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Le défi du samedi
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16 avril 2016

Carolina (Pascal)


Pendant l’escale à Wilmington, nous eûmes, comme à Salvador de Bahia, beaucoup de succès. Vitrine du beau Pays de France, le sourire de faconde toujours de sortie, notre fameux pompon rouge que ces demoiselles se pressaient de toucher, le prestige de l’uniforme, étaient nos meilleurs atouts auprès de cette gent féminine. Sur la plage arrière, le grand pavillon tricolore battait notre éternelle chamade…  

A l’heure de la sortie, une lente file de voitures attendait les permissionnaires. A la queue leu leu, devant la coupée du bord, elles nous cueillaient par un ou par deux, nous autres, jeunes ambassadeurs de notre métropole dès qu’on mettait un pied sur le quai. Invités dans des familles de la ville et des alentours, nous contribuions avec bonheur au prestige de notre pays. C’est vrai qu’il y a quarante ans, nous autres, les marins français, dans tous les ports de tous les continents, nous avions une aura de belle réputation mondiale.  A Sébastopol, on avait signé des autographes ; dans les Iles du Vent, on nous avait décorés avec des colliers de fleurs ; en Amérique, même en goguette, nous étions reçus comme des LaFayette…  

C’est ce qui était arrivé à un de nos collègues du poste des mécanos ; happé à la sortie du bateau par un somptueux carrosse digne d’un conte de fées, il s’était retrouvé dans un enchantement, un rêve, une autre dimension. Avec force détails, il nous avait expliqué la véritable réception qui avait eu lieu en son honneur, dans une de ces vieilles maisons à l’architecture « antebellum » ; ces maisons conservées et entretenues dans leur cachet d’avant guerre. Pour nous faire baver de jalousie, il n’avait rien omis de sa jeune vingtenaire et beaucoup rajouté, sans doute…
D’abord, elle l’avait emmené jusque dans un magasin branché de la ville ; il y avait acheté quelques souvenirs et l’incontournable drapeau des Confédérés. Ensuite, ils allèrent chez elle, enfin, chez ses parents. Main dans la main, ce fut la promenade dans le parc, la tonnelle, la boisson rafraîchissante, le coucher de soleil, le french kiss, le lustre immense dans le salon, les tapis, plus grands que des terrains de foot, le repas aux chandelles servi par des loufiats noirs, les mille desserts sur des plateaux d’argent ! Il ne manquait plus que le feu d’artifice au fond du jardin et la poignée de main du gouverneur de Caroline du Nord…

Un peu avant les couleurs du matin, il avait créé un attroupement envieux dans l’avant  poste ; à ses dires d’argonaute, Il avait passé une soirée torride avec son autochtone.
Inoubliable, exceptionnelle, grandiose et à cours de superlatifs, il ne tarissait pas d’éloges chaque seconde passée en sa si charmante compagnie. Lui, avec son talent de marionnettiste, il lui avait expliqué ses galons rouges de jeune quartier-maître sur les manches de sa vareuse, l’hélice et la roue dentée, preuve de son appartenance au Corps d’Elite des Mécaniciens, la légende du La Bourdonnais, les aventures de son bateau dans le triangle des Bermudes et plein de prouesses fantastiques que lui seul était capable de raconter dans la confidence d’une oreille attentive…  
Lui, le timide chti, dévolu sueur et âme à la pression de la TPH (Turbo Pompe à Huile) de la machine arrière, il avait à lui tout seul conquis les States. Avec ses yeux bleus, son teint blanc, son accent du nord et son anglais petit nègre, on l’imaginait bien en train de vendre ses chicons à sa miss América de la grande maison à colonnes. Du petit nègre chez les sudistes, la partie n’était pas gagnée… Indéboulonnable, il bousculait nos rires et nos sarcasmes avec des revers de soupirs désabusés en nous considérant comme des indécrottables incultes…  
Mais oui, il lui avait laissé un souvenir plus qu’impérissable ! Mais oui, elle allait le récupérer à la coupée, ce soir même, quand l’heure de la sortie sonnerait ! On n’avait qu’à venir voir ! Entre deux baisers, elle lui avait promis, cette mignonne friquée…  

Selon ses traductions approximatives, les aïeux de la fille étaient des générations de propriétaires d’immenses champs de coton et, à cause de ces cons de l’Union, avec Lincoln à leur tête, et leurs idées d’abolitionnisme, ils avaient perdu tous leurs escl… ouvriers, avec la guerre de Sécession…
Pas démonté, il avait passé la soirée, avec son « Stainless banner » posé sur les épaules, pour preuve qu’avant la fille, il avait déjà épousé la cause des Confédérés…
Il se voyait bien reprendre l’exploitation, mon pote de la TPH. Ni une ni deux, il se mariait avec la fille, il foutait les beaux-parents à la retraite et il plantait des champs de betteraves pour ne pas avoir d’emmerdes avec les flics de l’immigration…

A une heure du matin, elle l’avait ramené à bord de sa bagnole : une flambante Ford Mustang cabriolet, rouge brique. Il se souvient encore de la musique country qui dégoulinait en arpèges doucereux par tous les haut-parleurs de la belle voiture… De chti, il était passé sudiste, le crabe de la machine arrière ; il prévoyait sans doute de se faire bientôt naturaliser américain. …

Dix-sept heures, l’heure des permissionnaires. Sur le pont, yankee en diable, il sifflait « Dixie », mon pote, pour se donner du courage en attendant sa promise. Nous autres, planqués sur le roof, on suivait son manège de près ; on voulait voir sa belle sécessionniste, au volant de son attelage rouge brique et dans une romantique robe… de coton…

Les gars de sortie se pressaient à la coupée ; les voitures défilaient en aspirant les matelots qui débarquaient. Tout à coup, la belle bagnole, la flambante Ford Mustang cabriolée de chez « My dad is rich » a déboulé jusque devant la coupée ! La fille a parlementé cinq secondes avec le taf qui attendait son tour puis, sans façon, elle l’a invité à prendre place à côté d’elle ; c’était Max, un pote électricien parisien. Notre chti national s’était fait voler la vedette par un vulgaire Brevet Elémentaire, de quoi bouffer sa bâche…
Philosophe, et plus pragmatique que romantique, il s’était consolé en allant visiter un truc dément, un truc à l’américaine : c’était l’USS North Carolina, un cuirassé de la deuxième guerre mondiale, un héros de la guerre du Pacifique, baignant comme musée flottant dans un bassin de visitation.

Le lendemain, à dix-sept heures, la Carolina est revenue avec sa belle bagnole ; ce coup-ci (si je puis dire), elle a emballé un brave artilleur de Metz avec ses sourires de fédérée à la ouate… C’était devenu un rituel ; le lendemain, c’est un second, un marseillais fringant, à la langue bien pendue, qui eut l’heur de la sortie en décapotable. Le lendemain, on était partis. C’est qu’elle aurait pu facilement embarquer notre vieux pacha, il était breton, et l’emprisonner avec ses ficelles de casquette, cette dévoreuse de petits français !...

Après, on dira que c’est nous qui faisions du tourisme sexuel…   

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16 avril 2016

Participation de Fairywen

 

Quand la chance tourne

 

Bon, d’accord, à la réflexion, il était peut-être en mauvaise posture… Certes il avait réussi à s’introduire dans le palais de la Dame du Lac pour y « emprunter » les documents qu’il convoitait – « voler », quel vilain mot ! –, mais à présent, il avait une véritable meute aux trousses. Une vraie de vraie, dirigée par l’amant de la souveraine d’Avalon, un type qui lui en voulait à mort et était tout prêt à le déchiqueter à mains nues après l’avoir au minimum pendu, noyé et écartelé.

 

Heureusement encore que ce n’était pas lui qui rendait la justice en Avalon… Il espérait bien que son charme légendaire adoucirait son châtiment si jamais il se faisait prendre.

 

Le jeune homme crut bien réussir, mais au moment où il allait prendre son élan pour sauter par la fenêtre, une poigne de fer se referma sur son bras. Il tenta de se dégager, hélas ils étaient peu nombreux ceux qui parvenaient à échapper à la prise du lieutenant des de Chânais lorsqu’il mettait la main sur vous…

— Pas question, mon tout beau, susurrait d’ailleurs ce dernier. Tu ne sortiras pas d’ici avec ce qui n’est pas à toi.

Le pirate jeta un regard de regret au magnifique trois-mâts qui l’attendait au large. Il y était presque… Il lui aurait suffi d’un plongeon, certes un peu risqué, mais réalisable – surtout pour quelqu’un comme lui – quelques centaines de mètres de nage, et il aurait été sauvé. Personne ne pouvait rivaliser avec lui une fois qu’il était dans l’eau, non, personne.

 

Mais sur la terre ferme, c’était une autre histoire…

 

Néanmoins, il affronta sans ciller le regard vert du prince consort qui s’approchait, un rictus carnassier aux lèvres.

— On dirait bien que la chance t’a abandonné, Amriel…

 

Les débuts des aventures d'Amriel peuvent se lire ici et ici.

 

Quand la chance tourne

 

 

 

 

 

 

16 avril 2016

Participation de Venise


 J’avais dressé le couvert  dans la salle à manger  comme je l’ai toujours fait , quand je vis à travers ma fenêtre un voilier traverser  la maison du voisin.

Je sais vous n’allez pas  avaler une telle histoire c’est pourquoi j’insiste et  je vous le jure un voilier était au cœur du salon des voisins .

Alors sous le coup de neuf heures du soir j’ai décidé d’en avoir le cœur net et je me dirigeai à la dérobée dans la maison  d’en face .

Au fond ces voisins devaient être aussi fous que nous. Avant je me foutais d’eux comme d’une guigne
Mais là il faut l’avouer ils m’épataient .

A la lueur de mon allumette je pouvais maintenant voir le voilier et les ombres gigantesques des voiles sur le mur .

Toute la famille s’était  assoupie sur le pont et la télé ,de l’autre coté du salon, le journaliste  continuait à donner la météo .
Des tonneaux d’eau de vie de sucre de cannes roulaient sur le pont au fur et à mesure des mouvements du voilier .

Ce que je voyais était extraordinaire et impossible à la fois . C’était comme si j’avais mis la tête sous l’eau  . Au fond du couloir on pouvait apercevoir le port et des corsaires  qui attendaient la livraison .

Sans trop savoir pourquoi , j’effleurai du doigt  la coque du bateau et je dus faire un terrible effort pour éviter  la vague qui submergea  en quelques secondes l’embarcation.
Avec une incurable frivolité un perroquet s’adressa alors à moi.

Apporte moi une bière et ouvre ce putain de frigo derrière toi me cria -t-il d’une voix rogue .

C’est lundi aujourd’hui jour de relâche l’équipage est  à terre et ils font tous la bringue .

Tout en tambourinant avec son bec sur le MAT le perroquet me fusillait du regard .

Je  discutai un moment avec  ce perroquet afin de savoir si ce n’était pas un leurre .mais je compris très vite que tout était vrai et que je venais de transgresser un monde .
L’animal  ne tarissait d’éloge sur son équipage   et ces voyages lumineux m’accompagnent encore aujourd’hui .

Alors j’ai griffonné sur une carte postale un adieu à ma famille et j’ai rejoint l’embarcation.

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16 avril 2016

Du vent dans les voiles (Walrus)


À première vue j'ai pensé :

 

les vitraux d'aujourd'hui...

Source: Externe

 

... ne sont plus ce qu'ils étaient !

wa

 

Puis j'ai pensé à cette pub

Avec le cache-sexe Petit Bateau,
la vertu flotte
mais ne coule pas !

wa02

 

Ou à celle-ci :

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Mais au bout du compte, je préfère vous narrer une aventure de Célestine, un temps maître d'équipage à bord du Blogborygmus.

 

Un beau matin, Célestine annonce un événement à sa classe :

- Les enfants, aujourd'hui, nous allons avoir la visite de Monsieur l'inspecteur.
- C'est quoi, Maîcresse, un inspecteur ?
- Ce serait comme un grand méchant loup qui boulotte les institutrices et les petits enfants.
- C'est pas vrai, hein Maîcresse ?
- Mais non, mes chéris, vous savez bien que j'aime vous faire rire. C'est un brave homme qui vient voir si nous travaillons bien tous ensemble.
- Oh, ben il va être content alors, Maîcresse !
- Certainement, il va sans doute vous poser quelques questions auxquelles vous répondrez gentiment  et poliment, comme vous le faites toujours.
- Oui Maîcresse !

Débarque l'inspecteur qui, comme prévu se met à dialoguer avec les élèves. Il arrive chez Jules :

- Comment t'appeles-tu ?
- Jules, Monsieur !
- Dis-moi, dans ce que vous avez fait hier, qu'as-tu le mieux aimé ?
- Quand on a chanté avec Maîcresse qui jouait de la guitare.
- Très bien ! Et qu'avez-vous chanté ?
- Les tétons !
- Tu veux bien répéter, je crois que j'ai mal entendu...
- Les tétons !
- Tu dois te tromper, jamais Madame Célestine ne vous aurait appris une chanson sur les tétons, voyons !
- Si, si ! Les tétons, les tétons !
- Bon, cela m'étonne mais enfin, tu peux la chanter ? Tu t'en souviens ?
- Oui : "Et les tétons petit navire, et les tétons petit navire qui n'avait ja ja ja..."

 

Ouais, excusez-moi, elle date et est idiote,
mais elle me fait toujours rire.

Comment ça, je suis bien le seul ?

 

De toute façon, j'avais autre chose à
quoi penser aujourd'hui :

 

Heureux anniversaire
MAP !

ma01

 

 

16 avril 2016

Participation de JAK

j
-acrostiche-

 

Etrangement il rêve là,  derrière ces barreaux qui le brisent

 

Vision irréelle d’un autre côté pour lui  abstrait

 

A qui il essaie d’octroyer   des ailes irréelles

 

Son imagination fertile l’attire sans cesse

 

Instinctivement dans le giron de la mer

 

Où seules les vagues et les algues le transformeront en

 

Nouveau-né  tout  neuf  dans un océan de paix

 

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9 avril 2016

Défi #398

Une photo vous est proposée

pour ce nouveau défi :

Bateau en vue

Nous attendons de savoir

ce qu'elle vous inspirera

à samedidefi@gmail.com

A tout bientôt !

 

 

9 avril 2016

Photo prise par Clémence le 12 avril dans les Alpilles

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9 avril 2016

Se sont lancés dans la meunerie à voiles

9 avril 2016

Le moulin à vent pour les Nuls (Vegas sur sarthe)


Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur les moulins avant, pendant et après.
Les Nuls veulent du grain à moudre... en voilà.

Les “moulins avant” ont existé bien avant le XXème siècle, c'est à dire avant les “moulins après” appelés éoliennes.
Les “moulins avant” sont apparus 700 ans avant JC en même temps que le vent sans lequel ils n'auraient servi à rien.
Ils ont été fabriqués à grande échelle: l'échelle de Meunier tandis que le vent monte et descend sur l'échelle de Beaufort.
De nos jours le “moulin après” a balayé notre patrimoine et définitivement endormi le meunier Tudor immortalisé par la comptine.
Le meunier Tudor était connu aussi pour cette réplique: “Pas d'ailes, pas de miches”.

Construction française de couleur rouge et d'appellation d'origine contrôlée – Moulin Rouge –  le moulin à vent était élevé à cheval sur les départements du Rhône et de la Saône-et-Loire dans la région du Beaujolais.  
On pouvait y entrer facilement comme dans un moulin c'est à dire par la porte ou en force par la méthode Don Quichotte. Par contre si on entrait au four on n'entrait pas au moulin.

Comme les oiseaux le moulin à vent possédait des ailes et une queue et plein d'autres machins aux noms très techniques comme le sommier, le couillard, la chèvre, les meules ou encore la came qui fournissait une poudre blanche: la farine.
En hiver le meunier se caillait les meules; en les resserrant il obtenait une mouture plus fine ou même de l'huile.

Un moulin à vent sans ailes s'appelait une tour génoise; la génoise était un biscuit à pâte battue contrairement au moulin de la galette qui ne fabriquait que de la farine, héritage des invasions des sarrasins.
Les ailes étaient habillées de toile blanche pour inspirer les peintres tels que Van Gogh, Matisse ou Monet.
Depuis que les moulins à vent ont disparu il reste les toiles mais les peintres aussi ont disparu.
Les toiles peintes à l'huile pouvaient représenter des moulins à farine alors que les moulins à huile n'ont jamais été peints avec de la farine, mais parfois au jaune d'oeuf.

Le moulin à vent pour l'huile d'olive vierge nécessitait une meunière courant plus vite que le meunier; dans le cas contraire on parlait d'huile d'olive brute...
De nos jours le “moulin après” ou éolienne ne produit que du jus.
L'unité de mesure du jus est la mégaouate. Une mégaouate vaut un million d'ouate, c'est dire si c'est coton.

Nous terminerons par une remarque pertinente: Les ailes tournaient dans le sens inverse des aiguilles d'une montre bien avant l'invention de la montre, c'est pourquoi on doit dire que les aiguilles d'une montre tournent dans le sens inverse des ailes des “moulins avant” et c'est encore vrai aujourd'hui.

9 avril 2016

99 dragons : exercices de style. 34, Phylactère ibérique (Joe Krapov)

DDS 397 Saint-Georges 34

9 avril 2016

Le feu follet (Pascal)


C’est pendant la troisième mi-temps qu’il se déclare en apothéose. Il est alors un feu follet insaisissable. Quand on l’attend du côté des vestiaires, il est au bord du stade ; quand on croit l’avoir vu à la buvette, il discute dans les tribunes avec quelques supporters. Tantôt exubérant, tantôt réservé, il semble mû de part ses seuls instincts d’Amitié. A leur passage, il confesse les joueurs ; disponible à chaque instant, il y partage le bon, ignore l’hypocrisie, recrache le mauvais, en laissant ses empreintes de générosité au monde qui l’entoure ; attachant, il est père pour les uns, ami pour les autres et frère pour le reste.

A sa seule cause d’humanité flagrante, de chacun, il gère le bon et le mauvais, le bien et le mal, la vérité et le mensonge. C’est son affaire, son devoir, son bienfait à l’humanité ; on dirait qu’il s’en occupe, qu’il le distille avec sa foi, qu’il le transforme et qu’il le redistribue sans compter en qualités. Interface entre le staff et les joueurs, il est un baume stimulant, un gourou astringent, un Ami de chaque instant, un directeur de conscience, un soigneur spirituel. Il a ses réponses adaptées pour chacun, il ne blâme jamais et n’a pas de conclusions couperet ; il souffre avec l’un, il rit avec l’autre, il soulage les bobos, il tempère les ego, il détend les atmosphères. Il va de l’un à l’autre en toute liberté, en toute sérénité ; rien ne le commande que son seul allant de philanthropie.

Sans discernement, il profère ses encouragements comme le ferait un prédicateur avec sa bonne parole. D’une façon biblique, il aime son prochain, sans même s’en apercevoir.
Tour à tour entremetteur, confident, compère, confesseur, il rassure, il parlemente, il acquiesce, il admet, il console, il approuve, il défend. Dans son arsenal de Générosité, il a sa caresse dans le dos, sa bise fraternelle, sa chaude poignée de main, sa tape convenue sur l’épaule, son regard amical, celui qui laisse passer tous ses messages, l’embrassade émue, le silence connivent. Oui, Il regarde chacun de ses interlocuteurs dans les yeux et son regard voit bien plus loin que leurs brillements de pupilles.
Confesseur, il cerne les âmes, il en extrait le meilleur ; il est le confident des prières, l’apôtre des messes basses, l’éminence grise des vestiaires. C’est l’impromptu volontaire, le désigné au hasard, mais il est toujours là au bon moment. Enfin, il absout tout avec une bière, un rire, un bon mot, un motus, une clope.

Pitre, il est une entorse saine à l’académisme ; libre comme le vent, il se fout bien de l’empirisme, du protocole et des conventions ; il perçoit à l’instinct, il répond à l’envi, il ose sans façon. Il passe partout ; c’est le sésame des âmes, un courant d’air bienvenu, une solution de désenclavement, un briseur de tensions. Altruiste, opportun, charitable, il est un trait d’union optimiste entre les uns et les autres ; il est un démineur de conflit, un joker contre l’adversité, une entité remarquable. Il fédère, il apaise, il atermoie, il ranime les volontés et les organise dans le même sens ; ses seuls intérêts humanistes débordent pour les  autres. Rebelle et obéissant, clandestin et reconnu, apôtre et assaillant, il va de l’un à l’autre avec la même audace sereine ; il n’appartient à personne mais il se dévoue pour tous.

Comme une pommade d’enchantement, il a un mot d’apaisement pour le blessé, un encouragement pour le vaincu, un conseil pour le promu, un compliment pour le lauréat. Indépendant, réfractaire à toute règle, opposé à toute loi, il a ses tournures de phrase, ses répliques, ses colères utiles. Sous la bannière des damiers, il unifie, il éteint les feux de jalousie, ignore les comportements personnels, prend sous son aile les plus « fragiles » et simplifie la vie de tous.
Sans préjugés, il n’appartient à aucune caste, à aucune famille, à aucune religion, qu’à celle du Rugby ; il discute avec le président de club ou le petit ramasseur de ballon avec la même indulgence, la même verve, la même exaltation.

Pétri de charisme, il n’a de devoirs à rendre à personne, que ceux de l’Amitié et de l’Altruisme qu’il prodigue généreusement à son entourage. Il est là où on ne l’attend pas et absent là où on l’attend. Naturellement, devant lui, les portes s’ouvrent, les visages se détendent, les sourires reviennent ; la vie est forcément plus douce. Il a toujours la réflexion sésame, le mot approprié, la répartie adroite, à l’interlocuteur du moment.
Jamais il ne s’épuise, jamais il ne se lasse, jamais il ne s’éteint. Il est un moulin fédérateur à tous les vents des hypothétiques discordes, à toutes les tourmentes de l’ombrage, et quand ses pales s’emballent, c’est pour moudre l’hostilité en poudre de bienveillance, la méchanceté en humanité, l’opprobre en considération et la tricherie en franchise.

Parfois, il s’ennuie ; comme un lion en cage, il tourne en rond, il tergiverse, il dérange. C’est quand les êtres, qu’il côtoie, ne peuvent digresser à leur bêtise inflexible ; il semble s’user contre ces montagnes rugueuses mais par un de ses stratagèmes, une de ses facéties, une de ses cabrioles d’allocutaire, il amadoue le rocher pour retrouver une terre amicale plus pétrissable. Dans le noir du stade éteint, il est un feu follet brillant et les âmes confiantes viennent se coller contre lui pour retrouver un peu de chaleur humaine. Il est un être extraordinaire, tout en pudeur, tout en contraste, rempli de Charité, et je suis content que la Vie ait pu me le faire rencontrer.  

9 avril 2016

Mes moulins (Laura)

Comme la roue qui brise
L’eau du bief de mon enfance
Et entraînait naguère 
Le moulin des jouets de la guerre.
Comme la campagne flamande
Qui se donne aux âmes patientes. 
Comme les moulins de Rembrandt
Dans un paysage de Hollande. 
Comme les « Lettres de Mon moulin » 
Que Daudet écrivit de Fontvieille, 
Je découvre les paysages
Que font vibrer les vents.
Tu fais tourner de ton nom 
Tous les moulins de mon cœur
9 avril 2016

Renaissance (Électre)


Le ciel est bleu et pur, seulement parsemé de quelques nuages qui
passent paresseusement. Des graminées se balancent nonchalamment au
vent. Un chêne vert laisse apercevoir son feuillage. Tout est calme.

Tout est calme... bien trop calme. Il faudrait du vent, un vent
déchaîné, un vent à décorner les boeufs, pas cette brise de printemps
qui ne courbe que les herbes... Alphonse (c'est son nom) se désole en
son for(t) intérieur.

Il a essayé de s'habituer à sa nouvelle vie sédentaire : "profitez du
paysage !" qu'on lui avait dit. "Regardez les oiseaux !" Et puis "vous
ne souffrirez plus des articulations !"

C'est vrai qu'il en avait souffert, de ses articulations. À en grincer
des dents avec des bruits effroyables, surtout par grand vent. À en
maudire le meunier et ses mules (surtout celle qui lui gardait un vieux
coup de pied en réserve). Mais maintenant qu'il ne bougeait plus, il
était triste. Il se sentait inutile. Et puis tous ces gens qui passaient
et le photographiaient en trouvant qu'il faisait très "couleur locale".
"Regarde chéri comme c'est bucolique". Je t'en ficherai, moi, des
bucoliques. Quand ce n'étaient pas des hordes de touristes armés
d'appareils qui se photographiaient avec lui sans même prendre la peine
de demander, comme s'il n'avait plus son mot à dire.

Ce qu'il aurait voulu que quelqu'un le prenne au sérieux, rien qu'une
fois. Lui, l'ancien géant. Le seigneur de la colline en passant auprès
duquel tous se courbaient de crainte et de respect. Lui qui faisait
marcher le village, autrefois, dans ce pays sans eau. Il avait entendu
dire il y a longtemps qu'un homme, en Espagne, l'aurait pris au sérieux.
Un homme un peu fou, mais est-ce que le vent ne rend pas tous les hommes
fous ? Il attendait cet homme avec patience et obstination. Il
l'attendait malgré les chaînes de métal qui le maintenaient cloué au sol
"pour le protéger". Depuis quand protège-t-on du vent ceux qui lui ont
voué leur vie?

Le temps passait dans cette attente. Il regardait grandir auprès de lui
ce chêne qu'il avait connu tout gland. Il espérait aussi en cette
association qui pour une fois ne se consacrait pas qu'au patrimoine - et
puis quelle rapport avec la patrie, dites-moi bien ? Il les avait vu
rôder autour de lui, palabrer entre eux sur ses installations, et
repartir avec des mesures et des croquis. Il avait entendu parler de
farine. Depuis, il espérait. S'il ne pouvait pas se battre contre
l'Espagnol qui ne venait pas, peut-être pourrait-il reprendre ses
anciens offices. Il y avait eu des mules - d'autres, qui avaient l'air
mieux nourries que la rancunière. Quelques touristes protestaient car
ils avaient construit une baraque à proximité, et que celle-ci ne
faisait pas bien sur les photos. Trop moderne. Pourtant, elle était en
pierre elle aussi - pas si vénérables que les siennes, mais des pierres
tout de même, celles qu'ils avaient sorties du champ où ils avaient déjà
commencé à planter des céréales. Son ami le chêne lui demandait parfois
s'ils avaient l'intention d'utiliser ses glands - il aurait bien voulu
contribuer au bonheur de son ami, lui qui était parfois fatigué de
n'être qu'un abri à pique-niques. Mais à ce qu'il semblait, ce n'était
pas encore revenu à la mode. Il y aurait sans doute du petit épeautre,
qui était de plus en plus connu et apprécié. Du kamut peut-être. Le
nouveau boulanger était dans l'air du temps - c'est-à-dire dans l'air
d'antan.

Alphonse rêve. Il attend, observant le paysage du haut de sa colline,
que vienne sa renaissance et le moment où il pourra enfin déployer ses
ailes au grand vent.

9 avril 2016

Participation de Rêves de plume

 

Elle court dans l'allée du jardin
Ses yeux fixent l'horizon
Son sourire en dit long
Dans sa main, un moulin !

Elle fait de l'air
Ecoute le cliquetis
Puis quand son souffle s'altère
Stoppe sa course, et rit !

 

9 avril 2016

LES MOULINS, AVANT ! (Alain André)


Avant, le meunier moulait le grain qu’on lui donnait à moudre dans son moulin à vent. Après quoi, sa femme, Madeleine moulait le grain moulu dans ses moules, des moules à madeleines, ses moules à elle,  tandis que le meunier moulu continuait à moudre le grain qu’on lui donnait à moudre, dans son moulin à ailes. Moudre du grain avec sa meule mue par les ailes de son moulin à vent était sa fierté. Il se disait : je moudrais tant qu’il y aura du vent, et du grain à moudre ! Et sa Madeleine moulerait ses madeleines avec fierté dans ses moules tant qu’elle aurait de la farine moulue par son mari meunier !
 Puis les gros bonnets inventèrent les minoteries à vapeur.
Or, il n’est pas sage d’être à voile et à…
C’est ainsi que les meuniers se retrouvèrent  roulés dans la farine.
Et  aujourd’hui,  comble de l’ironie,  on  installe des moulins à vent modernes que l’on  appelle des éoliennes pour produire le courant qui fera fonctionner les minoteries et les fours pour que les bonnes  Madeleine puissent faire cuire leurs bonnes madeleines! Et que je puisse m’en régaler en dégustant, bien sûr, une bonne bouteille de Moulin à vent°.  
Mais voilà :
Quand le ciel est trop clément,
Crois tu que c’était mieux avant ?
Quand il n’y a pas de vent
Tu te retrouves sans courant !
Poil aux dents !

(°) Un des dix grands crus de Beaujolais, peut-être le meilleur ?

9 avril 2016

Le vent (petitmoulin)


Ici
Le vent ne parlait plus
L'arbre se taisait
Un cerf-volant gisait
Sur ses couleurs
Ventre vide
Ailes clouées à l'immobile
Le moulin languissait
Tel un oiseau transi
Qui guette le printemps

Là-bas
Si près d'ici
Le vent fermait la vague
Sur le naufrage
Du dernier lambeau de rêve
Et s'il avait le temps
Il essuyait les larmes
Des survivants

9 avril 2016

Le Pinceau, le Plectre et la Plume (EnlumériA)

 

     Il avait failli s’endormir dans sa soupe. Il sursauta en réalisant que mourir noyé dans une assiette de soupe de poisson ferait désordre dans les annales de la famille. Il avait trop forcé sur le Lexomil et le Bourgogne Passe-tout-grain. Il se leva et d’une démarche approximative, alla dans la cuisine se préparer du café fort. Il avait un problème à régler d’urgence s’il ne voulait pas sombrer dans la démence. À la deuxième tasse, il commença à se réveiller ; à la troisième, il était d’attaque.

     Il était un tout jeune sexagénaire, sans le sexe ; ça c’était de l’histoire ancienne. Il avait cependant trois maîtresses exigeantes. Trois sauvageonnes intraitables qui virevoltaient dans sa vie, créant d’ingérables turbulences dans son esprit tripolaire. La peinture, la musique et l’écriture. Tel un chevalier décharné et pathétique, il tentait de dompter trois moulins mus par des vents désordonnés. Le vacarme des grandes ailes de toiles tourbillonnantes s’atténuait parfois dans la ouate des anxiolytiques et des crus de Bourgogne.

     C’est alors que la Dame de l’Est se manifesta. Une muse aussi douce que rayonnante qui avait un jour tenté de l’inspirer et de prendre soin de lui. Lui, pétri d’orgueil et de suffisance, il n’avait pas voulu entendre l’appel.

     Cette fois-ci, il posa sa question et se jura d’écouter. La blonde égérie donna son avis. Un avis tranché, sans appel.

     Lui, apaisé, abandonna sa superbe et ses moulins capricieux. Cette fois, il décida d'écouter la parole de l’oracle. Son choix était fait, l’égérie était fée. Fin du premier acte.

 

9 avril 2016

Carte de visite (par joye)

windmillBonjour !

Permettez-moi de me présenter. Je m’appelle Vermeer et je suis le plus grand moulin à vent opérationnel aux États-Unis.

J'utilise seulement le vent pour faire mon travail. Ici, en Iowa, on a tout plein de vent, c'est dire ! C'est vrai que mes soeurs éoliennes dans cet État fournissent plus d'électricité que dans n'importe quel autre État, y compris le Texas !

Alors moi, je n'utilise aucune électricité, car je suis construit d'après un  modèle qui date des années 1850, la même époque des immigrés qui se sont établis dans cette région.

Quand on a décidé de me faire construire, les Néerlandais européens ont refusé de démonter et envoyer un moulin de chez eux, alors, les Néerlandais iowaniens ont fait construire mes parties aux Pays-Bas par un maître et puis m’ont fait reconstruire ici.

Six jours sur sept, je mouds du blé pour faire la farine qu’on utilise à la pâtisserie dans la ville où j’habite. Le dimanche, je me repose comme tous les autres habitants ! Ma ville s’appelle Pella, et comme je vous l'ai déjà dit,  elle se trouve en Iowa (pas très loin de chez votre amie joye en fait). Tellement fière de son héritage néerlandaise, la ville de Pella m’a fait ériger en 2002, pour $3.5 millions.

Depuis quatorze ans, je vis dans la rue First au numéro 714.

Voilà sans doute pourquoi je m’appelle Vermeer, je porte le nom de la société agro-industrielle qui a dû payer mon voyage depuis l’Europe.

Si vous décidez un jour de venir me voir, du haut de mes 41 mètres, je pourrai vous fournir une vue spectaculaire des environs, de Pella, de son canal, de son architecture néerlandaise, et de ses 28.000 tulipes.

En espérant donc vous recevoir un jour, je vous envoie de très bons baisers de l'Iowa !

- V. Windmill

P.-S. : Merci à WikiCommons pour la photo que vous voyez ici. Joye était trop pressée pour aller chercher les siennes.

9 avril 2016

LE MOULIN (Lorraine)

 
Un moulin pensif
Sent battre ses ailes
De moulin à vent
Et dormir son flanc


Il a des béquilles
Personne n’entend
Sa douleur tranquille
Et son cœur se fend

Au milieu des champs
Il est mort debout
On vient l’admirer
D’un regard furtif

Dehors il fait doux

 

9 avril 2016

Participation de Fairywen

 

Un moulin dans mon jardin

 

Ce matin, en ouvrant mes volets, j’ai eu une drôle de surprise… J’ai même cru que je rêvais encore, mais non.

 

Durant la nuit, un moulin à vent avait poussé au milieu du gazon.

 

Pas un gros, bien sûr – je ne risquais donc pas de voir apparaître Don Quichotte et Rossinante –, un petit, du genre des moulins vendus dans les jardineries pour décorer. Sauf que le mien avait l’air bien réel, fait en pierres, avec de jolies ailes qui tournaient. N’en étant plus à une bizarrerie près dans ma propriété, je suis sortie pour me rendre au potager, des fois que les lutins aient entendu quelque chose. Je m’accroupis à côté d’un carré de tomates et appelait doucement.

— Tomate ! Tu es là ?

Je n’attendis pas longtemps avant de voir un petit bonhomme tout de rouge vêtu arriver.

— Tiens, bonjour ! Tu es bien matinale !

— Tu sais bien que je ne suis pas du genre grasse matinée. Et sinon, tu as vu le moulin dans le gazon ?

— Oh oui, oui, je l’ai vu ! Nous étions tous là quand les nains l’ont apporté.

— Les… nains ?

— Mais oui, tu sais bien, les nains qui plantent les panneaux « défense de marcher sur la pelouse » au milieu des pelouses des squares.

— Ah, ceux-là ! Je ne savais pas qu’ils transportaient aussi des moulins.

— C’est rare, mais ça arrive. D’ailleurs, tu devrais y aller ; le meunier et la meunière sont un peu anxieux. On leur a pourtant dit qu’il n’y aurait aucun problème pour qu’ils restent, mais ils s’inquiètent.

Depuis le temps, plus rien ne m’étonnait, aussi je suis allée accueillir le meunier et la meunière. Ils étaient là, sur le pas de la porte, un sourire un peu crispé aux lèvres.

— Bienvenue dans mon jardin, les saluais-je en m’asseyant en tailleur devant eux.

— Merci de nous accueillir, sourit le meunier en se détendant visiblement.

— Puis-je savoir qui vous a parlé de mon jardin ?

Les lutins qui voyagent avec les pigeons. Ce jardin est célèbre dans le monde entier comme un paradis pour les créatures magiques.

— Lorsque notre moulin est arrivé à maturité, poursuivit la meunière, nous avons décidé de nous établir ici. Ceux de notre espèce ne sont plus très nombreux, il est de plus en plus difficile de trouver un jardin disposé à nous accueillir.

— Nous nous transformons trop souvent en décoration de jardin, déplora le meunier. Si les gens ne croient pas en nous, c’est ainsi que nous mourons.

— Ça n’arrivera pas ici, affirmai-je.

 

Depuis ce jour, toutes les créatures magiques qui passent chez moi ont du pain frais en plus des fruits et des légumes garantis sans pesticides aucuns. Quant à nous, nous trouvons tous les matins sur le pas de la porte un petit panier rempli de mini-viennoiseries au goût délicat…

 

Défi 397 du samedi 2 avril 2016

 

 

 

 

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