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Le défi du samedi
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23 décembre 2017

Sus, lapsus et collapsus (Vegas sur sarthe)



"Hâtez-vous docteur" suppliait Firmin le majordome "notre bonne a ses vapeurs"
Encore essoufflé de sa course, le docteur Lapalisse se pencha sur le corps abandonné au sol pour déclarer : "Elle a perdu connaissance"
"Comment peut-elle perdre ce qu'elle possède si peu ?" fit remarquer Madame sur un ton sarcastique.
L'éminent docteur tenta de rassurer : "Si c'est une syncope vagale, cela ne devrait pas durer longtemps"
"J'y compte bien" rétorqua Madame "il est si difficile de nos jours de conserver son petit personnel"
"Sinon, il faudra chercher ailleurs" répondit l'homme de sciences.
Chercher ailleurs! On voit bien qu'il n'emploie pas de gens se dit Madame.
Comme la bonne restait sans connaissance – confirmant les dires de Madame – le docteur Lapalisse ajouta : "Il peut s'agir d'une hypoxie brutale... d'une apnée"
"Pourquoi aurait-elle fait une apnée ?" aboya Madame en s'adressant à Firmin "on n'est pas bien traité, céans ?"

Gêné, Firmin balbutia: "Hum... quand je l'ai trouvée, Madame... elle avait encore en bouche le... comment vous dire... l'instrument de Monsieur"
Dans le boudoir attenant, Monsieur remettait à la hâte de l'ordre dans son habit.

"Vous viendrez me voir, cher ami" tonna Madame, le regard noir et les poings crispés.
Le docteur Lapalisse crut bon de couper court : "Il faudrait la ventiler"
"Ce sera aisé" dit Madame "elle est déjà amplement dépoitraillée!"
Finalement la bonne dépoitraillée sans connaissances bougea un peu et déjà son teint cireux virait au rose pâle.

Le docteur Lapalisse lui prit le pouls et colla son oreille sur un sein accueillant, s'y assoupit longuement puis se releva pour déclarer :"Il s'agit d'un collapsus, d'une diminution des forces avec baisse de la pression artérielle, autrement dit d'une pâmoison"
"Une horrible pâmoison" ricana Madame "elle aura sans doute trop astiqué l'argenterie... ou quelque bijou de famille ou bien elle aura chuté du haut de l'armoire"
La bonne pâmée sans connaissances reprenait petit à petit ses esprits, jetant des regards de droite et de gauche, évaluant la scène.
Comme elle faisait mine de se relever, Monsieur intervint pour l'aider mais un malencontreux croche-pied le projeta dans les bras du docteur Lapalisse.
"Docteur" minauda Madame "aidez Monsieur avant qu'il ne se pâme à son tour" puis elle se pencha vers la bonne tout à fait désyncopée "Ma fille, vous passerez à l'office pour vous défaire de votre tablier, ce qui doit être chose aisée pour vous !"
Monsieur avait pâli à son tour et d'une démarche syncopée il reprit la direction du boudoir et de son armoire aux alcools à la recherche d'un brandy ou d'un vieux marc...
Comme la porte claquait violemment il se retourna en chancelant; affichant son regard des mauvais jours Madame fonçait sur lui.
"Vous avez renvoyé cette gourgandine" osa t-il d'une voix blanche sur un ton faussement affirmatif.
"Avec un soufflet en sus, mon cher! En sus!" ricana Madame "nous nous passerons désormais de bonne en espérant que Firmin ne soit pas lui aussi sujet au collapsus"

 

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23 décembre 2017

Syncope 201217 (Pascal)


En cette fin de journée de vendredi, à la Valette, nous nous étions retrouvés fortuitement chez des amis communs qui gardaient notre fille de temps en temps. La procédure de notre divorce suivant son cours, nous ne vivions plus ensemble depuis quelques mois. Nous n’étions pas particulièrement en odeur de sainteté, et nous avions au moins autant de griefs à nous reprocher l’un et l’autre. Tu devais aller chercher un billet de train à la gare de Toulon, aussi, je t’avais proposé de t’emmener ; je ne sais pas pourquoi je t’avais suggéré cette aide, je ne sais pas pourquoi tu avais accepté, même si j’avais insisté.

Seul, en dehors du contexte des priorités d’un mari, d’un père de famille, d’un bon ouvrier, celui souffrant du devoir de la longévité à ces seules responsabilités sacrificielles, toutes ces choses qui font d’un homme une célébrité, à la gestuelle éprouvante des habitudes maritales, et une dignité sans faille, j’avais passé le permis moto. J’avais économisé, vendu ma collection de timbres, ma chaîne stéréo et, depuis peu, je m’en étais acheté une, à la démesure de mes rêves de gosse, aux accélérations fulgurantes.
Sur cette machine, j’avais le plaisir de retrouver la liberté, celle que notre mariage si pressant avait emprisonnée quelques années plus tôt. Tout ce retard d’adrénaline pure invitait naturellement le démon de la vitesse près de moi, à chacune de mes sorties ; caressant la lame de l’échafaud, la roulette russe, le billot de l’inconscience, je roulais à tombeau ouvert…
C’était bon de remettre ma vie à la Question ; loin de toute claustration, je lui trouvais désormais un intérêt, celui de piloter ma bécane, chaque jour nouveau. Sous mon heaume, à une vitesse folle, je joutais entre les voitures, les camions, ces obstacles poussifs, et tout ce qui dérangeait mes courses infernales. Tu dédicaçais ton cœur à un autre, j’avais perdu le goût des fleurs, de la poésie et de la mélancolie ; seuls comptaient les roues arrière, les dérapages, les accélérations, les évitements ; tous les frissons nerveux qui couraient sur mon échine, je les bousculais dans mon inconscience en haussant les épaules…

On t’avait prêté un casque et c’est avec beaucoup d’appréhension que tu étais montée sur ma machine. Après le coup de démarreur, le rugissement du moteur, j’avais enfourché ma bécane, passé le premier rapport et j’avais pris la direction de Toulon. Oui, bien sûr, je t’avais promis de conduire prudemment mais, une fois sur la route, tu ne pouvais plus descendre…
Pour éviter les encombrements de la ville, j’avais emprunté l’autoroute ; je te sentais crispée, refusant de te pencher avec moi dans le virage de la bretelle d’accès. A peine sorti de la courbe, sur la voie d’accélération, j’avais descendu ma visière et j’avais tourné la poignée de gaz à fond, en enquillant les vitesses à la volée…

Même si c’était le seul fait de ma conduite imbécile, brutale et dangereuse, cela me faisait plaisir de sentir que tu t’accroches à moi. Nous qui avions consommé la séparation de corps, c’était ma façon de nous serrer encore l’un contre l’autre, sans aucun doute la dernière fois. Les paysages défilaient à toute allure et les couleurs se délayaient dans un brouet d’incertitudes pittoresques. Accaparé par la conduite, je t’imaginais pourtant fermant les yeux et récitant des prières. J’avais la responsabilité de ta vie mais je l’avais mise en commun avec la mienne, comme nos serments éternels échangés devant l’autel de l’église. J’entendais tes cris sous ton casque comme des suppliques lancées à ma bêtise…


Te montrer toute ma propension à piloter mon engin, te faire apprécier mes réflexes à anticiper les dangers, te faire peur ou t’en mettre plein les yeux, je ne sais pas trop encore, aujourd’hui, ce que je voulais te démontrer, même si tu n’en comprenais que toute ma stupidité. Peut-être voulais-je te montrer mon côté Mister Hyde, loin de l’insipide docteur Jekyll, celui que tu avais fui parce que tu le connaissais par cœur…

Avec le bruit infernal du quatre en un, les terribles vibrations, le guidonnage incessant, ta peur de tout à l’heure était maintenant de la frayeur ; tu tapais dans mon blouson en espérant me faire ralentir. Tu me serrais encore plus fort et cela fortifiait ma frénésie…

Sortant d’une grande courbe, à quelques centaines de mètres, je m’aperçus, effaré, qu’une énorme file de voiture à l’arrêt saturait l’autoroute, à l’entrée de la ville ; j’étais un chien fou lancé dans un jeu de quilles. Impossible d’éviter, impossible de contourner ; telle une bombe, j’allais férocement m’encastrer dans le bouchon des voitures. Ralentir, m’arrêter, en tentant un freinage désespéré, c’eut été coucher la moto et nous laisser cruellement glisser jusqu’aux pare-chocs guillotines des bagnoles.
Un instant, j’ai paniqué, je te l’avoue ; notre histoire allait s’arrêter là, dans un terrible accident d’imprudence. Comme nous étions ensemble, cela me paraissait moins grave ; à la vie, à la mort, c’était aussi dans le contrat de notre mariage. « Je n’avais pas peur de mourir » furent mes conclusions…

Parce que l’instinct de survie commande, au frein moteur, mon bolide rugissait ; les coups de frein que je donnais à la roue arrière faisaient dribbler le pneu sur la route. Le freinage de l’avant avait tassé la fourche et j’avais l’impression que j’allais passer par-dessus ma bécane. Toi, tu serrais les cuisses contre les miennes comme pour te faire la plus menue possible ; entre tes bras, tu me serrais si fort que j’avais du mal à respirer. De toute façon, j’étais en apnée depuis le début de tous ces terribles événements d’adversité routiers…

Tout à coup, un mince dégagement entre deux files de voitures apparut droit devant moi ; à plus de cent soixante, j’entrai dans cet étrange corridor salvateur. Je me souviens de l’écho bruyant de mes échappements, des peintures aveuglantes des bagnoles alentour et de mon dernier soupir libéré, remis… à plus tard…
Enfin, nous sommes arrivés devant la gare ; j’avais tellement de tremblements que je n’arrivais pas à mettre la machine sur sa béquille…

Quand tu t’es retrouvée debout à côté de la moto, je t’ai sentie toute pantelante, tes jambes ne te portaient plus ; comme si on avait ouvert l’interrupteur de ton énergie, tu es tombée dans les pommes. Plus de lumière à tous tes étages, Game over. Heureusement que tu avais gardé ton casque, tu aurais pu bêtement te blesser avec la bordure du trottoir, quand ta tête a heurté le sol…

 

23 décembre 2017

Une petite fantaisie pour fêter Noël ? (Emma)

23 décembre 2017

Du vent dans les idées (petitmoulin)


Saisi de vent dans les idées
Tu glisses dans le lointain
Un tourbillon d'étoiles
Sous les paupières
Tout vacille
Tu traverses le vide
La brume gomme les visages
Et les gestes
Et les couleurs
L'ombre te reprend les mots
Au bord des lèvres
Tu entends sans le voir
Le pianiste du bar
Les notes syncopées
Tombent sur le seuil
De ton vertige
Instant suspendu
Tu tends la main
Pour essuyer le regard
Ce n'est pas encore le grand jour
Mais une lueur te fait un signe

 

23 décembre 2017

Ma Concierge S’y Connait En Musique (JAK)


Ah ! Vous me la baillez belle m’a dit ma concierge 4861


lorsque je lui annonçai qu’il fallait que nous accordions nos violons pour le temps octroyé au balayage du palier.

J’ai pas mal de contretemps renchérit-elle, et je ne mesure plus les notes et dièses-it que les autres locataires crochent sur les murs de ma loge pour me mettre au tempo.

Je dois pratiquer la division du temps, et à ce rythme là je perds la mesure.

Mes temps forts passés à regarder les Feux Du Ciel à la télé ne sont plus à ma portée. Je suis débordée.

Ah ! que viennent les silences. Je pourrais enfin prendre la pause, le temps de boire une tasse de Noire.

(C’est ainsi qu’elle orthographie son imbuvable café)


Plusieurs quarts de soupir elle m’a ainsi déblatéré sur sa techno de femme débordée.

C’est une véritable syncopé que cette concierge là.

Dans l’intervalle, J’ai pu mettre fin à cette diatribe grâce à une quinte montante que la rage avait fait vibrer dans ma gorge.

J’ai failli tomber en syncope.

 

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23 décembre 2017

Participation de Venise

v2

v

Ça déboule sur scène, comme un boxer fou avec un mépris souverain pour la Romance.

 

Il incarne le rythme binaire, le retour têtu avec une opiniâtreté fiévreuse.

Il nous entraine dans son feu incandescent, ici on s’aime à mort.

Claude couronne l’impair et relègue le pair à la table de la canaille.

On boite avec lui sur ces arythmies endiablées.

C’est tout sauf de la chanson pépère

C’est Tristan et Yseult qui se seraient pris les pieds dans le tapis

Rien ne va plus rondement sur cette scène c’est la catastrophe des ruptures

C’est la syncope avant le malaise, et par à coup sismique il fabrique un temps qui pique , qui martèle qui bourdonne .

SALUT L’ARTISTE,

v1

16 décembre 2017

Défi #486

 

Allons !
Vous n'allez pas y tomber pour si peu...

 

Syncope

 

 

4861

 

 

16 décembre 2017

Nous ont fait un envoi... massif

16 décembre 2017

Faire rhododendron (Laura) (127)

 

Faire rhododendron comme Odette et Swan faisaient cattleya sans se prendre

Pour Proust

Faire rhododendron parce que c' est aussi naturel que manger dormir ou boire

Faire rhododendron le matin au réveil comme un joli salut à l' "aurore grelottante aux doigts de rose[1]"

Faire rhododendron après le petit déjeuner parce que ça fait digérer l’exercice physique

Faire rhododendron avant et après la lecture car le plaisir du corps n' exclut pas celui de l' âme

Faire rhododendron car tu es plus beau à contempler qu' un massif de Bretagne

Faire rhododendron sur une chanson de Johnny douce ou énergique

Faire rhododendron  pour la tendresse et la violence, te dévorer et être tendre

Faire rhododendron parce que c' est bon de  caresser ton corps de rêve

 



[1] Homère

 

16 décembre 2017

Une journée d'automne (maryline18) (2)

 

C'est dans un toubillon sans nom,

Que le vent hurle sa colère,

Arrachant les rhododendrons

Et les jetant sur la barrière .

 

C'est dans un tourbillon d'automne,

Que les pétales clairs s'envolent,

À présent dans un nouveau rôle,

Vers un tapis de feuilles jaunes .

 

C'est dans un tourbillon d'humeur,

Que mon écharpe bleue s'enroule,

Ne cachant guère ma douleur,

Je cours et pleure tout mon soûl...

 

C'est dans un tourbillon d'amour,

Que j'ai baissé mon bouclier,

Et pour venir à ton secours...

J'ai attaché mon tablier .

 

C'est dans un tourbillon mon coeur,

Que tu as ruiné mes espoirs,

Regarde un peu ces jolies fleurs,

Elles s'enfuient avec moi ce soir .

 

C'est dans un tourbillon, mon "con",

Que je reprends ma liberté,

Mon "dégagement" a un nom,

Il s'apelle l'égalité !

 

C'est dans un tourbillon d'alcool,

Que tu passeras la soirée,

Oui, j'entends ton corps qui s'affole,

Je n'ai rien fait pour le dîner !

 

C'est dans un tourbillon brumeux,

Que tu découvriras demain,

Vert, sur les chemins sinueux,

Qu'à la banque, tu n'as plus rien !

 

La morale de cette histoire :

Attention aux rhododendrons,

Ne laissez pas leurs pétales choir,

Ou, à clé, fermez la maison !

 

16 décembre 2017

Fleur pèle le Rhin (joye) (491)

Mon premier se trouve pendant ou après un repas riant chez les Grecs.
Mon deuxième est perdu pour le chiro dans l'orchestre.
Mon troisième se garde comme le chien de mon dentiste.
Mon quatrième seconde le chaux, le goût, et la philo.
Mon tout se dit vulgairement aux potes aux roses aux Alpes.

Qui suis-je ?

16 décembre 2017

Au jardin des sciences par bongopinot (195)


Au jardin des sciences
Dans une bonne ambiance
Dans une vraie cadence
Où entre deux silences

On a mis dans des pots ronds
Sous l’arbre aux faucons
Au coté de vieux bidons
De jolis rhododendrons

On y a mis de la terre
De la terre de bruyère
Que l’on a prise dans la serre
Tout près d’un drôle de lierre

Et pendant la journée
Vous pouvez les admirer
Sur ce banc oublié
Confortable à souhait

Mais si vous n’aimez pas
Il n’y a pas de tracas
Regardez les fleurs d’acacia
Ou bien ce chat angora

 

16 décembre 2017

Participation de petitmoulin (55)

 

Ma première rencontre avec le rhododendron eut lieu dans une classe d'école élémentaire. Je dus copier trente fois ( la semaine dernière, j'aurais dit deux fois quinze...) son nom pour l'avoir orthographié "rododindron".

Je ne connaissais alors ni la plante elle-même, ni l'existence du mot "phonétique".

Voilà comment tout élan pour relever le défi a été brisé !  

 

16 décembre 2017

Y aller à la ache (Joe Krapov) (430)

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Plus je regarde cette plante, plus j’examine le mot qui la désigne et plus je me dis que la lettre «h» ne sert absolument à rien.
Qui est-ce que ça gênerait, qu’on écrive son nom "rododendron" ?

C’est comme la route du rum. On se doute bien qu’elle ne croise pas la route du Rom et si Rome ne s’est pas faite en un jour, ce n’est pas la hache de Clovis qui va y changer quelque chose. Au vase de Soissons peut-être mais à l’omophonie, que dalle !

Le facteur résus, les bords du Rin, la rapsodie de Liszt, la rétorique, le rinocéros, l’oto-rino, la rubarbe, le rume. Tout le monde me comprend, non ?

Gardons le rytme. Allons voir du côté du T. Le tym et la farigoulette, la talasso, le taumaturge, le téâtre, la téologie, le téorème, la téorie. Vous me suivez toujours ?

Il y aurait bien le thé et le té, le therme et le terme, le thon et le ton. Aurais-je tort, par Tor ?

Même là où on l’entend, là où il change le son de la lettre, comme dans "shérif", "show" ou "shopping" qu’est-ce qui nous empêche d’avoir une seule graphie ? "Chérif", "chow", "chopping" comme "chat" et "chien".

Et le ph ? » vont demander les chimistes. Le ph c’est f, un point c’est tout. Philippe, Felipe, pharmacie, farmacie, je t’écrirais tout ça en fonétique, moi, tiens ! C’est ma nouvelle filosofie !

Je te la donnerais à bouffer aux piranas, la lettre « h », je l’enverrais se balader au Gana. Jamais je n’aspirerais le aricot, c’est des coups à périr étouffé.

Suffit avec Jean Anouilh ! Plus personne ne sait qui c’est ! Finissons-en avec Jonny Allyday !

La réforme de l’ortografe, finalement, ce n’est pas grand-chose à mettre en place. On déplace juste Aïti et le Onduras dans le dictionnaire et on se retrouve avec un alphabet de 25 lettres. Tout le papier qu’on économiserait ! La place qu’on gagnerait pour écrire sur Twitter ! Les jeunes feraient moins de fôtes !

Elle n’est pas plus belle comme ça, la vie, avec l’ortografe simplifiée ? C’est-y pas le boneur de marcher sur les trasses d’Alfonse Allais, natif d’Onfleur ?

Merci, les rododendrons !

16 décembre 2017

C'est vous qui voyez (Vegas sur sarthe) (379)

 

v

 – Cette nuit, docteur... j'ai rêvé de rhododendron
 – De rhododendron?
 – Oui docteur, avec une hache et trois dés
 – Une 'h' et trois 'd', tout ça me parait orthographiquement normal
 – Et médicalement, ça vous parait comment, docteur?
 – C'est à dire que le rhododendron ne supporte pas le calcaire
 – Ah! Vous pensez que je devrais traiter mes canalisations?
 – Ça ne peut pas faire de mal mais pour l'enfouissement il faudrait prévoir un trou beaucoup plus grand avec de la terre de bruyère
 – Euh... je n'avais pas pensé à une mise en terre aussi rapide
 – Rien ne presse, monsieur... vous avez jusqu'à l'automne prochain pour creuser
 – ça me laisse peu de répit quand même. Et si je rêve d'un autre arbuste entre temps ?
 – C'est vous qui voyez, le rhododendron est particulièrement résistant aux maladies... enfin... c'est vous qui rêvez. Dans tous les cas il faudra soigner l'arrosage mais sans jamais laisser les pieds dans l'eau
 – Pour ce genre de cérémonie, dans ma famille on n'a jamais lésiné sur le champagne
 – C'est vous qui voyez, pourvu que vous enleviez tous les ans les parties fanées ou mortes
 – Je pensais qu'on fanait et qu'on mourrait d'un seul bloc, mais si vous dites qu'on peut choisir des parties...
 – On ne peut pas choisir monsieur, c'est la nature qui décide
 – Oui bien sûr
 – Au fait je ne vous ai pas demandé... il était de quelle couleur le rhododendron de votre rêve, si vous rêvez en couleur bien sûr ?
 – Rose saumon... et flammé de jaune orange
 – Alors c'est un Azor, monsieur. Vous auriez pu tomber plus mal
 – Euh... oui mais je n'ai aucun costume qui s'accorde avec du rose saumon
 – Dans votre cas le plus important pour l'harmonie des rêves c'est la couleur du pyjama
 – Euh... je dors nu, docteur
 – Je vois... il faudrait en discuter avec votre épouse
 – Oh vous savez... elle... les fleurs c'est le dernier de ses soucis
 – Le souci – sans vouloir vous alarmer – c'est froideur et cruauté
 – A qui le dites-vous docteur! Je préfère ne pas m'étendre et rester avec mes rhododendrons
 – C'est vous qui voyez
 – Bon et bien, ça va me coûter combien ?
 – Un Azor ordinaire c'est dans les 35 euros mais le rose saumon est plus...
 – Non docteur, je vous parlais du prix de la consultation
 – Je vais vous faire une fleur, aujourd'hui je ne vous demande rien
 – Euh... on va donc se revoir alors ?
 – C'est vous qui voyez
 – Vous m'avez rassuré !

 

 

16 décembre 2017

Participation de Venise (388)


Il est arrivé un matin pour y vendre ses rhododendrons au prix qu’il estimait justifié.
Après tout, c’est en Angleterre que des millions d’individus avaient fait fortune.
Il avait emporté avec lui ses rhododendrons enveloppés dans de vieux journaux qu’il serrait contre sa poitrine .

Un violoniste avait pris place à côté de lui, et la foule s’entassait joyeusement autour d’eux.

v1

Le temps avait l’air de s’écouler lentement, et la fluidité de l’archet captivait l’auditoire.
La mélodie avait l’air d’annoncer, l’inutilité de la vie ,alors que les rhododendrons refaisaient surgir la présence précieuse des printemps disparus.
Personne n’avait l’air de faire attention aux nuages sombres dessinés dans le ciel qui annonçaient l’orage.
La ville encore fraiche de la rosée du matin était lumineuse sous ce ciel d’orage.
Le jeu des formes et des couleurs des rhododendrons pouvait être les dessins d’un enfant.
C’était l’heure où LONDRES redevenait un village.
C’était comme l’enfance qui faisait retour dans ce doux hiver, puis la foule s’est extraite de sa torpeur et le pouvoir du violon s’est mis a jouer en discontinuité jusqu’à ce que l’orage éclate.
Maintenant le violoniste et le vendeur de rhododendrons assis à la même table boivent un verre chaud de vin rouge aux écorces d’orange.
Lui était de Varsovie et avait bien connu CHOPIN, l’autre avait été le jardinier de Georges Sand.

v2

L’un avait un profil vaporeux, l’autre avait le visage plat comme une feuille et tous deux regardaient les rhododendrons sous la pluie.

Partout où je vais, dit le hongrois, je pense, à la maison de mes parents et moi dit le jardinier c’est la première fois que je quitte mon pays natal.
Puis les mots ont fondu dans le crépuscule londonien.

 

16 décembre 2017

Vous me connaissez... (Walrus) (354)

 

... après avoir lancé le sujet, je me suis demandé ce qui avait bien pu me pousser à le choisir.

Peut-être sa sonorité, ou l'orthographe tarabiscotée de cet "arbre rouge".

Ou alors, c'est à force d'en voir des massifs entiers au domaine des Trois Fontaines en promenant le chien ou aux alentours du palais royal de Laeken devant lequel je passe à peu près quatre fois par jour.

Ou peut-être bêtement parce que mon pays est réputé pour ses producteurs d'azalées.

Quoi ?

Ben oui : rhododendrons et azalées, même combat ! Je vous montre :

w

 

Et moi, quand on me dit azalée, ça va tout de suite beaucoup mieux parce que je pense immédiatement "Ellington".

 

9 décembre 2017

Défi #485

 

Je sais, je sais...
Y en a qui n'aiment pas !

Mais même ça,
ils peuvent le dire...

Rhododendrons

 

 

9 décembre 2017

Ont composé le numéro des urgences

9 décembre 2017

Quinze à la douzaine (Pascal) (102)


Par l’entremise de son métier, il était vérificateur des Tabacs, mon père avait ses entrées dans une ferme à la campagne, pas loin de chez nous. Directement chez le producteur, il y commandait ses poulets, ses pintades, ses lapins et ses salades, ses patates, ses asperges et ses carottes, tout ce qu’on pouvait mettre sur une table à l’époque pour manger sainement.
Parfois, le samedi après-midi, il m’emmenait avec lui ; quand on arrivait sur le chemin de la ferme, tous les volatiles s’enfuyaient à tire-d’aile devant nous.
A peine sortis de la voiture, avec les présentations, on se disait bonjour ; en enlevant mon bonnet, je tendais la main au monsieur et la dame m’embrassait chaudement sur les joues ; elle sentait sa cuisine, les fleurs séchées, les bûches de chêne du fourneau ; les taches sur son tablier étaient toutes les médailles de son travail journalier.
A l’intérieur, c’était rustique ; une petite ampoule éclairait la grande pièce, laissant des ombres épaisses endormies partout ; un vieux ruban anti-mouches déroulé se baladait au zéphyr des courants d’air paresseux. Auprès de la fenêtre, un fauteuil aux motifs effacés, aux ressorts écrasés, aux accoudoirs usés, semblait regarder obstinément dehors, comme pour prévenir la maison du temps, des saisons et des nuages.

La fermière sortait les tasses, le sucrier, et elle allait chercher sa cafetière au coin de la cuisinière à bois. Exercice de mon père, si je le demandais correctement, j’avais droit à un verre de sirop de menthe. Je me souviens quand ils m’observaient, tous les trois, pour voir si j’allais m’en sortir avec une si longue phrase de politesse. Petit, je tutoyais la dame ; en grandissant, je la vouvoyais mais elle m’embrassait toujours, et j’avais, depuis, droit au café. D’un placard ancestral, elle sortait sa boîte de biscuits ; j’avais intérêt à en prendre deux ou trois sous peine de la fâcher ! Selon le temps, ils étaient mous ou secs, ces petits gâteaux ; je les gardais dans la main, ne sachant pas trop quoi en faire. Au temps passant, je les grignotais, oubliant l’inconvénient de leur goût douteux.

Enfin, je donnais ma boîte de douze œufs mais, comme une malice habituelle, mon père en demandait toujours quinze ! Comment la fermière allait-elle faire entrer quinze œufs dans un emballage de douze ?!... Ils rigolaient tous devant mon air inquiet !...

En mission de notre approvisionnement, la fermière partait dans la basse-cour avec son panier et un bon couteau aiguisé. Pendant que mon père discutait technique avec le planteur de tabac, j’allais faire une balade dans les proches environs.
J’évitais soigneusement les travaux de dépeçage de la dame ; voir étriper un lapin, tordre le cou à un canard, plumer une pintade encore tiède, c’était tout juste bon à alimenter mes cauchemars.
A six, sept ans, c’est extraordinaire de découvrir une vraie basse-cour ; c’est un zoo avec toutes les bestioles de notre campagne. Elle est comme un aquarium ; les animaux tournent et retournent dans leur espace comme des poissons dans leur eau. Ils picorent d’un côté, ils grattent de l’autre, toujours à l’affût de la moindre pitance…

Ils s’enroulaient autour de la voiture de mon père comme si elle était un rocher dérangeant sur le chemin habituel de leur promenade ! Les canards donnaient des coups de bec dans les pneus ! Les pintades devaient se voir dans les reflets des chromes des pare-chocs car elles s’enfuyaient en s’envolant ! Et le chien de la ferme qui gueulait tout ce qu’il savait ! Avec des furieux allers et retours, de sa niche jusqu’au bout de sa chaîne, les crocs en devanture, il tentait de me bouffer ! J’en profitais pour lui balancer quelques morceaux de biscuits ; il était content, il reniflait partout, cherchant et léchant jusqu’à la dernière miette.

Pour m’inviter dans la ronde de la basse-cour, je devais éviter les dindes curieuses, ne pas écouter les cancaneries des canards, me détourner des sifflements belliqueux des oies et les coqueriques du coq hautain, me toisant avec son œil inquisiteur. Une fois dans la bande, si je gardais ma place, je pouvais visiter les lieux…

Le cheval était à l’écurie ; quand la trappe supérieure de sa porte était ouverte, sur la pointe des pieds, je pouvais le distinguer dans sa pénombre odorante. Au moindre coup de queue, au moindre hennissement, au moindre frottement de sabot, je m’écartais prestement de l’entrée. Las, le toutou-gardien éteignait ses aboiements de forcené ; il me regardait avec ses yeux de chien battu, en ayant l’air de dire « Il t’en reste, des bouts de gâteaux ?... » Le clapier des lapins. Qui regardait l’autre ? Tantôt ils tapaient de la patte arrière, tantôt ils tournaient en rond, comme pris du tournis de l’emprisonnement. En passant le doigt à travers le fin grillage, j’arrivais à toucher le pelage de leurs peluches sauvages. Parfois, la fermière me mettait un lapereau dans les bras et c’est comme si je tenais mon cadeau de Noël. Je le sentais palpiter ; le nez entre ses oreilles, je respirais son pelage lisse et tiède et je le serrais fort comme pour ne plus jamais m’en séparer.
Heureusement que mon père ne demandait pas un rôti de porc ou des saucisses parce qu’il y en avait deux ou trois qui grognaient dans leur enclos ! De par les interstices crasseux qui laissaient entrevoir une auge brunâtre, leurs groins dépassaient en reniflant le petit citadin que j’étais. Je leur balançais des graines de maïs que je glanais, ici et là, autour de leur trappe de ravitaillement. La fosse septique, je devais l’éviter. Elle n’était qu’une forte odeur de paille tiède et repoussante, un véritable marécage aux cloaques inquiétants. Bien sûr, il était défendu de tourner autour mais c’était enivrant de marcher sur son petit muret. A l’entrée de la grange, la chatte dormait d’un œil sur un ballot de paille ; je n’avais pas intérêt à l’approcher ; ses soufflements et ses crachements en étaient ses plus vives fortifications ! Je pouvais bien tenter de l’amadouer avec des restes de gâteaux, elle ne se laissait jamais caresser. Alors, les quelques dernières brisures, je les semais devant les poules en me frottant les mains et je les leur montrais, pour bien leur signifier que je n’avais plus rien à leur donner…

Loin de sa cage, voir un lapin écorché, vidé, avec ses yeux inquiets hors des orbites, ça fait quelque chose ! Celui-là, je n’avais pas envie de le caresser ! C’est ce que je me disais en détournant le regard, tandis que la fermière finissait de le préparer. Sur la table de la cuisine-salle à manger-salon, elle avait rempli l’étui avec sa douzaine d’œufs ; les trois en plus, elle les avait mis dans un papier journal qu’elle avait replié avec une grande précaution.

Au départ, j’eus droit aux fortes bises de l’au revoir affectueux et à quelques biscuits glissés d’autorité dans ma poche, que je dus emporter pour ne pas décevoir. Comme s’il nous connaissait, le chien n’aboyait plus quand nous remontâmes dans la voiture ; les poules, les canards et les oies nous firent une véritable haie d’honneur ! Sur la route, p’pa roulait doucement, même si c’est moi qui avais la responsabilité de tous les œufs posés sur mes genoux…

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