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16 juillet 2016

Se sont mis au rythme andalou

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16 juillet 2016

Toros ! Toros ! (Pascal)


Ma voisine, c’est une espagnole pure andalouse. A l’heure de cette écriture, madame veuve Gonzalez Alejandra, Consuelo, Dolorès, a quatre-vingt treize ans ; c’est l’addition des bougies éclairées sur son récent gâteau d’anniversaire qui le certifient ; c’est son vieux jardinier de gamin qui me l’a dit. Pour faire son ménage, elle use ses filles, ses belles-filles et les femmes de ménage qui défilent chez elle. Elle les surveille de près pour que tout soit nickel…

Tous les vendredis, accrochée au bras d’une de ses brus, cahin-caha, elle descend jusqu’au marché. Avec son camée planté sur le revers de sa veste, sa mise en plis impeccable et ses petites chaussures vernies, elle est toujours pimpante. Son cabas est pendu dans son autre main ; elle ne déroge pas à ses habitudes d’antan. Si elle est vieille, elle n’est pas ancienne ; l’outrage du Temps, elle l’a dressé aussi, à coups de courage, de sacrifice, de travail, d’obstination. Ce n’est pas la Mort qui viendra la chercher, c’est elle qui, inexorablement, va à sa rencontre.
Pourtant, chaque vendredi, elle doit recompter tous les absents qui ne croisent plus sa route. Faut-il avoir la vie drôlement chevillée au corps pour traverser les épreuves de ce temps assassin. On sent la femme de labeur, celle qui a trimé, souffert, transpiré, pour tenir sa famille dans les meilleurs principes de l’éducation. On devine toute la déférence qu’elle a pour la France et toute la nostalgie qu’elle a pour son Espagne.

Le matin, quand elle part seule jusqu’à sa boîte aux lettres, on sent que cela devient une excursion dangereuse ; le moindre gravier pourrait la faire tomber, le moindre coup de vent, la bousculer, le moindre matou venant se frotter dans ses jambes, la renverser. Il y a quelques années, elle sortait encore sa voiturette ; quand elle mettait le frein à main, pour refermer son portail, souvent, elle n’arrivait plus à l’enlever ; alors, elle appelait les secours du voisinage pour la dépanner.
Récemment encore, à cinq heures du mat, elle préparait des paellas pour toute la famille ! Vingt ou trente à table, c’était dans ses habitudes de matriarche et rien n’aurait pu déroger à ce qu’elle se calme pendant ces furieuses agapes de grande lignée.
Sans doute, elle a perdu la plupart des prénoms et l’ordre de naissance de ses arrière-petits-enfants ; si elle retient encore ses souvenirs de quatre-vingts ans, ceux qui en ont un ou deux, elle n’a plus assez de place pour les rentrer dans sa tête blanche.

L’été, à la fraîche, madame Gonzalez fait le tour de son jardin avec son éventail à la main. Malgré ses jambes frêles, ses épaules rabougries et Parkinson qui gère la plupart de ses gestes, on sent encore toute sa fierté de femme andalouse. Elle renifle quelques fleurs à sa hauteur, ôte les plus fanées et vide son minuscule arrosoir dans des pots assoiffés.
C’est un de ses fils qui vient s’occuper du jardin ; à huit heures tapantes, il est sur le pont, maman le surveille de la fenêtre. Comme il n’est plus tout jeune, il se contente de balancer du désherbant avec un appareil contondant. Forcément, il ne peut pas se plaindre d’un mal de dos, d’une cheville ou d’une fatigue, puisque sa mère s’occupait de tout ça, il y a encore peu de temps. Je le vois transpirer, pester et saboter son travail. Il aimerait bien discuter avec moi pour se donner le temps d’une récréation entre tous ses travaux de jardinage mais je fais comme si je ne le voyais pas.

Chaque soir, Alejandra, Consuelo, Dolorès, vient pendre ses collants sur le fil de son étendage ; pour une pince à linge accrochée, trois tombent mais son sous-vêtement finit toujours par s’agiter doucement dans la brise du soir. Elle l’arrange pour lui donner une forme convenable, dans la bienséance de l’endroit mais, parfois, le vent facétieux gonfle les hanches, bombe les cuisses, arrondit les mollets, remplit les pieds, du fin tissu. Un instant, elle semble s’en amuser ; un instant, ses sourires ne tremblent plus ; un instant, un instant seulement, elle ferme les yeux dans la lumière du crépuscule…  

Gitane clandestine, les bras insolemment levés au ciel, la mine superbe, elle esquisse un pas de danse, un boléro, un fandango, un flamenco, peut-être, aux sons enjoués des guitares et des castagnettes, que nul ne peut entendre et que nul ne peut comprendre.
Alors, c’est le grand soleil de Barcelone qui éclaire son visage ; c’est le vent chaud de l’Andalousie qui caresse ses joues ; c’est le parfum capiteux de la Costa Del Sol qui aiguise ses narines frémissantes. Si une voiture « tintamarre » dans la rue, ce sont forcément les pétards de Bilbao et ses feux d’artifice multicolores qui s’incrustent dans ses pupilles embuées et si les nuages du couchant rougissent un peu trop, estoqués par les banderilles des branches fleuries du vieux seringat, elle entend les battements de son cœur qui répètent à l’unisson : « Toros !... Toros !... »

Quand elle me voit, elle se cache et quand elle me parle, je ne comprends pas un mot sur dix de sa conversation ; les pénibles tremblements ont aussi envahi sa voix et ses phrases. Alors, j’acquiesce, je compatis, je hoche la tête pour lui donner raison ; si je dis oui quand il faudrait dire non ou le contraire, elle n’a pas l’air de s’en offusquer. Je crois qu’elle a accumulé tellement de compassion au cours de sa vie qu’elle peut se passer de mes piètres objections de jeune soixantenaire. Chaque année, à l’automne du jardin, je lui cueille la plus belle de mes roses, celle dont les effluves font chavirer et reconsidérer notre monde avec d’autres critères que ceux des tristes faits divers…

16 juillet 2016

La belle de Souzix (Vegas sur sarthe)

 

Concepcion naquit un beau matin de printemps parce que dans les contes on nait souvent un beau matin de printemps; il fallait bien qu'elle naquit à cause de son prénom et aussi parce que sa mère Anunciacion était enceinte jusqu'aux dents d'un bel inconnu car les inconnus sont toujours beaux en fin de conte et au début aussi.
Qu'elle était jolie avec ses yeux doux comme du velours, ses sabots noirs et luisants comme des sabots et ses très longs cheveux noirs qui s'arrêtaient au bout d'un moment, si jolie qu'on aurait dit Marylin mais en brune, bref elle était si jolie - comme dans les contes et dans la chanson d'Alain Barrière - que dans tout le royaume d'Espagne on l'appelait la belle de Souzix à cause de son père inconnu, de ses yeux de velours et de son Tchica-tchica-tchic-aïe-aïe-aïe.


Elle questionnait souvent son journal intime car il fallait bien qu'elle le questionnasse ou qu'elle le questionnât, enfin bref... comme dans tous les contes: "Diaro intimo, mon beau diario intimo, dis-moi que je suis la plus belle et qu'un jour(nalintime) mon prince charmant viendront ou bien viendra... il sera beau comme moi, enfin pas trop moche quand même, bref... il sera un amant très magnifique qui me fera jouir et tout et tout".

A ces mots le journal qui était pourtant intime ne se sentait plus de joie mais ne répondait jamais rien, tout comme les miroirs qui n'ont pas droit à la parole non plus; elle lui remplissait ses pages car il en avait plusieurs, des prénoms les plus charmants... il y avait là Rocco, Bernardo et Zorro, non... pas Zorro, et puis aussi Rudolf et Valentino et la liste des courses de chez Aldi mais en fin de conte on s'en fiche.

Alors que le conte faisait déjà pas loin de trente lignes, Anunciacion décida qu'il était grand temps de la marier avant que le conte ne déborde et aussi parce que Concepcion griffonnait son diaro intimo à en perdre l'appétito.
Anunciacion lui trouva un beau parti au rayon des princes charmants; on dit parti alors qu'il venait tout juste d'arriver mais c'est comme ça dans les contes; il s'appelait Ramon ou un truc comme ça, bref il eut fallu qu'elle le susse ou bien qu'elle le sut, enfin bref... chaque chose en son temps comme répétait sa mère qui aimait bien répéter; Ramon portait bien son nom et elle en fut ravie dès qu'elle le vit et ravie au lit aussi mais dans les contes on ne le dit jamais de cette façon; de toute manière Concepcion était ravie partout.

Qu'il était beau Ramon avec ses yeux doux, sa barbiche de sous-officier et ses sabots noirs et luisants qui lui rappelaient quelque chose, enfin bref.
Il plut très fort à Concepcion, vraiment très fort pourtant c'était un beau matin de printemps - la météo était bonne sur Madrid comme on l'avait annoncé sur Telecinco - un beau jour pour se marier et c'est ce qu'ils fissent ou bien ce qu'ils firent aussitôt, enfin bref... ce fut un beau mariage et Concepcion n'en finissait pas de lire et relire la lettre du Registro Civil de la Casa de Correos de la Puerta del Sol présidence de la communauté de Madrid, enfin bref... on y lisait que Conception Souzix dite la belle de Souzix avait épousé ce beau matin de printemps confirmé par Telecinco, le beau Ramon y Ramon Delgado, tennisman, cinquante-deuxième mondial au classement ATP, enfin bref... un sacré joueur de pennis comme disait Anunciacion qui avait du mal à prononcer les 't'.
Elle avait mis son éternelle robe bleue à poids car les robes à poids sont éternelles dans les contes mais elle en avait retiré quelques uns pour que la robe soit plus légère.


L'heureux élu, on dit souvent heureux au début, portait sa belle veste marron de serveur; il avait toujours été excellent au service et aussi à la volée, mais ça Concepcion allait l'apprendre plus tard...
Comme le conte faisait largement les cinquante lignes, le jeune couple s'empressa de disparaître, c'est parfois comme ça dans les contes et puis ils en avaient plus qu'assez de ces papillons, mosquitos et autres insectes qui volaient autour d'eux à cause du beau matin de printemps et que Ramon essayait de chasser du revers de la main à grands coups de castanuelas et de tamborin, enfin bref... il était moins bon au revers.

Al final on répète qu'ils eurent heureux et furent beaucoup d'enfants ou bien le contraire, enfin bref... on le dit et c'est bueno.

16 juillet 2016

Dictionnaire des idées reçues sur l'Espagne (Joe Krapov)

Andalouse :
« De même que les Portugais sont gais, les Espagnols sont gnols » disait Alphonse Allais. De même que l’Andalouse est jalouse, la Grenadine est gredine. Alors que chez nous la Toulousaine est zen et la Rennaise bien aise.

Asturies :
de te voir si belle en ce miroir ?

Boléro :
Morceau de musique un peu long bien qu’il soit sans manches.

Caramba :
Supplique émise par les piliers de bistrots espagnols au moment de la fermeture de l’établissement afin d’obtenir du patron qu’il leur donne tout de même à boire.

Castagnettes :
Est-il possible que ça m’en touche une sans faire bouger l’autre ?

Compostelle :
Si vous allez au pèlerinage de Saint-Jacques par le train, n’oubliez surtout pas de compostelle votre billet.

Corrida :
Pour être sûr de ne pas rater une vache dans un couloir il faut au préalable avoir eu l’idée folle d’organiser une corrida dans son corridor.

Demoiselles d’Avignon :
Comment c’est peint ce truc-là ! Quel bordel sur les toiles de Picasso !

Dulcinée :
Pour les beaux yeux de Dulcinée
Quijote chevauche Rossinante.

Qu’elle est belle, sa destinée !

Mais son histoire est lancinante:
Il confond le faux et le vrai,
Ses aventures sont navrantes,
Dulcinée est moche à souhait,
Son château n’est qu’une soupente…

S’il traversait les Pyrénées

Il verrait qu’on est mieux à Rennes,
Que les Bretonnes sont des reines,
Qu’elles sont vraiment avenantes,
Qu’on y a des âmes bien nées.

Plutôt que de chercher castagne,

Même si ça n’est pas en Bretagne,
Il peut visiter aussi Nantes.

 

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Gitane :
Jeune fille évaporée à jupe généralement longue, aimant beaucoup danser mais dont la jeunesse part quelque peu en fumée. Litt. : L’araignée Gypsy monte à la gouttière …

Jota :
Lorsque Raymond Devos eut rendu son âme à Dieu la jota cessa.

Madrilène :
Ma Ma Ma Ma Madrilène
Ma Ma Ma Ma Madrilène
Tu es ma reine (Au bonheur des dames)

Ménine :
Les Ménines sont à Velasquez ce que les montres molles sont à Salvador Dali.

Prado :
Gardien de busée au Prado, c’est pas tous les Zurbaran. Surtout quand on est enrhubé.

Roncevaux :
Petite cité des Pyrénées espagnoles connue pour son festival de cor de chasse.

Ruy Blas : 
Récit mythologique franco-espagnol dans lequel il est fait mention, pour la dernière fois dans l’histoire de la littérature française, de ministres intègres.

Séguedille :
Il faut être un vrai niguedouille pour ne pas savoir danser la séguedille (quand les temps sont gadouilleux, Ségo douille.

Séville :
Ville espagnole connue pour son congrès annuel des garçons coiffeurs où l’on se rase (barbe ?) un peu en attendant la conférence de Francis le coiffeur-philosophe et le tour de chant de Claude Figaro que Rossini hante.

Tolède :
Excepté Federico Bahamontes, les habitants de Tolède ne sont pas des aigles.

Toreador :
Chérie, je te toréaime, chérie je te toréadore. Tou mé fais bandériller comme oun muleta !

16 juillet 2016

Convo (par joye)

convo

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16 juillet 2016

Petit tour en Espagne par bongopinot

Le tambourin


En Espagne j’ai découvert le Flamenco
Modelé par la douleur, la souffrance
Ça vous touche et le cœur et l’âme illico
Il peut aussi vous révéler un visage gai et drôle

Quand arrive sur la piste de danse
Accompagné d’un seul guitariste
Un couple de danseurs plein de grâce
Le temps suspendu doucement s’arrête

Transporté dans un monde de beauté
Geste lent ou rapide tout en légèreté
Castagnettes et claquettes le tout bien rythmé
A couper le souffle au son des « olé »

Vous donne le vertige et vous emplit le cœur
Entre par la tête et cadence vos pieds
Moment riche d’émotion de bonheur
Qui vous donne l’envie d’un jour y retourner

J’ai alors posé mon très joli tambourin
Sur une belle nappe en broderie
Pour ne pas oublier tous les moments sereins
De ce beau voyage en Andalousie

16 juillet 2016

Participation de Venise

ve

16 juillet 2016

carte postale n °2 (JAK)

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16 juillet 2016

Encore un coup des Flamands ! (Walrus)

Ben oui, en bon Belge, quand on me dit "Flamenco", je pense "Flamand".

Et je n'ai pas tort : l'étymologie nous apprend que les Espagnols ont appelé les gitans "flamencos" parce qu'ils venaient des Flandres. C'est pas beau ça ?

 

flabru

 

10 juillet 2016

Information à nos participants

Depuis cette fin de semaine, il nous est impossible d'ajouter des images aux textes de notre blog. Canalblog les accepte mais à la publication, il n'affiche que le nom de l'image et pas cette dernière.

Nous avons fait part du problème au service technique de Canalblog qui nous a attribué un numéro de dossier.

Il n'est pas impossible qu'étant donné le nombre de nos billets nous ayons atteint une limite d'espace disponible pour un blog sur les serveurs. Nous devrions alors créer un second blog pour faire suite à celui-ci.

Nous vous tenons au courant de la réaction de Canalblog et de la suite des événements.

Amitiés à tous !

Edit du 11 juillet

Il s'agissait d'un problème technique qui a été résolu par les techniciens de Canalblog après le WE, donc pas de nouveau blog pour l'instant

9 juillet 2016

Défi #411

Deuxième défi photo

de l'été :

Le tambourin

Vos participations sont à envoyer

comme d'habitude à

samedidefi@gmail.com

A tout bientôt !

 

9 juillet 2016

Nous ont fait leur cirque

9 juillet 2016

À quelque chose malheur est bon (Walrus)

Dans notre caravane, c'est l'Auguste qui ouvrait la marche au volant d'un bus aussi britannique qu'antique, repeint aux couleurs du cirque.

Il prétendait avoir le chic pour trouver des raccourcis.

Nous, on pensait surtout que c'était pour éviter les contrôles, vu ce qu'il se jetait volontiers derrière la cravate (enfin, le nœud pap', on n'est pas Auguste pour rien). Mais comme c'était lui le patron, on fermait nos gueules et on suivait le mouvement.

On s'est quand même bien marrés le jour où ce clown a foncé sous un pont sans se soucier de la hauteur indiquée par les panneaux de signalisation (faut dire qu'ils étaient passablement rouillés et lui passablement imbibé).

Le choc a été impérial, c'est le cas de le dire ! Pour le dégager, on a dû démonter tout l'étage et disquer les montants. Mais on a bien dû admettre que pour un raccourci, c'était un raccourci !

C'est pas plus mal ainsi qu'y dit l'auguste clown : maintenant on peut faire prendre l'air à l'éléphant et la girafe.

 

9 juillet 2016

Le cirque pour les Nuls (Vegas sur sarthe)



Avaleur de sabre:   Mangeur de cimeterres muet comme une tombe

Clown blanc:  Drôle de numéro qui nous roule dans sa farine

Contorsionniste: Petit bonhomme en mousse capable d'autofellation sans orgasme

Dompteur: Magicien qui fait passer des moustiques-tigre pour de dangereux félins

Ecuyer: La plus belle conquête du canasson
Ecuyère:  Enfourcheuse de cheval en deux coups d'écuyère à pot (méthode peu cavalière)

Funambule:  Casse-cou filoguidé qui déambule sans préambule

Jongleur: Enfant de la balle qui a bien grandi

Monsieur Loyal: Monsieur Royal qui cache son air sous son aile

Pole Dance: Pole emploi pour artiste victime d'un coup de barre

Trapéziste: Voltigeur accroché à la droite joignant le point d'intersection des côtés non parallèles au point d'intersection des diagonales et qui passe par les milieux des côtés parallèles... ou bien accroché où il peut
 
Ventriloque: Bouchiloque qui joue avec ses tripes

9 juillet 2016

Dick (Pascal)


Le cirque ! Le cirque ! Dans la colonie de vacances, on était tous excités comme des puces, de savoir les quelques roulottes arrivées sur la place du petit village ! Le cirque ! Le cirque ! On ne parlait plus que de ça ! Les jeux de collerettes, les baignades dans la Vernaison, les parties de foot, les veillées aux feux de bois et les longues marches dans la montagne, on s’en fichait !

On nous avait promis une place ! Avec les autres colonies de vacances dans le coin, c’est sûr, il faudrait serrer les coudes à l’entrée ! Moi, j’avais économisé mes carrés de sucre  du petit déjeuner pour les donner en friandises aux animaux du cirque.
Certains, les farceurs, avaient vu des grosses têtes de clowns sur les affiches placardées sur les murs du village ! D’autres, les menteurs, racontaient, à qui voulait l’entendre, les rugissements des lions sauvages, quand ils s’étaient approchés des cages. Les rêveurs allaient enfin admirer leurs plus belles songeries en vrai. Avec notre imagination en effervescence, on sentait même les effluves de la ménagerie jusque dans la cour de la colonie !...

Ils avaient monté leur chapiteau en un tour de main ; les piquets en ferraille plantés, tendant les cordes et soutenant le grand mât, la petite cabine de la billetterie, les ballots de paille entassés, les drapeaux flottant aux quatre coins de l’événement, rendaient l’atmosphère exceptionnelle. Mais où avaient-ils donc déplacé la statue du Poilu ?... Dans cet antre fascinant, on allait en prendre plein les yeux, plein les oreilles, imprimer ces souvenirs et les ranger dans le tiroir des grands moments extraordinaires !...  

Ce n’était pas un grand cirque, un de ceux qu’on voit à la télé, un de ces cirques, avec Roger Lanzac à la manoeuvre, des superbes caravanes stationnées, des stars aux sourires Gibbs et aux bagouzes plein les doigts, des animaux exotiques qu’on ne savait même pas qu’ils existaient, des lumières à éblouir les spectateurs pour l’éternité et des haut-parleurs partout pour encenser des exploits de première mondiale.

Enfin, nous sommes entrés ; nous avons occupé la petite cinquantaine de places que contenait le cirque ; je me souviens de ces planches disjointes qui pinçaient les fesses à chaque fois que l’un de nous bougeait un peu et des sachets de confettis qu’on avait généreusement donnés aux plus petits.
A l’intérieur, les étoiles collées sur les bâches des cieux ne brillaient plus depuis longtemps. Tu parles d’une piste aux étoiles ! L’éclairage ? C’était une simple guirlande d’ampoules brunie de chiures de mouches ! La musique ? Un vulgaire poste de radio qui racontait France Inter en boucle ! A croire que le patron de cette pantomime attendait les résultats du tiercé ! La grande famille du cirque ? Ils étaient quatre ! Le père, la mère, le fils, la fille plus un vieux toutou attendant une hypothétique gamelle !...  

Enfin, est arrivée sur la piste une femme déguisée en trapéziste ; c’était la même dame que la caissière de l’entrée ! Elle a grimpé sur une corde tendue et effectué ses numéros d’acrobatie sans véritable voltige. Presque au-dessus de nos têtes, j’entendais les lanières claquer, les grincements de son perchoir, le souffle court de ses efforts ; je reçus une goutte de sa sueur sur le bras et ce fut le début de la fin de cette représentation fantastique. Quand elle se reposait un instant, en semblant attendre nos acclamations, j’étais content de la savoir à l’abri d’une chute ; quand elle termina son spectacle, j’étais rassuré de la voir encore vivante…  
Le vieux chien de tout à l’heure, habillé en robe froissée et en chapeau ridicule, aboyait aux injonctions de son maître, quand celui-ci lui réclamait les comptes exacts d’une addition facile. Quand l’animal se trompait, ce n’était même pas rigolo ! C’était pathétique ! Comme s’il voulait reprendre sa leçon de dressage, le patron du cirque le frappait sans ménagement avec une sorte de trique souple ! Le pauvre animal couinait à chaque sifflement de fouet ! Tout le monde voulait lui souffler le bon résultat ! Et les coups sur le chien me faisaient mal ! C’était triste comme quand la magie n’existe plus ; c’était accablant comme quand on sait que le père Noël n’est qu’une invention d’adulte. On s’est fait avoir et on s’en veut de cette crédulité d’innocence livrée en pâture aux moqueurs pervers…  

C’est le fils qui a joué le prestidigitateur. Il glissait un foulard bleu dans le creux de sa main et il ressortait vert dans l’autre, il soufflait dans son poing et une myriade d’étincelles jaunâtres s’envolait en l’air comme s’il était le créateur du firmament ; de sa manche, il tirait des cartes et ce n’était pas franchement étonnant. Se voulant hypnotiseur, il regardait fixement son public comme s’il avait fait une prouesse extraordinaire ! Clou de son spectacle, une tourterelle est sortie de son chapeau trop grand quand il nous a salués et quand il a fallu applaudir son exhibition, nous n’avions décelé aucune performance signifiant ses talents d’escamoteur…  

La fille nous a fait son numéro de jonglage avec des quilles dépareillées et en exécutant des sauts même pas périlleux. Pourtant, elle s’appliquait comme si son avenir en dépendait. Elle a lancé quelques balles en l’air, en a perdu quelques-unes, et c’est quand le chien les lui rapportait qu’on a tous applaudi à l’unisson ! Sous ce sinistre chapiteau, on sentait l’âpreté, la difficulté, la faim, la précarité, bien loin de toute féerie récréative…  

Puis vint l’apothéose, le moment burlesque, le relâchement après la tension du spectacle. Sur la piste, c’était le même bonhomme, le tortionnaire du chien, déguisé en mauvais clown ! Il me faisait peur avec ses yeux maquillés de bleu douteux, ses lèvres trop rouges et sa face plus livide que blanche. Il jouait les comiques mais il ressemblait plutôt à un père fouettard, et quand on devait rire, à chacune de ses grimaces forcées de tragédien, je n’arrivais pas à esquisser le moindre rictus approbateur.

A la fin de cette mascarade, on devait applaudir ; par la cacophonie hypocrite et générale, rendre au Spectacle ses lettres de noblesse, pendant que cette équipée pitoyable jouait les révérencieux sur leur minuscule piste. En fait de magie, c’était plutôt une lutte ordinaire pour la survie, dans ce cirque de la dernière chance ; ces pieds nickelés, s’ils avaient fait la manche, ils auraient récolté plus d’argent qu’avec leur piètre prestation. La vraie magie du cirque, elle doit exacerber les sens ; elle doit impressionner, subjuguer, ébahir, émouvoir, interloquer ; celle-ci, palpable dans sa rudesse, pénible dans son effort, désespérée dans sa façon, n’était plus de la magie. Emportés par notre imagination, mais bernés par cette réalité, je peux vous dire qu’on n’applaudissait pas réellement…  

En rang, on s’en retourna sagement jusqu’à la colonie. Il faisait nuit. Les étoiles dans le ciel étaient bien plus nombreuses que celles qui avaient voulu m’éblouir pendant cette représentation. En douce, j’arrivai à quitter l’ordre de notre procession pour aller visiter la fameuse ménagerie du cirque…

Dans une cage, il y avait des poules naines ; si, à la lueur du réverbère, l’écriteau indiquait : « Oiseaus rare de Papagonie », c’était seulement pour les œufs qu’elles étaient encore du voyage. Dans celle-ci, il y avait trois chèvres qu’on avait pompeusement nommées : « Chamoix de la Cornière des Angles » et dans celle-là, il y avait un singe : « Attèle d’Ammérique » mais comme il ne bougeait jamais, j’ai pensé qu’il était sans doute empaillé…  

Un peu à l’écart, il restait une cage et je pouvais lire sur la pancarte : « Dick, lion sauvage d’Affrique. Ne pas approché, ne pas dérangé l’animal. La direction décline toute responsabilitée ». Dans la pénombre, j’ai bien reconnu le vieux chien ; maladroitement grimé, sous une fausse crinière de lion, il semblait dormir. Je l’ai appelé doucement. « Dick ?... » Il remuait la queue… « Tu veux un sucre… « Ouah !... »  « Deux ?... » « Ouah ! Ouah !... » « Il m’en restera encore trois, rien que pour toi… » « Ouah ! Ouah, Ouah !... » Il me léchait la main ; je lui donnai tous mes sucres et je lui soufflai : « Demain, je viendrai te délivrer parce que, maintenant, il faut que je rentre vite pour être devant mon lit à l’appel du dortoir ; je viendrai à six heures… « Ouah, ouah, ouah, ouah, ouah, ouah !... »  

Le clocher racontait l’aube et ses six heures, quand je retrouvai la place du village. Le cirque avait disparu ; le patron était peut-être parti toucher son tiercé… Ici et là, il ne restait, voletant, que des brindilles de paille, les trous des piquets en ferraille et des confettis éparpillés, témoins de nos batailles. Revenu, le Poilu vert-de-gris semblait courir sur son piédestal pour rattraper un illusoire temps perdu. Dans mon mouchoir, qui n’était pas en couleur de prestidigitation, j’essuyai mes larmes de petit garçon…  

9 juillet 2016

Quel cirque ! (par joye)

9 juillet 2016

Le cirque (Laura)

Une représentation des bohémiens qui en rejoint  ou en précède d’autres :
Franz Hals et le sourire de sa « bohémienne,»
 Tony Gatlif vantant sa « liberté » dans la Loire.
Les Grüss  incarnant la noblesse du cirque.
Dans un camp de gitans, sur un air de jazz manouche.
La « tribu prophétique aux prunelles ardentes » chère à Baudelaire.
 Toulouse-Lautrec fait tourner dans son « manège »
Une « clownesse » au salut et une « écuyère à cru.»
C’étaient ses nuits fatalement syphilitiques.
Ils   peuplent l'imaginaire des arts et des lettres depuis des siècles.
L’Esméralda  du grand Hugo sur le parvis de Notre-Dame.
Des 1915, des camps de concentration pour Tziganes.
Picasso peignant des « saltimbanques » pathétiques.
Picasso-Carmen, Sol y Sombra, amour tragique.
Il se peignait avec un nez rouge, acrobate du risque.
André Dassary, chantant «Les yeux noirs » sur un air tzigane.
Georges Moustaki s’identifiant à sa guitare, « jolie fille d’Espagne . »
Cervantès et la gitanilla de ses « Nouvelles exemplaires. »
George Borrow et les Gypsies, « maître des mots » et des rêves.
Frantz Listz célébrant les bohémiens et leur musique,
Notamment les chanteuses tziganes à Moscou au XIX e siècle
Marc Chagall fait sa « Parade au cirque » en mots et en images.
« Les Bohémiens" d'Alexandre Pouchkine.
Georges de la Tour, Victor Schnetz, François-Joseph Navez  et leurs  diseuses de bonne  aventure :
"Les bohémiens" d'Albert Glatigny (1839-1873) dans "Les vignes folles"
"Salomé" de Guillaume Apollinaire
Arthur Rimbaud et sa « Fantaisie » de Bohême »
Le «Crépuscule" de Guillaume Apollinaire
« Le cirque » enfin de Georges Seurat, divisionniste.

 

9 juillet 2016

Qu'est-ce que c'est que ce cirque ? (Joe Krapov)

La radio a toujours eu beaucoup d’importance chez nous. C’est par elle surtout qu’arrivait tout ce flot de chansons qui m’accompagnent encore, qui rythment ma prose sous forme de citations et ma vie sous forme de reprises.

Car je suis commissaire-repriseur !

Toutes les chansons qui vagabondent de par le monde, je les reprends par le colbac, je les mets derrière les barreaux des six cordes de ma guitare et je ne les libère qu’après, quand elles m’ont livré le secret de leur grille d’accords et que j’ai mis leur mélodie dans la cabane de ma caboche.

Vous imaginez du coup ma tristesse quand j’ai appris, l’autre samedi, qu’on avait contraint Monsieur Meyer à arrêter son cirque ?

Depuis des années, nous avions l’habitude d’écouter chaque samedi entre 12 et 13 heures, sur France Inter, « La prochaine fois je vous le chanterai » de Philippe Meyer.

Eh bien exit Monsieur Meyer ! Son émission est supprimée à la rentrée. On l’a remercié, comme on dit maintenant quand on met quelqu’un dehors. 


Ma contribution au Défi du samedi n° 409 m’a cependant donné une idée pour compenser cette perte sèche. Qu’est-ce qui m’interdit de te-me-vous concocter une émission personnelle de « La prochaine fois » ? Rien, excepté le manque de temps : je suis à la veille du départ en vacances.

C’est pourquoi je ne vous livrerai que le programme de celle-ci, consacrée bien entendu à la thématique du cirque dans tous ses états. Pour les textes de liaison, vous êtes libre d’aller les chercher dans les œuvres d’Achille Zavatta, Alex et Francini, Grock, Charlie Chaplin, les Marx brothers, Annie Fratellini, Federico Fellini ou Hector Malot (« Sans famille » !).

Toutefois, si la nostalgie de l’émission, de la chanson ou du cirque vous prend, vous pourrez toujours cliquer sur les liens pour les entendre.

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Voilà, je démonte mon chapiteau et m’en vais faire le clown ailleurs. Bonne écoute et surtout bonnes vacances à vous !

Programmation musicale 

L’hélicon / Boby Lapointe

La complainte du phoque en Alaska / Beaudommage

L’Auguste / Kaloutch (Bernard Dimey)

Bravo pour le clown / Edith Piaf

Le cirque / les Frères Jacques

Cirkus / King Crimson

Lapin ! / Juliette Noureddine

Trotte, trotte, ma jument ! / Guy Piérauld


A deux c'est mieux

Le clown / Gianni Esposito

Le clown / Douchka

 

La chanson hôn et La tocade de la semaine réunies !

L'acrobate / Joe Krapov - Bernard Dimey

9 juillet 2016

Ça va être le cirque à Ar Santé et aux Fontaines par bongopinot

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Deux semaines circassiennes à Lannion
Un chapiteau en plein cœur d’un quartier
Pendant quinze jours joie et émotion
Et pour finir une déambulation et la grande traversée

Attention, attention, petits, grands et Ados
Le cirque à Léon sous son chapiteau
Proposera des ateliers de cirque aux habitants.
Jonglage, équilibre, fil, trapèze et cerceaux

Et la compagnie Basinga avec Yan et Tatiana-Mosio.
Vous pourrez essayer de marcher sur un fil tendu
Venez vous surpasser seul, à deux ou en trio
Et qui sait vous deviendrez peut-être mordu

Et la marche démarre à pied en échasses ou monocycle
Et un câble est tendu entre deux tours des Fontaines
La funambule va s’élancer pour la fin du spectacle
Les cavaletti sont en place, les chanteurs se déchaînent

De merveilleux moments pour tisser des liens magiques
Pour mettre en avant toute l’équipe qui agit dans l’ombre
Les techniciens, les musiciens et bien sûr le public
Sans qui rien ne serai possible et qui est venu en nombre

Elle glisse sur son fil pas à pas tranquillement
Devant ces habitants côtoyés pendant quinze jours
C’est pour eux et pour ces instants de partage si charmants
Qu’elle est là et, à son arrivée, elle les applaudit en retour


 

A VOIR SI VOUS AVEZ deux trois MINUTES

9 juillet 2016

carte postale 1 : c'est le cirque (JAK)

defi vacances un texte

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Le défi du samedi
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