ma vie au-dehors par tous les temps et y compris la nuit. Par manque d’exubérance, par trop de repli sur soi, l’amour né au printemps périt.

Au début, j’ai été gâté. Denise avait un travail de nuit dans une boîte du boulevard Saint-Marcel. Un hôtel. En fait elle travaillait devant l’hôtel. Le Stendhal était un de ces établissements dans lequel on commet un impair quand on est en manque. Un hôtel de passe. Elle était fille de joie pour hommes de peine ou hommes en peine.

Mais un jour elle est partie avec un de ses clients. Et elle m’a oublié là.

J’ai pu alors assumer pleinement ma bisexualité. J’ai d’abord vécu à la colle avec un avaleur de sabre. Cette période-là, quel cirque ça a été ! D’ailleurs, c’était dans un cirque. La preuve : je me suis acoquiné ensuite avec l’acrobate.

Et puis les affaires du chapiteau ambulant sont allées à vau l’eau. J’ai préféré jouer la sécurité en m’associant avec un vendeur de cravates qui m’a mis la tête à l’envers.

Ensuite il y a eu Barbara et Nantes ! Ah ! Nantes ! Rappelle-toi, Barbara ! Une ville faite pour moi vraiment ! On allait beaucoup place Graslin, place Royale, quai de la Fosse. J’aimais moins la Cigale et le passage Pommeraye où je m’étiolais à Demy, en fin, à demie. Nantes ! C’est incroyable comme il y a de Lola, enfin, de l’eau-là : la Loire, l’Erdre, l’île de Versailles.

Puis quand Barbara est morte je me suis replié sur Paris pour vivre avec Mary. « Paris est une fête » a dit Hemingway. Même en habitant près du cimetière le plus célèbre de la capitale, celui où sont enterrés Pierre Desproges, Frédéric Chopin et Jim Morrison, j’y ai vécu une vie de bâton de chaise. On allait même danser sur les toits avec Mary.

Seulement Mary est partie travailler à Londres et c’est à ce moment-là que tout a lâché, le cœur, la carcasse et le reste. Ce soir d’orage où je suis sorti noyer mon chagrin dans l’alcool, j’ai fini comme la lune de Goodis et Beineix, dans le caniveau. Con, cassé, concassé, désossé, tordu, déchiré grave.

Heureusement Marguerite m’a récupéré. C’était une vieille amie dont la silhouette se découpait dans la nuit depuis très longtemps sans que je la voie ou puisse la voir. Marguerite est une cantatrice roumaine. Elle ne chante pas très bien l’air de la reine de la nuit parce qu’il y a des jours où elle marche au radar. Mais Marguerite m’aime depuis toujours, secrètement, fidèlement, généreusement. Comment ai-je fait mon compte pour ne pas m’en apercevoir ? Comment n’ai-je pas deviné que cette souris était pour moi ? J’ai dû m’y prendre comme un manche ! Dieu merci, grâce à elle, j’ai le cœur rafistolé.

Et comble de chance, elle aussi est du genre qui sort la nuit, mène sa vie sens dessus-dessous et se marre comme une baleine.

Si vous voulez nous rencontrer, venez donc un de ces soirs dans cette boîte sélect où nous avons nos habitudes, « Le Grenier de la Mairie ». Demandez-nous au patron, Monsieur Fersen, mais de fait vous nous reconnaîtrez aisément : Marguerite est la chauve-souris et moi le grand parapluie noir. 

21 mai 2016

Seize haïkus irisés (Joe Krapov)

160518 265 016

Dans sa robe jaune
Au rythme du vent qui souffle
La gitane danse

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Si c’était l’oiseau,
L’iris jaune, alambiqué,
Ce serait la huppe !

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Charmes du sépia
Pour fêter Maman dimanche ?
Iris délavé ?

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Bouquet incueillable
Sauf à l’irisque et péril
De mouiller ses pieds !

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De ce paysage
Quel tableau serait venu
Au Douanier Rousseau ?

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De Rosny-sous-Bois :
Des bouchons à signaler
Etang d’Apigné 

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Piscine en plein air :
Pour garder la ligne d’eau
L’iris maître-nage.

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Pas monté du col,
Le bec dans ses plumes jaunes,
Le cygne sommeille.

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 Mystère, élégance,
Un côté déchiqueté :
L’iris noir et blanc.

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 Projet irisé :
Du toboggan arc-en-ciel
Je ferai mon miel

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 L’iris, contracté,
Ou pas, ne verra jamais
De pareilles choses

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 Fleur bleu métallique ?
Explication de gravure :
Un temps d’aquatinte !

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Folie que voir là
Un tableau signé Poussin !
Mais… Combien d’oiseaux ? 

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 Fin de l’opéra.
Pour l’actrice qui salue
Un bouquet d’iris ? 

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 Le jeune Osiris,
Sa silhouette égyptienne
Devant l’étang-ciel.

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 Enfance de l’art :
Sur le tépale inférieur
Y voir un bavoir !

P.S. Ce cher oncle Walrus m'a appris que l'iris d'eau est l'emblème de la région bruxelloise. Aussi ai-je concoté un diaporama-hommage avec la série photographique complète et la musique  du groupe 't Kliekske. 

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14 mai 2016

Viens Ampoule, viens Ampoule, viens ! (Joe Krapov)

- Voyons, tirez la langue et faites : "Aaaah" !

- Toi tu me fais de l'électricité ! Tu fais monter ma tension ! Pour n'pas tomber dans la lubricité, faudra que je fasse attention ! Tous les soirs tu m'allumes, le matin tu m'éteins mais même si tu dois tout faire sauter… Fais-moi de l'électricité !

- Dites 33 ?

- On dansait sur des machines, on chantait dans les clubs. De nous donner le meilleur, fais de nos corps les veilleurs, Cité ! J'ai le droit de citer, Cité, ton ÉLECTRICITÉ. Cité me rend tout excité, C'est ça la densité : danse, danse, danse ! Cherchons les formes au milieu du puzzle, changeons de forme !

- Et quand je vous fais ça, vous sentez quelque chose ?

DDS 402 Edison ébouriffé- Je n'ai toujours pas payé la facture d'électricité. Qu'est ce qui a bien pu nous arriver ? Nous ne sommes plus les mêmes depuis samedi dernier. Tu sais je l'avais pourtant rangée avec l'échographie du bébé ?

- Maintenant toussez !

- On se ressemble : nos pôles sont les mêmes ! A 220 volts, tu sais trop bien ce que ça nous donne !
Surfer sur les larmes,sur les courants ne nous mène à rien. Autant glisser les doigts dedans ! L’électricité, y a de l'électricité dans l'air, y a des étincelles, des éclairs, l'électricité qui nous fait ce drôle d'effet. Mais ailleurs, qui pourrait nous donner cette électricité ?

- Alors, Docteur ?

- Je suis désolé Mademoiselle Edison, mais il me semble que votre papa, à force de faire ses expériences sur l'électricité, a fini par péter les plombs. Je suis comme vous, je ne comprends rien à sa syntaxe, à sa façon ampoulée de s'exprimer. 0n dirait un langage du futur.

- Qu'est-ce que vous nous conseillez, Docteur ?

- Des vacances au Tyrol. Il y a à Sankt Wolfgang im Salzkammergut, en Autriche, une auberge sympathique où il pourra prendre du repos. Cela s'appelle "au Cheval blanc".

- Et pour ses cheveux, hérissés sur le haut du crâne depuis qu'il a mis les doigts dans la prise, vous avez un remède ?

- Du pétrole Hahn !

- En friction ?

- Non, en ampoules.


Ecrit avec la complicité de Joe Dassin, Jean-Louis Aubert, Miossec et Pascal Obispo dans le rôle de Thomas Edison.

7 mai 2016

Je déteste Disney ! (Joe Krapov)

DDS 401 Blanche-Neige

Au début, on était comme Adam et Eve, Daphnis et Chloé, Castor et Pollux, Rodrigue et Chimène, Roméo et Juliette, Roux et Combaluzier, Tarzan et Jane.

Je lui trouvais plus de beauté et de séduction qu’aux trois Grâces réunies.

C’était l’époque du début, celle que depuis Monet on appelle « Impression soleil levant ». Tout autour de moi avait pris les sept couleurs de l’arc-en-ciel. Je vivais sur un nuage. J’étais prêt à accomplir pour elle les douze travaux d’Hercule. A m’abstenir de commettre les sept péchés capitaux. Pourtant j’ai longtemps cru que je n’avais pas le droit de pénétrer dans les églises et que, n’étant pas croyant, ces interdits ne me concernaient pas. Pas plus d’intérêt pour la Sainte-Trinité que pour les dix commandements ou les dix Chatterley.

Avec elle, j’aurais voulu faire les quatre cents coups, passer mille et une fois mille et une nuits, j’aurais parcouru le monde dans tous les sens. Les quatre points cardinaux n’auraient pas eu plus de secrets pour nous que les quatre filles du docteur Marsh ou crève depuis qu’elles ont entrepris d’écrire 366 réels à prise rapide.

J’aurais escaladé les sept collines de Rome : l’Aventin, le Palatin, le Trissotin, le Picotin, le Capitole, le Pactole et le Quirinal.

A elle seule elle représentait plus d’aventures potentielles que mes dix-huit compagnons de jeunesse réunis : le club des cinq, le clan des sept et les six compagnons.

Elle était supérieure aux sept merveilles du monde, elle était la huitième et la neuvième de Beethoven réunies pour un hymne à la joie des choeurs et de mon cœur.

Bref j’étais éperdument amoureux d’Isaure Chassériau dont le portrait par Eugène Amaury-Duval est conservé au Musée des Beaux-Arts de Rennes.

Mais je crois que j’aurais dû consulter des voyantes. Deux ou trois voire plus si affinités. Elles me l’auraient peut-être prédit, les sept boules de cristal, qu’il y aurait quatre saisons dans notre vie d’amoureux.

J’ai longtemps cru, enfant, que les faits divers s’écrivaient « fées d’hiver ». Je n’avais jamais imaginé qu’il pût y avoir aussi des sorcières d’été.

Ce qui nous a perdus, ce qui a tué mon amour, c’est son affection débordante pour les animaux.
Un dalmatien, ça va. Deux passe encore, trois, bonjour les dégâts. Mais 101 !

DDS 401 Dalmatiens 2

Le premier s’appelait Dalmatheux, le deuxième Duffelcoat, le troisième Deltoïde puis vinrent Dagobert, Daffodil, Duralex, Dixieland, Djingle bells, Davidoff…

Le cent unième fut appelé Derdesders. Mais il y avait déjà longtemps que je n’en pouvais plus d’aller les faire sortir dans la rue pour leurs besoins du soir.

Qu’est-ce qui m’avait pris de tomber amoureux de cette tête de corde à nœuds, de ce lapin de Garonne, comme on dit à Toulouse, de ce gibier de quarantaine ?

Désormais je ne rêvais plus que de la quitter, de m’envoler cinq semaines en ballon, de faire le tour du monde en 80 jours et de n’en pas revenir.

DDS 401 bateau

Même encore maintenant, dans ce petit voilier au pied des falaises normandes je cherchais ce qui, avant que je ne fasse sa connaissance, avait pu, dans ma folle jeunesse, provoquer les cieux au point que je dusse recevoir un tel châtiment BrigitteBardotesque.

Avions-nous, un jour, été treize à table ? Avais-je froissé sept samouraïs, douze hommes en colères, huit salopards ? Avais-je eu dans un pays imaginaire, dans une vie antérieure, sept femmes et une barbe bleue ? Avais-je dérobé des bottes de sept lieurs et agi de telle manière qu’un ogre fût obligé d’égorger ses sept filles ? Faut pas poucet, quand même, j’avais fait des conneries, mais pas celle-là ! Je n’avais pas non plus, par sept fois, participé à une épreuve de lancer de nains au cours d’une épreuve de sports d’hiver, dans un paysage tout couvert de blanche neige.

J’étais abasourdi de chiffres, de souvenirs vrais ou inventés.

Quand je sortis de ma réflexion, je m’aperçus qu’une chose bizarre s’était produite autour de nous. Le vent était tombé, la barque n’avançait plus et il n’y avait plus de ligne d’horizon. Tout autour de nous la barrière de falaises s’était refermée et nous étions désormais à la surface d’un lac d’Auvergne mais sans possibilité aucune d’accoster.

Je tapai sur l’épaule d’Isaure qui se redressa.

DDS 401 Dalmatiens 3

- As-tu vu ce que je vois ? lui demandai-je.
- Ce n’est rien, me répondit-elle. Ce n’est pas pire que d’être coincé à bord du radeau de la Méduse. Quand les douze coups de minuit sonneront, tu te réveilleras et tu verras que tout cela n’est qu’un cauchemar.
- Vraiment ?
- Vraiment ! Et alors tu sortiras faire pisser Dakota, Desdémone, Delaware, Douaisis, Darrigade, Dyslexique, Dulcimer, Domino…

Je déteste Disney !

30 avril 2016

Lumières et poussières (Joe Krapov)

DDS 400

Non mais dis donc, Mina D. Almond ! Tu n’as donc pas d’ardoise ou de journal intime ? Qu’est-ce qui te prend d’écrire sur les murs de ta ville ? Hooligan-e à huit ans et demie ? Tu es une précoce, hein ?

Ca se voit à ton style. On sent bien que tu as très envie de devenir enseignante plus tard pour mener les mioches à la baguette ! Ton « observez les poussière » rappelle les problèmes d’arithmétique auxquels on nous confrontait jadis :

« Dites à quelle heure le train parti de A vers B à 8 heures 30 et qui roule à la vitesse de 130 kilomètres à l’heure rencontrera le sanglier parti de X vers Y à l’heure H, l’instant T…
Calculez le retard probable du train. Même si vous n’êtes pas une lumière, ne répondez pas : « 10 heures et des poussières », s’il vous plaît. »

Comment ? Qu’est-ce que tu dis, Mina ? Ce ne sont pas des mathématiques, c’est de la poésie urbaine ? Mais il fallait le dire, ça change tout parce que là, du coup, je m’y colle au mur de l’église. Et je rends mon devoir :



Oui, Mina, c’est vrai, on ne voit pas trop de poussière qui danse sur les photos. Normal, les poussières, c’est nous. Et moi, pour la danse, je vaux zéro. Par contre, pour la lumière, je puis te l'assurer, Toulouse vaut le coup !

 

160410 Nikon 369

 

23 avril 2016

Huit résumés d'œuvres diverses en quatre phrases (Joe Krapov)

Cher Monsieur Emile Euro

Veuillez trouver ci-joint huit énigmes pour votre jeu radiophonique de 13 h 45.
Il s’agit de faire deviner à vos candidats, à partir d’un résumé en quatre phrases commençant par « Bon, Mais, Alors, Et » le titre d’une œuvre de fiction (roman, film, chanson, poème) et son auteur.

Bonne continuation à vous et mes amitiés à Monsieur Emile Franc dont nous sommes sans nouvelles depuis un certain temps.

1

Bon, c’est l’histoire d’un type qui habite dans un jardin magnifique, immense, avec des fleurs partout, des arbres fruitiers, des jets d’eau, un endroit idéal où tout est prévu pour subvenir au moindre de ses besoins.

Mais une fois passés les premiers instants de joie de se trouver là à n’avoir rien à faire que se tourner les pouces, le gars commence à s’emmerder sévère.

Alors il va trouver le docteur D., « chirurgien esthétique et plus si affinités », et il lui dit que ce serait mieux s’il avait un peu de compagnie, ne serait-ce que pour jouer à la bataille navale.

Et le docteur D. lui répond que ça va lui coûter bonbon, pas les yeux de la tête, non, mais au moins une côte de la cage thoracique et Adam accepte et c’est depuis ce temps-là que les hommes et les femmes vivent ensemble en s’engueulant plus ou moins à propos de la place du gant de toilette dans la salle de bain, de la propriété de la télécommande ou sur « c’est à qui de descendre la poubelle aujourd’hui ? Moi j’ai fait la vaisselle, etc ».


2

Bon, c’est un gars qui travaille dans une banque, il est marié, sa femme est adorable bien qu’un peu féministe et plus si affinités et ils ont deux enfants agités comme le sont tous les enfants.

Mais justement la dernière nurse vient de rendre son tablier parce qu’on est dans le cadre un peu trop répandu de parents absents car surinvestis dans le boulot et le militantisme et on se demande bien pourquoi des gens pareils font des mômes.

Alors, comme on est en Angleterre, la famille passe une petite annonce dans le « Times » et, coup de bol inimaginable ailleurs qu’au cinéma ou dans la littérature, la nounou idéale leur tombe du ciel.

Et comme celle-ci est complètement gaucho-brindezingue-conte à dormir la nuit debout et adepte des méthodes d’éducation Freinet-Montessori-Dolto avant l’heure, elle fiche un bordel monstre dans la baraque en emmenant les enfants danser la java sur le toit, boire le thé des fous au plafond, détraquer le manège de chevaux de bois du parc et en provoquant, au prétexte de nourrir des pigeons, les prémices de la crise boursière de 1929 dans la banque où travaille le père qui devra se reconvertir à la fin du film dans la fabrication de « feel good » cerfs-volants .


3

Bon, c’est un type qui est né dans le Pas-de-Calais.

Mais ce n’est pas l’ami Bidasse pour autant.

Alors, malgré le charme tout bucolique et aligné des corons chers à Pierre Bachelet, malgré le climat enchanteur du bassin minier, malgré la beauté unique du clair de lune à Maubeuge, il monte à Paris pour y trouver du travail et il y fait la connaissance d’une Bretonne qu’il épouse.

Et bien évidemment, vingt ans après, on les retrouve au pays de la belle, à Rennes précisément, où le gars se fait, assez rapidement, une réputation d’amuseur public un peu trop intello mais à qui on pardonne tout parce que lui au moins, il a le courage de se lancer périodiquement dans la confection de ce fameux kouign-amann que tout le monde aime mais que tout le monde à la flemme de fabriquer et comment s’étonner après que tous les noms de bistrots, de coiffeurs et même les articles de « Télérama » et « 20 minutes » soient écrits en anglais plutôt qu’en breton ?


4

Bon, c’est un type qui a commis un crime abominable.

Mais même si l’histoire se passe il y a très longtemps, en des temps de loi de la jungle et de règlement de compte à OK Corral - le monde a-t-il vraiment changé depuis ? – il a mauvaise conscience d’avoir fait ça.

Alors il va à la Samaritaine, il achète des peaux de bêtes à sa femme et à ses enfants puis il déménage à l’autre bout du monde mais plus il s’éloigne, plus le souvenir de son meurtre le poursuit, à se demander si ça n’est pas déjà diffusé en boucle sur BFMTV et retweeté à l’ensemble de la planète voire plus si affinités !

Et ça prend des proportions telles que ça aboutit à des hallucinations auditives et à des visions épouvantables, si bien qu’à la fin le type en meurt et que, une fois qu’on l’a eu enterré, l’œil éclaire dans la tombe et regarde Caïn.


5

Bon, c’est l’histoire d’un gars qui va acheter son pain à la boulangerie tous les matins.

Mais il est un peu myope sans le savoir et il ne s’aperçoit pas que la jolie boulangère, séduite par sa beauté solaire et sa démarche lunaire est prête à lui donner son 06 et plus si affinités, il n’y aqua’à demander.

Alors, comme la situation perdure et que le quarante-cinq tours ne doit pas dépasser 2 mn 45, elle lui prend un rendez-vous chez un ophtalmo et le docteur Zigmund – car c’est lui qui a raconté l’histoire dans un billet qui pour une fois parle de croissants et non pas de baguette de nantis – lui prescrit de porter des lunettes.

Et donc, le lendemain de leur achat, il retourne à la boulangerie et en un éclair il s’aperçoit que la vendeuse est vraiment très chou, il lui déclare sa flamme toute religieuse, il l’épouse et ils font fortune en lançant une chaîne de pâtisseries bio pour bobos sans gluten décroissants mais au beurre.


6

Bon, c’est une dentellière de Lille qui est mariée et qui a son premier enfant.

Mais le bébé est un peu chiant vu qu’il ne veut jamais s’endormir le soir et qu’il hurle comme un malade.

Alors comme à chaque fois les hurlements du môme l’empêchent d’entendre ce qui se dit dans l’épisode du jour de « Plus belle la vie » et de comprendre où on est dans la saison 23 de « Game of thrones », elle lui chante une chanson mais plus elle chante plus le bébé crie et plus elle s’énerve.

Et à la fin, comme elle en a plus qu’assez et qu’elle habite au deuxième étage d’un gourbi à Wazemmes, « alle jette euch tchiot par el ferniète », ce qui signifie « elle balance le bébé dans l’indifférence générale et la cour par la fenêtre ouverte ».


7

Bon, c’est un oiseau qui a trouvé une proie intéressante et qui est allé se percher sur un arbre pour essayer de la becqueter tranquille.

Mais il y a un autre animal avec un museau pointu et une queue touffue qui l’a repéré et qui vient glapir des insanités au pied de son arbre.

Alors, comme le volatile a bien du mal à rester concentré pour désincarcérer sa bectance du papier alu qui l’entoure et que le baragouin de l’empanaché à propos de son taux de cholestérol commence à lui énerver un poil les plumes, il laisse tomber sa proie sur laquelle l’autre saute tout en continuant de jacasser dans sa langue de rastaquouère à laquelle le corbaque, qui n’a pas fait langues o, n’entrave que tchi.

Et on se demande bien comment le renard va faire pour bouffer sa « Vache qui rit » ® parce que nous qui sommes plus intelligents, qui avons un pouce opposable aux autres doigts et vivons dans un monde globalisé, on a toujours du bien mal avec la petite languette rouge !

8

Bon, c’est un type qui est parti faire la guerre avec ses potes du côté de la Méditerranée en laissant une femme et un mioche au logis sans un radis.

Mais voilà, sur la route du retour, le bateau perd son gouvernail et du coup l’équipage dérive d’île en île et le gars passe du lit de Circé à celui de Nausicaa, un peu comme on tombe de Charybde en Scylla, mais en plus agréable parce que Polyphème n’y trouve rien à redire, au machisme méridional et à la polygamie non-japonaise bien pliée.

Alors comme ça dure dix années et qu’on a autre chose à faire que de répondre à la question « Odyssée loin, l’Homérique ? » « Tais-toi et drachme ! » le gars finit par retourner chez lui.

Et là, à peine rentré, d’Ithaque au tac, il commence par engueuler sa femme parce qu’elle n’a pas terminé sa tapisserie et qu’elle a laissé mourir le chien « qui aurait pu lui servir de balise et du coup il serait rentré plus tôt, non mais, dis donc ! » et si vous voulez mon avis, Mesdames, des héros comme ça, il faut les envoyer se faire voir chez les Grecs !

 

P.S. Pour lire la solution, retournez l’écran de votre ordinateur, SVP.

 

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16 avril 2016

Enlisement sévère (Joe Krapov)

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Derrière la vitre un bateau
Qui ne verra jamais la mer.

Combien donnerait-il au bas mot
Pour quitter son quadrilatère ?

La croisée des chemins,
La croisée des fenêtres...

L’ambiguïté des voies d’eau
Qui ressemblent à des miroirs,
Les canaux en longs dévidoirs
Où sombrèrent les amiraux,

Et les rimes croisées
Et les crimes rusés…

Les péniches, maisons jointes
Au long du canal, contrepoids
Aux légèretés de Lapointe
Qui nous mettent toujours en joie,
Je les ai croisées à Toulouse ;
Elles m’ont plu comme, autrefois,
Celles qui transportaient un blues
Simenonien, de bon aloi.

Sur le canal du Nord
Et celui du Midi
Tout un monde s’endort.
Mon poème est fini.

 

9 avril 2016

99 dragons : exercices de style. 34, Phylactère ibérique (Joe Krapov)

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2 avril 2016

A qui appartiennent ces chapeaux ? (Joe Krapov)

A qui appartiennent ces chapeaux ?

Répondez par A, B ou C et comptabilisez vos réponses A, B et C.
La solution est à la fin du billet avec votre profil psychologique établi en fonction du nombre de A, de B et de C que vous aurez cochés.

Walrus Maurice Chevalier copie 

A. Zozo

B. Maurice Carême

C.  Le chevalier Bayard

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 A. Nancy Klopédik

B. Eliane de Twitter-Douze

C. Aline-Diana Djones

  

Walrus charlot-patine-02

A. Karl I. Capeline

B. Alfred de Musset qui a écrit "On ne patine pas avec l'amour" 

C. Charles O. Guthrie

MAP Madame Chapeau copie

A. Mlle Beulemans

 B. Léontine Coppenolle

C. Amélie Nothomb

Walrus Haddock

A. Le capitaine Achab

B. Archibald O. Maccione

C. Le père Bugeaud

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A. Mary Hopkin

B. Elsa Poppins

C. La reine d'Angleterre

Walrus Napoléon

A. Le fou du premier étage, celui qui se prend pour Jules César.

B. Chapeauléon Bonnet-de-Martre

3. Le Musée des Invalides

MAP Picsou

A. L'oncle Sam

B. Onc' Walrus

C. Emmanuel Macron

 

Walrus Sherlock

A. Le docteur Watson

B. Le commissaire Maigret

C. Ce dear Bram Stalker

MAP Robin

A. Robin Williams

B. Rachel Desbois

C. Iznog Hood 

Walrus et map chapeau melon-et-bottes-de-cuir

A. Des agents très spéciaux

B. Hercule Poirot et Miss Marple

C. Le morse et le charpentier

Walrus Tartarin

A. Pierre Loti

B. Mamadou Banania

C. Le zouave du Pont de l'Alma

Walrus Tournesol

A. Le professeur Tourneboule

B. Le petit chimiste amusant

C. Tryphon de Lairéfrais

 

Si vous avez répondu A, B ou C à une seule des propositions qui vous étaient faites sous ces images, dites-vous bien que vous avez tout faux : ces chapeaux appartiennent à nos admins préférés !

Ils supportent et mettent en ligne depuis si longtemps mes élucubrations - et les vôtres - que cela valait bien, à l'occasion de ce défi, un grand coup de chapeau !

Avec les amitiés du neveu fou !

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26 mars 2016

Une fuite d'huile (Joe Krapov)

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Extrait du journal intime de Delphine Durand :

C’est devan sette porte que tout a comancé.

C’est devan sette porte que tout a comancé à foarer !

Déjà Madame Rochet (c’est Manman) avait perdu la clé du garage. Monsieur Durand (c’est Papa) a sorti son paspartou, il a crochté la cérure en disant « Sézame ouvre-toi » et la porte s’est ouverte. Mon papa, il pourait être un roi de la kambriole si qu’il voudrait !

Ensuite la berline était pas très belle. Une caisse verte avec des roues jaunes citron. Hiper kitsch, super esbrouffe.

- C’est quand même une six-chevaus, a dit M. Durand (c’est papa). Avec ça on devrait trasser.

Mais le pire c’est quand on a sorti du cofre une robe de Marie-Thérèse (c’est ma sœur) et qu’on a comandé que je l’enfile. Alors j’ai pleuré. Un garson sa s’habille pas en fille quand mème ! Mème pour partir en vacances ! Madame Rochet (Manman) qui fait gouvernante maintenant a dit :

- Un garson sa pleure pas, non plus !

Elle m’a filé deux tartes et j’ai arété de pleuré. J’avais compris qu’il ne fallait pas « tiscuté ».

- A partir de maintenant tu t’apèles Delfine et tu te tais, jawohl ?

Alors j’ai obéi et j’ai fait du boudin pendan tout le voyage vers chez Tonton Léopold.

Quand on part en vacances, dans la famille, on voyage de nuit parce que… « Parce qu’on fa loin et que les enfants torme tans la foiture. Ca fatike moins le cocher et on n’est pas oplichés t’infenter tes cheux à la con pour les okupper ».

Pourtant sette année, même en partant de nuit, Papa et Manman ont mis le paqué, kestion distractions. C’est carément le carnaval !

Louise-Elisabeth, notre gouvernante, c’est déguisé en barone russe ! Madame de Korff qu’on doit l’apelé ! Elle s’y croit un maksimum ! Elle a pris un air pinsé, mis sa plus belle robe et elle a exijé d’avoir la place du milieu dans le sens de la marche « sinon je vomi » ! Bonjour l’anbianse !

Marie-Thérèse et moi nous sommes les filles de la barone. Monsieur Durand (c’est papa) est son valet de chanbre. Tante Elisabète, qu’il faut apeler Rosalie, est la dame de companie de la barone Russkoff. Manman, qu’il faut apeler Madame Rochet, est notre gouvernante. C’est d’un drole, ce jeu !

- On est inconito, nous a espliqué Papa, enfin, M. Durand. Persone doit savoir qu’on va chez Tonton Léopold alors on dit qu’on retourne chez nous à Franquefort.
- C’est quoi alors notre nom ? Korff ou Inconito ? j’ai demender.
- Inconito, sa veut dire ni vu ni connu je t’embrouille » a répondu Marie-Thérèse qui a bien voulu, elle, qu’on la rebatise Marinette.
- Et pourquoi nos domestics ont une livrée jaune aujourd’hui ?
- Ca fait aussi partie de l’inconito.
- C’est très voyant, je trouve, l’inconito.
- Arète de jacacer, Delfine. Il est deux heures du matin. Vous avez le droi de dormire, les enfans.

J’ai fermé les zyeux et j’ai fait çamblan de roupiller. Mais j'ai pas dormi. Trop eksité ! Il y a eu un long silence et puis papa a dit :

- Nous avons déjà une heure et demi de retar sur l’orair prévu. Qu’avé-vous fichu entre minuit dix et 0 h 35 ? On s’est inkiétés !
- J’ai cherché tu pin pour faire tes santouiches aux petits. Pas troufé un poulancher t’oufer. Ils font quoi la nuit ? Des patars ?
- Des patars ? Ah, des bâtards ! A 5 heures, pas à deux. Quand Paris s’éveille.
- Che n’ai que te la prioche racisse.
- Comme moi ! a plaizanté Papa en tapant sur sa beudène.

Après j’ai dormi vraiment. J’ai levé un œuil à Bondy à 2 h 30. Manman est allé dehor embracer Monsieur Aksel qui nous avait acompaniés à coté et devait retourné à Paris.

A quatre heures le cabriolaid des femmes de chanbre nous a rejoint à Claye-Sully. Elles sont folles de roulé tête au vent !

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A dix heures du matin on s’est arétés à Viels-Maison, à l’Auberge du Surgelé, tenue par François Picard depuis trois générations.

Après Chantrix, à 14 h 30, la voiture a failli vercé par deux fois car les chevaus se sont afalés. A l’intérieur de la berline je me suis mis du verni sur les ongles et Marinette m’a mis du rouge aux lèvres. Puis j’ai comancé un journal intime dans lequel je raconte le voyage des Inconito chez Tonton Léopold qui est devenu la barone de Korff et qui habite le pays des saucices de Franquefort où les markizes porte des choucroutes.

A 16 heures, à Châlons-en-Champagne, M. Durand (c’est papa) n’arétait pas de pesté :

- Quatre heures de retard ! Quatre heures de retard !

Mme Rochet (Manman) a dit :

- Fous les hommes, en foyache il n’y a que la moyenne qui conte !

A 19 h 55 on s’est arétés pour manger à Sainte-Ménehould. Après je sais pus. J’ai dormi beaucou. On n’est pas allés plus loin que La Varenne où nous avons trouvé le pont de l’Aire baré par des gardes fransaises. Ils nous ont dit qu’on ne pouvé pas prendre la fille de l’Aire alors on a fait demi-tour.

***


Tant pis pour Tonton Léopold mais moi je suis contan quand même : depuis qu’elle n’est plus Marinette, Marie-Thérèse m’a prêté des poupées et je m’amuse bocou à les habillé et les déshabillé.

Papa lui n’est pas contan. Il n’a pas apressié qu’on l’assignat de nouveau à rézidance.

- Quand on hapite les Tuileris, il n’arife que tes tuiles ! » a dit Manman.

Papa a jeté le journal du matin à la poubèle. J’ai eu le temps quand même de lire le gros titre : « Une fuite d’huiles ! ».

Pourquoi il a mis un s à « huile » ? Il est nul en ortograffe, ce Jean-Paul Marat ! 

 

19 mars 2016

Si tu ne fais pô fortune, tu seras riche quand même de tes vagabondages (Joe Krapov)

poudrerie

A la fortune du pot-aux-roses, la lumerotte est allumée. Un vent de vérité est venu en tap-tap. De vigousses chafouins lèvent les coins du tapis. Quelques lanceurs d’alerte complètement fadas fouillent dans les placards, y cherchent des cadavres, ignorant qu’on en vend à la pelle chez le dépanneur le plus proche. C’est trop fort de ristrette ce temps de poudrerie ! Il drache du scandale, en veux-tu en voilà ! Plus aucun champagné ne se sent à l’abri ! Où donc a disparu l’épineuse protection de ces jardins secrets où nous cachions le pire de nos activités sous des pétales embaumants ?

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A la fortune du pot-de-vin j’arrose les notables, je soudoie le chafouin, corromps le champagné. Je joue le dépanneur en larges dessous de table, je fricote à tout va dans l’arrière-cuisine à la lueur des lumerottes, je fais dracher, et dru, les rétro-commissions, je suis à moi tout seul le lobby des ristrettes, il faudrait être fou pour répondre autre chose que noir à la question « What else ? ». Je roule dans la farine et dans mon vieux tap-tap les plus vigousses des enquêteurs du clan sceptique. Magie blanche, illusionnisme, rideau de fumée, poudre aux yeux, coke en stock et poudrerie : tout l’arsenal du marchand d’armes, je le destine à qui s’alarme. Nous avons les moyens de vous faire taire, cimenté six pieds sous terre. Même un sing think tank ne nous fait pas peur.

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A la fortune du pot d’échappement le tap-tap s’en va, peu vigousse, entame un tour du monde magique et mystérieux. Le chauffeur a bu son ristrette, a allumé ses lumerottes, le moteur tourne rond. Tous les fadas du bled sont montés à l’arrière. Pas un seul chafouin dans la bande. On a dévalisé Jojo le dépanneur et mis les victuailles en paniers sur le toit. On se sent plus puissants que le plus riche des champagnés du pays. Le bonheur en poudrerie étincelle sur tous les visages. C’est si bon de quitter le pays de la drache ou celui de la terre qui tremble pour gagner la contrée des rêves éveillés.

dépanneur

A la fortune du polochon volent les plumes du langage, une poudrerie de mots blancs semés au-delà du sommeil par des locuteurs si vigousses que mes oreilles résonnent encore. Il drache des carabistouilles dans les rues de Bruges-la-Morte. La Provence a fourni des félibres fadas, débordants de fadaises : le sous-préfet aux champs, couché dans le chafouin, s’entiche des dentelles du chapeau de Mireille. Aucun dépanneur québécois ne pourra jamais rien pour le tap-tap en panne de Dany Laferrière. Dans ce lit cot-conneux où je coince la bulle, si je suis le rêveur, je n’ai pas pour autant l’âme d’un champagné. Lorsque le réveil sonne, cette statue de sel de la francophonie s’effondre en poudrerie. Je me lève, m’habille et vais me consoler de cette nuit presque blanche en buvant le plus noir des ristrettes.

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A la fortune du poème j’emprunte un rond de poudrerie, un dollar bien vigousse de rimaille, une armada de billets « vers plus que fadas ». Je lui carotte des lumerottes, je le tape d’un ticket de tap-tap, je lui soustrais de quoi laper une ristrette à la buvette. La poésie n’est pas chafouine, elle se fait un honneur de jouer au dépanneur et s’il drache du rythme, si la musique me soûle et fait danser la foule je serai champagné, serpentin, cotillon, roi vaudou, fou du slam, danseur d’épithalame. Et je rembourserai le poème en liquide. Sur vos têtes étonnées drachera la plus humble et la plus envoûtante de mes forfanteries : assaut de fantaisie, char de corso fleuri, grosses tête en carton-pâte, carnaval de mots choisis, sonnets emplis de confettis, chapelet de krapoveries. Car j’aime, à la fin du poème, qu’il pleuve parfois des saucisses.


P.S. Si vous avez besoin d'un petit lexique pour les dix mots de la francophonie 2016, c'est ici !

12 mars 2016

C'est kitsch qui s'y colle ? (Joe Krapov)

8b965bb9La tarte aux quetsches, c’est kitsch !


Le guignolet-kirsch, c’est kitsch !

Les matches de catch, c’est kitsch !


Refaire le match avec sa tchatche, c’est kitsch !


Lire un vieux Marie-Splatch (ou le dernier Paris-Match), c’est kitsch !

Les guitares Gretsch à demi-caisse, c’est kitsch (mais si on m’en offre une je ne la refuserai pas) !

 

  

05e3663aLes montres Swatch, c’est kitsch !

Se prénommer Vladimir Il’itch, c’est kitsch !


Certains potlatchs sont kitsch !

Le pèlerinage à Latché, c’est kitsch !


La datcha de Gorbatchev, c’est kitsch !


Porter un patch, c’est kitsch !


Le Thatchérisme, c’est kitsch !


La pochette de l’album de Neil Young « On the beach » est kitsch !


 


4e52dc28Se faire le look de Robert Mitchum, c’est kitsch !

Une journée d’Ivan Denissovitch, c’est kitsch !

Se souvenir de Leonid Pliouchtch, c’est kitsch !

Dénigrer Nietzsche, c’est kitsch !


Raconter le pitch, c’est kitsch. Surtout si Olive spoile Popeye.


La quiche lorraine, c’est kitsch !


Richie Furay c’est kitsch mais j’adore quand même Buffalo Springfield.

“Hey teachers leave that kids alone”, c’est kitsch !

 

 

 

3ccf88d5Manger des tartines aux îles Sandwich, c’est kitsch !

Butch Cassidy et le Kid, c’est kitsch !


Le kitsch , c’est kitsch !


Se soûler au scotch en ayant un slip sous son kilt, c’est kitsch !


Ne pas avoir de coach, c’est kitsch !


 

 

 

 

 

 

9a5562d0La plage de Sotchi, c’est kitsch !

Blutch, c’est kitsch !

Ne pas connaître Blutch ni les Tuniques bleues, c’est kitsch !

"Adios muchachos" et "Buenas noches" sont des formules de politesse. La politesse, c’est kitsch !

 

 

 

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Sprechen Deutsch, c’est kitsch !

Donner des zotches ailleurs qu’à Dunkerque, c’est kitsch !

Le générique de Starsky et Hutch en français, c’est kitsch !


Rêver de rétablir le tsarévitch sur le trône russe, c’est kitsch !


S’appeler tovarichtch, c’est kitsch !

Tenter un putsch pour devenir duce, c’est kitsch !



 


 

 

f965393bManger du bortsch en compagnie de Robert Hirsch en écoutant du Bratsch tout en parlant sotto voce, c’est kitsch !

Hitchcock en Hotchkiss et Atchoum en smoking, c’est kitsch !

Beloved witch, ma sorcière bien-aimée, c’est kitsch !

 

 

 

MAIS

ça ne l’est pas autant que la collection de tableaux de M. Champollion 08. Vous pouvez la voir ici :http://champollion08.blogspot.fr/search/label/Tableaux

 

 

c03f148eCEPENDANT, n’allez pas rire s’il vous plaît après avoir vu cette incroyable accumulation de tableaux hyperréalistes, de peintures de genre, de tableaux pompiers, de couvercles de boîtes de chocolat.

En effet, nulle part dans le texte qui précède je n’ai écrit que j’avais quelque chose contre le kitsch.

Et pour cause : je me prénomme Iosif Ilarionovitch et je suis donc moi-même hyper-kitsch !

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5 mars 2016

L'empereur des mers (Joe Krapov)

Rien n’est régulier
Pour marquer tempo
Comme un métronome.

Trois temps d’une valse,
Le bal est ouvert,
Les robes froufroutent,

Les pieds virevoltent,
Les têtes s’enivrent,
Les cœurs se rapprochent.

La boule à facettes
Envoie dans le ciel
Des étoiles d’or.

Les encravatés
Secouent les deux pans
De leur queue-de-pie.

Les diamants scintillent.
On voit tournoyer
Des plumes de paon.

Tout au long du soir
Les morceaux s’enchaînent.
La nuit est à nous .

L’orchestre est parfait,
Le pianiste adroit,
Les violons légers.

C’est qui ce pingouin
Qui s’enfile au bar
Des shoots de vodka ?

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Pas manchot le mec !
C’est fou c’qu’il s’envoie
Derrière la cravate !

Mais bonjour, demain,
La casquette en plomb !
C’est le capitaine ?

Oh ! Pas d’inquiétude !
Le second est sobre
Et tout ira bien,

Tout au moins jusqu’à
Ce moment fatal
Que nul n’a prévu

Où le paquebot
Croise sur sa route
Un iceberg perdu,

Glaçon tressautant
Dans l’apéritif
D’un siècle arythmique

Et alors… Plouf !

 

Titanic face aux métronomes réduit

16 janvier 2016

99 dragons : exercices de style. 32, Genre "Après la bataille" mais sur les traces de Pérec (Joe Krapov)

REMY SANZEAU, BIENFAITEUR DE L’HUMANITE SAUF SI ELLE EST VEGETARIENNE

La bête était gigantesque, effrayante, dangereuse mais le petit gars, Rémy Sanzeau, avait réussi à l’exterminer. Sa lance avait transpercé la carapace, sa Durandal à lui, épée bénie des dieux, ancêtre d’autres Excalibur à venir avait tailladé dans le gras, les pustules, le ventre et les membres du bestiau, avait fait jaillir le sang sur le tablier blanc du dépeceur. Et c’est bien ce que Rémy était en train de faire, se payer sur la bête, tel que cela avait été établi préalablement avec le chef des tribus libyennes, Hafez Keujdi Ibn Paskeujfez qui avait fait appel à lui et à d’autres, plus pleutres, qui s’étaient esbignés devant la rude tâche. Lui n’avait pas fui et avait vaincu.

- Si je te débarrasse de cette enflure-là qui sème la terreur et la calamité dans tes terres, avale sans leur enlever la laine les brebis de tes paysans, réclame en guise de cerise sur le gâteau la chair de ta chair, la main et le reste de ta fille chérie, autant dire le beurre et l’argent du beurre de la crémière ; si je te libère de cet empêcheur de vivre libre et heureux, je ne te demanderai qu’un seul avantage en échange de ce service. Je désire m’établir marchand de viande en tes terres. J’ai les crédits nécessaires qui me viennent d’un héritage familial, les certificats vétérinaires du cheptel et les diplômes nécessaires que j’ai acquis après cinq années d’études à l’Université de Rennes 3.
- Kèkséksa, Rennes 3 ? avait tiqué Hafez Keujdi.
- C’est une université étrangère dans un pays qui s’appelle la Gaule et s’appellera plus tard la France mais avant ça il y aura en icelle le duché de Bretagne. C’est là qu’est-Rennes.

Epaté par tant de science, d’aisance et aussi par le peu de salaire qui lui était demandé, le chef de tribu un peu pingre avait accepté le deal. C’était, avait-il dit au grand vizir Itiz Verybad, du gagnant-gagnant à 100%.

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***

Et maintenant le magasin, que dis-je, la chaîne de magasins RSC, « Rémy Sanzeau Charcutaille » était installée dans chaque village de Libye, fréquentée par les ménagères avec leur petit panier et appréciée de leurs maris avec leurs grands appétits. Plus aucune nécessité d’aller chasser et tuer les animaux en vue d’assurer la subsistance de la famille. Rémy Sanzeau et ses équipes assuraient l’emplissage rapide des caddies ® et ensuite celui des ventres, travaillant ainsi au bien-être suprême de chacun. Ses chasseurs tuaient les bêtes sauvages, ses éleveurs abattaient les animaux dans les fermes, ses vendeurs débitaient la marchandise et des salamalecs du genre « il y en a un peu plus je le laisse ? » aux clientes béates.

« Maintenant, est-il écrit dans le dernier bulletin mensuel de la start-up, le secteur tertiaire peut prendre de l’ampleur et la Libye devenir une puissance de premier plan en marchant à pas de géant (« walk like a giant » in the british language) vers un futur aussi bien garni qu’un filet gagné à la kermesse miraculeuse de Dargif-Al-Sur-Yvette. Car derrière chacune des vitrines d’RSC, à l’arrière de chaque tête de veau garnie de persil dans les narines, c’est carrément Byzance ».

Et cela est bien vrai. Dès que la cliente a pénétré dans l’établissement elle peut admirer des quartiers entiers d’une viande luisante, dégraissée, apprêtée, appétissante, suspendue à des esses rutilantes : des chapelets de saucisses, du salami venu du Danemark, de la hampe, de l’araignée, de l’échine, du jarret, du gîte, de la perdrix, de la caille, du faisan, de la biche, du chevreuil ; et, parce que RSC est aussi très vite devenu traiteur et vend des plats préparés, de l’aiguillette de sanglier, de la vraie daube qui n’est pas « de la daube », du pâté de marcassin, du filet de rumsteck au vinaigre de cidre, des paupiette de la reine Paulette, du magret de canard, des travers, des pieds panés, de la queue aux herbes, du petit salé aux lentilles, du speck à l’Appensell, du civet de lièvre, des grives au genièvre, des gésiers, du saupiquet nivernais, du ris de veau à l’ancienne, de l’aillade, du fricandeau, des tripes, de la pissaladière au lard et aux graine de carvi…

Et dans les chaumières, les cuisines et les salles à manger, quelle activité ! C’est sûr, ça y va de la fricassée, de la quiche, du pâté de tête, du parfait au Muscat de Rivesaltes, de la caillette, de la langue, de la crépinette de pieds, du cake charcutier, de la terrine au piment d’Espelette, de la palette fraîche au lait, du carré au cidre, de la ventrêche, des petits farcis, de l’échine à la bière de garde, du curry d’agneau, de la blanquette arrière, du cabri au lait…

Et vas-y que je te barbecute au crépuscule d’été ! Que je te pause sandwich aux rillettes dûment préparées, que je te fais le lit de verdure au carré d’agneau, que je te me repaye une tranche, que je te tartine à l’envi, que je te tajine de pintade aux mirabelles, que je te sers la pastilla aux épices, que je te gave de hamburgers…

Seuls les végétariens crachent sur cette réussite parce qu’elle ne va pas dans leur sens. « C’est cinq fruits et légumes, pas cinq cent grammes de steak haché par tête de pipe et par repas, bande d’adipeux et de gras du bide ! ». Sachant que le grincheux traverse les siècles, le fait qu’ils étaient déjà là en ces temps anciens n’a rien de surprenant.

Ce qui reste inexplicable cependant et d’une injustice flagrante, c’est que Rémy Sanzeau a disparu des tablettes. Aucun livre, aucune revue, aucun article, aucun universitaire ne fait état dans ses travaux de l’existence, grâce à lui, d’une ère bénie de la Libye débarrassée d’un tyran aussi légendaire qu’animal par un petit apprenti en chemise bleue à petits carreaux, tablier blanc et petit chapeau carré, blanc lui aussi, sur le chef.

Il faudra attendre les années 1940 et 1950 et même plus si affinités. Le célèbre dessinateur Hergé, auteur des « Aventures de Tintin » a repris vraiment très brièvement dans les cases de sa bande dessinée ce que je viens de narrer en détail à mes lecteurs et lectrices chéri(e)s. Il en a fait un gag très récurrent dans lequel un marin barbu en retraite qui habite un ersatz du château de Cheverny est sans cesse dérangé par des appels mal dirigés par la dame du « Fil qui chante » (j’ai aussi lu Lucky Luke et dans le même genre, il y avait également le gag du 22 à Asnières de Fernand Raynaud).

Qui plus est, Hergé s’est quelque peu planté dans la graphie en transcrivant « Sanzeau ». Ce malentendu vaudevillesque est parfaitement injuste, gars Rémy, mais c’est la vie. Heureusement que je suis là et que je peux, si ça aide, rétablir la vérité des faits !

DDS 385 Boucherie Sanzot

 P.S. Ami lecteur, amie lectrice, tu l’auras peut-être remarqué ? Dans ce texte à la Pérec n’apparaît jamais la quinzième lettre de l’alphabet, ce qui, en un sens, ne manque pas de sel !

19 décembre 2015

A quoi ça sert que le fou d'uchronie se décarcasse ? (Joe Krapov)

louis-16-a-varennesUne demi-heure plus tard, on arriva dans un petit village appelé Varennes. Personne n’y reconnut le roi tant son déguisement de valet simple d’esprit, d’homme qui avait perdu la tête, était excellent.

Une demi-heure plus tard, le feu n’ayant pas pris sur le bûcher de Jeanne, on la libéra de ses liens et on lui promit la vie sauve contre la promesse qu’elle rentrât chez elle à Domrémy afin d’y garder ses brebis. « Il n’y a pas de raison que les générations futures vous fassent la fête le premier mai. Ce jour-là, c’est la fête du travail et vous, tout ce que vous avez décroché jusqu’à présent, c’est un CDD de porteuse d’armure. Retournez faire vos preuves sur le terrain, revenez à vos moutons et on en reparlera ensuite. Et arrêtez de jouer avec ce téléphone portable ! Dites-vous qu’il n’a pas encore été inventé à notre époque ! Ce doit être un patrouilleur du Temps qui l’aura égaré !» conclut le capitaine Anderson en la menant aux portes de Rouen.

Une demi-heure plus tard, on attendait Grouchy et ce fut lui qui arriva. « Il n’y avait pas de raisons que ce fût Blücher, surtout en période de soldes » commenta l’Empereur.

Une demi-heure plus tard, un nommé Ravaillac qui passait rue de la Ferronnerie glissa sur une merde de chien et s’étala de tout son long. Pour une raison inconnue de tous il avait à la main un énorme poignard sur lequel, dans sa chute malencontreuse, il s’empala. L’homme ignorait sans doute la chanson que le poète anglais Kevin Ayers interpréta jadis à l’Elysée Montmartre :

" La ville de Paris est très belle
Champs-Elysées, Tour Eiffel
Mais sur les trottoirs de Paris
Y’a quelque chose de pas joli :
Caca, caca, partout caca ! "

Une demi-heure plus tard, la Bastille était prise. La populace hurlait : « Libérez nos camarades ! » mais il s’avéra qu’à l’exception d’un aristocrate enfermé là en raison de ses écrits licencieux, lequel ne désira même pas sortir de sa cellule, la prison était vide d’occupants.
- Tout ça pour ça ? se demanda le peuple. Et pour que l’on construise ici un opéra très moche ? Non merci !
Et ils retournèrent tous prendre la diligence de 8 h 47 pour Domrémy. Là-bas ils s’y firent engager comme bouchers-dépeceurs dans la fabrique de gigots de moutons de la famille Darc.

Une demi-heure plus tard, l’empereur avait pris sa décision. Plus question de se faire sacrer ni d’enquiquiner les mômes avec cette idée folle d’inventer l’école. Il se planta des fleurs dans la barbe et partit élever des chèvres au Larzac. Peu lui importait désormais d’unifier l’Europe des Goths, des Wisigoths, des Ostrogoths et des ophtalmos joueurs de go. « Bien entendu, se justifia-t-il, on peut sauter sur sa chaise comme un cabri en disant "l'Europe !", "l'Europe !", "l'Europe !", mais cela n'aboutit à rien et cela ne signifie rien. Et puis d’ailleurs, cabri, c’est fini ! ».

Une demi-heure plus tard, l’archiduc décida subrepticement d’annuler sa visite à Sarajevo et de venir chez moi pour fêter mon anniversaire.

Une demi-heure plus tard je tournai la dernière page de mon livre d’"Histoire de la France parallèle et par Toutatis". Je songeai que si j’en recopiais quelques passages piochés de ci de là, mon Défi du samedi serait vite écrit. Cela aurait pu sembler malhonnête mais j’eus l’idée d’entreprendre des recherches.

 

arrestvaren

Une demi-heure plus tard, j’étais complètement rassuré. J’avais découvert sur Internet qu’avec Gilles Debinche et Mick D. Bill, Toutatis était un autre de mes pseudonymes ! L’honneur était sauf.

Une demi-heure plus tard le royal carrosse s’enlisait dans la vase à Soissons. Pendant le désembourbonnage, un dénommé Clovis Trouille identifia une des passagères comme étant la reine Marie-Antoinette. Ce n’était pas malin non plus, en ces temps de disette, de s’empiffrer goulument de brioche sous le nez et la barbe des prolétaires.

 

Adieux de Fontainebleau

Une demi-heure plus tard, on annonça que tous les vols à destination de Sainte-Hélène étaient annulés. L’Empereur tenta alors d’échapper à ses gardiens. Il y laissa sa chemise mais parvint à s’enfuir et à regagner Fontainebleau.

Une demi-heure plus tard, Laure Manaudou exultait encore. C’est qu’on n’arrête pas aussi facilement qu’on ne le croit un orgasme familial et olympique.

Une demi-heure plus tard, le canard était toujours vivant.

12 décembre 2015

Expérience (Joe Krapov)

Il a suffi d’un seul regard pour qu’il comprenne et qu’il se dise :
« Cette souris est pour moi ! ».

Il a lissé ses moustaches, s’est approché de la table où elle trônait, traversant le halo des projecteurs dirigés vers l’orchestre.

Tout le monde a remarqué son complet gris bien coupé, son élégance naturelle, même elle, surtout elle, mais elle n’a pas laissé paraître le moindre signe d’émotion.

Elle était vêtue de fourrure blanche et cependant, il n’y avait rien d’affriolant ni de trop ostensiblement luxueux dans sa parure.
Personne n’aurait pu penser, en l’observant, que ce regard échangé entre eux avait fait naître chez elle, en écho, cette réflexion un poil scélérate : « Toi, toi, mon toi ! Si je te prends dans les mailles de mon filet, tu seras mon lion superbe et généreux mais tu ne m’échapperas pas ! »

Quand l’orchestre a entamé un tango, aucun des deux n’a pu ronger son frein plus longtemps. Il s’est approché encore plus, elle s’est levée, ils sont tombés dans les bras l’un de l’autre, ils ont dansé, presque immobiles, et dans le laboratoire silencieux, les chercheurs ébahis n’en sont pas revenus : l’expérience avait réussi !  

7 novembre 2015

Mythomanie (Joe Krapov)

Je n’aime pas que l’on me dise
Mes quatre vérités. Sans vantardise,
C’est réducteur.


Des vérités, j’en ai des tonnes,
Une par personne.


Faites la somme :
Aux dernières nouvelles nous sommes
Sept milliards de boni-menteurs.

DDS 375100418_137

 Photo prise au carnaval de Nantes le 18 avril 2010

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Le défi du samedi
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